Le groupe français Sogeclair, spécialisé dans l’ingénierie et fabrication de haute qualité aux secteurs de pointe (aéronautique, aérospatial, automobile, ferroviaire et défense), annonce dans un communiqué publié mardi 22 avril 2025, la nomination de Khaled Ezzahi au poste d’office manager de sa filiale en Tunisie.
Fort de plus de 16 ans d’expérience au sein de Sogeclair en Tunisie, Khaled Ezzahi a su démontrer un engagement constant et une expertise solide, notamment dans ses précédentes fonctions de chef de projets. Son profil, alliant compétences commerciales et capacité à fédérer les équipes et à structurer les opérations, en font un acteur clé pour accompagner le développement de la société, indique le communiqué.
Titulaire d’un baccalauréat en mathématiques, ainsi que d’un diplôme de l’École nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit), Khaled Ezzahi a rejoint Sogeclair en France, dans le cadre de son projet de fin d’études, une expérience qui a conduit à son recrutement au sein de la filiale tunisienne de l’entreprise.
«Khaled Ezzahi incarne pleinement les valeurs familiales et collaboratives du groupe. Je suis convaincue qu’il saura poursuivre et renforcer les synergies avec l’ensemble des entités de Sogeclair», a souligné Stéphanie Martel, directrice des ressources humaines au sein du groupe.
Dans ses nouvelles fonctions, Khaled Ezzahi sera en charge de la gestion quotidienne des opérations de la société en Tunisie. Il assurera la coordination des activités administratives et des ressources humaines, tout en veillant à l’optimisation continue des processus internes afin de soutenir la performance du site. Il jouera également un rôle clé dans la représentation de Sogeclair sur le territoire, en accompagnant les projets et en contribuant activement à renforcer la visibilité et l’attractivité de la société en Tunisie, en étroite collaboration avec ses directions.
«Je suis honoré par cette nomination et enthousiaste à l’idée de contribuer aux côtés des équipes, à l’amélioration continue de nos opérations. Ensemble, nous relèverons les défis à venir et poursuivrons le développement de Sogeclair en Tunisie», a déclare le nouveau promu.
Cette nomination s’inscrit dans la volonté de la société française de renforcer son ancrage local tout en valorisant les talents internes, dans une dynamique de croissance responsable et durable.
L’Égypte s’efforce d’accroître ses échanges commerciaux avec la Tunisie de 15% d’ici la fin de 2025, avec pour objectif d’atteindre 485 millions de dollars, contre 421 millions en 2023.
Cet objectif a été mis en avant lors de la visite du ministre égyptien de l’Investissement et du Commerce extérieur, Hassan El-Khatib, en Tunisie, où il s’est entretenu, le 1er avril 2025, avec son homologue tunisien, Samir Abid, à l’occasion de la tenue, à Tunis, de la 6e session de la commission mixte tuniso-égyptienne de commerce et d’industrie.
Les deux ministres ont exploré les possibilités d’approfondir la coopération dans des secteurs clés, notamment l’agriculture, la sécurité alimentaire, le tourisme, l’industrie manufacturière et les TIC, des domaines considérés comme stratégiques pour les deux pays, qui ont souligné leur engagement commun à créer un environnement d’investissement solide et à développer des partenariats économiques bénéfiques pour les deux pays.
Selon l’Organisation générale égyptienne de contrôle des exportations et des importations, les exportations égyptiennes vers la Tunisie ont bondi de 30% en 2024, atteignant 371 millions de dollars, tandis que les importations en provenance de Tunisie ont progressé de 47% pour atteindre 50 millions de dollars.
Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large de l’Égypte visant à renforcer les liens économiques régionaux et à attirer les investissements étrangers. Des efforts diplomatiques parallèles ont permis au président Abdelfattah Sissi d’obtenir 7,5 milliards de dollars d’investissements qataris directs lors de récentes visites au Koweït et au Qatar.
Sept militant.e.s écologistes du monde entier ont reçu, hier, lundi 21 avril 2025, le prix Goldman pour l’environnement, dont la Tunisienne Semia Gharbi, 57 ans, scientifique et enseignante, qui a cofondé le Réseau Tunisie Verte (RTV).
La Tunisie peine à faire respecter la réglementation sur l’importation de déchets en provenance d’autres pays, ce qui entraîne le débordement des décharges et menace la santé des populations riveraines.
En 2019, une entreprise tunisienne a accepté de réceptionner 7 900 tonnes de matières recyclables italiennes pour tri et recyclage. Or, les 282 conteneurs envoyés se sont avérés être remplis d’ordures ménagères.
Semia Gharbi et RTV ont mené une campagne exhortant la Tunisie à restituer les déchets à l’Italie et à enquêter sur cette affaire. Leur campagne a conduit au retour de 6 000 tonnes de déchets exportés illégalement en Italie (le reste avait brûlé lors de son stockage en Tunisie) et à l’arrestation de plus de 40 fonctionnaires corrompus et autres personnes impliquées dans le trafic de déchets dans les deux pays.
Semia Gharbi en campagne en Tunisie. Photographie : Prix Goldman pour l’environnement
Les efforts de Gharbi ont finalement incité l’Union européenne à renforcer ses règles et réglementations concernant les transferts de déchets à l’étranger, afin de mieux protéger la santé humaine et l’environnement.
Connu sous le nom de «prix Nobel vert», le prix Goldman récompense les militants des six régions continentales habitées. Les 6 autres lauréats sont Batmunkh Luvsandash (Mongolie), Besjana Guri et Olsi Nika (Albanie), Carlos Mallo Molina (Îles Canaries), Laurene Allen (Etats-Unis) et Mari Luz Canaquiri Murayari (Pérou).
Les avocats et proches des victimes ont dénoncé, lundi 21 avril 2025, les lourdes peines prononcées contre des figures de l’opposition tunisienne lors du procès collectif de la semaine dernière, les qualifiant de «fabriquées de toutes pièces» et «infondées», et ont annoncé leur intention de faire appel.
Les peines de prison prononcées un tribunal de Tunis, samedi dernier, contre une quarantaine d’accusés, dont de virulents détracteurs du président Kaïs Saïed, accusés de «complot contre la sûreté de l’État» et d’«appartenance à un groupe terroriste», entre autres chefs d’accusation, vont de 4 à 66 ans de prison ferme.
L’avocat de la défense, Samir Dilou, a déclaré lors d’une conférence de presse, lundi, que ce procès était «sans précédent en Tunisie», car «les accusés ont été condamnés à un total de 892 ans de prison», ajoutant que des preuves essentielles manquaient toujours, les avocats s’étant plaints de ne pas avoir eu pleinement accès au dossier.
«Ils ne nous ont toujours pas expliqué comment les accusés ont comploté contre l’État», a déclaré Me Dilou aux journalistes, ajoutant qu’un appel pourrait être interjeté dès mardi.
Parmi les personnes condamnées figuraient des figures de l’opposition connues, des avocats et des hommes d’affaires. Certains sont déjà en prison depuis deux ans, tandis que d’autres sont en exil ou encore en liberté.
