Les Rencontres du Printemps du FMI démarrent dans moins de deux semaines à Washington DC (21 au 25 avril 2025) dans un contexte économique tendu et inédit. La Tunisie qui a officieusement «rompu» avec le Fonds monétaire international (FMI), hésite encore entre i) se rendre à Washington sans objectif et y perdre la face, ou ii) s’abstenir, aggravant le bras-de-fer avec le FMI, qui a mis la Tunisie sur sa liste noire des pays ayant fait «défection».
Moktar Lamari *
La Tunisie a besoin d’un accord avec le FMI, son économie chancelante ne peut risquer les conséquences d’un éventuel boycottage des Spring Meetings.
Il y a un proverbe tunisien qui résume la situation et les tensions régissant les péripéties des relations chancelantes entre la Tunisie et le FMI. Il dit en substance «Je ne t’aime pas, mais je ne peux pas me passer de toi». Ce proverbe s’applique, et pas à peu près.
«Stop and go»?
Depuis au moins deux ans, le discours officiel des autorités gouvernementales et monétaires fait croire que la Tunisie est opposée totalement à toutes les injonctions et conditionnalités du FMI. On bombe le torse de part et d’autre.
On fait tout pour dire à l’opinion publique tunisienne que la rupture avec le FMI est consommée, et la Tunisie doit compter uniquement sur elle-même et sur ses ressources propres… pour s’en sortir.
Un discours souverainiste pour haranguer les foules, avec des comportements alternants le «stop and go».
Une telle approche n’est pas nouvelle dans la diplomatie internationale, puisque conçue depuis plus de 40 ans, par des économistes américains opportunistes qui prônent les décisions discrétionnaires, au cas par cas, la chose et son contraire. Sans continuité et sans stabilité.
Dans les interactions, c’est la théorie des jeux qu’on applique en Tunisie, peut-être sans le savoir. Et sans anticipation rationnelle des comportements des parties prenantes.
Pour octroyer ses prêts et un sauf conduit à la Tunisie, l’institution du Bretton Woods exige des réformes structurelles engageantes et dont les impacts sont mesurables par des indicateurs, pour notamment réduire le déficit budgétaire, réduire la taille de l’État, supprimer progressivement les subventions, introduire plus de flexibilité dans le taux de change du dinar, entre autres exigences.
Niet, pas question, répond le président Kaïs Saïed qui plaide tous azimuts la «souveraineté», sachant que la Tunisie a besoin du feu vert du FMI pour accéder aux marchés financiers et pour bénéficier de plus de prêts et de dons internationaux. Si entente, les taux d’intérêt du FMI sont largement inférieurs à ceux des banques locales en Tunisie. Certainement deux fois moins chers.
La Tunisie aggrave son cas, aux yeux du FMI, en mettant en cause une loi ayant institué l’«indépendance» de la Banque centrale. Et en demandant à celle-ci de cofinancer les déficits publics. À juste titre, cette loi, initiée par un parlement islamiste en 2016, s’est avérée un fiasco lamentable.
La Tunisie a aussi reporté sine die les visites périodiques des équipes du FMI pour concertation et évaluation des équilibres et agrégats de la macroéconomie du pays. Ces visites sont régies par des accords institués dans le cadre de l’article IV, des conventions engageant les pays avec le FMI.
Malgré tout, le FMI a maintenu sa présence et représentation de haut standing en Tunisie (à Sidi Bou Said), en nommant à grands frais un représentant débutant, invisible dans les médias, inexistant dans l’univers de la recherche monétaire, et dont personne ne sait ce pourquoi il est en Tunisie.
Le paradoxe
Logiquement, et considérant ce positionnement politique et idéologique à l’encontre du FMI, on peut s’attendre à ce que la Tunisie boude les prochains Spring Meetings du FMI.
Mais, rien n’indique que, cette fois, la Tunisie ne va pas s’y rendre avec la délégation habituelle, et de haut niveau, constituée du gouverneur de la BCT et des ministres des Finances et de l’Économie.
Le président Kaïs Saied a convoqué, le 7 avril, successivement, la ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale, pour passer en revue les «défis économiques de l’heure».
Et à deux semaines des rencontres du FMI à Washington, on ne peut pas imaginer que les réunions aient évacué la décision de se rendre ou pas à Washington, pour participer à ces rencontres très importantes pour la gouvernance de l’économie mondiale.
Ces rencontres annuelles sont impactées directement par les politiques protectionnistes et tarifaires engagées par l’administration américaine. Les États-Unis sont le plus important actionnaire du FMI depuis 1944 et la victoire des Américains lors de la 2e guerre mondiale. Et sur ce plan, on peut s’attendre à tout durant ces réunions du printemps 2025.
Trump a gelé l’action et les budgets de l’USAID, le plus grand organisme d’aide au développement au monde. Il est capable de faire dire à son ministre des Finances qu’«il faut isoler les Chinois, les anti-Israël… et les punir en les excluant des aides du FMI ». Ainsi, le spectre de Trump plane sur ces Spring Meetings, comme une épée de Damoclès.
De facto, les fondamentaux du libre échange sont bafoués, brouillés et mis en échec par la guerre tarifaire, lancée par Trump. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) et probablement aussi le FMI vont perdre leurs repères et principes fondateurs.
Il convient de savoir dans ce contexte que la Tunisie sera impactée par une hausse des droits de douane de 28% sur 98% de ses exportations aux États-Unis, et qui frôlent 1,1 milliard de dollars annuellement.
Minimalisme versus maximalisme
Mais avant une participation d’une délégation tunisienne à ces réunions, on peut moduler le niveau de représentation et d’ordre de mission.
Mme l’ambassadrice de la Tunisie à Washington pourrait assumer un plus grand rôle dans les travaux de ces réunions. Elle connaît très bien les dossiers, et elle ne doit pas subir à chaque fois de nouveaux ministres sans expérience, et qui sont éphémères aussi bien l’un que l’autre, en tout cas, très peu préparés aux enjeux et défis économiques et monétaires qui se jouent actuellement dans cette guerre commerciale devant instaurer un nouvel ordre économique et monétaire.
Depuis trois ans, il y a eu dans ces délégations 4 ministres différents et deux gouverneurs de la BCT.
Il ne faut pas perdre de vue aussi que l’image de la Tunisie au sein de l’enceinte du FMI n’est pas à son meilleur niveau et que plusieurs responsables du FMI (Jihad Azour, Kristalina Georgieva et autres) ne portent pas la Tunisie dans leur cœur.
Défendre la cause de la Tunisie au sein du FMI ne peut pas se faire sans l’appui d’économistes tuniso-tunisiens, qui parlent peu, mais qui se font respecter par leurs écrits et preuves probantes pour montrer et démontrer les «erreurs et horreurs» historiques des institutions du Bretton Woods et leurs relais ou mercenaires en Tunisie et ailleurs dans le monde.
«Les relations de coopération entre la Tunisie et l’Alliance atlantique et les moyens de renforcer leurs mécanismes et d’élargir leur portée, notamment dans le cadre du Dialogue méditerranéen lancé en 1994» ont été au centre d’une réunion le 8 avril 2025 à Tunis.
Ces relations ont été au centre de l’entretien entre le ministre de la Défense, Khaled Shili, et le Représentant spécial du secrétaire général de l’’Otan pour le voisinage sud et Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et à la politique de sécurité, Javier Colomina.
Shili – lit-on dans un communiqué du ministère tunisien – a fait part de son appréciation des progrès réalisés dans la coopération militaire avec l’Alliance, soulignant les cadres juridiques et les multiples mécanismes de partenariat, notamment après l’octroi à la Tunisie du statut d’allié majeur (non membre) de l’Otan en 2015, qui ont contribué au développement des capacités opérationnelles des forces armées tunisiennes.
Dans ce contexte, le ministre a souligné l’importance d’élargir davantage cette coopération et de suivre la mise en œuvre des accords bilatéraux prévus, notamment dans les domaines de la formation et de l’échange d’expertise.
