Le jeune Jordanien Ayman Al-Ali, surnommé “le Roi de la Beauté de Jordanie”, est décédé après une longue lutte contre le cancer de l’estomac, comme l’ont rapporté les médias jordaniens ce lundi matin. Sa disparition a provoqué une vague de tristesse sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes et influenceurs ont partagé des messages […]
«Dream Team» (équipe de rêve). C’est par cette expression que les colons extrémistes israéliensde Cisjordanie et leurs partisans désignent les membres de la nouvelle administration Trump qui comprend des extrémistes de la droite chrétienne et des partisans de l’Amérique d’abord (Amerira First). Pour eux, c’est l’occasion rêvée pour faire main basse sur la totalité de Jérusalem, rattacher la Cisjordanie et enterrer définitivement la cause palestinienne. L’heure de l’application de leur agenda messianique a sonné. (Le Palestinien Fakhri Abu Diab et son épouse Amina devant leur maison démolie par les autorités israéliennes à Jérusalem-Est. Ph: Gali Tibbon/The Observer).
Imed Bahri
Jason Burke, correspondant de The Observer, version du week-end du Guardian, rapporte que les Palestiniens ont été choqués par le choix fait par Trump des extrémistes qui soutiennent Israël.
Les colons, quant à eux, ont décrit la nouvelle administration comme une équipe de rêve leur offrant «une opportunité spéciale et exceptionnelle» d’étendre de manière permanente le contrôle d’Israël sur la Cisjordanie et mettre fin ainsi à tout espoir de création d’un État palestinien. Trump a en effet nommé des partisans des projets des activistes israéliens d’extrême droite et le gouvernement de Benjamin Netanyahu gagne un soutien qu’il saura exploiter pour faire passer ses projets expansionnistes.
Un éditorial du journal israélien Haaretz a averti que «la série de nominations annoncées par le président américain élu Donald Trump devrait inquiéter tous ceux qui se soucient de l’avenir d’Israël».
Burke a ajouté que depuis les élections américaines, Israël a multiplié les démolitions de maisons palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La semaine dernière, des habitants du quartier d’Al-Bustan à Jérusalem-Est fouillaient les ruines de leurs maisons que la municipalité de Jérusalem a décidé de démolir parce qu’elles avaient été construites sans permis. Fakhri Abu Diab, un militant chevronné qui a mené pendant des années la résistance aux efforts visant à démolir les maisons des familles palestiniennes dans le quartier d’Al-Bustan, a déclaré que les bulldozers sont revenus le jour des élections américaines pour détruire une partie de sa maison que les équipes de démolition municipales avaient laissée debout plus tôt cette année.
Avec Trump au pouvoir, plus rien ne retiendra Israël
Abu Diab, 62 ans, a expliqué que 40 personnes dont des enfants se sont retrouvées sans abri et que 115 maisons sont désormais menacées de démolition. Il a déclaré: «Israël veut démolir cet endroit depuis vingt ans et profite maintenant de l’occasion. C’est juste une façon de nous punir et de nous forcer à partir. Je suis ici, là où étaient mes parents et mes grands-parents et je resterai ici.» L’épouse de Abu Diab, Amina, a déclaré de son côté: «Avec Trump au pouvoir, il n’y a plus rien pour retenir Israël».
La municipalité de Jérusalem a déclaré que les bâtiments sont situés sur un terrain désigné comme espace public ouvert.
L’organisation israélienne de défense des droits humains Ir Amim a déclaré que le véritable objectif des démolitions est de relier les poches de colonies implantées dans les quartiers palestiniens à Jérusalem-Ouest. Elle a indiqué que les autorités locales se sentaient encouragées après la victoire de Trump, ajoutant que les opérations de démolition à Al-Bustan pourraient être un signe avant-coureur de ce qui va arriver.
La semaine dernière, un village bédouin dans le désert du Néguev a été démoli pour construire un complexe pour les juifs orthodoxes sur ordre du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et 25 bâtiments ont été détruits en Cisjordanie selon les Nations Unies.