Les hommes politiques Issam Chebbi, Néjib Chebbi et Jawhar Ben Mbarek, membres de la coalition d’opposition du Front du salut national, ainsi que l’ancien ministre Ghazi Chaouachi, l’avocat Ridha Belhadj et la militante Chaima Issa, ont été condamnés à 18 ans de prison.
L’activiste Khayam Turki a été condamné à 48 ans de prison et l’homme d’affaires Kamel Eltaief a écopé de la peine la plus lourde : 66 ans de prison.
Certains accusés se trouvent à l’étranger et ont été jugés par contumace, comme le philosophe français Bernard Henri-Lévy, condamné à 33 ans de prison.
Abdennasser Mehri, un autre avocat de la défense, a qualifié le procès de «violation flagrante de la loi». «C’est une affaire montée de toutes pièces, sans fondement, avec un plan préétabli», a-t-il déclaré, ajoutant que «la balance de la justice s’est brisée.»
L’avocate de la défense, Dalila Msaddek, a déclaré que le procès avait été utilisé «pour mettre dans le même panier tous ceux dont on voulait se débarrasser».
Human Rights Watch a déclaré samedi que le tribunal «n’avait même pas accordé un semblant de procès équitable» aux accusés.
Le président Kaïs Saïed s’est félicité de l’efficacité des choix nationaux de la Tunisie, notamment en matière de maîtrise de l’inflation et de respect de ses engagements financiers, par allusion au paiement de ses dettes dans les délais requis.
Lors d’une rencontre, lundi 21 avril 2025, avec la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Fethi Zouhair Nouri, au palais de Carthage, le chef de l’Etat a mis l’accent sur la nécessité pour toutes les institutions publiques de collaborer pour relever les défis financiers. Il a aussi insisté, une nouvelle fois, sur l’impératif pour tous les établissements bancaires, publiques ou privées, de se conformer strictement aux lois tunisiennes.
Kaïs Saïed a passé en revue, lundi 21 avril 2025, avec les hauts responsables de la sécurité intérieure, les opérations sans précédent qui ont permis de démanteler l’un des plus importants réseaux de trafic de drogue en Tunisie.
Lors de rencontre hier au palais de Carthage le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur chargé de la Sûreté nationale, Sofiène Ben Sadok, et le directeur général de la Sûreté nationale, Mourad Saidane, et le commandant de la Garde nationale, Hassine Gharbi, le président de la république a souligné que ces réseaux criminels ne se livrent pas uniquement au trafic de drogue, mais qu’ils cherchent activement à déstabiliser la société.
«De même que certains cherchent à porter atteinte aux institutions de l’État, ces criminels visent à perturber la sécurité publique», a-t-il déclaré, selon un communiqué de la présidence.
Le chef de l’État a également insisté sur la nécessité pour les forces de sécurité de soutenir les équipes de contrôle économique dans le démantèlement des réseaux monopolistiques et de spéculation qui, selon lui, sont à l’origine de la hausse des prix des produits de première nécessité.
Saïed a passé en revue, le même jour, avec le ministre de la Défense, Khaled Shili, les résultats de la visite que ce dernier a effectuée à Rome dans le cadre de la Commission militaire mixte tuniso-italienne.
Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat a souligné l’importance de renforcer davantage la coopération entre les deux pays, notamment dans la lutte contre la migration clandestine, réitérant le ferme refus de la Tunisie de servir de point de transit ou d’accueil à de telles activités et insistant sur la nécessité de démanteler les réseaux criminels impliqués dans le trafic d’êtres humains et d’organes.
Saïed a également appelé les pays méditerranéens à fournir les financements nécessaires pour assurer le retour en toute sécurité des victimes de cette traite dans leurs pays d’origine et leur garantir des conditions de vie dignes.
Sur un autre plan, le chef de l’État a mis en avant les projets achevés ou en voie d’achèvement sous la supervision de la direction du génie militaire, tous réalisés en un temps record, selon ses termes.
Il a également salué le rôle des forces armées dans la défense de la nation et le soutien aux autorités civiles, notant que partout où elles sont déployées, elles apportent du réconfort et insufflent un profond sentiment de fierté et d’honneur aux citoyens.
Le président Kaïs Saïed a souligné que la révolution législative qu’il appelle de ses vœux doit s’accompagner d’une révolution administrative, ajoutant qu’il ne fallait pas hésiter à révoquer tout responsable qui, même un jour après sa nomination, se révèle indigne de la confiance placée en lui.
Lors d’une rencontre avec la Première ministre Sara Zaafrani Zenzeri, lundi 21 avril 2024, au palais de Carthage, le chef de l’Etat a également porté son attention sur l’état d’avancement des travaux du gouvernement, indique un communiqué de la présidence.
Saïed a une nouvelle fois exprimé sa fierté de la conscience du peuple tunisien, le qualifiant de mur inébranlable qui ne tombera jamais.
Toutes les tentatives visant à affaiblir la nation, qu’il s’agisse de stratagèmes destructeurs ou d’efforts désespérés de ceux qui aspirent à un retour en arrière, seront anéanties par cette détermination inébranlable, a-t-il souligné, sans nommer les parties ainsi désignées, mais on peut aisément déduire qu’il parle des opposants à son régime qui critiquent ce qu’ils appellent sa «dérive autoritaire» ou son «pouvoir personnel» et dont une quarantaine ont été condamnés la semaine dernière à de lourdes peines allant jusqu’à 66 ans de prison pour «complot contre la sûreté intérieure et extérieure» de l’Etat et autres accusations du même acabit.
L’ouragan Trump frappe le Harry Truman Building, siège du Département d’État (ministère américain des Affaires étrangères). Après l’USAID, la CIA et les médias internationaux, c’est le cœur de la diplomatie américaine qui va subir à son tour le grand chambardement. Un décret exécutif de 16 pages va sceller l’avenir de l’institution et aura un impact considérable sur la relation des États-Unis avec le reste du monde. En voulant affaiblir les institutions, Trump se venge de ce que ses partisans qualifient d’«État profond» mais in fine, c’est le poids de l’Amérique sur la scène internationale qui sera affecté.
Imed Bahri
Selon une enquête d’Edward Wong, correspondant diplomatique du New York Times, l’administration Trump a préparé un plan global pour restructurer le ministère des Affaires étrangères qui comprend notamment un désengagement de l’Afrique et la fermeture des départements qui travaillent sur les questions relatives à la démocratie, aux droits humains et aux réfugiés.
L’auteur a lu le projet de décret exécutif proposant une restructuration radicale du Département d’État y compris la fermeture d’ambassades et de consulats à travers l’Afrique. Il comprend aussi la fermeture des principaux bureaux du ministère chargés du changement climatique.
Pour l’administration Trump, l’objectif du décret que le président pourrait signer cette semaine est d’imposer une réorganisation visant à simplifier l’exécution des tâches tout en réduisant le gaspillage, la fraude et les abus. Le projet de décret contient 16 pages et stipule que le ministère doit mettre en œuvre ces changements d’ici le 1er octobre.
Des responsables américains actuels et anciens, au courant des projets, ont déclaré que la signature du décret exécutif s’accompagnerait d’efforts pour licencier à la fois des diplomates de carrière, connus sous le nom d’agents du service extérieur, et des fonctionnaires qui travaillent généralement au siège du département à Washington. Ils ont ajouté que le ministère commencera à placer un grand nombre d’employés en congé payé et à émettre des avis de licenciement.
