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Football | La Tunisie bouscule amicalement le Brésil

20. November 2025 um 13:19

La période des matches de préparation pour la Coupe du Monde de football 2026 a commencé. Pour la Tunisie, l’événement du mardi 18 novembre 2025 à Lille, en France, face aux Brésil, avec toutes ses vedettes, a ressemblé à un très grand défi puisqu’il s’agissait de se mesurer au pays iconique du ballon ronde. Le test est momentanément concluant, mais il reste l’essentiel : la confirmation lors de la CAN Maroc dans quelques semaines. La balle est à nouveau dans le camp des coéquipiers de Hannibal Mejbri.

Jean-Guillaume Lozato *

Brésil-Tunisie ? Tunisie-Brésil ? Quelle formulation adopter ? C’est la question que l’on se pose quand on sait que le site choisi pour cette confrontation se situe au Nord de la France.

Au stade Pierre Mauroy, beaucoup étaient sceptiques quant aux possibilités tunisiennes. Qu’en est-il vraiment du Brésil ? Et de la Tunisie ?

Initions cette réflexion en rappelant quelques points à propos du Brésil, puis de la Tunisie. Ainsi, nous serons mieux armés pour nous pencher précisément sur ce match et son résultat.

Le Brésil, éternel présent  

Le Brésil, c’est le porte-drapeau du beau jeu et de la conciliation entre effort physique et créativité artistique.

La circulation du jeu à la brésilienne fait emprunter au ballon des trajectoires aussi variables que maîtrisées. Cette image colle à la réputation du footballeur brésilien typique, jusqu’à inspirer l’équipementier Nike pour sa campagne publicitaire de 1998.

Cette expression technique et chorégraphique bien au-dessus de la moyenne a permis de fournir un contingent intemporel d’acteurs sportifs exceptionnels. Le premier d’entre eux étant Pelé. Le plus complet. Le plus présentable aussi. Suivi de très près par Garrincha, le plus déconcertant de par ses dribbles accordés aux mouvements saccadés de ses jambes torses.

Depuis, les générations se sont succédé. Cette touche brésilienne du «Joga bonito» subsiste et renvoie à une image de carte postale idéalisée. Le plus grand pays d’Amérique Latine par sa superficie peut se vanter d’un vivier extraordinaire, qui ne s’est jamais tari. Néanmoins, il reste sur un échec à Qatar 2022 où la mission s’était terminée en quarts de finale. Les «Auriverde» demeurent une valeur sûre. Il faudra composer avec eux au prochain Mondial, d’autant plus qu’ils seront sur «leur» continent. De tous temps, la romance brésilienne du ballon est apparue en tant que force transcontinentale. Tandis que le narratif tunisien se place davantage sur une ligne éditoriale continentale.

La Tunisie des éternels départs

À l’origine, la Tunisie revêt un statut de précurseur continental suite à son épopée positive à Argentina 78. Supposée annonciatrice, cette aventure a plus ressemblé à un film qu’à une saga en plusieurs parties.

Un demi-siècle après, la Tunisie semble à la traîne par rapport à l’Algérie et surtout au Maroc qui ont déjà franchi par deux fois l’obstacle du premier tour en Coupe du Monde. Une difficulté imputable à la cadence de la bureaucratie et à l’immobilisme qui a caractérisé la mentalité locale lorsqu’il fallait appliquer des décisions. Se référer à la Révolution du Jasmin est d’ailleurs trompeur. Car c’est le plus souvent sans faire de bruit que la Tunisie a appliqué des réformes. Ou s’en est abstenue. Ainsi, alors qu’elle avait lancé un véritable mot d’ordre pour l’installation des éoliennes, elle a désormais été largement dépassée par… le Maroc dans ce domaine précis. Cette phénoménologie est transposable au foot.

Au Qatar, les Tunisiens avaient produit un jeu aux facettes intéressantes durant la phase de poules, et auraient dû se qualifier pour le tour suivant. Défier une grosse cylindrée comme le Brésil permettait donc d’estimer comment adapter le curseur à la vitesse et aux exigences de la route dessinée par la course au trophée mondial.

De la synthèse au syncrétisme

La confrontation latino-américaine/nord-africaine rentrait dans cette logique de confrontation entre deux nations qui avaient laissé une sensation d’inaccompli en terre qatarie.

Les Brésiliens, entraînés par le célèbre Carlo Ancelotti, ont déjà la tête et le bagage pour la phase finale. Les Tunisiens sont plus dubitatifs. Qu’importe. Les vingt-deux acteurs d’un soir étaient très motivés pour ce match réunissant les conditions logistiques d’une vraie Coupe du Monde.

Constants dans l’effort, solides, immédiatement entreprenants, les Aigles de Carthage ont ouvert le score par l’avant-centre Hazem Mastouri. Un but subtil, plein de timing et de sang-froid, rendu possible par une passe décisive à la semi-transversalité digne de David Beckham. Transmission distillée par Ali Abdi, un des pions essentiels de cet échiquier que les Brésiliens encerclés se sont retrouvés contraints de contourner.

Par la suite, les Sud-Américains ont poussé, mais sans dominer. À l’exception d’un tir de Rodrygo très bien dévié par Yan Valéry, la première moitié de match a été orchestrée par les Tunisiens. En revanche, leur impulsion s’est amenuisée les quarante-cinq minutes suivantes, sous l’effet d’actions de Vinicius, Paqueta et surtout Estevao. Ce dernier a signé l’égalisation sur penalty, tiré très particulièrement dans un élan fractionné à la Pelé.

Au coup de sifflet final, prévalait le sentiment d’un 1-1 équitable mérité, mais avec la conscience que les Rouges revenaient de loin quand on repense au penalty manqué par Paqueta et à une action «jaune» finie sur le poteau.

Retenons enfin deux noms. Le premier est Elias Saad. L’attaquant du FC Augsbourg sait naviguer de son aile gauche vers l’axe. Auteur d’une superbe action à la cinquante-cinquième minute, le natif de Hambourg détient les capacités pour évoluer en tant qu’ailier ou avant-centre. Voire en attaquant de soutien si une verticalisation figée s’impose en fonction de l’adversaire.

L’autre nom à retenir est Hannibal Mejbri, garant du pressing tout en participant à la construction énergiquement. Il a livré mardi soir un de ses meilleurs matches.

D’une certaine manière, le match a fait office de synthèse des éléments sur lesquels se concentrer après les prestations inégales contre la Mauritanie et la Jordanie. Passant du général au particulier, du collectif à l’individuel, Mejbri se pose en ambassadeur d’un syncrétisme sportivo-culturel.

Le natif d’Ivry-sur-Seine passé par le Paris FC en formation puis professionnel à Monaco, Manchester, Birmingham, Séville et Burnley, a déjà acquis un solide capital de connaissances et d’expériences malgré son jeune âge.

Maintenir le cap

Tout comme il existe une culture d’entreprise, il existe des variantes d’approches selon les championnats. D’où une nécessité de consultation entre les joueurs et leur coach Sami Trabelsi, et une mutualisation des efforts qui permettra de limiter les coûts des investigations et autres investissements autour de la sélection nationale. Une vision à la logique économiste qui serait en phase avec le football d’aujourd’hui ressemblant de plus en plus au «Knowledge Management», chose que les fédérations marocaine et qatarie ont parfaitement compris, chacune dans des domaines différents d’intervention.

