En votant, ce mercredi 25 juin 2025, en faveur d’un projet de loi pour la suspension de la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le parlement iranien n’a fait que prendre acte de l’inutilité d’une telle coopération qui ne lui a pas évité douze jours de bombardements israéliens et américains, notamment contre ses installations nucléaires pourtant surveillées par l’AIEA.
«L’AIEA, qui n’a même pas daigné condamner les attaques contre nos installations nucléaires, a gravement entamé sa crédibilité sur la scène internationale», a déclaré le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, à l’issue du vote.
Il a précisé que «l’Organisation iranienne de l’énergie atomique suspendra toute coopération avec l’AIEA tant que la sécurité de ses sites nucléaires ne sera pas pleinement assurée», selon les propos rapportés par la télévision officielle.
Les frappes israéliennes et américaines ont certes détruit une bonne partie des infrastructures nucléaires iranienne, mais les experts estiment que l’Iran a su mettre à l’abri certains de ses équipements et même l’essentiel de son uranium enrichi. Ce qui reste à confirmer, l’Iran étant resté silencieux sur cet aspect de la guerre, laissant les Israéliens et les Américains fanfaronner tout leur soul sur une supposée destruction des capacités nucléaires iraniennes.
La plupart des scientifiques impliqués dans le programme nucléaire iranien ont certes été tués, mais le savoir nucléaire iranien, lui, reste intact et peut à tout moment être mis à contribution pour relancer ce programme, affirment plusieurs experts internationaux.
Quoi qu’il en soit, l’Iran cherche désormais à se libérer de tout engagement envers la communauté internationale en matière de limitation de son programme nucléaire, à l’instar d’Israël, de la Corée du Nord, du Pakistan et de tous les autres pays déjà détenteurs de la bombe atomique, et qui ne rendent compte à aucune instance de leurs capacités dans ce domaine.
Le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a déclaré, mardi 24 juin, que celle-ci avait besoin de plus de temps pour voir si les tarifs douaniers du président américain feraient grimper l’inflation avant d’envisager une baisse des taux, comme l’a préconisé Donald Trump.
« Les augmentations de tarifs cette année sont susceptibles d’entraîner une hausse des prix et de peser sur l’activité économique », a souligné le président de la Fed lors de son témoignage semestriel devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants.
« L’impact de l’inflation pourrait être de courte durée… mais il est également possible que les pressions inflationnistes soient plus persistantes… À ce stade, nous sommes bien placés pour attendre d’en savoir plus sur la trajectoire probable de l’économie avant d’envisager d’ajuster la politique monétaire », a-t-il poursuivi.
La même position a été adoptée par la directrice de la Réserve fédérale de Cleveland, Beth Hammack, qui a déclaré qu’elle ne voyait aucune pression pour réduire les taux d’intérêt de la banque dans le contexte de grande incertitude économique due aux tarifs douaniers.
Deux autres responsables de la Fed – Christopher Waller et Michelle Bauman – ont déclaré ces derniers jours qu’ils soutiendraient une baisse des taux lors de la prochaine réunion de politique monétaire de la banque fin juillet.
L’Union européenne se prépare à imposer des « représailles » aux tarifs douaniers de Donald Trump, ciblant les importations américaines, dont les avions Boeing, si le président américain impose un tarif fixe de 10 % sur les produits du bloc, comme prévu. C’est ce que rapporte Bloomberg.
Les responsables de l’UE s’attendent à ce que les États-Unis maintiennent certains droits de douane même après la conclusion des négociations commerciales. Jusqu’à présent, la Commission européenne, responsable des questions commerciales de l’UE, n’a pas indiqué si cela entraînerait des représailles de la part de Bruxelles.
« Nous devrons riposter et rééquilibrer certains domaines clés si les États-Unis insistent sur un accord asymétrique », a déclaré à Bloomberg News le commissaire européen à la Prospérité et à la Stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, notamment si « le résultat des négociations est de maintenir un tarif douanier de 10 % ».
L’UE tente de conclure un accord avec Washington avant que les droits de douane sur la quasi-totalité de ses exportations vers les États-Unis n’augmentent à 50 % le 9 juillet.
Trump a pris l’UE pour cible, dénonçant son excédent commercial avec les États-Unis et les « obstacles » qu’il impose aux entreprises américaines. L’UE estime que les droits de douane américains couvrent désormais 380 milliards d’euros, soit environ 70 % de ses exportations vers les États-Unis.
La Commission fait tout ce qu’elle peut pour parvenir à une solution qui profitera aux deux parties, assure un responsable de l’UE. Elle évaluera le résultat final et décidera alors quel niveau d’asymétrie – le cas échéant – elle est prête à accepter.
Parmi les exigences américaines figurent des quotas sur les exportations de poisson, que les Européens jugent potentiellement incompatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Des mesures tarifaires non réciproques sont également prévues, ainsi qu’une série d’exigences en matière de sécurité économique qu’ils considèrent comme excessives.
L’industrie de l’aviation civile sera touchée
Stéphane Séjourné a clairement indiqué qu’Airbus SE ne peut pas être soumis à une « concurrence déloyale » de la part de Boeing car l’entreprise européenne est confrontée à des droits de douane supplémentaires de 10 %. « Si nous ne trouvons pas un nouvel équilibre, nous laisserons les principaux secteurs [de l’économie européenne] sans protection », a-t-il averti.
Même si les négociations progressent, de nombreux Européens estiment que le meilleur scénario serait un accord de principe qu’elles puissent se poursuivre au-delà de la date limite du 9 juillet…
L’UE a déjà approuvé des droits de douane sur 21 milliards d’euros de marchandises américaines, qui pourraient être appliqués immédiatement en réponse aux droits de douane imposés par Trump sur les exportations d’aluminium et d’acier. La réponse européenne cible des secteurs politiquement sensibles de l’économie américaine et des produits tels que le soja de Louisiane – État d’origine du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson -, ainsi que les produits agricoles, la volaille et les motos.
Le bloc prépare également une liste supplémentaire de droits de douane sur 95 milliards de dollars de marchandises américaines, en réponse aux droits de douane dits réciproques et aux droits de douane sur les automobiles. Cette liste pourrait évoluer à mesure que les États membres et les industries cherchent à obtenir des amendements pour protéger leurs secteurs.
Trump a récemment déclaré, à son retour du sommet du G7 au Canada, qu’il ne pensait pas que l’UE proposait « un accord équitable pour le moment ». En tout cas, « soit ils concluront une bonne affaire, soit ils paieront tout ce que nous leur dirons », a-t-il déclaré.
Les prix du pétrole poursuivent leur repli ce mardi, portés par l’accalmie relative dans les tensions entre l’Iran et les États-Unis. La riposte iranienne aux récentes frappes américaines, jugée symbolique, semble avoir éloigné le spectre d’une fermeture du détroit d’Ormuz, passage stratégique pour l’approvisionnement mondial en brut.
Lundi, l’Iran a tiré des missiles sur la base militaire américaine d’Al-Udeid, au Qatar – la plus importante du Moyen-Orient – en représailles aux frappes américaines menées ce week-end contre trois sites nucléaires iraniens. Toutefois, cette attaque n’a causé ni blessés ni pertes humaines, selon les autorités américaines.
Le président américain Donald Trump a qualifié cette riposte de « très faible » et a même remercié Téhéran d’avoir prévenu Washington « à temps », permettant d’éviter toute victime. Une réaction qui a contribué à détendre les marchés.
« Les frappes iraniennes étaient plus symboliques que destructrices », explique Ole Hvalbye, analyste chez SEB. Une lecture partagée par Jorge Leon, de Rystad Energy : « Le risque de fermeture du détroit d’Ormuz a nettement diminué, les tensions s’étant apaisées. »
Chaque jour, environ 20 millions de barils de pétrole – soit près de 20 % du commerce mondial – transitent par ce détroit, considéré comme l’un des points névralgiques du marché énergétique.
