Scène surréaliste, avant-hier soir, lundi 7 juillet 2025, à la Maison Blanche. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre à Gaza, a remis en grande pompe au président Donald Trump un document destiné au comité Nobel d’Oslo. Il y recommande le président américain pour le prix Nobel de la paix. Une paix hypothétique, un cessez-le-feu encore non signé, sur fond de guerre active, de bombardements quotidiens et de famine grandissante.
Khémaïs Gharbi *
Mais cette scène n’est pas simplement grotesque — elle est révélatrice. Elle illustre une forme nouvelle de diplomatie : le troc symbolique. Trump, à peine revenu sur le devant de la scène, a proposé il y a quelques jours aux Israéliens une idée «novatrice» : pourquoi ne pas abandonner les poursuites judiciaires contre Netanyahu devant les tribunaux israéliens, où il est accablé par trois ou quatre procès pour corruption ? En retour, voici qu’un début de récompense arrive : une nomination surprise au prix Nobel de la paix, comme un merci d’ami à ami.
En d’autres termes, pendant que des civils meurent par centaines, pendant qu’on compte plus de 150 000 morts et blessés palestiniens, pendant que les hôpitaux croulent, que l’eau manque, que les enfants pleurent sous les décombres — on s’échange des faveurs et des décorations.
Emballage diplomatique pour ambition personnelle
Tout y était : les sourires figés, le protocole réglé comme du papier à musique, les caméras triées sur le volet. Seule manquait la réalité. Le mot «paix», vidé de tout contenu, devient ici une formule creuse, un emballage diplomatique pour ambition personnelle. Ce n’est pas une récompense pour un résultat — c’est une stratégie de communication.
Offrir un Nobel en pleine guerre, sans traité, sans fin des combats, sans justice pour les victimes, revient à remettre la coupe du monde à une équipe qui n’a pas encore joué son quart de finale. Ou, plus absurde encore, à offrir la médaille d’un marathon à celui qui vient juste de nouer ses lacets — à condition qu’il fasse une photo avec le sponsor.
En vérité, ce que l’on cherche ici, ce n’est pas la paix. C’est l’absolution. Ce n’est pas un honneur mérité, c’est un vernis — un stratagème pour redorer des blasons ternis. Mais les faits sont là. Et l’histoire, elle, ne se laisse pas duper.
Le comité Nobel appréciera. Quant aux peuples, eux, retiendront peut-être cette image : celle de deux hommes s’auto-congratulant pendant que les décombres fument encore. Ce n’est pas de la paix qu’ils célèbrent. C’est le triomphe du simulacre.
Dans un contexte de canicule record touchant plusieurs régions du pays, l’Algérie a enregistré un nouveau record historique de consommation d’électricité atteignant 19 580 mégawatts le 8 juillet 2025 à 15h03, heure locale.
C’est ce qu’a annoncé Sonelgaz-Transmission ou Sonelgaz Transport et Opérateur Système (Stos), le gestionnaire du réseau électrique en Algérie, en ajoutant que le groupe a assuré la couverture complète des besoins nationaux et le maintien des exportations vers la Tunisie, qui dépassent actuellement 600 mégawatts par jour.
L’Algérie avait déjà enregistré un précédent record historique de consommation d’électricité à l’été 2024, avec 19 543 mégawatts. Le pays voisin dispose d’une capacité de production de plus de 28 000 mégawatts, principalement produite par des centrales au gaz naturel. D’ici la fin de l’année, le groupe Sonelgaz prévoit d’ajouter au réseau 3 200 mégawatts de capacité de production supplémentaire, provenant de nouvelles centrales solaires photovoltaïques actuellement en construction.
À Menzel Jemil, ville côtière située à environ 60 kilomètres au nord de Tunis, dans le gouvernorat de Bizerte, une statue réalisée par un artiste autodidacte et installée sur un rond-point par la municipalité, le 3 juillet 2025, suscite une vive polémique sur les réseaux sociaux et les médias pour son esthétique singulière et le choix du sujet.
Menzel Jemil est connue pour l’épave du cargo grec Tarpon Sentinel, échoué sur la plage de Rimel depuis 1983 et qui fait désormais partie intégrante du paysage et de l’attrait touristique de la région.
L’œuvre, créée par un artiste autodidacte local, a été inspirée par l’épave et les vagues qui l’entourent. Cependant, son style naïf et ses proportions «» ont suscité moqueries et critiques.
L’installation s’inscrit dans le cadre d’un programme municipal d’«embellissement des entrées de route et des ronds-points», lancé par la municipalité début juillet. En quelques heures, les images du monument ont inondé Facebook et Twitter, divisant les internautes entre ceux qui apprécient ses bonnes intentions et ceux qui le considèrent comme «une offense au bon goût» ou «une priorité malavisée» dans une localité où l’on se plaint du manque de services de base. Certains commentateurs réclament le retrait ou la rénovation de l’œuvre, tandis que d’autres défendent son cachet populaire, rappelant que la ville avait déjà obtenu des soutiens en 2017 avec une sculpture dédiée aux éboueurs.
Cette affaire s’inscrit dans une longue série de controverses similaires au Maghreb et dans le monde arabe – de l’œuvre controversée «L’Égypte se soulève» à la «Théière géante» d’Assouan – qui illustrent le décalage entre les initiatives artistiques locales et les attentes esthétiques de la citoyenneté numérique.
À Menzel Jemil, cependant, le débat sur l’art public a sa propre histoire : en 2017 déjà, la statue des balayeurs de rue était saluée comme un hommage à des groupes souvent invisibles, démontrant qu’un langage «pop» peut faire consensus si le message social est clair.
Concernant la statue de l’épave, le délégué local, interrogé par la presse, a assuré que l’administration «écouterait les commentaires des citoyens» et envisagerait d’éventuelles modifications sans sacrifier l’identité locale.
Ce litige, plus qu’un simple débat esthétique, relance le débat sur la relation entre art, mémoire collective et participation citoyenne en Tunisie, où l’imaginaire urbain demeure un point de discorde entre institutions, artistes et public.
L’Algérie a exclu toute possibilité de grâce présidentielle pour l’écrivain français d’origine algérienne Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour «atteinte à l’unité nationale», une affaire considérée par l’Algérie comme une «ligne rouge».
L’agence de presse officielle algérienne APS a rapporté cette information, précisant que «contrairement aux illusions alimentées par l’extrême droite française, le décret de grâce signé par le président Abdelmadjid Tebboune le 5 juillet ne concerne pas l’intéressé».
Pour l’Algérie, Sansal «n’est pas un otage, mais il est jugé pour une affaire intérieure qui touche à l’unité nationale, une ligne rouge pour tout État souverain», note l’agence de presse officielle algérienne. «Et où est la France dans tout cela? Absente, si ce n’est par une nouvelle posture arrogante et coloniale, adoptée par une partie de sa classe politique, perdue et en quête de prétextes pour justifier son ingérence», poursuit le long texte publié par l’APS.