Deux figures historiques mais d’envergures différentes se sont affrontées pour notre plus grand plaisir. Quel que fût le résultat de ce match, tout pouvait servir la critique et l’autocritique tunisiennes. Un score de parité ? C’est ce qui pouvait arriver de mieux.

Une lourde défaite aurait amoindri le mental des Aigles de Carthage. Et une victoire aurait engendré du rêve avec un risque potentiel d’illusion. En mars 2023, le Maroc avait défait le Brésil en match amical (2-1 à Tanger). La Tunisie n’a pas atteint ce palier mais elle et son homologue marocaine sont les deux seules équipes arabes à avoir réussi historiquement à ne pas avoir perdu contre la «Seleçao».

Le Brésil reste un adversaire extrêmement dangereux, qui impressionne de par sa réputation et son style de jeu peuplant les imaginaires. La carte de visite de l’équipe nationale de Tunisie est moins impressionnante. Mais ses joueurs ont les moyens de rajouter quelques lignes sur son CV. De plus, ils ont joué ce match de préparation en France où c’était l’occasion de resserrer les liens avec le public composé de la diaspora tunisienne. Il s’agit là d’un facteur psychologique important.

Pour la première fois depuis la création de la Coupe du Monde, une absence des équipes européennes dans le dernier carré ne serait pas à exclure. Alors, pourquoi pas organiser un rendez-vous en demi-finales pour le Brésil et le Maroc avec… la Tunisie en guest star ?

Pour que ce test ne se convertisse pas en crash-test, restons prudents pour le moment en relisant cette citation de l’écrivain italien Italo Calvino : «C’est le sort des plus beaux rêves de se transformer tout d’un coup en cauchemars.»

* Ecrivain et analyste de football.

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Journée de colère des journalistes tunisiens

20. November 2025 um 12:38

Des dizaines de journalistes se sont rassemblés, ce jeudi 20 novembre 2025, devant la place du gouvernement à la Kasbah, au centre-ville de Tunis, pour protester contre la détérioration continue de leurs conditions de travail et de la limitation de la liberté d’expression en Tunisie. Rassemblés à l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), ils veulent marquer l’unité de leurs rangs et leur attachement à leurs liberté, indépendance et dignité. Vidéo.

Les manifestants dénoncent des dépassements et des abus qu’ils imputent au pouvoir exécutif et qui ont touché des journalistes et des institutions médiatiques privées et publiques. Ils estiment que cette situation reflète une orientation délibérée des autorités vers la limitation de la liberté d’expression, de l’indépendance des médias et des droits acquis des journalistes, en nette contradiction avec la constitution tunisienne et les engagements internationaux de l’Etat tunisien dans le domaine de la protection de la liberté de la presse et du droit du citoyen à l’information, souligne encore le syndicat.

Les journalistes, qui ont été nombreux à prendre part à cette journée de colère, à Tunis et dans les régions, exigent la levée de toutes les formes d’interdiction, de limitation et d’obstacles administratifs au libre exercice des journalistes et des institutions médiatiques. Ils exigent aussi la libération des journalistes arrêtés et poursuivis pour des faits entrant dans leur travail d’information et d’expression, comme Mourad Zeghidi, Chadha Haj Mbarek et d’autres. Ainsi que l’arrêt du recours à d’autres textes de lois que le décret n° 115 de 2011 relatif à la liberté d’expression pour juger des délits de presse. Ils dénoncent fortement le recours désormais systématique de la justice au décret-loi 54 de 2022 pour infliger aux journalistes des peines de prison pour des écrits de presse.  

Le président du SNJT, Zied Dabbar, qui a pris la parole lors de ce rassemblement, a passé en revue les difficultés quotidiennes auxquelles font face les journalistes, que les autorités cherchent à affamer et à soumettre aux diktats du régime, de manière à imposer une presse de propagande politique, et non d’information libre, indépendante et responsable. «Ce pouvoir déteste les journalistes et il les combat clairement pour les empêcher de faire leur travail honnêtement et dans le respect de la déontologie de leur métier », a-t-il martelé.  

I. B.

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Hommage | Mongi Slim, grand diplomate et fin négociateur

20. November 2025 um 11:07

Feu Mongi Slim était un des rares diplomates tunisiens de calibre international, dont le nom est resté gravé en lettre d’or dans les annales de la diplomatie tunisienne et lié étroitement à son histoire, une diplomatie sage, mais efficace, qui a fait d’un petit pays, comme la Tunisie, un pays hautement respecté et attentivement écoutée et de sa capitale, Tunis, une ville incontournable, lorsqu’il s’agit des questions qui intéressent, de près ou loin, le monde arabe, africain, musulman et méditerranéen et que ses analyses pertinentes étaient hautement appréciées.

Kamel Ayari

Mongi Slim était un militant authentique pour l’indépendance de la Tunisie, comme ministre de l’Intérieur, déjà, dans le gouvernement Tahar Ben Ammar sous le Bey, en 1956, avant d’embrasser, au lendemain de l’indépendance, une carrière diplomatique fort réussie et reconnue par tout un chacun.

En effet, eu égard à ses grandes qualités d’habile négociateur et de fin tacticien, Bourguiba lui confia, en toute assurance, le poste, fort convoité, d’ambassadeur à Washington (photo : avec le président John F. Kennedy) et en même temps représentant permanent de la Tunisie aux Nations Unies à New York, et également encore, chose rarissime, ambassadeur à Ottawa, au Canada : trois importantes et délicates missions, dont il s’acquittait à merveille, d’ailleurs, notamment du côté de l’Onu, où il a réussi, par son sérieux et son savoir-faire, à gravir les échelons jusqu’à être élu président de son Assemblée générale, (Bouteflika a occupé lui aussi ce poste, mais bien après), cette qualité très importante lui permettant de contribuer, avec d’autres, bien sûr, à l’indépendance de certains pays africains et lui a procuré beaucoup d’estime et de considération de la part de la majorité des pays membres de l’époque.

A cette époque, Mongi Slim faisait la fierté des pays africains et arabes, entre-autres, qui constituaient la majorité au sein de cette haute instance internationale, qui s’activait inlassablement pour apaiser les tensions frappant certaines régions dans le monde et essayait d’instaurer l’ordre et le calme, là où ils sont indispensables.

Dag Hammarskjold, le secrétaire général de l’Onu d’alors, qui était en mission en Afrique, en vue de mettre terme au conflit qui déchirait les deux Congo (Kinshasa et Brazzaville), mourut dans son hélicoptère abattu en plein vol par des parties qui cherchaient à saboter ses efforts et saper la réconciliation entre les deux pays frères. Celui qui devait le remplacer normalement, c’était donc, Mongi Slim, selon tous les sondages et les observateurs internationaux qui s’accordaient à le qualifier de «grand favori», et le plaçaient, de loin, devant un certain U Thant, un Asiatique (Birman plus précisément) pour lui succéder.

