Le samedi 26 octobre 2025, un hommage empreint d’émotion a été rendu à Ridha Baktache, ancien président du comité du Sport nautique bizertin (SNB), décédé le 25 septembre.À l’initiative conjointe du comité du SNB et du comité des sages, une cérémonie recueillie a réuni dans les locaux du club, sa famille, ses proches, ses amis et de nombreux membres.(Ph. La famille du défunt).
Pour honorer la mémoire du grand sportif, l’assistance s’est souvenue de l’homme de conviction, qui avait également œuvré au Club athlétique bizertin (CAB). En effet, d’anciens joueurs du CAB, dont il avait accompagné la carrière au sein des équipes de jeunes et seniors, s’étaient joints à cet hommage.
Dans un recueillement profond, l’assistance a d’abord invoqué la miséricorde d’Allah pour Ridha Baktache. Puis, la voix du Cheikh Othman Baktache s’est élevée pour psalmodier des versets du saint Coran, instaurant un moment de solennité spirituelle.
Sous la houlette de deux anciens présidents, Fathi Belkahia, mécène du club, et Khaled Ben Gharbia, la cérémonie a pris une dimension solennelle. Ils ont successivement présenté la famille, les proches et les différentes personnalités du club, introduisant les nombreux témoignages et souvenirs vibrants rendus à «Si Ridha».
Amis scouts, anciens élèves et coéquipiers du CAB ont fait le déplacement pour saluer sa mémoire. Leurs témoignages, unis par une même empathie, ont mis en lumière les vertus de l’homme : une rigueur, une honnêteté et une humilité qui ont forgé le respect de tous.
Au fil des prises de parole, certains récits, plus que d’autres, ont su captiver l’assistance et dessiner le portrait le plus vivant du disparu.
Khaled Ben Gharbia a rappelé un fait marquant : sous la présidence de Chakib Nouira à la Fédération, en 2009 l’organisation du Championnat du monde de voile avait été confiée au SNB. Cet honneur, a-t-il souligné, était dû au dévouement, au sens de l’organisation et à l’engagement de son président de l’époque, Ridha Baktache.
Ridha Baktache, le premier assis à partir de la gauche.
Said Ouenzerfi, ancien directeur technique national de natation et enfant du club, a salué un homme d’une droiture et d’une modestie exemplaires.
Larbi Zouaoui, entraîneur de football bien connu, a ravivé la mémoire du jeune scout en partageant des anecdotes émouvantes de leurs années communes.
Enfin, Driss Haddad, ancien capitaine du CAB et international, a rendu hommage au joueur talentueux qu’il fut, soulignant qu’il aurait connu une carrière brillante s’il n’avait pas privilégié ses études à l’Institut supérieur du sport et de l’éducation physique (Ineps).
La cérémonie s’est clôturée par la récitation de la Fatiha en hommage au défunt, dans une atmosphère de profonde émotion et de recueillement.
L’ex-Président français Nicolas Sarkozy est en prison depuis le 21 octobre 2025. Il a été jugé coupable d’association de malfaiteurs en vue de préparer un délit de corruption, condamné à 5 ans de prison et incarcéré. Depuis son jugement, il crie son innocence, s’indigne, proteste et dénonce une justice partisane et politique, relayé en cela par les médias mainstream qui insistent sur l’affaiblissement de l’État de droit et soulignent les relaxations prononcées par le tribunal de Paris concernant trois chefs d’accusation à savoir la corruption passive, le recel de détournement de fonds publics et le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007.
Salem Sahli *
Eu égard au caractère exceptionnel et historique de cet événement, j’ai pris la peine de lire l’intégralité du jugement du tribunal de Paris.
Voici les principaux points qui ont retenu mon attention et qui réfutent à mon sens l’affirmation que Sarkozy est innocent des crimes qui lui sont reprochés :
Financement illégal : le texte du jugement confirme l’arrivée d’argent libyen liquide au siège de campagne de Sarkozy, arguant que le caractère occulte du financement est précisément ce qui le rend difficile à prouver de manière parfaite. Il insiste sur le fait que le délit est la «tricherie avec la démocratie», et non l’enrichissement personnel.
Corruption : le document réfute l’idée que Sarkozy n’a rien à se reprocher car il n’aurait pas directement rencontré Abdellah Senoussi, responsable de la sécurité intérieure sous Kadhafi et son bras droit, comparant sa position à celle d’un chef d’entreprise donnant des ordres. En effet, un chef d’entreprise n’a pas besoin de livrer la drogue lui-même pour diriger un cartel. Sarkozy a été condamné comme «donneur d’ordre probable» de l’entente. Il rappelle que les actes, et non les personnes, sont jugés, soulignant la gravité des faits (entente avec un terroriste, financement occulte).
«C’est une attaque contre la France ! » : cette affirmation dont Sarkozy et ses sbires se gargarisent ne tient pas la route. «Attaquer la France», c’est négocier avec un terroriste condamné pour avoir tué 54 Français. «Défendre la France», c’est faire en sorte que nul ne soit au-dessus des lois. Ne pas oublier que la France a condamné M. Senoussi par contumace, en 1999, à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA qui a coûté la vie à 170 passagers.
«Les autres le font aussi» : la banalisation du crime par la comparaison «les autres le font aussi» est le premier pas vers l’impunité générale. En démocratie, on ne se compare pas aux pires, on juge les actes, pas les personnes. Et ici, les faits sont gravissimes : entente avec un terroriste et tentative de financement occulte.
«Sarkozy est victime d’une cabale médiatique» : les médias n’ont pas condamné Sarkozy. Les juges, oui. Et ils l’ont fait en le relaxant sur trois chefs d’accusation. Et confondre presse et justice, c’est brouiller les rôles essentiels d’une démocratie. Certes, Sarkozy a le droit de se défendre, mais se défendre, c’est contester les preuves en appel et non pas attaquer la justice, dire que les juges «haïssent la France» ou appeler à la défiance. On peut contester les preuves lors d’un procès sans pour autant s’en prendre aux institutions. Instrumentaliser le droit de se défendre pour saper la légitimité des institutions, c’est jouer avec le feu démocratique.
L’État de droit implique justement qu’un ancien président soit jugé comme n’importe quel citoyen. Sarkozy, garant de la Constitution, devrait le savoir mieux que quiconque. L’utilisation perfide des mots de la démocratie pour la miner de l’intérieur est un jeu dangereux, une manipulation sémantique qui peut mener aux coups d’État.
En définitive, la morale de cette histoire est que personne n’est au-dessus des lois, et que les tentatives d’instrumentaliser la politique, le patriotisme ou l’État de droit pour échapper à la justice constituent un danger pour la démocratie.
Né en 43 avant J.-C. à Sulmone, près de Rome, Ovide est un poète majeur de la latinité.Il est célèbre pour ses « Métamorphoses ».
Rejetant la proximité avec les différents pouvoirs politiques, il développe d’abord, le thème de l’amour, qui le rend célèbre, très jeune, puis projette d’écrire une œuvre qui cherche à retracer le parcours de la création du monde jusqu’à son époque. Il composera ainsi les Métamorphoses en 12000 vers, où sont réunies 231 histoires, en 15 livres.
Le mythe, comme récit imaginaire, donne aux Métamorphoses une force poétique, revisitée à travers les siècles par divers poètes et auteurs qui sont allés sur ses traces.
Exilé en Mer noire, à la fin de sa vie, pour une raison inconnue, pris de désespoir, il écrit des poèmes pleins de mélancolie, Les Tristes,Les Pontiques. Il meurt en 18 après J.-C.
