Ce samedi 12 juillet 2025 à 21heures, le pianiste tunisien Wajdi Riahi ouvre la soirée au Jazz Club 222, dans le cadre du festival Jazz des cinq continents, qui s’achèvera le 13 juillet. Une performance attendue dans ce lieu intimiste, fruit d’une coproduction entre le Conservatoire Pierre Barbizet – membre du Campus Art Méditerranée – et Marseille Jazz des cinq continents.
Accompagné de son trio, le musicien originaire de Tunis déploie une esthétique libre, poétique et enracinée. Nourrie par les rythmes du Stambeli et de la musique Gnawa, sa musique s’inscrit dans un jazz contemporain à la fois organique et méditatif.
Le second album du trio, enregistré en 2023 au studio La Buissonne, reflète cette quête d’équilibre entre mémoire et innovation. Sur scène, la complicité entre les musiciens se révèle dans chaque pièce, conçue comme un écosystème vivant, en constante transformation.
Southern Exposure
La soirée se poursuivra, à 22h, avec la création Southern Exposure, projet transatlantique né des échanges entre Atlanta et Marseille, porté par des artistes et structures comme MJ5C, AMI, Gallery 992 ou encore le conservatoire.
Conçu dans le cadre de la Villa Albertine, Southern Exposure revisite les codes de l’improvisation avec intensité et audace. Jazz, rap, gospel, hip-hop, musiques populaires et traditions orales s’y croisent dans une performance XXL, en forme de manifeste sonore. Un moment de groove expérimental et de liberté partagée, à l’image des deux villes dont il est issu : fières de leurs luttes, de leurs cultures et de leurs voix.
Ooredoo Tunisie, leader des télécommunications et fervent défenseur de la culture tunisienne, a annoncé, jeudi 10 juillet 2025, le renouvellement de son partenariat en tant que sponsor officiel du prestigieux Festival international de Carthage.
Pour la quatrième année d’affilée, Ooredoo s’associe à l’événement culturel le plus attendu du pays, consolidant ainsi son rôle de promoteur clé des arts et du patrimoine.
Cette année, le partenariat s’inscrit parfaitement dans la dynamique de la campagne estivale de l’opérateur. L’invitation est ainsi lancée à tous les Tunisiens pour Activi Sifek en musique, s’imprégner de la magie des soirées de Carthage et partager les émotions inoubliables des concerts live.
La 59e édition du festival, qui se tiendra du 19 juillet au 21 août 2025, propose une programmation riche et diversifiée qui fait écho à l’engagement de Ooredoo de connecter les gens à leurs passions.
«Notre partenariat avec le Festival International de Carthage est plus qu’un simple sponsoring; il fait partie de notre identité et de notre engagement indéfectible envers la richesse de la culture tunisienne», a déclaré Mansoor Rashid Al-Khater, Ceo de Ooredoo Tunisie. Il ajoute : «Chez Ooredoo, nous aspirons à être au cœur des moments qui rassemblent les Tunisiens, et le festival de Carthage en est l’occasion par excellence. Nous invitons tout le monde à profiter de la programmation exceptionnelle de cette année.»
L’affiche de 2025 présente une pléiade de stars locales, régionales et internationales, promettant de satisfaire tous les goûts musicaux. Ooredoo est particulièrement enthousiaste à l’idée de contribuer à la tenue des spectacles les plus attendus sur la scène légendaire de l’amphithéâtre romain, qui accueillera notamment la star syrienne sensationnelle Nassif Zaitoun, l’icône de la chanson libanaise Najwa Karam, la star tant aimée Nancy Ajram, ainsi que l’artiste de renommée mondiale Saint Levant parmi bien d’autres grands noms qui enchanteront la scène de Carthage.
«Le soutien de Ooredoo au Festival International de Carthage témoigne de sa conviction profonde dans le pouvoir de la culture pour inspirer et unir les communautés», souligne l’opérateur dans son communiqué. Qui ajoute : «Tout au long du festival, Ooredoo sera présent avec diverses animations et initiatives pour enrichir l’expérience des festivaliers, leur permettant ainsi d’activer pleinement leur été et de créer des souvenirs mémorables.»
Dans un post sur sa page Facebook, l’ambassade de France en Tunisie a annoncé, jeudi 10 juillet 2025, que l’Etat-major des armées françaises a offert à l’armée de terre tunisienne 20 véhicules Masstech neufs.
La cérémonie de remise des véhicules a eu lieu la veille au ministère de la Défense.
Cette cession s’inscrit dans un programme de livraison de 100 véhicules tout-terrain neufs pour une valeur totale de 5 millions d’euros (environ 17 millions de dinars), indique l’ambassade, qui rappelle que «40 Masstech ont déjà été livrés et que les autres seront acheminés par tranches jusqu’en 2027».
Le Masstech T4 est un 4×4 militaire léger français qui équipe l’armée française depuis 2017.
«Ce don concrétise l’excellente coopération entre nos deux armées et permettra de renforcer les capacités de l’armée de Terre tunisienne, dans le cadre de la sécurisation des frontières et de la lutte contre le terrorisme», écrit l’ambassade.
Le Boston Consulting Group, l’un des cabinets de conseil les plus importants et les prestigieux du monde, se trouve dans de mauvais draps suite à l’implication dans l’élaboration d’un projet de déplacement de la population civile de Gaza mais aussi d’avoir travaillé auparavant sur le projet de la Fondation humanitaire pour Gaza, la structure israélo-américaine très controversée qui s’est substituée à l’UNRWA. Le cabinet de conseil essaye aujourd’hui de se dédouaner en affirmant que ce sont seulement deux employés qui sont impliqués, qu’ils ont agi sans prévenir la hiérarchie et qu’ils ont été licenciés.
Imed Bahri
Le Financial Times a consacré son éditorial au scandale impliquant le cabinet de conseil américain Boston Consulting Group (BCG) dans des projets de déplacement de Palestiniens de Gaza. Le journal britannique estime que cette révélation soulevait plusieurs questions sérieuses sur les activités de conseil internationales. Il rappelle le tollé international soulevé par le président américain Donald Trump en février lorsqu’il a annoncé son plan pour la bande de Gaza ravagée par la guerre, son intention de s’en emparer et de créer ce qu’il a appelé une Riviera du Moyen-Orient tout en déplaçant de 2,2 millions de Palestiniens.
Cette semaine et celle d’avant, le journal a révélé des documents et des plans soumis par des hommes d’affaires israéliens à l’administration américaine imaginant Gaza après la guerre et la manière de relancer son économie grâce à une «Riviera Trump». Ces documents comportaient dix axes importants dont l’axe stratégique d’Elon Musk avant que le milliardaire ne rompe avec le président américain.
Financer la migration d’un demi-million de Palestiniens
Le plan propose de financer la migration d’un demi-million de Palestiniens et d’attirer des investisseurs privés pour développer Gaza en s’appuyant sur des modèles financiers développés par les employés du BCG.