À 09h20 GMT,, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, chutait de 3,30 %, à 69,12 dollars. Le WTI américain, pour la même échéance, perdait 3,28 %, à 66,26 dollars.
Malgré l’annonce par Donald Trump d’un cessez-le-feu accepté par les deux parties – confirmé par Israël –, le ministre israélien de la Défense a rapidement déclaré avoir ordonné une riposte à ce qu’il considère comme une « violation » de l’accord par l’Iran. Un flou persiste donc sur la suite des événements.
En attendant, la prime de risque géopolitique, qui avait alimenté la hausse des prix depuis la première frappe israélienne contre l’Iran il y a deux semaines, s’est « totalement évaporée », constate Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.
Pour les analystes, un blocage total du détroit d’Ormuz reste improbable. Deux oléoducs stratégiques – l’un en Arabie saoudite, l’autre aux Émirats arabes unis – permettent déjà de détourner environ 6,5 millions de barils par jour de cette voie maritime, selon Sumit Ritolia, analyste chez Kpler.
Dans un exercice périlleux de diplomatie de crise, la Tunisie a cherché à ménager la chèvre et le chou, en exprimant sa solidarité avec la «victime» du jour, l’État du Qatar, et en renouvelant sa condamnation de toute agression contre l’«agresseur» du jour, la République islamique d’Iran.
Imed Bahri
Dans un communiqué publié mardi 23 juin 2025 par le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, la Tunisie a exprimé sa solidarité avec l’Etat du Qatar et affirmé son rejet des attaques visant son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale, lesquelles constituent une menace pour la sécurité du peuple qatari. Le communiqué ne nomme ni ne condamne l’«agresseur», en l’occurrence l’Iran, qui, quelques heures auparavant, avait lancé un missile balistique contre le territoire de l’émirat gazier.
Dans le même communiqué, la Tunisie a trouvé le moyen de renouveler, également, sa condamnation de toute agression contre la République islamique d’Iran, affirmant son rejet de toute atteinte à ses ressources nationales, à son intégrité territoriale, à sa souveraineté et à la sécurité de son peuple. Et là aussi, le communiqué a pris soin de ne pas nommer l’«agresseur», en l’occurrence les Etats-Unis, en service commandé par l’«Etat sioniste», expression qu’utilise souvent la Tunisie officielle pour désigner Israël.
Après avoir ménagé tous les pays amis, sans en condamner clairement aucun, se livrant au passage à un exercice pour le moins périlleux, la Tunisie a réitéré une position de principe consistant à fermement rejeter toute action militaire portant atteinte à la stabilité et à la souveraineté des États. Elle a, par ailleurs, appelé toutes les parties à faire face aux tentatives de l’entité sioniste de semer la discorde et la division entre les pays et de déstabiliser la sécurité et la stabilité de la région.
La Tunisie a également appelé la communauté internationale et l’humanité tout entière à prendre des mesures urgentes pour mettre fin au saccage et à la brutalité de l’entité sioniste, qu’elle tient pour responsable de la violation des valeurs et principes humanitaires, du piétinement des droits et de la poursuite des crimes les plus odieux contre le peuple palestinien sans défense.
Reste qu’à vouloir mettre tout le monde d’accord, le Qatar, l’Iran et les Etats-Unis, notre pays a pris le risque de les mécontenter tous, en mettant sur un pied d’égalité agresseurs et agressés.
Décidément, la diplomatie est difficile en temps de guerre. On se souvient, dans ce contexte, des malentendus suscités par l’incompréhension des Koweïtiens de la position de la Tunisie, qui s’est gardée de clairement condamner l’occupation de l’émirat par l’Iraq.
Les récentes frappes américaines contre les principales installations nucléaires iraniennes montrent les limites de la résistance du président Donald Trump à l’état profond et au lobby sioniste et surtout au diabolique Benjamin Netanyahu, malgré l’évaluation récente de la communauté américaine du renseignement selon laquelle le danger d’une militarisation du programme nucléaire iranien n’est pas imminent.
Elyes Kasri *
Les gouvernements du Golfe appréhendent une escalade qui risque de compromettre le commerce des hydrocarbures, leur principale source de revenus, en plus d’une contamination nucléaire en provenance de l’Iran ou d’Israël maintenant que le tabou des installations nucléaires a été levé.
De son côté, l’Europe craint les effets des hostilités sur le cours des hydrocarbures, facteur supplémentaire d’intensification de la crise économique et le détournement de l’attention mondiale et américaine du théâtre ukrainien.
Le président américain doit faire face à sa base politique Maga (Make America Great Again) auprès de laquelle il s’était engagé de ne pas laisser entraîner les Etats-Unis d’Amérique dans les guerres des autres et surtout pas dans le bourbier moyen oriental.
D’importants membres du Congrès ont pris leur distance avec les frappes contre le programme nucléaire iranien, certains invoquant la condition constitutionnelle de l’autorisation préalable du Congrès à tout acte de guerre.
Pour sa part, le célèbre chroniqueur Tucker Carlson qui a été très actif lors de la campagne présidentielle de Trump est allé jusqu’à annoncer la fin de la présidence de ce dernier.
Le compte à rebours de la troisième guerre mondiale s’accélère-t-il ?
Le président américain Donald Trump a annoncé lundi soir que l’Iran et Israël avaient accepté un « cessez-le-feu total » qui doit déboucher sur « la fin officielle » de la guerre. Trop beau pour être vrai?
Après la guerre, le défi de la paix? Quarante-huit heures après le bombardement américain des sites nucléaires de Fordo, Natanz et Ispahan, l’Iran avait deux options : attaquer des bases américaines dans la région, avec le but d’avoir un impact limité, pour sauver la face ou opter pour une attaque meurtrière contre personnel américain, avec le risque d’une escalade face à la première puissance militaire du monde. Téhéran a choisi la désescalade, comme il l’avait fait lors de sa riposte après l’assassinat du général Soleimani en 2020, après une frappe ordonnée par Donald Trump. Avec un cessez-le-feu à la clé.
Ainsi, l’armée iranienne vient de tirer 14 missiles-un nombre égal à celui des bombes américaines larguées sur ses sites nucléaires-en direction de la base militaire d’Al-Udeid au Qatar, la plus importante pour les États-Unis dans la région avec plus de 10 000 soldats stationnés. Mais le régime des mollahs avait averti les États-Unis et le Qatar en amont. « A l’heure actuelle, aucune victime américaine n’a été signalée », a déclaré un responsable américain, affirmant n’être au courant « d’aucun dégât sur la base ».
Une riposte calibrée
Toutefois, Téhéran a bien précisé dans un communiqué que son attaque visait « exclusivement » les intérêts américains, mais ne constituait aucune menace pour le Qatar, «notre voisin ami et frère».
Faut-il rappeler que l’Iran aurait prévenu les autorités qataries de l’imminence des tirs, afin de minimiser les pertes. Comme, il aurait alerté Washington d’avance de leur riposte contre la base américaine au Qatar.
La preuve? Donald Trump a assuré lundi soir dans un message publié sur sa plateforme Truth Social que l’Iran avait prévenu en amont les Etats-Unis de ces frappes ; allant même jusqu’à « remercier l’Iran de nous avoir prévenus à temps. Ce qui a permis de ne pas perdre de vies et de ne blesser personne ».