Un cabinet infernal… pour les Palestiniens
Le journal britannique note que les choix de Trump ont choqué même les extrémistes. Son candidat au Département d’État, le sénateur de Floride Marco Rubio, s’est déclaré opposé au cessez-le-feu à Gaza et estime qu’Israël doit détruire tous les éléments du Hamas dont il a décrit les membres comme «des animaux féroces» tandis qu’Elise Stefanik qui a été nommée ambassadrice à l’Onu a qualifié l’organisation internationale de «foyer d’antisémitisme» pour avoir condamné la mort des civils à Gaza.
Le nouvel ambassadeur américain en Israël devrait être Mike Huckabee, un pasteur évangélique qui soutient l’occupation israélienne de la Cisjordanie et qui a qualifié la solution à deux États en Palestine d’irréalisable. Lors d’une visite en Israël en 2017, Huckabee a déclaré: «Il n’y a rien de comparable à la Cisjordanie. Les colonies n’existent pas, ce sont des communautés, des quartiers et des villes. L’occupation n’existe pas.»
Le candidat de Trump au poste de secrétaire à la Défense, Peter Hegseth, animateur de Fox News, est un autre chrétien évangélique qui porte un tatouage sur le torse représentant les croisades.
«Israël n’aurait pas pu demander plus», a déclaré visiblement très satisfait Daniel Luria, directeur d’Artit Cohanim, une organisation qui affirme que sa mission est de restaurer et de reconstruire une Jérusalem unie pour le peuple juif. Cette organisation soutient un certain nombre de projets visant à expulser les familles palestiniennes de leurs foyers et à les remplacer par des familles juives et des étudiants religieux juifs. Il a déclaré: «Il n’y a pas d’État arabe sur la Terre d’Israël et le fait qu’il y ait eu plusieurs tentatives de faire quelque chose de différent au cours des dernières années n’est pas pertinent. Nous sommes maintenant dans une situation exceptionnelle et nous le ferons. Nous obtiendrons un nouveau Moyen-Orient et nous changerons tout.»
Certains extrémistes de droite en Israël ont comparé Trump au roi perse Cyrus le Grand qui a conquis le royaume de Babylone en 539 avant J.-C. et a permis aux Juifs de revenir de leur exil à Jérusalem.
Les partis favorables aux implantations occupent des positions clés au sein du gouvernement de coalition israélien, considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël. La semaine dernière, Bezalel Smotrich, ministre des Finances et défenseur de l’expansion des colonies, a déclaré que 2025 serait «l’année de la souveraineté en Judée-Samarie», le nom hébreu de la Cisjordanie utilisé par la droite en Israël, ses dirigeants ainsi que leurs partisans aux États-Unis. Il a aussi formé l’espoir d’un rattachement des territoires palestiniens occupés à Israël.
Le journal a noté une accélération du rythme de l’expansion des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est après la guerre du 7 octobre 2023. Smotrich et plusieurs ministres ont assisté à une conférence organisée près de Gaza pour discuter du retour des colonies juives dans ce territoire après la guerre.
Nommé ambassadeur en Israël, le pasteur Huckabee a refusé d’utiliser un terme autre que Judée-Samarie pour décrire la Cisjordanie et est un ardent partisan de la Fondation Cité de David, un parc archéologique financé par le gouvernement israélien dans un quartier palestinien de Jérusalem, géré par Elad, un groupe de colons israéliens accusé d’avoir déplacé des familles palestiniennes de Jérusalem en achetant des maisons palestiniennes et en utilisant des lois controversées qui permettent à l’État de saisir les biens palestiniens.
Un rapport de l’Union européenne de 2018 a révélé que les projets d’Elad dans certaines parties de Jérusalem-Est sont utilisés «comme un outil politique pour modifier le récit historique et soutenir, légitimer et étendre les colonies». La fondation a refusé de discuter des projets soutenus par le gouvernement israélien et l’étranger.
