« Somptueux », «massif », « le plus grand défilé organisé dans le pays » : les superlatifs ne manquent pas dans la presse internationale pour décrire la parade militaire qui a eu lieu mercredi 3 septembre à Pékin pour commémorer le 80e anniversaire de la victoire de la Chine sur le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale.
Orchestration parfaite de divers corps de l’armée chinoise, chorégraphie millimétrée, une série de nouveaux équipements militaires exhibés à l’occasion, en l’occurrence le nouveau missile balistique intercontinental nucléaire, le nouveau missile routier capable de transporter des armes hypersoniques, des torpilles sous-marines géantes aux armes laser de pointe capables d’abattre des drones, des avions furtifs J-20, et même des drones « chiens robots ».
Démonstration de force
Ainsi, Pékin a dévoilé pour la première fois son missile balistique intercontinental le plus puissant, le DF-5C, capable de frapper n’importe quel point du globe. Mais c’est un système antimissile et antisatellite, le HQ-29, capable d’abattre une cible jusqu’à 500 km d’altitude, et donc des constellations en orbite basse type Starlink, qui aura été la grande révélation du jour.
L’armée chinoise a aussi montré qu’elle est en train de rattraper son retard en matière de drones et d’aviation à vitesse grand V, avec les drones de type « loyal wingman », des avions de combat sans pilote configurés pour accompagner des chasseurs de dernière génération, dont le GJ-11 sans queue et le Wing Loong-3.
En effet, rien n’a été négligé par les autorités chinoises pour que l’impressionnant défilé militaire sur la place Tiananmen au centre de Pékin – qui marquait le 80e anniversaire de la victoire de la Chine sur le Japon lors de la Seconde Guerre mondiale – ne constitue surtout une démonstration de force et de puissance de la Chine sur la scène internationale, avec en toile de fond la rivalité sino-américaine.
Pour rappel, l’Armée populaire de libération (APL) s’est lancée ces dernières décennies dans un vaste programme de modernisation militaire qui lui a permis de rattraper, voire dans certains domaines, de dépasser, les États-Unis.
Des exemples ? Les missiles hypersoniques qui voyagent à plus de cinq fois la vitesse du son, sont l’un des domaines dans lesquels la Chine est en tête au niveau mondial. Ou encore l’intelligence artificielle et les armes autonomes dont l’AJX002, un drone sous-marin géant de 18 mètres capable de transporter des armes nucléaires, en est une parfaite illustration.
Toutefois, l’arsenal nucléaire chinois qui compte plusieurs centaines de missiles, reste loin derrière ceux de la Russie et des États-Unis, qui en possèdent tous deux des milliers, mais il augmente rapidement et trouve des moyens innovants pour transporter ses ogives.
En revanche, la dernière parade militaire chinoise sera désormais décortiquée et analysée à la loupe par les experts du Pentagone et les responsables de la défense du monde entier.
Pour un ordre plus multipolaire
Faut-il rappeler que cette démonstration de puissance géopolitique et désormais militaire veut rappeler à ceux qui en doutent encore que l’Empire du Milieu sous la direction de Xi Jinping ne se contente pas d’être la deuxième économie mondiale, mais qu’il aspire désormais à bouleverser l’ancien ordre mondial établi après la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui en loques, au profit de la nouvelle vision d’un Sud global, en l’occurrence un ordre international plus multipolaire et moins unidirectionnel.
A ce propos, le président américain Donald Trump ne s’y pas trompé en régissant à cette démonstration de force par le sarcasme. « Que le président Xi et le merveilleux peuple chinois passent une excellente journée de célébrations », a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. « Veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong-un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d’Amérique », a-t-il ajouté, ironique.
Poutine, Kim Jong-un … et les autres
Rappelons enfin que pas moins de 26 chefs d’État ou de gouvernement étaient présents mercredi 3 septembre pour assister à la grande parade organisée par Pékin ; toutefois, le Premier ministre indien, Narendra Modi, brillait par son absence. Pourtant, il était présent Tianjin le 31 août et le 1er septembre, à l’occasion du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

A la tribune d’honneur, Xi Jinping, en costume « Mao » gris anthracite, était entouré par le président russe, Vladimir Poutine, le président iranien, Massoud Pezeshkian, son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko. Mais c’est Kim Jong-un qui a attiré tous les regards. En effet, jamais depuis son accession au pouvoir fin 2011, le dirigeant nord-coréen, qui limite les sorties hors de son pays reclus et soumis à de lourdes sanctions occidentales, ne s’est montré dans une telle réunion de dirigeants étrangers.
Pour le petit-fils de Kim Il-sung, fondateur de la Corée du Nord, c’est une occasion en or pour renouer avec Pékin, élargir ses alliances, notamment avec la Russie, enfin s’afficher comme un acteur prêt à jouer dans la cour des grands.
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