Il s’agit de répondre aux besoins de la phase actuelle, caractérisée par de multiples défis et une diversité de risques et de menaces régionales, notamment la migration irrégulière, la traite des êtres humains, la criminalité transfrontalière, le terrorisme et la contrebande, dans un cadre de respect et de confiance mutuels, conclut le communiqué.
La mission du Parc archéologique du Colisée (Rome, Italie) a commencé à El Jem, l’ancienne ville de Thysdrus, située dans le gouvernorat de Mahdia au centre-est de la Tunisie. Il s’agit d’une campagne de relevé et de documentation graphique et photographique des mosaïques du Musée et de la domus d’El Jem.
Cette ville antique a été construite, comme beaucoup d’autres établissements romains en Tunisie, sur le site d’anciens centres puniques, célèbres dans le monde entier pour les ruines de l’amphithéâtre ainsi que pour les nombreuses maisons et villas décorées de magnifiques mosaïques polychromes, de précieuses fresques, de jardins et de portiques à colonnades.
Le Parc l’a annoncé dans une note précisant que dans le cadre de l’accord de collaboration avec l’Institut national du patrimoine (INP) et l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC) signé en avril 2024, le Parc archéologique représenté par les responsables Federica Rinaldi et Angelica Pujia a lancé la campagne de relevé et de documentation graphique et photographique des mosaïques du Musée et de la domus d’El Jem, en particulier la Domus Sollertiana, la Domus del Pavone et la Domus dei Delfini avec les topographes dirigés par Pietro Gasparri.
Durant le séjour, quelques inspections de chantier ont également été réalisées à l’amphithéâtre d’El Jem pour vérifier d’éventuelles activités d’amélioration et d’accessibilité.
Les responsables du Parc archéologique du Colisée ont pu s’entretenir longuement avec leurs collègues tunisiens, notamment avec Anis Hajlaoui, inspecteur général, et Rachid Hamdi. Ils ont partagé les méthodes de travail et l’implication du personnel local pour l’échange de données et d’informations.
Cette première phase se poursuivra jusqu’à la mi-avril et, après le traitement des données topographiques et le relevé, ce sera le tour des interventions d’entretien extraordinaires sur les surfaces en mosaïque de la domus, prévues pour les mois de mai et juin.
Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée(Mucem) à Marseille s’apprête à accueillir une figure majeure du cinéma tunisien : Fatma Ben Saïdane, actrice et réalisatrice dont le parcours artistique et militant force le respect.
Invitée d’honneur de cette programmation exceptionnelle, Fatma Ben Saidane sera présente pour une série de projections, ponctuées par une masterclass exclusive le samedi 26 avril à 14h, en conversation avec le critique Samir Ardjoum (Microciné).
Née en 1952, l’actrice a su imposer son image et sa voix singulières au sein du paysage culturel tunisien. Que ce soit sur grand écran, à la télévision ou au théâtre, elle incarne depuis des décennies une vision exigeante et engagée de l’art. Son travail a traversé les frontières, tout en restant profondément enraciné dans la culture et l’histoire de son pays.
Un programme à son image
Le public pourra (re)découvrir quatre œuvres marquantes du cinéma tunisien contemporain, où se reflètent les tensions, les espoirs et les luttes d’une société en pleine mutation.
‘‘La télé arrive’’ de Moncef Dhouib (2006), comédie satirique sur l’image et les faux-semblants dans un village du sud tunisien, réveillé par l’annonce d’une visite télévisée internationale.
‘‘El Jaida’’ de Selma Baccar (2017), drame poignant sur quatre femmes emprisonnées à la veille de l’indépendance, symbole d’une Tunisie en quête de liberté et de reconnaissance.
‘‘Madame Bahja’’ de Walid Tayaa (2006), court-métrage cinglant et plein d’humour sur la solitude et le mépris institutionnel, suivi de la masterclass de Fatma Ben Saïdane.
‘‘Making of’’ de Nouri Bouzid (2006), portrait audacieux d’un jeune homme en rupture, happé par l’endoctrinement religieux – un film visionnaire sur la radicalisation.
Rendez-vous avec l’histoire et le présent
Au-delà des films, cette rencontre est l’occasion d’un dialogue entre générations, entre mémoires et actualité. À travers son regard, Fatma Ben Saïdane nous invite à penser l’art comme espace de liberté, de résistance et de transmission.
Toutes les projections se dérouleront en sa présence, offrant au public une chance rare d’échanger avec l’une des grandes dames du cinéma maghrébin.
Le taux de fécondité de la Tunisie, actuellement compris entre 1,6 et 1,7 (données 2023), est faible et en baisse mais reste relativement supérieur à celui enregistré dans les pays européens.
C’est ce qu’a déclaré Hafedh Chekir, expert international en démographie, lors d’une table-ronde organisée par l’Office national de la famille et de la population (ONFP) sur les mutations démographiques et l’égalité des sexes en Tunisie, laissant entendre que ce taux pourrait légèrement augmenter dans les années à venir mais restera probablement inférieur à 2%.
L’expert attribue ce déclin à l’évolution des priorités des jeunes, qui se concentrent de plus en plus sur leurs objectifs personnels, leur avancement professionnel et leur éducation plutôt que sur le mariage et la construction d’une famille.
Les panélistes ont souligné que la baisse du taux de fécondité en Tunisie est due à de multiples facteurs sociaux, démographiques et culturels, notamment la migration, la hausse des taux de divorce et le retard des mariages.
«Un taux de fécondité idéal pour soutenir une structure de population jeune devrait se situer entre 2 et 2,4», a souligné le directeur général de l’ONFP, Mohamed Douagi.
La chercheuse en sciences sociales Dorra Mahfoudh a reconnu le leadership de la Tunisie après l’indépendance dans la promotion des droits des femmes, en particulier dans la participation au marché du travail et l’accès aux rôles décisionnels, mais a déploré que «l’égalité des sexes reste insatisfaite, les femmes étant toujours confrontées à des taux de pauvreté et de chômage plus élevés que les hommes».
L’Algérie a exprimé ses «regrets» face à la position exprimée par les Etats-Unis, qui ont récemment réaffirmé leur soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc sous sa souveraineté comme «seule» solution possible au conflit du Sahara occidental.
Dans un communiqué publié mercredi 9 avril 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères a «déploré l’affirmation de cette position par un membre permanent du Conseil de sécurité», qui «devrait respecter le droit international en général et les résolutions du Conseil de sécurité en particulier».
Le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Marco Rubio, avait réitéré mardi que les Etats-Unis soutiennent le plan d’autonomie du Maroc comme «seule base pour une solution juste et durable» au conflit du Sahara occidental, lors d’une rencontre avec son homologue marocain Nasser Bourita.
Alger a rappelé dans son communiqué que le Sahara occidental est reconnu par les Nations Unies comme un «territoire non autonome» et a réitéré que sa décolonisation n’est pas encore achevée, critiquant également le fait qu’une puissance comme les États-Unis adopte une approche qui s’écarte du cadre juridique établi par les Nations Unies. «L’Algérie réitère que la question du Sahara occidental est fondamentalement liée à un processus de décolonisation inachevé et à un droit à l’autodétermination non réalisé», a-t-il ajouté.
Le Sahara occidental est un territoire contesté depuis 1975, après le retrait espagnol. Le Maroc propose une autonomie sous sa propre souveraineté, tandis que le Front Polisario appelle à un référendum d’autodétermination. La question reste sans solution sous les auspices de l’Onu.
Rappelons que les relations entre l’Algérie et la France passent par une période de tension après la reconnaissance par le président Emmanuel Macron de la «marocanité» du Sahara occidental lors d’une récente visite au Maroc.
Rappelons aussi que la Tunisie, qui a toujours observé une bienveillante neutralité dans cette affaire pour préserver la qualité de ses relations avec les deux pays maghrébins, a pris, depuis l’accession de Kaïs Saïed à la présidence de la république, fait et cause en faveur de l’Algérie et du Front Polisario, ce qui a provoqué un refroidissement – et le mot est faible – de ses relations avec le Maroc.