De même, selon les révélations d’Axios, Téhéran aura prévenu la Maison-Blanche après les tirs de missiles qu’il n’y aurait pas d’autre attaque. Trump, qui avait hésité à frapper l’Iran, considérait que les bombardements américains devaient être « une opération ponctuelle » et ne souhaitait pas engager l’Amérique dans une nouvelle « guerre éternelle » au Moyen-Orient. Toujours selon la même source, il aurait informé l’Iran, par l’intermédiaire du Qatar, qu’il ne riposterait pas et que la diplomatie pouvait reprendre.
Faut-il en conclure que la riposte iranienne, par ailleurs soigneusement calibrée et circonscrite, n’était qu’un baroud d’honneur destiné à sauver la face tout en évitant une escalade militaire avec le « Grand Satan » à l’issue de laquelle le régime islamique laisserait forcement des plumes? Bref, une porte de sortie convenable pour les deux parties?
D’ailleurs, cité anonymement par l’agence Reuters, un haut responsable iranien a d’ailleurs ouvert lundi la porte à une reprise du dialogue, indiquant que l’Iran avait « la rationalité nécessaire » pour renouer avec la voie diplomatique « après avoir puni l’agresseur ». A condition cependant que cessent les frappes israéliennes et américaines.
« Il est temps pour la paix »
Acceptant la main tendue, Trump, s’empressa de remercier lundi l’Iran pour sa « notification précoce » après que le pays eut attaqué une base aérienne américaine au Qatar. Tout en ajoutant qu’il souhaitait que Téhéran « continue vers la paix et l’harmonie dans la région et encouragerait avec enthousiasme Israël à faire de même ». Dans un deuxième message, il écrit : « Félicitations au monde, il est temps pour la paix ».
Moins de six heures plus tard, le 47e président des Etats-Unis annonça avec fracas sur son réseau Truth Social : l’Iran et Israël ont donné leur accord à un « cessez-le-feu complet et total ».
Donald Trump, a décrit un cessez-le-feu échelonné qui devait commencer autour de minuit à Washington (soit 5 heures du matin à Tunis ) : l’Iran est censé respecter l’accord le premier pendant 12 heures, puis Israël doit s’abstenir de toute attaque pendant les 12 heures suivantes. Et, si les armes se taisent pendant 24 heures, la guerre sera « terminée » ce mardi soir.
Un cessez-le-feu fragile
Premier couac : l’Iran a d’abord démenti ce mardi 24 juin tout « accord ». Mais dans le même temps, le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyed Abbas Araghchi, a affirmé à l’aube que son pays n’avait « pas l’intention de continuer » sa riposte si Israël stoppait « son agression ».
Pour sa part, le gouvernement israélien a annoncé mardi matin avoir accepté la proposition américaine d’un « cessez-le-feu bilatéral » avec Téhéran, affirmant non sans fanfaronnade avoir atteint « tous les objectifs » de la guerre qu’il a déclenchée le 13 juin contre l’Iran.
Grâce à cette guerre, Israël « a éliminé une double menace existentielle immédiate : nucléaire et balistique », affirme dans un communiqué le gouvernement israélien, remerciant le président américain Donald « Trump et les États-Unis pour leur soutien en matière de défense et leur participation à l’élimination de la menace nucléaire iranienne ».
Entre temps, des explosions ont été signalées dans le ciel de Tel-Aviv et de Jérusalem à 4 h 45 du matin, et un missile a touché un immeuble de Beer-Sheva, dans le sud du pays, faisant trois morts et six blessés, selon un bilan provisoire des services d’urgence israélien. Ceci explique cela.
Après avoir bombé le torse et copieusement bombardé les installations nucléaires iraniennes, endossant pour l’occasion le costume du chef de guerre, le président américain Donald Trump cherche à réendosser le costume de l’homme de paix dont il espère qu’il lui vaille le Prix Nobel de la Paix. C’est écœurant et pathétique de la part du dirigeant de la première puissance mondiale !
Imed Bahri
Dans cette sanglante tragi-comédie, où on n’a pas fini de compter les morts, surtout du côté iranien et palestinien, les États-Unis ont cru pouvoir annoncer, ce mardi 24 juin 2025, l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël. Dans la foulée, les autorités israéliennes ont dit avoir accepté la proposition américaine tout en menaçant que leur pays «réagira avec force à toute violation du cessez-le-feu» avec l’Iran, auquel pourtant les deux agresseurs, souvent alliés pour le pire, n’ont pas pris le soin de demander l’avis.
Il s’agit, on l’a compris d’un «cessez-le-feu bilatéral» israélo-américain, décidé unilatéralement après avoir atteint «tous les objectifs» de la guerre qu’Israël avait déclenchée le 13 juin contre l’Iran.
Grâce à cette guerre, Israël «a éliminé une double menace existentielle immédiate: nucléaire et balistique», affirme dans un communiqué le gouvernement israélien, remerciant le président américain Donald «Trump et les États-Unis pour leur soutien en matière de défense et leur participation à l’élimination de la menace nucléaire iranienne».
Le sale boulot ayant été mené à terme par les deux agresseurs, l’agressé n’a, lui, qu’à manger son chapeau et à accepter la défaite. Cela n’a qu’un seul nom : la loi du plus fort.
Les nations qui ne possèdent pas la puissance de feu nécessaire pour se protéger, à savoir la bombe nucléaire, que possède du reste Israël, savent ce qui les attend : ou bien s’incliner face à la puissance des armes adverses ou œuvrer secrètement, comme a tenté de le faire l’Iran sans y parvenir, à se doter de l’arme de dissuasion massive.
Outre Israël, deux autres pays au moins ont réussi à se doter secrètement de ce joujou, le Pakistan et la Corée du Nord, deux gros morceaux que les Etats-Unis se garderont bien d’attaquer. Pour le moment, du moins !
Une véritable campagne d’influence et de pression a poussé Donald Trump à bombarder les installations nucléaires iraniennes. Différentes composantes de l’entourage du président américain a pris part à cette campagne. Il y a des membres importants de son administration, de la communauté du renseignement dont le directeur de la CIA ainsi que des hauts gradés de l’armée, les Évangéliques et de puissants milliardaires pro-israéliens. Les quelques voix dissonantes dans cet entourage n’ont pas pu peser. (Ph. Le général Dan Caine détaille les bombardements menés par les États-Unis sur les sites nucléaires iraniens, le 22 juin 2025.)
Imed Bahri
Le journal de gauche Haaretz a publié une enquête de son correspondant à Washington, Ben Samuels révélant l’identité des personnalités de différents horizon qui ont influencé la décision du président américain Donald Trump de lancer des frappes contre trois importantes installations nucléaires en Iran dont celle de Fordo.
Samuels a indiqué que Trump a succombé à une campagne d’influence et de pression exercée sur lui par de nombreux responsables et politiciens, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Maison-Blanche, ce qui l’a conduit à prendre cette mesure sans précédent.
Trump, «un homme impulsif», s’était fié aux conseils de ses collaborateurs et politiciens concernant les avantages et les inconvénients d’une frappe contre l’Iran.
Le journaliste estime que pour comprendre comment il s’est appuyé sur son entourage pour changer à jamais la politique étrangère américaine et le Moyen-Orient tel que nous le connaissons, il faut comprendre la pensée de ceux ces personnes et comment Trump a suivi leurs conseils concernant les répercussions des frappes sur les États-Unis, Israël et sur l’opinion américaine qui soutient Trump.
Haaretz a passé au peigne fin les différentes catégories de l’entourage ayant influencé le président ainsi que les quelques voix dissonantes qui n’ont pas pesé.
Il y a tout d’abord des membres importants de l’administration. Trump a choisi trois de ses conseillers pour l’épauler dans son discours à la nation qu’il a prononcé suite aux attaques contre les trois installations nucléaires iraniennes de Fordo, Natanz et Ispahan. Il s’agissait du trio d’enfer composé par le vice-président J.-D. Vance, du secrétaire à la Défense Pete Hegseth et du secrétaire d’État (et conseiller à la sécurité nationale par intérim) Marco Rubio. Ce choix revêtait une importance particulière car Trump souhaitait démontrer leur soutien total en les ayant à ses côtés, d’autant plus que ces trois hommes avaient tenté ces derniers mois de le persuader de privilégier la diplomatie à l’action militaire.
