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Et si le phosphogypse devenait une richesse nationale plutôt qu’un déchet toxique ?

28. März 2025 um 07:12

PhosphateLe débat sur la valorisation du phosphogypse, matière polluante rejetée, annuellement, en mer, à hauteur de 8 millions de tonnes, par les industries chimiques de transformation du minerai de phosphate en acide phosphorique refait surface. C’est le Président de la république Kaïes Saïed qui a relancé le débat sur ce dossier en recevant la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie, Fatma Thabet Chiboub.

Le Chef de l’Etat a appelé à trouver une solution définitive au problème du “phosphogypse” à Gabès, évoquant la possibilité de son exploitation, sans effets néfastes sur l’environnement. Il a rappelé, à cet égard, les études réalisées, il y a plus de dix ans, par des ingénieurs et des spécialistes à Gabès, qui ont scientifiquement démontré la viabilité et la sécurité de cette solution.

Retrait du phosphogypse de la liste des déchets dangereux

Le gouvernement a très vite réagi à l’appel du président de la république et pris des mesures adéquates, du moins de notre point de vue.

Le 5 mars 2025, un conseil ministériel restreint a décidé  de reclasser le phosphogypse. Jusque là perçu comme un déchet nocif, voire dangereux, il est désormais reconnu comme une ressource exploitable sous certaines conditions.

Le 12 mars 2025, interpellée à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP),  la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Energie a apporté trois importantes précisions sur le dossier.

La première consiste en la confirmation par des études scientifiques de l’absence de matières radioactives dans le phosphogypse.

« Et si ce que nous rejetions hier comme un poison devenait demain une richesse pour tout un pays ? Le phosphogypse n’est plus un déchet, c’est un défi à relever. »

 

La seconde porte sur la levée d’interdiction du phophopgypse en tant que déchet dangereux. Mieux cette levée d’interdiction a été, d’après la ministre, validée par le ministère de la Santé publique, prouvant ainsi que cette substance industrielle ne représente aucun danger pour la santé.

La troisième a trait à la feuille de route arrêtée pour valoriser dorénavant le phosphogypse. Il s’agit essentiellement de charger le Groupe chimique tunisien de mener des études et des projets sur une période maximale de cinq ans, avec pour objectif de développer des solutions respectueuses de l’environnement et bénéfiques pour les différentes régions du pays.

Des chercheurs tunisiens ont travaillé sur la valorisation du phophogypse

Quant aux études scientifiques auxquelles font référence le Président de la république et la ministre de l’industrie, des mines et de l’énergie, pour justifier la nécessaire valorisation du phosphogypse, les plus pertinentes et les plus pragmatiques sont, à notre connaissance, au nombre de trois. Nous en avons parlé longuement antérieurement.

La plus intéressante, à notre avis, est celle qui a été développée par l’expert Tahar Khouaja, ancien PDG du Groupe chimique tunisien (GCT), propriétaire public des industries chimiques de transformation de phosphate à Gabès. Il propose un usage utile et renouvelable du phosphogypse, une sorte de recyclage de cette matière qui pourrait rapporter, annuellement, un milliard de dinars pour les caisses de l’Etat. Cette matière pourrait, selon lui, être réutilisée comme engrais enrichissant pour le sol.

Mieux dans ses recherches, l’expert va plus loin et estime que le phosphogypse, contrairement à ce qu’on dit, ne contiendrait pas de polluants dangereux.

« On a trop longtemps laissé le phosphogypse empoisonner nos mers. Il est temps de faire de cette cicatrice écologique une source d’espoir économique. »

 

La deuxième étude est à l’actif de la chercheuse Hayet Omri, docteure en chimie. Cette dernière est parvenue à mettre au point une technique pouvant éradiquer la pollution générée par les rejets du phosphogypse. Cette technique consiste, selon elle, en l’utilisation du phosphogypse dans le bâtiment, en le mélangeant à des résidus de plantes et de produits chimiques. Elle a déclaré avoir expérimenté cette technique avec l’assistance d’experts belges. Elle dit avoir présenté son invention au ministère tunisien de l’Environnement qui a promis d’étudier sa proposition.

Pour sa part, Mokhtar Hamdi, universitaire, chercheur et directeur général du Centre national des sciences et technologies nucléaires (CNSTN), a  fait des recherches sur l’extraction de méthane à partir du phosphogypse, le méthane étant un composant principal du gaz naturel. Il est largement utilisé comme combustible pour le chauffage de bâtiments résidentiels et commerciaux. Il entre également dans la production de gaz de synthèse, un mélange d’hydrogène et de monoxyde de carbone.

