La Russie ravie par le «changement de cap encourageant» de Trump !
La conversation téléphonique entre l’émissaire américain Steve Witkoff et Iouri Ouchakov, le haut conseiller russe en politique étrangère, révélée par Bloomberg le 25 novembre dernier a déjà montré l’extrême connivence de l’administration américaine avec le pouvoir russe. Et au-delà du dossier ukrainien, c’est l’ensemble de la vision stratégique américaine qui semble ravir Moscou. Le Kremlin a salué la nouvelle stratégie de sécurité nationale de Donald Trump révélé la semaine dernière, la qualifiant de changement de cap encourageant et largement conforme à la pensée russe, rapporte The Guardian.
Imed Bahri
Ces déclarations font suite à la publication par la Maison-Blanche vendredi 5 décembre 2025 d’un document de 33 pages sur la stratégie de la sécurité nationale critiquant l’Union européenne (UE) et affirmant que l’Europe risque un effacement civilisationnel, tout en indiquant clairement la volonté des États-Unis d’établir de meilleures relations avec la Russie.
«Les ajustements que nous constatons correspondent à bien des égards à notre vision», a déclaré dimanche le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Il s’est félicité des signaux indiquant que l’administration Trump était favorable au dialogue et à l’établissement de bonnes relations. Il a toutefois averti que le prétendu «État profond» américain pourrait tenter de saboter la vision de Trump.
Ces déclarations interviennent alors que les efforts de la Maison-Blanche pour faire aboutir un accord de paix en Ukraine entrent dans une phase cruciale. Les responsables américains affirment être dans la phase finale des négociations mais rien n’indique que l’Ukraine ou la Russie soient disposées à signer l’accord-cadre élaboré par l’équipe de négociation de Trump.
Zelensky espère encore des garanties de sécurité
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu lundi 8 décembre à Downing Street pour une réunion à quatre avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand Friedrich Merz.
M. Zelensky a déjà sollicité le soutien de ses alliés européens lorsque la Maison-Blanche a tenté de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle accepte de céder de son territoire. Pour Kiev, la question cruciale est celle des garanties de sécurité qu’il obtiendrait en cas de renonciation au contrôle d’une partie de son territoire.
M. Zelensky a déclaré avoir eu un «entretien téléphonique substantiel» avec des responsables américains samedi soir, au terme de trois jours de discussions avec une délégation ukrainienne en Floride. Ces rencontres faisaient suite à la visite à Moscou, en début de semaine, des envoyés de Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner. Selon une source citée par Axios, l’appel a duré deux heures et a été difficile.
«L’Ukraine est déterminée à poursuivre sa collaboration de bonne foi avec les Américains afin de parvenir véritablement à une paix durable», a écrit M. Zelensky sur les réseaux sociaux. Il a déclaré que les deux parties avaient discuté des «points clés susceptibles de mettre fin à l’effusion de sang et d’éliminer la menace d’une nouvelle invasion russe à grande échelle».
Il n’est pas certain que les États-Unis ou l’Europe soient disposés à offrir les garanties de sécurité qui dissuaderaient véritablement la Russie d’envahir à nouveau le pays. Il est également peu probable que Vladimir Poutine accepte un accord impliquant le déploiement de troupes occidentales en Ukraine.
Depuis le début du second mandat de Trump, les responsables américains ont affirmé à maintes reprises être proches d’un accord viable mais ces affirmations se sont toujours révélées être de vaines promesses.
L’envoyé spécial sortant de Trump pour l’Ukraine Keith Kellogg a déclaré samedi lors d’un forum sur la défense que les efforts de l’administration pour mettre fin à la guerre étaient «dans les derniers mètres». Il a précisé que deux questions restaient en suspens : le territoire et le sort de la centrale nucléaire de Zaporijia.
Kellogg est considéré comme l’un des responsables américains les plus favorables à la position de Kiev mais il doit quitter ses fonctions en janvier et était présent aux pourparlers de Floride. Nombre d’autres personnes de l’entourage de Trump, dont son émissaire Witkoff, se sont montrées beaucoup plus ouvertes à l’adoption des positions russes. La conversation révélée par Bloomberg le 25 novembre dernier entre Witkoff et Ouchakov ont montré la connivence de M. Witkoff avec le pouvoir russe et a provoqué un tollé aux États-Unis.
Le tropisme russe de Trump
Le fils aîné de Trump, Donald Jr, a déclaré dimanche lors d’un forum à Doha que Zelensky poursuivait délibérément le conflit par crainte de perdre le pouvoir s’il prenait fin. Il a affirmé que les États-Unis ne seraient plus «l’idiot avec le chéquier». Donald Jr n’a jamais caché son aversion pour le président ukrainien, il avait écrit sur les réseaux sociaux au lendemain de la victoire de son père que Zelensky «allait perdre son argent de poche».
Quant à Donald Trump lui-même, son tropisme russe ne date pas d’hier. Ses liens avec la Russie datent des années 1980 et dans les années 1990, il a été renfloué par des fonds russes qui ont investi dans ses projets immobiliers pour lui éviter la faillite.
À Kiev, les analystes estiment que la situation n’est pas encore suffisamment grave pour que l’Ukraine soit contrainte de signer n’importe quel accord simplement pour éviter la poursuite de la guerre toutefois ils prévoient un hiver difficile et potentiellement sombre, la Russie continuant de cibler les infrastructures énergétiques, perturbant ainsi l’approvisionnement en électricité et en chauffage de millions d’Ukrainiens.
L’épuisement gagne du terrain alors que l’Ukraine entame son quatrième hiver de guerre totale. Affaibli par un scandale de corruption qui a touché de nombreux proches et entraîné la démission de son puissant chef de cabinet, Andriy Yermak, Zelensky est en proie à une vague de tensions.
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