Selon le journal israélien, Vance, en particulier, menait depuis quelques mois le camp anti-militaire au sein du cercle rapproché de Trump. Cependant, ces derniers jours, il a déclaré qu’il suivrait le président quelle que soit sa décision.
Hegseth, quant à lui, doutait de la possibilité que l’Amérique s’engage dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient et était réticent à évoquer les plans de l’Iran. Cependant, Trump a préféré lui confier la responsabilité des frappes.
De son côté, Marco Rubio a adopté une politique étrangère et un discours plus bellicistes afin de mieux s’aligner sur la rhétorique de Trump et est depuis longtemps considéré comme l’une des voix les plus va-t-en-guerre du Parti républicain sur la question iranienne.
Parmi les conseillers que Trump écoute le plus depuis sa décision de se présenter à la présidence suite à sa défaite à l’élection présidentielle de 2020 figure la très influente Suzi Wiles, aujourd’hui cheffe de cabinet de la Maison Blanche. Elle était présente dans la Situation Room lors des frappes sur les trois installations nucléaires samedi soir.
Wiles, selon Haaretz, a l’expérience «des actions néfastes» de l’Iran comme les menaces d’assassinat contre Trump lors de sa dernière campagne et le fait d’avoir été personnellement la cible d’une campagne d’hameçonnage.
La seconde catégorie qui a influencé la décision de Trump est celle la communauté du renseignement militaire. Le président apprécie grandement les contributions de ses principaux conseillers militaires et du renseignement même s’il rejetait publiquement certaines de leurs conclusions concernant les ambitions nucléaires de l’Iran.
Il y a la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard, une ancienne démocrate critique envers Trump sur la question iranienne et désormais partisane du mouvement Maga. Plus tôt cette année, Gabbard a témoigné devant le Congrès que l’Iran ne construisait pas d’arme nucléaire, une déclaration qui contredisait les affirmations israéliennes. Le témoignage de Gabard visait à persuader Trump et sa base de s’abstenir d’attaquer l’Iran. Malgré les tensions apparentes entre elle et le président, elle était présente dans la Situation Room bien qu’elle ait brillé par son absence sur les photos officielles de la Maison-Blanche.
Par contre, parmi les plus fervents soutiens aux frappes contre l’Iran figure le directeur de la CIA John Ratcliffe qui a sonné l’alarme à plusieurs reprises concernant les ambitions nucléaires et les intentions hostiles de l’Iran.
Trump a salué les contributions de deux généraux américains de haut rang dans les semaines précédant les frappes de samedi à savoir le général Michael Erik Kurilla, commandant du Commandement central américain qui supervise les opérations militaires américaines au Moyen-Orient et le chef d’état-major interarmées Dan Keane qui est le plus haut gradé de l’armée américaine et l’un des plus fidèles alliés d’Israël.
Il existe également deux voix très influentes qui 0poussent Trump à la guerre et qui ne travaillent pas au sein de l’administration américaine mais qui transmettent directement leur message à Trump via leurs interventions sur Fox News, chaîne préférée du président. Le premier est le présentateur Mark Levin, qui a longtemps été le média de droite pro-israélien de Trump, et qui a été un belliciste, influençant sa pensée.
Le second est le présentateur Sean Hannity qui l’a ouvertement appelé à détruire le site nucléaire de Fordo. Hannity a été le premier à révéler les détails opérationnels des frappes sur Fordo, Natanz et Ispahan dans son émission.
L’appel à la guerre de Fox News est cohérent avec la vision de son propriétaire le magnat Rupert Murdoch dont l’empire médiatique promeut la guerre tous azimuts. Murdoch a directement interpellé Trump sur les avantages d’une frappe contre l’Iran tandis que ses publications attaquaient l’envoyé du président pour le Moyen-Orient et négociateur américain sue le nucléaire iranien Steve Witkoff.
Murdoch n’est pas le seul milliardaire à avoir tenté de manipuler Trump. Ike Perlmutter, ancien PDG de Marvel Entertainment et important donateur républicain, a également assisté à une réunion entre le président et Mark Levin.
Perlmutter, né en Palestine mandataire et ayant servi dans l’armée israélienne pendant la guerre des Six Jours de 1967, a longtemps privilégié la discrétion.
Il n’est pas non plus le seul grand donateur de Trump à avoir soutenu les frappes israéliennes contre l’Iran. Parmi eux figure Miriam Adelson, qui a fait don de plus de 100 millions de dollars à la campagne présidentielle de Trump et qui, avec son mari Sheldon aujourd’hui décédé, est considérée comme la principale responsable de ses nombreuses décisions politiques en faveur d’Israël comme la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale éternelle et indivisible d’Israël. Miriam Adelson, qui a servi dans l’armée israélienne, est une intime du couple Netanyahu. Son époux Sheldon a accompagné et financé l’ascension politique de Benjamin Netanyahu.
Si de nombreux partisans et soutiens importants de Trump ont justifié leur soutien aux frappes américaines par des préoccupations géopolitiques, ses principaux alliés au sein de la communauté chrétienne évangélique ont fondé leur soutien sur des raisons existentielles.
Trump a publié un message flatteur de l’ambassadeur américain en Israël, le pasteur évangélique Mike Huckabee qui est en totale accord avec l’extrême-droite israélienne sur tous les sujets comme l’attaque contre l’Iran, le rattachement de la Cisjordanie à Israël ou encore la création d’un État palestinien sur le territoire d’un pays arabe. Huckabee a été très insistant pour que Trump bombarde l’Iran.
Parmi les figures évangéliques figure aussi Franklin Graham, fils du défunt révérend Billy Graham, considéré comme le principal relais de Trump au sein de cette communauté qui joue un rôle clé dans la coalition de soutien au président et qui forme le socle le plus solide de son électorat.
Les voix critiques très peu écoutées
Les critiques irritent souvent Trump mais il n’est certainement pas habitué à ce que ces critiques les plus virulentes viennent de sa base, et encore moins des personnalités qui ont contribué à sa réélection. Tucker Carlson, ancien présentateur de Fox News et désormais à la tête de son propre empire médiatique influent, a sans doute été la première voix à critiquer le président.
Carlson a ouvertement critiqué Trump et les personnalités influentes susmentionnées pour avoir poussé le président à la guerre, y compris le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, recherché par la Cour pénale internationale, et son gouvernement.
On compte également Steve Bannon, ancien directeur de campagne et conseiller principal de Trump lors de son premier mandat, qui, avec Carlson, a explicitement averti que les divisions au sein de sa base sur sa position concernant l’Iran pourraient sonner le glas du mouvement Maga (Make America Great Again). De même, la représentante Marjorie Taylor Greene, peut-être l’une des plus ferventes partisanes de Trump au Congrès, est devenue l’une de ses critiques les plus virulentes.
La Tunisie ne se contente pas de réaffirmer sa condamnation claire et explicite des agressions sionistes flagrantes contre la République Islamique d’Iran, pays frère, et du bombardement qui en a suivi de ses installations nucléaires par les États-Unis d’Amérique.
Mais elle appelle également à un arrêt immédiat de cette agression, car la légalité internationale ne l’autorise ni ne la justifie sous quelque couverture ou prétexte que ce soit. Soit il existe une légalité, malgré ses imperfections, qui s’applique à tous, soit c’est une absence totale de légalité, voire une suppression délibérée de ses principes et un mépris flagrant de ses règles.
