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Donald Trump veut entraîner l’armée américaine dans ses délires

09. Oktober 2025 um 12:44

Depuis cet été, le président américain Donald Trump recourt de plus en plus fréquemment au déploiement de la Garde nationale dans les quatre coins du pays pour réprimer des manifestations dans certains cas ou bien dans d’autres pour lutter contre la criminalité comme il le revendique. Cela a commencé en juin à Los Angeles puis à la fin de l’été dans la capitale fédérale Washington et plus récemment à Chicago, à Portland dans l’Oregon et ailleurs. Ce recours excessif à la Garde nationale a entraîné de nombreux bras-de-fer aussi bien avec des gouverneurs de certains États qu’avec des juges fédéraux. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Trump a convoqué les généreux et les amiraux de l’armée américaine pour les rallier à sa cause. Et là, ça craint…

Imed Bahri

C’est en Don Quichotte flanqué de son fidèle Sancho Panza, en l’occurrence le secrétaire d’État à la Guerre (la nouvelle dénomination du département de la Défense) Pete Hegseth, que le président américain s’est adressé aux hauts gradés de l’armée dans une réunion aux airs d’un meeting du mouvement Maga où il n’a pas hésité à employer un vocabulaire guerrier et même à utiliser des termes grossiers.

Dans une analyse publiée sur le site de CNN, Aaron Blake est revenu sur ces épisodes successifs, sur le contenu de la réunion avec les généraux et sur l’atmosphère qui prévaut dans les rapports entre l’actuel pouvoir américain et l’armée US. 

Pression politique sur les dirigeants militaires

Blake a commencé par un épisode révélateur de cette atmosphère. Le mois dernier, lorsqu’un juge fédéral a réprimandé l’administration Trump pour son recours à la Garde nationale et aux Marines à Los Angeles durant le mois de juin, il a inclus une note de bas de page peu remarquée mais choquante.

Après que le major-général de la Garde nationale Scott Sherman se soit opposé en privé à la démonstration de force prévue par l’administration dans le parc MacArthur, la note de bas de page indiquait que Gregory Bovino, haut responsable du Département de la Sécurité intérieure, avait entrepris de «mettre en doute la loyauté de Sherman envers le pays».

Sherman est un vétéran de la guerre d’Irak comptant 30 ans de service et voilà qu’une personne nommée politiquement suggère qu’il a été déloyal en remettant en question les plans de l’administration.

Cet épisode illustre parfaitement la pression politique à laquelle sont confrontés les dirigeants militaires alors que Trump poursuit le déploiement de l’armée sur le sol américain, affirmant même que les villes pourraient servir de «terrain d’entraînement» pour les troupes, comme il l’a fait mardi 30 septembre 2025 lors de son discours devant des généraux et des amiraux à Quantico, en Virginie, franchissant ainsi une nouvelle étape.

Une militarisation constitutionnellement corrosive

Les dirigeants militaires se livrent-ils sans réserve à un pari extraordinaire dont les critiques – y compris d’anciens hauts responsables militaires du premier mandat de Trump – craignent qu’il puisse aboutir à une militarisation constitutionnellement corrosive du pays ?

De nombreux Américains semblent même exprimer des réserves quant à cette possibilité. Un sondage New York Times-Siena College a montré que davantage d’électeurs inscrits craignent que Trump n’utilise les troupes pour intimider ses adversaires politiques plus qu’ils ne craignent une montée en flèche de la criminalité sans la présence de la garde.

Ce qui nous amène à la scène de Quantico. De nombreuses questions ont été soulevées concernant la convocation, très inhabituelle, par le secrétaire à la Défense Hegseth, de généraux et d’amiraux du monde entier pour une réunion exceptionnelle. Pour Trump, au moins, l’objectif semblait être de rallier tout ce beau monde à son programme politique.