Tahar Bekri
Il était une source limpide aux eaux brillantes et argentées, que ni les bergers, ni les chèvres qui paissent sur la montagne, ni nul autre bétail n’avait jamais approchée, que n’avait troublée, nul oiseau, nulle bête sauvage, nul rameau tombé d’un arbre. Elle était entourée de gazon qu’entretenait la proximité de l’eau : et la forêt empêchait le soleil de jamais réchauffer ces lieux. C’est là que l’enfant, fatigué par l’ardeur de la chasse et par la chaleur, vint s’étendre, attiré par l’aspect du lieu et par la source. Mais, tandis qu’il tente d’apaiser sa soif, une autre soif grandit en lui. Pendant qu’il boit, séduit par l’image de sa beauté qu’il aperçoit, il s’éprend d’un reflet sans consistance, il prend pour un corps ce qui n’est qu’une ombre. Il reste en extase devant lui-même, et, sans bouger, le visage fixe, absorbé dans ce spectacle, il semble une statue faite de marbre de Paros. Il contemple, couché sur le sol, deux astres, ses propres yeux, et ses cheveux, dignes de Bacchus, dignes aussi d’Apollon, ses joues imberbes, son cou d’ivoire, sa bouche charmante, et la rougeur qui colore la blancheur de neige de son teint. Il admire tout ce par quoi il inspire l’admiration. Il se désire, dans son ignorance, lui-même. Ses louanges, c’est lui-même qu’il les décerne. Les ardeurs qu’il ressent, c’est lui qui les inspire. Il est l’aliment du feu qu’il allume. A combien de reprises il prodigua de vains baisers à l’onde trompeuse ! Que de fois, pour saisir le cou aperçu, il plongea dans l’eau ses bras, sans les refermer sur soi. Que voit-il donc ? Il l’ignore; mais ce qu’il voit l’embrase, et la même erreur qui abuse ses yeux excite leur convoitise. Crédule enfant, à quoi bon ces vains efforts pour saisir une fugitive apparence? L’objet de ton désir n’existe pas ! Celui de ton amour, détourne-toi et tu le feras disparaître. Cette ombre que tu vois, c’est le reflet de ton image. Elle n’est rien par elle-même, c’est avec toi qu’elle est apparue, quelle persiste, et ton départ la dissiperait, si tu avais le courage de partir!
Mais ni le souci de Cérès, ni celui du repos ne peut l’arracher de là, étendu dans l’herbe épaisse, il contemple, sans en rassasier ses regards, la mensongère image, et par ses propres yeux se fait lui-même l’artisan de sa perte.
Les Métamorphoses, Livre III (traduction de Joseph Chamonard, ‘‘Etonnants classiques’’, GF Flammarion).
Le champion tunisien de taekwondo Mohamed Khalil Jendoubi a remporté, ce samedi 25 octobre 2025, la médaille d’or dans la catégorie des – 63 kg lors des Championnats du Monde en Chine. Il avait battu en finale l’Iranien Ali Haj Mousaei.
Sur son parcours, Mohamed Khalil Jendoubi avait éliminé le Kazakh Samirkhan Ababakirov, en quart de finale, le Hongrois Omar Gergely, le Russe Maksim Osin et le Surinamais Bendjino Maisedjan.
Le nouveau champion du monde des 63 kg comptait déjà à son palmarès deux médailles olympiques dans la catégorie des moins de 58 kg : une d’argent à Tokyo 2020 (2021) et une de bronze à Paris 2024.
La Tunisienne Ikram Dhahri, engagée dans la compétition, a été battue en 32e finale, après avoir remporté son premier match.
Le Plan national d’adaptation (PNA)aux changements climatiques de la Tunisie, fruit de plusieurs mois de réflexion, d’études et de concertations publiques, sera bientôt prêt pour une mise en œuvre multisectorielle et territoriale. Cependant, plusieurs défis structurels persistent, notamment, la faiblesse des financements, qui risquent de retarder sa mise en œuvre dans les délais souhaités et qu’exige l’accélération du changement climatique. Ces questions seront discutées lors d’un atelier national et multisectoriel de validation de ce PNA-Tunisie, qui se tiendra le lundi 27 octobre 2025 à Tunis.
Cet atelier sera l’occasion de présenter les données de base, notamment en ce qui concerne la vulnérabilité et les risques liés aux changements climatiques en Tunisie, la stratégie d’intervention, le rôle de chaque partie prenante et le Plan d’action global, sectoriel et territorial, selon les priorités et les urgences climatiques de la Tunisie.
La Tunisie, comme les autres pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc), a reconnu, à travers le cadre de l’adaptation de Cancun et la Décision 5/CP.17 adoptées lors de la COP 17 à Durban en Afrique du Sud, renforcés la même année par l’Accord de Paris, la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre son PNA.L’adaptation aux changements climatiquesdevient, en effet, un objectif aussi important que l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
En matière d’adaptation, la Tunisie a identifié plusieurs secteurs prioritaires : les ressources en eau, l’agriculture et la sécurité alimentaire, les écosystèmes et la biodiversité, la santé, les infrastructures et les zones urbanisées, le tourisme et les zones côtières.
Le PNA, en cours de concertations publiques et de finalisation, vise à renforcer l’intégration des enjeux climatiques dans les politiques sectorielles et territoriales et à consolider la résilience socio-économique du pays.
Des plans et des stratégies pour quoi faire ?
Ce plan complète et renforce d’autres stratégies nationales, notamment la Stratégie nationale de développement durable, la Stratégie nationale sobre en carbone et résiliente face au changement climatique, la Stratégie nationale de transition écologique, la Stratégie et plan d’action national pour la biodiversité, la Stratégie de conservation des eaux et du sol, la Stratégie forêt et parcours, la Stratégie eau 2050, la Stratégie sécurité alimentaire, ainsi que les programmes relatifs à la lutte contre la désertification et la neutralité de dégradation des terres.
En somme, beaucoup de wishfull thinking et d’inchallah qu’il va falloir sortir des cartons et traduire en actions concrètes, mais c’est là une autre affaire !
Pour une gouvernance multisectorielle durable,
La gouvernance climatique dans notre pays est assurée principalement par le ministère de l’Environnement, à travers l’Unité de gestion par objectifs «Changements climatiques» (Ugpo CC), point focal de la Ccnucc. Celle-ci est chargée de coordonner l’élaboration et la mise en œuvre de la CDN et du PNA. Le ministère de l’Économie et du Plan a, quant à lui, pour mandat d’intégrer les enjeux climatiques dans le Plan national de développement, tandis que le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire assure, par l’intermédiaire de la Direction générale de l’aménagement du territoire, l’élaboration du Schéma national d’aménagement du territoire, qui confère aux politiques d’adaptation une dimension spatiale et territoriale.
Cette gouvernance, visant à assurer l’alignement des différents documents de planification du développement et de l’aménagement du territoire avec les stratégies climatiques, nécessite un renforcement de la coordination intersectorielle, notamment par la mise en place de mécanismes institutionnels partagés et l’harmonisation des outilsde suivi et d’évaluation.
Lancé par le Pnud, en collaboration avec le ministère de l’Environnement et divers autres partenaires institutionnels, le projet «Appui à l’intégration des risques climatiques dans la planification du développement et l’aménagement du territoire en Tunisie» a soutenu les efforts publics et le processus d’étude et d’élaboration du PNA.
Les enjeux et les défis de l’adaptation
Le PNA-Tunisie retrace pour les cinq années à venir un ensemble d’actions publiques d’adaptation. Si l’accent est mis, essentiellement, sur des secteurs prioritaires ou sur des régions particulièrement exposées aux risques climatiques et aux catastrophes naturelles, cela n’exclut pas l’interdépendance des objectifs et des orientations du PNA avec d’autres dimensions socio-économiques essentielles du pays, telles que l’inclusion sociale, l’égalité de genre, la participation du secteur privé et de la société civile, la recherche scientifique, l’innovation technologique et la communication pour le changement des comportements.
