La Colombie sollicite des financements auprès des BRICS, défiant Washington
Le gouvernement colombien a demandé à rejoindre une banque de développement chinoise. Un autre signe de l’éloignement de l’Amérique latine des États-Unis. Alors que les réductions de l’aide étrangère, les barrières commerciales et la répression de l’immigration par l’administration Trump poussent de nombreux dirigeants de la région à rechercher des liens plus étroits avec le rival géopolitique de Washington, Pékin.
Dans ce cadre, le président colombien Gustavo Petro a dernièrement conclu sa visite en Chine par une escale à Shanghai. Il y a rencontré, samedi 17 mai, l’ancienne présidente brésilienne, Dilma Rousseff, directrice de la Nouvelle Banque de Développement (NBD).
Cette banque multilatérale a été créée il y a dix ans par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, les pays dits BRICS, de grands marchés émergents. Et ce pour faire contrepoids aux institutions dominées par les États-Unis comme la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement.
À ce jour, la Nouvelle Banque de Développement a approuvé des prêts pour 122 projets d’infrastructures. Lesquels totalisent plus de 40 milliards de dollars dans des secteurs tels que les transports, l’assainissement et l’énergie propre, selon Mme Rousseff.
M. Petro, s’adressant aux journalistes en Chine, a déclaré que la Colombie s’était engagée à acheter pour 512 millions de dollars d’actions de la banque. Il a exprimé un enthousiasme particulier pour la possibilité d’obtenir le soutien de la Nouvelle Banque de Développement pour un projet de 120 kilomètres, soit un canal, soit une ligne de chemin de fer, qui relierait les côtes atlantique et pacifique de la Colombie. Ce qui, a-t-il dit, placerait le pays au « cœur » des échanges commerciaux entre l’Amérique du Sud et l’Asie.
La Colombie est le deuxième pays d’Amérique latine à tenter d’adhérer à cette banque; après le petit Uruguay, qui a déposé sa demande d’adhésion en 2021.
Cependant, le rôle traditionnel de la Colombie en tant qu’allié loyal des États-Unis et gardien de la guerre contre la drogue devrait provoquer des réactions à Washington. Le département d’Etat américain a annoncé qu’il s’opposerait « fermement » au financement de projets liés à l’initiative chinoise « Une ceinture, une route » en Amérique latine. Après le soutien apporté à cette initiative par M. Petro lors d’une réunion avec d’autres dirigeants de gauche du Brésil et de Chine.
Gustavo Petro, un ancien guérillero de gauche, a déclaré qu’il ne se laisserait pas décourager par la pression américaine. De même qu’il a réitéré que la Colombie cherchait à rester neutre dans la nouvelle ère de concurrence géopolitique.
« Nous avons pris cette décision librement », a-t-il souligné aux journalistes depuis Shanghai. « Avec les États-Unis, nous pouvons parler face à face, tout comme avec la Chine », concluait-il.
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