« Hittiste » vous connaissez l’expression ? Eh bien cela désigne les personnes qui passent leur temps dos au mur à ne rien faire sauf attendre !!! C’est ce qui s’est passé lundi dernier à l’aéroport Tunis-Carthage, dans d’autres aéroports aussi depuis dimanche parce que deux avions, paraît-il, ont des problèmes techniques !
Autant de vols retardés ou carrément annulés est inadmissible et ce quelque soient les raisons. S’agissant de ce qui s’est passé les dimanche et lundi 3 et 4 novembre, des bruits persistants disent que ce sont des camions de catering qui auraient heurté les portières de deux avions. Toujours selon ces rumeurs, l’un des chauffeurs des camions était soul !
La totale !
Qui doit assumer la responsabilité de pareilles négligences ? Il faudrait peut-être que nous commencions à sévir contre les responsables qui nomment les incompétents ou qui montrent un laxisme révoltant s’agissant des hauts intérêts de l’État !
Dans le cas présent, nous ne pouvons comprendre l’absence des réflexes de communication rapide. Il fallait anticiper les réactions des clients, expliquer et argumenter car lorsqu’une crise éclate dans un secteur où, la fiabilité et la transparence sont primordiales, c’est la perception qui compte ! Lorsqu’on vit à l’ère du numérique, la première réaction aurait dû être d’envoyer des mails ou des messages aux clients de Tunisair pour les prévenir, ils auraient piqué leur colère chez eux et auraient, en désespoir de cause, changé de programme.
Nous ne parlons pas bien sûr de ceux qui, espérant rentrer en Tunisie, se sont retrouvés bloqués dans des aéroports internationaux et qui doivent bénéficier d’attentions particulières.
Tunisair est une compagnie en souffrance, cela fait très mal de le dire car il fût un temps où nous autres Tunisiens étions très fiers de notre gazelle parce que performante, ponctuelle et dotée de grandes compétences. Il fût un temps où le slogan Tunisair était : Nous avons les meilleurs pilotes au monde”. Fort heureusement, Tunisair a gardé un personnel navigant technique de haute qualité mais ses performances ne sont plus les mêmes parce que sa flotte est de plus en plus vétuste malgré de récentes acquisitions.
Tunisair n’est plus compétitive parce que pour l’être aujourd’hui, il faut posséder une flotte d’au moins 30 à 40 avions et pouvoir concurrencer des méga compagnies disposant de grands moyens tels Emirates, Turkish Airlines, ou Qatar Airlines ! Déjà que les compagnies aériennes françaises de loin plus importantes que Tunisair ne sont plus compétitives ! Ne parlons pas de la Lufthansa qui pour tenir la concurrence est partenaire de près de 40 compagnies aériennes partenaires, dont les 26 membres de Star Alliance comme United, ANA, Turkish Airlines, Air Canada, Singapore Airlines, Brussels Airlines et Egyptair !
Ceux qui tout le temps conseillent l’omerta pour préserver l’image de Tunisair, devraient savoir que de notre temps, avec des réseaux sociaux où tout est dit, on peut expliquer, on peut embellir mais pas dissimuler ! Qu’ils s’amusent donc à taper recherche google “perturbations Tunisair dimanche 3 novembre”, ils verront se dérouler devant leurs yeux une série d’articles publiés par les médias français, qui ne nous portent pas spécialement dans leurs cœurs, les médias algériens et même les médias italiens ! Tous sans faute parlent de pannes soudaines, de vacances qui finissent mal, de blocage et de désagréments.
On ne défends pas une image par les paroles, on la défends par les actes, par les performances et par la qualité des prestations et nous ne pouvons pas dire aujourd’hui que Tunisair jouie de la meilleure des images.
Si nous partons du principe que Tunisair est un symbole de souveraineté, il va falloir arrêter d’agir la concernant avec un amateurisme révoltant. Il faut une stratégie, un plan de redressement réaliste et beaucoup, énormément de moyens financiers.
La compagnie qui a souffert dans les années 2000 de la main mise du clan Ben Ali sur ses moyens et son patrimoine a été laissée en friche depuis 2011 par le mouvement islamiste Nahdha qui s’en est emparé comme d’un butin de guerre et qui a joué un rôle certain dans sa déliquescence. Les syndicats n’ont pas été du reste et l’arrestation de certains de leurs représentants en est la preuve !
Maintenant, pour que Tunisair ne devienne pas la compagnie qui fait de nous, pauvres Tunisiens, les hittistes de l’aéroport Tunis Carthage ou d’autres aéroports ailleurs, il faut oser une restructuration courageuse, la recapitaliser, lui donner les moyens de se reconstruire et lui permettre d’être plus compétitive.
Sans cela, il faut peut-être accepter l’idée de la voir un jour sortir de la carte du transport aérien.
Amel Belhadj Ali