«Le plan de Dieu qu’Israël a révélé au monde entier»
La semaine dernière, des touristes se sont assis sous les oliviers pour écouter des conférences au centre de la Cité de David, hors les murs de la Vieille ville. «Nous croyons que Dieu a un plan pour Israël et que Dieu a dit que la terre leur appartenait», a déclaré Jack Holford, un ingénieur logiciel à la retraite de 62 ans, en visite à Jérusalem avec sa femme Debbie. «Nous nous considérons comme croyants et faisons partie du plan de Dieu qu’Israël a révélé au monde entier. Il y a des Arabes, des Palestiniens et des Juifs, et ils sont tous Israéliens», a-t-il ajouté.
Le premier mandat de Trump a été marqué par des mesures sans précédent pour soutenir les revendications territoriales d’Israël notamment en reconnaissant Jérusalem comme sa capitale éternelle et indivisible, en y déplaçant l’ambassade américaine et en reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, territoire syrien occupé depuis 1967.
Les activistes du colonialisme estiment que les nominations effectuées par Trump signifient que la nouvelle administration ira beaucoup plus loin. Luria déclare: «Ils (membres de l’administration Trump, Ndlr) ont parlé du droit des Juifs à vivre partout, qu’il était impossible de diviser Jérusalem en deux parties et que vous ne pouvez pas permettre que la haine, le mal et le terrorisme se trouvent à votre porte et cela vient d’un contexte biblique, tout comme moi. Je vois le roi David et Abraham et ils les voient aussi.» Bref, l’extrémisme religieux juif et chrétien a désormais le vent en poupe et s’exprime ouvertement à Washington et plusieurs autres capitales occidentales.
Dans son premier livre ‘‘De Londres à Jérusalem : Terreur promise’’, Akli Ourad signe un témoignage saisissant d’une mission en territoires palestiniens occupés. Il nous livre un récit à la fois brutal et émouvant, né de son expérience en Cisjordanie.
Djamal Guettala
Envoyé par la Banque centrale britannique pour une mission administrative, l’auteur découvre sur place une réalité qui dépasse l’entendement. Ce livre de 160 pages, paru en 2024, décrit sans détour un voyage transformé en cauchemar, où chaque jour devient une leçon de survie, et une observation des souffrances infligées à une population assiégée.
Avec un style incisif mêlant humour noir et sarcasme, Ourad raconte l’angoisse, l’humiliation et la violence qui l’accompagnent dès son passage par l’aéroport de Tel Aviv. Mais ces premières épreuves ne sont rien en comparaison de ce qui l’attend en Cisjordanie.
Nuit après nuit, il est confronté aux menaces de mort, à l’omniprésence des bombes, et au désespoir de la population palestinienne.
Au fil des pages marquées par une intensité saisissante, il met en lumière un système qu’il n’hésite pas à qualifier d’apartheid : confiscations de terres, expropriations, restrictions de déplacement, colonies illégales et violences d’État rythment le quotidien.
Pourtant, ce qui se dégage de ‘‘Terreur promise’’ n’est pas seulement une image de désespoir. Ourad y rend aussi hommage à la résilience des Palestiniens, refusant de baisser les bras face à l’oppression. C’est une population résistante qu’il dépeint, prête à affronter chaque jour, malgré une réalité implacable.
Né en Kabylie en 1962, Akli Ourad a un parcours marqué par l’engagement. Ingénieur de formation, acteur dans le mouvement du printemps berbère, il a également participé au renouveau du théâtre algérien aux côtés de figures comme Kateb Yacine. Installé en Angleterre depuis 1993, il y est devenu un expert en économie routière.
‘‘De Londres à Jérusalem : Terreur promise’’ est un témoignage précieux et rare. Au-delà du récit personnel, c’est un cri d’alerte, un appel à regarder en face la situation en Cisjordanie. Avec une plume qui ne cède jamais au sensationnalisme,
Akli Ourad nous livre, au final, une réflexion profonde sur l’injustice, la survie, et la dignité humaine.
Le Cinéma Variétés de Marseille a récemment accueilli l’avant-première du documentaire ‘‘No Other Land’’, réalisé par Basel Adra. Ce film captivant et poignant suit l’activisme de Basel Adra, un Palestinien vivant en Cisjordanie, qui filme l’expulsion de sa communauté par l’occupation israélienne, qui détruit peu à peu les villages palestiniens et chasse leurs habitants.
