«Les relations de coopération entre la Tunisie et l’Alliance atlantique et les moyens de renforcer leurs mécanismes et d’élargir leur portée, notamment dans le cadre du Dialogue méditerranéen lancé en 1994» ont été au centre d’une réunion le 8 avril 2025 à Tunis.
Ces relations ont été au centre de l’entretien entre le ministre de la Défense, Khaled Shili, et le Représentant spécial du secrétaire général de l’’Otan pour le voisinage sud et Secrétaire général adjoint aux affaires politiques et à la politique de sécurité, Javier Colomina.
Shili – lit-on dans un communiqué du ministère tunisien – a fait part de son appréciation des progrès réalisés dans la coopération militaire avec l’Alliance, soulignant les cadres juridiques et les multiples mécanismes de partenariat, notamment après l’octroi à la Tunisie du statut d’allié majeur (non membre) de l’Otan en 2015, qui ont contribué au développement des capacités opérationnelles des forces armées tunisiennes.
Dans ce contexte, le ministre a souligné l’importance d’élargir davantage cette coopération et de suivre la mise en œuvre des accords bilatéraux prévus, notamment dans les domaines de la formation et de l’échange d’expertise.
Il s’agit de répondre aux besoins de la phase actuelle, caractérisée par de multiples défis et une diversité de risques et de menaces régionales, notamment la migration irrégulière, la traite des êtres humains, la criminalité transfrontalière, le terrorisme et la contrebande, dans un cadre de respect et de confiance mutuels, conclut le communiqué.
Des capteurs russes soupçonnés d’espionner les sous-marins nucléaires britanniques ont été découverts dans les eaux entourant la Grande-Bretagne. Le secteur de l’énergie et Internet constituent également des cibles. C’est une véritable guerre secrète qui se joue dans les eaux entre les deux pays, a révélé le Sunday Times, version du week-end du journal britannique The Times.(Ph. Le sous-marin nucléaire de Sa Majesté, le HMS Vanguard).
Imed Bahri
Cette découverte a été considérée comme une menace potentielle pour la sécurité nationale britannique et de nombreux appareils ont été retrouvés après avoir été rejetés sur le rivage. Certains ont été récupérés par la Royal Navy.
Selon le journal britannique, Moscou aurait placé ces dispositifs pour recueillir des renseignements sur les quatre sous-marins nucléaires britanniques de classe Vanguard qui constituent la base du système de dissuasion maritime actuel du Royaume-Uni.
Le Sunday Times, qui a choisi de ne pas divulguer certains détails, notamment l’emplacement exact des capteurs, affirme avoir mené une enquête de trois mois, s’être adressé à plus d’une douzaine d’anciens ministres de la Défense, d’officiers supérieurs et d’experts militaires pour découvrir comment la Russie utilise ses capacités uniques de guerre sous-marine pour cartographier, pénétrer et potentiellement saboter les infrastructures britanniques vitales.
Le journal a obtenu un accès sans précédent au navire de surveillance en haute mer de la Royal Navy, le Proteus, pour voir comment il mène ses actions pour contrer les menaces dans ses eaux territoriales.
Pour la première fois, des journalistes du Sunday Times ont rejoint des officiers supérieurs de la marine qui ont été transférés sur le navire de la Royal Navy Proteus, ancré au large de la ville la plus occidentale de l’Écosse, où l’équipage est équipé de casques télécommandés avant d’être immergé au fond de la mer. Douze membres de l’escadron de plongée et de chasse aux mines de la Marine sont également présents, experts dans la recherche, la récupération et la destruction des munitions ennemies sur les fonds marins.
Une guerre fait rage dans l’Atlantique
La Russie avait commencé à préparer le terrain pour un conflit plus large avec l’Otan, en s’engageant, selon le journal, dans des opérations de surveillance et de sabotage contre les réseaux Internet sous-marins, les pipelines électriques et les câbles militaires, trois ans avant que le président russe Vladimir Poutine n’envoie ses chars en Ukraine.
Au cours des 15 derniers mois, au moins 11 câbles Internet ont été endommagés dans la mer Baltique et les soupçons se portent sur la flotte de pétroliers vieillissants de la Russie, indique le Sunday Times. La Force de reconnaissance conjointe, un groupe d’États nordiques et baltes dirigé par le Royaume-Uni, a réagi en activant ce qu’elle appelle «Nordic Warden», un système de réaction qui utilise l’intelligence artificielle pour suivre les emplacements de la flotte furtive russe.
