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Ingénieurs tunisiens : formés pour l’étranger faute de vision nationale

24. März 2025 um 09:35

IngenierieLa formation des ingénieurs en Tunisie repose sur une base académique rigoureuse et polyvalente. Dès le cycle préparatoire, les étudiants acquièrent une solide maîtrise des mathématiques, de l’informatique et des sciences fondamentales, leur permettant d’accéder à des formations d’ingénierie diversifiées. Cependant, malgré leur réputation et leur attractivité sur le marché international, certains points faibles sont régulièrement soulignés : un manque de pratique, des lacunes en soft skills, une maîtrise insuffisante des logiciels professionnels et une adaptation parfois lente aux évolutions technologiques mondiales.

Ce constat a été au centre d’un webinaire organisé par l’Association Reconnectt présidé par Sami Ayari ingénieur lui même, réunissant des ingénieurs tunisiens de renom, installés à l’international avec Mohamed Jmaiel, professeur en informatique à l’Ecole nationale de Sfax. Un système aux fondamentaux solides mais en quête de repères et d’orientation stratégique, c’est en quelques mots l’ingénierie en Tunisie.

Mohamed Jmaiel rappelle que l’offre tunisienne est de 88 filières d’ingénierie sur 300 formations universitaires.  Chaque année, il y a 7.000 diplômés produits par les différentes filières. La Tunisie s’est dotée d’un large éventail de spécialisations. Mais cette diversité est-elle un atout ou un frein ? Cette multiplicité a généré une perte de repères, estime Mohamed Jmaiel.

« Nous avons ouvert trop de filières sans une vision claire. Nous ne savons plus exactement à quel marché nous destinons nos ingénieurs. Formons-nous pour l’économie nationale et si c’est le cas, est-ce que notre économie, notre industrie sont capables d’absorber autant d’ingénieurs venant de filières aussi diverses ? »

Si l’excellence académique des formations publiques est reconnue, la question centrale reste leur adéquation aux exigences du monde du travail. Les ingénieurs tunisiens sont réputés pour leur capacité d’adaptation, mais sont-ils suffisamment préparés aux défis scientifiques et technologiques actuels ? En fait, il y a un décalage manifeste entre les besoins du marché du travail et les cursus et le nombre d’ingénieurs diplômés.

Nous avons ouvert trop de filières d’ingénierie sans une vision claire ni une stratégie de développement économique en lien avec le marché national – Pr Mohamed Jmaiel

 

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) est l’un des seuls à absorber efficacement ses diplômés. En revanche, des disciplines comme l’agronomie souffrent d’un manque d’opportunités, poussant de nombreux ingénieurs à chercher un avenir ailleurs.

Ce phénomène s’explique en partie par le manque d’interaction entre les universités et le tissu industriel tunisien. Contrairement aux modèles européens ou nord-américains, la recherche appliquée et l’innovation en entreprise restent marginales en Tunisie.

Mohamed Jmaiel partage son expérience à l’école d’ingénieurs de Sfax, où une tentative de formation en alternance a échoué :

« Nous avons voulu instaurer un modèle d’alternance, mais les entreprises n’ont pas joué le jeu. Sur une promotion de 120 étudiants, à peine une dizaine ont trouvé des opportunités. Cela montre que le problème ne vient pas seulement du nombre de filières, mais aussi d’un tissu économique qui peine à absorber ces compétences. »

Une nécessaire refonte du modèle éducatif

Pr Fatma Mili, enseignante en data et en Informatique dans l’une des plus grandes facultés d’informatique aux États-Unis, l’UNC Charlotte, insiste sur la nécessité de former des ingénieurs entrepreneurs, capables d’innover et d’anticiper les évolutions industrielles.

« L’université ne doit pas se contenter de délivrer des diplômes, elle doit créer un écosystème où les étudiants développent leur créativité et leur esprit d’entreprise. Nous devons orienter nos formations vers les industries de demain. »

Cette vision est appliquée en Allemagne où Pr Fahmi Bellallouna, enseignant et chercheur en ingénierie, spécialisé dans la réalité virtuelle (VR) et en réalité augmentée (AR) affirme que le lien entre les universités et les industries est renforcé. “Les établissements suivent de près l’évolution des marchés et ajustent leurs programmes en conséquence”.