Pour un contrôle rigoureux de la radioactivité du phosphogypse

Abstraction faite de cette prise de conscience salutaire de la nécessité de valoriser le phosphogypse. L’essentiel est de faire en sorte que le recyclage de ce sous-produit soit effectué selon les normes internationales de sécurité sanitaire et de respect de l’environnement.

Est il besoin de rappeler au plan écologique, que cette matière polluante, rejetée dans la mer (golfe de Gabès et au large de Sfax), des décennies durant, à raison de plus de 8 millions de tonnes par an, a généré la désertification marine (disparition de plusieurs espèces de poisson…) et affecté énormément le golfe de Gabès, plan d’eau réputé pour être une des frayères de la mer Méditerranée et pour abriter la seule oasis maritime de Mare Nostrum.

« Derrière les chiffres effrayants de la pollution marine, se cache un potentiel inexploré. La science, soutenue par la volonté politique, peut changer le cours de notre avenir. »

 

Est-il besoin de rappeler, également, au plan sanitaire, que le phosphogypse, tout comme le minerai dont il est extrait, le phosphate, est, en théorie, légèrement radioactif. Contenant du radium qui se désintègre en formant du radon, un gaz radioactif qui pénètre facilement les poumons, et qui pour cette raison est source de cancers du poumon.

Morale de l’histoire : l’enjeu est de taille. Afin d’éviter tout dérapage, il est recommandé d’encadrer de manière rigoureuse le recyclage industriel du phosphogypse et de s’inspirer, à cette fin, des “best practices” en vigueur dans d’autres pays.

La députée Fatma Mseddi a eu beaucoup de mérite d’avoir attiré l’attention sur cet aspect lors du débat du 12 mars 2025 au parlement avec la ministre de l’industrie, des mines et de l’énergie.

Abou SARRA

EN BREF

Phosphogypse : Déchet ou richesse pour la Tunisie ?

  • 8 millions de tonnes de phosphogypse rejetées chaque année en mer à Gabès.
  • Le président Kaïs Saïed relance le débat sur sa valorisation.
  • Reclassé comme ressource non dangereuse depuis le 5 mars 2025.
  • Études scientifiques : absence de radioactivité confirmée.
  • Objectif : valorisation sur 5 ans par le Groupe chimique tunisien.
  • Propositions : engrais, matériaux de construction, production de méthane.
  • Enjeu : concilier protection environnementale et développement économique.

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Tunisie : entre réformes symboliques et attentes profondes

Von: hechmi
27. März 2025 um 21:59
Caricature - Réformes - BCT
Caricature ChatGPT

La récente décision de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) de baisser son taux directeur pourrait être saluée comme un signal d’assouplissement monétaire. Mais à y regarder de plus près, cet ajustement, s’il est positif, reste largement insuffisant face à l’ampleur des défis économiques du pays.

Derrière ces mesures conjoncturelles se cache une réalité plus préoccupante : l’absence de réformes structurelles durables. Qu’en est-il de l’assainissement des entreprises publiques, de la maîtrise de la masse salariale, de la réforme du Code des Changes, ou encore de la relance du climat des affaires ? Les gouvernements passent, les intentions restent, mais les résultats se font toujours attendre.

Dans un contexte marqué par l’exode massif des talents et une jeunesse en perte de repères, les quelques avancées – loi sur le chèque, projet de Code du travail, création d’un secrétariat d’État aux entreprises communautaires – peinent à masquer l’urgence d’un véritable sursaut national. Car non, baisser les taux ou modifier un statut ne suffit pas à redresser un pays.

Le Post ci-après de Sadok Rouai – Former Senior Advisor to Executive Director, à International Monetary Fund – Auparavant Head of Banking Supervision Department à banque centrale de tunisie

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Réforme du Travail en Tunisie : CDD, quelles sont les 3 seules exceptions ?

Von: walid
27. März 2025 um 09:03

Emploi et chômage

Le ministre des affaires sociales Issam Lahmar a souligné que le projet de loi relatif à l’organisation des contrats de travail et la suppression de la sous-traitance stipule que les contrats à durée déterminée sont limités à trois cas exceptionnels à savoir :

  • les travaux nécessitant une augmentation inhabituelle de la charge du travail,
  • le remplacement temporaire d’un salarié permanent ou
  • les travaux saisonniers, qui ne peuvent pas, en référence à l’usage ou à la nature de l’activité, faire l’objet de contrats indéterminés.