Le projet de décret prévoit la fin des examens du service extérieur pour ceux qui aspirent à intégrer le corps diplomatique tout en mettant l’accent sur de nouveaux critères d’embauche, notamment la cohérence avec la vision de la politique étrangère du président.
Le projet stipule que le ministère devrait étendre considérablement son utilisation de l’intelligence artificielle pour l’aider à rédiger des documents, à entreprendre l’élaboration et la révision des politiques et la planification opérationnelle.
Marginalisation programmée de l’Afrique
Le journal note que certaines dispositions du décret exécutif sont encore en cours d’examen et susceptibles d’être modifiées avant que Trump ne le signe.
Le Département d’État et le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche n’ont pas encore fait de commentaire immédiat sur cette affaire.
Le journal note aussi que la restructuration proposée du Département d’État pourrait entraîner la fermeture de bureaux régionaux qui aident à formuler et à mettre en œuvre des politiques dans certaines parties du monde. Le travail de ces bureaux sera transformé en quatre groupes: le groupe Eurasie composé de l’Europe, de la Russie et de l’Asie centrale; le groupe du Moyen-Orient composé du monde arabe, de l’Iran, du Pakistan et de l’Afghanistan; le groupe latino-américain composé des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud et des Caraïbes, et le groupe indo-pacifique composé de l’Asie de l’Est, de l’Asie du Sud, de l’Inde, du Bangladesh, du Sri Lanka, du Népal, du Bhoutan et des Maldives.
Le bureau Afrique qui supervise les politiques pour les pays du Sahel et du Sahara est absent de la restructuration et ne sera pas transformé en groupe comme pour les autres régions du monde. Il sera remplacé par un envoyé spécial junior, placé sous la responsabilité de la Maison Blanche et du Conseil de sécurité nationale. Il se concentrera sur une série de questions telles que la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme. Les ambassades non essentielles en Afrique subsaharienne seront fermées d’ici le 1er octobre. Au lieu de cela, les diplomates seront envoyés sur des missions spécifiques axées sur le développement.
Quant aux opérations canadiennes, elles seront transférées vers un nouveau bureau nord-américain sous la direction du secrétaire d’État Marco Rubio et seront gérées par une équipe considérablement réduite selon le projet. Cela comprend également la réduction de la taille de l’ambassade américaine à Ottawa.
Impasse sur les droits de l’homme, les réfugiés et les migrations
Le bureau chargé des questions de démocratie et de droits de l’homme, le bureau chargé des réfugiés et des migrations ainsi qu’un autre bureau chargé des organisations internationales seront tout simplement supprimés. Le poste de sous-secrétaire d’État supervisant les deux premiers bureaux sera également supprimé ainsi que le Bureau du Sous-secrétaire à la diplomatie publique et aux affaires publiques. Les changements comprendront également la suppression du Bureau de l’Envoyé spécial pour l’action climatique.
Le projet stipule que le Département d’État créera un nouveau poste important, à savoir le poste de sous-secrétaire chargé de la lutte contre les menaces transnationales, de la politique de lutte contre les stupéfiants et d’autres questions.
Quant à l’aide étrangère drastiquement réduite et jadis supervisée par l’Agence américaine pour le développement international (USAID), aujourd’hui démantelée, elle sera absorbée par un bureau d’aide humanitaire.
Le projet stipule qu’en ce qui concerne le personnel, il y aura une transition du modèle actuel de rotation mondiale, non structuré et obsolète, vers un cadre professionnel plus intelligent, plus stratégique et plus spécifique à la région pour améliorer l’expertise. Cela signifie que les personnes souhaitant rejoindre le service extérieur choisiront, lors du processus de candidature, dans quelles agences régionales elles souhaitent servir.
Le projet indique que le ministère proposera des offres de licenciement aux employés du service extérieur et de la fonction publique jusqu’au 30 septembre. Le projet de décret prévoit de restreindre la portée des bourses Fulbright en les attribuant uniquement aux étudiants poursuivant des études de niveau master en matière de sécurité nationale.
Également, le département d’État va mettre fin à son contrat avec l’Université Howard, une institution universitaire réservée aux noires Américains, visant recruter des candidats pour les bourses Rangel et Pickering qui seront résiliées. L’objectif de ces deux bourses était d’aider les étudiants issus de groupes sous-représentés à avoir la possibilité de rejoindre le corps diplomatique peu de temps après l’obtention de leur diplôme.
Le projet de décret exécutif est l’un des nombreux documents internes circulant au sein de l’administration ces derniers jours décrivant les changements proposés au Département d’État. Une autre note présente une proposition visant à réduire le budget du ministère de près de 50% au cours du prochain exercice financier. Une autre note interne propose la fermeture de 10 ambassades et 17 consulats.
Dans un article publié par le magazine Politico, il est indiqué que l’approche de Trump est évidente à travers le démantèlement de l’USAID et l’imposition de tarifs douaniers. Il a souligné que la nouvelle approche sera basée sur davantage de commerce et moins d’aide. Trump souhaite également que les pays africains ouvrent leurs ressources minières aux investissements américains.
Les pays africains riches en ressources qui ont répondu favorablement à la requête de Trump comme le Congo et le Nigeria, pourraient tirer leur épingle du jeu. Cependant l’Afrique du Sud restera isolée en raison de sa position ferme contre Israël concernant le génocide à Gaza.
Autre élément important qui marque l’affaiblissement du Département d’État sous l’ère Trump et qui n’a pas échappé aux observateurs est le rôle central pris par Steve Witkoff, partenaire de golf de longue date de Trump aujourd’hui son envoyé spécial pour le Moyen-Orient et l’Ukraine. Il a en main les principaux dossiers de politique étrangère à savoir Gaza, les négociations avec l’Iran ainsi que les négociations pour la fin de la guerre réussi-ukrainienne. Le secrétaire d’État Marco Rubio est relégué au second rang.
En substituant les institutions de l’État par des personnes qu’il dote de grands pouvoirs, Donald Trump se venge du deep state (État profond) qu’il exècre mais in fine, ce sont les États-Unis qui en sortiront affaiblis et leur poids dans le monde affecté.
La Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Cesao ou Escwa en anglais), avertit que les nouveaux tarifs douaniers américains menacent 22 milliards de dollars d’exportations arabes hors pétrole. Le Maroc, l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie en seront particulièrement affectés avec le paiement d’intérêts souverains supplémentaires en 2025.
Habib Glenza
Dans une note d’orientation publiée samedi 19 avril 2025, la Cesao, qui regroupe 21 États membres d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, a mis en garde contre les effets du «protectionnisme commercial» des États-Unis. En référence aux tarifs imposés par le président Donald Trump, l’organisation souligne que ces mesures pourraient sérieusement affecter les économies arabes.
Pour le Maroc, ainsi que pour l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie, la Cesao prévoit une augmentation de 114 millions de dollars des paiements d’intérêts souverains d’ici la fin de 2025 en raison de ces nouveaux tarifs. Cette hausse est due à l’augmentation des rendements obligataires mondiaux et à une incertitude accrue chez les investisseurs, ce qui pourrait exercer une pression sur les finances publiques et retarder les investissements en développement.