Il suffisait, alors, seulement, comme stipule le règlement en vigueur, que le gouvernement tunisien déposât le dossier de sa candidature et tour était joué et Mongi Slim serait certainement élu secrétaire général avec une majorité écrasante, mais comme Habib Bourguiba n’aimait pas que quelqu’un d’autre que lui soit connu sur la scène internationale, en décida autrement, en le rappelant à Tunis, en 1962, et en lui confiant le portefeuille des Affaires étrangères, permettant ainsi, à cet inconnu U Thant de devenir le nouveau secrétaire Général des Nations Unies. Dommage, c’était pourtant à portée de main. Quel gâchis !  

Mongi Slim sera nommé par la suite représentant personnel du président Habib Bourguiba, avec rang de ministre, en 1964 puis ministre de la Justice en 1966. Il meurt le 23 octobre 1969 et est inhumé au carré des martyrs du cimetière du Djellaz.

Source : Page Facebook de l’auteur.

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Devant les milliards des Saoud, c’est désormais Trump d’Arabie !

20. November 2025 um 09:41

Difficile de trouver plus cupide et plus vénal que Donald Trump ! On dit que l’argent est le nerf de la guerre mais chez le président américain c’est le nerf des relations internationales tout court. Face au gros chèque saoudien, le locataire de la Maison Blanche a disculpé en direct l’héritier Mohamed ben Salmane de toute responsabilité dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Il a aussi annoncé la vente de 48 avions de chasse F-35 dont la vente était liée jusque-là à la normalisation avec Israël et a décidé de pousser encore plus le partenariat stratégique avec Riyad. Bref, la lune de miel de Trump d’Arabie agace même les Israéliens !

Imed Bahri

Le journal arabophone londonien Al-Quds al Arabi est revenu sur cette visite en passant au peigne fin aussi bien sa forme que son fond car l’accueil en grande pompe de l’hôte saoudien a donné le ton de cette visite qui se veut historique. 

Fait rare, le président américain a accueilli, mardi 18 novembre 2025, le prince héritier saoudien lors d’une cérémonie grandiose qui a eu lieu sur la pelouse sud de la Maison-Blanche. D’habitude, ce lieu est réservé aux accueils des visites d’État ! L’événement comprenait une revue des honneurs militaires, une salve de coups de canon et un survol d’avions de chasse américains.

Les discussions entre les deux dirigeants ont porté sur le renforcement des liens de sécurité et la coopération nucléaire civile. Ben Salmane s’est engagé à porter les investissements saoudiens dans l’économie américaine de 600 milliards de dollars à 1 000 milliards de dollars, tandis que Trump a confirmé un nouvel accord de défense et son approbation de la vente d’avions de chasse F-35 à l’Arabie saoudite.

Une garde d’honneur militaire américaine a escorté le cortège du prince héritier jusqu’à la pelouse sud où Trump l’a accueilli à son arrivée. Les deux dirigeants ont ensuite levé les yeux vers les avions de chasse qui survolaient la zone avant que Trump n’accompagne son hôte à l’intérieur.

La géopolitique de l’argent

D’habitude cet accueil prestigieux n’est réservé qu’à certains chefs d’État. Or, Ben Salman est toujours prince héritier et le chef d’État saoudien c’est son père le roi Salman. Cette exception protocolaire en dit long sur la place qu’occupe l’Arabie saoudite dans la géopolitique de M. Trump, une géopolitique dictée avant tout par les intérêts financiers.

Au cours de sa visite à la Maison Blanche, Ben Salmane s’est entretenu avec Trump dans le Bureau ovale où ce dernier a annoncé que Washington vendrait des avions de chasse F-35 à l’Arabie saoudite dans le cadre d’un accord similaire à celui conclu avec Israël. Ce serait la première fois que les États-Unis vendent ces avions de chasse à l’Arabie saoudite, marquant un tournant important dans la politique américaine. Cet accord pourrait potentiellement modifier l’équilibre militaire au Moyen-Orient et mettre à l’épreuve ce que Washington appelle jusque-là «l’avantage militaire qualitatif d’Israël», seul pays de la région à posséder à ce jour des F-35. Jusque-là, les États-Unis faisaient miroiter aux Saoudiens qu’ils ne leur vendraient des F-35 que s’ils reconnaissaient officiellement Israël. 

Lors de sa rencontre avec Ben Salmane dans le Bureau ovale, Trump a confirmé que les États-Unis étaient parvenus à un accord de défense avec l’Arabie saoudite, que la plupart des experts estiment similaire au récent accord avec le Qatar sur lequel nous sommes revenus dans notre article du 24 octobre dernier intitulé «Nouveau traité en gestation entre Washington et Riyad». Si c’est effectivement le cas, toute agression contre l’Arabie saoudite sera considérée comme une agression contre les États-Unis. 

Le président américain a, également, indiqué avoir discuté des accords d’Abraham avec Ben Salmane et s’est dit convaincu d’avoir reçu une réponse positive. Le prince héritier a répondu que l’Arabie saoudite souhaitait participer à ces accords qui prévoient la normalisation des relations avec Israël mais aussi garantir une voie claire vers une solution à deux États.

M. Trump a laissé entendre qu’un accord nucléaire civil avec l’Arabie saoudite était aussi envisageable. La réunion a, on l’imagine, porté aussi sur l’aspect économique, M. Trump affirmant que l’économie américaine était en excellente santé. Prenant note de l’accord de l’Arabie saoudite d’investir 600 milliards de dollars aux États-Unis, il a déclaré : «Je tiens à vous remercier d’avoir accepté d’investir 600 milliards de dollars aux États-Unis. Et comme il est mon ami, ce montant pourrait atteindre mille milliards de dollars… Je vais m’en occuper». Le prince héritier a répondu que l’Arabie saoudite augmenterait ses investissements aux États-Unis à mille milliards de dollars.

Trump a également abordé la question iranienne, affirmant que «le pays souhaitait parvenir à un accord avec Washington même s’ils prétendent le contraire et se disant ouvert aux négociations». Le prince héritier saoudien a affirmé que cela serait dans l’intérêt de l’Iran et de la région, soulignant qu’il ferait tout son possible pour y parvenir.

Lors du dîner, le président américain a fait une autre annonce de taille qui a ravi son hôte : «Ce soir, je suis ravi d’annoncer que nous poussons notre coopération militaire à des sommets encore plus élevés en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme un allié majeur non-membre de l’Otan, ce qui est quelque chose de très important pour eux».

La vente des F-35 agace Israël 

L’annonce par Trump de la vente d’avions de chasse furtifs F-35 à l’Arabie saoudite a provoqué un choc en Israël. Le journal de droite Maariv a employé le terme «coup de tonerre»

Maariv considère que cette vente de F-35 à l’Arabie saoudite ne se limite pas à une simple transaction d’armement. Elle empiète sur un domaine jusqu’ici réservé à un seul pays de la région : Israël. Certes, les États-Unis continuent d’affirmer qu’ils protégeront l’avantage militaire qualitatif d’Israël mais tout expert en sécurité sait que cette supériorité est relative et non garantie à vie. Dès lors qu’un pays voisin acquiert l’accès à des avions de chasse de cinquième génération (même de façon limitée, comme le minimisent les proches du Premier ministre), la supériorité aérienne d’Israël n’est plus assurée.