«Les ordres de Paris n’y changeront rien»
«L’affaire Boualem Sansal est une affaire purement algérienne, et les ordres de Paris n’y changeront rien», souligne l’agence d’État, ajoutant que l’intéressé «est un citoyen algérien jugé sur le sol national et selon ses lois».
L’APS rappelle également que l’écrivain «est né en Algérie, a obtenu ses diplômes dans ses universités, a travaillé dans ses institutions et a terminé sa carrière comme haut fonctionnaire de l’État».
Les autorités algériennes ont critiqué ce qu’elles appellent la «nouvelle dérive colonialiste» de Paris et dénoncé le deux poids, deux mesures du gouvernement français qui, face à plus de 2 290 citoyens français détenus à l’étranger, «ne fait qu’élever la voix dans le cas algérien».
Vingt-et-un spectacles dans divers genres artistiques dont 9 tunisiens sont au programme du Festival international de Carthage (FIC) dont la 59e édition se déroulera sans du 19 juillet au 21 août 2025 à l’Amphithéâtre romain de Carthage, au cœur du célèbre site archéologique classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979.
Le programme de cette édition du festival, tel que dévoilé sur sa page Facebook, propose une sélection de spectacles de Tunisie (9), du Liban (5), de France (2), de Palestine (2), d’Egypte (1), des Emirats arabes Unis (1) et de la Jamaïque (1).
Programme :
Samedi 19 juillet : ‘‘Men kaa el khabia’’, spectacle musical du «revenant» après une longue absence Mohamed Garfi (Tunisie);
Dimanche 20 juillet : ‘‘Tapis Rouge 2’’, spectacle musical de Riadh Fehri (Tunisie);
Mardi 22 juillet : ‘‘Binomi S+1’’, pièce de théâtre d’Aziz Jebali (Tunisie);
Vendredi 25 juillet : concert de chants de Latifa Arfaoui (Tunisie);
Samedi 26 juillet : Ibrahim Maalouf & The trumpets of Michel-Ange (Liban);
Dimanche 27 juillet : ‘‘Pour Gaza’’ de Mohamed Assaf (Palestine);
Lundi 28 juillet : Soirée tunisienne (Tunisie);
Mercredi 30 juillet : concert de chants de Nassif Zeytoun (Liban);
Jeudi 31 juillet : concert de chant d’Hélène Ségara (France);
Vendredi 1er août: ‘‘La Nuit des chefs’’, spectacle musical (Tunisie);
Samedi 2 août : concert de chants de Nancy Ajram (Liban);
Dimanche 3 août : ‘‘Sur la route enchantée’’ de Chantal Goya (France);
Mardi 5 août : Marwan Abdelhamid alias Saint Levant (Palestine)
Vendredi 8 août : ‘‘Imagine’’ de Karim Thlibi (Tunisie);
Samedi 9 août : concert de chants de Najwa Karam (Liban);
Lundi 11 août : Folklore (Tunisie);
Mercredi 13 août : Concert de chants de Sofia Sadok (Tunisie);
Samedi 16 août : ‘‘Soirée Om Kalthoum’’ avec May Farouk (Egypte);
Dimanche 17 août : Concert de chants de KY-Mani Marley (Jamaïque);
Lundi 18 août : Adam (Liban)
Jeudi 21 Août : concert de chants de Ahlam (Emirats Arabes Unis).
Le président du Tunisia Africa Business Council (TABC), Anis Jaziri, a participé au Africa Spain Summit, qui s’est tenu à Madrid du 6 au 8 juillet 2025. Cet événement de haut niveau est organisé par One Africa Forums et réunit des responsables politiques, des institutions panafricaines et européennes, des chefs d’entreprises et des experts internationaux engagés pour bâtir un partenariat Afrique–Espagne plus stratégique, résilient et durable.
Jaziri est intervenu dans un panel consacré au thème «Zlecaf vs MACF : construire un partenariat Afrique–Espagne résilient et durable», qui a permis de débattre de la manière dont la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pourrait redéfinir les relations commerciales entre l’Afrique et l’Espagne, notamment face au défi du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF).
Les discussions ont également porté sur les tensions entre industrialisation et exigences environnementales, les modèles de coopération innovants et les secteurs prioritaires pour une croissance partagée et inclusive.
Le sommet a également été l’occasion pour M. Jaziri de mettre en avant les relations économiques solides entre la Tunisie et l’Espagne. Les échanges commerciaux bilatéraux dépassent actuellement les 6 milliards de dinars tunisiens, avec un excédent favorable à la Tunisie de 200 millions de dinars. L’Espagne se positionne comme le sixième investisseur étranger en Tunisie, avec des investissements cumulés atteignant 2,5 milliards de dinars.
M. Jaziri a profité de cette tribune pour présenter la prochaine édition de la conférence internationale Financing Investment and Trade in Africa (Fita2026), prévue les 28 et 29 avril 2026 à Tunis. Il a appelé les opérateurs économiques espagnols à y participer et à considérer la Tunisie comme un hub stratégique vers l’Afrique, dans le cadre des accords de la Zlecaf.
M. Jaziri a également présenté l’initiative Tunisia Consortium for African Development (Tucad), nouvelle plateforme portée par TABC pour accélérer la réalisation de projets structurants en Afrique, notamment dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et de l’agro-industrie. Ce projet vise à rassembler les acteurs économiques tunisiens engagés en Afrique et à les connecter avec des partenaires financiers et techniques internationaux.
À travers sa participation active à ce sommet, M. Jaziri a porté la voix des entrepreneurs africains et mis en lumière les opportunités concrètes d’un partenariat triangulaire entre la Tunisie, l’Afrique et l’Espagne. Un partenariat fondé sur l’investissement, l’innovation, l’intégration régionale et la durabilité.
La 5e chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme a rendu, mardi 8 juillet 2025, son jugement dans l’affaire dite de «complot 2», à l’encontre de 21 accusés, dont plusieurs hauts responsables de l’Etat : un ancien président de l’Assemblée, un ancien chef de gouvernement, un ancien ministre des Affaires étrangères, un ancien directeur de cabinet du président de la république et d’anciens députés).(Ph. Palais de Justice de Tunis).
Les peines prononcées contre les accusés détenus varient entre 12 et 14 ans de prison. Quant aux accusés en fuite, ils ont été condamnés par contumace à 35 ans de prison, avec exécution immédiate.
Nous reproduisons ci-dessous les détails des peines prononcées telles que publiées par l’agence Tap, et qui sont jugées trop sévères par les avocats qui y voient des règlements de comptes politiques.