Le Maroc et la Tunisie pourraient également ressentir les effets d’une demande réduite de la part de partenaires clés, notamment l’Union européenne, qui absorbe 72% des exportations de la Tunisie, 68% de celles du Maroc, et 17 % du total des exportations arabes.
La Cesao note cependant que les changements dans les dynamiques commerciales américaines pourraient ouvrir des possibilités de réorientation en faveur des pays du Maghreb. En effet, avec l’augmentation des tarifs américains sur les produits chinois et indiens, les exportations des pays maghrébins pourraient devenir plus compétitives sur le marché américain.
Cependant, la Commission avertit que la récente pause tarifaire de 90 jours — qui exclut la Chine — pourrait limiter cet avantage.
Globalement, les exportations totales des pays arabes vers les États-Unis ont chuté, passant de 91 milliards de dollars en 2013 à 48 milliards en 2024, principalement à cause de la baisse des importations américaines de pétrole brut.
En revanche, les exportations non pétrolières ont presque doublé durant la même période, passant de 14 milliards à 22 milliards de dollars, grâce à la croissance dans les secteurs du textile, des produits chimiques, de l’aluminium, des engrais et de l’électronique. Ces progrès sont désormais menacés!
Extraits du rapport
Les exportations de six pays arabes – Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie – devraient être fortement affectées par les nouvelles hausses tarifaires, ce qui implique qu’une part de 5% ou plus de leurs exportations totales sera directement affectée. La Jordanie est le pays le plus directement touché, avec près de 25% de ses exportations vers les États-Unis.
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L’impact net de l’ augmentation des droits de douane sur les exportations arabes vers le reste du monde est limité. Cependant, les impacts varient selon les groupes de pays arabes. Les pays signataires de l’Accord d’Agadir (Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) subiraient un impact net modéré en 2025, principalement en raison des effets de détournement des échanges, réduisant ainsi l’effet négatif direct sur leurs exportations initiales vers le marché américain. Par exemple, l’Égypte et le Maroc devraient tous deux renforcer leur compétitivité-prix et tirer profit des effets de détournement des échanges sur le marché américain.
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Avec la hausse des rendements, les pays arabes à revenu intermédiaire (PRI), dont beaucoup subissent déjà des pressions en matière de refinancement de leur dette, sont confrontés à des coûts d’emprunt plus élevés, ce qui alourdit encore le fardeau de leurs paiements d’intérêts.
En supposant une hausse permanente de 36 points de base des coûts d’emprunt et une structure inchangée des nouvelles émissions de dette à partir de 2024, les PRI arabes seraient confrontés à des augmentations notables des paiements d’intérêts sur la dette de marché en 2025 : Égypte : +56 millions de dollars; Maroc : +39 millions de dollars; Jordanie : +14 millions de dollars ; Tunisie : +5 millions de dollars.
Ces coûts supplémentaires, bien que modestes en termes absolus, se traduisent par des implications budgétaires significatives, équivalentes à une augmentation des paiements d’intérêts de 0,3% en Égypte et de 1,3% au Maroc.
L’auteur réagit ici au communiqué publié par le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) le 21 avril 2025, dans lequel il dénonce l’arrestation, le même jour, de l’ancien magistrat Ahmed Souab, en la qualifiant d’«arbitraire» et de «nouvelle atteinte à la liberté d’expression».
Leith Lakhoua *
Il est regrettable de constater, une fois de plus, que votre organisation prend position de manière partiale et irresponsable, en défendant des comportements qui relèvent non pas de la critique constructive, mais d’une incitation manifeste au non-professionnalisme, à l’anarchie, et à la mise en péril de l’autorité judiciaire.
M. Ahmed Souab, en tant qu’ancien magistrat, n’ignore certainement pas le poids et les conséquences de ses propos, ni la portée symbolique et psychologique d’un geste explicite assimilant un juge à une cible. Déclarer publiquement que «le couteau est sous la gorge» du magistrat en charge d’une affaire aussi sensible que celle des comploteurs contre la sûreté de l’État – tout en mimant l’acte devant les caméras – relève d’une posture de menace à peine voilée. Cela ne s’appelle pas «liberté d’expression», mais tentative d’intimidation. De la part d’un homme de loi, cela frôle la complicité morale avec les ennemis de l’État.
En vous érigeant en défenseurs inconditionnels de propos aussi graves, vous contribuez à décrédibiliser l’institution judiciaire, à encourager l’impunité verbale, et à brouiller les frontières entre droit à la critique et encouragement à l’insubordination.
La justice ne peut pas être prise en otage par des individus qui, sous couvert d’opinion, s’autorisent à instiller la peur, à délégitimer les institutions républicaines, et à attiser les tensions dans un contexte où la stabilité nationale est en jeu.
Nous appelons donc le CRLDHT à faire preuve de plus de discernement, de rigueur éthique et de respect pour les principes qu’il prétend défendre.
Défendre les droits de l’homme ne signifie pas fermer les yeux sur les dérives verbales ou les comportements irresponsables qui mettent en danger la cohésion de l’État et la dignité de la justice.
La liberté d’expression est un droit, certes, mais elle s’arrête là où commencent les intimidations, les allusions menaçantes et la défense aveugle de ceux qui défient l’ordre républicain.
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Kia EV3 s’est vu décerner le prestigieux prix de Voiture mondiale de l’année aux World Car Awards 2025, organisées dans le cadre du Salon international de l’automobile de New York.
«C’est un immense honneur pour tous les collaborateurs de Kia de voir EV3 décrocher le prix de Voiture mondiale de l’année 2025. Cette distinction témoigne du leadership mondial de la marque qui réussit à proposer des solutions de mobilité durables alliant design et technologie d’avant-garde tout en démontrant la capacité du Kia EV3 à redéfinir par ses qualités l’expérience d’utilisation des clients du monde entier», explique Ho-Sung Song, président et Ceo de Kia.
Les World Car Awards 2025 ont été présidés par un jury international composé de
96 journalistes automobiles de renom issus de 30 pays différents.
La victoire d’EV3 porte à six le nombre de prix décrochés par Kia aux World Car Awards, depuis 2020.
Du mouvement vient l’inspiration
EV3 rend accessible au plus grand nombre la technologie résolument innovante du Kia EV9, nouveau porte-étendard de la marque, établissant ainsi de nouvelles références sur le segment des SUV 100% électriques compacts.
Kia EV3 affiche un design extérieur audacieux et avant-gardiste associé à un intérieur pratique et innovant gage d’un maximum d’habitabilité, de fonctionnalité et de confort.
EV3 revendique une autonomie exceptionnelle jusqu’à 605 km et peut recharger sa batterie de 10 à 80% en 31 minutes*, offrant ainsi une remarquable polyvalence. Son espace intérieur spacieux garantit une habitabilité, un confort et une accessibilité optimales, tandis que l’assistant d’IA, les systèmes d’aide à la conduite avancés (ADAS) et les mises à jour à distance (OTA) contribuent à améliorer l’expérience de conduite.