Le fait que Trump soit prêt à franchir un tel pas soulève une question troublante : Washington considère-t-il toujours Israël comme un atout stratégique irremplaçable ou comme un pays important, certes, mais qui n’est plus au centre de la politique américaine dans la région ?

Aux yeux de l’administration américaine actuelle, stabiliser l’Arabie saoudite, coopérer avec elle et freiner toute autre influence régionale est peut-être aussi important aujourd’hui que l’enthousiasme fervent pour l’exclusivité israélienne dans le ciel du Moyen-Orient.

Maariv estime que les États-Unis adoptent désormais une vision stratégique globale du Moyen-Orient et non pas une vision d’un prisme israélien.

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Roman | La voix singulière de Ramsès Kefi

20. November 2025 um 08:54

Ramsès Kefi signe un premier roman poignant avec ‘‘Quatre jours sans ma mère’’, publié le 21 août 2025 chez Philippe Rey, à Paris. Ce texte, déjà récompensé par le Prix Première Plume 2025, plonge le lecteur au cœur d’une famille secouée par la fugue d’Amani, la mère, et explore avec finesse les liens complexes entre filiation, amour et tradition.

Djamal Guettala

Le récit commence par une nuit d’inquiétude, lorsque Salmane, le fils trentenaire, découvre que sa mère a disparu, sans prévenir personne, laissant derrière elle son quotidien intact : «Avant de tailler sa route, Amani n’a rien changé à ses habitudes. C’est peut-être ça, le plus badant, partir en respectant la routine. Elle a cuisiné et étendu le linge. Dans ma chambre, elle a laissé des draps propres et allumé une bougie vanille sur mon bureau bordélique…»

Cette fugue devient un révélateur pour Salmane et son père Hédi, figure à la fois protectrice et rugueuse, qui le guide dans cette quête nocturne de la mère disparue. Les descriptions de la Caverne, quartier populaire où ils vivent, restituent avec précision le microcosme social et culturel de la cité : «La Caverne, notre terroir, est un quartier populaire comme un autre, où des hiboux aux fenêtres surveillent qui va et vient toute la sainte journée… Ici, une femme ne se barre pas en laissant un homme à la maison. Elle doit rester, quoi qu’il en coûte.»

Addiction génétique au piment

Kefi dresse également un portrait sensible des origines de ses personnages. Amani et Hédi racontent leur enfance dans des orphelinats du Maghreb, leur arrivée en France et leur installation dans un HLM, où se forge l’identité de leur fils : «J’avais cinq ans quand Amani et Hédi m’ont raconté leur enfance dans un orphelinat niché sur une montagne d’Afrique du Nord… Du pays ils n’ont rien ramené, hormis des «R» roulés, un amour pour la neige et une addiction génétique au piment.»

Le roman excelle à montrer comment les gestes quotidiens deviennent porteurs de sens et d’émotion. Une clé rouillée, un café préparé, un bureau désordonné deviennent des ancrages dans la mémoire et l’affection familiale. Les personnages secondaires, comme Maria, amie proche d’Amani, renforcent la richesse de ce microcosme : «Ma mère et cette couturière, immense fumeuse de Gitanes, avaient un paquet de passions communes… Elles passaient le dimanche après-midi à lire, à écouter de la musique et regarder de vieux films ensemble.»

Le style de Kefi mêle réalisme social et sensibilité littéraire. Les dialogues et pensées intimes des personnages alternent avec des observations de la vie quotidienne, donnant au lecteur un sentiment de proximité avec leurs inquiétudes et leurs émotions. Le roman illustre aussi le contraste entre la pudeur de la mère et l’expressivité du père : «Sur le siège passager, Hédi met un point d’honneur à liquider son stock d’insultes. Fumiers, Bons à rien, Chiens… Il se retourne vers moi, la langue sortie et enroulée, prêt à me mimer la scène du Parking.»

Une tendresse infinie

La réception critique souligne la justesse et la tendresse de ce premier roman. Le jury du Prix Première Plume 2025 a salué «un premier roman qui derrière les non-dits et la pudeur d’une famille en plein questionnement, nous couvre d’une tendresse infinie». Jérémy Parrot, président du jury, parle de «l’envol d’une mère au grand dam de ses hommes. Réjouissant».

‘‘Quatre jours sans ma mère’’ confirme la voix singulière de Ramsès Kefi, capable de transformer l’absence en récit universel, où la tension dramatique côtoie l’humour et la poésie des gestes quotidiens. Entre fugue, amour filial et microcosme social, le roman tisse un portrait attachant d’une famille et de ses secrets.

Ramsès Kefi est un jeune écrivain français. Né dans une famille populaire, il puise son inspiration dans son environnement et ses racines pour explorer les dynamiques familiales et sociales. Quatre jours sans ma mère, publié le 21 août 2025 chez Philippe Rey, est son premier roman, distingué par le Prix Première Plume 2025.

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Le cinéaste tunisien Nader Ayache en grève de la faim en France

20. November 2025 um 07:45

Le réalisateur tunisien Nader Ayache, doctorant et auteur de documentaires, est en grève de la faim depuis le 8 novembre 2025 pour obtenir son titre de séjour en France. Arrivé en 2015 pour poursuivre ses études en cinéma, il a construit sa vie dans le pays : études, films, thèse de doctorat, mariage et amitiés. Pourtant, aujourd’hui, il se retrouve menacé d’expulsion en raison d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) et d’une Interdiction de retour (IRTF), délivrées en 2019.

Depuis cette décision, sa vie est marquée par la précarité, l’impossibilité de travailler légalement, l’éloignement de sa famille et la peur constante des contrôles policiers.

Malgré plusieurs recours — auprès de la préfecture, du tribunal, puis de la cour de Versailles — toutes ses démarches ont été refusées, y compris son dernier recours le 6 novembre.

Nader dénonce aujourd’hui l’humiliation, la bureaucratie et le caractère inhumain du système administratif français qui criminalise les personnes sans papiers, souvent au détriment de leur vie professionnelle et personnelle.

Injustice administrative

Sa grève de la faim s’inscrit dans une démarche de résistance pacifique, inspirée des prisonniers en lutte. Elle vise à rendre visible la souffrance qu’il vit depuis dix ans et à alerter le public sur la précarité et l’injustice administrative dont sont victimes de nombreux étrangers en France.

Pour appuyer sa cause, Nader a installé une tente devant le Centre national du cinéma (CNC), à Paris. Cette action vise à mobiliser le soutien du milieu du cinéma et des artistes, mais également à sensibiliser le public aux obstacles que rencontrent les personnes sans papiers. Une mobilisation est prévue ce jeudi 20 novembre à 8h, afin de l’accompagner lors de cette première matinée et montrer la solidarité face à cette situation critique.

Un collectif de soutien a été créé pour l’assister, et une cagnotte en ligne a été lancée afin de financer le matériel nécessaire à son campement : tente d’hiver, sacs de couchage résistants et couvertures. Cette initiative permet également de montrer concrètement la solidarité avec sa lutte.

