Surtaxes américaines : l’artisanat tunisien payera le prix fort
Droits de douane de Trump, dites-vous ? Avec 25 % de taux de droits contre 0 % auparavant, les exportations tunisiennes s’apprêtent à vivre des moments difficiles. Notamment celles concernant le secteur de l’artisanat.
En effet, à partir du jeudi 7 août, les nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis entreront en vigueur pour une soixantaine de pays, dont la Tunisie. La loi a été signée ce matin du vendredi 1er août 2025.
Ces surtaxes, qui concernent près de 60 pays, s’élèveront à 25 % et toucheront de plein fouet les exportations tunisiennes, notamment dans l’artisanat, un secteur où les États-Unis représentent le premier marché d’exportation, comme le rappellent nos confrères de RFI.
Cité par la même source, le mosaïste et sculpteur, Karim Bairam, qui travaille à l’Office national de l’artisanat (ONA), à La Manouba (Tunis), se dit inquiet. Et ce, d’autant plus qu’il découpe des pierres pour des pièces destinées à l’export, essentiellement vers des clients américains. « Je travaille avec des particuliers qui veulent une œuvre souvenir, comme une grande table ou un tableau ».
Sa dernière création, d’une valeur de 3 000 dinars, lui donne un exemple concret de la hausse à venir. Selon lui, « aujourd’hui, les frais de douane et d’envoi tournent autour de 1 200 dinars. Avec les nouvelles taxes, on atteindra facilement les 1 600 dinars ». Des frais actuellement assumés par les clients, mais à terme, il craint une baisse des commandes, surtout pour les volumes importants : « Pour une grosse commande, ils vont faire les calculs. C’est sûr ».
Petits producteurs, grandes inquiétudes
Kenza Fourati, cofondatrice de la marque Osay the Label basée aux États-Unis, partage cette inquiétude. Sa marque commercialise des babouches en cuir fabriquées en Tunisie. Elle craint d’avoir à répercuter les hausses sur ses prix, au risque de perdre en compétitivité. Car « si les prix montent, craint-elle, la production diminuera forcément. Et comme notre chaîne de fabrication repose sur des petits ateliers, les artisans seront directement impactés. Les grandes entreprises peuvent absorber le choc, pas nous ».
De son côté, Leila Maslati, directrice de l’Office national de l’artisanat, est convaincue que la réponse passe par deux leviers : réduire les coûts logistiques et diversifier les marchés. Dans ce cadre, elle annonce un projet en cours avec le ministère du Commerce et du Développement des exportations pour alléger les frais d’envoi vers les États-Unis, et rappelle que des efforts sont faits pour conquérir de nouveaux débouchés, notamment en Afrique subsaharienne. « En 2025, nos participations au Cameroun et au Nigeria ont été bénéfiques. Et en 2026, nous aurons une présence importante en Côte d’Ivoire », dit-elle.
A rappeler qu’en 2024 l’artisanat tunisien a généré 160 millions de dinars d’exportations, soit environ 55 millions de dollars – dont plus d’un tiers à destination des États-Unis. Mais avec les surtaxes tarifaires de Trump, tout porte à croire que ce chiffre va s’effriter.
La Tunisie pourra-t-elle éviter ces surtaxes et conclure un deal avec l’administration Trump d’ici jeudi 7 courant ? Rien n’est moins sûr.
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