Rachid Mekhloufi, icône de l’AS Saint-Étienne (ASSE) et pionnier du football algérien, s’est éteint, le 8 novembre 2024, à l’âge de 88 ans. Considéré comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire du club, il a marqué les années glorieuses de l’ASSE, devenant son deuxième meilleur buteur avec 152 réalisations en 339 matchs.
Né en à Sétif, Mekhloufi rejoint l’ASSE en 1954 et propulse l’équipe vers son premier titre de champion de France dès 1957, à seulement 21 ans. Mais en 1958, en pleine carrière, il quitte la France pour rejoindre l’équipe du Front de libération nationale (FLN) en Tunisie, symbolisant la lutte pour l’indépendance algérienne. Durant cette période, il marque 43 buts en 40 matchs, sensibilisant la scène internationale à la cause algérienne.
De retour à Saint-Étienne en 1962, Mekhloufi contribue à une nouvelle ère de succès, remportant trois titres de champion de France supplémentaires (1964, 1967, 1968) et une Coupe de France en 1968. Il est également élu meilleur joueur du championnat en 1964, 1966 et 1967.
Jean-Michel Larqué, ancien coéquipier, lui a rendu hommage en le décrivant comme un «maître» et un «modèle».
Au-delà des terrains, Mekhloufi restera un symbole d’engagement et de passion, aussi bien pour l’ASSE que pour l’Algérie.
Bien que la reconnaissance par Emmanuel Macron de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi puisse être interprétée comme un geste symbolique important, certains observateurs estiment qu’il reste insuffisant pour atteindre une véritable réconciliation entre la France et l’Algérie.
Djamal Guettala
À l’occasion du 70e anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954, Emmanuel Macron a reconnu officiellement que Larbi Ben M’hidi, l’un des leaders emblématiques du Front de libération nationale (FLN), avait été assassiné par des militaires français en 1957 lors de la bataille d’Alger, marquant ainsi un tournant significatif dans la relation historique complexe entre la France et l’Algérie.
Dans un communiqué publié par l’Élysée, le président a souligné que Ben M’hidi, considéré comme un héros national en Algérie, a été tué sous le commandement du général Paul Aussaresses. Ce dernier avait admis son acte criminel dans les années 2000, contredisant la version officielle qui prétendait qu’il s’était suicidé.
Macron a déclaré que cette reconnaissance constitue un acte essentiel pour avancer vers une «mémoire apaisée et partagée» entre les deux pays. Il a ajouté que ce geste s’inscrit dans le cadre d’un dialogue continu entre Paris et Alger, initié par le président français et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. «Cette reconnaissance témoigne d’un engagement à poursuivre le travail de vérité historique», a indiqué le palais présidentiel.
Les relations franco-algériennes, encore marquées par les blessures de la guerre d’Algérie (1954-1962), ont souvent été tendues. Cependant, les récentes déclarations de Macron, y compris celles concernant d’autres figures comme Maurice Audin et Ali Boumendjel, montrent une volonté de la France d’affronter son passé colonial et d’engager un processus de réconciliation.
Risque de rejet d’une mémoire partagée
Cependant, ce type de reconnaissance arrive tardivement, à un moment où de nombreux témoins et victimes directes de la guerre d’Algérie ne sont plus en vie. Cette lenteur dans le processus de reconnaissance semble révélatrice d’une réticence de la France à faire face pleinement aux crimes et aux responsabilités de son passé colonial.
Pour beaucoup, la reconnaissance de cet assassinat reste avant tout un acte symbolique et n’engage pas la France à des réparations concrètes ou à des excuses officielles pour l’ensemble des violences subies par le peuple algérien.
L’appel de Macron à une «mémoire apaisée et partagée» peut également être perçu comme naïf. Les cicatrices de la guerre d’Algérie demeurent profondes, et nombre d’Algériens estiment que la reconnaissance de certains actes, bien que nécessaire, ne suffit pas pour effacer les injustices perpétrées pendant 130 ans de colonisation.
Pour certains, la réconciliation ne peut être sincère sans des actions concrètes en matière de justice réparatrice, et un effort plus profond pour faire la lumière sur l’ensemble des exactions commises par l’armée française.
D’un point de vue critique, la démarche de reconnaissance s’inscrit davantage dans une stratégie d’apaisement au profit de la France elle-même, cherchant à améliorer son image dans le monde.
Une façon de «blanchir» le passé colonial
Pour certains, ce processus de réconciliation est une manière pour l’État français d’éviter des demandes de compensation financière ou des poursuites judiciaires, tout en se montrant sous un jour favorable. En ce sens, cette reconnaissance partielle peut être perçue comme une façon de «blanchir» le passé colonial, sans jamais en assumer les réelles conséquences.
Larbi Ben M’hidi, né en 1923 dans les Aurès, a joué un rôle crucial dans l’organisation de la résistance algérienne contre la colonisation française. Responsable de la «zone autonome d’Alger» à partir de 1956, il est souvent décrit comme le «Jean Moulin algérien», en référence au héros de la résistance française contre l’occupation allemande, lui aussi exécuté par les occupants, et ce en raison de son charisme et de son leadership durant les combats.
Son arrestation le 23 février 1957, où il fut exhibé devant la presse menotté, a choqué l’opinion publique. Malgré les circonstances tragiques de sa mort, sa mémoire continue de vivre dans le cœur des Algériens, symbolisant le combat pour l’indépendance.