Le cabinet de conseil a affirmé que l’équipe chargée de la préparation des plans de reconstruction de Gaza avait agi sans l’approbation de son partenaire principal (senior partner est un grade au sein de l’entreprise) qui avait stipulé qu’une telle démarche était interdite et que ce qui a été présenté n’est pas un projet du BCG. Le groupe a également indiqué que deux associés (grade inférieur à senior partner) avaient été licenciés le mois dernier.
Cependant, le journal estime que l’implication des employés de BCG dans ce travail ainsi que leur contribution à la préparation de plans d’aide controversés supervisés par la très opaque entité israélo-américaine Fondation humanitaire pour Gaza est le dernier d’une série de coups durs et de scandales qui ont terni la réputation de l’un des plus grands cabinets de conseil au monde. Cela soulève de sérieuses questions quant aux contrôles et à la gestion des risques au sein de BCG.
L’entreprise présente des excuses publiques à ses employés
Le mois dernier, l’entreprise a présenté des excuses publiques à ses employés et a désavoué son rôle dans la création de l’organisation soutenue par les États-Unis et Israël pour distribuer l’aide humanitaire à Gaza au lieu de l’Onu, de ses agences et des organisations internationales.
L’Onu a critiqué la Fondation humanitaire pour Gaza dont les opérations sont sécurisées par l’armée israélienne et surveillées par des agents de sécurité ou des mercenaires américains pour avoir violé les usages des opérations internationales d’aide humanitaire.
Depuis le début des opérations de la Fondation en mai, Israël a tué des centaines de Palestiniens qui tentaient d’atteindre les quelques centres de distribution du sud de Gaza.
Le FT révèle, par ailleurs, que le BCG a élaboré un modèle financier pour la reconstruction d’après-guerre à Gaza incluant le coût de la réinstallation de centaines de milliers de Palestiniens. Un scénario estimait qu’un demi-million de Palestiniens pourraient être dédommagé grâce à un «package de réinstallation» d’un coût de 9 000 dollars par personne soit un total de 5 milliards de dollars. Les auteurs du modèle affirment que ce package est moins coûteux que de continuer à soutenir ceux qui souhaitent rester en leur fournissant un logement temporaire, des soins, une aide et d’autres formes de soutien.
Le cabinet de conseil a décrit l’implication de ses employés dans cette initiative controversée sur les plans éthique et politique comme étant motivée par deux employés qui n’ont pas respecté les procédures d’approbation.
Il a rapporté qu’une équipe du groupe aux États-Unis avait fourni en octobre dernier des services bénévoles à une organisation humanitaire qui devait collaborer avec d’autres opérations de secours à Gaza. Cependant, a-t-il ajouté, les employés n’avaient pas pleinement divulgué la nature de ce soutien et avaient induit en erreur la direction en lui faisant croire que l’initiative bénéficiait d’un large soutien multilatéral. Le groupe a ajouté que l’associé principal avait été explicitement informé qu’il ne travaillerait plus sur la reconstruction de Gaza et qu’il ne recevrait aucune rémunération.
De nombreuses personnes à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise se posent des questions sur le manque de connaissance de la direction quant à la nature des travaux visant à établir la Fondation humanitaire pour Gaza et les plans de reconstruction de Gaza, un effort qui a duré sept mois avec une équipe américaine opérant depuis Tel-Aviv.
Si aucune entreprise ne peut se protéger contre les tentatives de ses employés de dissimuler leurs activités et d’induire en erreur leurs supérieurs, compte tenu du caractère sensible de tout travail lié à Gaza, l’équipe aurait dû être soumise dès le départ à une surveillance de haut niveau de la part du BCG.
L’enquête interne menée par un cabinet d’avocats extérieur au groupe devrait d’ailleurs se concentrer sur les raisons du non-respect des contrôles par l’entreprise et de sa perte de contrôle.
Régénérer. Un mot simple. Presque biologique. Mais dans le monde du pouvoir médical, c’est un blasphème. Régénérer, c’est dire : le corps peut se réparer. C’est contester le monopole de la molécule. C’est refuser l’abonnement à vie à une industrie de la chronicité. Et cela, ils (les boss de la Big Pharma) ne le supportent pas.
Dr Hichem Ben Azouz *
Récemment en Chine, une femme diabétique a reçu une greffe de cellules souches dérivées de son propre tissu adipeux. En 75 jours, elle n’avait plus besoin d’insuline. Trois ans plus tard, elle allait toujours bien. Pas de brevet. Pas de laboratoire américain. Pas de financement Gilead ou Roche. Un protocole local, une innovation contextuelle, une médecine du vivant. Et immédiatement : silence. Pas d’éditoriaux enthousiastes dans The Lancet. Pas de subventions internationales pour explorer. Pas d’ONG se ruant pour implémenter. Seulement un malaise. Parce que cette expérience ne rentre pas dans leur logique.
Attaque contre le cœur du système
L’Afrique devrait être en première ligne de ces alternatives. Nous avons les malades. Nous avons les terrains. Nous avons les raisons d’en finir avec la dépendance. Et pourtant, nous sommes absents. Ou plutôt : rendus absents. Parce que soutenir la régénération, c’est attaquer le cœur du système : leur modèle de soin, basé sur la répétition; leur modèle économique, basé sur la consommation; leur modèle politique, basé sur le contrôle.
Régénérer, c’est leur dire «Nous n’avons plus besoin de vous.» Mais ils veulent tuer cet avenir. Ils vont l’étouffer sous des procédures. Ils vont l’enterrer sous des «protocoles non validés». Ils vont le ridiculiser comme «science marginale». Et nous, dans nos ministères, nos commissions éthiques, nos comités de pilotage, allons les aider. Nous allons refuser. Nous allons bloquer. Nous allons exiger des preuves… jusqu’à ce que l’innovation meure.
Retour au corps qui sait
Mais ce que nous oublions, c’est que le corps se souvient. Il se souvient de la plante. Il se souvient du toucher. Il se souvient de la voix, du souffle, du rituel, du lien.
La médecine que nous avons laissé mourir était une médecine de la mémoire. Et ce que propose la régénération, c’est cela : un retour au corps qui sait; un saut vers un soin qui libère; un refus d’être éternellement malade pour enrichir les mêmes.
Il ne s’agit pas ici de naïveté. Il s’agit de souveraineté. De la possibilité d’une médecine qui ne nous soumet plus. De la possibilité d’un soin qui ne prolonge pas la domination. De la possibilité d’un avenir non capturé par la peur du marché.
Ils ne veulent pas que nous guérissions. À nous de vouloir plus : reconquérir la santé, un dernier mot avant la rupture.
Nous avons parcouru le labyrinthe de l’aide qui étouffe, des ONG qui s’imposent, de Big Pharma qui exploite, des dirigeants qui profitent, des médecins qui se taisent… Mais il faut maintenant regarder devant.