Accusés en détention :
Rached Ghannouchi : 14 ans;
Kamel Bedoui : 14 ans;
Rayan Hamzaoui : 12 ans;
Abdelkarim Laâbidi : 12 ans;
Habib Ellouze : 12 ans;
Fathi Beldi : 12 ans;
Samir Hannachi: 12 ans;
Mehrez Zouari : 12 ans;
Accusés en fuite (35 ans avec exécution immédiate) :
Mouadh Ghannouchi;
Nadia Akacha;
Chahrazed Akacha;
Abdelkader Farhat;
Kamel Guizani;
Lotfi Zitoun;
Maher Zid;
Mustapha Khedher;
Adel Daâdaâ;
Rafik Bouchlaka;
Tasnim Ghannouchi.
Le tribunal a également prononcé un non-lieu à l’encontre de Ridha Ayari, et ordonné le retrait du dossier de Youssef Chahed et Rafik Yahya, suite à leur recours en cassation contre la décision de la chambre d’accusation.
Par ailleurs, le Tribunal a ordonné de soumettre tous les condamnés au contrôle administratif pour une durée de cinq ans, et ce, pour des chefs d’accusation liés à la formation d’une entente terroriste, à l’adhésion volontaire à une organisation terroriste sur le territoire tunisien, à l’utilisation du territoire tunisien pour commettre des crimes terroristes, pour recruter et entraîner des personnes à commettre de tels crimes, ainsi que pour divulgation, fourniture et diffusion d’informations dans le cadre d’un complot contre la sûreté intérieure de l’État.
La prison israélienne de Megiddo est officiellement une prison mais par ces conditions de détention, les exactions des droits de l’homme qui y sont commises et l’absence de la notion de la dignité humaine, elle ressemble plus à un bagne d’un autre âge. Y être incarcéré c’est essayer de survivre dans les pires conditions. Hélas, le monde et les médias internationaux oublient ces détenus palestiniens livrés à eux-mêmes.
Imed Bahri
Haaretz a publié une enquête choquante sur la prison de Megiddo dans le nord d’Israël, décrite comme la pire prison de l’État hébreu. Ce rapport se base sur des témoignages de prisonniers palestiniens souffrant de malnutrition, de propagation de maladies infectieuses ainsi que d’autres formes de torture dont certaines ont entraîné la mort de certains d’entre eux.
Un jeune Palestinien de 16 ans a raconté son expérience à la prison de Megiddo à Haaretz qui a modifié son vrai nom parce qu’il est mineur et l’a appelé Ibrahim.
Ibrahim a été interviewé après sa sortie de prison. Il a passé la majeure partie de l’année écoulée en prison à apprendre essentiellement à survivre. Il a résumé son expérience en prison en un mot: torture, un mot que Haaretz décrit comme ne reflétant que partiellement son apparence maladive et les souvenirs qu’il aimerait effacer.
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Une épidémie de gale sévit parmi les prisonniers
Au cours de l’interview, Ibrahim a déclaré avoir été arrêté en octobre 2024, détenu pendant huit mois et avoir été libéré après que son état de santé se soit dégradé. Il a évoqué une épidémie de gale, une maladie cutanée contagieuse généralement transmise par contact direct avec une peau infectée ou indirectement par le partage de vêtements ou de literie avec une personne infectée.
La journaliste de Haaretz a rencontré Ibrahim dans l’appartement familial à Naplouse où elle observé des taches rouges et grises de tailles variables indiquant des infections récurrentes de gale ainsi que d’autres maladies.
Ibrahim a été libéré il y a environ un mois. La Commission israélienne des libérations conditionnelles –un organisme judiciaire ou administratif qui examine les demandes de libération anticipée– a déclaré que son apparence était «très inquiétante».
Le journal a ajouté que pour compléter le tableau, il était nécessaire d’écouter ce que lui et sa mère avaient à dire. Sa mère a décrit le choc qu’elle a ressenti en le voyant pour la première fois après sa libération. «Il ressemblait à une momie, comme si ce n’était pas vraiment lui! Nous ne l’avons pas reconnu», a-t-elle déclaré en s’asseyant à côté de lui sans le quitter des yeux.
Outre sa gale, Ibrahim souffrait de violences et présentait les symptômes d’une grave maladie intestinale notamment des évanouissements. Selon le journal, le témoignage d’Ibrahim n’était qu’une infime partie d’un ensemble bien plus vaste de témoignages de détenus adultes et mineurs ayant souffert des mêmes maux à Megiddo. L’un d’eux, Walid Ahmed, 17 ans, est décédé en prison en mars dernier.
Selon de nombreux témoignages rapportés à Haaretz, la négligence médicale et la malnutrition ne sont que deux des nombreux problèmes qui caractérisent les conditions de détention à la prison de Megiddo. Le cas d’Ibrahim n’était pas le seul recueilli par le journal israélien.
Haaretz a recueilli les témoignages écrits de quatre autres prisonniers de Megiddo qui ont signalé des problèmes médicaux similaires au cours des derniers mois. L’association Médecins pour les droits de l’homme a traité cinq autres cas de prisonniers souffrant de problèmes similaires.
D’autres témoignages font état de la très petite quantité de nourriture fournie aux prisonniers et de la propagation de la gale.
Parmi les cas rapportés par le journal figure celui de Walid Ahmed, décédé dans la cour de la prison de Megiddo en mars. Le médecin qui a assisté à l’autopsie au nom de la famille a indiqué qu’Ahmed n’avait presque plus de tissu adipeux, souffrait de colite et était infecté par la gale.
Multiplication des décès derrière les barreaux
La prison de Megiddo, située dans le nord d’Israël, n’est pas le seul endroit où les prisonniers palestiniens sont victimes de maltraitance. Des problèmes similaires se produisent dans d’autres prisons comme l’épidémie de gale qui s’est propagée aux prisons de Ketziot, Ganot et Ayalon depuis le mois dernier.
Parmi ces problèmes figurent des cas de perte de poids importante chez les détenus de plusieurs centres de détention israéliens mais des avocats ont confirmé au journal que la prison de Megiddo est la pire de toutes les prisons.
Concernant les cas de décès derrière les barreaux, Megiddo arrive en deuxième position, juste derrière Ketziot. Cinq personnes sont mortes à Megiddo –Walid Ahmed et quatre adultes– contre sept à Ketziot.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, 73 prisonniers et détenus sont décédés dans les prisons militaires et civiles au cours des 20 derniers mois.
À la prison de Megiddo, les autopsies de deux cas ont révélé des signes de violences possibles. Le premier concernait un Palestinien de la ville de Qarawat Bani Hassan, dans le centre de la Cisjordanie, Abdul Rahman Mar’i, décédé en novembre 2023. Des traces de torture étaient visibles sur son corps, notamment des contusions, des côtes cassées et une fracture du sternum.