Le président de la République, Kais Saïed, a réaffirmé la profonde conviction de la Tunisie de l’unité du destin avec l’Algérie et son engagement inflexible à raffermir la tradition de concertation et de coordination entre les deux pays.Vidéo.
C’est ce que nous apprend le communiqué de la présidence de la république après la rencontre, mercredi 9 avril 2025, au palais de Carthage, entre le chef de l’Etat et le ministre d’Etat algérien, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf.
Selon le même communiqué, Saïed a également souligné une convergence de vues et de positions autour des questions régionales et internationales, notamment à la lumière de la conjoncture actuelle que connaissent la région et le monde, réitérant l’engagement de la Tunisie à consolider les liens de fraternité entre les deux pays dans les différents domaines, dont notamment, le développement des zones frontalières, l’augmentation des échanges commerciaux et la promotion des investissements.
La lutte contre la contrebande et la migration irrégulière a été également évoquée par le chef de l’Etat qui a insisté pour qu’elle soit menée selon une vision commune au service de l’intérêt des peuples tunisien et algérien.
Le président Saïed a saisi l’occasion pour rappeler que la visite effectuée par le ministre Attaf en sa qualité d’envoyé spécial du président algérien Abdelmadjid Tabboune, et qui survient à l’heure où la Tunisie célèbre la fête des martyrs, est un témoignage éloquent de l’unité de l’histoire, du présent et futur des deux pays.
Passant en revue la situation en Palestine, le chef de l’Etat a rappelé la position de principe de la Tunisie en faveur du peuple palestinien frère sur la voie de recouvrement de ses droits et l’édification de son Etat indépendant sur l’ensemble du territoire de la Palestine avec pour capitale la ville sainte d’Al-Qods.
Pour sa part, et selon une vidéo publiée sur la page facebook de la présidence, le responsable algérien a tenu à préciser que cette visite s’inscrit dans le cadre du souci de raffermir la tradition du dialogue et de concertation entre la Tunisie et l’Algérie.
Evoquant la situation en Afrique, Attaf a déclaré que qu’elle est «préoccupante» sur tous les plans, sécuritaires, politiques et économiques, citant en exemple les conflits récurrents qui sévissent dans le continent, tout particulièrement dans la région sahélo-saharienne.
Face à cette situation et aux défis constants, Attaf a souligné que la coordination tuniso-algérienne est désormais «non seulement nécessaire, mais aussi incontournable».
Tout en affichant un pessimisme envers une conjoncture régionale et internationale qui, a-t-il estimé, «ne présage rien de bon», l’envoyé spécial algérien a fustigé «l’érosion sans cesse grandissante» des principes et valeurs élémentaires du droit international, dont notamment le rôle des organisations internationales et l’Onu.
Evoquant la question palestinienne, il a souligné qu’elle connaît aujourd’hui une des étapes les plus graves de son histoire, soulignant qu’elle fait face à l’heure actuelle à un «défi existentiel.»
La cérémonie de clôture du projet de «Protection et réhabilitation des sols dégradés en Tunisie» (ProSol) s’est tenue mardi 8 avril 2025 à Tunis, au termede cinq ans de sensibilisation, de mobilisation et de mise en œuvre participative pour une gestion durable des terres agricoles dans le pays.
Cette mobilisation multi-acteurs, nationaux et régionaux, a été significative pour célébrer la clôture de ce projet, valoriser ses impacts, partager ses bonnes pratiques, capitaliser ses expériences et promouvoir la pérennisation de ses actions.
L’appropriation publique des approches et des résultats a été à l’ordre du jour alors qu’on annonce déjà le lancement d’un nouveau projet «Soil Matters» dans le cadre de la coopération tuniso-allemande.
La cérémonie s’est déroulée en présence de Haikel Hechlef, chef du cabinet du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche (MARHP), d’Elisabeth Wolbers, ambassadrice d’Allemagne, d’Ariane Borgsted, directrice régionale de la GIZ et de plusieurs responsables, partenaires, experts et acteurs du secteur agricole.
Menace à la productivité agricole et à la sécurité alimentaire
La Tunisie fait face, depuis des années, à une dégradation croissante des terres agricoles et à un risque élevé d’érosion, de déboisement, d’incendies, de pratiques inadéquates ou de pénurie d’eau, ce qui affecte non seulement la production alimentaire mais aussi la résilience des écosystèmes face aux impacts des changements climatiques.
Cette dégradation avancée est due principalement à l’insuffisance de la matière organique dans le sol qui déstabilise sa structure et réduit sa fertilité. La nouvelle situation pourrait entraîner une baisse de la productivité des sols et des rendements agricoles, menaçant ainsi l’autosuffisance alimentaire et le développement économique et social du pays.
Vu l’importance du secteur agricole en général et sa contribution considérable au PIB (10%), et afin de contrer les menaces de la sécheresse et de la dégradation du sol, il est urgent d’adopter les bonnes pratiques et de renforcer la résilience des écosystèmes naturels, agricoles et économiques. Le sol est une ressource finie et limitée, tout comme l’eau, et doit être ainsi conservé pour une utilisation présente et future.
Au niveau des fermes agricoles, les petits exploitants peinent à accéder au savoir-faire, aux compétences techniques et aux ressources financières, en vue d’appliquer les bonnes pratiques de la gestion durable des sols. C’est ainsi que ces thématiques de conservation, de protection et d’adaptation aux changements climatiques constituent des priorités clés dans les stratégies nationales.
Approche dynamique et innovante dans sept gouvernorats
Mis en œuvre depuis 2019 par la GIZ Tunisie, en partenariat avec le MARHP, représenté notamment par la Direction générale de l’aménagement et de la conservation des terres agricoles (DG-Acta) et les structures régionales, le projet ProSol a été implanté, sur cinq ans et demi, dans 7 gouvernorats du nord-ouest et du centre-ouest du pays: Béja, Jendouba, Siliana, Kef, Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine. Son objectif principal consistait à aider les petits agriculteurs à mettre en œuvre les meilleures pratiques de protection des sols et de réhabilitation des terres dégradées, ainsi que l’introduction d’instruments financiers appropriés et l’amélioration du cadre réglementaire. Il reposait principalement sur une approche dynamique qui implique tous les acteurs clés, sur le double plan national et régional, chacun avec son rôle, ses connaissances, ses motivations et ses capacités. Plusieurs conventions de partenariat ont été signées dans ce cadre.
Chamseddine Harrabi, chargé de la DG-Acta au MARHP, a déclaré que «la protection et la gestion adéquate des sols restent prioritaires dans les divers plans de développement agricole.» Et d’ajouter : «La stratégie d’Acta lancée en 2017 envisage, à l’horizon 2050, de développer des territoires ruraux prospères qui gèrent de manière durable les ressources naturelles».«La mise en œuvre efficace de cette stratégie nécessite des approches innovantes, un savoir-faire technique, une amélioration des connaissances et des services de conseils multidisciplinaires axés sur les besoins, outre une gouvernance participative qui implique tous les acteurs concernés et les groupes cibles. Dans ce sens, le projet ProSol a été d’un grand appui aux efforts de l’Etat tunisien», a-t-il enchaîné.
Initiative globale de la coopération allemande
Ariane Borgsted, directrice régionale de la GIZ, a pour sa part déclaré : «Nous sommes très fiers des résultats annoncés par le projet ProSol, qui témoignent de la bonne mobilisation des différents acteurs et l’implication parfaite des populations cibles et ce grâce à la coordination réussie avec les pouvoirs publics nationaux et régionaux. Nous félicitons tous nos partenaires et bénéficiaires, de ces acquis, tout en espérant poursuivre notre engagement et appui au développement du secteur agricole en Tunisie».
Il est à rappeler que le projet ProSol est mis en place dans le cadre de l’initiative One World, No Hunger (Un seul monde, sans faim, Sewoh) du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Ce programme mondial a été implanté dans sept pays partenaires de l’Allemagne: Tunisie, Kenya, Bénin, Ethiopie, Inde, Burkina Faso et Madagascar. Le but est de concrétiser des approches durables pour la protection des sols et la réhabilitation des terres dégradées, comme composantes essentielles de la politique de renforcement de la sécurité alimentaire.
