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Arabe en France | Aïda Amara préfère en rire

24. Oktober 2025 um 09:12

«Trop arabe» pour certains, «pas assez» pour d’autres. Aïda Amara, née en France de parents algériens et élevée à Ménilmontant dans le XXᵉ arrondissement de Paris, a été habituée dès l’enfance à ne pas se sentir à la bonne place ni au bon endroit.

Djamal Guettala

Le 13 novembre 2015, devant le restaurant Le Petit Cambodge, à Paris, elle fait la malheureuse rencontre d’autres «têtes d’Arabes», armées de kalachnikovs. Survivante, elle ne pensait pas être assimilée à ses bourreaux. Cet événement bouleverse sa vie : elle doit tout réapprendre — marcher dans la rue, prendre le métro, aller au cinéma.

Pour se reconstruire, Aïda se cramponne à ses racines : ses parents et l’histoire familiale, l’Algérie et la France. En retraçant le passé de sa famille, elle comprend que la violence armée fait partie intégrante de la mémoire familiale, traversée par la colonisation, la guerre d’Algérie ou la décennie noire. Depuis plus d’un siècle, chaque génération se retrouve malgré elle chahutée par l’inlassable cycle de la haine. Aïda se découvre être l’héritière d’une tradition de résilience. Sans romantisme ni esthétisation de la souffrance, elle réalise que la force transmise par ses aïeux a sûrement contribué à lui sauver la vie.

Entre assignations et injonctions, elle refuse les archétypes, revendique le droit à la complexité et interroge ce que signifie être une femme arabe en France aujourd’hui, loin des récits figés que l’on impose trop souvent. Avec ce livre, elle affirme la nécessité de la nuance, des identités multiples et contribue à inscrire l’immigration algérienne dans le roman national français.

Journaliste, survivante et conteuse

Avant les attentats, Aïda Amara était déjà plongée dans le monde du journalisme et de la réalisation. Après plusieurs années en journalisme télé pour France TV et Canal Plus, elle se consacre à des projets documentaires et podcasts, comme ‘‘Transmissions’’, consacré au parcours migratoire de son père, et ‘‘Revenir’’, sur son retour en Algérie. Elle anime également des ateliers d’écriture et de podcast auprès de jeunes avec Le Bondy Blog et la Zone d’expression prioritaire.

Le roman plonge aussi le lecteur dans le quotidien professionnel et les micro-agressions qu’elle subit depuis l’enfance : prononciation erronée de son prénom, regards suspicieux, questionnements sur sa légitimité professionnelle. Chaque situation devient un exercice de répartie et de résistance. Elle se rappelle les leçons de son père, Slimane, ancien militant algérien : «être un lion à l’extérieur», transformer l’humour et la culture en armes pour se faire respecter, ne jamais céder face à l’ignorance ou au racisme.

La mémoire familiale devient un pilier pour se reconstruire. Après le traumatisme, Aïda se raccroche à ses racines, explore l’histoire de l’Algérie et de la France, et recueille des récits familiaux voués à disparaître. En rassemblant les fragments de son histoire, elle retrouve équilibre et stabilité intérieure. L’identité n’est pas figée ; elle se nourrit de mémoire, de transmission et de liens affectifs.

Le roman au titre un brin provocateur ‘‘Avec ma tête d’arabe’’ (paru aux éditions Hors D’Atteinte, à Marseille, le 2 septembre 2025, 240 pages) met également en lumière la résilience face aux épreuves extrêmes, qu’elles soient personnelles ou collectives. La capacité d’Aïda à transformer la peur et la douleur en réflexion et action, à s’appuyer sur ses racines pour affronter l’avenir, fait de ce récit bien plus qu’un simple témoignage : c’est une analyse de la société française contemporaine, où immigration, héritages culturels et pluralité identitaire doivent trouver leur place dans le récit national.

Extraits :

Survivre au chaos : «Je suis debout dans une petite salle de l’hôpital. Le lit sur lequel se trouvait mon ami il y a encore quelques minutes est plein de sang… Je vais devoir appeler ses parents, mais pour l’instant, je ne sais même pas s’il est vivant ou mort.»

L’identité comme étiquette : «Tout ce que je savais sur moi-même a été emporté. Le choc post-traumatique rase tout sur son passage… Le premier fragment que l’on me tend, c’est mon ‘arabité’. Tiens regarde-toi, voilà qui tu es.»

Humour contre racisme : «Je sens que mon prénom va faire l’objet de ce que j’appelle la danse du mépris. Bingo : ‘Alors attendez, c’est A-ï-cha ?’ — ‘C’est Aïda, comme l’opéra de Verdi.’»

Racines familiales : «Pour me reconstruire, je me suis cramponnée à mes racines : mes parents, leur histoire, celle des liens qui unissent la France et l’Algérie. J’ai rassemblé l’histoire de mes deux pays pour mieux comprendre qui je suis.»

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