La ministre des affaires sociales a indiqué, au cours d’une séance d’audition tenue hier lundi par la commission de la santé, des affaires de la femme, des affaires sociales et des personnes handicapées à l’assemblée des représentants du peuple (ARP) que le recours aux contrats à durée déterminée a été déjà prévu par le code du travail et englobe les travaux saisonniers ou ceux nécessitant une augmentation inhabituelle de la charge du travail.

“L’amendement proposé est important et porte essentiellement sur l’obligation de conclure des contrats de travail à durée indéterminée et de limiter les contrats à durée déterminée à quelques exceptions” a-t-il signalé.

Le ministre des affaires sociales a précisé que le recours à la sous-traitance de la main d’oeuvre est incriminé, alors que cette pratique ne concerne pas les prestations et les travaux contenus dans l’article 30 (nouveau) du code du travail.

Il a précisé que le nouveau projet d’amendement s’applique au secteur privé, notant que les textes réglementaires seront publiés en vue de titulariser les agents travaillant en sous-traitance dans le secteur public, soumis à des régimes spécifiques.

Lahmar a signalé que ce projet vise à annuler les contrats de travail à durée déterminée et à interdire définitivement la sous-traitance de la main d’œuvre avec la possibilité de proposer des dispositions relatives à l’organisation des entreprises de prestation de services et la réalisation des travaux.

Le ministre des affaires sociales a souligné que le projet d’amendement du code du travail s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la décision du président de la république, en date du 6 mars 2024, portant sur l’annulation de la sous-traitance et l’interdiction de toutes formes de fraude.

EN BREF

Réforme du Code du Travail en Tunisie – Ce qu’il faut retenir

Objectif : Appliquer la décision présidentielle du 6 mars 2024
📃 Les CDD désormais limités à 3 cas :
– Remplacement temporaire d’un salarié
– Travaux saisonniers
– Augmentation inhabituelle de l’activité
✅ CDI devient la règle par défaut
« Le recours aux contrats précaires sera strictement encadré » — Issam Lahmar, ministre des Affaires sociales.

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Dette extérieure : La Tunisie portée par un effet Momentum selon Akram Gharbi

25. März 2025 um 08:48

Le pays est en voie de réduire ses déficits et de comprimer sa dette extérieure. En persévérant à soigner son profil de risque, la Tunisie pourra capitaliser sur son image positive et revenir, à horizon proche, sur le marché international de la dette.

Akram Gharbi, Responsable Investissement Crédit chez Crédit Mutuel Asset Management a répondu aux questions de WMC.

Akram GHARBIComment les marchés déterminent-ils le profil de risque-pays ? Prennent-ils en considération les avis des agences de notation ?

Les marchés sont indépendants et par conséquent déterminent leur propre appréciation des risques pays. Ils procèdent à leur évaluation, en toute autonomie, étant en prise directe avec la réalité du terrain. C’est sans mystère car les marchés font un tracking permanent et en temps réel de la situation financière et donc de la solvabilité des pays émetteurs. Pour leur part les agences de notation se retrouvent ‘’Behind the curve’’, comprenez qu’elles interviennent avec un certain retard.

A titre d’exemple quel a été le scénario dans le cas de la Tunisie à la suite du relèvement de sa notation souveraine ?

Rappelons que Fitch, il y a quelques mois a relevé le rating de la Tunisie de deux crans passant de CCC- à CCC. Et que, plus récemment, au cours du mois de février dernier Moody’s a rehaussé d’un cran sa notation. Je préciserais que le marché a préalablement anticipé cette amélioration du risque de la Tunisie. Et il a acté ce fait en cotant la prime de risque du pays au-dessus du grade CCC. Sachez que le marché use de discernement. A titre d’illustration, je citerai l’exemple d’un pays proche. En ce moment la prime de risque du Sénégal est à 10%, (soit 3 points au-dessus de la Tunisie) alors que ce pays est noté simple B soit deux crans au-dessus.

Que retiennent les marchés des appréciations récentes de Moody’s ?