Depuis plus de cinq ans, Adra capture ces scènes déchirantes, devenant ainsi une voix pour les sans-voix. Mais son récit ne se limite pas à la souffrance, il introduit également l’histoire de son alliance improbable avec Yuval Abraham, un journaliste israélien, qui, au fil du temps, décide de soutenir ses démarches. Ensemble, ils forment une amitié inattendue, un symbole de solidarité au milieu du conflit israélo-palestinien.
La projection au Cinéma Variétés a été un véritable succès, attirant un public nombreux et engagé. Dans une ville aussi diversifiée que Marseille, ce film a trouvé un écho particulier. Il a permis aux spectateurs de s’immerger dans un conflit complexe à travers des images personnelles et émouvantes, tout en soulignant la possibilité d’une solidarité humaine, même au cœur de la division.
L’avant-première à Marseille a offert une occasion rare de se confronter à la réalité vécue par les Palestiniens, tout en mettant en lumière l’importance du dialogue et de l’empathie, à travers l’histoire touchante de deux hommes issus de mondes opposés.
Profitant du retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, un ministre israélien d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a promis hier lundi 11 novembre l’annexion par Israël, en 2025, des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. Le jour même oùun sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique s’est tenu en Arabie saoudite pour revendiquer l’émergence d’un Etat palestinien.
L’homme est tellement répugnant que même le journal israélien Haaretz l’aura qualifié de « criminel de guerre ». Même des personnalités de confession juive ont dénoncé dans une tribune au quotidien Le Monde, sa venue à Paris, le 13 novembre, pour participer à un gala de soutien à Israël organisé par plusieurs personnalités d’extrême droite et animé par l’avocate franco-israélienne Nili Kupfer-Naouri. Cette dernière a toujours soutenu publiquement qu’il n’existe pas de population civile innocente à Gaza. Tout en prônant l’entrave de l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne bombardée quotidiennement par l’aviation israélienne! Bezalel Smotrich voulant poursuivre jusqu’en Cisjordanie occupée.
A cet égard, notons que le gala en question se tiendra dans un climat explosif à la veille du match de football France-Israël, jeudi prochain. Une rencontre jugée à haut risque par les autorités françaises après les violences qui ont émaillé, jeudi dernier dans la capitale hollandaise, un match opposant le club israélien Maccabi de Tel-Aviv à l’Ajax d’Amsterdam.
Raciste, suprématiste, colonialiste…
Le nom de l’illustre invité au gala de soutien à l’Etat hébreu? Bezalel Smotrich, ministre des Finances dans le gouvernement Netanyahou et, excusez de peu, gouverneur de la Cisjordanie occupée. Une personnalité publique qui se qualifie elle-même de raciste, suprémaciste, colonialiste, annexionniste et révisionniste!
La preuve? Ce triste personnage, lui-même colon en Cisjordanie occupée, est le même qui, en 2017 déjà, « offrait » trois options possibles pour les Palestiniens : vivre sans droits sous occupation, quitter leur terre, ou se révolter et être éliminés!
Gravissime
Ainsi, lors de son intervention devant la Knesset, hier lundi 11 novembre, la coqueluche de l’extrême droite israélienne jeta une bombe médiatique en promettant l’annexion en 2025 par Israël des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, disant voir « une occasion dans le retour de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis ».
D’autre part, il a affirmé que la « création d’un Etat palestinien mettrait en danger l’existence de l’Etat d’Israël ». Et que faire pour parer à ce « danger imminent » ? « La seule façon d’éliminer cette menace est d’appliquer la souveraineté israélienne sur les colonies de Judée et Samarie », a-t-il martelé en employant un terme biblique pour designer la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et jugé illégal par l’ONU au regard du droit international où 490 000 Israéliens occupent violemment les lieux au milieu de 3 millions de Palestiniens.
Bezalel Smotrich a également affirmé que 2025 sera « l’année de la souveraineté en Judée et Samarie ». Il a ainsi annoncé qu’il avait donné instruction à l’administration de s’organiser « pour préparer l’infrastructure nécessaire à l’application de la souveraineté israélienne sur les colonies de Cisjordanie ».