Un haut responsable militaire britannique a déclaré: «Il ne fait aucun doute qu’une guerre fait rage dans l’Atlantique. C’est un jeu du chat et de la souris depuis la fin de la Guerre froide et il reprend aujourd’hui. Nous assistons à une activité russe considérable».
Lorsque le navire russe Yantar est revenu dans la Manche en janvier, le secrétaire à la Défense John Healey a autorisé le HMS Somerset et le HMS Tyne à le suivre de plus près tandis que le sous-marin à propulsion nucléaire HMS Astute surveillait le navire par en dessous avant de flotter à ses côtés.
En novembre, Yantar a été retrouvé dans la mer d’Irlande, à proximité de câbles transportant des données pour Microsoft et Google. Équipé de deux petits sous-marins capables d’atteindre des profondeurs allant jusqu’à 6000 mètres, il peut localiser et cartographier les infrastructures, couper les câbles avec ses bras de gréement ou les espionner pour obtenir des informations.
La Russie possède également d’autres capacités. Trois sources de haut rang du secteur de la défense ont révélé que des renseignements fiables, avant l’invasion de l’Ukraine, indiquaient que des yachts de luxe appartenant à des individus riches auraient pu être utilisés pour effectuer des reconnaissances sous-marines autour de la Grande-Bretagne.
L’approvisionnement énergétique menacé
Un ancien ministre a raconté comment le navire d’assaut amphibie HMS Albion a été contraint de quitter prématurément le port de Chypre en 2018 lorsque le superyacht d’un homme riche s’en est approché. La marine soupçonne que le superyacht était là pour surveiller secrètement l’Albion.
Le Sunday Times indique par ailleurs que près d’un cinquième de l’approvisionnement énergétique du Royaume-Uni provient désormais de parcs éoliens offshore. L’électricité produite par ces turbines est transportée vers le continent par des câbles sous-marins qui peuvent être facilement interrompus. Les pipelines et les gazoducs en provenance de Norvège qui approvisionnent le Royaume-Uni en pétrole et en gaz peuvent être également ciblés. Par conséquent, l’ensemble de l’approvisionnement énergétique britannique est vulnérable.
«Si vous endommagez ces pipelines, vous perdrez cette énergie», a déclaré un haut responsable militaire. Il en va de même pour les 60 câbles Internet qui relient la Grande-Bretagne au reste du monde. Faciles à couper, ils servent notamment à transmettre des données bancaires outre-Atlantique et sont essentiels au fonctionnement des marchés financiers occidentaux.
Ce qui est encore plus inquiétant, cependant, c’est la capacité de la Russie à identifier, pirater ou détruire des câbles militaires essentiels à ses opérations dans le monde. Une source haut placée a déclaré: «Il existe des câbles non déclarés. Les Russes ont la capacité de les couper».
Ces dernières années, la marine britannique a découvert un certain nombre de capteurs dans les mers entourant la Grande-Bretagne. Le ministère de la Défense estime que Moscou les a placés là pour surveiller les mouvements des quatre sous-marins britanniques de classe Vanguard qui forment ensemble la dissuasion nucléaire maritime permanente du Royaume-Uni.
On ne sait pas exactement quel type de capteurs ont été trouvés après que nombre d’entre eux se soient échoués sur le rivage mais d’autres ont été localisés grâce à la flotte de dragueurs de mines de la Royal Navy.
La découverte par le Royaume-Uni de preuves d’autres activités russes est considérée comme top secret. Une source britannique de haut rang a déclaré: «C’est comme la course à l’espace».
Dans un monde entouré de secret et de tromperie, il est extrêmement difficile d’obtenir une clarté absolue. Mais il y a suffisamment de fumée pour suggérer que quelque chose brûle quelque part.
En 2021, l’Integrated Review, un document clé décrivant les objectifs de sécurité nationale et de politique étrangère du Royaume-Uni après le Brexit, s’est engagé à acheter un navire de surveillance pour protéger les infrastructures sous-marines importantes du Royaume-Uni et permettre aux autorités de mieux comprendre l’ampleur de la menace.