Former des ingénieurs, ce n’est pas uniquement délivrer des diplômes. C’est créer un environnement qui stimule la créativité, l’innovation et l’esprit d’entreprise – Pr Fatma Mili

 

À l’inverse, en Tunisie, l’industrie investit peu dans la recherche et le développement (R&D), ce qui limite les opportunités d’innovation et d’apprentissage pratique. Il cite l’exemple de la Chine, où l’État a imposé aux entreprises des transformations structurelles pour encourager l’innovation : « En Chine, j’ai vu le secteur automobile évoluer à une vitesse impressionnante sous l’impulsion du gouvernement. Si la Tunisie veut progresser, il faut que l’État prenne des mesures stratégiques et soutienne financièrement l’innovation. »

La Tunisie peut-elle devenir un hub technologique ?

Le marché international reconnaît le potentiel des ingénieurs tunisiens, mais pourquoi les grandes entreprises technologiques privilégient-elles Bangalore plutôt que Tunis ?

Dr Imed Zitouni, expert mondialement reconnu en intelligence artificielle (IA) et en traitement du langage naturel (TLN), occupant actuellement le poste de directeur de l’ingénierie chez Google aux États-Unis, apporte une réponse claire :

“Les multinationales cherchent un climat d’affaires stable, sans lourdeurs administratives. En Inde, elles savent qu’elles peuvent recruter rapidement et en toute confiance. La Tunisie doit rassurer les investisseurs et alléger ses procédures. Aujourd’hui, dans un monde en constante évolution, maîtriser les soft skills est devenu aussi essentiel que les compétences techniques”.

En Allemagne, les universités d’ingénierie adaptent constamment leurs cursus aux besoins réels du marché – Pr Fahmi Bellallouna

 

“Avec l’essor de l’intelligence artificielle et des technologies disruptives, la véritable valeur d’un ingénieur réside dans sa capacité à apprendre et à s’adapter. Ceux qui réussissent ne sont pas forcément ceux qui connaissent tout, mais ceux qui savent évoluer et se réinventer en permanence”.

“Prenons l’exemple de Bangalore, en Inde, la ville s’est imposée comme la capitale indienne de l’informatique. Comment ? Grâce à une politique éducative et économique cohérente, qui a su répondre aux besoins du marché international. Des géants US ont implanté des unités stratégiques, attirant et formant des milliers d’ingénieurs. Pourquoi la Tunisie, pourtant dotée de talents reconnus, peine-t-elle à reproduire ce modèle ?”

Le Canada est un autre exemple parlant. Mohamed Habibi Professeur agrégé en génie mécanique, Directeur de l’Équipe de Recherche en Ingénierie Mécanique Avancée (ÉRIMA), Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) déplore une baisse du niveau des jeunes ingénieurs tunisiens. « Nous recrutons chaque année des ingénieurs de l’ENIT, de l’ENIM et de l’ENSIT. Mais nous avons de plus en plus de mal à trouver le niveau que nous recherchons. Les formations théoriques restent solides, mais elles ne sont plus en phase avec les attentes du marché et les avancées technologiques »

Les multinationales ne cherchent pas seulement des compétences techniques, elles veulent aussi de la stabilité, de la réactivité et un environnement propice à l’investissement – Dr Imed Zitouni

 

Il souligne des manques importants en matière de maîtrise des logiciels techniques, d’expérimentation en laboratoire et de compétences en gestion de projet d’où l’urgence d’un changement du cursus. Si la Tunisie veut que son système d’ingénierie soit un moteur de croissance économique, il est impératif d’agir sur plusieurs axes :

  • Repenser les programmes académiques en fonction des besoins du marché local et international ;
  • Créer des passerelles solides entre universités et entreprises pour favoriser l’apprentissage pratique ;
  • Encourager la recherche appliquée et l’innovation industrielle à travers des incitations financières ;
  • Attirer les investissements étrangers en simplifiant les démarches administratives et en garantissant un environnement d’affaires attractif ;
  • Mettre en avant les soft skills et l’adaptabilité pour préparer les ingénieurs aux évolutions technologiques rapides.