Indicateurs et résultats atteints
«Durant plus de cinq ans, nous avons établi des approches participatives et innovantes de mise en œuvre, basées sur des tendances agro-écologiques et climato-intelligentes. Et c’est grâce aux différentes études prospectives et analytiques, aux mesures incitatives, à l’ancrage politique et institutionnel, à la gestion des connaissances et au renforcement des capacités, que les résultats du projet sont aujourd’hui visibles à tous les niveaux. Nos efforts communs doivent continuer sur cette base en impliquant davantage les agriculteurs mais aussi le secteur privé et les institutions financières en vue d’un soutien aux projets établis et la généralisation des bonnes pratiques de conservation de l’eau et du sol (CES)», a déclaré Tom Eickhof, chef du projet ProSol, auprès de la GIZ Tunisie.
Prenant fin en avril 2025,ce projet a contribué de manière significative à la gestion durable des terres agricoles et à la résilience des écosystèmes dans les zones d’intervention au nord-ouest et au centre-ouest du pays.
Voici les indicateurs clefs obtenus et recensés jusqu’au début 2025 :
– 12 018 ha de terres agricoles réhabilitées ou protégées, améliorant ainsi leur fertilité et leur capacité de rétention d’eau;
– augmentation de 36% en moyenne des rendements des sols réhabilités par rapport aux terres non traitées;
– 12% des femmes parmi les 13 073 ménages participants ayant constaté une amélioration de leur situation socio-économique grâce aux pratiques agro-écologiques;
– 7 mécanismes d’incitation intégrés dans les stratégies publiques et plans d’action pour pérenniser les actions de protection des sols;
– une étude de cas démontrant l’efficacité des approches agro-écologiques dans l’adaptation aux changements climatiques;
– 7 gouvernorats et 75 délégations touchées par ProSol;
– nombre de plants fruitiers distribués entre amandiers, oliviers et cerisiers: 110 000 pour 1065 agriculteurs bénéficiaires;
– 11 partenaires de mise en œuvre;
– 9 partenaires d’ancrage;
– 7 micro-projets soutenus;
– plus de 50 produits de communication technique et de vulgarisation élaborés et mis à disposition du grand public, sur le portail web de l’Onagri, dont 6 fiches de capitalisation et plus de 30 émissions radios sur la protection des sols.
Le projet ProSol a collaboré étroitement avec les agriculteurs, les coopératives, les associations, les petites et moyennes entreprises et les communes locales pour une gestion collaborative et inclusive des sols. Il a ainsi contribué à renforcer la gouvernance locale, en associant les populations rurales et en soutenant la création d’alliances stratégiques pour la durabilité des résultats obtenus.
En collaboration avec 17 partenaires d’exécution et d’ancrage, étatiques, privés et associatifs, ProSol a introduit des pratiques agro-écologiques durables, telles que l’utilisation des petites machines, l’introduction de légumineuses, la rotation des cultures, le compostage, le semis direct et l’agroforesterie pour améliorer la fertilité des sols et leur résilience face aux changements climatiques. Il a également renforcé les compétences techniques des agriculteurs et favorisé l’innovation dans la gestion des sols.
Les acquis du projet ProSol serviront de base solide pour la mise en œuvre d’un nouveau projet intitulé «Soil Matters» (importance du sol) de la coopération allemande. Ce dernier, tout en s’appuyant sur l’héritage des expériences du projet précédent, mettra l’accent sur le rôle crucial du secteur privé dans la promotion des pratiques agro-écologiques.
Je ne suis pas gynécologue et je ne suis en rien, sur le plan personnel, concerné par le vaccin contre lesinfections à papillomavirus humain (HPV), mais les nouveautés scientifiques m’ont toujours intéressé. J’ai vu comme beaucoup d’entre nous quelques publications et quelques argumentations pour ou contre ce vaccin.
Dr Monem El Achkham *
Certaines de ces publications ont été partagées sur de très valables groupes de la profession médicale. Nous avons été quelques-uns à vouloir se faire une idée de ce vaccin, ayant la chance d’avoir des spécialistes parmi nous, surtout qu’étant médecin et de n’importe quelle spécialité, nous sommes toujours sollicités par nos patients afin de les aider à prendre une décision.
Je me disais naïvement que ça allait être argument contre argument, étude contre étude et statistique contre statistique et quel était ma surprise de voir que le premier argument qui nous a été servi : vous n’êtes même pas de la spécialité de quoi vous mêlez-vous?
Inutile de dire que c’était tout sauf un débat scientifique, surtout de la part d’une nouvelle caste de médecins en émergence qui monopolise les médias et qui, vraisemblablement, à défaut de maîtriser le débat scientifique avec ses codes, lui préfèrent la réponse du berger à la bergère.
Vous me diriez que c’est dans notre nature, nous Tunisiens, et je crois malheureusement que c’est vrai. On n’est pas dans l’échange réfléchi, dans le raisonnement structuré, nourri par les connaissances académiques avisées et éclairées.
On est dans l’émotion, dans le passionnel et le passionné et si on ne se ressaisisse pas, cela m’étonnerai menu qu’on ne se donne en spectacle, étant réellement bien parti pour rivaliser avec les débats parlementaires de 2019.
De stupides joutes verbales
Fait étrange et inhabituel et je ne sais pas si on devrait se réjouir ou s’inquiéter, le Conseil national de l’ordre des médecins a réagi en un temps record! Ça pourrait être une excellente initiative si l’Ordre décide de se saisir de ce genre de dossier avec une aussi remarquable vivacité, à condition que ce soit valable pour tout ce qui s’écarte de la «based médecine évidence», sauf que là, il va falloir se dévouer et vaquer à cette tâche et uniquement à cette tâche.
Etant donné que notre objectif central et primordial ne pouvait être que l’importance du préjudice de ce genre d’écart sur la santé du citoyen, ainsi que les conséquences budgétaires qui en découlent,
Je peux vous affirmer que notre confrère qui passe à la télévision à une heure de grande écoute, qui disserte sur la longueur d’onde de la graine de nigelle qui lui permet de traiter hypertension artérielle, diabète et qui aurait pu sauver feu Ben Rekhissa d’un infarctus massif s’il avait été là-bas ou même en transmettant les dites longueurs d’ondes par téléphone, ceux qui prétendent traiter les maladies les plus fréquentes et qui constituent un vrai enjeu de la santé publique par la «hijama, la réflexologie et pourquoi pas le shiatsu», ces publicités continues qui conseillent aux diabétiques et sans impunité aucune de troquer leurs insuline contre un remède miracle prouvé et saboté par les médecins qui ont peur pour leurs gagne-pain, disaient-ils, sont de loin plus ravageurs et rationnellement plus prioritaires.
Mon seul souhait serait que cette réactivité louable ne soit pas juste l’influence des gynécologues qu’ils soient dans le Conseil de l’ordre ou à l’extérieur, par connivence et que ce ne soit pas ça, qui était à l’origine de ce précédent.
Maintenant, revenons au vaccin : sincèrement, je dois avouer que je suis reconnaissant à ce brouhaha de m’avoir poussé à me faire une idée en me fiant au gens qui travaillent et qui publient et non pas aux gens qui animent de stupides joutes verbales.
Une évaluation pourrait s’avérer nécessaire
Ce vaccin est apparemment protégé par un brevet et donc sa composition exacte reste inconnue, cependant il a été validé par toutes les hautes instances de santé. Son efficacité est logiquement évidente même si l’argument statistique de celle-ci et de son innocuité ne pourra être formellement prouvé que la prochaine décennie.