Les précédents prix remportés par Kia aux World Car Awards sont les suivants :
– Kia EV9 – Voiture mondiale de l’année 2024
– Kia EV9 – Véhicule électrique mondial 2024
– Kia EV6 GT – Véhicule mondial hautes performances 2023
– Kia Telluride – Voiture mondiale de l’année 2020
– Kia Soul EV – Véhicule urbain mondial 2020
* L’autonomie de 605 km et le temps de recharge de 31 minutes correspondent à ceux de la version d’EV3 avec batterie de 81,4 kWh et ont été estimés selon la norme WLTP.
La 4e édition de la Fête Culinaire se tiendra du 25 au 27 avril 2025 à La Marsa. Ce festival gastronomique unique met à l’honneur les délices de la cuisine tunisienne et italienne, offrant aux visiteurs un véritable voyage à travers les traditions et influences culinaires du monde entier.
Lors de ces trois jours de célébration des saveurs, les visiteurs auront des rencontres et des échanges avec des chefs et passionnés de cuisine. Ils auront aussi l’opportunité de vivre une expérience culinaire immersive grâce à des show cooking animés par des chefs de Tunisie et d’Italie.
Pizza, pâtes fraîches, pâtisseries italiennes… chaque plat est une promesse de délices qui fera voyager vos papilles. L’événement se déroulera dans un village gourmand installé sur le parking du magasin général MG Maxi, sur la route de La Marsa, un lieu parfait pour allier découvertes culinaires et ambiance festive.
Les temps forts de l’événement sont un show cooking de lasagnes (vendredi 25 avril), un concours de cuisine (samedi 26 avril) et un concours de pâtisserie (dimanche 27 avril).
Des chefs d’exception à la manœuvre
À l’extérieur du magasin, les visiteurs retrouveront des show cooking et des concours animés par la star de la gastronomie tunisienne et internationale, Mounir Arem, ambassadeur de la cuisine tunisienne auprès de l’OMT, et acteur clé dans l’inscription de l’harissa et du couscous au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Cette année, le chef Feres Brini, reconnu pour son expertise avec plus de 15 ans d’expérience, dont 7 ans en boulangerie en Italie, enflammera les cuisines avec un show cooking mettant en avant la pizza, les pâtes fraîches et la pâtisserie italienne. Chef Brini, élu Eccellenze Italiane 2023 pour la qualité des produits Pomodoro e Mozzarella, apportera son savoir-faire à l’événement, accompagné de chefs tunisiens et étrangers.
Et ce n’est pas tout ! Eleonora Uccella, cheffe italienne de renom, sera également présente pour organiser des concours sur le thème de la grenade, célébrant la cuisine méditerranéenne authentique et créative.
Une ambiance unique pour toute la famille
Au-delà des démonstrations culinaires, le festival propose une atmosphère conviviale et festive grâce à une variété d’exposants qui offriront des produits uniques et des délices à découvrir. Des ateliers de cuisine pour enfants, comme la fabrication de goûters sains, ainsi que des spectacles de magie ajouteront une touche de fun et de magie pour toute la famille. Et pour couronner le tout, deux heures de musique chaque jour garantiront une ambiance joyeuse et animée tout au long de l’événement.
Le célèbre magistrat administratif à la retraite Ahmed Souab a été arrêté par une unité sécuritaire ce lundi 21 avril 2025 à son domicile et emmené au Pôle judiciaire antiterroriste.
Aucune information n’a filtré sur les raisons de cette arrestation, mais le magistrat très médiatisé est connu pour son franc-parler et les critiques qu’il a souvent adressées aux pouvoirs en place qui se sont succédé dans le pays depuis 2011, le pouvoir actuel ne faisant pas exception.
C’est son fils qui a annoncé son arrestation, information relayée ensuite par plusieurs défenseurs des droits de l’homme via les réseaux sociaux.
La séance de confirmation de l’ambassadeur Bill Bazzi par le sénat américain, dont la date n’a pas encore été annoncée, sera un véritable indicateur du sentiment de la classe politique américaine au sujet de la situation en Tunisie sous ses multiples facettes et les lignes directrices de la mission du nouvel ambassadeur américain en Tunisie.
Elyes Kasri *
Le nouvel ambassadeur américain à Tunis Bill Bazzi, désigné par le président Donald Trump, devra être confirmé par le sénat, selon l’article 2 (section 2) de la constitution américaine qui stipule que le président nommera les ambassadeurs … avec le consentement et conseil du sénat.
La nomination de l’ambassadeur Bazzi a été communiquée à la commission des affaires étrangères du sénat depuis le 24 mars et attend de se voir fixer une date pour l’audition de confirmation. Cette audition risque d’être houleuse tant la majorité républicaine et la minorité démocrate au sénat ont accumulé des griefs au fil des ans contre la politique intérieure et surtout la politique étrangère de la Tunisie. Il y a surtout une perception américaine d’un militantisme pro-palestinien de la part de notre pays, en démarcation avec le consensus arabe, surtout celui des pays clés de la région, à l’exception d’une Algérie en voie d’endiguement et de marginalisation. Sans parler d’une éventuelle perception d’une proximité suspecte de notre pays avec un Iran en voie d’être réduit à sa plus simple expression après la sérieuse dégradation de son axe de la résistance de Damas à Gaza, au Sud Liban, en passant par le Yémen et autres satellites.
Les sentences prononcées récemment à Tunis à la suite des procès pour atteinte à la sécurité de l’Etat seront très probablement évoquées par les sénateurs américains qui exigeront une évaluation sans ambiguïté par l’administration Trump de la situation politique en Tunisie et une ligne de conduite conforme aux appréciations et désidératas des cercles influents en matière de politique étrangère américaine dans notre région.
On pense principalement aux néoconservateurs avec leur penchant islamiste, aux milieux pro-israéliens avec le credo des accords d’Abraham ainsi qu’au complexe militaro-industriel soucieux de garder la Tunisie dans le giron de l’Otan en raison de sa situation stratégique. Notre pays est situé, en effet, dans le détroit de Sicile (143 km), point de contrôle de tout passage de la Méditerranée orientale, proche du Moyen Orient riche en hydrocarbures et en marchés d’armement, à la Méditerranée occidentale débouchant sur l’océan Atlantique, zone de sécurité existentielle pour l’Occident.
La séance de confirmation de l’ambassadeur Bill Bazzi par le sénat américain, dont la date n’a pas encore été annoncée, sera un véritable indicateur du sentiment de la classe politique américaine au sujet de la situation en Tunisie sous ses multiples facettes et les lignes directrices de la mission du nouvel ambassadeur américain en Tunisie.
S’il y a lieu de s’attendre à une certaine inflexion en raison d’un éventuel lobbying de la part de l’italienne Giorgia Meloni se prévalant d’une certaine proximité personnelle avec le président Trump, et qui semble gagner en popularité en raison de sa politique migratoire et des arrangements conclus notamment avec la Tunisie, il reste que les groupes de pression et d’influence à Washington pourraient se prévaloir d’arguments de nature à surpasser celui migratoire de notre chère amie italienne.
L’administration Trump brouille les cartes dans tous les dossiers. Certains disent que c’est relatif à la personnalité imprévisible du président américain, d’autres estiment que c’est plutôt une tactique pour faire pression sur la partie concernée. Quoi qu’il en soit, la Syrie n’échappe à la méthode trumpiste.