Un acte de reconquête
Cet article n’est pas un testament de colère. C’est un acte de reconquête. La santé ne peut plus être un marché. La médecine ne peut plus être un outil de soumission. Le soin ne peut plus être distribué selon les intérêts des puissants.
Il est temps de reprendre ce qui nous appartient. Pas dans l’abstraction d’un idéal. Mais dans la matérialité d’un choix politique, quotidien, ancré.
A nous de reprendre la formation, la recherche, le récit, les pratiques, les programmes, les nôtres.
Nous avons besoin d’écoles de santé souveraines. Qui forment des soignants critiques, enracinés, créatifs. Nous avons besoin de recherche libre. Pas financée par ceux qui veulent des réponses convenues. Nous avons besoin de récits puissants. Pour dire les humiliations, les résistances, les alternatives. Nous avons besoin de pratiques nouvelles. Qui n’imitent pas les modèles d’ailleurs, mais qui écoutent ici.
Cela demandera du courage. Il faudra affronter les bailleurs, refuser les protocoles, inventer sans validation, parier sur le local, résister à l’appel de la carrière docile. Il n’y a pas d’autre voie. Ce chapitre est une passerelle entre la dénonciation et la création, entre la colère et la refondation, entre le constat et l’action. Le soin peut redevenir un acte de liberté, à condition d’oser sortir du système, penser autrement et désobéir.
Ce que je ne veux plus cautionner
Cet article a voulu allumer le feu; il t’appartient désormais d’y souffler. Je n’écris pas ces mots pour gagner des alliés. Je les écris parce que je n’en peux plus de me taire. Je suis médecin, africain, et je connais les couloirs glacés des hôpitaux publics, les réunions pleines de PowerPoint, les missions financées, les rapports de 80 pages, les objectifs à 95-95-95 du VIH, les acronymes qui masquent les corps. Je connais aussi la fatigue du terrain et la honte du compromis. Et je ne veux plus cautionner, valider des programmes dont je sais qu’ils ne servent pas ceux qu’ils prétendent sauver.
Je ne veux plus distribuer des médicaments quand je sais qu’une alternative existe ailleurs, mais qu’elle dérange trop pour être introduite. Je ne veux plus signer des documents qui félicitent, qui maquillent, qui transforment des désastres en succès administratifs. Je ne veux plus saluer des ONG qui vivent du malheur qu’elles dénoncent, faire semblant que la santé est neutre, être le relais d’un empire, pas même en blouse blanche. Je veux une médecine debout, qui guérit, qui écoute, qui refuse, qui ose dire non aux bailleurs, qui libère, et pas qui domestique.
Je n’ai pas écrit cet article contre mes collègues. Je l’ai écrit avec eux. Pour ceux qui se taisent, qui n’en peuvent plus, qui veulent autre chose. Je l’ai écrit pour les malades qui n’ont plus de mots, pour mon fils, pour les élèves, pour les générations à venir. Je l’ai écrit pour que le soin redevienne un lieu de vérité.
Ce que je ne veux plus cautionner, je l’écris. Et ce que j’écris, je m’engage à le vivre. Il est temps de sortir de la servitude médicale, d’ouvrir les portes, de soigner autrement.
* Médecin, chercheur et écrivain à Johannesburg, Afrique du Sud.
Le 10 juillet 2025, au Mucem de Marseille, la projection de la collection À Première Vue s’est tenue dans le cadre de la 36ᵉ édition du FIDMarseille. Organisé par la Copeam, TV5Monde, le FID et le Mucem, ce programme annuel met à l’honneur les œuvres de jeunes réalisateurs et réalisatrices en formation dans cinq pays de la Méditerranée : Algérie, Tunisie, Maroc, Liban et Palestine.
Cinq courts-métrages ont été projetés. Tous ont marqué par la force de leur récit, la diversité de leurs formes, et leur engagement visuel ou politique. Le palmarès reflète cette richesse.
Les prix 2025 ont été décernés comme suit :
Prix TV5Monde : ‘‘La Conspiration des Tortues’’ de Kamir Abbas-Terki (Algérie, LabDZ – Institut Français d’Algérie) ;
Youth Award (FID/Mucem) et Rai Cinema Award : ‘‘Shattered Memory’’ de Hayat Amjad Laban (Palestine, Dar al-Kalima University);
Anica Academy Award et Uninettuno Award : ‘‘Toilet Paper’’ de Rami Serhal (Liban, Académie Libanaise des Beaux-Arts – Alba).
Mention spéciale du jury : ‘‘Carré Bleu’’ de Charlélie Chasteau (Maroc, ÉSAV Marrakech).
Un film contemplatif, au croisement de l’art visuel et de la poésie, sur la mémoire des lieux et l’architecture du vide.
Enfin, la Tunisie était représentée par ‘‘1321’’ de Bilel Zaghdoudi (École supérieure de l’audiovisuel et du cinéma – Gammarth).
En réaction à la condamnation du journaliste Mohamed Boughalleb à deux ans de prison ferme, prononcée le 10 juillet 2025 par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, pour «pour un post… qui n’est pas le sien», précise dans un communiqué le Centre pour le respect des libertés et des droit de l’homme en Tunisie (CRLDHT).
Boughalleb a été condamné en vertu de l’article 24 du décret-loi 2022-54 «pour une publication attribuée à son nom sur Facebook, prétendument diffamatoire à l’égard d’une enseignante universitaire», rappelle l’ONG basée à Paris, en qualifiant le verdict d’«infâmant» et qui s’inscrirait, selon ses termes, «dans la continuité d’un acharnement judiciaire systématique à l’encontre d’un journaliste critique, indépendant et dérangeant pour le régime autoritaire de Kaïs Saïed.»
«Cette affaire, qui a débuté par une simple plainte appuyée sur une capture d’écran sans vérification technique, aurait dû être classée. La défense a rappelé à maintes reprises que le compte à l’origine de la publication ne lui appartenait pas et qu’aucune expertise numérique n’a été diligentée. En dépit de l’absence de preuve matérielle et du caractère manifestement vicié de la procédure, la chambre criminelle a maintenu l’accusation, ignorant les règles les plus élémentaires d’un procès équitable», note encore le CRLDHT, en rappelant que Boughalleb a déjà été condamné à huit mois de prison en 2024 pour avoir critiqué un ministre dans une émission radio et qu’il avait été incarcéré le 22 mars 2024, puis maintenu en détention dans cette seconde affaire. Après avoir obtenu une décision de mise en liberté le 20 février 2025, il a été à nouveau jugé «comme un criminel pour une infraction d’opinion», précise le CRLDHT.