Réinventer l’ingénierie tunisienne pour un avenir prometteur et ouvrir la voie aux partenariats internationaux que veulent initier les élites tunisiennes sises à l’étranger.

Nous voulons contribuer au développement de notre pays, relève Mohamed Habibi, mais encore faut-il lever les obstacles administratifs qui freinent l’innovation et la recherche. Comment avancer lorsque la signature d’une simple convention avec un doyen prend deux mois ?

“Comment être compétitif lorsque, sur un financement de 12 mois, l’administration met six mois à désigner un étudiant pour collaborer à un projet de recherche ? Ce manque de réactivité pénalise aussi bien les chercheurs que l’économie nationale”.

Il est urgent de repenser le rôle des universités : forment-elles des diplômés pour enrichir le marché du travail ou simplement pour remplir des statistiques ? Au-delà des diplômes, il est temps de valoriser les travaux et les compétences des étudiants, afin de les intégrer efficacement dans l’écosystème professionnel.

Nous avons en Tunisie des jeunes ingénieurs brillants, mais le système administratif les freine au lieu de les propulser. Il faut parfois six mois pour débloquer un financement ou signer une convention de recherche – Pr Mohamed Habibi

 

Mohamed Habibi n’est pas le seul déçu de l’administration tunisienne, Fahmi Bellallouna aussi engagé que lui déplore cet état des choses : “Nous avons envoyé des équipements à des étudiants tunisiens dans la réalité virtuelle, (lunettes virtuelles) ils sont restés bloqués 6 mois dans les services de douane, c’est beaucoup”.

Le talent et la capacité d’adaptation des ingénieurs tunisiens ne sont plus à prouver.

Cependant, le modèle éducatif actuel doit évoluer pour répondre aux attentes du marché globalisé. La Tunisie a toutes les cartes en main pour devenir un pôle technologique attractif, mais cela nécessite une vision claire, un soutien stratégique de l’État et un engagement accru du secteur privé. Le défi est de taille, mais l’opportunité est immense.

L’ingénierie tunisienne ne doit pas seulement viser l’exportation de talents, mais aussi la création d’une économie innovante et compétitive sur la scène mondiale.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

L’essentiel sur la formation des ingénieurs en Tunisie

  • 7 000 diplômés par an, issus de 88 filières d’ingénierie.
  • Formation académique solide mais décalée des besoins du marché.
  • Manques identifiés : soft skills, pratique, logiciels métiers.
  • Faible lien université-entreprise ; alternance quasi inexistante.
  • « Nous avons ouvert trop de filières sans vision claire. » – Pr Jmaiel
  • Les talents tunisiens s’exportent faute d’opportunités locales.
  • Urgence : repenser les cursus, encourager l’innovation et simplifier l’administration.

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Migration et Développement : Comment Mobiliser les Compétences Tunisiennes à l’Étranger ?

21. März 2025 um 14:30

Une étude de l’Observatoire National de la Migration (ONM) sur “La mobilisation des compétences tunisiennes dans le développement de la Tunisie et la réinsertion des Tunisiens de retour” a recommandé au gouvernement de collaborer étroitement avec les institutions financières pour simplifier et faciliter les démarches administratives pour les Tunisiens vivant à l’étranger et voulant retourner dans leur pays et y investir.

Publiée sur le site officiel de l’ONM, cette étude thématique élaborée dans le cadre de la phase d’exploitation des résultats de l’enquête Tunisia-Hims pilotée par l’ONM a aussi recommandé la mise en place de programmes de transfert spécifiquement destinés aux migrants de retour souhaitant investir en Tunisie.

L’étude souligne également la nécessité de simplifier les démarches pour l’ouverture de comptes bancaires ou postaux pour les Tunisiens à l’étranger et de réduire les papiers administratifs, ainsi que de diminuer le coût des transferts financiers vers la Tunisie, qui demeure, selon l’étude, élevé par rapport à la moyenne mondiale.