À noter : Nader Ayache, réalisateur tunisien, est le lauréat du prix du CNAP de la 34e édition 2023 du FIDMarseille pour son film ‘‘La Renaissance’’.

Sa grève de la faim et son campement devant le CNC sont un appel urgent à la justice et à la solidarité. Elles rappellent que derrière les procédures administratives se trouvent des vies humaines, des projets artistiques et des liens sociaux qu’aucune OQTF ne devrait effacer.

Djamal Guettala 

Pour soutenir Nader, cagnotte en ligne

Instagram : @solidariteavecnader – @nader.s.ayache

Photo/vidéo de la tente devant le CNC.  

Adresse e-mail : ayacheyouness0@gmail.com

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Tunisie | La crise à Gabès sera-t-elle réglée à Carthage ?

19. November 2025 um 13:30

Alors que les marches de protestation et les heurts de la population avec les forces de l’ordre se poursuivent depuis plus d’un mois et demi à Gabès pour exiger le démantèlement des usines du Groupe chimique tunisien (GCT), le président de la République, Kaïs Saïed, a présidé, mardi 18 novembre 2025, au Palais de Carthage une réunion du comité qu’il a chargé de trouver des solutions urgentes à la situation environnementale dans cette ville du sud-est de la Tunisie.

Un communiqué de la présidence de la république publié à l’issue de la réunion nous apprend la composition de ce comité présidé par Ali Ben Hammoud, qui est composé de Samia Ben Ali, Kawas Hamida, Rafik Aouadi, Noureddine Rachdi, Mohamed Salah Najar et Mohamed Ben Cherada.

Le chef de l’État a affirmé suivre la situation de près, saluant l’attitude des habitants et la conscience profonde dont ils ont fait preuve pour préserver la paix civile, se tenant aux côtés des forces de sécurité (sic!) pour faire face à toute tentative d’attiser les tensions par tous les moyens.

Tout en dénonçant «la propagation de contre-vérités», sans préciser lesquelles, Saïed a rappelé «le gaspillage de fonds publics lors de l’acquisition, en 2018, d’un certain nombre d’équipements qui ont été abandonnés, dégradés et devenus pour la plupart inutilisables», laissant ainsi entendre qu’une enquête a été diligentée sur la gestion du GCT et que des abus ont été constatés, qui visaient à mettre en difficulté l’entreprise en vue de la privatiser, «au mépris des souffrances des habitants de Gabès».

Le président de la République a laissé entendre que des sanctions seraient décidées contre les auteurs des abus ainsi constatés en déclarant qu’«il est du droit du peuple tunisien de connaître toute la vérité, de demander des comptes conformément à la loi et de vivre dans la dignité», promettant qu’«un terme sera mis à la souffrance [des populations ] dans tous les domaines et dans toutes les régions.»

Le Comité chargé de proposer des solutions au problème environnemental à Gabès a remis au chef de l’État une copie du rapport préliminaire qu’il a préparé, en attendant d’«élaborer dans les plus brefs délais un rapport final comprenant des solutions immédiates et urgentes», a indiqué le communiqué, citant les propos du président qui a indiqué que «plusieurs pays se sont inspirés des études menées par des experts tunisiens dans ce domaine.»

Les supporters tunisiens, mardi soir, au stade de Lille, lors du match amical Brésil-Tunisie, font entendre la voix des habitants de Gabès.

Et le locataire du Palais de Carthage de reprendre sa rengaine de la «guerre de libération» actuellement menée dans le pays «sur tous les fronts» , ajoutant que «par sa conscience et sa détermination, le peuple tunisien fera échouer tous les complots», laissant ainsi entendre que la crise actuelle à Gabès en n’est pas réelle mais provoquée par des personnes mal intentionnées.

«L’État tunisien ne se gouverne ni par des publications sur les réseaux sociaux ni par ceux qui ont choisi la trahison, l’allégeance à l’étranger et la propagation de rumeurs et de mensonges», a conclu Saïed.

Il reste cependant à savoir comment les habitants de Gabès et les Tunisiens en général vont-ils réagir à ces déclarations du président de la république, sachant qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil d’automne et qu’à Gabès, des gens, et notamment des enfants, continuent d’être asphyxiés par les rejets de gaz toxique et hospitalisés et que les bons portants parmi eux poursuivent les protestations quasi-quotidiennement, pour exiger le démantèlement pur et simple des unités du GTC, revendication légitime s’il en est que l’Etat ne semble pas disposé à satisfaire. Car elle serait très coûteuse pour des finances publiques bouffées par les dépenses de gestion d’un Etat prolifique et pas toujours efficace.

I. B. (avec Tap).

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Le Hamas connaît un regain de popularité à Gaza

19. November 2025 um 12:47

Alors que la population de Gaza a subi pendant deux ans un effroyable génocide commis par Israël et qu’elle continue d’endurer les pires souffrances, le Hamas vit actuellement un sursaut de popularité qui avait connu une baisse durant le conflit.

Imed Bahri

Le mouvement, qui existe depuis plus de 40 ans et qui a réussi à s’imbriquer fortement à la population, est dans le viseur de la communauté internationale et à sa tête les États-Unis qui veulent le désarmer et lui confisquer tout pouvoir de contrôle sur la bande de Gaza, mais en l’absence d’une alternative crédible qui puisse garantir l’ordre public, le Hamas est loin d’être lâché par la population. Il faut dire que les gangs financés et armés par Israël se sont comportés comme des ennemis de la population en pillant les aides, tuant et semant la terreur, et ce sont les combattants du Hamas qui sont venus au secours des victimes et puni les agresseurs. 

Le Wall Street Journal a publié une enquête de Sudarsan Raghavan et Suha Ma’ayeh consacrée la popularité croissante du Hamas à Gaza, un phénomène qui est de nature à compliquer la tentative du président Donald Trump pour désarmer ses combattants. Il indique que la popularité du mouvement a augmenté depuis l’accord de cessez-le-feu négocié le mois dernier par le président américain Donald Trump et son plan en 20 points dont l’un prévoit le désarmement du Hamas dans le cadre des arrangements d’après-guerre.

Le journal américain note que si de nombreux Gazaouis souhaitent le départ du Hamas du pouvoir, ils saluent ses efforts pour lutter contre la criminalité et assurer la sécurité.

Un rôle crucial contre la criminalité

Suite à l’accord de cessez-le-feu, des combattants du Hamas ont investi les rues en tant que forces de police et de sécurité intérieure, patrouillant dans les routes et ciblant les criminels, les rivaux et les détracteurs du mouvement. Malgré la perception négative du Hamas parmi certains Palestiniens de Gaza, nombreux sont ceux qui ont salué son rôle crucial dans la réduction de la criminalité et le maintien de la sécurité.

Le journal cite Hazem Srour, 22 ans, qui déclare : «Même ceux qui s’opposent au Hamas veulent la sécurité car nous souffrons d’une grave insécurité due aux vols, aux actes de violence et à l’anarchie. Seul le Hamas peut arrêter cela, et c’est pourquoi la population le soutient».

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) relevant des Nations Unies, avant le cessez-le-feu, plus de 80% de l’aide humanitaire fournie par les Nations Unies et ses agences partenaires était interceptée et pillée par des habitants de Gaza désespérés ou confisquée par des gangs armées.