Les appréciations des experts des marchés et des agences se rejoignent. Il y a à retenir que le pays a significativement baissé son besoin de refinancement extérieur. A fin 2023 la Tunisie était appelée à rembourser en deux ou trois séquences, une enveloppe de 2,5 milliards équivalent dollars US. Souvenez-vous qu’à ce moment le pays n’avait pas les faveurs des pronostics. Et la dette était décotée avec des CDS élevés.

«La Tunisie a réussi à rassurer les marchés financiers sans avoir recours au FMI, grâce à une gestion rigoureuse de sa dette et une stratégie réaliste : c’est cela, l’effet Momentum.»

 

Le pays aurait-il pu profiter de la circonstance et racheter sa dette à un prix inférieur à sa valeur faciale ?

C’est envisageable. Cependant les agences de notation désapprouvent. Cette pratique est répandue chez les entreprises, américaines notamment. Celles-ci mobilisent leur trésorerie pour réaliser ce deal avantageux.

Sur quels éléments alors les marchés adossaient leur scepticisme quant au bon dénouement de la dette tunisienne ?

Le contexte était quelque peu contrariant. Souvenez-vous, la crise du Covid survenait alors que le pays achevait son chantier de transition démocratique. Là-dessus la guerre en Ukraine se déclenche mettant le feu aux marchés des matières premières. Ajouter à cela toute l’agitation autour du libre change qui laisse planer un doute sur le commerce mondial. Comprenez que les marchés étaient sceptiques sur la capacité de la Tunisie à honorer ses remboursements lui prédisant un dénouement fâcheux. Envers et contre tout, le pays s’est montré résilient se tenant vent debout, à la grande satisfaction des marchés, lesquels ont fini par réagir en conséquence. Et ce, sans le concours du FMI, mais simplement en comptant sur ses seuls moyens.

Quels sont les arguments dont pourrait se prévaloir la Tunisie ?

Il y d’abord cette capacité à faire bouger les lignes. Le pays au mois de janvier 2025 à a honoré une échéance d’un milliard de dollars US, soit un montant important. Cependant il a disposé depuis d’un matelas de réserves de change lui garantissant 120 jours d’importation. Le cours du Dinar n’a pas vrillé. Certains éléments favorables ont, certes, joué. Je citerais la progression régulière des transferts de la diaspora. Outre cela et c’est au crédit du pays, les recettes du tourisme ont augmenté. Dans le même temps le pays a réduit le déficit de son solde extérieur de 8%, deux ans plus tôt et même davantage certaines années à 2 %, actuellement. Pareil le déficit budgétaire a été abaissé de 8 % en 2022 à 6 %, actuellement. Croyez bien que tous ces éléments mis cote à cote annoncent une meilleure tonicité macro-économique, rehaussant l’image du pays.

«Ce que les marchés saluent aujourd’hui, c’est la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements, dans un contexte international incertain et sans appui extérieur : une trajectoire que peu de pays émergents peuvent revendiquer.»

 

Moody’s assortit son appréciation d’une perspective stable. Alors que vous laissez espérer une issue plus positive. Comment concilier les deux avis ?

Je relève que le pays a amorcé une dynamique de relance. Il est vrai qu’a priori le taux de croissance annoncé pour 2026 est de 1,6 %, à prix constants. Cependant la croissance potentielle du pays serait, de mon point de vue, de 5 à 6 %. Les marchés tableraient sur une relance qui serait énergique. Le réchauffement économique annoncerait de mon point de vue un rehaussement de notation à simple B, dans quelques mois. Le pays s’étant inscrit en dynamique vertueuse pourrait capitaliser sur un effet Momentum !

Même à simple B, le pays restera en grade spéculatif. Où serait l’avantage du reclassement ?

Il faut d’abord se réjouir de ce que le pays a quitté la zone de très haut risque. Le marché retiendra une opinion positive de cette ‘’remontada’’ spectaculaire déjouant toutes les prédictions contraires, alors que le pays n’a pas bénéficié des concours du FMI. Ce faisant la Tunisie a reconfiguré son profil de risque. La part de la dette extérieure de la Tunisie a baissé de 20 % à 6 % de l’encours global de la dette. Je vois que l’obligation de 700 millions de dollars à échéance du mois de septembre . Elle est regardée avec sérénité par le marché. D’ailleurs elle est raisonnablement cotée à 9,5 % soit 7 % au-dessus de l’obligation considérée comme sans risque, celle de la RFA dont le rendement est de 2,5 %.

Et au-delà il reste un encours de dette extérieure modeste. Il est libellé en yen japonais et son remboursement s’étale entre 2027 et 2030.