Elle insiste aussi sur l’importance de mettre en place des services financiers efficaces destinés aux Tunisiens à l’étranger afin de promouvoir l’investissement dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’entrepreneuriat.

Financée par l’Union européenne, l’étude a signalé que le nombre de Tunisiens à l’étranger, selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’Étranger, s’élève à 1,4 million, et que les transferts des Tunisiens à l’étranger ont augmenté de 29,4 % entre 2017 et 2021, atteignant 8618 millions de dinars en 2021 contre 5035 millions de dinars en 2018.

L’étude ajoute que la période 2015-2020 a vu le départ à l’étranger de 39 mille ingénieurs et de 3 300 médecins. Le nombre de migrants de retour est estimé à 211 mille, dont 47 % de femmes qui sont retournées pour des raisons familiales, contre 28 % d’hommes pour les mêmes raisons.

Les migrants de retour investissent principalement dans l’agriculture à hauteur de 30,61 %, dans la construction à 29 % et dans le commerce à 22,7 %, tandis que les migrants actuels investissent dans la construction à 44,61 %, dans l’immobilier à 30 % et dans l’agriculture à 15 %.

En ce qui concerne les profils des migrants, l’étude fournit des statistiques sur les modes d’intégration à l’étranger. Le nombre de migrants dans le cadre de la coopération technique a atteint 22 846 en 2022.

A noter que l’étude s’appuie sur les données de l’enquête Tunisia-Hims (2020-2021) afin d’analyser l’impact de l’émigration de retour des compétences sur le développement de la Tunisie à la faveur de leur contribution au transfert du savoir -faire et à travers une réinsertion économique réussie.

Cette étude vise à élaborer un état des lieux des compétences tunisiennes à l’étranger et de retour en mettant l’accent sur les secteurs de la santé et des TIC.

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Réforme de la formation des Ingénieurs : vision stratégique ou Illusion Politique ?

21. März 2025 um 07:34

IngénieursLe ministère de l’Enseignement supérieur vient de publier un livre blanc présentant une stratégie nationale pour la réforme des cursus de l’ingénierie dans notre pays.

L’Orientation Stratégique 3 (OS3) du Système de Formation d’Ingénieurs (SFI) vise à adapter les formations aux besoins de la société tout en intégrant les concepts de durabilité et d’innovation.

Dans la préface de l’ouvrage, on en parle comme étant “le fruit d’une réflexion approfondie, menée avec la participation de divers acteurs du secteur éducatif, industriel et gouvernemental. Il se veut une feuille de route pour l’avenir, offrant des recommandations, des orientations stratégiques et des perspectives pour moderniser et renforcer la formation d’ingénieurs dans notre pays”.

Le Livre Blanc n’a pas eu l’unanimité des observateurs de la scène de l’ingénierie et ce qu’il s’agisse d’ingénieurs ou d’experts résidant sur le sol national ou des élites tunisiennes sises à l’étranger. Entre autres reproches aux concepteurs, le fait d’écarter de la réflexion approfondie -à l’exception de l’Atuge (Association tunisienne des grandes Écoles) -des élites tunisiennes établies dans les quatre coins du monde et au fait de toutes les innovations et découvertes advenues dans les pays les plus avancés sur le plan technologique.

L’association franco-Tunisienne Reconnectt a organisé, à l’occasion, un webinaire intitulé “Innover au national, concurrencer à l’international, comment doit être la prochaine génération des ingénieurs tunisiens” qui fera l’objet d’un papier.

Mais d’abord voyons les grandes lignes du livre blanc qui propose une évaluation détaillée de l’état actuel de la formation d’ingénieurs en Tunisie tout en identifiant les défis et les opportunités d’amélioration.

50 ans, rien que ça, c’est l’âge du système de formation tunisien aux disciplines de l’ingénierie. Un système qui a connu une diversification importante et qui fait face à des enjeux tels que l’amélioration de la qualité des formations, l’intégration des nouvelles technologies, et la nécessité d’ancrer davantage la formation dans les réalités industrielles et économiques.