Le mois dernier, les vols ciblant les camions ont chuté à environ 5%, d’après l’agence onusienne. Un porte-parole de l’Ocha attribue cette baisse à l’augmentation du flux d’aide et à l’action de la «police bleue» du Hamas pour lutter contre la criminalité.

Le WST rapporte que la baisse de la criminalité et le soutien continu à la résistance armée contre Israël ont permis au Hamas de redorer son image et d’exercer un contrôle plus strict sur la bande de Gaza. D’après des chercheurs, des sondeurs, des analystes et des habitants de Gaza, nombreux sont les Palestiniens qui parlent désormais du groupe armé en des termes plus pragmatiques.

41% des Gazaouis voteraient pour Hamas

Dans un sondage publié le mois dernier par le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages d’opinion de Ramallah, 51% des habitants de Gaza interrogés ont exprimé une opinion positive sur l’action du Hamas pendant la guerre, contre 43% en mai et 39% il y a un peu plus d’un an. La marge d’erreur du sondage est de 3,5 points. 

À une question distincte portant sur le soutien aux partis politiques lors d’élections hypothétiques, 41% des habitants de Gaza ont déclaré soutenir le Hamas soit une hausse de 4 points par rapport aux cinq mois précédents et c’est le niveau de soutien le plus élevé depuis décembre 2023.

Le journal rapporte aussi que la réalisation de sondages est difficile dans les villes dévastées de la bande Gaza. Toutefois, les chercheurs ont mené des entretiens en face à face avec des personnes vivant du côté contrôlé par le Hamas, le long de la ligne de cessez-le-feu. Pour les autres Gazaouis, Khalil al-Shaqaqi, directeur du centre ayant mené le sondage, a indiqué que les enquêteurs les ont interrogés dans leurs tentes à l’aide de tablettes et de téléphones portables et que les résultats ont directement été transmis aux serveurs informatiques du centre.

Le nombre des Gazaouis interrogés étaient critiques envers le Hamas. La tendance observée au cours des 12 derniers mois, comme le reflétaient les sondages précédents, était à un déclin de la popularité du mouvement islamiste, en particulier à Gaza.

Al-Shaqaqi a déclaré à propos du groupe armé: «Cette guerre a prouvé, dans une certaine mesure, aux habitants de Gaza et à d’autres, qu’Israël n’est pas parvenu à le vaincre. Le Hamas ne disparaîtra pas demain et nous devons vivre avec cette réalité»

Plus tôt cette année, des centaines de Gazaouis, épuisés par le déplacement et la faim, ont manifesté contre le Hamas, qui a mené l’opération Déluge d’al-Aqsa le 7 octobre 2023. Nombre d’entre eux ont reproché au Hamas sa lenteur à mettre fin à ce conflit qui dure depuis deux ans. Beaucoup restent frustrés par le Hamas et horrifiés par sa répression brutale. Le journal a cité Mohammed Burno, 33 ans, militant anti-Hamas et partisan du Fatah, mouvement rival : «C’est le Hamas qui crée ce chaos. De leur point de vue, ils appellent cela maintenir la sécurité mais la véritable sécurité ne s’obtient pas par la brutalité».

Le Hamas contrôle actuellement environ 47% de la bande de Gaza, la zone située à l’ouest de la ligne jaune qui marque le point de retrait des forces israéliennes dans le cadre de la première phase du plan de paix de Trump. De l’autre côté de la ligne jaune, soit environ 53% de la bande de Gaza, le territoire est sous contrôle militaire israélien.

En attendant l’émergence d’une alternative

Le WSJ souligne que le soutien croissant au Hamas à Gaza pourrait poser un dilemme à Trump et à son plan dont la deuxième phase prévoit le désarmement du mouvement et sa renonciation à tout rôle dans un futur gouvernement dans la bande en échange du retrait des forces israéliennes et de leur remplacement par une force internationale de stabilisation.

Les Palestiniens interrogés à Gaza étaient partagés sur la question du désarmement du Hamas: 55% s’y opposent et 44 % y sont favorables. Par ailleurs, 52% d’entre eux sont opposés au déploiement d’une force internationale chargée de désarmer le Hamas.

«Cette majorité signifie que beaucoup de gens souhaitent que le Hamas continue de posséder des armes, même s’ils ne le soutiennent pas», a déclaré Shaqaqi. Il a ajouté: «On craint l’objectif ultime d’Israël dans cette guerre et à court terme, le chaos».

Les Gazaouis se plaignent depuis longtemps des pillages et des violences perpétrés par des gangs armés sur l’ensemble du territoire pendant la guerre. «Le danger, en l’absence d’une autorité centrale, est que Gaza soit réparti entre 10 ou 20 milices différentes», a déclaré Miqdad Miqdad, un chercheur de 31 ans qui travaille avec des organisations humanitaires locales et vit à Gaza.

Avec le cessez-le-feu et la diminution de la crainte des bombardements israéliens, Miqdad est rentré chez lui, se sentant plus en sécurité maintenant que l’ordre est revenu dans les rues. «Lorsque les armes ont proliféré sans contrôle et qu’il n’y avait aucun système ni autorité pour faire respecter le pouvoir, ces groupes ont commencé à opérer librement. Les gens ne souhaitent pas forcément que le Hamas reste au pouvoir indéfiniment. Ils veulent simplement la stabilité jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement», explique-t-il. 

Ibrahim Miqdad, 47 ans, habitant de Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, a déclaré que la population ne se sent plus perdue avec l’administration du territoire actuellement par Hamas. Il souhaite que le groupe armé conserve ses armes afin de pouvoir continuer à tenir tête à Israël jusqu’à ce que les droits soient rétablis et que la Palestine soit reconnue comme État. 

Si Trump est parvenu à négocier un cessez-le-feu à Gaza, cette accalmie a permis au Hamas de consolider sa position, faute d’alternative crédible sur le territoire qu’il contrôle.

Durant la guerre, le gouvernement israélien a essuyé de vives critiques, y compris de la part de ses propres services de sécurité, pour son incapacité à développer une alternative viable au Hamas. Le WSJ cite Kobi Michael, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité nationale de Tel-Aviv et à l’Institut Misgav, un groupe de réflexion israélien, qui affirme que les Palestiniens continueront à soutenir le Hamas, ou du moins à ne pas s’y opposer, jusqu’à l’émergence d’une alternative.

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L’affaire Luca Zidane au regard des anxiétés européennes

19. November 2025 um 11:53

La polémique qui a éclaté autour de Luca Zidane après la publication de sa photo en tenue d’ihram à La Mecque dépasse de loin la figure du footballeur. Ce n’est pas seulement l’histoire d’un jeune homme accomplissant la ômra ou petit pèlerinage. C’est surtout l’histoire d’une Europe troublée, où les questions de religion, d’origine et d’identité agissent comme des révélateurs des tensions profondes qui traversent ses sociétés.