«En remboursant une échéance d’un milliard de dollars début 2025, la Tunisie a envoyé un message fort : elle est capable de tenir ses engagements, même dans l’adversité.»

 

Est-ce à dire que le pays pourrait retourner sur le marché international de la dette?

En bonne logique si le pays parvient à doper sa croissance et renforcer ses finances publiques, cela tonifierait son profil de risque. Cela ferait qu’à terme pas très éloigné la Tunisie, pourrait, de nouveau, émettre sur le marché international de la dette. Et il est plausible qu’elle échappe aux scénarios de l’Egypte et du Ghana qui ont dû d’abord conclure avec le FMI.

Une fois encore l’effet Momentum servirait la cause de la Tunisie.

Amel BelHadj Ali

EN BREF

Dette extérieure : L’effet Momentum

  • Profil de risque amélioré : les marchés ont anticipé le relèvement de la note souveraine.
  • « La Tunisie a défié les pronostics sans l’aide du FMI. » — Akram Gharbi
  • 1 milliard $ remboursé en janvier 2025, sans assistance extérieure.
  • Dette extérieure en baisse.
  • Réserves de change couvrant jusqu’à 120 jours d’importation.
  • Recul des déficits, hausse du tourisme et des transferts de la diaspora.

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Ingénieurs tunisiens : formés pour l’étranger faute de vision nationale

24. März 2025 um 09:35

IngenierieLa formation des ingénieurs en Tunisie repose sur une base académique rigoureuse et polyvalente. Dès le cycle préparatoire, les étudiants acquièrent une solide maîtrise des mathématiques, de l’informatique et des sciences fondamentales, leur permettant d’accéder à des formations d’ingénierie diversifiées. Cependant, malgré leur réputation et leur attractivité sur le marché international, certains points faibles sont régulièrement soulignés : un manque de pratique, des lacunes en soft skills, une maîtrise insuffisante des logiciels professionnels et une adaptation parfois lente aux évolutions technologiques mondiales.

Ce constat a été au centre d’un webinaire organisé par l’Association Reconnectt présidé par Sami Ayari ingénieur lui même, réunissant des ingénieurs tunisiens de renom, installés à l’international avec Mohamed Jmaiel, professeur en informatique à l’Ecole nationale de Sfax. Un système aux fondamentaux solides mais en quête de repères et d’orientation stratégique, c’est en quelques mots l’ingénierie en Tunisie.

Mohamed Jmaiel rappelle que l’offre tunisienne est de 88 filières d’ingénierie sur 300 formations universitaires.  Chaque année, il y a 7.000 diplômés produits par les différentes filières. La Tunisie s’est dotée d’un large éventail de spécialisations. Mais cette diversité est-elle un atout ou un frein ? Cette multiplicité a généré une perte de repères, estime Mohamed Jmaiel.

« Nous avons ouvert trop de filières sans une vision claire. Nous ne savons plus exactement à quel marché nous destinons nos ingénieurs. Formons-nous pour l’économie nationale et si c’est le cas, est-ce que notre économie, notre industrie sont capables d’absorber autant d’ingénieurs venant de filières aussi diverses ? »

Si l’excellence académique des formations publiques est reconnue, la question centrale reste leur adéquation aux exigences du monde du travail. Les ingénieurs tunisiens sont réputés pour leur capacité d’adaptation, mais sont-ils suffisamment préparés aux défis scientifiques et technologiques actuels ? En fait, il y a un décalage manifeste entre les besoins du marché du travail et les cursus et le nombre d’ingénieurs diplômés.

Nous avons ouvert trop de filières d’ingénierie sans une vision claire ni une stratégie de développement économique en lien avec le marché national – Pr Mohamed Jmaiel

 

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) est l’un des seuls à absorber efficacement ses diplômés. En revanche, des disciplines comme l’agronomie souffrent d’un manque d’opportunités, poussant de nombreux ingénieurs à chercher un avenir ailleurs.

Ce phénomène s’explique en partie par le manque d’interaction entre les universités et le tissu industriel tunisien. Contrairement aux modèles européens ou nord-américains, la recherche appliquée et l’innovation en entreprise restent marginales en Tunisie.