Dans un discours long et souvent décousu devant les responsables militaires, le chef de la Maison Blanche a débité une profusion de répliques qui auraient été bien plus appropriées pour un meeting de campagne alors même que les responsables restaient silencieux conformément au protocole. Il a approfondi ses affirmations souvent exagérées selon lesquelles il aurait mis fin à plus d’une demi-douzaine de guerres et ses espoirs de se voir décerner prix Nobel de la paix. Le président a vanté ses propres réussites et attaqué à plusieurs reprises les Démocrates. Rien de tout cela n’était pertinent pour s’adresser à un public censé être apolitique. Mais le plus frappant et le plus significatif, c’est que Trump a semblé chercher à rallier les généraux et les amiraux à sa répression intérieure.

La lutte contre «l’ennemi de l’intérieur»

Avec Hegseth, il a tenté de les monter contre les Démocrates, le monde universitaire, les supposés radicaux de gauche et les médias.

Trump a suggéré que les généraux et les amiraux seraient essentiels à sa lutte contre «l’ennemi de l’intérieur» et pourraient utiliser le pays comme un «terrain d’entraînement»«Nous subissons une invasion de l’intérieur. Ce n’est pas différent d’un ennemi étranger mais c’est plus difficile à bien des égards car ils ne portent pas d’uniformes», a-t-il déclaré. 

À un autre moment, il a lancé: «J’ai dit à Pete que nous devrions utiliser certaines de ces villes dangereuses comme terrains d’entraînement pour notre armée – la Garde nationale, certes. Car nous allons bientôt attaquer Chicago».

Autre extrait du discours dans le même registre: «San Francisco, Chicago, New York, Los Angeles. Ce sont des endroits très dangereux. Et nous allons les redresser un par un. Cela va être un enjeu majeur pour certaines personnes présentes dans cette salle. C’est aussi une guerre. C’est une guerre intérieure».

Trump, qui se nourrit souvent de l’énergie de la foule et de ses interactions avec elle, a tenté à plusieurs reprises d’impliquer davantage les généraux et les amiraux, apparemment en quête de soutien, ou du moins de quelque chose qu’il pourrait faire passer pour tel.

À un moment, il leur a demandé s’ils acceptaient son attitude envers les manifestants du type «Ils crachent, nous frappons»

À un autre moment, il leur a demandé de lever la main s’ils pensaient que le président du Comité des chefs d’état-major interarmées, Dan Caine, était «incompétent». Comme ils n’ont pas levé la main, Trump a interprété cela comme une approbation de son choix.

Les remarques de Trump ont suivi un discours de Hegseth, plus axé sur sa philosophie militaire. Il a profité de son intervention pour souligner l’importance des combattants aguerris et de l’amélioration des normes de forme physique et d’apparence au sein du ministère de la Défense.

Toutefois, la présentation de Hegseth était également hautement politique. En plus de tourner en dérision à plusieurs reprises le prétendu wokisme de l’armée et de cibler les personnes transgenres («des mecs en robe», selon Hegseth), il a cherché à diviser les dirigeants militaires et ce qu’il considère comme des institutions de gauche.

«Voyez-vous, les salles de réunion des professeurs de l’Ivy League (les grandes universités de la côte est, ndlr) ne nous comprendront jamais, et ce n’est pas grave, car ils ne pourraient jamais faire ce que vous faites», a déclaré Hegseth. Il s’en est pris également aux médias. 

Trump a également cherché à opposer les généraux et les amiraux aux Démocrates. «Les démocrates ne vous ont pas traités avec respect». Le message est clair: nous sommes vos véritables alliés politiques. Nous sommes de votre côté et eux non.

Il s’agissait d’une dégradation remarquable des frontières entre l’armée et la politique et d’un exemple inquiétant pour ceux qui craignent les tentatives de Trump de politiser l’armée et ce que cela pourrait laisser présager.

Trump veut déployer la Garde nationale dans les villes

Les Américains ne semblent pas du même avis que Trump sur ce point, à en juger non seulement par le sondage Times-Siena mais aussi par d’autres enquêtes. Les Américains, dans leur ensemble, n’apprécient pas l’idée du déploiement la Garde nationale dans leurs rues. Sauf que Trump insiste sur ce déploiement et semble vouloir s’assurer qu’il n’y ait plus de cas comme celui du major-général Sherman.