Tout en dénonçant «une dérive judiciaire grave où l’absence de preuve n’empêche pas la prison» et «une instrumentalisation du décret-loi 54, devenu l’arme de destruction massive de la liberté d’expression», et en exigeant l’annulation du verdict, et la fin des poursuites judiciaires fondées sur des accusations non authentifiées», ainsi que «l’abrogation du décret-loi 2022-54, ou à défaut, sa suspension immédiate dans toutes les affaires d’opinion», l’Ong rappelle que l’état de santé du journaliste s’est détérioré, qu’il souffre de maladies chroniques (diabète, hypertension, troubles de la prostate) et qu’il a perdu 70% de sa vue.
Selon une étude menée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) et l’Université de Sfax, environ 70 % des migrants subsahariens en situation irrégulière en Tunisie ne font pas confiance aux organisations internationales, les jugeant complices des politiques européennes et incompétentes dans leur assistance humanitaire.
C’est l’un des résultats de l’étude de terrain «Migrants d’Afrique subsaharienne en Tunisie : profils, moyens de subsistance et déviations des politiques migratoires», présentée mardi 8 juillet 2025 au cinéma Le Rio à Tunis.
L’enquête, menée par le sociologue Zouhair Ben Jennat entre janvier et juin 2024, a porté sur 402 migrants en situation irrégulière du Grand Tunis, de Médenine et de Sfax, au moyen de questionnaires, d’entretiens approfondis et de groupes de discussion.
L’échantillon comprend des personnes de diverses nationalités subsahariennes, âgées de moins de 48 ans, un pourcentage croissant de familles et une augmentation surprenante de la présence féminine, qui atteint environ 27%.
L’étude montre que 85% des migrants sont entrés en Tunisie par voie terrestre, principalement par les frontières avec l’Algérie (60%) et la Libye (25%), tandis que seulement 14% sont arrivés sans visa par voie aérienne.
Malgré un bon niveau d’éducation, 27% étant titulaires d’un diplôme universitaire, les conditions de vie restent critiques : la politologue Yasmine Akrimi souligne que «85 % des migrants en situation irrégulière n’ont reçu aucune assistance des organisations internationales». À cela s’ajoutent des phénomènes inquiétants tels que l’exploitation par le travail, qui touche un migrant sur cinq, les violences physiques dans 40% des cas et le syndrome de stress post-traumatique dans 30% des cas.
L’analyse critique également le discours dominant en Tunisie, qui parle d’«invasion» et de «complot international», expressions qui ne sont pas étayées par les données recueillies.
L’étude met en lumière une situation complexe et problématique : la méfiance à l’égard du système humanitaire international touche une grande majorité de migrants subsahariens.
Les enjeux cruciaux concernent non seulement l’accès à l’aide, mais aussi le risque de violence et d’exploitation quotidienne. La présence croissante de femmes et de familles signale également une phase de transition démographique dans la vague migratoire, où l’émigration est de plus en plus un choix collectif.
Le cadre présenté souligne l’urgence d’une réforme en profondeur des politiques migratoires tunisiennes, notamment le renforcement des filets de sécurité, l’accès aux voies légales et la sécurité sur le terrain. Il est également nécessaire de rétablir la confiance dans les organisations internationales, essentielles en cas de vulnérabilité, en repensant les formes de coopération avec les institutions tunisiennes et les migrants eux-mêmes. Seule une approche inclusive et participative, ancrée dans les besoins réels, peut réduire les risques et améliorer les conditions de vie de ces communautés fragiles, souligne l’étude.
Ce soir-là, dans les ruines de Dougga, il ne s’agissait pas d’un simple spectacle. Ce n’était pas un divertissement. C’était une veillée sacrée. ‘‘Ragouj, le spectacle’’ est une remontée collective dans les couches profondes de la mémoire tunisienne. Et ce qui m’a le plus touchée, ce n’est pas seulement la scène. C’est ce qui se passait hors scène : dans les gradins, sur les visages, dans les cœurs. (Photos : Festival de Dougga).
Manel Albouchi
Mis en scène par Abdelhamid Bouchnak, ‘‘Ragouj, le spectacle’’, est plus qu’une adaptation scénique de la série culte. C’est une alchimie théâtrale : un croisement entre vidéo, danse, musique live, art populaire, geste chorégraphique et cri social. Une écriture scénique neuve, qui emprunte au rituel plus qu’au récit classique.
Sur scène, 20 danseurs, un orchestre de 40 musiciens dirigés par Hamza Bouchnak, des images projetées, une mémoire en boucle. Et des comédiens devenus icônes : Fatma Ben Saïdane, Walid Ayadi, Bahri Rahali, Aziz Jebali, Fatma Sfar, Yasmine Dimassi, et bien d’autres.
Et cette réinterprétation du morceau culte de Hédi Guella « يا هل ترى قداش من فرططو », par Khawla Tawes et qui m’a marqué, composent une fresque en mouvement.
Une esthétique «ragougienne»
Le mot s’impose. Le style aussi.
On pourrait dire qu’il s’agit ici de théâtre social. Mais c’est bien plus… c’est bien organique… c’est le style ragougien né dans la série télévisée et transposé ici avec finesse.
Qu’est-ce que le style ragougien ?
Un mélange d’absurde, de réel brut, de satire douce, de lucidité politique et de tendresse tragique.
Un théâtre qui pleure en riant, qui critique sans se détourner de l’amour, qui expose la violence tout en la transcendant. Une mémoire populaire.
Ce que j’ai vu
Les chants de Kafon, les images d’archives, les gestes répétitifs dans la chorégraphie d’Oumaïma Manaï ont transformé les corps en langues muettes : Tout devient symbole, tout nous raconte un pays en état de survie poétique.
Ragouj incarne ce que Jung appelle le Trickster : le fou sacré, l’idiot divin, celui qui bouleverse l’ordre établi pour révéler l’inconscient collectif.
Mais ce soir-là, une autre figure a émergé : celle de l’Anima blessée, ces femmes mortes dans les accidents de transport agricole.
Leur souvenir, leur absence hurlante, était partout : dans les vidéos, dans les chants, dans les foulards colorés qui flottaient sur scène et dans la salle.
Le fil rouge
Ce foulard. Je l’ai vu sur les têtes des danseuses. Dans les vidéos d’archives. Dans le look de certaines spectatrices mordues de la série, qui avaient adopté le style «ragougien».
Mais pour moi, c’était surtout le foulard de ma grand-mère. Et de mon arrière-grand-mère. Un tissu simple, modeste, mais chargé d’une mémoire transgénérationnelle.
Ce soir-là, à Dougga, sur la terre de mes mères, le foulard était un drapeau.
Le public : peuple fidèle du silence et du sacrifice
Ce public-là n’a rien de mondain. Il est affamé de sens, habité par un besoin de beauté, même dans la fatigue.
Après le spectacle révolutionnaire, on a repris la route vers la capitale administrative, épuisés, le cœur plein. Nous étions un peuple ému, silencieux, fidèle. Et je me suis dit : ce pays mérite mieux.