“Former des ingénieurs sans une vision stratégique claire, c’est comme construire un édifice sans plan : on risque de s’effondrer face aux défis du futur.”

 

Le Livre Blanc appelle à une réforme stratégique pour moderniser les programmes, renforcer les infrastructures et améliorer la gouvernance au sein des établissements de formation.

L’ouvrage souligne l’importance d’une collaboration étroite entre les institutions académiques, le secteur industriel et les acteurs gouvernementaux pour mieux répondre aux besoins du marché.

Pour cela, il propose d’intégrer des compétences transversales et de renforcer l’apprentissage pratique, tout en engageant les étudiants dans leur parcours académique.

Le Livre Blanc plaide également pour une réflexion éthique et durable, invitant les futurs ingénieurs à prendre en compte les enjeux environnementaux et sociétaux dans leur pratique professionnelle. Il appelle aussi à l’action tous les acteurs concernés afin de créer un système inclusif et innovant qui non seulement respecte les standards internationaux mais anticipe également les défis futurs.

En encourageant l’apprentissage tout au long de la vie et en favorisant l’innovation, le rapport vise à préparer les ingénieurs tunisiens à être des acteurs compétitifs sur la scène mondiale, contribuant ainsi au développement économique du pays.

“Un système éducatif qui ne s’adapte pas aux révolutions technologiques condamne ses diplômés à devenir des spectateurs plutôt que des acteurs du progrès.”

 

Pour y parvenir, plusieurs actions stratégiques sont mises en place, comme l’engagement des entreprises dans la conception des programmes et l’amélioration de la pertinence des offres de formation.

L’objectif est de renforcer le lien entre le monde académique et l’industrie afin de favoriser l’employabilité des diplômés et de contribuer au développement économique et social. L’OS3 a pour but de garantir que les ingénieurs formés possèdent les compétences nécessaires en adéquation avec les besoins du marché. Des collaborations étroites entre les établissements de formation et les entreprises sont essentielles pour adapter l’offre pédagogique.

L’intégration de concepts tels que le développement durable et la transformation numérique dans les programmes de formation est primordiale. Des modules sur les compétences transversales, incluant l’éthique et la responsabilité sociétale, devraient être intégrés dans les curriculums. On y parle également de la création d’événements et de forums favorisant les échanges entre académiques et industriels, soit une condition importante pour recueillir des retours d’expérience.

L’apprentissage tout au long de la vie est encouragé pour que les ingénieurs s’adaptent aux évolutions technologiques. Le SFI mettra en place une structure de veille socio-économique afin de suivre les besoins du marché et d’ajuster les formations en conséquence.

Une stratégie par rapport à quoi et basée sur quoi ?

L’Orientation Stratégique 3 proposée dans le livre blanc est adossée à 3 grands axes :

  • Adapter les formations aux besoins sociaux et économiques : garantir que les programmes d’ingénierie répondent aux exigences actuelles et futures du marché de l’emploi et de la société, en intégrant les préoccupations de durabilité et d’innovation.
  • Renforcer les liaisons académiques et industrielles : accroître la collaboration entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises pour concevoir des programmes qui préparent efficacement les étudiants aux réalités du monde professionnel.
  • Promouvoir l’apprentissage permanent : encourager les diplômés à continuer à se former tout au long de leur carrière pour s’adapter aux transformations technologiques et aux évolutions du marché.

Ces objectifs s’inscrivent dans un cadre plus large visant à améliorer la qualité et la pertinence de la formation d’ingénieurs, en tenant compte des retours d’expérience et des évolutions sociétales.

“L’ingénierie est au cœur des grandes mutations économiques et industrielles. Si nous ne dotons pas nos ingénieurs des outils du XXIe siècle, nous nous enfermons dans une logique de retard perpétuel.”

