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Le blanchiment d’argent en Tunisie en majorité lié au trafic de migrants

24. Oktober 2025 um 11:48

Les produits illicites liés à la migration irrégulière affectent de plus en plus l’écosystème du blanchiment d’argent en Tunisie. La Commission tunisienne des analyses financières (Ctaf) a révélé qu’en 2024, les affaires de trafic de migrants soumises à la justice ont représenté 61,1 % du total des affaires de blanchiment d’argent, contre 58 % en 2023. L’exercice illicite d’activités réglementées, notamment les paris sportifs, suit avec 15,3%, suivi des «détournements de fonds» avec 6%.

C’est ce qui ressort du rapport d’activité 2024 de cette cellule de renseignement financier relevant de la Banque centrale de Tunisie, qui a été interpellée à plusieurs reprises par le président de la république Kaïs Saïed, lui reprochant un certain laxisme face aux flux illégaux d’argent transitant par le pays. D’où l’intérêt de ce rapport de la Ctaf qui vient clarifier une situation restée floue et sujette à des soupçons.

En matière de signalement, la Ctaf affirme avoir reçu 1 236 déclarations d’activités suspectes de la part des entités assujetties (poste, banques, établissements de transfert d’argent), soit une augmentation de 45% par rapport à l’année précédente, dont 452 ont été traitées au cours de l’année.

Les instruments financiers utilisés démontrent le rôle central des canaux de transfert de fonds : les mandats internationaux représentent 18% des cas, en baisse par rapport aux 48% de 2023, et restent systématiquement associés aux affaires de traite et de trafic de migrants.

Les plateformes de paiement et les services de «transfert de fonds» figurent également parmi les instruments les plus courants.

Ce tableau opérationnel est clarifié par une typologie présentée dans le rapport : un «client occasionnel» tunisien (c’est-à-dire sans compte bancaire stable) a reçu 46 mandats internationaux en quatre mois pour un total de 76 445 dinars, envoyés par des individus en Afrique subsaharienne, utilisant plusieurs numéros de téléphone et sans justificatifs financiers. L’affaire a été transmise au procureur.

Les trafiquants s’adaptent

La Commission illustre bien un système criminel en constante évolution, dans lequel les trafiquants s’adaptent à la supervision bancaire, modifient leurs méthodes et délèguent la collecte de fonds à des citoyens tunisiens, souvent à leur insu.

Ces derniers sont recrutés comme hommes de paille, utilisés pour recevoir des fonds et les distribuer rapidement à travers le pays – un «réseau fluide et décentralisé», selon la définition de la Commission – dans lequel chaque acteur gère une petite partie du flux, réduisant ainsi le risque de traçabilité.

Ce système, à une échelle différente, s’apparente aux méthodes des réseaux internationaux de blanchiment d’argent. Afin de renforcer la surveillance du système, la Ctaf a émis, en 2024, 23 alertes à l’encontre d’opérateurs, dont une concernant 99 personnes soupçonnées d’être impliquées dans le trafic d’argent ou celui de migrants.

Le chapitre sur les instruments souligne également que l’augmentation des signalements des établissements de paiement est précisément liée au risque migratoire associé aux mandats internationaux.

Micro-transferts en série

Le rapport fait également état d’une coopération intense : 867 demandes nationales traitées, soit une augmentation de 53% par rapport à 2023, et des échanges avec l’étranger au sein du réseau des cellules de renseignement financier.

Les chiffres de 2024 confirment une transformation des méthodes de financement de la migration irrégulière en Tunisie : moins d’argent liquide et davantage de micro-transferts en série via des mandats internationaux et des canaux électroniques, souvent fragmentés et difficiles à intercepter individuellement. La réponse institutionnelle s’est concentrée sur l’alerte des opérateurs, la formation ciblée et l’analyse stratégique pour anticiper les approches possibles.

L. B. (avec Tap).

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