La Tunisie réaffirme également que cette agression brutale ne doit pas masquer les nombreux autres crimes commis et qui se poursuivent dans plusieurs régions du monde, au premier rang desquels la guerre génocidaire continue contre le peuple palestinien.
Au contraire, l’attention est délibérément détournée vers cette agression, tandis que les crimes de l’ennemi sioniste contre le peuple palestinien sont sciemment occultés par un nombre non négligeable de médias, dans le but de briser sa volonté de libération totale – une volonté qui ne sera jamais brisée ni affaiblie jusqu’à ce que le peuple palestinien recouvre tous ses droits légitimes et établisse son État indépendant et pleinement souverain sur toute la terre de Palestine, avec Al-Qods Al-Sharif pour capitale.
La Tunisie réaffirme encore une fois que la légalité issue de la Seconde Guerre mondiale est en train de s’effondrer, et que l’avenir appartient aux peuples libres qui placent au premier plan les véritables réacteurs de l’humanité, fondés sur les valeurs partagées et sur le droit à une égalité réelle et complète, ainsi qu’à l’autodétermination.
Ces peuples mettront fin une fois pour toutes à la discrimination fondée sur l’existence de nations considérées – et se considérant toujours – comme civilisées, tandis que d’autres peuples sont jugés barbares et inférieurs, voire non humains. Sans parler du colonialisme, des guerres civiles et de la spoliation de leurs richesses et ressources.
L’implication de Washington dans les guerres d’Ukraine, de Gaza et d’Iran n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis, répètent inlassablement les opposants à la tenace agressivité de la politique étrangère américaine. Cette implication, dévastatrice pour la paix et la stabilité dans le monde, n’est pas dans l’intérêt du peuple américain sans aucun doute. Mais elle est dans l’intérêt évident de Wall Street, du Complexe militaro-industriel et de l’infime minorité de millionnaires et de milliardaires en dollars qui tiennent les rênes du pouvoir de décision dans la capitale américaine.
Cette militarisation effrayante de la politique étrangère américaine a atteint l’Iran dans la nuit du 21 au 22 juin, menaçant d’engloutir la région dans un tourbillon de violence. Les promoteurs de cette politique se soucient comme d’une guigne des principes de la morale, du droit international, des Nations Unies, et même de la Constitution américaine. Mais ils ne vont pas jusqu’à déclarer les vraies raisons et les réelles motivations qui les poussent à poursuivre cette stratégie du bord du gouffre : s’opposer à l’émergence du monde multipolaire, entraver la dédollarisation du commerce et de l’investissement dans le monde et déstabiliser les promoteurs de cette nouvelle tendance mondiale initiée par la Chine et la Russie et dont l’Iran constitue un pilier central.
Pour cacher ces vraies raisons, ils mettent en avant la rengaine de la démocratie contre l’autoritarisme et versent les larmes de crocodile sur le sort des peuples russe, chinois et iranien « enchainés » par Vladimir Poutine, Xi Jinping et Ali Khamenei.
Les opposants à la guerre avec l’Iran à Washington, y compris dans l’entourage de Donald Trump ont empêché l’intervention directe à côté d’Israël pendant une semaine. Finalement les avions américains ont lancé quelques bombes sur l’Iran. Mais il semble que, cette fois, les néoconservateurs ne sont pas entrés en guerre par volonté de détruire l’Iran et renverser son régime comme ils l’avaient fait en 2003 avec l’Irak; mais par détresse de voir Israël détruit par les violentes représailles iraniennes qui ont dévasté Tel-Aviv, Haifa et d’autres villes israéliennes, dévastations que l’Etat sioniste n’a jamais subies ou pensées subir un jour.
Il faut préciser tout d’abord que, les frappes terminées, Trump a salué « l’excellent travail que seule l’Amérique peut faire. Nous avons détruit le programme nucléaire iranien. Maintenant, il faut faire la paix. » Mais personne ne l’a cru. Chacune des bombes ‘’bunker buster’’, dont Trump a prétendu en avoir utilisé six, aurait dû provoquer des secousses équivalentes à un tremblement de terre de 3,5 ou 4 degrés sur l’échelle de Richter que les Iraniens auraient dû ressentir, si elles avaient été réellement lancées sur les sites nucléaires. Or, ils n’ont rien ressenti.
Ensuite, si toutes les installations nucléaires ont été détruites comme le prétendent Trump et Netanyahu, on aurait assisté à une catastrophe provoquée par les rejets de radioactivité dans l’atmosphère, comme ce fut le cas en 1986 à Chernobyl. Or, les autorités iraniennes n’ont décelé aucune trace de radioactivité.
Enfin, immédiatement après l’attaque, Trump a dépêché des intermédiaires en Iran pour les informer que « les Etats-Unis n’ont programmé aucune autre attaque et ne cherchent pas à renverser le régime ». Une telle assurance de Trump pour les Iraniens est intervenue peu de temps après ses fanfaronnades, ordonnant aux 17 millions d’habitants de Téhéran… d’évacuer leur ville, et menaçant Ali Khamenei en ces termes : « Nous savons où vous êtes, mais nous ne comptons pas vous tuer, du moins pas pour le moment » ! Et c’est le président de la plus grande puissance de l’histoire qui utilise ce langage d’un chef de bande mafieuse.
Un autre élément important à prendre en compte : la nuit du 22 au 23 juin est la première nuit calme depuis le début de l’agression israélienne.
Alors qu’est-ce qui s’est passé? Où se trouvent les clés du puzzle? L’explication est fournie d’une part par les missiles iraniens et la terrifiante efficacité et l’incroyable précision avec lesquelles ils atteignent leurs cibles. Elle est fournie d’autre par l’inefficacité des défenses anti-aériennes qui a laissé la voie libre à l’Iran d’atteindre d’importantes cibles militaires, industrielles et stratégiques. Sans parler des dévastations qui font que de nombreux quartiers de Tel-Aviv et Haifa ressemblent comme deux gouttes d’eau à Khan Younes et Jabalia.
Hassan Nasrallah devrait se délecter dans sa tombe. C’est grâce à lui que le fameux ‘’Hodhod’’, le drone muni de caméra, avait en juin et juillet 2024, filmé tous les sites militaires, industriels et stratégiques israéliens. Trésor que Nasrallah avait passé à l’Iran…
Partis le 13 juin avec l’idée de faire de l’Iran une nouvelle Syrie, Trump et Netanyahu se sont trouvés le 22 juin avec un Iran plus solide, uni, défiant et déterminé à poursuivre les destructions en Israël et l’humiliation de l’Etat sioniste. D’où leur recherche d’une stratégie non pas de détruire l’Iran, mais d’empêcher la destruction d’Israël.
Si les néoconservateurs s’étaient souciés du sort de l’Ukraine et des Ukrainiens comme ils se soucient aujourd’hui du sort d’Israël et des Israéliens, la crise russo-ukrainienne aurait été résolue dès le début et des centaines de milliers de vies humaines auraient été épargnées. Mais à Washington, l’élite gouvernante a décidé de poursuivre la guerre contre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien. Mais pas de poursuivre la guerre contre l’Iran jusqu’au dernier Israélien.
L’opération militaire américaine menée dans la nuit du 21 au 22 juin contre trois sites nucléaires en Iran suscite un tollé politique à Washington. Baptisée « Marteau de minuit », cette offensive d’envergure, décidée unilatéralement par Donald Trump, plonge la classe politique dans une crise institutionnelle aux contours explosifs. Au cœur des critiques : l’absence totale de consultation du Congrès, pourtant seule autorité constitutionnellement habilitée à autoriser une action militaire de cette ampleur.
