Les défis environnementaux en Tunisie exigent une approche novatrice et collaborative pour relever des problèmes complexes comme le traitement des déchets dangereux, tout en favorisant un développement économique durable. C’est dans ce contexte que l’inauguration de l’entreprise DID Recyclage prend tout son sens, puisqu’elle se spécialise dans le traitement des déchets dangereux destinés à l’exportation vers l’Europe, en partenariat avec des sociétés entièrement tournées vers l’export. Cette initiative met en lumière l’importance de l’innovation technologique dans la gestion des déchets et le développement durable.
Rencontré lors de l’événement de l’inauguration de DID Recyclage, John Milot, fondateur du groupe Élec-Recyclage et de DID Recyclage, présent en Tunisie depuis 2008 avec Élec-Recyclage et depuis 2016 avec DID Recyclage, souligne que cette inauguration marque une étape importante.
Il part du constat que cette solution, grâce à une nouvelle usine, permettra la collecte de 2 400 tonnes par an de déchets dangereux, qui seront ensuite exportés. Et ce, pour deux raisons. « Premièrement, il s’agit de donner une solution à nos fournisseurs de déchets qui n’existait pas jusqu’alors. Deuxièmement, nous souhaitons financer l’ensemble des investissements, puisque nous sommes en fonds propres. C’est l’argent du groupe, c’est le nôtre. Par conséquent, nous cherchons à financer nos bâtiments, nos outils et nos ressources grâce à cela », ajoute-t-il.
Autrement dit, la nouvelle usine permettra de collecter et d’exporter 2 400 tonnes de déchets dangereux par an. Cette initiative vise à fournir une solution indispensable aux fournisseurs de déchets et à financer des investissements par le biais des fonds propres du groupe. Les solutions à court terme répondent à un besoin immédiat, tandis que les projets d’expansion à moyen terme visent à accroître la capacité de l’usine et à absorber davantage de déchets dangereux, compte tenu de la forte demande en Tunisie.
Il convient de rappeler que DID Recyclage collabore avec des industriels pour collecter les déchets valorisables et dangereux générés lors des processus de production. À cet effet, la gestion des déchets dangereux implique des coûts importants, avec une estimation d’environ un euro par kilo pour la collecte et le traitement appropriés. Ces coûts couvrent les services fournis par les prestataires.

Toutefois, il a souligné les difficultés législatives rencontrées par les sociétés offshores en matière de collecte onshore, en raison de la complexité des documents douaniers, de l’intervention de la Banque centrale et des implications fiscales. Il préconise une législation plus souple et une fiscalité simplifiée. « Bien que les taux d’imposition locaux soient d’environ 30% et les taux offshores d’environ 10%, la clarté de la réglementation est essentielle pour une meilleure conformité », explique-t-il.
Mohamed Louzir, secrétaire général de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française (CCITF), a souligné, pour sa part, l’importance du traitement des déchets dangereux, qui nécessite une organisation stratégique des entreprises et des filières spécialisées. En d’autres termes, le traitement de ces déchets pourrait devenir une activité économique lucrative dans le cadre d’une politique globale de lutte contre les déchets nocifs.
De son côté, Thierry Zarca, directeur général de SPUR Environnement, rappelle l’importance du recyclage pour réduire l’impact environnemental, notamment pour des matériaux comme le lithium. À cet effet, il a mis en évidence les dangers du lithium présent dans les minerais. Ce qui fait que son recyclage réduit l’impact environnemental de l’extraction du minerai, mais les faibles taux de recyclage et l’élimination inadéquate constituent de vraies préoccupations.
L’amélioration de la gestion des déchets nécessite un tri en amont pour éviter de les dénaturer et rendre le recyclage impossible. Des conditions de stockage et de collecte améliorées, ainsi que des taux de collecte plus élevés, sont essentiels pour réduire l’impact environnemental. La réduction de la production de déchets par la modification des modes de consommation est également une alternative.
La distinction entre déchets normaux et déchets dangereux est cruciale, car elle repose sur les risques qu’ils posent pour l’environnement et la santé. Le transport des déchets dangereux est soumis aux mêmes réglementations strictes que celui des matières dangereuses, garantissant ainsi une gestion sécurisée. Enfin, comme le soulignent les intervenants, la meilleure approche reste de minimiser la production de déchets : « Un bon déchet, c’est un déchet qui n’existe pas ». En consommant de manière responsable et en réduisant nos déchets, nous pouvons créer un avenir plus durable et plus sain pour tous. Cette approche non seulement simplifie la gestion des déchets, mais elle contribue également à préserver notre planète pour les générations futures.
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