Trump attendu comme le Messie
« Je n’ai aucun doute que le président Trump, qui a fait preuve de courage et de détermination dans ses décisions au cours de son premier mandat, soutiendra l’Etat d’Israël dans cette démarche », a-t-il ajouté.
N’a-t-il pas raison de se réjouir du retour du magnat de l’immobilier à la Maison Blanche? Sachant que lors de son premier mandat, Donald Trump, un ami indéfectible de l’Etat hébreu, aura multiplié les gestes en faveur d’Israël en déplaçant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. De même qu’en reconnaissant la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien occupé et annexé. Et en parrainant les Accords d’Abraham qui avaient permis la normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, à savoir Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc.
Provocation
Soulignons enfin que, comble de provocation, la déclaration choc du ministre israélien des Finances intervient le même jour où un sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique s’est tenu en Arabie saoudite. Lequel a appelé Israël à se retirer totalement des territoires arabes occupés depuis 1967 pour parvenir à « une paix régionale globale ». Tout en revendiquant l’unité de tous les territoires palestiniens – bande de Gaza et Cisjordanie occupée – au sein d’un Etat palestinien, dont la capitale doit être Jérusalem-Est, occupée par Israël.
Pour sa part, dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères palestinien a condamné dans les termes « les plus forts » les propos de Bezalel Smotrich. Il les qualifie de symptomatiques d’un « colonialisme raciste par excellence » et d’un « mépris répété du droit international » encouragé par « l’échec international à faire appliquer les résolutions des Nation unies relative à la question palestinienne ».
Dans une lecture analytique du résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 préparée par Julian Borger, le journal britannique The Guardian affirme que la victoire du candidat républicain Donald Trump est synonyme de victoire pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président élu américain voulait que la fin de la guerre à Gaza n’ait lieu qu’après son élection et son entrée en fonction en janvier 2025, alors que sa position sur le programme nucléaire iranien n’est pas claire. Aussi son retour à la Maison Blanche a-t-il des implications importantes pour le Moyen-Orient et est considéré avant tout comme une victoire pour Netanyahu qui n’a pas caché sa préférence pour le Républicain.
Imed Bahri
Dans un souci de ne pas s’aliéner le vote juif américain, l’administration de Joe Biden a reporté ses pressions sur Netanyahu jusqu’après les élections et ce malgré la frustration croissante à son égard sur plusieurs sujets comme l’empêchement de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, sa campagne contre les Nations Unies, son obstruction à un accord de cessez-le-feu et la libération des prisonniers et le soutien de son gouvernement aux colons de Cisjordanie.
Les progressistes du Parti démocrate ont pour leur part appelé Biden à utiliser ses cartes d’influence contre Israël au cours des 13 derniers mois. La colère suscitée par l’utilisation de bombes américaines pour détruire Gaza a provoqué une réaction dans l’État du Michigan qui abrite la plus grande population arabo-américaine des États-Unis, un facteur qui a contribué à la défaite de Kamala Harris.
Même si les États-Unis voulaient libérer leur influence au Moyen-Orient, cela ne serait pas efficace. Le mois dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le secrétaire d’État Anthony Blinken ont écrit une lettre au gouvernement israélien fournissant des détails sur l’obstruction du gouvernement israélien aux efforts d’envoi de matériel humanitaire. La lettre fixait 30 jours à Israël pour revoir sa politique faute de quoi il serait confronté à une révision américaine de ses exportations d’armes vers ce pays. Ce choix a été fait après les élections afin que la chance des démocrates n’en soit pas affectée.
Les extrémistes israéliens sur un nuage
À la lumière des résultats des élections américaines, les menaces de l’administration Biden auront peu d’impact sur le gouvernement Netanyahu. Ce dernier attendra l’investiture de Trump le 20 janvier. Il est certain que la prochaine administration ne défendra pas l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) puisque l’administration Trump a interrompu son financement en 2018 et que cette décision n’a été annulée que trois ans plus tard sous l’administration Biden.
Les Nations Unies et tous les efforts de secours seront également confrontés à des problèmes de financement dans la région.