Djamal Guettala

À première vue, le geste de Luca Zidane est très simple : une démarche spirituelle personnelle, dans la continuité d’un héritage familial où l’islam a toujours été vécu sans excès de visibilité ni prosélytisme. Mais dans le climat européen actuel, la spiritualité musulmane, dès qu’elle devient visible, se politise instantanément. Il suffit d’un cliché posté sur les réseaux pour que s’enflamment les discours anxieux, les récupérations idéologiques et les commentaires venimeux.

En France, la réaction de l’extrême droite était prévisible. Des militants identitaires y ont vu une «rupture avec l’Occident», une «dé-assimilation», ou encore un choix «incompatible avec les valeurs européennes».

Ce qui frappe, ce n’est pas tant la violence de ces propos que leur mécanique répétitive : dès qu’une figure publique ayant un lien avec l’islam accomplit un geste religieux, elle devient le symbole d’un affront imaginaire à l’identité nationale. Luca Zidane n’a rien revendiqué, mais on lui prête une intention politique qu’il n’a jamais exprimée.

Crispations autour de la mémoire

Cette polémique s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’une Europe où l’expression musulmane est souvent lue à travers un prisme de suspicion. L’histoire coloniale, les débats sur l’intégration, les crispations autour de la laïcité ou de la mémoire font du rapport à l’islam un champ de bataille identitaire. Dans ce champ miné, les enfants de l’immigration — surtout lorsqu’ils sont visibles, célèbres, ou porteurs de réussites — deviennent des sujets de projections contradictoires.

En Espagne, le discours a pris un détour presque historique. Certaines réactions ont évoqué les «Morisques», rappelant cette vieille blessure de la péninsule ibérique, marquée par l’expulsion des musulmans au XVIᵉ siècle. Ce glissement lexical n’est pas un simple hasard : il révèle que la présence de l’islam est encore lue, dans certains milieux, comme un élément étranger, presque inconciliable, avec une certaine vision réductrice de l’identité espagnole.

Au-delà de la religion, c’est le parcours sportif de Luca Zidane qui nourrit les interprétations hostiles. Son choix d’opter pour la nationalité sportive algérienne dérange plus qu’il ne devrait. Non parce qu’il est inédit — des centaines de joueurs ont fait ce choix — mais parce que le footballeur représente une symbolique particulière : celle d’un nom qui appartient à la mémoire sportive française, mais dont la racine algérienne est incontestable. Le football, qui est souvent un terrain de fiertés nationales, devient ici un terrain de revendications identitaires.

Double polémique et cohérence intime

Cette double polémique — religieuse et sportive — montre à quel point certains milieux européens supportent mal les identités multiples. Dans leur imaginaire, un citoyen européen d’origine maghrébine ne peut naviguer librement entre plusieurs héritages. Il doit choisir, se «ranger», se définir selon leurs catégories étroites. Luca Zidane, par un geste spirituel et un choix sportif, refuse sans discours le cadre qu’on voudrait lui imposer. C’est précisément ce refus, silencieux mais ferme, qui dérange.

La réaction algérienne, elle, raconte autre chose. Les messages de soutien, la fierté exprimée par les supporters, l’accueil chaleureux de son engagement avec les «Verts», tout cela montre une lecture plus simple, plus naturelle de son geste. Beaucoup y voient un jeune homme fidèle à son histoire, respectueux de ses racines et assumant ses choix sans ambiguïté. Là où certains projettent des craintes, d’autres voient une cohérence intime.

L’affaire Luca Zidane révèle finalement le fossé entre deux Europe : l’une figée, inquiète, obsédée par la pureté identitaire ; l’autre ouverte, consciente que les trajectoires d’aujourd’hui sont multiples, fluides, enrichies par la pluralité. La première cherche à enfermer, la seconde accepte de voir évoluer.

Luca Zidane, sans discours, incarne cette Europe qui change. Une Europe où l’héritage ne se nie pas, où la foi ne se cache pas, et où l’identité n’est plus une case figée, mais une trajectoire vivante.

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Justice | Frénésie carcérale en Tunisie

19. November 2025 um 11:10

Selon des chiffres publiés par nos collègues d’Al-Katiba, le nombre de prisonniers en Tunisie approche de 33 000 soit une augmentation de près de 10 000 ou 30% au cours des quatre dernières années. Honni soit qui mal y pense !

Sur les quelque 33 000 prisonniers sur une population de 12 millions d’habitants (statistique qui met la Tunisie parmi les pays dont les prisons sont les plus surpeuplées), plus de la moitié sont en attente de leur procès ou qui n’ont pas encore fait l’objet de jugement définitif, et certains depuis plus de deux ou trois ans.

Comme si cette «frénésie carcérale»– due à une politique pénale de plus en plus répressive – ne suffit pas, le gouvernement vient d’annoncer, par la voix de l’inamovible ministre de la Justice Leila Jaffel (la seul membre du gouvernement en poste depuis 2021), des opérations d’agrandissement et de réaménagement de plusieurs prisons, dont celui tristement célèbre de Borj Erroumi à Bizerte, ainsi que de construction de deux nouveaux, aux normes les plus avancées, nous rassure la ministre, à Béja et Monastir.

On ne sait pas si on doit s’en réjouir et s’en féliciter comme le fait Mme Jaffel, qui parlait devant l’Assemblée, au cours de la discussion du budget de son département pour l’exercice 2026, ou si l’on doit plutôt en pleurer et y voir une grave dérive concentrationnaire.

I. B.

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L’OTJM accuse Attessia TV d’hostilité envers les mouvements sociaux

19. November 2025 um 10:03

L’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) a publié ce mercredi 19 novembre 2025 la déclaration suivante dans laquelle elle annonce son boycott de l’émission ‘‘RDV9’’ sur la chaîne Attessia TV, connue pour son parti pris total en faveur des positions du régime, et l’accuse d’hostilité envers tous les mouvements sociaux, y compris celui des jeunes médecins.

«L’Organisation tunisienne des jeunes médecins a reçu une invitation de l’émission RDV9 sur la chaîne Attessia pour participer à une émission et parler des dernières activités des jeunes médecins.

L’organisation affirme son respect pour les journalistes travaillant pour la chaîne, mais elle a décidé de ne pas participer à de telles plateformes qui dénaturent délibérément tous les mouvements sociaux, tels que les manifestations à Gabès et les mouvements de solidarité pour briser le blocus de Gaza, ainsi que ses tentatives précédentes de stigmatiser l’organisation et sa direction à plusieurs occasions.

Nous exigeons un minimum de courtoisie et de respect dans nos échanges avec tous les professionnels des médias et nous n’accepterons rien de moins.

Par conséquent, nous vous demandons de respecter notre position et de ne pas insister ni renouveler cette invitation.»

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Cinéma | Amel Guellaty primée au El Gouna Film Festival

19. November 2025 um 09:21

Le cinéma tunisien s’illustre à nouveau. « Where the Wind Comes From », premier long-métrage d’Amel Guellaty, a remporté le Prix du meilleur film de fiction arabe lors de la 8ᵉ édition du El Gouna Film Festival, en Egypte, l’un des rendez-vous majeurs du cinéma au Moyen-Orient.

