Anne-Manuèle Hébert: « Garder le cap et poursuivre avec une vision claire, sans reculer »
Pollutec a fait son grand retour à Lyon du 7 au 10 octobre 2025. Ce salon incontournable des défis environnementaux et climatiques affirme plus que jamais sa position de plateforme multisectorielle de référence. Anne-Manuèle Hébert, sa directrice, nous dévoile, en exclusivité, les temps forts et les coulisses de cet événement phare dédié aux technologies vertes et à la transition énergétique. Une occasion de tout premier ordre pour comprendre les grandes orientations et les innovations qui dessinent l’avenir de l’environnement. Interview.
Comment Pollutec aborde-t-il la question de la santé environnementale dans ses débats et expositions pour 2025 ?
Anne-Manuèle Hébert: La santé constitue l’un des quatre grands thèmes de Pollutec cette année. C’est un enjeu majeur : aucune bonne santé humaine n’est possible sans un environnement sain. Par exemple, 80% des facteurs influençant notre santé ne sont ni héréditaires ni génétiques, mais liés à l’environnement au sens large. J’ai évoqué plus tôt l’importance de l’anticipation plutôt que de la réaction. Or, la pollution de l’air est l’une des principales causes de mortalité en France et dans le monde.
La santé des sols joue aussi un rôle essentiel sur notre alimentation, puisque près de 98% de celle-ci en dépend. Pourtant, environ 60% de nos sols sont dé- gradés. Il est impossible d’avoir une alimentation de qualité si les sols ne sont pas en bonne santé. Le lien entre les actions environnementales et la santé des populations est donc fort.
C’est un sujet auquel nous accordons une attention particulière cette année, à travers ce grand thème et plusieurs conférences sur l’eau, l’agriculture, la décarbonation, la gestion des risques, etc. Tout est étroitement lié.
Comment le salon Pollutec travaille-t-il avec les scientifiques pour garantir la rigueur des informations et des solutions proposées ?
Notre engagement est de refléter fidèlement la réalité de l’industrie. Et Il est essentiel de rappeler que l’écologie n’est pas une question d’opinion, mais une discipline scientifique. C’est pourquoi nous avons fait de la science un thème central de Pollutec, afin de souligner l’importance de remettre la science au cœur des prises de décision. Nous avons d’ailleurs eu l’honneur d’accueillir Cédric Villani, éminent mathématicien engagé en faveur de la cause écologique. Notre mission consiste donc à informer, sensibiliser et nous appuyer sur les expertises reconnues. Un salon est également un média, une plateforme d’échanges et de visibilité à travers laquelle nous aidons les filières industrielles à réussir leur transition écologique.
Quels sont les nouveaux secteurs traités lors de ce salon et pourquoi ?
Pollutec ne présente pas de nouveaux secteurs, mais regroupe 11 grandes familles traditionnelles. Parmi elles, les trois plus importantes, souvent évoquées, sont l’eau, l’énergie et les déchets. On compte aussi la « Ville durable », les risques, l’air, les sols, sans oublier la biodiversité. Nous couvrons donc un large éventail de domaines, sans intégrer de nouvelles branches. Cette année, toutefois, nous ajoutons une approche complémentaire à celle de Pollutec. Ce salon met en avant des solutions concrètes et vise surtout les entreprises et collectivités en quête de réponses adaptées à leurs besoins. Pour aller plus loin, nous avons mis en place un nouveau cycle de conférences thématiques : une journée consacrée au textile, une autre à l’agriculture, et une troisième à la mobilité. L’objectif est de cibler des filières spécifiques afin de sensibiliser et d’attirer des acteurs engagés dans la transformation écologique, y compris ceux qui ne sont pas forcément des spécialistes, mais qui ont des enjeux liés à la gestion des déchets, à la circularité ou à la décarbonation. Nous souhaitons ainsi faciliter la compréhension de l’offre Pollutec pour accompagner la transformation des modèles économiques.
Par exemple, près de 200 startups sont présentes, ce qui illustre la vitalité du secteur industriel grâce à l’innovation des jeunes entreprises et des centres de recherche. Nous sommes fiers de soutenir ces jeunes entrepreneurs. L’âge n’est pas un critère, c’est leur dynamisme et leurs idées qui comptent. Ces startups sont placées à l’entrée du salon, dans un espace visible et accessible, ce qui favorise les échanges avec des partenaires industriels et des clients potentiels.
Dans mes échanges, je constate aussi que la présence de ces jeunes acteurs motive beaucoup. Mais au-delà d’eux, c’est l’ensemble des exposants qui prouvent que la transition écologique à grande échelle est réalisable. Cet engagement exige une vision partagée non seulement par les pouvoirs publics, mais aussi par le monde industriel et les dirigeants, qui doivent incarner cette dynamique de durabilité en proposant des solutions adaptées pour aujourd’hui et demain.
Le mot de la fin
Le mot d’ordre de cette édition est clair : garder le cap. Nous avons accueilli Tony Estanguet, président des Jeux Olympiques de Paris 2024, parce que ces Jeux ont été les plus respectueux de l’environnement depuis plusieurs décennies. Mais surtout, parce qu’il a su maintenir son ambition, malgré un contexte complexe. Ce parallèle est particulièrement pertinent et inspirant pour le secteur de l’environnement et du climat.
Poursuivre la transition écologique est essentiel, car, comme je l’ai souligné, le coût de cette transition reste inférieur à celui de l’inaction. Garder le cap permet de poursuivre avec une vision claire, sans reculer. C’est autour de ce message, garder le cap, que je souhaite conclure.
Extrait de l’interview qui est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n° 930 du 22 octobre au 5 novembre 2025.
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