Le retour de Trump supprime, par ailleurs, un obstacle majeur à l’annexion potentielle par Israël de certaines parties de Gaza et de la Cisjordanie. Le prochain président a montré qu’il ne se soucie pas du droit international ni des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu lorsqu’il s’agit d’Israël. N’oublions pas que son administration a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan alors que le droit international considère qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé.
On ne sait pas clairement qui dirigera la politique au Moyen-Orient dans la nouvelle administration Trump mais dans le groupe entourant le président élu se trouvent d’éminents partisans de la colonisation comme son gendre Jared Kushner qui a parlé du véritable potentiel immobilier de construction d’appartements sur la mer de Gaza. Il y a l’ancien ambassadeur en Israël David Friedman qui a postulé pour un nouveau poste dans la prochaine administration sous la forme d’un livre dans lequel il parlait du droit divin d’Israël à s’emparer de la Cisjordanie qu’il appelle la Judée Samarie. Souhait partagé par la première donatrice de Donald Trump, la milliardaire américano-israélienne Miriam Adelson.
Le journal britannique a indiqué que le soutien et l’élan acquis par l’aile extrémiste du gouvernement israélien appelant au rattachement de la Cisjordanie constituent l’une des répercussions les plus évidentes sur le Moyen-Orient. Borger estime que le retour de Trump renforcera la position de Netanyahu dans son pays et augmentera probablement ses efforts visant à transformer Israël en un État illibéral. Netanyahu n’écoutera aucune voix à Washington lui demandant de modérer sa campagne visant à priver le système judiciaire de son indépendance.
Cependant, le retour à la Maison Blanche d’un allié de confiance de Netanyahu ne signifie pas qu’il aura les mains totalement libres. Contrairement à Biden, Trump ne craint pas que le Premier ministre israélien lui nuise politiquement dans son pays. Même si les nouvelles relations entre les États-Unis et Israël seront biaisées et que l’influence du nouveau président sera bien plus grande que celle de ses prédécesseurs.
Trump avait déjà clairement indiqué dans une lettre à Netanyahu au plus fort de la guerre à Gaza qu’il souhaitait que celle-ci se termine au moment où il prendrait ses fonctions le 20 janvier 2025. Évidemment, il accepterait une issue qui pencherait largement en faveur d’Israël y compris le contrôle militaire de la bande de Gaza.
Le président sortant a également confirmé qu’il souhaitait un accord de cessez-le-feu au Liban si l’administration boiteuse de Biden ne parvient pas à un accord.
Seule incertitude, Netanyahu n’est pas sûr du soutien de Trump à sa priorité liée au dossier nucléaire iranien et à sa destruction. Tout conflit avec l’Iran peut impliquer les États-Unis et l’on sait que l’aversion pour les guerres étrangères est un élément essentiel de la politique étrangère du président élu. D’un autre côté, Netanyahu pourrait ne pas être en mesure de convaincre Trump de soutenir une attaque contre un pays qui, selon lui, prévoyait de l’assassiner.
L’Arabie saoudite se frotte les mains
Borger a souligné que l’Arabie saoudite est le deuxième vainqueur de la victoire de Trump car elle a investi massivement dans la famille Trump. Elle a désormais un allié fort à la Maison Blanche qui fera probablement pression en faveur d’un accord de normalisation saoudo-israélien qui serait ajouté aux Accords d’Abraham avec les autres États du Golfe.
Les responsables de l’administration Biden ont investi beaucoup de temps et d’énergie pour tenter de parvenir à un accord saoudo-israélien et soupçonnaient depuis le début que le prince héritier Mohammed Ben Salmane attendait Trump comme président pour le faire. Mais même pour le prince héritier, il ne sera pas facile de conclure un accord avec Netanyahu à un moment où Gaza est en train d’être détruite et où plus de 43 000 Palestiniens sont tués. Selon The Guardian, cette hésitation sera probablement temporaire et les forces croissantes de rapprochement entre certains États du Golfe, les États-Unis et Israël pourraient s’avérer plus fortes au cours des quatre prochaines années que les inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.