Plusieurs défis structurels persistent, notamment la disponibilité limitée des données climatiques, le renforcement insuffisant des capacités institutionnelles, en particulier aux niveaux régional et local, la faiblesse des financements, ainsi que la faible intégration territoriale des politiques climatiques dans les stratégies de développement et d’aménagement. Tant que les objectifs d’adaptation demeurent déconnectés des logiques économiques et territoriales futures et des menaces climatiques, les divergences, notamment conjoncturelles, risquent de freiner la mise en œuvre des politiques climatiques. L’alignement clair entre les engagements stratégiques (CDN, PNA) et les projets opérationnels transcris dans le PND et la SNAT, s’il n’intègre pas les risques climatiques on passera à côté des opportunités de financement international, alors que les besoins d’investissement pour l’adaptation sont croissants.
Il serait ainsi primordial d’instaurer une vision territoriale cohérente et une meilleure articulation entre la CDN, le PNA, le PND et la SNAT, de développer des objectifs communs ainsi que des indicateurs communs de suivi afin de garantir une cohérence, une synergie temporelle et une efficacité accrue des politiques climatiques nationales.
L’ambassadeur de la République populaire de Chine en Tunisie, Wan Li, a déclaré, vendredi 24 octobre 2025, que le projet du pont de Bizerte sera prêt à l’exploitation à la mi-2027 et que«près de 14 % des travaux de construction des fondations étaient achevés». Vidéo.
Dans un entretien accordé à l’agence Tap, M. Li lors a indiqué que la prochaine étape du projet concerne l’achèvement des fondations du pont et des infrastructures sous-marines.
Le groupe Sichuan Road and Bridge, qui a remporté le contrat pour la réalisation de ce projet dans le cadre d’un appel d’offres international, collabore étroitement avec tous les acteurs tunisiens afin de garantir l’achèvement des travaux du pont dans la seconde moitié de l’année 2027, a ajouté l’ambassadeur.
«Les travaux de forage des piliers fondamentaux du pont de Bizerte avaient officiellement commencé en juillet dernier, tandis que des cargaisons de matériaux de construction et d’équipements sont arrivées en Tunisie au cours des mois de septembre et d’octobre et ont été transportées sur le site de construction pour utilisation», a-t-il précisé.
Quant à la coopération chinoise avec la Tunisie dans le domaine du transport aérien dans la prochaine phase, l’ambassadeur a déclaré que la partie chinoise espère renforcer la flotte de transport aérien à l’avenir avec une ligne directe entre Pékin et Tunis. Et d’ajouter : «La question mérite d’être étudiée afin que les pays puissent renforcer les échanges et augmenter le nombre de touristes respectifs.»
Le patrimoine culturel, civilisationnel et naturel dont dispose la Tunisie en a fait une destination prisée pour les touristes chinois, notamment ces dernières années, après l’inscription de neuf sites tunisiens sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, a déclaré M. Li.
Dans ce cadre, il a insisté sur la nécessité de mettre en place un guide touristique électronique en langue chinoise pour faciliter la communication et rapprocher les services entre les deux pays, ainsi que d’une infrastructure de paiement électronique destinée aux touristes chinois.
L’ambassadeur chinois a rappelé, dans ce contexte, que la plateforme chinoise Tongcheng Travel a classé la Tunisie en tête des meilleures destinations touristiques les plus sûres pour les Chinois.
Une nouvelle marche nationale aura lieu, ce samedi 25 août 2025, à Tunis, pour exiger le démantèlement des unités du Groupe chimique tunisien (GCT) à Gabès et dénoncer «l’étouffement écologique et humain» qui ronge les habitants de cette ville du sud-est de la Tunisie. De Gabès à Tunis, c’est le même cri : rendre à la terre son souffle.
Manel Albouchi
La campagne Stop Pollution appelle citoyens, syndicats et associations à descendre dans la rue, cet après-midi, à partir de 15h30, devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour se diriger vers le siège central du Groupe chimique tunisien (GCT).
Aujourd’hui, Gabès n’a pas besoin qu’on lui parle. Elle a besoin qu’on l’écoute. Depuis trop longtemps, cette terre respire du poison et réclame de l’air. Les chiffres, les rapports, les promesses… nous les connaissons tous.
Ce que j’écris ici n’est pas un réquisitoire : c’est un acte de reconnaissance. Parce que reconnaître, c’est déjà commencer à réparer. Et peut-être que la première écologie, avant les lois et les plans, c’est l’écoute du vivant : celle qui réapprend à respirer.
Un trésor perdu
Le golfe de Gabès renferme l’unique oasis marine au monde. Mais il est aussi devenu l’un des plus malades. Ce n’est pas seulement une question d’écologie, c’est une question de santé, de dignité, d’avenir. Quand la mer et la terre deviennent stériles, c’est tout un peuple qu’on étouffe. Quand la chimie remplace la vie, c’est la nation qui s’asphyxie.
Les études nationales et internationales le répètent depuis des années : les eaux du golfe contiennent des concentrations alarmantes de métaux lourds et de phosphogypse. Les maladies respiratoires, dermatologiques, les cancers, tout cela n’est plus une fatalité : c’est un symptôme. Celui d’une économie qui a oublié son corps. Et pourtant, le silence persiste.
Gabès n’est pas un scandale : c’est un miroir. Celui d’un pays qui cherche encore comment respirer sans se nier.
Une erreur de modèle
Le phosphate n’est pas une malédiction. C’est une richesse mal exploitée. Les premières extractions datent de l’époque coloniale : les Français ont découvert le gisement, tracé les rails, ouvert la voie. Mais les usines de transformation, celles qui saturent encore l’air de Gabès, ce sont nous qui les avons construites, après l’indépendance. Nous voulions transformer notre propre matière, créer de la valeur, affirmer notre souveraineté économique. L’intention était noble, le résultat, tragique.
Des usines semblables existaient autrefois en Europe, en France, en Espagne, en Allemagne. Elles ont été fermées dans les années 1980 pour des raisons environnementales et sanitaires. Nous avons pris la relève croyant prolonger un progrès, alors que nous ne faisions que rejouer son erreur.
Il ne s’agit pas d’identifier des coupables ou de désigner des comploteurs. C’est une question de regard : nous avons hérité d’un système qui confond produire et se développer, croître et respirer.
Le devoir de réparer
La responsabilité est collective. Elle n’est pas seulement dans un ministère, mais dans notre rapport à la terre. Nous avons trop longtemps confondu la richesse avec la vitesse, Et le progrès avec la combustion.
Réaménager l’usine ne se fera pas du jour au lendemain, Mais le silence, lui, peut cesser dès maintenant.
Ce qu’on peut faire, concrètement :
Dépêcher des hauts responsables de l’Etat pour discuter avec les Gabésiens de leurs problèmes et des moyens d’y remédier;
Remplacer les équipements vétustes des usines du CPG et mettre fin immédiatement aux rejets de toutes sortes;
Lancer un plan de délocalisation progressive des unités les plus nocives ;
Créer un fonds spécial pour la sauvegarde de l’oasis de Gabès, une richesse nationale que nous devons tous contribuer à préserver ;
Instaurer une transparence totale des données environnementales consultables par chaque citoyen et mettre en place un système d’alerte précoce à la pollution industrielle, et pas seulement à Gabès.
Ces mesures ne suffiront pas à tout réparer mais elles peuvent rendre à Gabès ce qui lui manque le plus : d’abord la confiance en l’avenir et l’espoir d’un vrai développement, celui qui relie, protège, inspire.
La promesse
Nous irons frapper aux portes des Tunisiens, non pour bâtir des murs de séparation ou des jardins vitrines, mais pour sauver nos enfants.
Nous irons dialoguer avec nos partenaires européens engagés dans la transition écologique, mais aussi avec nos voisins de la Méditerranée, et demander leur aide pour réparer la catastrophe écologique à Gabès, car la mer n’est à personne : elle est un souffle partagé.
«Les lourds fardeaux s’allègent lorsqu’ils sont portés par plusieurs consciences, et non par une seule, fût-t-elle dotée de la plus grande force», écrivait Taha Hussein.
Et Gabès n’est pas un échec. C’est un avertissement et une promesse : celle d’un pays qui peut enfin choisir de respirer à son propre rythme.