Si ce vaccin nous vient sous forme d’une aide à la Tunisie, il faut absolument en profiter et je le conseille naturellement à ceux qui veulent m’entendre. Si, en revanche, ce vaccin a été acheté par le ministère de la Santé pour que la Tunisie figure parmi les dix premiers pays vaccinés afin de mériter le qualificatif de pays émancipé, et que ça se fasse sur le dos des maladies chroniques en manque de traitement et des cancéreux qui voient leurs tumeurs s’aggraver par manque de chimiothérapie faute de budget, je dirai qu’on sera en droit de demander une évaluation de ce que ça nous aura coûté en vies humaines ce maigre présent et si on en a vraiment sauvé plus qu’on en a sacrifié.
Quoi qu’il en soit, de grâce, reprenez-vous, affûtez vos arguments, revoyez vos basiques et j’espère que ce n’est pas comme ça que vous espérez convaincre le Tunisien moyen de faire vacciner sa fille. En vous voyant faire, il n’est point besoin d’être le descendant direct de Lacan, pour comprendre que c’est votre ego qui l’emporte sur l’intérêt public et si notre seul but avait été de tout foirer, on ne s’y prendrait pas autrement.
Naïma Kefi, première épouse de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, est décédée dans ce mercredi 9 avril 2025. Sa discrétion était très appréciée des Tunisiens, même ceux qui étaient très hostiles à son ex-époux.
La défunte, fille d’un militaire, avait partagé la vie de Ben Ali pendant une vingtaine d’années. Elle lui a donné trois filles : Ghazoua, épouse de Slim Zarrouk, Dorsaf, épouse de Slim Chiboub et Syrine, épouse de Marouane Mabrouk, et a accompagné son ascension au sein de l’armée – qu’il avait intégrée au lendemain de l’indépendance en 1956 – et politique jusqu’à son accession à la présidence de la république, après avoir destitué Habib Bourguiba, suite au fameux coup d’Etat médico-légal, le 7 novembre 1987. En 1992, elle avait demandé et obtenu le divorce, refusant de partager son époux avec celle qui fut longtemps sa maîtresse avant de devenir sa légitime, l’inénarrable Leïla Trabelsi, et qui a accompagné ce dernier dans son exil en Arabie saoudite, où elle vit depuis la révolution du 14 janvier 2011.
Pendant les années où elle a résidé au Palais de Carthage (1987-1992), Naïma Kefi était très peu apparue en public aux côtés de son époux de président. Cette discrétion était très appréciée des Tunisiens, parce qu’elle tranchait avec la flamboyance de Wassila Ben Ammar qui avait presque partagé le pouvoir avec Habib Bourguiba.
Naïma était très proche de ses filles, dont les époux ont été malmenés et traînés devant la justice après la chute de Ben Ali. Mais elle a toujours refusé de faire des déclarations publiques ou de témoigner pour l’histoire, et ce ne sont pas les sollicitations des médias tunisiens et étrangers qui ont manqué. Avec sa mort, un pan entier de l’histoire de la Tunisie disparaît à jamais.
L’Espérance de Tunis va-t-elle regretter de s’être séparée de son ancien entraîneur Miguel Cardoso, qui l’avait conduite, l’année dernière, à la finale de la Ligue Champions de la CAF, et qui l’a battue cette année en quart de finale de la même compétition, à la tête d’une autre équipe, Mamelodi Soundowns ?
Il y a en effet de quoi avoir des regrets, les Sang et Or s’étant montrés très brouillon depuis le départ du Portugais dont les deux successeurs, Laurențiu Reghecampf et Maher Kanzari n’ont pas réussi à faire oublier.
On reprochait à Cardoso son jeu trop défensif, oubliant qu’il était privé, l’année dernière, des armes offensives dont le club bénéficie cette année, grâce aux nombreux recrutements effectués dans ce compartiment de jeu, et qu’il a dû se débrouiller avec les moyens du bord. Ce qui ne l’a pas empêché de remporter le championnat de Tunisie et d’atteindre la finale de la Ligue des Champions qu’il a perdue d’un cheveu face à Al Ahly d’Egypte.
Grâce à sa science du jeu, le Portugais a réussi, cette année, à améliorer le jeu défensif de Mamelodi Sundowns que l’Espérance avait battue l’année dernière au niveau des demi-finales, et en Afrique du Sud même.
Autant donc la direction de l’Espérance de Tunis s’était trompée sur toute la ligne dans ses choix techniques en se séparant de Cardoso, autant celle du Mamelodi Soundowns a fait le bon choix en faisant appel à cet homme pour rehausser le jeu son équipe et le doter de la solidité défensive qui lui avait manqué jusque-là.
Hier soir, mardi 8 avril 2025, suite à l’élimination des Sang et Or par Soundowns au terme d’un match encore une fois dominé par les Sud-Africains, les supporters tunisois avaient donc de bonnes raisons d’être en colère contre leur équipe qui, non seulement n’a pas progressé malgré les nombreux recrutements effectués, mais elle a beaucoup régressé et perdu ses repères suite aux fréquents changements effectués à la tête de sa direction technique.
Au vu de l’évolution en dents de scie de l’équipe, Maher Kanzari a du pain sur la planche. Reste à savoir s’il ne va pas connaître lui aussi le sort de ses prédécesseurs, entrés en grande pompe et sortis par la petite porte, une pratique en passe de devenir une (mauvaise) habitude à l’Espérance de Tunis.
L’Agence foncière d’habitation (AFH) bénéficiera d’un prix préférentiel avec une réduction de 70% lors de l’acquisition de terrains relevant du domaine privé de l’Etat ou des collectivités locales pour la réalisation de lotissements urbains.
Un arrêté conjoint du ministre de l’Equipement et de l’Habitat et du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières publié, mardi 8 avril 2025, dans le Journal officiel de la République Tunisienne (Jort), fixe les conditions et procédures d’acquisition par l’AFH des terrains relevant du domaine privé de l’État ou des collectivités locales à un prix préférentiel.
En vertu de cet arrêté, l’AFH affectera au moins 50% du nombre de lots réalisés sur le terrain acquis au prix préférentiel mentionné à l’article premier dudit arrêté, au profit des catégories à revenu limité.
Au sens du présent arrêté, les catégories à revenu limité désignent tout individu dont le revenu brut mensuel n’excède pas trois fois le salaire minimum professionnel garanti à la date d’attribution du lot. En l’existence d’un conjoint, il est exigé que le revenu mensuel brut de celui-ci ne dépasse pas également trois fois le salaire minimum professionnel garanti.
Le bénéficiaire ne peut profiter du lot qu’une seule fois et il est exigé que ni lui ni son conjoint ne soient propriétaires d’un bien immobilier.
En outre, il ne peut cumuler cet avantage avec d’autres similaires dans le cadre d’autres mécanismes ayant le même objet.
L’AFH est tenue d’appliquer la réduction prévue à l’article premier de l’arrêté lors de la fixation du prix de vente des lots aux catégories à revenu limité.
Les Journées romaines d’El Jem ou Thysdrus (son nom à l’époque romaine) reviennent les 10 et 11 mai 2025 à l’amphithéâtre romain d’El Jem (Mahdia), également connu sous le nom de «petit Colisée».
Les organisateurs de «We Love El Jem» ont lancé une campagne de financement participatif pour promouvoir l’événement en collaboration avec l’association française Bagaconervio.
Pendant deux jours, le célèbre amphithéâtre romain, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, sera le théâtre de spectacles uniques dans un cadre historique à couper le souffle.
Le programme comprend un défilé militaire romain, des combats de gladiateurs organisés en collaboration avec Bagaconervio, des ateliers interactifs (mosaïques, céramiques, monnaies, etc.), un marché d’artisanat romain et des projections de films.
L’initiative vise à enrichir les Journées Romaines de Thysdrus en attirant de nouveaux experts spécialisés dans la période romaine, ainsi que des artisans, des artistes (danseurs, musiciens) et des chevaliers désireux de partager leur passion et leur savoir-faire.
L’objectif est également de faire des Journées Romaines de Thysdrus un événement incontournable en Tunisie, en investissant dans la conception des costumes, la fabrication de chars romains, la scénographie, la gestion technique et tout le matériel nécessaire pour rendre le festival encore plus spectaculaire et faire découvrir aux visiteurs cette région du Sahel tunisien, devenue une destination prisée des visiteurs heureux de suivre les traces des empereurs, des gladiateurs et des artisans, rappelant la grandeur d’une ville qui reste l’un des joyaux du patrimoine tunisien.