Une fête réussie, mais sans lendemain. Quel gâchis, quand on pense à ce que cela aurait pu générer pour la région.
Car malgré ce succès populaire, aucune infrastructure, aucun hébergement, aucune stratégie. On aurait pu ouvrir les maisons de Dougga, faire travailler les artisans, inventer une économie culturelle vivante. Mais on préfère laisser le miracle mourir avec l’aube.
Une prêtresse nommée Fatma Ben Saïdane
Sur scène Fatma Ben Saïdane est une prêtresse. Elle ne joue pas. Elle transperce.
Elle est la parole qui ne tremble pas.
Elle porte en elle toutes les mères, toutes les blessures, tous les contes qu’on n’a jamais racontés.
Sa voix est une corde tendue entre les morts et les vivants.
Ce que ma fille m’a dit
Ma fille ne parle pas couramment le tunisien. Elle n’a pas regardé la série. Et pourtant, à la fin, elle m’a dit : «Maman, je suis ragougienne. J’ai tout compris. Je veux revenir. Si c’est comme ça le théâtre je veux voir encore des spectacles.»
Et j’ai su que l’essentiel avait été transmis. Car un théâtre qui touche même ceux qui ne comprennent pas tout le sens des mots, est un théâtre qui parle à l’âme. Que même les corps dansaient la vérité.
Et même pour les spectateurs qui n’ont pas vu la série – souvent parce qu’ils ont déserté les médias fatigués par leur médiocrité, ou à cause de la censure sourde – le fil narratif semble peu obscur. Car ce que le théâtre perd en continuité, il le gagne en ouverture.
Et ce qui importe ici, ce n’est pas la logique du récit, mais la vérité émotionnelle. Et surtout, la scène n’est pas figée : elle vit, respire, évolue. Contrairement à l’écran, elle nous regarde.
Le Trésor : une offrande
Ce spectacle est une offrande à ceux qu’on a oubliés. Un théâtre qui gratte, qui murmure, qui réveille, qui déplace, qui bouscule, qui transforme. Un théâtre d’ombres, de lumière, de larmes et de feu.
Et ce soir-là, à Dougga, malgré le manque de confort, malgré l’absence de vision étatique, malgré la fatigue et le froid…
La Tunisie est vivante et elle continue de croire au miracle.
Un magicien de la scène appelé Abdelhamid Bouchnak.
Le président Kaïs Saïed a effectué une visite inopinée hier, mercredi 9 juin 2025, à minuit, dans le gouvernorat de Monastir, où il a évalué la situation environnementale préoccupante dans le golfe de Monastir. (Ph. Capture d’écran).
Il a visité la plage de Ksibet El Mediouni, récemment touchée par une catastrophe écologique. Sur place, le président s’est entretenu avec les habitants, qui ont exprimé leur profonde inquiétude face à la situation environnementale désastreuse.
Il s’est ensuite rendu à la station d’épuration «Sayada-Lamta-Bouhjar » de la ville de Lamta, avant de poursuivre sa visite dans la région de Sayada.
Selon des vidéos postées sur les réseaux sociaux par des internautes de la région, des citoyens se sont plaints du ministre de l’Environnement qui, lors d’une visite la veille au même endroit, avait tenu un discours qui n’a pas convaincu ses interlocuteurs. Et est rentré à Tunis sans rien décider.
On ne sait pas si cette visite présidentielle va être suivie de décisions ou de mesures urgentes pour régler les problèmes constatés sur place et dont les citoyens ne cessent de se plaindre et les médias de rendre compte à longueur de journée.
On attendra pour voir et juger de l’utilité de telles activités qui ne devraient pas se contenter de l’effet d’annonce, car elles perdraient toute crédibilité aux yeux des citoyens, souvent acteurs et victimes des problèmes environnementaux qu’ils dénoncent.
En recevant hier, mercredi 9 juillet 2025, au Palais de Carthage, la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri, le Président de la République, Kaïs Saïed, est revenu à sa grande idée du moment : débarrasser l’administration publique des éléments réfractaires au projet de libération nationale qu’il mène depuis la proclamation de l’état d’exception le 25 juillet 2021 et les remplacer par des jeunes compétences patriotes et responsables.
Selon un communiqué de la présidence de la République, l’entretien a porté sur plusieurs thèmes, dont le rapport synthétique qui sera élaboré pour mettre en place le projet de loi du plan de développement pour la période 2026-2030 devant servir de référentiel à l’ensemble des législations économiques et sociales.
Le Chef de l’État a souligné que des efforts sont en cours pour ouvrir de larges perspectives dans tous les domaines et dans toutes les régions, afin que chaque Tunisien puisse jouir de sa dignité et de ses droits légitimes.
«Il est temps que les jeunes compétences prennent la place de ceux qui n’ont pas tiré les leçons du passé ni compris que la responsabilité, à quel niveau que ce soit, est un fardeau lourd à porter», a-t-il dit, en évoquant, dans ce contexte, le mauvais fonctionnement de plusieurs services publics et en insistant sur la nécessité de sanctionner chaque manquement.
Les responsables des services publics sont payés par l’argent des contribuables, lesquels doivent recevoir de bons services en retour, a rappelé Saïed, en soulignant que «les budgets importants alloués à des institutions inefficaces devraient être versés à d’autres qui remplissent réellement les objectifs pour lesquels elles ont été créées».
Comme à son habitude, le locataire du Palais de Carthage n’a pas désigné nommément les responsables défaillants ni les institutions budgétivores et inutiles qu’il va falloir supprimer ou intégrer à d’autres.
La cheffe de gouvernement, qui se contente souvent d’opiner de la tête, en signe d’accord, n’a pas cru devoir communiquer sur ce sujet qui revient sans cesse lors de ses rencontres avec le président de la république ni nous expliquer ce que son gouvernement compte faire pour mettre en œuvre de si insistantes instructions présidentielles.
Quant à nous autres, journalistes, analystes, commentateurs ou simples citoyens, nous en sommes réduits à supputer sur l’identité des prochains fusibles qui vont sauter.
Cela dit, on n’aimerait pas être à la place des ministres, secrétaires d’Etat, PDG, directeurs généraux et autres hauts responsables dont le président de la république dénonce l’incompétente ou qu’il désigne à la vindicte populaire.
Hélène Ségara était officiellement annoncée dans le programme de la 59e édition du Festival international de Carthage (FIC), avant que la direction de cette manifestation ne se rétracte et n’annonce, dans un communiqué publié mercredi 9 juillet 2025, avoir retiré la chanteuse française de sa programmation, sans donner la moindre explication à cette décision. On sait cependant que cette annonce fait suite à une campagne sur le web dénonçant les positions de Mme Ségara favorables à l’Etat d’Israël.
