Le mini-sommet entre Donald Trump et cinq chefs d’État africains s’est illustré par une condescendance à la imite de l’insolence de la part du locataire de la Maison Blanche envers ses hôtes.
Récit d’une parodie de la soi-disant coopération Nord-Sud.
Confucius n’a-t-il pas dit qu’une image vaut 1 000 mots ? Ce proverbe ancestral n’aura jamais trouvé illustration plus éloquente que la photo de famille prise lors de la réunion qui a eu lieu à Washington du 9 au 11 juillet entre Donald Trump et cinq chefs d’État africains présélectionnés pour le sommet de septembre prochain qui réunira plusieurs dirigeants du continent en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Cette image montrait les cinq présidents africains debout, sans chaises, aux côtés de Donald Trump qui, lui, est bien assis derrière le bureau ovale, sa casquette vissée sur la tête.
Une image d’un autre temps, en flagrante violation des règles élémentaires de la diplomatie qui imposent un minimum d’égalité et de respect et qui rappelle crûment que c’est désormais le rapport de force qui détermine les relations Nord-Sud.
« Trade, not aid »
Pour rappel, depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump, qui prône une diplomatie fondée sur des principes transactionnels « Trade, not aid », a mis la question des minerais au centre des négociations avec de nombreux Etats étrangers, comme avec l’Ukraine ou dans le cadre de l’accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo.
Sachant que les cinq présidents africains invités sont ainsi à la tête de pays riches en minerais, notamment en or ou en terres rares, des composants critiques pour l’économie mondiale, particulièrement les appareils électroniques ou les véhicules électriques.
Mauvaises manières
Ainsi, le 47e président des Etats-Unis n’avait mis les pieds en Afrique lors de son premier mandat. Il a commencé son second en coupant les aides au développement américaines qui bénéficiaient à 40 % aux pays subsahariens. Et, selon le Washington Post, il aurait même traité le 11 janvier 2018 plusieurs nations africaines, mais aussi le Salvador et Haïti, « de pays de merde ». Trump a donc « convoqué » les présidents bissau-guinéen, gabonais, libérien, mauritanien et sénégalais à la Maison Blanche en leur demandant en premier lieu de se présenter en déclinant, chacun, nom et prénom ainsi que le pays qu’il dirige.
Indélicatesses
Autres morceaux choisis de ce mini-sommet en présence de cinq présidents d’Etats d’Afrique riches en minerais, lesquels étaient invités pour cette rencontre consacrée officiellement à des questions commerciales, d’investissement et de sécurité et destinée notamment pour les Etats-Unis à contrer l’influence grandissante sur le continent de la Chine et de la Russie.

Ainsi, lors d’un tour de table préliminaire au Bureau ovale mercredi 11 juillet, le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, s’est lancé dans un long discours pour souligner qu’il était avant tout un « pacifiste » œuvrant pour la paix, notamment au Moyen-Orient, suivez mon regard, avant de rappeler que son pays regorge de « minerais, des terres rares, des minerais rares. Nous avons du manganèse, nous avons de l’uranium, et nous avons de bonnes raisons de penser que nous avons du lithium et d’autres minerais ».
Donald Trump coupe court à son intervention. « Soyons brefs, concis, allez droit au but », l’a-t-il recadré avec son tact habituel.
Et ce n’est pas tout. Prenant la parole après son homologue mauritanien, le Libérien Joseph Boakai, qui s’est exprimé dans un anglais raffiné, a subjugué Donald Trump qui s’étonnait de voir ce dernier parler si bien l’anglais. Et il en a profité pour lancer une pique aux autres présidents, en ces termes : « J’ai des gens autour de cette table qui sont loin de parler anglais aussi bien que vous ».
Et d’insister lourdement selon le témoignage du New York Times : « Où avez-vous appris à parler si bien l’anglais ? Où avez-vous été éduqué ?… ? ».
Inculture ? Méconnaissance de la géographie ? Toujours est-il que Trump semble ignorer que depuis sa fondation en 1822 à l’initiative d’une organisation américaine, l’American Colonization Society, en vue d’y installer les esclaves affranchis des États-Unis, l’anglais est la langue officielle du Liberia.
Mais comment les cinq chefs d’État africains ont-ils réagi face à la condescendance hautaine du milliardaire américain ? En saluant publiquement la proposition israélienne de candidature du président américain Donald Trump au prix Nobel de la Paix.
Oligui Nguema, président du Gabon, a déclaré : « Le lauréat pour le prix Nobel de la paix, je ne vois pas d’objection. Sans être prétentieux, je pense que le président Trump le mérite pour les efforts qu’il a déjà faits pour la paix à travers le monde. Aujourd’hui, c’est le président Trump, un président d’ailleurs qui ramène la paix dans la région. Donc je pense qu’il le mérite, c’est mon avis ».
Sans commentaire.
L’article Mini-sommet africain à la Maison Blanche : mépris, humiliation et condescendance est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.