Le deuxième cas concernait un autre Palestinien, Abdul Rahman Bassem al-Bahsh, un habitant de Naplouse décédé à Megiddo en janvier dernier. Son corps était couvert d’ecchymoses à la poitrine et à l’abdomen, avec des côtes cassées, une rupture de la rate et une grave inflammation des deux poumons.
Ibrahim se souvient: «Ils nous ont menottés et leurs chiens marchaient devant nous en aboyant et en nous donnant des coups de pied».
Il a déclaré que les prisonniers parlaient peu voire pas du tout des violences de peur que les gardiens ne les entendent –directement ou par l’intermédiaire d’autres prisonniers– et ne ripostent.
Des prisonniers délibérément affamés
Ibrahim a également raconté comment les prisonniers souffraient du manque de nourriture. «Aucun d’entre nous n’avait assez à manger en prison. Ils nous apportaient une assiette de riz pour 10 personnes. Même si c’était à peine suffisant pour une personne, nous la partagions tous», a-t-il indiqué.
Il a raconté avoir vu Walid Ahmed tomber face contre terre, le sang coulant de sa bouche, avant que les médecins n’arrivent et ne le transportent sur une civière. Il ne s’en est jamais remis. Il est décédé.
En raison de la pénurie alimentaire constante, a-t-il expliqué, les prisonniers ramassaient tout, mélangeaient et partageaient. Il a ajouté qu’il n’y avait pas assez de nourriture pour tout le monde donc il n’y avait pas de restes.
Malgré la pénurie de nourriture, sa qualité était également médiocre, selon Ibrahim, qui a déclaré que la salade de légumes était avariée et le riz insuffisamment cuit.
La situation à la prison de Megiddo a empiré avec le 7 octobre, lorsque le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir a introduit des changements radicaux dans les conditions de vie des prisonniers palestiniens en Israël. Parmi ces mesures, les prisonniers se sont vu refuser l’accès aux cantines pénitentiaires, les assiettes et les ustensiles de cuisine ont été retirés de leurs cellules et les rations alimentaires ont été réduites au minimum légal.
Haaretz a rapporté que l’épidémie de gale, une maladie contagieuse, dans les prisons israéliennes n’est un secret pour personne. Fin 2024, l’administration pénitentiaire a reconnu, en réponse à une pétition, qu’environ 2 800 prisonniers palestiniens avaient contracté la maladie. Elle considérait que les prisonniers constituaient le groupe le plus vulnérable à la gale en raison de la surpopulation carcérale, soulignant que la plupart des personnes contractent la gale par contact avec des personnes infectées ou en partageant les mêmes objets avec elles.
Le journal a rapporté que l’avocate Reham Nasra qui représente régulièrement des Palestiniens devant les tribunaux militaires se rendait régulièrement à la prison de Megiddo. Lors de l’une de ses visites en avril, elle a rencontré Nidal Hamayel, 55 ans, détenu administratif depuis septembre dernier.
Son apparence en disait long. Nasra a déclaré: «J’ai été choquée de le voir entrer au parloir. Il y a deux mois à peine, il se plaignait des rations alimentaires reçues et de la faim constante alors qu’il semblait aller plutôt bien mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas».
Elle a poursuivi en précisant que Hamayel avait beaucoup maigri et qu’il était pâle et émacié suggérant qu’il était malade. «Il pouvait à peine marcher et portait des vêtements sales», a-t-elle rapporté.
Hamayel lui a expliqué que depuis mars, lui et d’autres détenus souffraient de fortes douleurs abdominales, de diarrhée, de perte d’appétit et d’évanouissements. Il pesait 86 kilos lors de son arrestation mais en février, il en avait déjà perdu 26.
Depuis l’ère de Ben Ali, les programmes de sauvetage de Tunisair se suivent et finissent tous par se révéler éphémères et sans effet durable. La crise que traverse le pays fait que l’Etat tunisien n’a pas plus la capacité de gouvernance ni les moyens de posséder ni de moderniser une compagnie aérienne.
Elyes Kasri *
Les défaillances de plus en plus visibles et insupportables de la compagnie Tunisair font invoquer par les mêmes cercles corporatistes, rentiers ou nostalgiques des slogans classiques pour cacher l’évidence de l’anachronisme de cette entreprise qui fut il y a longtemps un motif de fierté nationale mais qui est devenue un fardeau insupportable et une image dégradante de la Tunisie à l’étranger.
Dès qu’en temps de crise une entreprise publique, déficitaire chronique et incapable de se redresser, commence à invoquer la souveraineté nationale et à se cacher derrière des lignes rouges, il faut se rendre à l’évidence qu’il y a en matière de vision et de gouvernance un mélange toxique et fatal.
Des défaillances chroniques
Tunisair a été une bonne compagnie mais n’a visiblement pas su vieillir et s’adapter à la nouvelle conjoncture internationale pour des considérations endogènes et exogènes. Et elle démontre une nouvelle fois ses défaillances au démarrage de la saison des vacances pour les tunisiens résidents à l’étranger et une saison touristique que l’on espère porteuse d’espoirs pour renflouer les réserves en devises étrangères.
Depuis l’ère de Ben Ali, les programmes de sauvetage se suivent et finissent tous par se révéler éphémères et sans effet durable.
La crise que traverse le pays fait que l’Etat tunisien n’a pas plus la capacité de gouvernance ni les moyens de posséder ni de moderniser une compagnie aérienne.
C’est le constat qu’il faut savoir accepter pour pouvoir envisager une sortie de crise qui puisse servir les intérêts supérieurs de l’économie nationale et l’image du pays à l’étranger, loin de tout corporatisme ou nostalgie que le pays en difficulté ne peut tolérer ni se permettre.
La première session du programme de formation triangulaire intitulé «Cardiologie pour l’Afrique» a démarré lundi 7 juillet 2025 à l’hôpital Rabta de Tunis. Il s’agit d’une initiative conjointe du ministère de la Santé et de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica).
Treize participants de 7 pays africains francophones prennent part à cette formation, venant du Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal. Ils bénéficieront de l’expérience combinée des cardiologues tunisiens et japonais. La formation repose sur le transfert de compétences à travers des techniques médicales de pointe, permettant d’améliorer significativement la prise en charge des maladies cardiaques dans la région.
La cérémonie d’ouverture officielle de s’est tenue en présence du Pr. Mustapha Ferjani, ministre de la Santé, Takeshi Osuga, ambassadeur du Japon en Tunisie, Shohei Hara, vice-président senior de la Jica, Tetsuro Yano, président de l’Association japonaise pour le développement économique de l’Afrique (Afreco), Dr. Shinichi Higashiue, président du groupe médical Tokushukai, Mayumi Miyata, représentante résidente de la Jica en Tunisie ainsi que les ambassadeurs des pays africains participants.
