“Corruption et sport, comprendre le lien pour promouvoir l’intégrité”, est le thème d’un séminaire international organisé, mardi, à Tunis, conjointement par la Direction générale de la gouvernance et de prévention de la corruption et le Conseil de l’Europe, sous l’égide du ministère de la jeunesse et des sports. L’Objectif étant de mieux comprendre le défi que représente la lutte contre la corruption dans le sport et les moyens disponibles pour y parvenir par la prévention, la promotion de l’intégrité et la coopération.
Intervenant à l’ouverture des travaux du séminaire, le ministre de la jeunesse et des sports, Sadok Mourali, a réaffirmé l’engagement total de la Tunisie dans les orientations internationales pour combattre la corruption, tout en reconnaissant que sa prévention constitue un facteur essentiel dans le renforcement du système économique et social, ainsi qu’un pilier fondamental pour le développement et la construction de la démocratie.
Cette initiative, explique-t-il, s’organise dans des circonstances particulières marquées par le dynamisme du sport, qui a enregistré des succès dans plusieurs disciplines, mais a également connu des difficultés et des échecs. C’est une période propice à l’établissement de nombreuses réformes qui toucheront l’ensemble du système sportif.
“Nous avons entrepris de l’évaluer sur des bases objectives, fondées sur l’instauration des principes de transparence, de bonne gouvernance, et sur la lutte contre toutes les formes de corruption dans le secteur sportif dans son intégralité”, a fait savoir Mourali.
Pour le ministre, avec les fonds (600,5 millions de dinars) alloués aux associations sportives (50), les subventions publiques et autres contributions financières qui leur sont destinées, l’évolution des montants de soutien public a révélé des indicateurs de corruption dans le domaine sportif.
“Aujourd’hui, le sport est devenu un levier de développement économique capable de générer des profits considérables. Avec la croissance de ces transactions financières et commerciales, des signes d’un système sportif mondial rongé par la corruption ont émergé, un phénomène dont la Tunisie n’a pas été épargnée”, a-t-il encore souligné.
De son côté, le chargé de la cellule de la gouvernance au sein du MJS, Chokri Hamda, a expliqué que cette démarche s’inscrit dans le cadre du programme gouvernemental, à deux ans de la fin de la première phase de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption. Elle coïncide avec les préparatifs de la nouvelle saison sportive, la mise en place de la loi sur les paris sportifs, et la finalisation d’une plateforme interactive entre le Ministère et les instances sportives.
Selon lui, la Tunisie a progressé dans la lutte contre la corruption, avec plusieurs affaires portées devant la justice. L’objectif n’est pas seulement la répression, mais aussi la prévention, via un pacte d’engagement entre le Ministère, les institutions sous sa tutelle, et le mouvement sportif.
Et le responsable d’ajouter: “La Tunisie est désormais membre de la Convention de Macolin (unique instrument juridique international contre la manipulation des résultats sportifs), renforçant sa collaboration avec Interpol, le Conseil de l’Europe, et d’autres acteurs clés”.
Toutefois, poursuit-il, bien que des outils juridiques existent, la nature transnationale de ces crimes exige une coopération internationale accrue pour prévenir et combattre efficacement ce fléau.
Ses propos ont été corroborés par l’expert international au sein du Conseil de l’Europe, Paolo Bertaccini, qui a fait savoir que la mise en place de mécanismes de signalement par toutes les organisations sportives est une disposition fondamentale du Code du mouvement olympique sur la prévention de la manipulation des compétitions (Macoulin), de la convention du Conseil de l’Europe sur la manipulation des compétitions sportives et du Code mondial antidopage.
Pour sa part, le responsable du projet “AGELA” (Amélioration de la Gouvernance Economique par la Lutte anti-corruption en Tunisie), Ignacio Espinoza, a indiqué qu’AGELA part du principe que la corruption est toujours un obstacle au développement: “Là où il y a de la corruption, il n’y a pas de développement, ni durable, ni équitable.
Cela vaut également pour le sport, car le sport est souvent aussi une activité économique. Mais dans les cas de sport, la corruption est encore plus grave. La corruption est toujours une réaction de bien commun”.
“S’il y a de la corruption dans les sports, il n’y a pas d’équité, pas de fair play, pas de justice, pas de règles. Les sports peuvent aussi être détournés et utilisés pour le lâchement d’argent qui permet aux corrompus de jouir d’une manière apparemment légitime des fonds obtenus grâce à leurs activités illégales”.
Et face à ces défis, énormes et internationaux, l’approche du Conseil de l’Europe est toujours celle de l’accord et de la coopération, a-t-il affirmé, faisant remarquer que la Tunisie fait déjà partie de plusieurs conventions du Conseil de l’Europe dans quelques domaines, tels que la cybercriminalité et la protection des enfants, avant d’être invitée en 2014 à adhérer à la Convention sur la manipulation des compétitions sportives, la Convention Macoulin.
La Convention Macoulin, entrée en vigueur en 2019, est un instrument juridique et la seule règle de droit international sur la manipulation des compétitions sportives. Elle demande aux autorités publiques de coopérer avec les organisations sportives, les opérateurs de paris et les organisateurs de compétitions pour prévenir, détecter et sanctionner la manipulation des compétitions sportives.
L’article Corruption dans le sport : la Tunisie renforce son engagement avec le soutien du Conseil de l’Europe est apparu en premier sur WMC.