Deux ans plus tard, le ministère de la Défense a acheté un navire norvégien de soutien offshore en eau profonde pour 70 millions de livres sterling, le rebaptisant Proteus avant sa mise en service en octobre 2023.
L’équipage permanent du navire comprend environ 30 marins civils de la Royal Navy Auxiliary, la branche marchande de la Marine, mais le navire est en fin de compte dirigé par des équipes navales spécialisées et la vie à bord est exigeante car le navire opère en mer 330 jours par an.
Une semaine avant la visite du Sunday Times, des membres des équipes de détection et d’exploitation des menaces de mines de la Marine, dont l’escadron X-Ray, sont arrivés pour la première fois. Les équipes s’entraînaient sur l’un de leurs derniers équipements: un véhicule autonome équipé d’une caméra haute résolution à l’avant et de systèmes sonar avancés sur les côtés comme des ailes.
Le capitaine Simon Pressdy, l’un des officiers supérieurs participant à la visite, a déclaré: «Notre rôle est de dissuader toute menace contre le Royaume-Uni. Nous y parvenons en comprenant les acteurs impliqués, en fournissant les preuves nécessaires pour éviter tout malentendu et en tenant ceux qui menacent le Royaume-Uni responsables de leurs actes».
Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a reçu, lundi, au siège du département, le secrétaire général-adjoint de l’Organisation du traité de l’Atlantique-nord (OTAN) et représentant spécial du secrétaire général de l’OTAN pour le voisinage méridional, Javier Colomina, qui effectue, les 7 et 8 avril courant, une visite de travail en Tunisie.
Les perspectives du dialogue entre la Tunisie et l’OTAN, tant sur le plan bilatéral que régional, à l’occasion du trentième anniversaire de son lancement ont été au centre de l’entrevue, indique un communiqué du département des Affaires étrangères.
A ce propos, les deux parties ont examiné les moyens à même de renforcer et de diversifier ce dialogue, en vue d’intensifier la coopération bilatérale et consolider le partenariat entre la Tunisie et l’OTAN, afin de faire face, de manière plus efficace, aux défis régionaux de l’heure.
La rencontre a été, également, l’occasion d’examiner les solutions permettant de renforcer la sécurité et la stabilité aux niveaux régional et international, dans le respect des principes de souveraineté nationale, de traitement d’égal à égal et des choix des États, ajoute le communiqué.
Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, a reçu le 7 avril 2025 Javier Colomina, secrétaire général adjoint de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) chargé des affaires politiques et de la sécurité, en visite de travail en Tunisie les 7 et 8 avril, selon un communiqué du ministère.
Cette rencontre a permis un échange approfondi sur l’état d’avancement du dialogue entre la Tunisie et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, lancé il y a trente ans, ainsi que sur les perspectives de son évolution tant sur le plan bilatéral que régional. Les deux responsables ont examiné les voies possibles pour élargir et approfondir ce partenariat, dans le but de renforcer la coopération et de mieux répondre, de manière coordonnée, aux défis sécuritaires actuels auxquels fait face la région.
Selon la même source, Mohamed Ali Nafti et Javier Colomina ont également souligné l’importance de promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité aux niveaux régional et international, dans le strict respect de la souveraineté des États, du principe d’égalité entre les partenaires et du droit de chaque pays à définir librement ses choix politiques.
Le ministre des Affaires étrangères Mohamed Ali Nafti, a reçu dans la soirée du 7 avril 2025, le Secrétaire général adjoint délégué de l’Otan, Javier Colomina.
Mohamed Ali Nafti a reçu dans la soirée du 7 avril 2025, au siège du ministère, le Secrétaire général adjoint délégué de l’Otan aux affaires politiques et à la politique de sécurité, et Représentant spécial du Secrétaire général pour le voisinage Sud, en visite de travail en Tunisie les 7 et 8 avril 2025.
Lors de cette entrevue, le Ministre a procédé avec le Secrétaire général adjoint à un échange de vues approfondi sur l’état actuel et les perspectives futures du dialogue entre la Tunisie et l’Otan, tant sur le plan bilatéral que régional, à l’occasion du trentième anniversaire de son lancement.
Ils ont exploré les moyens à même de renforcer et de diversifier ce dialogue, en vue d’intensifier la coopération bilatérale et consolider le partenariat entre les deux parties, ce qui permet d’apporter des réponses concertées et efficaces aux défis régionaux actuels.