Respirer, aujourd’hui, c’est déjà résister. Car l’être humain n’est pas une machine : il n’est pas seulement production, il est corps, et il est surtout reliance : l’art de se relier au vivant, à la terre et aux autres. Et c’est là que commence la véritable indépendance : celle qui ne se signe pas mais qui se respire.
Dans le communiqué ci-dessous, publié ce samedi le 25 octobre 2025, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) exprime sa solidarité avec à l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et son opposition aux «politiques de criminalisation de l’action civile».
Les autorités tunisiennes ont décidé de suspendre les activités de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) pour une durée d’un mois. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle série de mesures qui visent à criminaliser l’action associative indépendante et à restreindre davantage l’espace civil en Tunisie, touchant déjà des dizaines d’associations autonomes.
Les décisions de suspendre les activités de nombreuses associations et de les soumettre à un contrôle financier et fiscal, malgré leur plein respect des procédures légales et la présentation de toutes les observations requises, traduisent une politique délibérée de criminalisation de l’action civique et de répression des militant·e·s associatifs. Il s’agit de mesures à caractère politique, destinées à affaiblir les associations indépendantes et à intimider la société civile dans son ensemble.
Le décret n°88 de 2011, qui représentait un acquis démocratique consacrant la liberté d’organisation et d’action associative, est aujourd’hui instrumentalisé à des fins sélectives pour régler des comptes avec les organisations indépendantes.
De même, la loi relative au terrorisme et à la lutte contre le blanchiment d’argent est utilisée dans un contexte où s’accélèrent les mesures de fermeture de l’espace public, de poursuite des acteurs civiques et des défenseur·e·s des droits humains, et de stigmatisation sous couvert de responsabilité administrative, judiciaire, financière ou fiscale.
Cibler l’Association tunisienne des femmes démocrates revient à s’en prendre au droit des femmes à s’organiser et à participer à la vie publique, ainsi qu’au droit des victimes d’accéder à des services d’accompagnement et de soutien. Depuis des décennies, l’ATFD a été un rempart pour les luttes féministes, sociales et civiques, à une époque où s’exprimer et prendre position avait un prix, tandis que le silence et la complicité étaient le choix de beaucoup.
Les associations ne sont certes pas au-dessus des lois et doivent s’y conformer. Cependant, ces décisions ne peuvent être comprises que comme la poursuite d’une politique d’assèchement des ressources de l’action civile et de démantèlement des mécanismes de protection et de défense construits par le mouvement civique et féministe au fil des années de lutte.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) :
– exprime sa pleine solidarité avec l’Association tunisienne des femmes démocrates et soutient les actions juridiques et militantes engagées par ses membres ;
– tient les autorités tunisiennes pour responsables de la détérioration du climat des libertés et du recul des garanties constitutionnelles relatives à la liberté d’organisation et d’expression ;
– appelle la société civile et les organisations de défense des droits humains à renforcer la solidarité et la coordination face aux politiques de fermeture de l’espace civil et de criminalisation du travail indépendant.
Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, lui-même confronté à des tentatives de criminalisation et de stigmatisation, réaffirme son engagement en faveur de la défense de l’espace civil et poursuivra toutes les formes de résistance pacifique pour défendre la justice sociale, l’égalité et la dignité humaine.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
En marge de la restauration du long métrage ‘‘L’Homme de cendres’’ de Nouri Bouzid, effectuée 40 ans après sa sortie à l’initiative de Ciné-sud Patrimoine, une rencontre de sensibilisation et d’échange autour de la restauration des films se tiendra mardi 28 octobre 2025, à 15h, à la salle Tahar Cheriaa, à la Cité de la culture de Tunis.(Ph. « L’homme de cendres » de Nouri Bouzid).
Une occasion de comprendre le cheminement de cette initiative placée dans son contexte national mais également global et de discuter sur les enjeux et perspectives actuelles pour la sauvegarde et la restauration du patrimoine cinématographique tunisien.
Le public pourra débattre au cours de cette rencontre avec Céline Pozzi de la Cinémathèque de Bologne et Mohamed Challouf de Ciné-sud Patrimoine.
Céline PozziMohamed Challouf
Le film sera projeté aux journalistes, le même jour et dans la même salle, à 10h30, en présence de l’équipe de film.
La restauration du film de Nouri Bouzid, un classique du cinéma tunisien contemporain, est le fruit d’une collaboration entre la Cineteca di Bologna, la Cinematek de Bruxelles, Cinétéléfilms et le ministère des Affaires culturelles.
Les reportages diffusés ces dernières semaines par les médias occidentaux étaient consacrés aux détenus israéliens libérés de la bande de Gaza, à leurs conditions de détention, à la détresse de leurs familles durant leur captivité et aux conséquences physiques et psychologiques de cette détention. Pour «équilibrer», ils montraient à peine, à la toute fin des reportages, un bus de prisonniers palestiniens libérés mais sans s’attarder sur l’information. Ce que ces ex-prisonniers ont enduré ne les intéresse pas. S’agissant des Palestiniens qui ont été capturés, séquestrés de manière extrajudiciaire et morts sous la torture, c’est quasiment l’omerta. (Photo non datée de 2023 fournie par un lanceur d’alerte montrant des prisonniers palestiniens capturés dans la bande de Gaza au centre de détention de Sde Teiman).
Imed Bahri
Dans une enquête réalisée par Lorenzo Tondo et Seham Tantash, The Guardian révèle qu’au moins 135 corps mutilés de Palestiniens renvoyés par Israël à Gaza étaient ceux de détenus torturés et exécutés de manière extrajudiciaire.
Docteur Munir Al-Barsh, directeur général du ministère de la Santé et porte-parole de l’hôpital Nasser de Khan Younis, où les corps ont été examinés, a déclaré qu’un document trouvé à l’intérieur de chaque sac mortuaire indiquait que les corps provenaient tous de la base militaire de Sde Teiman, dans le désert du Néguev, où les détenus palestiniens étaient enfermés dans des cages, les yeux bandés, menottés, attachés à des lits d’hôpital et contraints de porter des couches, selon des photos et des témoignages publiés par le journal britannique l’année dernière.
Al-Barsh a déclaré: «Les informations figurant sur les documents retrouvés à l’intérieur des sacs mortuaires sont rédigées en hébreu et indiquent clairement que les corps étaient détenus à Sde Teiman. Les documents montrent également que des tests ADN y ont été effectués sur certains d’entre eux».
L’année dernière, l’armée israélienne a ouvert une enquête criminelle, toujours en cours, sur la mort de 36 prisonniers détenus à Sde Teiman. L’existence de ce camp qui s’apparente plus à un bagne a été révélée en mai 2024, nous avons à l’époque consacré un article à cette révélation intitulé ‘‘CNN lève le voile sur une prison secrète israélienne dans le désert du Néguev’’.
Dans le cadre de la trêve négociée par les États-Unis à Gaza, le Hamas a restitué les corps de certains prisonniers tués pendant la guerre. Israël a jusqu’à présent restitué les corps de 150 Palestiniens tués après du 7 octobre 2023.
Exécutions sommaires et tortures systématiques
Des photos des corps palestiniens consultées par The Guardian, qui ne peuvent être publiées en raison de leur nature horrible, montrent de nombreuses victimes les yeux bandés et les mains liées derrière le dos. Une photo montre également une corde nouée autour du cou d’un homme. Des médecins de Khan Younis ont déclaré que les examens officiels et les observations sur le terrain indiquent clairement qu’Israël a commis des meurtres, des exécutions sommaires et des actes de torture systématiques contre de nombreux Palestiniens.
Les responsables de la santé ont déclaré que les constatations documentées comprenaient des signes évidents de tirs directs à bout portant et des corps écrasés sous les roues des chars israéliens.
Iyad Barhoum, directeur administratif du complexe médical Nasser, a déclaré que les corps n’étaient pas nommés mais seulement marqués de symboles et montrant qu’une partie du processus d’identification avait commencé.