«Si vous voulez applaudir, applaudissez», a lancé Trump au début de son discours en remarquant le silence des généraux et des amiraux. Il a ensuite ajouté sur le ton de la plaisanterie : «Si ce que je dis ne vous plaît pas, vous pouvez quitter la salle. Bien sûr, votre grade en dépend. Votre avenir en dépend !». Si c’est une plaisanterie, elle est vraiment déplacée.  

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Deux conceptions du christianisme s’affrontent aux États-Unis

04. Oktober 2025 um 12:46

La cérémonie commémorative dédiée à la mémoire de l’influenceur trumpiste Charlie Kirk continue d’alimenter les analyses sur la situation qui prévaut aux États-Unis. Elle n’est pas uniquement révélatrice des évolutions que traverse le mouvement Maga comme nous l’avons vu dans un précédent article mais elle en dit long sur la crise qui secoue le christianisme aujourd’hui en Amérique avec des conséquences politiques déterminantes.

Imed Bahri

Deux conceptions contradictoires s’affrontent aussi bien sur la forme que sur le fond. Quand l’une prône la modestie et l’humilité, l’autre adopte un discours arrogant, condescendant et violent. Quand l’une fait l’éloge de la fraternité et de la tolérance, l’autre est dans une logique clivante et agressive.

Des directions opposées

Déjà, il y a quelques mois et bien avant la cérémonie à la mémoire de Kirk, un autre épisode a montré cette division. Lors du décès du pape jésuite François, grand défenseur des populations vulnérables surtout des migrants et farouche tiers-mondiste, il a été fortement critiqué parfois par des propos très déplacés par beaucoup des adeptes américains d’une conception du christianisme aux antipodes de celle du défunt souverain pontife. 

Dans une analyse parue dans le Washington Post, Shadi Hamid évoque la profonde division théologique et politique au sein du christianisme américain qui s’était surtout manifestée lors de la cérémonie commémorative de l’activiste conservateur Charlie Kirk, assassiné alors qu’il discutait avec des étudiants de l’Université d’Utah Valley, le 10 septembre, mais au-delà de cet événement, il met le doigt sur une crise qui secoue le christianisme où certains vont même jusqu’à s’en prendre à la morale chrétienne qu’ils considèrent comme relevant de la naïveté. 

Une division religieuse

Selon l’auteur, cette division révèle deux visions du christianisme qui orientent la politique américaine dans des directions opposées. L’une, ancrée dans une foi qui prône le pardon et l’amour des adversaires et l’autre qui instrumentalise la religion pour le conflit politique.

Ironiquement, cette division religieuse ne s’est pas produite au sein de l’Église mais plutôt dans un stade de football américain en Arizona où la cérémonie commémorative avait eu lieu. 

Hamid souligne que le moment le plus poignant de la cérémonie s’est produit lorsqu’Erica Kirk, la veuve du militant défunt, a annoncé à la foule –composée notamment du président Donald Trump et du vice-président J.-D. Vance– qu’elle pardonnait au meurtrier de son mari sauf que Trump a rejeté catégoriquement cette approche de pardon dès son entrée en scène, déclarant: «Je déteste mes adversaires et je ne souhaite pas leur bien»

Hamid, également professeur-chercheur en études islamiques au Fuller Theological Seminary de Pasadena, en Californie, commente ce conflit de croyances, affirmant qu’il ne s’agit pas simplement d’un désaccord de stratégie politique mais plutôt d’une confrontation avec l’une des questions les plus profondes de la théologie chrétienne : un croyant peut-il «tendre l’autre joue» et rester efficace sur la scène politique démocratique ?

