Transparence de la dette, un levier de soutenabilité
Dans son dernier rapport « Radical Debt Transparency Report 2025 », la Banque mondiale appelle à une transition radicale vers une transparence de la dette, indispensable à sa viabilité. La soutenabilité des finances publiques ne dépend pas seulement du niveau d’endettement ou des indicateurs présentés dans les statistiques officielles, mais aussi de l’ensemble des engagements publics.
Le rapport alerte sur le fait qu’un État peut paraître faiblement endetté tout en étant fortement exposé à des risques budgétaires cachés. Il souligne qu’un système transparent doit prendre en compte non seulement la dette publique, mais aussi les dettes garanties par l’État, notamment celles des entreprises publiques, ainsi que d’autres passifs conditionnels comme les partenariats public-privé. En effet, les dettes des entreprises publiques garanties par l’État sont souvent absentes des statistiques officielles. Bien qu’indirectes, elles représentent un engagement potentiel qui peut affecter les finances publiques en cas de défaillance des entités bénéficiaires.
Dans un contexte marqué par des difficultés macroéconomiques et la montée des pressions budgétaires, la transparence de la dette publique devient alors un enjeu crucial pour les pays émergents et en développement. Elle constitue non seulement une condition de bonne gouvernance, mais aussi un instrument essentiel pour restaurer la confiance des investisseurs et améliorer la gestion des finances publiques.
Dans le dernier rapport de la Banque mondiale, la Tunisie ne figure pas parmi les pays étudiés. Malgré des avancées significatives, la visibilité sur ses engagements réels demeure en deçà des standards internationaux. Elle connaît une évolution rapide de son endettement, alimentée notamment par la hausse des besoins de financement. Au premier trimestre 2025, la dette publique tunisienne a atteint 135,2 milliards de dinars, soit environ 80% du PIB. Ce chiffre ne prend toutefois pas en compte les garanties accordées aux entreprises publiques qui, en l’absence de données consolidées et actualisées, compliquent l’équation de l’évaluation précise de l’exposition du budget de l’État aux risques cachés.
Une gestion saine des finances publiques repose d’abord sur une vision claire de l’ensemble des engagements de l’État. Imposer la bonne gouvernance dans les entreprises publiques et identifier les risques cachés dans leurs engagements ne sont plus une simple question de transparence. Ils représentent surtout une étape cruciale pour renforcer la résilience budgétaire et remettre l’économie sur une trajectoire de dette soutenable.
Par Noura Harboub Labidi
Cette analyse est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 924 du 16 juillet au 30 juillet 2025
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