Dans son dernier Bulletin sur l’évolution économique mondiale publié vendredi 31 octobre, Alpha Bank présente les premiers impacts des effets des droits de douane sur les indicateurs clés de l’économie américaine.
En particulier, comme le souligne l’analyse, six mois après ladite « Journée de la Libération », la Maison Blanche persiste à affirmer que sa politique commerciale repose sur l’équité et la réciprocité. L’administration soutient que les droits de douane augmenteront les recettes publiques, inciteront les consommateurs à acheter davantage de produits américains et stimuleront les investissements aux États-Unis.
D’après les données officielles du Bureau du budget du Congrès… 136 milliards de dollars ont été perçus au cours de l’exercice 2025, dont 28 milliards pour le seul mois de juillet. Ces montants sont nettement supérieurs aux prévisions.
Mais quel est l’impact de ces recettes fiscales plus élevées sur les autres secteurs de l’économie ?
Premièrement, la forte hausse des recettes publiques provenant des droits de douane a été supportée presque entièrement par les entreprises américaines importatrices de produits étrangers, et une partie de ce fardeau est répercutée sur les consommateurs américains, agissant de fait comme une taxe. Cette répercussion se reflète déjà dans la légère augmentation de l’indice des prix à la consommation et de ses sous-indices depuis mai. La faible hausse de l’inflation est surtout visible dans le secteur alimentaire, mais d’autres augmentations de prix sont possibles, les entreprises étant encore en phase d’ajustement…
À la suite de l’imposition de droits de douane plus élevés sur les importations aux États-Unis, la dynamique de la production industrielle semble s’être enrayée. Les statistiques de la production manufacturière pour septembre 2025 n’ont pas été publiées le 17 octobre, comme prévu, en raison de la paralysie des services gouvernementaux américains.
Cependant, d’après les données d’août 2025, le secteur manufacturier stagne, enregistrant une légère hausse mensuelle (+0,2%), contre une légère baisse en juillet (-0,1%). Plus révélateur pour septembre est le dernier sondage de l’Institute for Supply Management (ISM), qui n’a montré qu’une légère amélioration des perspectives pour le secteur manufacturier américain, ce dernier restant néanmoins en phase de contraction. En particulier, l’indice des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier a progressé à 49,1 points en septembre, contre 48,7 points en août, après sept mois consécutifs sous le seuil de 50 points qui sépare la croissance de la contraction de l’activité économique. Deux des sous-indices composant l’indice PMI sont également révélateurs : le sous-indice des nouvelles commandes à l’exportation, qui a reculé à 43 points en septembre, contre 47,6 points en août, et le sous-indice des importations, qui a baissé à 44,7 points, contre 46,0 points le mois précédent.
Lorsque le président Trump a lancé sa politique tarifaire agressive, certains économistes ont prédit une baisse significative des importations américaines. Or, jusqu’à présent, du moins, ce n’est pas le cas, d’après les données disponibles jusqu’en juillet 2025. Cependant, certains pays, comme la Chine, ont été touchés. Il semble donc que cette politique tarifaire ait eu un impact considérable, incitant les importateurs à anticiper leurs achats avant l’entrée en vigueur des droits de douane.
Selon le Bureau d’analyse économique des États-Unis, le déficit commercial américain des biens s’est creusé, passant de 85,7 milliards de dollars en juin 2025 à 103,9 milliards en juillet 2025. La valeur des importations a atteint 283,3 milliards de dollars en juillet 2025, contre 264,9 milliards le mois précédent.
Parallèlement, la valeur des exportations de biens est restée stable (179 milliards de dollars) durant cette période, ce qui signifie que les contre-mesures prises par d’autres pays semblent avoir eu un impact minime sur les exportations américaines.
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