Imed Bahri
Il y a seulement quelques semaines, les médias internationaux relevaient que Trump allait rencontrer Ahmed Al-Charaa lors de sa prochaine visite en Arabie saoudite. Les Américains ont également soutenu le nouveau pouvoir syrien dans son exigence d’intégrer les Kurdes des Forces démocratiques de Syrie (FDS) aux nouvelles forces armées syriennes et les Qataris ont obtenu une exemption pour pouvoir exporter du gaz à la Syrie alors que les sanctions interdisent toute exportation vers ce pays du Levant. Aujourd’hui, les Américains haussent le ton et ont formulé deux exigences.
Selon une enquête du Wall Street Journal, réalisée par Jared Maslin, Nancy Youssef et Michael Gordon, l’administration Trump a renforcé ses exigences envers les nouveaux dirigeants islamistes en Syrie. Washington veut que Damas réprime les éléments extrémistes et expulse les organisations palestiniennes du pays en échange d’un allègement limité des sanctions.
Le journal ajoute que l’administration Trump a menacé d’adopter une position ferme à l’égard du nouveau gouvernement syrien : s’il ne répond pas favorablement à ses exigences, la levée de certaines sanctions ne pourrait avoir lieu.
Selon des responsables américains informés, la Maison-Blanche a émis ces dernières semaines des directives politiques appelant le gouvernement syrien à prendre des mesures qui incluent également la sécurisation du stock d’armes chimiques du pays. Ils ont ajouté que les États-Unis envisageraient, en retour, de renouveler une dérogation étroite aux sanctions émise par l’administration Biden qui vise à accélérer l’afflux d’aide au pays.
Le WSJ note que ces directives reflètent le scepticisme des responsables de l’administration américaine à l’égard du gouvernement syrien dirigé par d’anciens chefs rebelles islamistes qui ont chassé le président Bachar Al-Assad du pouvoir en décembre mettant fin à 13 ans de guerre civile sanglante.
Le journal rapporte également que la Russie n’a pas été mentionnée dans les nouvelles orientations de la politique américaine. Cela révèle comment l’administration Trump atténue la pression exercée par l’administration de l’ancien président Biden pour exhorter Damas à démanteler les bases militaires russes en Syrie.
Le journal a cité une porte-parole du département d’État américain qui a déclaré: «Les États-Unis ne reconnaissent actuellement aucune entité comme étant le gouvernement de la Syrie. Les autorités intérimaires syriennes doivent rejeter complètement le terrorisme et le réprimer».
Le gouvernement américain continue de classer Ahmed Al-Charaa comme terroriste, une désignation datant de l’époque où il dirigeait le front Al-Nosra, un groupe d’abord lié à Al-Qaïda avant de rompre les liens avec celui-ci.
L’administration Trump ne semble pas disposée à s’engager avec le nouveau régime, tout comme l’administration Biden, qui a envoyé de hauts fonctionnaires rencontrer Al-Charaa en décembre et a levé la récompense de 10 millions de dollars précédemment offerte par le FBI pour quiconque qui permet de capturer le nouvel homme fort de Syrie.
Le journal a cité des responsables de la défense affirmant que le Pentagone prévoyait de réduire de moitié le nombre de forces américaines en Syrie, où environ 2 000 soldats sont stationnés, travaillant avec les Forces démocratiques syriennes dans le nord-est de la Syrie. L’administration américaine prévoit de mener une étude pour déterminer si de nouvelles réductions de troupes doivent être effectuées cet été.
Les forces américaines ont pour mission d’empêcher la Syrie de devenir un bastion pour des groupes extrémistes tels que l’Etat Islamique. La position de Trump sur d’autres éléments de la politique américaine envers la Syrie n’est pas encore claire.
L’envoyé spécial des États-Unis pour le Moyen-Orient et l’Ukraine, Steve Witkoff, a déclaré le mois dernier qu’Al-Charaa est «une personne différente de ce qu’elle était auparavant. Les gens changent».
Les principaux dirigeants républicains craignent que l’influence américaine en Syrie ne diminue d’une manière qui pourrait créer une opportunité pour la Russie et la Chine. Dans une autre direction, d’éminents dirigeants militaires ont abordé la nouvelle situation avec pragmatisme, contribuant à la négociation d’un accord en mars visant à placer une force militaire forte, à savoir les Kurdes des FDS, soutenue par les États-Unis sous le commandement du gouvernement de Damas.
Le gouvernement syrien a refusé de commenter les nouvelles exigences de la politique américaine dont il a été informé.
Le New York Times avait déjà révélé la décision du Pentagone de retirer ses forces de Syrie. Le journal a noté qu’Al-Charaa a passé des années à travailler pour améliorer son image, purger son groupe des extrémistes et combattre l’EI. Depuis son arrivée au pouvoir, lui et son gouvernement ont œuvré pour être acceptés par l’Occident et par la communauté internationale en général, promettant de gouverner la Syrie en prenant compte de sa diversité ethnique et religieuse et s’engageant à éviter tout conflit avec Israël. En mars, Al-Charaa a nommé un nouveau gouvernement dans lequel les islamistes ont conservé des ministères clés mais ont également inclus des membres de groupes minoritaires et des dirigeants de la société civile.
Le WSJ note que les enjeux sont importants pour Al-Charaa et son gouvernement avec une économie chancelante et des villes en ruines après des années de guerre au cours desquelles la Russie et l’Iran ont soutenu l’ancien régime. Sans la levée des sanctions imposées par les pays occidentaux et les États-Unis à l’ancien régime, la reconstruction de la Syrie sera difficile.
Bien que l’Union européenne et le Royaume-Uni aient assoupli certaines sanctions, sans le soutien américain et l’accès au système financier mondial, la Syrie continuera de lutter pour garantir les salaires de ses employés et pour commencer la reconstruction d’une manière qui permette aux réfugiés de rentrer chez eux et empêche une nouvelle violence.
«Une aide importante est désespérément nécessaire pour accomplir tout cela et sécuriser le pays ainsi que pour initier tout type de développement et le temps presse», a déclaré au journal Natasha Hall, chercheuse principale au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington.
Les récentes directives politiques de l’administration américaine comprennent certaines demandes similaires à celles formulées par l’administration Biden à Al-Charaa, notamment la collaboration avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, la sécurisation de l’uranium hautement enrichi et la nomination d’un officier de liaison pour localiser 14 Américains disparus en Syrie.
L’administration américaine exige également du nouveau gouvernement qu’il publie une déclaration publique contre les groupes djihadistes. Dans une nouvelle demande, l’administration américaine veut que la Syrie interdise aux groupes armés palestiniens d’opérer dans le pays, y compris de lever des fonds, et expulse leurs membres de Syrie.
Des groupes palestiniens opèrent depuis des décennies à l’instar du Djihad islamique ou des gauchistes du Front populaire de la libération de la Palestine. Le Hamas y avait son siège jusqu’en 2012. La Syrie abrite également un grand nombre de réfugiés palestiniens depuis 1948 et toute tentative d’expulsion pourrait conduire à une confrontation entre le gouvernement et ces organisations.