Imed Bahri
La polémique à ce sujet a tellement enflé que le président de la république Kaïs Saïed a cru devoir convoquer (et c’est le cas de le dire), hier, au Palais de Carthage, la ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi, pour lui rappeler que «les festivals tunisiens, à l’instar de ceux de Carthage, de Hammamet et de Tabarka sont reconnus à l’échelle mondiale comme espaces de créativité et de défense des causes de la liberté et de la libération» et qu’ils «doivent être ouverts à ceux qui portent une pensée libre et ne doivent pas accueillir ceux dont la seule motivation est de gagner de l’argent, sans égard pour les valeurs humaines».
«Tous ces festivals doivent s’inscrire dans le contexte de la lutte pour la libération que mène actuellement la Tunisie, et dans le cadre des positions de principe de l’État tunisien, qui émanent de la volonté libre du peuple tunisien», lit-on dans un communiqué de la présidence de la République. «Chaque manifestation culturelle ou artistique doit s’inscrire dans la défense des causes de la liberté et de la libération, non seulement en Tunisie, mais dans le monde entier», a souligné Saïed. Et de trancher : «Il n’y a pas de place dans ces festivals pour ceux qui ne partagent pas ces positions fondamentales».
Saïed n’a certes pas nommément cité la cause palestinienne mais l’allusion y est limpide.
Les relations avec Israël sont un sujet sensible en Tunisie, qui n’entretient pas de relations officielles avec l’État d’Israël et où le sentiment propalestinien est fort. Tunis, rappelons-le aussi, a accueilli l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat de 1982 à 1994, et le président Kaïs Saïed exprime régulièrement son soutien à la cause palestinienne.
Cependant, l’affaire serait restée tuniso-tunisienne si la chanteuse française n’a pas réagi à la «déprogrammation» de son concert en faisant savoir, dans une déclaration à l’AFP, qu’elle n’a signé aucun contrat avec la direction du FIC pour se produire cet été sur la scène de l’amphithéâtre romain de Carthage, ce qui a ajouté du piment à cette affaire.
Certes, depuis 2016, une vidéo circule en ligne, tirée de comptes propalestiniens, où l’on voit Ségara interpréter en duo ‘‘Yerusalem Shel Zavav’’ (Jérusalem dorée), chanson emblématique pour de nombreux Israéliens, avec le chanteur franco-israélien Amir.
«Je n’ai jamais pris position pour Israël et je chante dans les pays arabes depuis des années», a déclaré l’interprète du tube ‘‘There Are Too Many People Who Love You’’ (2000), se plaignant d’avoir reçu des «messages offensants».
Une déshonorante reculade
Quoi qu’il en soit, que ce contrat existe ou pas, la direction du FIC a, dans cette affaire, fait preuve de légèreté et d’amateurisme, ajoutant le ridicule au pathétique. D’autant plus que le tropisme israélien de Mme Ségara est un secret de polichinelle et que, dans une volonté d’autojustification, et sans que personne ne le lui ait demandé, cette direction s’est fendue d’un communiqué où elle rappelle, au cas où on en aurait douté, «l’engagement constant de la Tunisie en faveur du peuple palestinien pour la restitution de l’ensemble de ses droits et l’établissement de son État indépendant avec pour capitale Al-Qods».
Dans ce même contexte, la direction du FIC a affirmé aussi avoir «veillé à ce que cette édition comprenne des spectacles en soutien à la Palestine et à son peuple en hommage à leur résistance, à leur résilience et en défense de leur droit à la vie et à la liberté.» Et d’énumérer les spectacles où la cause palestinienne est évoquée d’une manière ou d’une autre. Avant de conclure par l’expression de «sa reconnaissance envers son fidèle public pour son engagement en faveur de la cause palestinienne et son rejet de toute forme de normalisation ce qui fait de la Tunisie et de son peuple une fierté parmi les nations.»
Cette reculade, qui déshonore la direction du FIC et jette le discrédit sur les autorités culturelles du pays dans leur ensemble, apporte la preuve du gabegie qui règne dans certains cercles de décision où l’improvisation tient souvent lieu de méthode de gouvernance et dont cette «affaire Ségara» est la parfaite illustration. Car si aucun contrat n’a été signé avec cette dame, on est en droit de nous demander avec quelle autre partie la direction du FIC a pris langue pour la faire venir à Carthage. Son imprésario, ou sa société de production ou encore quelque intermédiaire louche dont les coulisses de la culture pullulent ?
Un grave problème de crédibilité
Un grand opérateur du secteur, producteur de spectacles au long cours, qui a souvent contribué à la programmation des artistes occidentaux dans les festivals tunisiens, Mourad Mathari en l’occurrence, s’est exprimé sur cette affaire dans un poste Facebook où il ne se montre pas tendre avec les autorités culturelles tunisiennes qu’il connaît très bien pour les avoir côtoyées de près au cours des quatre dernières décennies. Il nous apprend d’ailleurs que «ce n’est malheureusement pas la première fois que des artistes sont annoncés publiquement dans une programmation, sans avoir été dûment informés, ni même contractualisés pour les concerts en question.»
«Cette pratique, bien que répandue dans certains contextes, soulève de graves problèmes de crédibilité, de transparence et de respect professionnel. Elle expose les organisateurs, les institutions partenaires et le pays lui-même à des malentendus sérieux avec les artistes et leurs représentants — sans parler des conséquences diplomatiques et juridiques potentielles», écrit Mathari. Et d’ajouter : «Un festival digne de ce nom ne peut exister sans le consentement explicite, l’accord formel et la confiance des artistes qu’il met en avant. Il est donc essentiel que les pratiques évoluent vers plus de rigueur et d’éthique, pour garantir la fiabilité des engagements pris et préserver l’image de la scène culturelle tunisienne à l’échelle internationale.»
La Tunisie continue de faire face à une crise persistante des finances publiques, malgré une modeste réduction prévue de son déficit budgétaire pour 2025 à 5,5 % du PIB, contre 6,3 % en 2024, grâce à des hausses ciblées des impôts sur les sociétés et les hauts revenus. Néanmoins, la dette publique devrait rester élevée, atteignant environ 80,5% du PIB d’ici fin 2025, contre 82,2% en 2024.
Imed Bahri
Le projet de budget 2025 prévoit un déficit d’environ 9,8 milliards de dinars, avec des dépenses prévues de 59,8 milliards et des recettes limitées à 50 milliards de dinars. Il reste qu’à mi-parcours, les engagements financiers pris par l’Etat au cours des derniers mois et qui n’étaient pas prévus dans son budget pour l’exercice en cours risquent de sérieusement hypothéquer l’atteinte de ces objectifs.
La politique budgétaire à connotation sociale vise à alléger la charge des ménages à faibles revenus tout en augmentant les impôts des particuliers et des entreprises les plus aisés générant plus de 20 millions de dinars de chiffre d’affaires annuel, désormais imposés à 25%.