S’il existe des preuves irréfutables que de nombreux Palestiniens ont été exécutés, il est extrêmement difficile de déterminer où les victimes ont été tuées.
Sde Teiman est un centre de stockage de corps récupérés à Gaza mais c’est aussi un camp de détention tristement célèbre pour la mort de prisonniers. Les militants des droits humains exigent une enquête afin de déterminer si des personnes y ont été tuées et, si oui, combien. Le corps de Mahmoud Ismail Shabat, 34 ans, originaire du nord de Gaza, présentait des traces de chute, les jambes écrasées sous les chenilles des chars, indiquant qu’il a été tué ou blessé à Gaza et que son corps a ensuite été transféré à Sde Teiman.
«Ce qui nous a le plus blessés, c’est qu’il avait les mains liées et que son corps portait des traces évidentes de tortures», a déclaré son frère, Rami, qui a identifié le corps de son frère grâce à une cicatrice due à une précédente opération à la tête. «Où est le monde? Tous nos prisonniers sont revenus torturés et brisés», a déclaré la mère de Shabat.
Certains médecins palestiniens affirment que le fait que de nombreux corps aient été bandés et ligotés indique qu’ils ont été torturés puis tués pendant leur détention à Sde Teiman, où, selon les médias israéliens et les témoignages de gardiens de prison lanceurs d’alerte, Israël détient environ 1 500 corps de Palestiniens de Gaza.
«Vous mourrez des centaines de fois»
Un lanceur d’alerte a indiqué au Guardian qu’il a été témoin des conditions de détention à Sde Teiman : «J’ai vu un patient de Gaza amené avec une blessure par balle au thorax gauche. Il avait également les yeux bandés, les mains menottées et était nu à son arrivée aux urgences. Un autre patient, blessé par balle à la jambe droite est arrivé à mon hôpital dans des circonstances similaires».
Un autre lanceur d’alerte avait précédemment décrit comment les patients, tous originaires de Gaza, étaient menottés à leur lit. Ils portaient tous des couches et avaient les yeux bandés. «On lui a dit que certains patients venaient d’hôpitaux de Gaza. Il s’agissait de patients capturés par l’armée israélienne alors qu’ils recevaient des soins et amenés ici. Leurs membres avaient été amputés et leurs blessures étaient infectées. Ils gémissaient de douleur», a-t-il raconté.
Selon le même lanceur d’alerte, l’armée n’avait aucune preuve que les détenus étaient tous membres du Hamas et que certains prisonniers demandaient à plusieurs reprises la raison de leur présence en prison. Il dit, il dit avoir appris que la main d’un détenu avait été amputée parce que son poignet attaché était gangrené.
Shadi Abu Sido, journaliste palestinien de Gaza qui travaillait pour le journal Palestine Today, a été libéré après 20 mois de détention à Sde Teiman et dans une autre prison israélienne. Il a déclaré avoir été arrêté à l’hôpital Al-Shifa le 18 mars 2024.
Dans une interview vidéo diffusée sur Instagram par la chaîne turque TRT, il a déclaré : «Ils m’ont déshabillé pendant 10 heures dans le froid. J’ai été ensuite transféré à Sde Teiman où j’ai été détenu pendant 100 jours, menotté et les yeux bandés. Beaucoup sont morts en détention, d’autres ont perdu la raison. Certains ont été amputés et ont subi des agressions sexuelles et physiques. Ils ont amené des chiens pour nous uriner dessus. Lorsque j’ai demandé pourquoi j’avais été arrêté, ils ont répondu: ‘‘Nous avons tué tous les journalistes. Ils sont morts une fois. Mais nous vous avons amenés ici et vous mourrez des centaines de fois’’».
Naji Abbas, directeur du département des prisonniers et détenus de Médecins pour les droits de l’homme, a déclaré : «Les traces de torture et de mauvais traitements constatées sur les corps des Palestiniens récemment renvoyés par Israël à Gaza sont horribles mais malheureusement peu surprenantes».
Ces conclusions confirment les constatations de l’organisation depuis deux ans concernant les conditions de détention notamment au camp de Sde Teiman où les Palestiniens sont soumis à la torture et aux exécutions systématiques de la part des soldats et des gardiens de prison.
L’organisation a indiqué : «Le nombre sans précédent de Palestiniens morts en détention, les preuves documentées de décès résultant de la torture et de négligences médicales, et maintenant les conclusions concernant les corps restitués, ne laissent aucun doute sur la nécessité urgente d’une enquête internationale indépendante afin de traduire en justice les responsables en Israël».
The Guardian a montré des photos des corps à un médecin israélien qui a également été témoin du traitement des prisonniers à l’hôpital de campagne de Sde Teiman. Ce dernier, qui a requis l’anonymat, a déclaré que l’une des images «montre que l’homme était probablement menotté avec des câbles en plastique et qu’une décoloration des bras et des mains au niveau des câbles en plastique indique probablement des modifications de la circulation sanguine dues à des contraintes excessives. Il pourrait s’agir d’une personne blessée et capturée (et décédée ensuite en détention israélienne), ou décédée des suites de blessures subies après sa capture».
Docteur Morris Tidball-Binns, médecin légiste et rapporteur spécial des Nations Unies, a commenté : «Une assistance médico-légale indépendante et impartiale devrait être sollicitée pour soutenir les efforts d’examen et d’identification des morts».
Contactée par The Guardian au sujet des allégations de torture, l’armée israélienne a indiqué avoir demandé à l’administration pénitentiaire israélienne d’enquêter. Mais celle-ci n’a pas répondu.
Le secrétaire général du Parti de la coalition nationale tunisienne, Néji Jalloul, va de nouveau comparaître devant le tribunal de l’Ariana le mardi 28 octobre 2025.
C’est l’ancien secrétaire général du parti Nidaa Tounes et ancien ministre de l’Education qui l’a annoncé dans un post sur sa page Facebook. Il va faire opposition à une première condamnation à deux mois de prison en lien avec les parrainages recueillis lors des élections présidentielles de 2019 auxquelles il avait présenté sa candidature.
C’est un moment de grâce et d’histoire. À Jakarta, lors des Championnats du monde de gymnastique artistique 2025, Kaylia Nemour, 18 ans, a décroché, vendredi 24 octobre 2025, la médaille d’or aux barres asymétriques. En un instant, elle devient la première Africaine championne du monde dans cette discipline. L’image de la jeune gymnaste algérienne, drapeau vert et blanc sur les épaules, restera gravée dans les mémoires.
Née à Saint-Benoît, en France, de parents algériens, Kaylia Nemour a très tôt montré un talent exceptionnel. Formée dans les clubs français, elle s’est imposée par sa rigueur, son élégance et sa détermination. Mais en 2023, après un désaccord avec la fédération française, elle choisit de représenter l’Algérie. Un choix de conviction, guidé par le cœur et les racines.
Ce pari audacieux s’est transformé en triomphe. En rejoignant la fédération algérienne, Kaylia a relevé un double défi : porter haut les couleurs de son pays d’origine et prouver que l’Afrique pouvait rivaliser avec les grandes puissances de la gymnastique mondiale.
L’or du courage
Le 23 octobre 2025, l’Algérienne s’élance sur les barres asymétriques, son agrès de prédilection. Sa prestation est d’une précision remarquable : transitions parfaites, amplitude maîtrisée, exécution sans faute. Le verdict tombe : 15,566 points. L’Algérie tient son premier titre mondial, et le continent africain sa première championne dans l’histoire de la gymnastique.
Ce sacre ne récompense pas seulement une athlète, mais tout un parcours fait d’efforts, de doutes et de foi en soi. Il démontre que le talent africain, souvent éclipsé par le manque d’infrastructures, peut briller au plus haut niveau.
À Jakarta, Kaylia Nemour n’a pas seulement remporté une médaille : elle a ouvert la voie.
