- L’économie tunisienne a enregistré une croissance de 1.4% au cours de l’année 2024
- Les échanges commerciaux ont atteint au mois de janvier 2025 5 025,8 MDT à l’exportation et 6 791,3 MDT à l’importation. Au niveau des exportations (-2,4 %) et des importations (+18,6 %), le déficit commercial s’établit à un niveau de (-1 765,5 MDT) contre (-577,6 MDT) en janvier 2024. Le taux de couverture s’est établit à un niveau de (74 %) contre 89,9 % en janvier 2024.
- L’inflation au mois de janvier 2025 se replie à 6 %.
- Taux de chômage stable à 16,0 %, mais légère augmentation du nombre de chômeurs.
Sources : https://www.ins.tn/communique-de-presse
La problématique particulière de la transition politique, ainsi que celle de notre époque récente en général, peut être résumée par une diminution inévitable de la capacité industrielle de l’ensemble des économies, y compris celle de la Tunisie.
En d’autres termes, la capacité d’offre, en amont, en déclin, est fondamentalement responsable de notre croissance économique atone, souvent masquée par l’augmentation des endettements.
Peut-on espérer que l’accélération des dépenses sur les marchés émergents ou l’accroissement de nos dettes puisse vraiment nous sauver ?
Ces facteurs pourront-ils relancer la croissance tunisienne ?
L’environnement économique et financier actuel est-il réellement propice à une croissance saine et stable à long terme ? Quelles sont les vulnérabilités qui en découlent ?
Il ne faut pas se tromper sur les véritables causes de la stagnation et des difficultés économiques rencontrées par des pays comme la Tunisie, notamment depuis les changements de 2011. La chute des coûts de financement a favorisé le développement de projets soutenus par la dette, mais cette dynamique optimiste a pris fin avec la crise économique endémique, qui a gravement affecté l’État, les collectivités locales et le secteur privé.
Parallèlement, l’accumulation des déficits a fonctionné comme un anesthésiant, empêchant ainsi de poser les bonnes questions, encore aujourd’hui, concernant le modèle socioéconomique, où la problématique de la répartition équitable des bénéfices de la croissance économique est négligée…
La croissance est à l’arrêt… La productivité stagne… Elle n’a pas été améliorée malgré les apports financiers, car l’argent facile a masqué les lacunes, entraînant une détérioration de la compétitivité dans de nombreux secteurs.
Contrairement à d’autres nations, la Tunisie a vu ses opportunités se réduire, et le coût de financement a souvent été élevé, freinant ainsi la relance économique. La vague d’endettement privé, notamment dans un secteur immobilier spéculatif, a provoqué une perte de confiance généralisée.
C’est dans ce contexte que l’intervention des banques centrales en général et de la BCT en particulier, prend une importance capitale. Or, si ces banques centrales ont su répondre aux attentes des marchés en facilitant l’accès aux liquidités, il est légitime de se demander si ces mesures massives n’ont pas, justement, accentué les vulnérabilités du système économique en général et l’économie tunisienne en particulier.
Par ailleurs, il est difficile de ne pas s’inquiéter de la chute continue de la part des revenus du travail dans la richesse nationale et dans le produit intérieur brut (PIB). Ce lien entre la part du travail et le coût d’accès au capital est évident. Il semblerait que les politiques peu conventionnelles adoptées afin de lutter contre le chômage se soient retournées contre l’emploi lui-même. En surinvestissant dans des secteurs sensibles aux taux d’intérêt bas, ces mesures pourraient créer un climat où l’emploi devient peu rentable.
Devant cette situation, il est important de se demander pourquoi les décideurs politiques se sont souvent montrés hésitants à prendre des mesures audacieuses face à ces défis économiques. La crainte des répercussions politiques les pousse à éviter des décisions difficiles et à laisser les banques centrales jouer un rôle de premier plan.
Dans un pays comme la Tunisie, où les débats publics sont souvent limités, il est impératif de restaurer le rôle du politique pour atténuer les vulnérabilités de notre économie.
En somme, si les banques centrales jouent un rôle décisif pour maintenir l’économie à flot, cela ne doit pas se faire au détriment de la responsabilité politique.
Seul un retour à un véritable débat public et à une gouvernance efficace permettra de traiter les inégalités et de canaliser le système financier de manière durable.
Le « politique socialement responsable » doit redevenir le moteur de notre développement inclusif.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)
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