 

Tout cela est bien beau, toutefois, quelques questions se posent :

  • les cursus de l’ingénierie ne doivent-il pas obéir à une vision de l’État loin de toute gesticulation économique et carence stratégique ?
  • le livre blanc sur lequel ont planché comme précisé par le ministère des experts, des enseignants, des “Atugéens” et des industriels est-il l’expression de la volonté de l’État de mettre la Tunisie sur l’orbite des avancées technologiques extraordinaires de par le monde, ou tout juste un ouvrage publié pour honorer un engagement financier et pour dire que malgré tout, nous pensons l’avenir du pays ?
  • Hakim Bellagha, ingénieur évoluant dans le secteur énergétique parle d’inachevé- article à publier- et d’archaïsme administratif. D’où une autre grande question, la réflexion menée dans le cadre du livre blanc répond-elle aux choix stratégiques de l’État en matière de développement technologique et d’innovation ?
  • la formation des ingénieurs se conjugue-t-elle avec les objectifs stratégiques de l’État, visant à doter les diplômés des compétences nécessaires pour soutenir des secteurs clés de l’économie et favoriser la croissance et la compétitivité nationale parce qu’in fine nous ne pouvons pas continuer à n’être que des fabricants de matière grise au service des autres États ?
  • loin des discours théoriques, l’État tunisien se donne-t-il les moyens d’investir dans les technologies les plus avancées ?
  • les laboratoires de recherches dans les institutions universitaires sont-elles équipées comme il se doit pour former les étudiants aux technologies les plus pointues existant aujourd’hui sur la scène mondiale ? Nous pouvons citer l’intelligence artificielle, la technologie blockchain, La 5G qui facilite le développement de l’Internet des Objets (IoT) et des applications de réalité augmentée et virtuelle mais laquelle lancée récemment dans notre pays, ne semble pas capable de remplir ce rôle pour nombre de raisons, la biotechnologie et génomique, les robots autonomes et drones, les technologies quantiques ou encore les énergies renouvelables et le stockage d’énergie où nos performances à ce jour restent assez approximatives ?

Les programmes de formation des ingénieurs doivent être alignés sur des orientations stratégiques qui favorisent la recherche et l’innovation et définissent un positionnement futur du pays qui détermine les choix des cursus ou continuer dans la lancée de formations académiques solides qui permettent la maitrise des fondamentaux mais sans disciplines facilitant une intégration plus aisée de nos ingénieurs dans la dynamique technologique mondiale.

“Une réforme qui ne s’appuie pas sur la collaboration entre les universités, les entreprises et l’État reste une déclaration d’intention. La compétitivité se construit avec des actions concrètes et un engagement durable.”

 

Plus que de la théorie et de la littérature, nous ne pouvons pas réussir les filières de l’ingénierie en l’absence d’une orientation stratégique de l’État et pas sur 5 ans, mais sur au moins une dizaine d’années, l’ingénierie est au cœur des grandes révolutions contemporaines et il n’est pas sûr qu’un livre blanc pourrait changer les donnes si derrière ses grandes idées ou propositions, tout l’appareil de l’État ne se met pas en marche.

L’Institut tunisien des Études stratégique regorge d’études les unes plus pertinentes que les autres, les actions, les mesures ont-elles suivi ?

Friedrich Engels disait “Une once d’action vaut une bonne théorie”. Sans actions de l’État, sans vision et sans portée pratique et réaliste, devrions-nous être condamnés à théoriser sans réaliser ?

Amel Belhadj Ali

EN BREF

Réforme de la Formation des Ingénieurs en Tunisie

🔹 Un Livre Blanc publié par le ministère de l’Enseignement supérieur propose une réforme des cursus d’ingénierie.

Objectifs clés :
✔ Adapter la formation aux besoins du marché
✔ Renforcer les liens universités-industries
✔ Intégrer l’innovation et le développement durable

🔹 Un débat ouvert : Certains experts critiquent l’absence de concertation avec les élites tunisiennes à l’étranger.

🔹 Chiffre clé : 50 ans d’existence du système actuel, nécessitant une modernisation.

“Former sans stratégie, c’est théoriser sans réaliser.”

Enjeux : Une mise en œuvre efficace et un véritable engagement de l’État.

 

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