Le programme Tunisia Boost Upa été au cœur d’un forum organisé le 24 octobre 2025 dans un hôtel de la banlieue nord de Tunis. Piloté par Excelty Lab, l’événement a réuni les principaux acteurs de l’écosystème entrepreneurial tunisien pour identifier les défis rencontrés par les PME et startups dans leur internationalisation, recenser les opportunités sur les marchés africains et formuler des recommandations concrètes pour renforcer leur compétitivité.
Lotfi Sahli
Tunisia Boost Up est soutenu par Qawafel et financé par l’Agence Française de Développement (AFD), mis en œuvre par Expertise France avec l’appui de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS).
Zakaria Ben Dhia, fondateur et Ceo d’Excelty, a présenté les activités de son incubateur, notamment les séminaires régionaux à Nabeul et Sfax, et souligné l’importance des partenaires du projet dans le succès du colloque et le dynamisme national et régional généré, en collaboration avec le Cawtar, le CJD Grand Tunis et le CJD Sénégal.
Michael Baur, représentant de la KAS, a insisté sur le rôle de la fondation dans le soutien aux dynamiques économiques et entrepreneuriales en Tunisie, en promouvant l’innovation, la gouvernance et le développement durable, notamment à travers des initiatives telles que Tunisia Boost Up.
Renforcer la compétitivité
Mazen Al Kassem, expert international et chef du projet Qawafel, a rappelé l’ambition du programme : en moins de 18 mois, 17 entreprises du secteur numérique ont été accompagnées, 10 sessions de formation et 20 séances de coaching organisées, une mission de prospection en Mauritanie impliquant 7 entreprises réalisée, plus de 20 rencontres B2B tenues, et 11 projets tunisiens valorisés sur les marchés mauritanien et sénégalais.
Lors du premier panel, les représentants de l’Api, de l’Apia, de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Tunis, du Cepex, de Conect International et de la Banque mondiale ont présenté leurs programmes d’appui, de financement et d’accompagnement pour renforcer la compétitivité des PME et faciliter leur accès aux marchés africains.
Le deuxième panel a réuni des consultants de divers horizons, partageant leurs expériences sur l’accompagnement des startups, les bonnes pratiques, les défis rencontrés et les stratégies favorisant la croissance et l’innovation, tout en soulignant l’importance du mentorat et du réseautage.
Entre ces panels, le public a assisté à deux témoignages en direct : Lotfi Chérif depuis Nouakchott et Sofiene Beyaoui depuis Dakar, illustrant les opportunités et défis de la coopération économique entre la Tunisie, la Mauritanie et le Sénégal, et l’impact concret de l’internationalisation des entreprises tunisiennes.
Le panel de clôture a été consacré aux startups à succès, qui ont partagé leur persévérance, leur engagement et les obstacles surmontés, offrant au public un aperçu concret des réalités entrepreneuriales et des clés de la réussite, tout en mettant en avant l’importance du courage, de l’innovation et du soutien aux jeunes entreprises dans un environnement concurrentiel.
La présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, incarcérée depuis le 3 octobre 2023 dans plusieurs affaires et risquant la peine de mort dans l’une d’entre elles, n’est pas au bout de ses peines.
En effet, la Chambre criminelle près le Tribunal de première instance de Tunis a décidé, ce vendredi 24 octobre 2025, de reporter à une date ultérieure l’affaire dite du bureau d’ordre de la présidence de la République. L’avocate sera jugée sur la base de l’article 72 du Code pénal, pour tentative de changer le régime de l’Etat (pas moins?).
Il est à noter que le collectif de défense de la présidente du PDL a boycotté l’audience de ce vendredi. Et que des dizaines de partisans de l’ancienne député ont observé un sit-in devant le Palais de Justice à Tunis pour exiger la libération de leur leader, considérant qu’elle est victime d’un règlement de compte politique.
L’arrêt immédiat des rejets de phosphogypse dans le golfe de Gabès permettrait de rétablir l’équilibre écologique d’ici environ un an, grâce à la dynamique des marées dans la zone, estime Samir Gazbar, expert en environnement industriel, dans une déclaration à l’agence Tap, le 23 octobre 2025, ajoutant qu’un projet pluriannuel de nettoyage des fonds marins serait encore nécessaire à proximité des plages de Chatt Essalem et de Ghannouch, où le phosphogypse est déversé.(Ph. Rejets de phosphogypse polluant la plage de Chatt Essalam, Gabès).
La bande marine contaminée par le phosphogypse s’étend sur environ trois kilomètres au large, nécessitant des opérations de dragage estimées à 2 à 3 ans, ajoute l’expert, notant que le volume cumulé de phosphogypse rejeté depuis la création du Groupe chimique tunisien (GCT) est estimé à environ 200 millions de tonnes.
Le phosphogypse est un résidu de production formé principalement lors de la fabrication d’engrais phosphatés, obtenu par la réaction entre la roche phosphatée et l’acide sulfurique. Selon Gazbar, la solution du simple stockage temporaire en bassins n’est pas techniquement réalisable, d’autant plus que les rejets quotidiens atteignent en moyenne 15 000 tonnes. De plus, le recyclage des matériaux ne couvrirait qu’une partie limitée et ne résoudrait pas durablement le problème environnemental.
Entre-temps, le gouvernement a décidé, entre autres mesures urgentes annoncées pour résoudre la crise environnementale à Gabès, de suspendre le rejet de phosphogypse en mer. Il reste aux dirigeants de l’usine de la CPG de prendre les mesures techniques que cette suspension nécessite.
Ces actions s’inscrivent dans une période de forte mobilisation sociale dans ce gouvernorat du sud-est, marquée par des manifestations et des initiatives appelant à la fermeture et au démantèlement des unités polluantes.
Ces dernières semaines, Gabès a connu une escalade des protestations et des tensions avec les forces de l’ordre, et le 21 octobre, une grève générale a paralysé la ville.
L’expert Gazbar préconise une double trajectoire : une régénération naturelle relativement rapide de la mer, à condition que les déversements soient stoppés, et une réhabilitation progressive des fonds marins dans les zones les plus contaminées. Il reste aux autorités de mobiliser les moyens, financiers et autres, pour réaliser ces travaux qui pourraient prendre un certain temps.
Les produits illicites liés à la migration irrégulière affectent de plus en plus l’écosystème du blanchiment d’argent en Tunisie. La Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf) a révélé qu’en 2024, les affaires de trafic de migrants soumises à la justice ont représenté 61,1 % du total des affaires de blanchiment d’argent, contre 58 % en 2023. L’exercice illicite d’activités réglementées, notamment les paris sportifs, suit avec 15,3%, suivi des «détournements de fonds» avec 6%.
C’est ce qui ressort du rapport d’activité 2024 de cette cellule de renseignement financier relevant de la Banque centrale de Tunisie, qui a été interpellée à plusieurs reprises par le président de la république Kaïs Saïed, lui reprochant un certain laxisme face aux flux illégaux d’argent transitant par le pays. D’où l’intérêt de ce rapport de la Ctaf qui vient clarifier une situation restée floue et sujette à des soupçons.
En matière de signalement, la Ctaf affirme avoir reçu 1 236 déclarations d’activités suspectes de la part des entités assujetties (poste, banques, établissements de transfert d’argent), soit une augmentation de 45% par rapport à l’année précédente, dont 452 ont été traitées au cours de l’année.
Les instruments financiers utilisés démontrent le rôle central des canaux de transfert de fonds : les mandats internationaux représentent 18% des cas, en baisse par rapport aux 48% de 2023, et restent systématiquement associés aux affaires de traite et de trafic de migrants.
Les plateformes de paiement et les services de «transfert de fonds» figurent également parmi les instruments les plus courants.
Ce tableau opérationnel est clarifié par une typologie présentée dans le rapport : un «client occasionnel» tunisien (c’est-à-dire sans compte bancaire stable) a reçu 46 mandats internationaux en quatre mois pour un total de 76 445 dinars, envoyés par des individus en Afrique subsaharienne, utilisant plusieurs numéros de téléphone et sans justificatifs financiers. L’affaire a été transmise au procureur.