Les discussions ont également souligné l’importance de promouvoir la sécurité et la stabilité aux niveaux régional et international, dans le respect des principes de souveraineté nationale, de traitement d’égal à égal et des choix des États.
Les comparaisons douteuses entre Hitler et Poutine servent à justifier auprès de l’opinion publique américaine les largesses financières attribuées par le Congrès des Etats-Unis, soumis à l’influence du lobby militaro-industriel et financier, au gouvernement ukrainien véritablement croupion, pour poursuivre une guerre sans solution militaire, et rembourser par la suite les dettes accumulées par le bradage des richesses ukrainiennes et la colonisation économique du pays par les intérêts américains. Au nom de la liberté !
Dr Mounir Hanablia *
La guerre russo-ukrainienne, selon l’auteur du livre, a débuté dans sa phase militaire lorsque les troupes russes ont franchi, en violation des lois internationales, la frontière internationale en février 2022 et tenté de prendre Kiev, la capitale.
L’offensive supposée être éclair a été stoppée lorsque les forces russes ont échoué à prendre l’aéroport qui aurait assuré le débarquement du corps expéditionnaire censé occuper la capitale sans coup férir. Elle s’est enlisée avec l’entrée en scène des missiles javelines américains qui ont immobilisé les blindés assaillants sur la route.
En mars l’état major russe reconnaissait implicitement son échec en concentrant ses troupes sur l’Est et le Sud de l’Ukraine. La résistance ukrainienne, «inattendue», aurait poussé les Occidentaux, en particulier les Américains, à apporter une aide militaire et financière massive afin d’aider un pays démocratique à se libérer définitivement des griffes de l’autocratie russe incarnée par Vladimir Poutine et à s’arrimer d’une manière irréversible économiquement à la communauté européenne et militairement au camp occidental représenté par l’Otan.
Le narratif erroné du camp occidental
Ainsi le choix de l’Otan se trouve être celui d’un Etat souverain soucieux d’assurer son indépendance par les moyens de son choix conformément aux règlements internationaux. Les reculs russes ne sont donc que les résultats de la supériorité du matériel militaire occidental, en particulier les batteries Humar ciblant avec une précision inégalée les concentrations de troupes et les dépôts d’armements ennemis, qui n’a eu d’égal que la bravoure ukrainienne et sa volonté de combattre.
Tout cela a eu pour effet de refouler les Russes de la route d’Odessa au Sud, de Kharkov à l’Est, et d’entraver leurs mouvements vers la Crimée à l’Est, en détruisant le pont sur le détroit de Kertch.
C’est là du moins la thèse qui prévaut en Occident et en Amérique dont l’auteur lui-même, Ukrainien, s’est fait sans aucun doute le défenseur, en lui conférant considérations morale et géostratégique. Morale parce que cette guerre est celle d’un peuple luttant pour sa survie nationale en chassant les envahisseurs venus l’asservir dans sa propre patrie. Géostratégique parce qu’en envahissant l’Ukraine, Poutine démontre qu’il n’accorde aucune importance aux frontières issues des traités sur l’intangibilité des frontières héritées de l’Union Soviétique ou des garanties internationales sur l’Ukraine des traités de Lisbonne ou de Budapest dont la fédération de Russie est elle-même signataire.
Autrement dit, en attaquant l’Ukraine, la Russie remet en question la victoire occidentale issue de la confrontation Est-Ouest, depuis la guerre froide dans les années 50 jusqu’à la chute du mur de Berlin 1989 et la réunification allemande en 1990.
Ceci est évidemment le narratif du camp occidental sur le conflit, pour qui l’Ukraine est un pays indépendant souverain, une réalité que les récentes injonctions du président Donald Trump sur la nécessité pour régler ses dettes de livrer ses richesses minérales aux consortiums américains ne peut que relativiser.
En effet, on peut se poser la question au début de ce deuxième quart de siècle sur la signification que puissent encore avoir l’indépendance et la souveraineté lorsqu’un Etat est destiné par une puissance inconnue appelée le marché global à fournir le monde en céréales, de telle manière que ce soit ce marché-là, à travers les sociétés qui l’animant comme Black Stone, des Private Equity Fund géants, qui en assurent l’achat et en fixent le prix avant d’en assurer la distribution à travers le monde, tout évènement malencontreux dans ce pays étant susceptible d’entraîner une famine mondiale avec son corollaire, l’émigration de masse.