En échange de la mise en œuvre de ces demandes, les États-Unis soutiendront l’intégrité territoriale de la Syrie, envisageront de reprendre les relations diplomatiques et retireront les responsables syriens de la liste des organisations terroristes.
Dans le cadre de cette nouvelle politique, les États-Unis envisageront également de prolonger les dérogations aux sanctions existantes émises par l’administration Biden en janvier qui visent à accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire à la Syrie.
En janvier, le Trésor américain a accordé des exemptions aux groupes d’aide et aux entreprises qui fournissent des fournitures essentielles, notamment de l’électricité, du pétrole et du gaz naturel. L’offre américaine reste en-deçà de la levée des sanctions prônée par certains responsables européens, des puissances régionales comme la Turquie et des analystes de sécurité qui craignent que la Syrie ne retombe dans la violence ou ne tombe à nouveau sous l’influence de la Russie et d’autres adversaires traditionnels des États-Unis.
«Cela compliquera grandement la situation et, en fait, ne fera que pousser la Syrie et les nouvelles autorités entre les mains des Russes ou même des Chinois», a déclaré Benjamin Fife, analyste de recherche senior chez Karam Shaar Consulting, un cabinet de conseil travaillant sur l’économie syrienne.
Il est à noter que la nouvelle politique de l’administration Trump ne fait aucune mention de la Russie qui est intervenue militairement en Syrie en 2015. Après la chute d’Assad, la Russie a envoyé des cargaisons de billets de banque syriens dans le pays pour tenter de maintenir son influence dans ce pays.
Deux anciens responsables de l’administration Biden ont déclaré que l’un des objectifs des efforts diplomatiques de l’administration avec Damas était de mettre fin à la présence militaire de la Russie en Syrie, y compris deux bases navales et aériennes près de la mer Méditerranée, qui sont au cœur des efforts mondiaux du Kremlin pour étendre son influence. Ceci n’est plus d’actualité avec l’administration Trump.
Le Vatican a annoncé ce lundi 21 avril 2025, dans un communiqué solennel, le décès du pape François, survenu à 7h35 heure locale. Le Souverain Pontife s’est éteint à l’âge de 88 ans, après plusieurs semaines de lutte contre une grave infection pulmonaire.
Premier pape originaire d’Amérique latine, Jorge Mario Bergoglio, de son nom de naissance, avait été élu le 13 mars 2013 pour succéder à Benoît XVI. Son pontificat, qui aura duré douze années, a profondément marqué l’histoire de l’Église catholique.
Pape des périphéries, des pauvres et du dialogue interreligieux, François a incarné une figure de proximité et d’humilité. Refusant les fastes du palais apostolique, il avait choisi de résider à la maison Sainte-Marthe. Il a constamment plaidé pour une Église ouverte, miséricordieuse, engagée sur les questions sociales et environnementales.
Ses prises de position audacieuses sur les migrants, la justice climatique, les abus sexuels dans l’Église ou encore son ouverture envers les personnes LGBTQ+ ont suscité à la fois admiration et controverses.
Des adieux empreints de compassion
Malgré une santé vacillante ces derniers mois, le pape François avait tenu à livrer un dernier message fort à l’occasion des fêtes de Pâques, appelant à un cessez-le-feu à Gaza et exprimant sa solidarité envers les populations civiles, tant palestiniennes qu’israéliennes. Ce message résonne aujourd’hui comme une ultime volonté de paix.
Le Vatican a précisé que les obsèques du pape François auront lieu dans les prochains jours sur la place Saint-Pierre. Conformément à la tradition, il sera inhumé dans les grottes vaticanes, sous la basilique Saint-Pierre.
Le monde entier, croyants et non-croyants confondus, rend hommage à celui qui a su, par sa parole et ses gestes, réconcilier spiritualité et humanité.
Dans le cadre du Mois du Patrimoine, une exposition photographique de Pierre Gassin intitulée «Berbérités : des origines aux influences» se tiendra du 29 avril au 31 mai 2025 à la galerie Ramla à Kerkennah (Sfax).
Une culture n’évolue pas seule, isolée, mais se nourrit d’un environnement plus large, de rencontres, d’échanges comme de traditions millénaires. Berceau de la berbérité, le sud tunisien s’est enrichi de tellement de cultures différentes que c’est devenu la particularité de tout le pays, sa profondeur, son exemplarité !
«Berbérités» retrace un voyage extrospectif dans le sud tunisien, en quête de découvertes des structures sociales d’antan.
L’exposition propose des notes photographiques sur les symboles et gestes du quotidien témoignent de spécificités communes à quelques villages et villes du sud tunisien : les grandes richesses de traditions, de spiritualité et de tolérance, à Medenine, Ghomrassen, Chenini, Zammour et Tamezret…
«Résident à Kerkennah, j’ai pris le temps de développer la démarche à cet archipel riche en vestiges et dont les habitants perpétuent des rites et des habitudes sociales communautaires»; écrit Pierre Gassin à propos de son approche à la fois artistique et anthropologique. Il ajoute : «Montrer ces images encadrées et hors contexte permet de prendre le temps d’observer les signes et gestes avec plus d’attention, et peut provoquer une réflexion sur le présent.»
L’exposition se destine entre autres aux jeunes tunisiens. Des professeurs, des groupes d’élèves et des étudiants viendront à des visites commentées, puis à des débats sur ce qu’il persiste des cultures des origines. Par ces discussions, l’artiste espère «faire prendre conscience, responsabiliser et impliquer la jeunesse dans une vie en adéquation et harmonie avec la nature à l’instar de leurs ancêtres.»
«Dans un monde contemporain qui subit des bouleversements climatiques et sociétaux, il est salvateur de mieux comprendre les pratiques communautaires ancestrales et remettre la nature au centre de la vie citoyenne, avec écoute et respect», conclut Gassin.
Après avoir créé et dirigé 22 ans le Centre de formation professionnel et la galerie d’art Iris à Paris, Gassin, méditerranéen convaincu, décide de s’établir en Tunisie, où il aime retrouver la douceur de vivre méridionale.
De Djerba à Tunis, il a été profondément marqué par ses 8 ans passés à Sfax. Il y a d’ailleurs créé le Palais de la Photographie, dans le cadre de l’événement «Sfax, capitale de la culture arabe».
Il organise des expositions collectives et personnelles et crée à Kerkennah les Editions 55, qui ont publié plusieurs ouvrages sur le patrimoine, et la Galerie Gassin, premier espace dédié à la culture et à l’écologie, à Kerkennah.
Un film passe actuellement dans nos salles. Ayant pour sujet le célèbre psychiatre martiniquais, il est centré sur son séjour algérien à l’hôpital de Blida durant la colonisation entre 1953 et 1957, au cours duquel, lui même confronté dans l’exercice de sa profession, mais aussi en dehors, au racisme que lui valent ses origines, prend conscience de la double aliénation des patients d’abord en tant qu’autochtones non européens, ensuite en tant que malades souffrant de troubles psychiatriques, et justifiant aux yeux des autorités leur incarcération comme de dangereux criminels, ou leur répression.