Au lendemain de l’intervention, qui a mobilisé 125 avions, dont sept bombardiers furtifs B-2 Spirit, et impliqué le tir d’une vingtaine de missiles Tomahawk depuis un sous-marin dans le golfe Persique, les premières réactions n’ont pas tardé. Si le président se félicite d’un « succès total », affirmant que les installations nucléaires iraniennes à Fordo, Natanz et Ispahan ont été « totalement détruites », de nombreuses voix remettent en cause tant la légitimité que l’opportunité de cette frappe éclair.
Parmi les critiques les plus virulentes, la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a dénoncé « une dérive autoritaire du pouvoir exécutif » et appelé à ouvrir un débat parlementaire sur les suites à donner à cette action. D’autres élus, dont certains membres progressistes du Parti démocrate, évoquent déjà la possibilité d’une procédure de destitution, considérant que Trump a violé la Constitution en s’arrogeant seul le droit de déclencher une opération militaire majeure.
Dans les médias américains, de nombreux experts soulignent également l’absence de preuve indépendante permettant de confirmer les déclarations du président sur le résultat de l’opération. L’incertitude qui entoure les dégâts infligés aux sites iraniens et les possibles représailles de Téhéran alimentent l’inquiétude générale.
De son côté, Donald Trump persiste et signe : s’il assure ne pas vouloir la guerre, il menace l’Iran de nouvelles frappes « depuis le territoire américain » si ce dernier « ne choisit pas la paix ».
Alors que la campagne électorale pour les élections de mi-mandat de 2026 s’intensifie, cette nouvelle crise pourrait bien devenir un tournant politique majeur. L’opération « Marteau de minuit », loin de le consolider, pourrait accélérer les divisions internes et relancer le spectre d’un troisième impeachment.
A la fin du XXe siècle, l’effondrement du bloc communiste a laissé place à un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis. Son président, George H. W. Bush décrète alors l’avènement d’un “nouvel ordre mondial“. « Une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix […] ;où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde où les Etats reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un monde où les forts respectent les droits des plus faibles » (discours devant le Congrès américain, le 11 septembre 1990). Or, le XXIe siècle sonne comme un démenti cinglant à cette vision et vient rappeler le rapport ambivalent entre droit international et relations internationales.
Les rapports entre les relations internationales et le droit n’en demeurent pas moins ambivalents. D’un côté, il existe un droit des relations internationales. Celui-ci est à la base de l’ordre international libéral établi à la fin de la Seconde Guerre mondiale et formalisé par la Charte des Nations unies. Les « principes de justice et du droit international » relèvent des buts de l’ONU (art. 1er). Les relations internationales mobilisent des règles, des principes, des institutions constitutifs du droit international. En témoignent l’inflation des textes juridiques internationaux et l’extension des domaines désormais régis par le droit international.
L’ambivalence des rapports entre le droit et les relations internationales
Ces normes juridiques relèvent d’un droit spécifique : le « droit international public », sorte de « langage commun indispensable, [de] technique instrumentale au service des Etats et de tous les acteurs de la société internationale » (E. Tourme-Jouannet). Celui-ci contribue à la prévisibilité et à la pacification des rapports internationaux. Au niveau purement des Etats, les discours de politique étrangère mobilisent eux-mêmes le droit international, qui se trouve instrumentalisé en support d’objectifs politiques.
De l’autre, les relations internationales échappent, de fait, au cadre prescrit par le droit international : les relations internationales sont parfois réduites à une logique de puissance et de rapports de force. Une impuissance du droit international liée à l’absence d’ « Etat mondial » (fort d’une armée et d’une police internationales) qui pourrait faire respecter le droit international face à des « Etats voyous ».
Au sein de la « communauté internationale », il n’existe pas d’autorité centrale et supérieure capable d’imposer le droit international à des Etats souverains. Si ces derniers peuvent s’engager à respect le droit international, leur puissance (militaire, économique et diplomatique) peut également leur permettre d’échapper à son respect sans être sanctionné…
Le Moyen-Orient : zone de non droit
Le siècle s’est ouvert sur les attentats du 11 septembre 2001, mais aussi par l’agression d’un Etat souverain, l’Irak, en 2003. Une invasion illégale lancée par le duo Bush-Blair, au nom d’une guerre préventive justifiée par la volonté d’imposer la « démocratie par la force », y compris au prix de mensonges sur les « armes de destruction massive ».
Le bilan fut dramatique : plus de 500 000 morts entre 2003 et 2011, l’assassinat de civils, la systématisation de la torture institutionnalisée (à Abou Ghraib, notamment) et la création d’une créature djihadiste : Daech…
Aujourd’hui, de la Palestine à l’Iran en passant par la Syrie ou le Liban, le Moyen-Orient est le théâtre de tensions et conflits où la puissance et la violence prévalent. Comme si la région représentait le cimetière du droit international. Le comportement et l’impunité d’Israël confortent le sentiment suivant lequel la région relève d’un espace de non-droit digne d’un vulgaire western. Un sentiment légitime qui s’inscrit plus globalement dans un mouvement de déclassement ou de marginalisation du droit international comme vecteur de régulation des relations internationales (voir le cas de l’agression de la Russie contre l’Ukraine).
Pour autant, l’ouverture de ce cycle historique ne saurait invisibiliser la construction historique qui a abouti à l’ordre juridique international.
A Gaza, depuis le 7 octobre 2023, le blocus total, les bombardements (massifs, disproportionnés et indifférenciés – entre civils et combattants), les destructions des bâtiments civils et de santé, le « transfert forcé » de près de 1,5 million de civils sont constitutifs des pires crimes internationaux. Ultime espoir dans la justice internationale, malgré les pressions occidentales, la Cour internationale de justice (CIJ) continue d’instruire l’accusation pour génocide qui vise Israël, et la Cour pénale internationale (CPI) poursuit B. Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Tôt ce lundi 23 juin 2025, l’armée israélienne a déclaré que des missiles iraniens sont en approche et des sirènes d’alerte ont retenti dans plusieurs régions de l’Etat hébreu. Plusieurs explosions ont été ensuite entendues au-dessus de Jérusalem.
L’Iran avait menacé de s’en prendre militairement aux États-Unis et de leur infliger de «lourdes conséquences» après l’attaque menée dimanche à l’aube par l’armée américaine contre trois de ses installations nucléaires : Natanz, Fordo et Ispahan.
«Cet acte hostile (…) élargira la portée des cibles légitimes des forces armées de la République islamique d’Iran et ouvrira la voie à l’extension de la guerre dans la région», a déclaré un porte-parole des forces armées, Ebrahim Zolfaghari. «Les combattants de l’Islam vous infligeront de lourdes conséquences imprévisibles avec des opérations (militaires) puissantes et ciblées», a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par la télévision d’État.
Sauf que la plupart des analystes et des observateurs estiment que la réaction iranienne à l’agression américaine sera calibrée pour éviter une confrontation armée directe avec les Etats-Unis et se contentera de l’usage de missiles balistiques contre Israël, en élargissant probablement le champ des cibles à des infrastructures vitales.
Le risque de fermeture du détroit d’Ormuz par où transite 25% du pétrole mondial, notamment du pétrole et du gaz iraniens vers la Chine, reste très faible, malgré les menaces agitées à ce sujet par Téhéran.
La tension s’intensifie dangereusement au Proche-Orient, alors qu’une nouvelle salve de missiles iraniens a visé plusieurs régions du sud d’Israël dans la nuit de dimanche à lundi.
Les médias israéliens, dont le Times of Israel, ont rapporté des impacts de projectiles balistiques près d’Ashdod et dans la région de Lachish, au sud d’Al-Qods.
Selon Reuters, des missiles ont été aperçus survolant la ville, avant que plusieurs « détonations » ne soient entendues dans les environs. L’armée israélienne a confirmé l’activation d’alarmes dans le centre et le sud du pays. Au Parlement, les sirènes ont forcé les députés du Knesset à se réfugier dans les abris.