La formation, qui se déroule du 4 au 9 juillet, est consacrée aux techniques de traitement en cardiologie, avec un accent particulier sur la valvulopathie cardiaque. Elle est assurée par une équipe médicale conjointe composée de cinq cardiologues tunisiens, dirigés par Dr. Mohamed Sami Mourali, chef du service de cardiologie à l’Hôpital Rabta, et de cinq cardiologues japonais, dont le renommé Dr. Shigeru Saito, directeur des laboratoires de cardiologie interventionnelle et de cathétérisme à l’Hôpital général Shonan Kamakura, au Japon.
Ce projet est le fruit de la Ticad8 (Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique) tenue en Tunisie en 2022. Elle s’inscrit également dans le cadre des initiatives de la Ticad9, qui se tiendra en août prochain au Japon. Il incarne un exemple concret de coopération triangulaire entre le Japon, la Tunisie et les pays africains partenaires.
La réalisation de ce programme est rendue possible grâce à l’appui déterminant du groupe médical Tokushukai, l’un des plus grands réseaux hospitaliers du Japon.
Par ailleurs, la Cité des Sciences à Tunis apporte son soutien logistique à l’organisation de la formation.
À travers cette initiative, la Tunisie, en tant que Centre d’excellence tuniso-japonais pour l’Afrique en matière de santé, accueillera trois sessions annuelles de cette formation spécialisée à l’Hôpital Rabta. L’objectif à long terme est de renforcer les capacités médicales en cardiologie dans les pays africains, tout en favorisant la création d’un réseau professionnel interafricain et tuniso-japonais dédié à l’amélioration des soins cardiaques sur le continent.
Dans un pays comme la Tunisie, où règne une forte passion pour le football et un soutien tout aussi fort à l’équipe nationale, l’expérience, née il y a 10 ans, de l’école de football Juventus Academy Tunisie, désormais sponsorisée par Jeep, ne pouvait qu’être un succès.
En témoigne la participation de l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, à la cérémonie célébrant son dixième anniversaire, soulignant la valeur de «dix années d’engagement dans la formation sportive et la transmission des valeurs du sport, en faveur de milliers de jeunes athlètes tunisiens».
Outre la promotion du football à travers les règles du fair-play et la protection des enfants, le secret du succès de la Juventus Academy Tunisie réside dans sa volonté de se concentrer sur la formation des athlètes, non seulement au football, mais aussi à l’éthique et à la motivation.
La Juventus Academy Tunisie est devenue une référence pour le développement du football junior en Tunisie, permettant à des milliers d’enfants et de jeunes tunisiens d’accéder à des méthodes d’entraînement de pointe, inspirées des programmes de la Juventus.
Les célébrations du 10e anniversaire à la Résidence de l’ambassadeur d’Italie en Tunisie ont été un événement mémorable qui a réuni les enfants et les jeunes de l’Académie, leurs familles, le personnel technique et de nombreux invités d’honneur.
Fondée en 2015, la Juventus Academy Tunisie est aujourd’hui une référence incontournable dans la formation des jeunes footballeurs, avec plus de 100 membres répartis dans cinq centres sportifs de Tunis.
Fidèle à la philosophie de la Juventus, l’Académie participe chaque année avec enthousiasme à la Coupe du Monde Juventus Academy, démontrant ainsi son engagement envers le développement sportif, éducatif et humain de ses jeunes joueurs. «Cette soirée a été l’occasion de célébrer les objectifs atteints, de renforcer le sentiment d’appartenance et de renouveler l’engagement pour l’avenir, en valorisant chaque membre et en réaffirmant la fierté de porter les couleurs noir et blanc», écrit la Juventus dans une note. La participation d’Aziz Toumi, directeur général de la Juventus Academy Tunisie, de Franco Nigro, président d’honneur de l’Académie, de Davide Fornaca, directeur de la Juventus Academy International, et de Carlo Mastellone, entraîneur-chef international, souligne l’importance de cet anniversaire au sein du réseau mondial de la Juventus.
Le câble sous-marin HVDC de 600 MW et 200 km qui reliera la Sicile en Italie au Cap Bon en Tunisie d’ici 2028, sera posé d’ici la fin de ce mois de juillet 2025. Il devrait renforcer l’intégration des réseaux électriques entre l’Europe et l’Afrique du Nord et créer de nouvelles opportunités de marché pour les opérateurs économiques dans les deux pays et au-delà.
L’interconnexion électrique entre la Tunisie et l’Italie est considérée comme stratégique pour la sécurité énergétique de la Méditerranée.
Selon le journal La Presse de Tunisie, qui cite les déclarations du directeur général de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), Fayçal Trifa, lors d’une récente audition devant la commission des finances du parlement.
Selon M. Trifa, les travaux de pose de câbles, commencés ces derniers mois, sont à un stade avancé et devraient être achevés d’ici fin juillet. Présentant l’avancement du projet, le directeur général de la Steg a indiqué que les enveloppes relatives aux offres techniques ont été ouvertes et qu’il ne reste plus qu’à attendre l’approbation de la Banque mondiale, bailleur de fonds du projet, pour procéder à l’ouverture des offres financières, prévue en septembre. Des retards initiaux ont été signalés en raison du manque d’expertise locale, qui a nécessité le recours à des cabinets de conseil étrangers, ainsi que de problèmes liés aux transferts fonciers.
Le projet Elmed (Mediterranean Power Line), promu par Terna et Steg, vise à relier la station de conversion de Mlaâbi en Tunisie à celle de Partanna en Sicile, via un câble sous-marin à courant continu haute tension d’environ 220 kilomètres de long, dont 200 en mer. La nouvelle infrastructure, qui aura une capacité de transmission de 600 MW, permettra des échanges d’électricité bidirectionnels, favorisant l’intégration des énergies renouvelables et renforçant la résilience des réseaux électriques des deux pays.
L’interconnexion représente également un élément clé du plan de coopération énergétique euro-méditerranéen et du Plan Mattei pour l’Afrique promu par l’Italie.
Financé à hauteur de plus de 850 millions d’euros, le projet Elmed bénéficie d’une contribution européenne de 307 millions d’euros au titre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), le reste étant soutenu par Terna et Steg, ainsi que par des institutions financières internationales au sein du partenariat Team Europe.
L’achèvement des stations de conversion est prévu pour 2027, tandis que la mise en service commerciale de la connexion est prévue pour mi-2028.
Le 17 juillet 2025, l’OGR Tech de Turin ouvrira ses portes à l’événement «A Bridge to Tunisia – Startups Demo Day», une initiative par laquelle Terna, en collaboration avec l’OGR et des partenaires internationaux, connectera l’écosystème d’innovation tunisien aux investisseurs et entreprises italiens.
L’événement, dont l’entrée est gratuite sur inscription, se tiendra de 14 h30 à 18 h et se déroulera en anglais.