Un combat plus vaste

L’auteur note que la cérémonie commémorative est devenue le microcosme d’un combat plus vaste. D’un côté, il existe une version du christianisme qui prône l’humilité, le sacrifice et l’amour de l’ennemi. De l’autre, il existe un christianisme qui considère les opposants politiques comme des forces démoniaques à vaincre et non à convertir. Il affirme que c’est cette dernière version qu’a adoptée Trump et qui a été défendue par d’autres intervenants lors de la cérémonie.

Selon le WP, des intervenants tels que l’animateur de podcast Jack Posobiec et le secrétaire à la Défense Pete Hegseth ont présenté l’assassinat de Kirk comme un élément d’une bataille cosmique entre le bien et le mal.

Prosélytisme et militarisme

Hegseth a également partagé une vidéo promotionnelle pour le ministère de la Guerre (anciennement le ministère de la Défense) combinant la prière du Christ à des images de soldats américains, de chars et de bombardiers furtifs, symbolisant clairement la convergence de la foi avec le nationalisme et le militarisme.

Du point de vue d’Hamid, ce clivage théologique reflète une crise plus profonde : de nombreux chrétiens pro-Trump ont rejeté les enseignements de Jésus sur le pardon et l’amour de l’ennemi, les jugeant totalement dénués de pertinence politique. Ce fossé religieux entre le message de pardon d’Erica Kirk et les fantasmes de guerre sans fin de Hegseth est plus profond qu’on ne le pense.

Russell Moore, ancien haut responsable baptiste du Sud et farouche critique de Trump, cite des fidèles accusant les pasteurs qui citent Jésus-Christ de tendre l’autre joue de promouvoir des doctrines «obsolètes». Ils demandent : «D’où viennent ces idées libérales?» 

Le théologien et prédicateur Greg Boyd, a déclaré: «Dès que les chrétiens ont accédé au pouvoir politique, ils ont commencé à persécuter, voire à tuer, les non-chrétiens».

Rejet de la morale de Jésus

Comme toute autre religion, le christianisme a été façonné par sa propre histoire politique. Ce qui reste frappant, cependant, selon l’auteur, c’est que certains cercles chrétiens américains rejettent ouvertement la morale de Jésus, la jugeant politiquement naïve.

Hamid estime que ce rejet devrait inquiéter quiconque qui a critiqué l’islam pour son imbrication politique. Le christianisme américain est aujourd’hui confronté à sa propre version d’une crise de théologie politique : comment une tradition religieuse centrée sur les notions de sacrifice, d’humilité et d’amour de l’ennemi peut-elle faire face à un monde politique américain de plus en plus chaotique et violent.

Pour expliquer ces changements dans la vision religieuse des Américains, l’auteur rappelle les événements historiques qui ont radicalement changé la relation du christianisme avec le pouvoir d’État et la violence après que l’empereur Constantin l’a adopté dans les années 30 du IIIe siècle après J.-C.

Ces dynamiques refont surface aujourd’hui, alors que certains secteurs du christianisme américain se plient aux impératifs de la politique.

James Wood, professeur de religion et de théologie à l’Université Redeemer au Canada, soutient que les enseignements de Jésus ne sont pas incompatibles avec le recours à la force par l’État pour dissuader le mal, établissant une distinction entre la moralité individuelle et le rôle de l’État.

Cependant, les deux camps affirment s’appuyer sur la Bible. La version chrétienne, qui prône l’amour de l’ennemi, tire son autorité des Évangiles, tandis que l’autre, qui prône le «combat spirituel», s’appuie sur les épîtres de Saint Paul et l’Apocalypse, qui dépeint Jésus revenant avec une épée à la tête des armées célestes.

Hamid estime que la cérémonie commémorative dédiée à Charlie Kirk a marqué un profond changement. Selon lui, ce n’est plus le christianisme qui façonne la politique mais la politique qui le remodèle. Il affirme que la démocratie américaine se trouve confrontée à un paradoxe difficile. Deux versions du christianisme, prétendant toutes deux posséder la vérité divine, luttent pour coexister dans un même espace politique.

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