Ces frappes surviennent dans un climat de représailles mutuelles. L’ayatollah Ali Khamenei a juré de « punir l’ennemi sioniste » après la participation des États-Unis à des bombardements ciblant l’Iran. De son côté, Donald Trump a insinué un possible changement de régime à Téhéran.
Depuis le 13 juin, date de la première frappe israélienne sur les sites nucléaires iraniens de Fordow, Natanz et Ispahan, la riposte de Téhéran ne s’est pas fait attendre. Le bilan humain est lourd : plus de 400 morts et 3 000 blessés en Iran, contre 24 victimes recensées en Israël.
Alors que la communauté internationale tente désespérément de désamorcer la crise, les frappes se succèdent et font craindre un embrasement régional sans précédent. Le président iranien Masoud Pezeshkian a promis que « les Américains devront répondre de leur agression ». L’AIEA assure de son côté qu’aucune hausse anormale de radioactivité n’a été relevée.
La réaction des marchés financiers à l’intensification des tensions entre les États-Unis et l’Iran a révélé une forte érosion du statut de valeur refuge du dollar américain, prévient Nigel Green, PDG du cabinet de conseil financier mondial deVere Group, alors que les investisseurs guettent la prochaine action de Téhéran.
À la suite des frappes américaines ciblées sur les sites nucléaires iraniens – une escalade qui risque d’entraîner la région dans un conflit plus large – le dollar ne s’est que modestement raffermi.
Cette réaction modérée a surpris plus d’un, notamment compte tenu de la gravité du contexte géopolitique. Mais la réaction est révélatrice : le billet vert n’est plus le refuge automatique qu’il était autrefois.
«Nous assistons à un moment de vérité pour la réputation du dollar comme valeur refuge par excellence», déclare Green.
La réaction modérée du marché, même dans un contexte de confrontation à enjeux élevés, souligne l’évolution de la confiance des investisseurs. Le monde observe l’Iran, mais il réévalue aussi discrètement la fiabilité du dollar en temps de crise.
Ce changement de sentiment intervient après la chute de 8,6% du dollar face à un panier de devises majeures cette année. Cette baisse, explique Green, est en partie due à l’inquiétude suscitée par les dommages à long terme des droits de douane imposés par le président Donald Trump, qui ont miné les prévisions de croissance américaine et obscurci la stabilité politique, ainsi qu’aux inquiétudes concernant la dette nationale américaine.
«Pendant des décennies, la domination du dollar était une évidence en période de turbulences», note le PDG de deVere. Il ajoute : «Que ce soit pendant la guerre du Golfe, la crise financière mondiale ou après le 11 septembre, les capitaux affluaient vers le dollar comme garantie de sécurité. Mais cette certitude s’estompe.»
Des marchés sur le qui-vive
En revanche, la récente flambée de tension au Moyen-Orient n’a pas provoqué de ruée vers le billet vert. Malgré une hausse initiale, les investisseurs hésitent encore à s’engager. Ces faibles gains suggèrent que cette décision pourrait être une réaction tactique temporaire, et non un vote de confiance structurel.
«Il existe un consensus croissant sur le fait que la trajectoire budgétaire américaine, les dysfonctionnements politiques et l’instrumentalisation du dollar par les sanctions comportent des risques réels», explique Green.
Les marchés sont désormais sur le qui-vive face à la prochaine action de l’Iran. Si Téhéran riposte d’une manière qui menace les flux pétroliers mondiaux ou provoque une nouvelle escalade américaine, le monde pourrait connaître une volatilité importante. Mais cette volatilité pourrait ne pas se traduire par «le type d’afflux de dollars auquel nous nous attendions par le passé», explique Green. Il poursuit : «Si l’Iran réagit avec force et que les prix du pétrole flambent, nous pourrions assister à une rapide mobilisation des capitaux, mais pas nécessairement vers les actifs américains. Certains continueront de se tourner vers le dollar, mais moins nombreux et avec plus de prudence. D’autres privilégieront les matières premières, la zone euro, voire les marchés émergents considérés comme protégés des risques liés aux États-Unis.»
Le rééquilibrage de la domination du dollar se renforce depuis des années. Nigel Green évoque les conséquences de la crise de 2008, lorsqu’un assouplissement quantitatif sans précédent a commencé à miner la valeur à long terme du dollar, et les années plus récentes où la politique étrangère et commerciale imprévisible de Washington a aliéné ses alliés et miné la confiance.
«Le monde a commencé à se couvrir contre le dollar», déclare-t-il. Et d’ajouter : «Les banques centrales diversifient leurs réserves. Les institutions explorent des alternatives. Les monnaies numériques, notamment les monnaies numériques de banque centrale et le Bitcoin, font également partie de la combinaison.»
Les investisseurs en état d’alerte maximale
Le directeur général de deVere met néanmoins en garde contre toute complaisance : «Le dollar ne disparaîtra pas du jour au lendemain en tant que valeur refuge, mais son attrait s’affaiblit.»
Alors que le monde attend la réponse de l’Iran, les investisseurs sont en état d’alerte maximale.
«Mais l’une des intrigues secondaires clés ne concerne pas seulement l’escalade militaire : il s’agit d’un réalignement fondamental de la perception du risque et de la sécurité par les capitaux mondiaux. Le mystère du billet vert s’estompe. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère où la confiance aveugle dans le dollar ne définit plus les crises financières», », conclut Nigel Green.
La Tunisie a réitéré sa condamnation claire et explicite des attaques sionistes flagrantes contre la République islamique d’Iran, ainsi que du bombardement ultérieur de ses installations nucléaires par les États-Unis d’Amérique, et a appelé à l’arrêt immédiat de cette agression.
Selon un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, dimanche 22 juin 2025, la légitimité internationale ne permet ni ne justifie cette agression, sous aucun prétexte. «Soit il existe une légitimité, malgré ses défauts, qui s’applique à tous, soit il y a une absence totale de légitimité, voire un mépris délibéré de ses principes et de ses règles», souligne le communiqué.
La Tunisie a également réaffirmé que cette agression brutale ne doit pas occulter les nombreux autres crimes commis et toujours en cours dans de nombreuses régions du monde, au premier rang desquels la guerre d’extermination contre le peuple palestinien. L’attention est portée sur cette agression [contre l’Iran], et un nombre important de médias dissimulent délibérément les crimes de l’ennemi sioniste contre le peuple palestinien dans le but de briser sa volonté de libération totale, ajoute le communiqué.
C’est une volonté qui ne sera jamais brisée ni affaiblie jusqu’à ce que le peuple palestinien retrouve tous ses droits légitimes et établisse son État indépendant avec une pleine souveraineté sur toute la Palestine, avec Jérusalem comme capitale, lit-on encore.
La Tunisie a également réitéré son affirmation selon laquelle la légitimité créée par la Seconde Guerre mondiale s’effondre et l’avenir appartient aux peuples libres qui placent au premier plan les véritables moteurs de l’humanité sur la base des valeurs qu’ils partagent, et sur le plein droit à l’égalité effective et à l’autodétermination, et qui mettent fin une fois pour toutes à la discrimination fondée sur l’existence d’États dont les peuples sont et sont encore considérés comme civilisés, indique le communiqué.
Alors que d’autres peuples sont considérés comme barbares et inférieurs, et plus encore, leurs composantes ne font pas partie de la race humaine, en plus du colonialisme, des guerres civiles et de l’accaparement de leurs biens et de leurs richesses.