Le Demo Day a été créé dans le prolongement de la Terna Innovation Zone (Tiz), premier hub africain du groupe inauguré à Tunis le 29 janvier dernier, avec pour objectif de former les compétences locales et d’accompagner les startups des secteurs de l’énergie et de la transition numérique, conformément au Plan Mattei pour l’Afrique lancé en 2023 par la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Dans le cadre du Global Scale-up Program – une plateforme d’innovation ouverte que Terna dirige avec Microsoft, Mind the Bridge et Elis – cinq jeunes entreprises à fort potentiel ont été sélectionnées pour présenter leurs projets à Turin: Asteroidea (mobilité intelligente et stationnement), Be Wireless Solutions (IoT pour l’efficacité énergétique), Kamioun (logistique B2B pour la consommation de masse), Kumulus Water (générateurs d’eau depuis les airs) et NextAV (drone et satellite pour la cartographie géospatiale).
La journée comprendra la présentation du rapport «Explorer l’écosystème d’innovation tunisien», un panel sur les perspectives de coopération méditerranéenne, suivi de séances de pitchs de startups et d’une rencontre finale avec des investisseurs, des institutions et des entreprises.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la construction d’Elmed, le câble sous-marin HVDC de 600 MW et 200 km qui reliera Trapani à Capo Bon d’ici 2028, renforçant ainsi l’intégration des réseaux électriques entre l’Europe et l’Afrique du Nord et créant de nouvelles opportunités de marché pour les solutions présentées.
«Avec A Bridge to Tunisia, nous souhaitons transformer la collaboration énergétique entre les deux rives de la Méditerranée en un cercle vertueux d’innovation et de développement durable», souligne Terna.
La déclaration récemment faite avant-hier, lundi 7 juillet 2025, par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mondher Belaïd, concernant la décision des autorités compétentes d’augmenter de 30%, à partir de la rentrée universitaire 2025/2026, le nombre de places ouvertes aux bacheliers qui souhaitent faire des études de médecine en Tunisie mérite une sérieuse attention.(Ph. Hôpital de Médenine).
Raouf Chatty *
Cette décision serait judicieuse et pertinente si notre pays manquait de médecins et si notre économie nationale était capable de répondre dignement aux attentes légitimes des centaines de médecins qui sont mis chaque année sur le marché du travail. Or la réponse est tout simplement non. Le pays risque même de connaître une inflation de médecins… au chômage. Personne, bien entendu, ne désire que ce triste sort soit réservé aux médecins ni aux diplômés des autres secteurs.
La situation actuelle est d’autant plus pénible que les jeunes médecins qui protestent aujourd’hui pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération comptent parmi les élèves qui ont brillamment réussi au baccalauréat, qui ont longuement et durement investi dans leurs études et qui ont consacré, chacun, une douzaine d’années de leur jeunesse (soit de 20 à 32 ans) aux études et au travail dans les hôpitaux publics dans des conditions extrêmement pénibles.
Le pays ne manque pas de médecins
La Tunisie ne manque pas aujourd’hui de médecins. Elle n’en manquera pas dans l’avenir. Les quatre facultés de médecine du pays forment, depuis cinq décennies, des centaines de médecins chaque année. Nous n’avons pas besoin non plus d’en construire d’autres.
Le fait que des établissements hospitaliers, à Tunis et dans des villes et villages de l’intérieur, manquent de personnel médical doit être imputé aux stratégies suivies dans l’affectation et la répartition de nos jeunes médecins et aux raisons qui les incitent à fuir nos hôpitaux voire même pour beaucoup, le pays lui-même.
Nous savons que des centaines de médecins attendent aujourd’hui impatiemment d’être recrutés et ne demandent qu’à travailler dans des conditions dignes avec des salaires gratifiants. Malheureusement, la situation économique et financière du pays ne le permet pas. Le ministre de la Santé se débat très sérieusement pour améliorer la situation. Depuis son arrivée à la tête du Département, les choses commencent à bouger. Fort de sa longue expérience de professeur de médecine et de celles de ses collaborateurs, Mustapha Ferjani est présent sur tous les terrains. Cela est à mettre à son actif.
Toutefois, l’examen de la question de l’augmentation des capacités d’accueil des facultés de médecine reste épineuse et nécessite un débat national digne de ce nom dans le cadre d’une vision globale de l’avenir de la santé en Tunisie
Nombreux parmi les jeunes médecins choisissent de quitter le pays à la recherche de perspectives meilleures, en particulier en France et en Allemagne. Beaucoup le font dans la précipitation. Nombreux ne savent pas qu’il s’agit souvent d’une décision lourde et grave qui va engager leur avenir. Souvent, il s’agit d’un ticket aller sans retour. Ils ne savent pas non plus qu’ils doivent batailler dur pour s’imposer compte tenu de l’environnement nouveau où ils vont travailler et vivre… Ils seront généralement exploités et beaucoup rémunérés que leurs confrères originaires de ces pays.
Parmi les raisons qui incitent les médecins, jeunes et moins jeunes, à s’expatrier figurent les modestes salaires servis en Tunisie, les misérables conditions de travail dans lesquelles ils exercent leur métier, la dégradation de leur statut social, l’insécurité, les risques auxquels ils s’exposent dans les hôpitaux en relation avec un environnement peu propice à l’exercice de la médecine, la faiblesse de l’encadrement, la modicité des moyens mis à disposition, la vétusté du matériel, les relations difficiles avec des patients souvent issus de classes défavorisées qui déversent toutes leurs frustrations sur les jeunes médecins, et, last but not least, l’environnement souvent tendu dans lequel ils exercent.
N’oublions jamais que les médecins pratiquent une profession très honorable où ils font face à la précarité humaine ce qui a un fort impact sur leur psychisme
En somme, les jeunes médecins travaillent souvent dans des conditions indignes de jeunes personnes qui ont consacré une dizaine d’années de leur vie à des études souvent difficiles et exigeantes et au travail dans des hôpitaux publics manquant de tout et où ils se sont dépensés sans compter. Il est crucial de les écouter…
Augmenter de 30% le nombre des bacheliers autorisés à faire des études de médecine c’est tout simplement se risquer de charger démesurément nos facultés de médecine, d’affaiblir les capacités d’encadrement des apprentis médecins souvent laissés à eux-mêmes, de porter un coup dur à la qualité de la formation médicale, de dévaloriser la réputation de nos médecins en Tunisie et à l’étranger. Bref, c’est courir le risque de former des médecins au rabais… et de les voir gonfler les rangs des diplômés chômeurs. À moins qu’on ait d’ores et déjà prévu des solutions pratiques et fiables pour désamorcer ces bombes à retardement.