Sur les hauteurs du mont Semmama, dans le gouvernorat de Kasserine, au centre-ouest de la Tunisie, se déroulera du 9 au 13 avril un festival original, célébrant la culture des bergers nomades dans l’une des régions les plus marginalisées du pays.
Le mont Semmama était, il y a quelques années encore, un repaire de terroristes qui faisaient régner la terreur parmi les habitants de ces régions montagneuses du centre-ouest de la Tunisie. C’est devenu aujourd’hui, un espace de paix, de convivialité et de créativité. Grâce notamment au poète et activiste culturel Adnan Helali, qui a fondé ici en 2018, avec l’aide internationale, un centre culturel dédié aux enfants et aux jeunes comme lieu de rencontre pour les artistes et les artisans.
Parmi les protagonistes de cette 13e édition de la Fête des Bergers à Semmama, il y aura également une délégation des Abruzzes (Italie) composée d’artistes, d’artisans et de musiciens.
Ensemble, ils porteront le cœur des Apennins au cœur du Maghreb, dans une rencontre symbolique entre des mondes pastoraux qui – bien qu’éloignés – partagent des défis communs : le dépeuplement, l’abandon des hauts plateaux, la difficulté de transmettre des savoirs anciens. Mais aussi la beauté, la créativité et l’espoir de ceux qui continuent de marcher sur les traces des bergers, soulignant combien la transhumance est un héritage qui rassemble.
Dans les Abruzzes, la transhumance – reconnue par l’Unesco comme patrimoine culturel immatériel – représente depuis des siècles le cœur battant de la civilisation agro-pastorale en Italie.
La Fête des Bergers est aussi un laboratoire social et artistique à ciel ouvert. Excursions, spectacles, ateliers d’artisanat, de peinture, de sculpture et de danse animeront le village pendant des jours, les habitants devenant protagonistes et guides, et les visiteurs impliqués dans des activités écologiques, puisque l’ensemble de l’événement est conçu dans une optique de durabilité et de respect de l’environnement.
L’un des moments les plus attendus de cette édition sera Carnav’halfa, un carnaval éco-durable prévu le dimanche 13 avril, avec des répétitions également prévues le 27 juin lors de la Nuit des Idées à Tunis. Les costumes, fabriqués à partir de matériaux de montagne – tels que des fibres de halfa, des peaux de mouton, du bois et de l’argile – seront portés par des acteurs, des musiciens et des danseurs. L’âme du carnaval ? Les «poupées halfa», protagonistes d’un conte pour enfants écrit par l’écrivain turc Ongul, symbole de la résilience des femmes des montagnes tunisiennes.
Nous reproduisons ci-dessous le communiqué publié à Tunis, le 8 avril 2025, par six détenus politiques de l’affaire dite du «complot contre la sûreté de l’Etat», qui ont entamé une nouvelle grève de faim pour exiger le droit à un procès équitable.
Nous, personnes injustement poursuivies dans ce que l’on appelle l’affaire du complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État, et face à l’obstination des autorités à maintenir une politique d’opacité visant à masquer les falsifications et à dissimuler la vérité, en protestation contre notre exclusion du procès après plus de deux années de détention arbitraire, de privation du droit de contester les fausses accusations et les procès-verbaux falsifiés, et en réaffirmant notre refus de voir le ministère de la Justice continuer de gérer le dossier en interdisant toute couverture médiatique, en ayant recours à des témoins anonymes et en organisant un procès dépourvu des garanties minimales d’un procès équitable, et en nous accrochant à nos droits légitimes et à notre responsabilité nationale, nous annonçons ce qui suit :
– nous entamons une grève de la faim ;
– nous rejetons catégoriquement toute participation à une procédure judiciaire qui ne respecte pas les conditions élémentaires d’un procès équitable et refusons donc de comparaître à distance à ces audiences simulées;
– nous appelons les forces nationales, les organisations de la société civile et toutes les consciences libres à élever leur voix contre l’instrumentalisation de la justice à des fins de répression politique et à défendre le droit du peuple tunisien à la liberté et à la démocratie;
– nous saluons le rôle joué par nos comités de défense et appelons l’ensemble des avocats à poursuivre leur mobilisation contre l’injustice et pour le droit à un procès équitable.
Signataires : Issam Chebbi Abdelhamid Jelassi Khayam Turki Ridha Belhaj Ghazi Chaouachi Jaouhar Ben Mbarek (en grève de la faim depuis le 30 mars 2025).
La librairie Al-Kitab de Mutuelle-ville organise le jeudi 10 avril 2025 à 16h30, la présentation du dernier essai politique de Salah El-Gharbi publié en arabe: ‘‘Al Arab wal kadhya zamana El dhayaâ’’ (Les Arabes et leur cause à l’ère de la perdition).
L’ouvrage sera présenté par le professeur Tahar Manaï, et la présentation sera suivie d’un débat en la présence de l’auteur et d’une séance de dédicace.
Professeur universitaire spécialisé en langue et littérature françaises, Salah El-Gharbi est aussi écrivain, auteur de plusieurs romans, et analyste politique.
L’auteur analyse dans son ouvrage, en termes crus et sans complaisance, les causes de l’échec des Arabes dans la défense de leurs causes en général et de la cause palestinienne en particulier. Il constate qu’au sortir des siècles de décadence, les prémices de la renaissance au 19e siècle ont donné beaucoup d’espoir aux peuples de la région qui ont espéré que la libération de la colonisation au cours de la première moitié du 20e siècle allait apporter la liberté, le progrès et la prospérité. Or, il n’en fut rien.
Selon Salah El-Gharbi, les Arabes ont raté le coche, en s’engouffrant dans le piège des questions identitaires, entre nationalisme et islamisme, et en établissant des relations problématiques avec le reste du monde, ratant au passage les seules révolutions qui les auront sortis du sous-développement, celles de la liberté, du droit, de la démocratie et du développement économique et sociale.
L’Union européenne (UE) et la Tunisie appliquent les règles d’origine préférentielles révisées négociées dans le cadre de la Convention paneuro-méditerranéenne (PEM) à partir du 1er mars 2025.
L’UE le rappelle dans un communiqué, où elle explique que l’objectif de ces nouvelles règles est d’assouplir les dispositions par rapport à la Convention PEM de 2012, facilitant ainsi l’obtention du statut d’origine pour les marchandises tunisiennes exportées vers l’UE.
Les nouvelles règles, applicables à tous les produits couverts par l’accord d’association UE-Tunisie, permettront aux marchandises tunisiennes de bénéficier des exonérations de droits de douane prévues par l’accord lui-même.
D’autres flexibilités sont également prévues, à savoir des exemptions, notamment pour le secteur du textile et habillement, et de nouvelles possibilités relatives au perfectionnement passif (transformation de marchandises en dehors de l’UE en vue d’une réimportation ultérieure) et aux tolérances (pourcentage autorisé de matières non originaires). De nouvelles règles de transformation ont également été définies, notamment pour les tissus, qui peuvent acquérir plus facilement le statut de produit d’origine.
Les nouvelles dispositions visent à permettre à un plus grand nombre de produits tunisiens d’accéder plus facilement au marché européen, renforçant ainsi l’intégration industrielle entre la Tunisie et l’UE.
Des dizaines de migrants se sont rassemblés devant le siège de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Lac1 à Tunis, pour demander l’accélération des procédures de rapatriement volontaire vers leurs pays d’origine.
La nouvelle a été rapportée, le 7 avril 2025, par la télévision nationale tunisienne, faisant référence à la nouvelle de l’expulsion par les autorités, la semaine dernière, des camps de fortune de migrants subsahariens, dans les zones d’El-Amra et de Jebeniana, dans le gouvernorat de Sfax.
L’opération d’expulsion a concerné environ 20 000 migrants irréguliers, selon la direction de la Garde nationale, dans le but de libérer les oliveraies occupées illégalement et de les restituer à leurs propriétaires légitimes.