Mohamed Jmaiel partage son expérience à l’école d’ingénieurs de Sfax, où une tentative de formation en alternance a échoué :

« Nous avons voulu instaurer un modèle d’alternance, mais les entreprises n’ont pas joué le jeu. Sur une promotion de 120 étudiants, à peine une dizaine ont trouvé des opportunités. Cela montre que le problème ne vient pas seulement du nombre de filières, mais aussi d’un tissu économique qui peine à absorber ces compétences. »

Une nécessaire refonte du modèle éducatif

Pr Fatma Mili, enseignante en data et en Informatique dans l’une des plus grandes facultés d’informatique aux États-Unis, l’UNC Charlotte, insiste sur la nécessité de former des ingénieurs entrepreneurs, capables d’innover et d’anticiper les évolutions industrielles.

« L’université ne doit pas se contenter de délivrer des diplômes, elle doit créer un écosystème où les étudiants développent leur créativité et leur esprit d’entreprise. Nous devons orienter nos formations vers les industries de demain. »

Cette vision est appliquée en Allemagne où Pr Fahmi Bellallouna, enseignant et chercheur en ingénierie, spécialisé dans la réalité virtuelle (VR) et en réalité augmentée (AR) affirme que le lien entre les universités et les industries est renforcé. “Les établissements suivent de près l’évolution des marchés et ajustent leurs programmes en conséquence”.

Former des ingénieurs, ce n’est pas uniquement délivrer des diplômes. C’est créer un environnement qui stimule la créativité, l’innovation et l’esprit d’entreprise – Pr Fatma Mili

 

À l’inverse, en Tunisie, l’industrie investit peu dans la recherche et le développement (R&D), ce qui limite les opportunités d’innovation et d’apprentissage pratique. Il cite l’exemple de la Chine, où l’État a imposé aux entreprises des transformations structurelles pour encourager l’innovation : « En Chine, j’ai vu le secteur automobile évoluer à une vitesse impressionnante sous l’impulsion du gouvernement. Si la Tunisie veut progresser, il faut que l’État prenne des mesures stratégiques et soutienne financièrement l’innovation. »

La Tunisie peut-elle devenir un hub technologique ?

Le marché international reconnaît le potentiel des ingénieurs tunisiens, mais pourquoi les grandes entreprises technologiques privilégient-elles Bangalore plutôt que Tunis ?

Dr Imed Zitouni, expert mondialement reconnu en intelligence artificielle (IA) et en traitement du langage naturel (TLN), occupant actuellement le poste de directeur de l’ingénierie chez Google aux États-Unis, apporte une réponse claire :

“Les multinationales cherchent un climat d’affaires stable, sans lourdeurs administratives. En Inde, elles savent qu’elles peuvent recruter rapidement et en toute confiance. La Tunisie doit rassurer les investisseurs et alléger ses procédures. Aujourd’hui, dans un monde en constante évolution, maîtriser les soft skills est devenu aussi essentiel que les compétences techniques”.

En Allemagne, les universités d’ingénierie adaptent constamment leurs cursus aux besoins réels du marché – Pr Fahmi Bellallouna

 

“Avec l’essor de l’intelligence artificielle et des technologies disruptives, la véritable valeur d’un ingénieur réside dans sa capacité à apprendre et à s’adapter. Ceux qui réussissent ne sont pas forcément ceux qui connaissent tout, mais ceux qui savent évoluer et se réinventer en permanence”.

“Prenons l’exemple de Bangalore, en Inde, la ville s’est imposée comme la capitale indienne de l’informatique. Comment ? Grâce à une politique éducative et économique cohérente, qui a su répondre aux besoins du marché international. Des géants US ont implanté des unités stratégiques, attirant et formant des milliers d’ingénieurs. Pourquoi la Tunisie, pourtant dotée de talents reconnus, peine-t-elle à reproduire ce modèle ?”

Le Canada est un autre exemple parlant. Mohamed Habibi Professeur agrégé en génie mécanique, Directeur de l’Équipe de Recherche en Ingénierie Mécanique Avancée (ÉRIMA), Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) déplore une baisse du niveau des jeunes ingénieurs tunisiens. « Nous recrutons chaque année des ingénieurs de l’ENIT, de l’ENIM et de l’ENSIT. Mais nous avons de plus en plus de mal à trouver le niveau que nous recherchons. Les formations théoriques restent solides, mais elles ne sont plus en phase avec les attentes du marché et les avancées technologiques »

Les multinationales ne cherchent pas seulement des compétences techniques, elles veulent aussi de la stabilité, de la réactivité et un environnement propice à l’investissement – Dr Imed Zitouni

 