On n’aimerait pas voir des centaines de jeunes médecins, au terme de douze ans d’études et de résidanat dans les hôpitaux, attendre des années pour trouver du travail dans le secteur public ou pour pouvoir s’installer dans le privé, entreprise qui nécessite des fonds conséquents et dont la réussite n’est souvent pas assurée compte tenu de la concurrence effrénée dans le domaine.
Ceux qui croient que les jeunes futurs médecins pourront toujours trouver des postes dans les déserts médicaux à l’étranger ont une vision courte des choses. La France a déjà commencé à mettre la barre très haut pour l’accès de médecins étrangers à ses établissements hospitaliers. Les restrictions à l’entrée iront crescendo dans les prochaines années. Le marché allemand ne tardera pas à réagir de la même façon dans les prochaines années. Celui du Golfe également. Il viendra un jour où ces pays fermeront leurs portes aux médecins étrangers ou mettront des conditions draconiennes pour les prendre dans leurs hôpitaux. Il faut donc être attentif à l’évolution de la situation.
J’ose espérer que toutes les parties concernées par une décision aussi importante et aux conséquences prévisibles aient été consultés à l’avance et leurs points de vue entendues. Je pense en particulier à l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites), aux professionnels de l’enseignement médical, aux doyens des facultés de médecine, au Conseil national de l’ordre des médecins, aux syndicats de médecins, à l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM), aux ministères des Finances, des Affaires sociales, des Affaires étrangères…
Il faut prendre le temps nécessaire pour réfléchir à la question dans toutes ses dimensions et décider ensuite des mesures à prendre. Le credo doit être l’intérêt général et, bien entendu aussi, celui légitime des médecins car personne ne souhaite que la profession médicale en Tunisie soit dévalorisée et que la santé des citoyens soit mise à rude épreuve… Nos médecins et notre médecine, qui a toujours privilégié le mérite personnel et l’efficacité professionnelle, ne méritent pas d’être galvaudés !
L’imposition par l’administration américaine de droits de douane de 25% aux importations en provenance de la Tunisie ne semble pas avoir dérangé outre mesure la Chambre de commerce tuniso-américaine (AmCham Tunisie) qui en «prend acte» dans un communiqué publié ce mardi 8 juillet 2025 et reproduit ci-dessous, où elle parle d’«un signal d’ouverture» et d’«une marge de manœuvre élargie». Le taux en question étant passé de 55% à 28% puis à 10%.
L’AmCham Tunisie prend acte de la lettre adressée par le Président Donald Trump au Président de la République Tunisienne, dans le cadre de l’actualisation des politiques tarifaires américaines. Il est important de noter que cette correspondance est identique à celles envoyées à plusieurs autres partenaires économiques stratégiques, notamment le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie et neuf autres pays, soulignant ainsi une approche globale de la part de l’administration américaine.
Dans ce contexte, il est utile de rappeler que lors du lancement de l’initiative «Liberation Day», le 2 avril 2025, les États-Unis avaient annoncé l’application de nouveaux droits de douane pour 185 pays, dont la Tunisie à 55%. Grâce à un dialogue constructif engagé rapidement, ce taux avait été réduit à 28% puis à 10%, marquant une reconnaissance claire de la solidité du partenariat tuniso-américain.
La lettre du 7 juillet apporte deux nouvelles encourageantes :
1- Un délai supplémentaire est accordé jusqu’au 1er août 2025 pour permettre la conclusion d’un accord commercial entre les deux pays.
2- En cas d’absence d’accord à cette date, le taux applicable sera de 25%, soit inférieur aux taux précédemment annoncés (55% puis 28%), ce qui constitue un allègement tarifaire significatif.
Ces éléments témoignent d’une volonté d’ouverture de la part des États-Unis, ainsi que de la reconnaissance de la Tunisie comme partenaire fiable et stratégique.
L’AmCham Tunisie salue les efforts considérables déployés par les autorités tunisiennes pour parvenir à un accord équitable, et reste pleinement mobilisée pour soutenir le dialogue public-privé dans ce processus.
Nous restons confiants dans l’issue positive des négociations en cours, qui permettront à la Tunisie de préserver et renforcer son accès au marché américain, l’un des plus dynamiques au monde.
Nous appelons nos membres, partenaires et acteurs économiques à rester sereins et à maintenir le cap sur l’investissement, la compétitivité et la coopération, valeurs fondamentales de la relation entre nos deux pays.
Les priorités absolues demeurent la réalisation de la justice sociale, la promotion de l’investissement et la lutte contre la corruption, a souligné, lundi 7 juillet 2025, le Président de la République, Kaïs Saïed.
Lors d’un entretien tenu au Palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri pour discuter de projets de lois et décrets, le chef de l’Etat a signalé que les services publics ne peuvent jouer pleinement leur rôle qu’à travers une administration dirigée par des responsables qui n’hésitent pas de répondre aux demandes des citoyens, lit-on dans un communiqué de la présidence de la République.
Il a, en outre, indiqué que la révolution législative ne peut atteindre ses objectifs qu’à travers une révolution administrative, elle-même génératrice d’une révolution culturelle dans les mentalités, fondée sur une relation de confiance totale et solide entre l’administration et ses usagers.
Le Président de la République a affirmé que le peuple tunisien poursuivra sa marche en déjouant tous les complots et toutes les manigances fomentées par les forces rétrogrades cherchant à attiser les tensions dans le pays.
Ceux qui rêvent d’un retour en arrière ont vu leurs masques tomber, même s’ils en portent un nouveau chaque jour, a souligné Saîed. «Ces masques ne trompent plus le peuple tunisien», a-t-il dit.
Kaïs Saïed s’est une nouvelle fois insurgé contre un système économique mondial injuste dont les pays dits «en développement» ne sont pas la cause mais les victimes.
Le Président de la République a fait cette déclaration lors de son entretien, lundi 7 juillet 2025, au Palais de Carthage, avec la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, au cours duquel il a pris connaissance des résultats des rencontres qu’elle a tenues en marge de sa participation aux travaux de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement, organisée récemment à Séville, en Espagne.
Selon un communiqué de la présidence de la République, le Chef de l’État a souligné que le monde entier a aujourd’hui besoin de nouvelles approches qui rompent totalement avec les approches traditionnelles ayant conduit aux inégalités de développement.
Il a, dans ce contexte, indiqué que les «pays en développement» ou les «États fragiles» n’ont pas réalisé la véritable croissance à laquelle aspirent leurs peuples, en raison d’un système économique mondial injuste et de nombreuses crises dont ils n’ont jamais été la cause, mais plutôt les victimes.
Alors que les plaintes des usagers des retards et des annulations de vols de Tunisair se multiplient sur les réseaux sociaux, traduisant une grande lassitude face à l’aggravation de la crise de la compagnie aérienne publique, la situation générale du secteur du transport public a été au centre d’un entretien tenu lundi 7 juillet 2025 au Palais de Carthage entre le Président de la République, Kaïs Saïed, et le ministre des Transports, Rachid Amri.