Au lendemain d’une opération militaire d’envergure contre des installations nucléaires iraniennes, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a affirmé que les États-Unis avaient « dévasté le programme nucléaire iranien ». Lancée dans la nuit du 21 au 22 juin, l’opération baptisée Marteau de minuit visait trois sites sensibles, dont l’installation souterraine de Fordo.
Saluant un « succès militaire éclatant », Hegseth a insisté sur la volonté de paix du président Donald Trump. « L’Iran devrait faire de même », a-t-il déclaré, accusant Téhéran d’avoir franchi une « ligne rouge » en s’engageant aux côtés d’Israël dans le conflit régional. Washington justifie cette action par la nécessité de bloquer l’accès de l’Iran à l’arme nucléaire.
Selon les premières évaluations, les frappes ont atteint leurs cibles avec précision, infligeant des dégâts importants aux installations clés. Le chef d’état-major américain a révélé que 14 bombes anti-bunker ont été larguées par des bombardiers furtifs B-2, sans rencontrer de résistance dans l’espace aérien iranien. Des sous-marins américains auraient également participé à l’opération, ciblant notamment des sites à Ispahan.
Le Pentagone se montre ferme : toute riposte iranienne sera accueillie par une réponse « encore plus puissante ». Tout en écartant l’hypothèse d’un changement de régime, Hegseth a réaffirmé que l’objectif restait strictement militaire – neutraliser l’infrastructure nucléaire.
Sur le plan diplomatique, les États-Unis affirment rester ouverts au dialogue. « Le président Trump est toujours prêt à une solution diplomatique », a souligné Hegseth, déplorant néanmoins l’absence de réaction de l’Iran aux multiples tentatives de négociation.
À travers ces déclarations, Washington réaffirme sa détermination à freiner toute avancée du programme nucléaire iranien, tout en maintenant une posture de dissuasion maximale face à toute menace dans la région.
L’impact des frappes militaires du président Donald Trump sur les installations nucléaires iraniennes sur les marchés commence déjà à remodeler les attentes des investisseurs sur toutes les classes d’actifs, tous les secteurs et toutes les zones géographiques, déclare Nigel Green, PDG du géant du conseil financier deVere Group.
Avec la réouverture des marchés, les investisseurs se préparent à une forte volatilité, avec une flambée attendue des prix du pétrole brut et une surveillance étroite des prévisions d’inflation. «La frappe américaine sur les sites nucléaires iraniens est un moment clé pour le marché», déclare Green. «Elle porte directement atteinte aux hypothèses qui ont guidé le positionnement des investisseurs : une inflation plus faible, des taux en baisse et des prix de l’énergie stables. Ce cadre vient d’être brisé», ajoute-t-il.
Risque de flambée des cours de pétrole
Le cours du Brent avait déjà progressé régulièrement ces dernières semaines, mais la décision de cibler les installations nucléaires iraniennes a considérablement accru les craintes de représailles et de perturbations.
Toute fermeture ou menace visant le détroit d’Ormuz, par lequel transite près de 20% du pétrole mondial, entraînerait une forte hausse des prix. Certains analystes préviennent désormais que le prix du brut pourrait atteindre 130 dollars le baril, selon la prochaine décision de l’Iran.
«Un tel choc de prix se répercuterait sur l’inflation mondiale, qui reste élevée et/ou stable dans de nombreuses régions. Les acteurs du marché anticipaient des baisses de taux des banques centrales, dont la Réserve fédérale, au second semestre. Cette situation est désormais remise en question», note le PDG de deVere.
«Une hausse soutenue des prix du pétrole rend les baisses de taux très difficiles à justifier. Si l’inflation repart à la hausse, les responsables de la politique monétaire seront contraints de maintenir leur politique, voire de reconsidérer complètement le cycle d’assouplissement», déclare encore Green. Qui ajoute : «Cela modifiera fondamentalement la donne pour les secteurs actions, les devises et le crédit.»
Fortes pressions sur plusieurs secteurs importants
«Concernant les actions, la réaction la plus immédiate sera probablement une rotation des secteurs sensibles aux taux et axés sur la consommation. Les entreprises du secteur du voyage et du tourisme, très vulnérables aux coûts de l’énergie et aux perturbations géopolitiques, devraient subir des pressions.
Les valeurs technologiques, en particulier celles qui se négocient à des multiples élevés, pourraient également subir des ventes, le marché obligataire réévaluant les perspectives de taux», explique Green.
Parallèlement, on assistera probablement à un appétit accru des investisseurs pour les producteurs d’énergie, les entreprises du secteur des matières premières et les entreprises liées à la défense nationale.
Avec des budgets militaires déjà en hausse dans plusieurs économies développées, les entreprises liées à la sécurité, à la surveillance, à l’aérospatiale et à la fabrication d’armes sont bien placées pour bénéficier d’une forte hausse de la demande.
Par ailleurs, les entreprises du secteur des biens de consommation de base et des services publics, bénéficiant de bénéfices stables et d’un pouvoir de fixation des prix, pourraient également attirer des capitaux dans ce contexte de volatilité accrue.
Intérêt croissant pour les valeurs refuges
Les flux vers les valeurs refuges devraient s’intensifier. «Les rendements des obligations d’État pourraient chuter fortement à court terme, même si les anticipations d’inflation à long terme augmentent. L’or, qui a déjà progressé cette année, devrait encore grimper, les investisseurs se protégeant contre les risques géopolitiques et monétaires», note Green à ce propos.
Les marchés des changes pourraient observer une demande à court terme pour le dollar américain, privilégiant la sécurité, mais la situation à plus long terme est plus incertaine.
Alors que les États-Unis sont désormais profondément enlisés dans un conflit croissant au Moyen-Orient et que les risques d’inflation augmentent, l’attrait du dollar pourrait diminuer si les perspectives de croissance américaine se détériorent. «Le dollar pourrait initialement se redresser, mais il ne s’agit pas d’une valeur refuge absolue», déclare Nigel Green.
«Si le pétrole fait grimper l’inflation et freine la demande des consommateurs, nous pourrions assister à un ralentissement de la croissance aux États-Unis et à une nouvelle pression sur la stabilité budgétaire. Ce n’est pas nécessairement un environnement favorable au dollar à long terme», prévient Green.
Il note également que, bien que les événements géopolitiques passés dans la région aient souvent entraîné des baisses à court terme suivies de reprises des marchés, 2025 présente un contexte macroéconomique très différent. Lors des conflits précédents, l’inflation était faible, les taux proches de zéro et les banques centrales disposaient d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir les prix des actifs. Ce n’est plus le cas.
«Nous ne sommes plus en 2019. Nous sommes dans un système plus tendu et plus fragile, avec moins de marge d’erreur», déclare Green. «Les investisseurs ne peuvent pas se permettre d’attendre. Ils doivent réagir maintenant, repositionner leurs portefeuilles et se concentrer sur les secteurs et les stratégies capables de résister à une incertitude prolongée», conseille-t-il en conclusion.
Par conséquent, deVere conseille à ses clients du monde entier de réduire leur exposition aux secteurs vulnérables aux flambées des coûts de l’énergie et d’envisager une réorientation de leurs allocations vers l’énergie, les matières premières et les valeurs défensives.
L’or et les obligations indexées sur l’inflation sont également recommandés dans le cadre de stratégies de couverture de portefeuille plus larges.
«Le temps de l’optimisme passif est révolu», conclut le directeur général de deVere, qui conseille aux investisseursde se repositionner rapidement. «Ceux qui hésitent risquent de rester exposés», avertit-il.
deVere Group est l’un des plus grands conseillers indépendants au monde en matière de solutions financières internationales spécialisées pour une clientèle internationale, locale et aisée, ainsi que pour une clientèle fortunée. Il dispose d’un réseau de bureaux dans le monde entier, compte plus de 80 000 clients et gère 14 milliards de dollars d’actifs.