Les divisions européennes fragilisent la position de l’UE face à Trump
L’Union européenne (UE) tente de faire un front uni dans les négociations commerciales avec Washington. ET ce, afin d’éviter une nouvelle salve de tarifs douaniers imposés par Donald Trump. Mais en coulisses, des désaccords profonds entre les États membres menacent de fragiliser sa position, selon une enquête de Politico publiée jeudi 3 juillet.
« Personne en Europe ne souhaite une escalade. Personne ne souhaite un conflit », a affirmé le président du Conseil européen, Antonio Costa, en amont d’une rencontre cruciale prévue jeudi 3 juillet entre le commissaire européen au commerce, Maros Šefčovič, et le représentant américain Jamieson Greer. Cette réunion constitue la dernière chance de parvenir à un accord politique avant le 9 juillet, date limite imposée par Donald Trump, qui menace d’instaurer des tarifs « réciproques » de 50 % à l’UE, si aucun compromis n’est trouvé.
Mais l’unité de façade masque une fragmentation stratégique. Certains États membres, comme l’Allemagne et l’Italie, sont favorables à des concessions rapides. Tandis que d’autres, notamment la France et l’Espagne, appellent à la fermeté face à la pression américaine.
Le chancelier allemand Friedrich Merz et la Première ministre italienne Giorgia Meloni plaident pour un accord rapide, quitte à accepter un tarif unique de 10 %. M. Merz met en avant la vulnérabilité de secteurs clés tels que l’automobile, la chimie ou l’aluminium face aux droits de douane américains. Mme Meloni, alliée affichée de Trump, minimise l’impact de ces tarifs sur l’économie italienne.
De leur côté, Paris et Madrid redoutent un accord déséquilibré. Emmanuel Macron a d’abord rejeté toute concession précipitée avant d’ouvrir la porte à une réduction tarifaire conditionnelle. Pedro Sanchez, en désaccord avec Washington sur le financement de l’OTAN, a été directement menacé de nouvelles sanctions commerciales par Trump.
La Commission européenne, sous pression pour obtenir des résultats avant vendredi – date à laquelle elle doit rendre compte de l’avancée des discussions aux ambassadeurs de l’UE – tente de concilier ces lignes divergentes. Une solution envisagée consisterait à accepter un tarif de 10 %, en échange d’exemptions ciblées ou de compensations immédiates pour certains secteurs.
Mais cette approche soulève des inquiétudes. Pour David Kleiman, analyste au think tank ODI, « accepter un tel compromis affaiblirait les principes fondamentaux du commerce fondé sur des règles et compromettrait l’autonomie stratégique de l’Union ».
À l’arrière-plan, les pays plus petits, souvent peu exposés aux échanges déséquilibrés avec les États-Unis, refusent de payer le prix d’un excédent commercial largement concentré en Allemagne. Cette disparité interne ajoute à la complexité des négociations.
À mesure que l’échéance du 9 juillet approche, l’Europe semble plus divisée que jamais sur la manière d’aborder son partenaire américain. Et ce, dans un contexte où la moindre faille pourrait être exploitée par Washington.
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