Besoins importants de financement
Face à des dépenses publiques élevées et à une stabilité monétaire fragile, due en partie à une dépendance accrue à la Banque centrale, les banques sont fortement sollicitées, ce qui limite leur capacité à soutenir le secteur privé et retarde la relance espérée pour sortir du cycle d’une croissance atone où le pays est engagé depuis la chute du régime de Ben Ali en 2011.
Alors que les prévisions officielles tablent sur une croissance de 3,2% en 2025, la Banque mondiale propose une prévision plus prudente et plus réaliste de 1,9%, évoquant une faible amélioration économique, et un contexte international de plus en plus défavorable.
Les négociations avec le FMI étant au point mort depuis octobre 2023, cela a privé la Tunisie d’un soutien financier essentiel. Et la note souveraine du pays («Caa1», perspective stable) continue d’entraver son accès à d’autres sources de financement, et même si plusieurs bailleurs de fonds continuent de faire confiance à la signature tunisienne mais les prêts sont accordés à des taux d’intérêt relativement élevés.
Pour un rétablissement de la confiance des investisseurs
En résumé, si la trajectoire budgétaire de la Tunisie montre de légers signes d’amélioration, avec notamment de meilleures recettes fiscales, une stabilité financière durable reste difficile à atteindre sans réformes structurelles, un accès renouvelé aux financements internationaux et un rétablissement de la confiance des investisseurs, autant de facteurs qui sont loin d’être actuellement réunis. D’autant plus que, dans un souci d’autonomie de décision, le gouvernement résiste à ce que le président Kaïs Saïed appelle les «diktats» des bailleurs de fonds internationaux, refuse de mettre en œuvre certaines réformes structurelles préconisées par les experts et poursuit ses politiques sociales volontaristes et budgétivores en faveur des classes démunies.
BlueFive Capital, une société d’investissement internationale, a annoncé, dans un communiqué publié ce jeudi 10 juillet 2025, avoir finalisé la levée du fonds BlueFive Reef Private Equity Fund I, créé par le Tunisien Hazem Ben-Gacem. Ce fonds de 2 milliards de dollars US est immatriculé au Abu Dhabi Global Market (ADGM) et cible des placements de capital-investissement dans des sociétés à forte capitalisation des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Le fonds sera géré depuis Abou Dhabi et aura pour objectif des investissements majoritaires et minoritaires dans des entreprises et des conglomérats de grande taille à forte croissance aux Émirats arabes unis et dans les autres pays du CCG, en privilégiant cinq secteurs clés : la santé, la technologie, l’hôtellerie, l’aviation et l’industrie. Le fonds tirera parti de la dynamique résultant de la croissance économique de la région et de son rôle de plus en plus marqué de porte d’entrée vers d’autres régions et économies du monde, aussi bien en Orient qu’en Occident.
«Le lancement de notre premier fonds de capital-investissement dédié aux pays du CCG, d’un montant de 2 milliards de dollars, est une réalisation majeure. Ce fonds jouera un rôle central dans l’expansion du marché du capital-investissement au sein du CCG et nous permettra de nous associer à des fondateurs d’entreprise et des équipes de direction d’exception afin de soutenir la création de leaders mondiaux venant du CCG», a précisé Hazem Ben-Gacem, fondateur et directeur général de BlueFive Capital.
L’un des gestionnaires d’actifs internationaux à forte croissance du CCG, BlueFive Capital est doté d’une équipe d’investissement de 27 personnes réparties entre Londres, Abou Dhabi, Dubaï, Riyad, Djeddah, Manama au Bahreïn, et Pékin.
BlueFive Capital a été fondée et est dirigée par Hazem Ben-Gacem, l’un des spécialistes les plus expérimentés dans le domaine du capital-investissement mondial. Un groupe de 25 actionnaires fondateurs issus du monde entier, notamment des régions d’intérêt de BlueFive Capital – le CCG, l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine –, joue un rôle consultatif actif pour orienter la direction sur la croissance de la société.
Dans ‘‘Les Os noirs’’, son premier roman, Agnès Jésupret explore une mémoire où l’intime rejoint l’histoire coloniale, où les silences de famille s’entrelacent aux blessures d’un pays partagé entre colons français, migrants italiens et propriétaires dépossédés.
Djamal Guettala
À 95 ans, Clara Ignorante se souvient. Dans un fauteuil d’une maison de retraite, elle raconte à une narratrice venue l’écouter une histoire de terre, de transmission, de mort. Ses grands-parents siciliens avaient fui la misère pour s’installer en Tunisie. Son père, Pierre Ignorante, acquiert une belle villa à Grombalia, jadis construite par un homme malade et sa femme désespérée. L’achat est légal, mais brutal. L’ancienne propriétaire supplie, veut rendre l’argent. Il refuse. Elle finit par maudire l’acquéreur et chacun des membres de sa famille : «Je vous maudis».
La suite ressemble à une lente descente dans la malédiction : la chienne Lola meurt, puis les moutons, puis Pierrot, le petit frère. Enfin, le père est retrouvé empoisonné dans sa cellule. Aucun de ces morts, insiste Clara, n’est dû au hasard.
Une voix vieille d’un siècle
Mais ‘‘Les Os noirs’’ n’est pas un simple récit de superstition. Il interroge ce que signifie hériter d’une maison qu’on a prise à d’autres, sur une terre étrangère, dans un contexte colonial. Que reste-t-il de cette prospérité acquise sur le dos d’autrui? Que transmet-on à ses enfants, au-delà des murs?
La force du roman réside dans cette parole libérée, recueillie avec délicatesse. Jésupret, qui se définit comme «biographe anonyme pour des gens qui le sont tout autant», capte les frémissements d’une voix vieille d’un siècle. Une voix tremblante, marquée par le remords et la hantise, mais déterminée à transmettre, à comprendre, à nommer l’injustice.
Dans une langue précise, dépouillée de tout effet, l’autrice restitue l’épaisseur d’un passé encore vivant, qui continue de hanter les corps et les esprits.
‘‘Les Os noirs’’, roman d’Agnès Jésupret, éditions Liana Levi, Paris 22 août 2024.
Scène surréaliste, avant-hier soir, lundi 7 juillet 2025, à la Maison Blanche. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre à Gaza, a remis en grande pompe au président Donald Trump un document destiné au comité Nobel d’Oslo. Il y recommande le président américain pour le prix Nobel de la paix. Une paix hypothétique, un cessez-le-feu encore non signé, sur fond de guerre active, de bombardements quotidiens et de famine grandissante.
Khémaïs Gharbi *
Mais cette scène n’est pas simplement grotesque — elle est révélatrice. Elle illustre une forme nouvelle de diplomatie : le troc symbolique. Trump, à peine revenu sur le devant de la scène, a proposé il y a quelques jours aux Israéliens une idée «novatrice» : pourquoi ne pas abandonner les poursuites judiciaires contre Netanyahu devant les tribunaux israéliens, où il est accablé par trois ou quatre procès pour corruption ? En retour, voici qu’un début de récompense arrive : une nomination surprise au prix Nobel de la paix, comme un merci d’ami à ami.