Les trafiquants s’adaptent
La Commission illustre bien un système criminel en constante évolution, dans lequel les trafiquants s’adaptent à la supervision bancaire, modifient leurs méthodes et délèguent la collecte de fonds à des citoyens tunisiens, souvent à leur insu.
Ces derniers sont recrutés comme hommes de paille, utilisés pour recevoir des fonds et les distribuer rapidement à travers le pays – un «réseau fluide et décentralisé», selon la définition de la Commission – dans lequel chaque acteur gère une petite partie du flux, réduisant ainsi le risque de traçabilité.
Ce système, à une échelle différente, s’apparente aux méthodes des réseaux internationaux de blanchiment d’argent. Afin de renforcer la surveillance du système, la Ctaf a émis, en 2024, 23 alertes à l’encontre d’opérateurs, dont une concernant 99 personnes soupçonnées d’être impliquées dans le trafic d’argent ou celui de migrants.
Le chapitre sur les instruments souligne également que l’augmentation des signalements des établissements de paiement est précisément liée au risque migratoire associé aux mandats internationaux.
Micro-transferts en série
Le rapport fait également état d’une coopération intense : 867 demandes nationales traitées, soit une augmentation de 53% par rapport à 2023, et des échanges avec l’étranger au sein du réseau des cellules de renseignement financier.
Les chiffres de 2024 confirment une transformation des méthodes de financement de la migration irrégulière en Tunisie : moins d’argent liquide et davantage de micro-transferts en série via des mandats internationaux et des canaux électroniques, souvent fragmentés et difficiles à intercepter individuellement. La réponse institutionnelle s’est concentrée sur l’alerte des opérateurs, la formation ciblée et l’analyse stratégique pour anticiper les approches possibles.
Les tragédies migratoires au départ de la Tunisie se suivent et se ressemblent, avec leurs lots de morts sans sépultures. Selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), depuis 2014, au moins 32 803 personnes sont mortes ou ont disparu sur la route migratoire de la Méditerranée centrale, entre les côtes tuniso-libyennes et celles de l’Italie.(Ph. Khaled-Nasraoui. Sauvetage de migrants par la garde maritime tunisienne).
Latif Belhedi
Au moins 40 migrants subsahariens, dont plusieurs nouveau-nés, ont perdu la vie après le naufrage de leur embarcation de fortune au large de Salakta, dans le gouvernorat de Mahdia. Il s’agit de la dernière tragédie en datedans ces eaux, près d’une semaine après une autre tragédie qui a coûté la vie à plus de 12 personnes dans cette zone maritime particulièrement dangereuse.
Environ 70 personnes étaient entassées à bord de cette petite embarcation surpeuplée. Selon Mosaïque, citant le porte-parole du tribunal de Mahdia, Walid Chatrbi, une trentaine de migrants avaient été secourus par les garde-côtes et le parquet tunisien a ouvert une enquête sur cet incident.
Des cercueils flottants
Les tragédies de ce genre sont souvent causées notamment par les conditions de mer difficiles, mais surtout par la mauvaise qualité des embarcations elles-mêmes fournies par les trafiquants d’êtres humains, des bateaux ou des navires le plus souvent instables, construits presque entièrement à partir de plaques de métal soudées à la hâte avant d’être lancés, à tel point qu’ils deviennent de véritables cercueils flottants.
La Tunisie, dont les côtes se trouvent par endroits à moins de 150 kilomètres de Lampedusa, avec la Libye voisine, a été l’un des principaux points de départ d’Afrique du Nord pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe ces dernières années.
Selon l’agence italienne Ansa, au moins sept débarquements ont été enregistrés à Lampedusa ces dernières heures : trois au départ de Sfax et Sidi Mansour en Tunisie, et les autres de Zwara, Homs et Tripoli en Libye. Au total, 326 migrants sont arrivés sur l’île lors de ces sept débarquements – des Égyptiens, des Somaliens, des Bangladais et des Pakistanais –, dont les 17 personnes débarquées du navire Dattilo avec sept corps à bord, décédées lors du naufrage entre le 16 et le 17 octobre et repêchées ultérieurement.
L’argent des passeurs
En 2023, la Tunisie a signé un accord de 255 millions d’euros avec l’Union européenne (UE), dont près de la moitié a été consacrée à la lutte contre l’immigration clandestine, ce qui a entraîné une forte baisse des départs vers l’Italie. Depuis début 2025, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 55 976 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes, soit une augmentation de 2% par rapport à l’année précédente, la grande majorité (49 792) en provenance de Libye et le reste (3 947) de Tunisie, rapporte l’AFP, citée par Ansa.
Début avril, les autorités tunisiennes ont commencé à démanteler les camps informels de migrants près de Sfax, qui abritaient environ 20 000 personnes. Fin mars, le président Kaïs Saied a appelé l’OIM à intensifier ses efforts pour assurer le «rapatriement volontaire» des migrants en situation irrégulière dans le pays.
Ces rapatriements se poursuivent à un rythme soutenu, mais les migrants rapatriés jusque-là représente un faible taux par rapport à ceux qui rêvent toujours de partir en Europe, survivent difficilement dans des conditions lamentables en attendant de ramasser la somme nécessaire pour payer les passeurs.
Selon le Financial Times, l’Arabie saoudite et les États-Unis sont en pourparlers concernant un traité de défense conjoint. L’enquête d’Andrew England, Abigail Hauslohner et Ahmed Al Omran indique que l’accord en cours de négociation est similaire à celui conclu le mois dernier avec Doha -après le bombardement israélien- qui considère désormais que toute attaque contre le Qatar comme une attaque contre les États-Unis.
Imed Bahri
Le Royaume espère conclure un accord lors de la visite du prince héritier Mohammed Ben Salmane à la Maison Blanche le mois prochain. Il s’attend à ce qu’il soit «solide» et inclut une coopération renforcée en matière militaire et de renseignement, selon des sources proches du dossier.
Interrogé sur cet éventuel accord de défense, un haut responsable de l’administration Trump a déclaré : «Des discussions sont en cours concernant la signature d’un accord lors de la visite du prince héritier aux États-Unis mais les détails restent incertains».
La Maison Blanche et le Département d’État ont refusé de commenter les détails de cet accord potentiel. Le Département d’État a déclaré que la coopération des États-Unis avec le Royaume en matière de défense était «une pierre angulaire de notre stratégie régionale».
L’ambassade d’Arabie saoudite aux États-Unis a ajouté que Washington était «engagé en faveur de la sécurité de la région et continuerait de collaborer avec l’Arabie saoudite pour résoudre les conflits, promouvoir l’intégration régionale et empêcher les terroristes de se constituer un refuge». Elle n’a cependant pas répondu à une demande de commentaire du Financial Times.
Une onde de choc
Le prince héritier saoudien arrivera aux États-Unis quelques semaines seulement après la signature par le président Donald Trump d’un décret stipulant que Washington répondrait à toute attaque contre le Qatar en prenant toutes les «mesures juridiques appropriées, y compris diplomatiques, économiques et, si nécessaire, militaires».
Le décret signé par Trump fait suite à une attaque israélienne visant la direction du Hamas à Doha. Cette attaque a provoqué une onde de choc dans les États pétroliers du Golfe qui considéraient Washington comme le garant de leur sécurité.
Le journal britannique ajoute que l’Arabie saoudite, qui cherchait depuis longtemps à conclure un accord de défense avec les États-Unis, a passé des mois à négocier avec l’administration Biden un traité de défense qui conduirait à une normalisation des relations avec Israël. Cependant, ces efforts ont été contrariés par l’opération Déluge d’Al Aqsa du 7 octobre 2023 et la guerre à Gaza. Le prince Mohammed, qui a accusé Israël de génocide à Gaza, a clairement indiqué que le royaume ne normaliserait pas ses relations sans la création d’un État palestinien, ce à quoi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’oppose fermement.