Dr Mounir Hanablia *
Frantz Fanon obtient que ces patients soient pris en charge comme des Européens et se met ainsi à dos le directeur qui le menace de poursuites en cas d’incident ainsi que l’ensemble du corps médical de l’hôpital. Mais très vite Fanon obtient la confiance des musulmans et entre en contact avec le Front de libération nationale (FLN) par le biais de son grand dirigeant kabyle, l’instituteur Abane Ramdane, qui est l’auteur de la plateforme politique du mouvement et l’architecte du Congrès de la Soummam dont émerge la première organisation dirigeante algérienne, le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA).
Fanon, aidé de son épouse, une Française européenne, souscrit au combat contre le colonialisme et soigne clandestinement dans l’hôpital, ou à la campagne, les résistants blessés, avec l’aide de deux jeunes médecins juifs algériens venus accomplir leur formation dans son service. Il cache chez lui le chef algérien lorsque celui-ci, dénoncé, est obligé de fuir. Mais il finit par éveiller les soupçons des autorités qui pour l’espionner, envoient se faire soigner à l’hôpital, un officier européen, spécialisé dans le renseignement et la torture, un certain Roland. Mais ce personnage finit par désobéir aux ordres de ses supérieurs, gagné par le respect du psychiatre qui le soigne, et est arrêté avec les malades du service, après avoir été blessé par une Algérienne.
Fictif ou pas, sa présence semble signifier que les colonialistes les plus endurcis demeurent des êtres humains qui peuvent s’amender pour peu qu’ils trouvent le bon exemple à suivre.
Les combattants de la liberté ne sont pas au dessus de tout reproche
Fanon prend alors conscience de la menace qui pèse désormais sur lui et s’enfuit à Tunis avec sa femme et son fils où il est hébergé et pris en charge par le FLN algérien qui obtient qu’il exerce dans un hôpital de Tunis. Il devient dans le même temps chroniqueur du journal indépendantiste El Moudjahid.
Cependant, Abane Ramdane, son ami, le théoricien de la Révolution, présenté dans le film d’une manière plutôt contestable comme un démocrate, devient la cible des «militaires» quand il veut demander des comptes à ses propres compatriotes réfugiés à l’extérieur dont il dénonce au nom des combattants de l’intérieur confrontés à l’armée française, l’impéritie et le goût du luxe. Il est alors attiré et étranglé au Maroc à l’instigation d’Abdelhafid Boussouf, le chef du Renseignement militaire algérien, opérant semble-t-il avec l’accord de Lakhdar Bentobbal et de Krim Belkacem.
Après le premier message du film sur l’amendement des tortionnaires, le second semble signifier que les combattants de la liberté ne sont eux non plus pas au dessus de tout reproche; à la différence près que le colonialisme dans le film n’est impliqué dans le crime qu’au niveau subalterne, ce qui évidemment ne correspond pas à la réalité, l’Etat français à son plus haut niveau ayant délégué la responsabilité du maintien de l’ordre, et même de la police, à l’armée.
Cependant, Fanon apprend par le FLN l’assassinat de son ami et il s’exécute contre l’avis de son épouse lorsqu’il lui est demandé de préciser sur les colonnes d’El Moudjahid qu’il est tombé au champ d’honneur. Ainsi, en devient-il le complice moral tout en se retrouvant, bien à l’abri à Tunis, dans la même situation confortable bourgeoise de ceux que son ami critiquait.
Le troisième message est donc clair: les militants tiers-mondistes ont un humanisme sélectif, particulièrement quand il s’agit de sauvegarder leurs intérêts. Prompts à se dresser contre le colonisateur, ils n’ont pas le courage de dénoncer les crimes des colonisés. C’est oublier un peu vite que le Docteur Fanon aurait pu accomplir sa mission à Blida sans faire de vagues, dans la perspective d’une brillante carrière à son retour en France. Mais toujours selon le film, devenu un rouage de la propagande du FLN, il n’a plus aucune utilité. Il finit par être puni par le destin en étant rattrapé par la maladie, dont le souvenir de la chasse aux crabes de son enfance qui l’avait marqué au visage symbolise le cancer. Ainsi les crabes qui avaient souffert se vengent-ils de lui, le médecin, et pourrait-on dire, par substitution à son ami assassiné. Et le film semble signifier ainsi qu’on finit toujours par être rattrapé par ses actes. Et tout compte fait, le tableau représentant la mangrove martiniquaise qui occupe l’écran à plusieurs reprises, parfois teintée de rouge, évoque à la fois une protection, mais aussi un piège, par son caractère inextricable, et pas seulement pour les crabes qui y vivent.
La mangrove serait ainsi la France qui protège et le piège dont on ne peut se sortir, son colonialisme meurtrier, pourrait-on dire autant que la chasse aux crabes, qui en constituent les habitants naturels. Autrement dit, la colonisation ne serait pas ce mal absolu, il faudrait encore en rechercher le bon côté, à la manière de Nicolas Sarkozy. Mais après nous avoir suggéré que sans le colonialisme, le psychiatre martiniquais ne serait jamais arrivé à Blida, et que sa conscience humaine n’aurait pu surmonter ses préjugés culturels et sociologiques, on finit par nous dire que décédé en décembre 1961, il a été enterré à sa demande clandestinement en Algérie dans un lieu tenu secret, au pied d’un olivier, symbole de paix, selon le rite musulman, la terre du paysage étant la liberté, et l’océan qu’il contemplait l’éternité.
Le Martiniquais colonisé et révolté n’a donc rien gagné à abandonner la France et à passer du côté des Algériens, dont l’État indépendant n’a éprouvé aucun intérêt à célébrer la mémoire des Français qui ont lutté pour son indépendance. Et ultime constat d’échec, on nous précise que son épouse qui l’a soutenu dans son combat, s’est suicidée, 29 ans après. En Algérie? La question mérite d’être posée.
Naturellement ce film centré sur la personnalité professionnelle de ce médecin martiniquais idéaliste plongé dans le contexte médical colonial de l’époque est très émouvant. Son but n’a jamais été de mettre en exergue les écrits et la pensée du militant anticolonialiste tiers-mondiste, dont on ne connaîtra que quelques passages significatifs dictés à son épouse.
On comprendra sans le justifier le choix du scénariste d’aborder la révolution algérienne sous l’angle de la lutte fratricide pour le pouvoir, dont il estime que la mort d’Abane Ramdane a marqué un coup d’arrêt à l’avènement éventuel de la démocratie dans le pays devenu indépendant.
On peut déplorer que des évènements importants impliquant l’Etat français aient été passés sous silence comme la bataille d’Alger de 1957, le putsch des généraux de 1961, la guerre civile déclenchée par l’Organisation armée secrète (OAS) contre le pouvoir gaulliste, ou la tuerie de la Rue d’Isly de 1962 dont les victimes ont été françaises, abattues par l’armée française. Ils auraient pu justifier même à postériori les choix du psychiatre, dont il semble qu’on ait voulu au contraire démontrer la vanité, à l’époque de Donald Trump et du mouvement anti-Woke, par une relecture sommaire de l’Histoire, relativisée en étant centrée sur l’expérience personnelle d’un personnage faillible. Un anachronisme est significatif de l’imprécision du film, cette affiche entrevue, «L’OAS veille», qui, avant 1961, ne pouvait donc exister à l’époque où le médecin occupait encore ses fonctions à Blida. A voir tout de même en ayant conscience de cela!