Il souligne des manques importants en matière de maîtrise des logiciels techniques, d’expérimentation en laboratoire et de compétences en gestion de projet d’où l’urgence d’un changement du cursus. Si la Tunisie veut que son système d’ingénierie soit un moteur de croissance économique, il est impératif d’agir sur plusieurs axes :

  • Repenser les programmes académiques en fonction des besoins du marché local et international ;
  • Créer des passerelles solides entre universités et entreprises pour favoriser l’apprentissage pratique ;
  • Encourager la recherche appliquée et l’innovation industrielle à travers des incitations financières ;
  • Attirer les investissements étrangers en simplifiant les démarches administratives et en garantissant un environnement d’affaires attractif ;
  • Mettre en avant les soft skills et l’adaptabilité pour préparer les ingénieurs aux évolutions technologiques rapides.

Réinventer l’ingénierie tunisienne pour un avenir prometteur et ouvrir la voie aux partenariats internationaux que veulent initier les élites tunisiennes sises à l’étranger.

Nous voulons contribuer au développement de notre pays, relève Mohamed Habibi, mais encore faut-il lever les obstacles administratifs qui freinent l’innovation et la recherche. Comment avancer lorsque la signature d’une simple convention avec un doyen prend deux mois ?

“Comment être compétitif lorsque, sur un financement de 12 mois, l’administration met six mois à désigner un étudiant pour collaborer à un projet de recherche ? Ce manque de réactivité pénalise aussi bien les chercheurs que l’économie nationale”.

Il est urgent de repenser le rôle des universités : forment-elles des diplômés pour enrichir le marché du travail ou simplement pour remplir des statistiques ? Au-delà des diplômes, il est temps de valoriser les travaux et les compétences des étudiants, afin de les intégrer efficacement dans l’écosystème professionnel.

Nous avons en Tunisie des jeunes ingénieurs brillants, mais le système administratif les freine au lieu de les propulser. Il faut parfois six mois pour débloquer un financement ou signer une convention de recherche – Pr Mohamed Habibi

 

Mohamed Habibi n’est pas le seul déçu de l’administration tunisienne, Fahmi Bellallouna aussi engagé que lui déplore cet état des choses : “Nous avons envoyé des équipements à des étudiants tunisiens dans la réalité virtuelle, (lunettes virtuelles) ils sont restés bloqués 6 mois dans les services de douane, c’est beaucoup”.

Le talent et la capacité d’adaptation des ingénieurs tunisiens ne sont plus à prouver.

Cependant, le modèle éducatif actuel doit évoluer pour répondre aux attentes du marché globalisé. La Tunisie a toutes les cartes en main pour devenir un pôle technologique attractif, mais cela nécessite une vision claire, un soutien stratégique de l’État et un engagement accru du secteur privé. Le défi est de taille, mais l’opportunité est immense.

L’ingénierie tunisienne ne doit pas seulement viser l’exportation de talents, mais aussi la création d’une économie innovante et compétitive sur la scène mondiale.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

L’essentiel sur la formation des ingénieurs en Tunisie

  • 7 000 diplômés par an, issus de 88 filières d’ingénierie.
  • Formation académique solide mais décalée des besoins du marché.
  • Manques identifiés : soft skills, pratique, logiciels métiers.
  • Faible lien université-entreprise ; alternance quasi inexistante.
  • « Nous avons ouvert trop de filières sans vision claire. » – Pr Jmaiel
  • Les talents tunisiens s’exportent faute d’opportunités locales.
  • Urgence : repenser les cursus, encourager l’innovation et simplifier l’administration.

L’article Ingénieurs tunisiens : formés pour l’étranger faute de vision nationale est apparu en premier sur WMC.

Tunisie : L’excellence ne vaut que si elle sert la souveraineté et la compétitivité nationale

22. März 2025 um 12:10

Illustration IA IngénieurLe webinaire organisé par l’Association Reconnectt autour du thème “Innover au national, concurrencer à l’international, comment doit être la prochaine génération des ingénieurs tunisiens” m’a profondément marqué, mais aussi laissé une amère frustration. Ce sentiment tenace d’inachevé persiste…

L’échange portait essentiellement sur la formation de nos ingénieurs, leur exode massif et le rôle crucial de la diaspora dans ce contexte. Un sujet qui fait écho au Livre Blanc publié récemment par le ministère de l’Enseignement supérieur, synthétisant deux années de diagnostic pour repenser la formation des ingénieurs à l’horizon 2030.