Les autorités, en collaboration avec le Croissant-Rouge tunisien, le ministère de la Santé et la Protection civile, fournissent une assistance médicale aux migrants en attente de leur retour en toute sécurité dans leur pays d’origine, et des mesures de coordination ont également été activées avec les autorités régionales pour fournir un hébergement temporaire aux femmes enceintes et aux enfants.
Les agriculteurs de la délégation d’El-Amra expriment un optimisme prudent après que les autorités ont évacué les camps de migrants irréguliers. L’agence Tap rapporte que les agriculteurs ont commencé à préparer leurs terres pour la culture après une interruption de trois ans.
Alors que la vie revient à la normale à El-Amra et Jebeniana, l’activité agricole a repris et les camps de migrants autrefois surpeuplés près des terres agricoles sont désormais vides. Les plages de la région sont jonchées de restes de bateaux de fortune en fer.
Le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, a confirmé que l’opération se poursuivra jusqu’à ce que tous les migrants irréguliers soient expulsés des terres agricoles privées, soulignant que l’expulsion s’est déroulée sans affrontements.
La campagne conjointe de la Garde nationale et de la Sécurité publique a permis de démanteler les plus grands groupes de camps à Henchir 24 (village de Ktetna, El-Amra) et Ben Farhat, entre autres. L’opération a été lancée en réponse aux plaintes des agriculteurs auprès des autorités concernant la récupération des terres occupées par les migrants subsahariens dans des campements informels. Après des semaines de préparation, la campagne a donné la priorité aux mesures humanitaires, en négociant dans un premier temps avec les migrants pour encourager l’évacuation volontaire, a écrit Tap.
Le rachat des Ciments Jbel Oust par une filiale du géant chinois CNBM est-elle une bonne nouvelle pour la Tunisie? La réponse ne coule pas de source et nécessite une analyse objective des retombées positives et négatives d’une telle opération, tant en termes économiques que géopolitiques et de souveraineté nationale.
Dr. Sadok Zerelli *
Décidément, le Président Kaïs Saïed n’arrête pas de nous surprendre; alors que la sauvegarde de la souveraineté nationale constitue le thème central et le leitmotiv de tous ses discours, on se réveille un matin et qu’est-ce qu’on apprend : les Ciments Jbel Oust, deuxième producteur et un des fleurons de l’industrie du ciment en Tunisie, a été rachetée par l’entreprise chinoise Sinoma Cement, filiale du groupe China National Building Material (CNBM).
Pire, alors qu’il s’agit d’une entreprise tunisienne située sur le sol tunisien, on apprend cette nouvelle par l’ambassadeur de Chine en Tunisie, Wan Li, alors qu’il aurait été plus approprié ne serait-ce que pour préserver «l’eau du visage» (selon l’expression arabe) que ce soit le ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie qui l’annonce ou cette agence Tap qui nous inonde chaque jour des moindres faits et gestes du président mais qui passe à côté d’une nouvelle aussi importante.
Une fois l’effet de surprise passé, je me suis mis à «fouiner» dans les profondeurs de la «toile» à la recherche de toute information susceptible d’éclairer ma lanterne et de répondre à la question que nous nous posons tous : faut-il se réjouir ou au contraire s’inquiéter de l’arrivée de cet investisseur chinois, qui sera certainement suivi par d’autres, étant donné que CNBM est une entreprise publique et que son implantation en Tunisie n’est donc certainement pas politiquement neutre et doit constituer une composante de la stratégie chinoise de s’implanter en Afrique du Nord et dans d’autres régions d’Afrique, objets de convoitises et de compétitions internationales acharnées, en particulier entre les Etats-Unis et la Chine ?
Pour répondre à cette question, je vais d’abord analyser la place qu’occupe les Ciments Jbel Oust dans le secteur des ciments en Tunisie, présenter l’investisseur chinois qui l’a rachetée, analyser les retombées positives ou négatives potentielles d’un tel rachat pour la Tunisie avant de terminer par une analyse de son impact géopolitique et diplomatique.
Le secteur cimentier constitue l’épine dorsale du secteur du BTP qui constitue 7% du PIB et joue un grand rôle économique et social à travers la grande masse de main d’œuvre non spécialisée qu’il emploie. Il comporte 12 producteurs dont les principaux sont :
Carthage Cement, leader du marché avec une part de 28%, a enregistré en 2024 une légère baisse de 2% de son chiffre d’affaires global, atteignant 421 millions de dinars. La production de clinker a augmenté de 1% pour atteindre 1,574 million de tonnes, tandis que celle de ciment a progressé de 3% à 1,822 million de tonnes. Les ventes locales ont augmenté de 2% à 346 millions de dinars, mais les exportations ont chuté de 57 à 40 millions de dinars, en raison d’une stratégie de limitation des ventes de clinker à l’international face à des conditions de marché moins favorables.
Les Ciments de Bizerte a traversé une période difficile. La production de clinker a été totalement suspendue en 2024 en raison de difficultés financières empêchant l’importation de coke de pétrole, combustible essentiel au fonctionnement du four. La production de ciment a chuté de 62,3% au quatrième trimestre, atteignant 28 627 tonnes contre 75 934 tonnes à la même période en 2023. Le chiffre d’affaires annuel a plongé de 65,5%, passant de 91,3 millions de dinars en 2023 à 31,4 millions de dinars en 2024.
Les Ciments Jbel Oust, fondée en 1978 et située à environ 40 km au sud de Tunis dans le gouvernorat de Zaghouan, est l’un des principaux producteurs de ciment en Tunisie. La capacité annuelle de production de la cimenterie est de 1,8 million de tonnes de ciment et 1,5 million de tonnes de granulats.
Historiquement, la Tunisie a été en situation de surproduction de ciment, ce qui a conduit les Ciments Jbel Oust à exporter son excédent vers l’étranger. En 2021, le ciment représentait 44% des exportations du secteur des matériaux de construction, de la céramique et du verre, avec la Libye, l’Italie et l’Algérie comme principaux marchés.
Toutefois, en raison de la hausse des coûts de production, notamment ceux du gaz et du pétrole, la production nationale de ciment est actuellement limitée à 6 millions de tonnes par an, correspondant tout juste à la demande locale.
Présentation de CNBM
China National Building Material Group Co., Ltd. (CNBM) est une entreprise publique chinoise spécialisée dans les matériaux de construction. Fondée en 1984, elle est aujourd’hui le plus grand producteur de ciment et de plaques de plâtre en Chine, ainsi qu’un des plus grands fabricants de fibre de verre au monde. Elle emploie 150 000 salariés et son chiffre d’affaires annuel est de 60 milliards de dollars, qui dépasse largement le PIB de toute la Tunisie (48,5 milliards de dollars en 2024). Autant dire que CNBM est un acteur majeur en Asie, en Afrique et en Europe et qu’elle possède de nombreuses usines en Chine, mais aussi des investissements dans d’autres pays, notamment via des acquisitions de cimenteries.
L’achat des Ciments Jbel Oust s’inscrit certainement dans une stratégie globale d’expansion en Afrique et en Méditerranée. CNBM pourrait utiliser cette acquisition pour:
– renforcer sa présence en Afrique ;
– exploiter les ressources locales et optimiser la production;
– utiliser la Tunisie comme base d’exportation vers la Chine ou d’autres pays africains, selon l’évolution du cours international du ciment et de la parité du de la monnaie chinoise, le yuan, par rapport au dollar.
Les modalités de la transaction
Tout d’abord, il est important de noter qu’il ne s’agit point d’un investissement dans un nouveau projet créateur de nouveaux emplois et de nouvelles richesses, mais bien d’un changement de propriétaire (actionnaire majoritaire) à la suite d’une transaction d’achat. Cette transaction a eu lieu en bourse au mois d’août 2024 selon laquelle CNBM avait acquis, par le canal de sa filiale Sinoma Cement, la part du cimentier multinational brésilien Votorantim Cimentos qui l’avait achetée à son tour à d’investisseurs portugais en 2012. Le montant de la transaction, qui inclut la filiale Granulats Jbel Oust (GJO) est de 100 millions de dollars.