Mainmise sur le grenier à blé du monde
Vu sous cet angle là, et indépendamment de toute prétention historique ou territoriale russe, ou bien de toute propension de l’Otan à s’étendre vers l’Est tout comme l’avaient fait en leur temps les Nazis, une comparaison qui suscite beaucoup de réticences, on peut déjà considérer que l’Ukraine ne soit pas un Etat ordinaire de l’ex-Empire Soviétique, comme les Etas Baltes par exemple, et qu’à l’heure de l’Internet et de sociétés de manipulation de l’opinion publique comme Cambridge Analytica qui a pesé lors du Brexit ou de l’arrivée de Trump à la présidence, des élections démocratiques qui s’y tiennent tout comme dans tout autre pays, ou une révolution, ne puissent pas signifier grand chose.
Il serait donc raisonnablement fondé de mettre en doute le récit occidental de la guerre en Ukraine en envisageant l’hypothèse qu’elle eût été préparée et voulue pour assurer la mainmise occidentale sur le grenier à blé du monde en en faisant porter la responsabilité sur l’agresseur russe, que, à cette fin, on aura préalablement eu soin de soumettre à de multiples provocations, et dont se sera assuré de l’inévitable réaction.
Les Américains ne s’en sont d’ailleurs nullement cachés, ils connaissaient dans les détails les plans russes et ne se sont pas fait faute de les communiquer aux intéressés. Le plus significatif, c’est qu’après avoir prévenu les Russes qu’ils connaissaient leurs plans militaires concernant l’attaque projetée contre l’Ukraine, Joe Biden eût assuré les futurs agresseurs que les Etats-Unis n’interviendraient pas. Ceci rappelle étrangement les assurances américaines fournies à Saddam Hussein avant l’invasion du Koweït, et dont on sait ce qu’elles ont valu. C’est finalement l’Irak qui a été occupé et son économie mise en coupe réglée. Mais c’est plus commode de jeter la pierre à Vladimir Poutine, opportunément qualifié de nouvel Hitler, dans la paternité de la guerre en Ukraine. Et naturellement c’est le massacre de Bucha qu’on ne manque pas d’évoquer pour justifier du bien-fondé de la comparaison.
A Gaza, l’Occident a perdu toute crédibilité
Outre qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur de telles accusations dont seuls des historiens indépendants établiront ou non la véracité, la prudence s’impose d’autant plus que le silence de l’Occident sur le génocide perpétré à Gaza et le transfert des populations dans les territoires occupés l’exclut de facto de toute crédibilité, sinon de bonne foi, relativement au respect des droits humains.
En vérité aucun homme d’Etat russe, de Gorbatchev à Eltsine, n’a accepté que l’Ukraine fasse partie de l’Otan et les Américains savaient fort bien qu’il s’agissait là d’un casus belli, un cas de guerre, pour les Russes. En faire porter la responsabilité à Poutine, qualifié en la circonstance de dictateur, relève plutôt de la propagande de guerre que l’auteur, emporté par des sentiments patriotiques bien compréhensibles, n’a pas identifiée. Mais avant d’attribuer aux Ukrainiens des sentiments démocratiques issus de l’égalitarisme cosaque dont leurs cousins russes soumis aux khans mongols et à l’autocratie tsariste auraient été privés par le vent de l’Histoire, il convient de rappeler que, lors de l’invasion nazie de l’Ukraine, plusieurs milliers d’Ukrainiens originaires de Galice avaient constitué des unités combattantes contre les communistes soviétiques en collaborant avec les envahisseurs et que beaucoup s’étant engagés dans les SS avaient commis des massacres, notamment contre la population juive.
En effet, des comparaisons douteuses entre Hitler et Poutine servent à justifier auprès de l’opinion publique américaine les largesses financières attribuées par le Congrès des Etats-Unis soumis à l’influence du lobby militaro-industriel et financier, au gouvernement ukrainien véritablement croupion, pour poursuivre une guerre sans solution militaire, et rembourser par la suite les dettes accumulées par le bradage des richesses nationales et la colonisation économique du pays par les intérêts américains. Au nom de la liberté !
‘‘The Russo-Ukrainian War: The Return of History’’ de Serhii Plokhy, W. W. Norton & Company, 16 mai 2023, 400 pages.