Cette réflexion s’inscrit dans l’actualité brûlante du nouvel impérialisme technologique, où les puissances dominantes se livrent une bataille sourde, posant à la fois un défi et une opportunité pour notre indépendance. Pourtant, après avoir écouté les arguments éclairés des intervenants, nous butons une fois de plus sur l’absence de volonté politique et l’archaïsme administratif.

« Former nos élites pour alimenter d’autres nations est une défaite silencieuse. »

 

Une vérité rarement assumée publiquement, mais dont dépend pourtant notre émancipation ultime. Je partage ce constat implacable : nous sommes, en partie, responsables de notre situation. Assez des éternels « Il faudrait que… » et « Il n’y a qu’à… » !

L’heure est à l’action, obstinée et collective et jusqu’au-boutiste La Tunisie a besoin de sa diaspora, unis en symbiose avec nos compatriotes restés au pays, agissons par nous-mêmes, sans attendre de sauveur, pour bâtir une communauté volontaire portant un projet émancipateur. Plutôt que de compter sur des institutions immobiles, croyons en la force de la société civile et en l’engagement citoyen, où chacun contribue à sa mesure.

Tout est question de mentalité et de volonté. Je comprends la résignation post-2011, mais si nous abandonnons, les rétrogrades et les ignorants gagneront. Notre pays se viderait de ses élites, condamné à une éternelle dépendance envers l’occident.

« Notre force, c’est notre jeunesse, notre diaspora et notre volonté. »

 

Notre force ? Une démographie dynamique, un territoire stratégique, des ressources non soumises à la malédiction de la rente. Gardons l’optimisme chevillé à l’âme. Le débat organisé par Reconnectt est en résonnance avec celui sur l’impérialisme technologique et l’enjeu de l’indépendance. L’objectif ultime doit être la souveraineté économique et sociale. Si nous sommes fiers de l’excellence – déclinante – de nos élites et de l’attractivité internationale de nos diplômés, cela ne sert en rien notre autonomie technologique.

La rencontre a souligné l’inadaptation de nos formations dans un monde où le savoir se périme rapidement. Nos étudiants doivent désormais cultiver des « soft skills » complémentaires à l’expertise technique. Un intervenant a pointé l’hémorragie des talents vers le Nord, contrastant avec le faible soutien à l’entrepreneuriat local et au tissu économique national.

« Ceux qui abandonnent laissent le champ libre aux rétrogrades. »

 

Et c’est là que réside le drame : formons-nous des cerveaux pour alimenter les puissances dominantes, accentuant notre dépendance une fois le pays vidé de sa substance intellectuelle ? Pourquoi investir dans des formations financées par des prêts étrangers qui alourdissent notre dette, si c’est pour voir nos élites s’exiler sans retour garanti ? Je ne rejette pas les échanges internationaux, formateurs pour la jeunesse. Mais à qui profitent-ils réellement ?

L’excellence ne vaut que si elle sert la souveraineté et la compétitivité nationale. Sans cela, nous perpétuerons un cycle où le Nord, vieillissant, captera nos forces vives pour pallier son déclin démographique. Voilà l’enjeu crucial ! Songeons à l’Éthiopie, jadis ravagée par la famine, au Rwanda, meurtri par un génocide, ou à l’Afrique de l’Est en renaissance. Leur trajectoire montre qu’un sursaut est possible. Ou inspirons-nous des modèles des pays d’Asie à l’instar de la Corée du sud, de Singapour ou du Bangalore dites la Silicon Valley indienne contribuant pleinement au développement et l’indépendance du pays.

Notre destin ne s’écrira ni par la résignation, ni par l’attentisme.

Hakim Ben Lagha : Oil and Energy professional

EN BREF

Ingénieurs tunisiens : entre excellence et exode

  • Sujet central : Formation des ingénieurs, fuite des talents, souveraineté technologique.
  • Constat : Trop d’ingénieurs formés partent à l’étranger, affaiblissant la compétitivité nationale.
  • Webinaire Reconnectt : Appel à une refonte de la formation, plus adaptée aux défis mondiaux.
  • Citation clé : « L’excellence ne vaut que si elle sert la souveraineté. »
  • Enjeu majeur : Mobiliser diaspora et société civile pour bâtir une Tunisie indépendante et innovante.
  • Urgence : Agir sans attendre, avec une volonté politique et citoyenne forte.

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