Des négociations sont actuellement en cours avec l’administration Trump afin de conclure un pacte de défense distinct avec les États-Unis qui pourrait prendre la forme d’un accord bilatéral ou d’un décret.
«Je m’attends à des progrès similaires sur les questions de défense et de sécurité suite au décret présidentiel avec le Qatar», a déclaré au journal Firas Maksad, directeur général pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord du groupe Eurasia, basé à Washington, qui ajoute: «Ils travaillent sur un projet et je crois comprendre qu’il est bien plus solide que ce qui existe déjà».
Un point de friction
Alors que le prince Mohammed poursuit ses projets de développement du royaume, chiffrés à mille milliards de dollars, le renforcement de la coopération sécuritaire avec les États-Unis est crucial. Cependant, Hussein Ibish, chercheur principal à l’Arab Gulf States Institute de Washington, a déclaré que la volonté de l’administration Trump de voir l’Arabie saoudite normaliser ses relations avec Israël pourrait constituer un point de friction. «Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas aller de l’avant car il suffit à Trump de décider que c’est une bonne idée. Mais nous n’en sommes pas encore là», a-t-il déclaré.
Le prince héritier saoudien, qui a noué des liens étroits avec Trump et son gendre, Jared Kushner, s’apprête à effectuer sa première visite aux États-Unis depuis 2018, sous le premier mandat de Trump. L’Arabie saoudite figure déjà parmi les plus gros acheteurs d’armes américaines et la Maison Blanche a annoncé un contrat d’armement de 142 milliards de dollars avec le royaume –soit le double du budget de la défense de Riyad pour 2024– lors de la visite de Trump dans la région en mai dernier. La Maison Blanche a décrit cet accord comme le plus important accord de défense de l’histoire, précisant qu’il porterait sur les capacités aériennes et spatiales, la défense antimissile, ainsi que la sécurité maritime et frontalière.
Cependant, l’Arabie saoudite, comme d’autres États du Golfe, est de plus en plus préoccupée depuis 15 ans par l’engagement des États-Unis dans la région et par l’imprévisibilité de leurs politiques.
Diversifier les alliances
Lorsque des installations pétrolières saoudiennes ont été attaquées par des drones imputés à l’Iran en 2019, l’administration Trump n’a rien fait. Plus récemment, la frappe israélienne visant des dirigeants politiques du Hamas au Qatar, qui abrite la plus grande base militaire américaine de la région, a secoué les États du Golfe. Le Qatar a également été la cible d’attaques iraniennes en raison de la guerre de 12 jours avec Israël en juin, lorsque Téhéran a tiré des missiles sur la base américaine en représailles au bombardement par Trump des sites nucléaires de la République islamique.
Le mois dernier, l’Arabie saoudite a signé un accord de défense mutuelle stratégique avec le Pakistan, pays doté de l’arme nucléaire, signalant aux États-Unis et à Israël la volonté du royaume de diversifier ses alliances de sécurité pour renforcer sa dissuasion. «C’était un signal clair. Il est entendu qu’il n’existe pas d’alternative à l’architecture de sécurité américaine dans la région mais il existe des moyens de combler les lacunes et d’améliorer l’image du pays», a déclaré Maksad.
«Trop arabe» pour certains, «pas assez» pour d’autres. Aïda Amara, née en France de parents algériens et élevée à Ménilmontant dans le XXᵉ arrondissement de Paris, a été habituée dès l’enfance à ne pas se sentir à la bonne place ni au bon endroit.
Djamal Guettala
Le 13 novembre 2015, devant le restaurant Le Petit Cambodge, à Paris, elle fait la malheureuse rencontre d’autres «têtes d’Arabes», armées de kalachnikovs. Survivante, elle ne pensait pas être assimilée à ses bourreaux. Cet événement bouleverse sa vie : elle doit tout réapprendre — marcher dans la rue, prendre le métro, aller au cinéma.
Pour se reconstruire, Aïda se cramponne à ses racines : ses parents et l’histoire familiale, l’Algérie et la France. En retraçant le passé de sa famille, elle comprend que la violence armée fait partie intégrante de la mémoire familiale, traversée par la colonisation, la guerre d’Algérie ou la décennie noire. Depuis plus d’un siècle, chaque génération se retrouve malgré elle chahutée par l’inlassable cycle de la haine. Aïda se découvre être l’héritière d’une tradition de résilience. Sans romantisme ni esthétisation de la souffrance, elle réalise que la force transmise par ses aïeux a sûrement contribué à lui sauver la vie.
Entre assignations et injonctions, elle refuse les archétypes, revendique le droit à la complexité et interroge ce que signifie être une femme arabe en France aujourd’hui, loin des récits figés que l’on impose trop souvent. Avec ce livre, elle affirme la nécessité de la nuance, des identités multiples et contribue à inscrire l’immigration algérienne dans le roman national français.
Journaliste, survivante et conteuse
Avant les attentats, Aïda Amara était déjà plongée dans le monde du journalisme et de la réalisation. Après plusieurs années en journalisme télé pour France TV et Canal Plus, elle se consacre à des projets documentaires et podcasts, comme ‘‘Transmissions’’, consacré au parcours migratoire de son père, et ‘‘Revenir’’, sur son retour en Algérie. Elle anime également des ateliers d’écriture et de podcast auprès de jeunes avec Le Bondy Blog et la Zone d’expression prioritaire.
Le roman plonge aussi le lecteur dans le quotidien professionnel et les micro-agressions qu’elle subit depuis l’enfance : prononciation erronée de son prénom, regards suspicieux, questionnements sur sa légitimité professionnelle. Chaque situation devient un exercice de répartie et de résistance. Elle se rappelle les leçons de son père, Slimane, ancien militant algérien : «être un lion à l’extérieur», transformer l’humour et la culture en armes pour se faire respecter, ne jamais céder face à l’ignorance ou au racisme.
La mémoire familiale devient un pilier pour se reconstruire. Après le traumatisme, Aïda se raccroche à ses racines, explore l’histoire de l’Algérie et de la France, et recueille des récits familiaux voués à disparaître. En rassemblant les fragments de son histoire, elle retrouve équilibre et stabilité intérieure. L’identité n’est pas figée ; elle se nourrit de mémoire, de transmission et de liens affectifs.
Le roman au titre un brin provocateur ‘‘Avec ma tête d’arabe’’ (paru aux éditions Hors D’Atteinte, à Marseille, le 2 septembre 2025, 240 pages) met également en lumière la résilience face aux épreuves extrêmes, qu’elles soient personnelles ou collectives. La capacité d’Aïda à transformer la peur et la douleur en réflexion et action, à s’appuyer sur ses racines pour affronter l’avenir, fait de ce récit bien plus qu’un simple témoignage : c’est une analyse de la société française contemporaine, où immigration, héritages culturels et pluralité identitaire doivent trouver leur place dans le récit national.
Extraits :
Survivre au chaos : «Je suis debout dans une petite salle de l’hôpital. Le lit sur lequel se trouvait mon ami il y a encore quelques minutes est plein de sang… Je vais devoir appeler ses parents, mais pour l’instant, je ne sais même pas s’il est vivant ou mort.»
L’identité comme étiquette : «Tout ce que je savais sur moi-même a été emporté. Le choc post-traumatique rase tout sur son passage… Le premier fragment que l’on me tend, c’est mon ‘arabité’. Tiens regarde-toi, voilà qui tu es.»
Humour contre racisme : «Je sens que mon prénom va faire l’objet de ce que j’appelle la danse du mépris. Bingo : ‘Alors attendez, c’est A-ï-cha ?’ — ‘C’est Aïda, comme l’opéra de Verdi.’»
Racines familiales : «Pour me reconstruire, je me suis cramponnée à mes racines : mes parents, leur histoire, celle des liens qui unissent la France et l’Algérie. J’ai rassemblé l’histoire de mes deux pays pour mieux comprendre qui je suis.»