Est-ce un bon prix ?
Il est difficile de répondre d’une façon précise à cette question vue l’opacité pour ne pas dire le secret qui ont entouré cette opération d’achat en bourse et en particulier la non publication de ses bilans annuels pour que l’on puisse en analyser l’actif et le passif ainsi que les ratios d’équilibre financier, d’endettement, de rentabilité des fonds propres, etc.
Cependant, il est possible de raisonner en termes de valeur basée sur sa capacité de production qui s’élève à 1,8 million de tonnes de ciment par an. Or, dans l’industrie, les valorisations des cimenteries varient entre 50 et 150 dollars par tonne de capacité. À ce ratio, la valeur estimée se situerait entre 90 et 270 millions de dollars. Un prix de 100 millions de dollars positionne donc cette acquisition dans la partie basse de la fourchette, suggérant une «bonne affaire pour l’acheteur».
Un rationnement en termes de rentabilité et chiffre d’affaires aboutit à la même conclusion : une cimenterie bien gérée génère généralement 10 à 20% de marge nette, si CJO réalise un chiffre d’affaires annuel estimé entre 50 et 80 millions de dollars, cela impliquerait un bénéfice net possible entre 5 et 16 millions de dollars. Le prix de 100 millions USD représenterait donc environ 5 à 10 fois le bénéfice net annuel, ce qui peut être considéré comme «une bonne affaire» dans l’industrie.
En conclusion, je dirais qu’à première vue, 100 millions de dollars semble être un bon prix pour l’acheteur (CNBM), surtout si l’usine est rentable et ne nécessite pas de lourds investissements immédiats. En revanche, si l’infrastructure est vieillissante ou si le marché tunisien du ciment est en difficulté, alors ce bas prix peut refléter des risques.
Les retombées positives et négatives pour la Tunisie
S’agissant non pas d’un nouvel investissement pour la mise en valeur de nouvelles ressources nationales et la création de valeur ajoutée et d’emplois supplémentaires, mais d’un changement du propriétaire d’une entreprise déjà existante, la Tunisie n’a pas grand-chose à gagner dans cette opération boursière. Les 100 millions de dollars qui représentent le prix de vente seront payés au vendeur brésilien et non pas à Ciments Jbel Oust pour renflouer ses fonds propres ou financer des investissements de modernisation de ses équipements et encore moins au budget de l’Etat tunisien.
Cependant, l’arrivée de cet investisseur chinois pourrait être bénéfique et comporter des avantages pour la Tunisie sous formes:
– d’apport de capitaux et modernisation : CNBM est un leader mondial dans le secteur du ciment. Son arrivée pourrait moderniser l’usine et optimiser la production;
– de développement des exportations : avec un groupe de cette envergure, la cimenterie pourrait mieux s’intégrer dans les marchés internationaux et accéder à de nouveaux débouchés;
– de stabilisation de l’emploi : si CNBM décide d’étendre ses activités, cela pourrait préserver voire créer des emplois pour les Tunisiens;
– de compétitivité accrue : l’expertise chinoise pourrait réduire les coûts et rendre la production plus efficace dans l’ensemble du secteur.
Au niveau des risques ou des retombées négatives pour la Tunisie, il y a lieu de citer :
– la perte de souveraineté économique : la cimenterie, un acteur clé de l’industrie tunisienne, passe sous contrôle étranger. CNBM pourrait privilégier ses intérêts au détriment de ceux de la Tunisie. Ce risque de perte de la souveraineté nationale sur un secteur aussi stratégique qui est en amont du secteur si important du BTP qui emploie des centaines de milliers de salariés, est d’autant plus élevé que, selon les déclarations de l’ambassadeur lui-même, CNBM pourrait racheter d’autres cimenteries telles que les Ciments de Carthage et peut être d’autres cimenteries ou fabricants de matériaux de construction;
– le déséquilibre du marché : un acteur aussi puissant pourrait dominer le marché tunisien et influencer les prix, ce qui pourrait affecter d’autres cimentiers locaux;
– l’exploitation des ressources sans bénéfice local : si CNBM se concentre uniquement sur l’exportation de clinker brut plutôt que sur la production de ciment localement, la Tunisie risquerait de perdre de la valeur ajoutée;
– la dépendance aux décisions d’un groupe étranger : toute décision stratégique (hausse des prix, réduction de production, changement d’orientation) dépendra de CNBM, ce qui limite la marge de manœuvre tunisienne et peut représenter un risque important pour le secteur du BTP en Tunisie.
Si je dois me prononcer pour faire le bilan final des avantages et inconvénients de cette opération, je dirais que tout dépendra des conditions négociées par la Tunisie. Si le gouvernement sait imposer des règles claires (investissement local, maintien des emplois, obligation d’exporter une partie du ciment sous forme transformée et non brute), cela pourrait être une bonne opportunité. Mais sans régulation stricte, la Tunisie risque de perdre le contrôle sur un secteur stratégique de son économie.
Les retombées géopolitiques
Tout observateur qui suit régulièrement l’actualité internationale sait qu’avec ses énormes ressources naturelles et l’importance de son marché de consommateurs, l’Afrique, y compris l’Afrique du Nord, fait l’objet d’une convoitise et d’une compétition internationales aiguës entre les grandes puissances, en particulier entre la Chine et les Etats-Unis qui se livrent à une véritable guerre commerciale sur tous les continents.
Si on intègre cette dimension géopolitique certaine dans l’analyse, il ne fait pas de doute que l’arrivée d’investisseurs chinois chez nous doit être mal vue à Washington où les vents ne sont pas déjà favorables à la Tunisie, pour le moins que l’on puisse dire.
En effet, plusieurs membres du Congrès américain ont récemment fait des déclarations hostiles concernant la Tunisie. Notamment, Joe Wilson, représentant républicain du 2ᵉ district de Caroline du Sud à la Chambre des représentants des États-Unis et qu’on dit très proche de Trump, a exhorté le secrétaire d’État Marco Rubio à supprimer toute aide financière à la Tunisie. Dans un message publié sur le réseau social X le 30 janvier 2025, il a déclaré qu’il n’y avait «aucune raison pour que les contribuables américains financent la Tunisie», qualifiant le président Kaïs Saïed de «dictateur haineux anti-américain» qui aurait transformé une démocratie émergente en un «État policier tyrannique».
De plus, en juillet 2023, la commission des affaires étrangères du Sénat américain, sous la présidence du sénateur Bob Menendez, a adopté le projet de loi intitulé «Loi sur la sauvegarde de la démocratie tunisienne». Cette législation vise à limiter l’accès de la Tunisie à l’appui budgétaire américain en raison de préoccupations liées aux poursuites contre des prisonniers politiques, aux jugements de civils par des tribunaux militaires et au maintien de l’état d’urgence.
La dernière décision de Trump d’imposer 28% de droits de douanes supplémentaires sur toutes les exportations de produits tunisiens (essentiellement l’huile d’olive, les dattes, l’artisanat et les jeans) vers les Etats-Unis, contre seulement 10% pour les produits marocains qui sont souvent identiques et concurrents aux nôtres, leur donnant ainsi un avantage comparatif décisif auprès des consommateurs américains, constitue un exemple des coups «fourrés » qu’il faut s’attendre d’un président américain aussi impulsif et imprévisible.
Ce qui est certain est que sa politique de «America First» et le tsunami économique qu’il a causé à l’échelle mondiale par la brutalité et l’importance des droits de douane supplémentaires qu’il vient d’imposer à tous les pays du monde, va faire rentrer l’économie tunisienne dans de nouvelles turbulences dont elle n’avait pas besoin ayant déjà les siennes, politiques, économiques, sociales, diplomatiques…
* Economiste, consultant international.
PS : Les lecteurs et lectrices mateurs et amatrices de poésie peuvent trouver sur mon blog «Poèmes de la vie» quelques poèmes sur des thèmes divers de la vie.