La Chine construit un réseau maritime mondial comme outil de puissance géopolitique
« La Chine n’investit pas seulement dans le transport maritime et les ports. Elle a construit un réseau complet d’infrastructures commerciales et stratégiques qui lui permet d’influencer les chaînes d’approvisionnement et les échanges commerciaux essentiels à l’échelle mondiale ». C’est ce que souligne le professeur Isaac B. Kardon, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace. Et ce, dans une interview avec GeoTrends publiée ce lundi 1er septembre. « Pékin considère le transport maritime comme un levier essentiel pour la sécurité nationale, le développement technologique et l’influence internationale ».
Les données montrent que les entreprises publiques chinoises sont présentes dans 96 ports étrangers. Tandis que les entreprises chinoises dominent la production de grues et de conteneurs.
Les hubs stratégiques comme le port du Pirée sont des exemples de cette politique. Puisque COSCO a acquis des participations qui lui confèrent un contrôle substantiel, le transformant en un point de référence pour le transport de marchandises vers l’Europe.
Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de la politique de « double circulation » de la Chine, qui vise à réduire la dépendance aux marchés étrangers et à améliorer l’accès aux matières premières et à la technologie.
Selon M. Kardon, la Chine considère les ports non seulement comme des portes d’entrée commerciales, mais aussi comme des pôles d’information. Grâce aux télécommunications et aux infrastructures numériques associées à leur exploitation, elle garantit l’accès à des données critiques qui renforcent sa position géopolitique.
Parallèlement, les investissements chinois dans des ports situés hors de Chine offrent à la marine chinoise des opportunités de soutien et d’approvisionnement sans qu’il soit nécessaire de créer des bases militaires officielles. Ce qui provoquerait des réactions internationales. L’exemple de Djibouti, où coexistent infrastructures commerciales et militaires, illustre comment Pékin allie activité commerciale et puissance stratégique.
Cette évolution suscite des inquiétudes aux États-Unis et dans les pays européens, alors qu’une nouvelle réalité du commerce international se dessine. L’imposition éventuelle de restrictions ou de droits de douane sur les investissements chinois pourrait entraîner la séparation des réseaux maritimes mondiaux en deux blocs concurrents, avec de graves conséquences pour la mondialisation et la stabilité des chaînes d’approvisionnement.
La Chine utilise les ports et le transport maritime comme un outil de soft power et d’influence, en investissant dans des infrastructures qui offrent des avantages stratégiques à long terme.
Le modèle chinois ne repose pas sur une présence militaire manifeste, mais sur des investissements commerciaux, des systèmes technologiques et un accès aux données. Comme le souligne M. Kardon, « la Chine a réussi à créer un système unifiant ses politiques économiques et militaires grâce au transport maritime », transformant ainsi notre perception de la mer et du commerce mondial.
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