En d’autres termes, pendant que des civils meurent par centaines, pendant qu’on compte plus de 150 000 morts et blessés palestiniens, pendant que les hôpitaux croulent, que l’eau manque, que les enfants pleurent sous les décombres — on s’échange des faveurs et des décorations.
Emballage diplomatique pour ambition personnelle
Tout y était : les sourires figés, le protocole réglé comme du papier à musique, les caméras triées sur le volet. Seule manquait la réalité. Le mot «paix», vidé de tout contenu, devient ici une formule creuse, un emballage diplomatique pour ambition personnelle. Ce n’est pas une récompense pour un résultat — c’est une stratégie de communication.
Offrir un Nobel en pleine guerre, sans traité, sans fin des combats, sans justice pour les victimes, revient à remettre la coupe du monde à une équipe qui n’a pas encore joué son quart de finale. Ou, plus absurde encore, à offrir la médaille d’un marathon à celui qui vient juste de nouer ses lacets — à condition qu’il fasse une photo avec le sponsor.
En vérité, ce que l’on cherche ici, ce n’est pas la paix. C’est l’absolution. Ce n’est pas un honneur mérité, c’est un vernis — un stratagème pour redorer des blasons ternis. Mais les faits sont là. Et l’histoire, elle, ne se laisse pas duper.
Le comité Nobel appréciera. Quant aux peuples, eux, retiendront peut-être cette image : celle de deux hommes s’auto-congratulant pendant que les décombres fument encore. Ce n’est pas de la paix qu’ils célèbrent. C’est le triomphe du simulacre.
Dans un contexte de canicule record touchant plusieurs régions du pays, l’Algérie a enregistré un nouveau record historique de consommation d’électricité atteignant 19 580 mégawatts le 8 juillet 2025 à 15h03, heure locale.
C’est ce qu’a annoncé Sonelgaz-Transmission ou Sonelgaz Transport et Opérateur Système (Stos), le gestionnaire du réseau électrique en Algérie, en ajoutant que le groupe a assuré la couverture complète des besoins nationaux et le maintien des exportations vers la Tunisie, qui dépassent actuellement 600 mégawatts par jour.
L’Algérie avait déjà enregistré un précédent record historique de consommation d’électricité à l’été 2024, avec 19 543 mégawatts. Le pays voisin dispose d’une capacité de production de plus de 28 000 mégawatts, principalement produite par des centrales au gaz naturel. D’ici la fin de l’année, le groupe Sonelgaz prévoit d’ajouter au réseau 3 200 mégawatts de capacité de production supplémentaire, provenant de nouvelles centrales solaires photovoltaïques actuellement en construction.
À Menzel Jemil, ville côtière située à environ 60 kilomètres au nord de Tunis, dans le gouvernorat de Bizerte, une statue réalisée par un artiste autodidacte et installée sur un rond-point par la municipalité, le 3 juillet 2025, suscite une vive polémique sur les réseaux sociaux et les médias pour son esthétique singulière et le choix du sujet.
Menzel Jemil est connue pour l’épave du cargo grec Tarpon Sentinel, échoué sur la plage de Rimel depuis 1983 et qui fait désormais partie intégrante du paysage et de l’attrait touristique de la région.
L’œuvre, créée par un artiste autodidacte local, a été inspirée par l’épave et les vagues qui l’entourent. Cependant, son style naïf et ses proportions «» ont suscité moqueries et critiques.
L’installation s’inscrit dans le cadre d’un programme municipal d’«embellissement des entrées de route et des ronds-points», lancé par la municipalité début juillet. En quelques heures, les images du monument ont inondé Facebook et Twitter, divisant les internautes entre ceux qui apprécient ses bonnes intentions et ceux qui le considèrent comme «une offense au bon goût» ou «une priorité malavisée» dans une localité où l’on se plaint du manque de services de base. Certains commentateurs réclament le retrait ou la rénovation de l’œuvre, tandis que d’autres défendent son cachet populaire, rappelant que la ville avait déjà obtenu des soutiens en 2017 avec une sculpture dédiée aux éboueurs.
Cette affaire s’inscrit dans une longue série de controverses similaires au Maghreb et dans le monde arabe – de l’œuvre controversée «L’Égypte se soulève» à la «Théière géante» d’Assouan – qui illustrent le décalage entre les initiatives artistiques locales et les attentes esthétiques de la citoyenneté numérique.
À Menzel Jemil, cependant, le débat sur l’art public a sa propre histoire : en 2017 déjà, la statue des balayeurs de rue était saluée comme un hommage à des groupes souvent invisibles, démontrant qu’un langage «pop» peut faire consensus si le message social est clair.
Concernant la statue de l’épave, le délégué local, interrogé par la presse, a assuré que l’administration «écouterait les commentaires des citoyens» et envisagerait d’éventuelles modifications sans sacrifier l’identité locale.
Ce litige, plus qu’un simple débat esthétique, relance le débat sur la relation entre art, mémoire collective et participation citoyenne en Tunisie, où l’imaginaire urbain demeure un point de discorde entre institutions, artistes et public.
L’Algérie a exclu toute possibilité de grâce présidentielle pour l’écrivain français d’origine algérienne Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour «atteinte à l’unité nationale», une affaire considérée par l’Algérie comme une «ligne rouge».
L’agence de presse officielle algérienne APS a rapporté cette information, précisant que «contrairement aux illusions alimentées par l’extrême droite française, le décret de grâce signé par le président Abdelmadjid Tebboune le 5 juillet ne concerne pas l’intéressé».
Pour l’Algérie, Sansal «n’est pas un otage, mais il est jugé pour une affaire intérieure qui touche à l’unité nationale, une ligne rouge pour tout État souverain», note l’agence de presse officielle algérienne. «Et où est la France dans tout cela? Absente, si ce n’est par une nouvelle posture arrogante et coloniale, adoptée par une partie de sa classe politique, perdue et en quête de prétextes pour justifier son ingérence», poursuit le long texte publié par l’APS.
«Les ordres de Paris n’y changeront rien»
«L’affaire Boualem Sansal est une affaire purement algérienne, et les ordres de Paris n’y changeront rien», souligne l’agence d’État, ajoutant que l’intéressé «est un citoyen algérien jugé sur le sol national et selon ses lois».
L’APS rappelle également que l’écrivain «est né en Algérie, a obtenu ses diplômes dans ses universités, a travaillé dans ses institutions et a terminé sa carrière comme haut fonctionnaire de l’État».
Les autorités algériennes ont critiqué ce qu’elles appellent la «nouvelle dérive colonialiste» de Paris et dénoncé le deux poids, deux mesures du gouvernement français qui, face à plus de 2 290 citoyens français détenus à l’étranger, «ne fait qu’élever la voix dans le cas algérien».