Selon un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’Etat a souligné la nécessité de reconstruire ce service public sur de nouvelles bases signalant que la Tunisie ne renoncera pas à ses institutions et infrastructures publiques, fermant ainsi la porte à toute perspective de cession ou de partenariat public/privé souvent évoquée par des experts pour sortir Tunisair de la crise où elle continue de s’enfoncer jour après jour.
Le Chef de l’État a estimé que les compétences tunisiennes dans les domaines du transport aérien et maritime sont capables de rebâtir ce secteur sur des fondements solides rappelant que de nombreuses compagnies aériennes et maritimes étrangères convoitent ces compétences.
Par ailleurs, Saïed a souligné l’urgence de ramener un certain nombre de bus depuis l’étranger afin d’alléger les difficultés de déplacement des citoyens.
Comment peut-on qualifier la si particulière relation entre les États-Unis et Israël? Depuis Harry Truman, rien n’a pu altérer la relation si étroite et si complémentaire entre l’Oncle Sam et l’État hébreu. C’est un véritable mariage catholique qui n’admet pas le divorce. Une alliance indéfectible depuis presque 80 ans où tout le monde connaît le rôle protecteur américain mais où Israël rend bien des services à l’Amérique et à son rôle de puissance mondiale. C’est sur cet aspect que le journal israélien Israel Hayom, propriété du couple israélo-américain Adelson qui a aussi bien financé Trump que Netanyahu, est revenu. (Ph.Le président américain Donald Trump aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, le 7 avril 2025.)
Imed Bahri
Le besoin pour Israël de voir les États-Unis tenir tête à ceux qui cherchent à le détruire est indéniable mais que Tel-Aviv a également contribué de nombreuses manières à l’essor de la superpuissance américaine, estime Ariel Kahana.
L’opération Déluge d’al-Aqsa du 7 octobre 2023 ainsi que d’autres événements ont ébranlé la confiance d’Israël démontrant son besoin urgent que l’Amérique demeure dans son rôle de protecteur. Cependant, Israel Hayom note que l’État hébreu a toujours offert «son soutien à son grand ami d’outre-mer» et a établi à l’occasion du 249e anniversaire de l’Indépendance américaine une liste qualifiée de non exhaustive des moyens par lesquels Tel-Aviv a aidé l’Amérique.
Élimination du programme nucléaire iranien : le journal rappelle que toutes les administrations américaines ont considéré le programme nucléaire iranien comme une menace pour les États-Unis bien que les avis divergent sur la manière d’y faire face mais s’accordent toutes sur la nécessité d’agir.
Selon le journal, Israël a accompli sa mission en éliminant, en 12 jours, une menace que la candidate démocrate à la présidence Kamala Harris a qualifiée d’extrêmement dangereuse pour la sécurité nationale des États-Unis. Le président américain Donald Trump y est finalement arrivé et a célébré cette victoire avec un bombardier B-2.
Destruction des missiles iraniens : Ariel Kahana souligne que l’Iran avait planifié à long terme et avait déjà commencé à construire un arsenal de missiles balistiques capables de traverser l’océan et d’atteindre l’Amérique. Cependant, grâce à l’action israélienne, seule une petite partie de cet arsenal a subsisté.
Effondrement de l’Axe iranien : le journal rappelle aussi que le Hezbollah, le régime du président syrien déchu Bachar el-Assad, les milices iraniennes et le Mouvement de résistance islamique (Hamas) étaient des ennemis non seulement d’Israël mais aussi des États-Unis qui les ont classés mouvements terroristes. Washington s’est réjoui de l’effondrement de cet axe après la fuite d’El-Assad car cela a renforcé la sécurité nationale des États-Unis grâce aux efforts militaires israéliens.
Supériorité des armes américaines : avec le succès d’Israël contre l’Iran et le Hezbollah, Tel-Aviv a démontré, selon Israel Hayom, l’incroyable efficacité des systèmes d’armes américains. Rien ne prouve cette efficacité en ce qui concerne les produits de défense chinois et russes.
Renforcement de la dissuasion américaine
Bien que de nombreux Américains et Israéliens le nient, la plupart des pays du monde considèrent toujours Tel-Aviv comme le bras long de Washington ce qui signifie que toute victoire israélienne est par ricochet une victoire américaine.
Le journal rapporte qu’il y a deux ans, la Chine avait servi de médiateur dans un accord de réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Aujourd’hui, grâce à la présence de Trump et d’Israël dans la région, chacun réalise que Washington seul façonne le Proche-Orient et que la Chine et la Russie ont été marginalisées.
Gendarmerie du monde : Ariel Kahana affirme qu’aucune autre puissance ne dispose d’un pays à l’autre bout du monde qui mène ses guerres. Ni la Russie ni la Chine n’ont leur propre «Israël» en Amérique latine par exemple. Israël joue donc un rôle crucial dans cet ordre mondial et dans le renforcement de la position de l’Amérique en tant que «gendarme du monde».
Le journal note que Trump a baptisé le système de défense qu’il projette de construire Dôme d’or, il est inspiré du Dôme de fer, le système de défense antimissile complet développé par Israël. C’est une manière de saluer les avancées technologiques israéliennes dans les systèmes Arrow II et III, le Bouclier de David et le Dôme de fer qui servent les États-Unis et leurs alliés.
Israel Hayom indique que la haute technologie israélienne est le deuxième pôle de développement technologique au monde après la Silicon Valley. L’agence a précisé que 2500 entreprises américaines investissent dans l’économie israélienne sans y être contraintes. Des dizaines d’entreprises israéliennes sont cotées au Nasdaq (l’indice boursier des entreprises du secteur technologique de Wall Street) ce qui représente environ 20% des entreprises étrangères qui y sont cotées.
Ce qui peut être ajouté à la liste d’Isarel Hayom c’est que ce mariage catholique entre le États-Unis et Israël qui se distingue par sa longévité et son caractère inaltérable ne manque pas de preuves d’amour aussi crapuleuses et inadmissibles soient-elles! Washington, par exemple, ne se gêne pas à être complice depuis presque deux ans du génocide perpétré par Israël à Gaza et ce en livrant des quantités énormes d’armes et de bombes qui ont détruit le territoire palestinien et tué des dizaines de milliers de civils sans parler du soutien diplomatique et en matière de renseignement.
Également, le silence pernicieux des États-Unis sur les exactions criminelles de l’armée israélienne et des colons en Cisjordanie. Pire, le pasteur évangélique Mike Huckabee nommé par Donald Trump ambassadeur en Israël soutient avec le plus grand culot du monde le rattachement de la Cisjordanie à Israël.
Ce mariage catholique entre l’Oncle Sam et l’État hébreu peut se poursuivre surtout avec le couple soudé Trump-Netanyahu!