Le film retrace le parcours d’Alyssa, 19 ans, jeune femme en rupture avec son environnement, et de Mehdi, 23 ans, timide et introverti. Pour échapper à une réalité sans horizon, ils s’inventent un univers parallèle. L’annonce d’un concours à Djerba leur offre une perspective de changement. Commence alors un voyage à travers le sud tunisien, entre contraintes sociales et petites échappées vers la liberté, où chaque étape redéfinit leurs attentes et leurs limites.

Amel Guellaty, passée par le droit à la Sorbonne avant de rejoindre les plateaux — notamment ceux d’Olivier Assayas et de Raja Amari — s’était déjà fait remarquer avec son court-métrage « Black Mamba », primé une vingtaine de fois à l’international.

Son premier long métrage conforte son intérêt pour les récits de jeunesse confrontés à la dureté du réel, filmés avec une sensibilité visuelle héritée de son parcours de photographe.

La distinction obtenue à El Gouna confirme la visibilité croissante des créations tunisiennes dans les festivals de la région. Elle souligne également l’émergence d’une génération de cinéastes qui interrogent, avec pudeur et précision, les fractures sociales, le désenchantement et les désirs d’émancipation d’une jeunesse prise dans les incertitudes du pays.

« Where the Wind Comes From » s’impose ainsi comme l’un des films marquants de cette édition et une nouvelle étape dans la trajectoire prometteuse d’Amel Guellaty.

Djamal Guettala 

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‘‘Tétanos’’ de Aïcha Snoussi | Un opéra métallique

19. November 2025 um 09:01

Dans la pénombre sacrale de la galerie 32bis (Rue Ben Ghedhahom, Tunis) , Aïcha Snoussi ne présente pas une simple exposition, mais ouvre les portes d’une nécropole où gisent les cadavres brillants de notre modernité. ‘‘Tétanos’’ (31 octobre 2025- 13 février 2026) est bien plus qu’un assemblage de ferraille : c’est un opéra métallique où chaque pièce rouillée devient le personnage d’une tragédie industrielle.

Abdelhamid Larguèche *

Notre amie Imen nous guide dans les dédales de la galerie, dévoilant l’origine des pièces, leur agencement pensé, leurs significations multiples. Sous son regard, l’exposition se fait récit.

Dès l’entrée, une pièce de cuivre, probablement inspirée des croquis de Léonard de Vinci, nous saisit par son ironie tragique. Ce qui fut jadis l’incarnation du génie humain n’est plus qu’un squelette de métal tordu.

Aicha Snoussi nous confronte à ce paradoxe : nos machines les plus ambitieuses finiront peut-être un jour dans le même état de délabrement que les inventions de la Renaissance. La rouille devient ici un grand égalisateur temporel, réduisant tous les progrès technologiques à leur commune vulnérabilité.

Kafka dans l’atelier

Cette machine à supplice aux allures kafkaïennes, incarne l’absurdité des systèmes que nous avons créés. Ses engrenages sans fonction, ses chaînes détendues, évoquent la bureaucratie de la torture — un système qui continue de fonctionner même lorsqu’il a perdu son sens originel. On y lit toute la violence sourde des dispositifs disciplinaires, ces architectures de contrôle qui survivent à leur propre utilité.

Un tournant dans le parcours : la ferraille cesse d’être documentaire pour devenir mythologique. Le dragon de tôle et la machine à écrire les destins transforment l’exposition en une sorte d’Ovide des déchets.

Snoussi semble nous dire que nos rejets engendrent leurs propres créatures légendaires, leurs propres récits fondateurs. Le dragon n’est plus une bête médiévale, mais l’incarnation de nos peurs écologiques; la machine à écrire ne trace plus des lettres, mais des sorts métalliques.

Avec l’étendard vert sacré, l’artiste opère un geste radical de transsubstantiation. La ferraille, symbole de l’impur par excellence, devient objet de vénération. Ce renversement rappelle les pratiques alchimiques où la matière vile se transforme en or spirituel. Snoussi ne nettoie pas les déchets, elle les sacralise, leur offrant une nouvelle liturgie.

Une archéologie du présent

Enfin, le sarcophage des trésors modernes fonctionne comme le point d’orgue de l’exposition. Que mettons-nous dans nos tombeaux ? Non plus de l’or ou des bijoux, mais les restes de notre consommation. Ce coffre fermé devient le miroir de notre civilisation : nous serons jugés sur ce que nous abandonnons.

‘‘Tétanos’’ dépasse largement le cadre d’une critique écologique pour devenir une méditation sur le temps et la mémoire. L’artiste pratique ce qu’on pourrait appeler une «archéologie du présent» — elle exhume non pas des civilisations disparues, mais la nôtre en train de disparaître. Ses œuvres sont les artefacts d’une époque qui préfère oublier ce qu’elle produit.

Dans cette exposition, la rouille n’est pas une fin, mais un langage. Elle raconte l’usure des corps, la corrosion des institutions, la résilience des matériaux.

‘‘Tétanos’’ nous infecte délibérément — non pas pour nous tuer, mais pour nous immuniser contre l’oubli. C’est une piqûre de rappel dans la chair molle de notre conscience collective.

Au final, Aïcha Snoussi nous laisse avec cette question troublante : et si nos déchets étaient notre véritable héritage ? Et si, dans mille ans, ce n’étaient pas nos livres ou nos œuvres d’art qui parleraient de nous, mais nos ferrailles rouillées?

‘‘Tétanos’’ est cette prophétie en acte — une beauté qui naît de la blessure, une mémoire qui surgit de l’oubli, une résurrection qui passe par la pourriture.

* Historien.

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Le khôl sera-t-il inscrit au patrimoine culturel de l’humanité ?

18. November 2025 um 13:52

Le dossier du «khôl» ou «al khol al-arbi», présenté par 9 pays arabes dont la Tunisie, a été déposé, le 2 avril 2024, pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.

L’utilisation du khôl est courante dans toutes les régions tunisiennes et constitue une pratique sociale partagée par différentes tranches d’âge, tant dans la vie quotidienne que lors de nombreuses cérémonies.

Toutefois, la fabrication du khôl selon des méthodes traditionnelles a connu un recul, se limitant aujourd’hui à quelques artisanes en milieu rural et, plus rarement, en milieu urbain, même si cette tradition demeure profondément ancrée.

Si l’usage du khôl à des fins esthétiques s’est diffusé dans l’ensemble du territoire, le sud tunisien reste la région la plus étroitement associée à cette pratique et à ses rituels, notamment masculins, dans un cadre cérémoniel spécifique absent dans d’autres régions, comme le nord.

Un savoir-faire remontant à l’antiquité

L’usage du khôl depuis l’antiquité par des sociétés et des civilisations aux coutumes et cultures différentes, et sur de longues périodes historiques, a produit un élément riche en diversité et en symbolique d’un pays à l’autre, et au sein d’un même pays entre ses différentes régions.

Depuis l’antiquité, les femmes accordent une grande importance à la beauté, développant matériaux et outils pour répondre à ce désir d’être belle. Ainsi, elles ont extrait de la nature les matières premières et les ingrédients dont elles ont besoin, issus de plantes, de pierres voire même de certains animaux à partir desquels elles fabriquaient des cosmétiques selon des étapes précises.

Parmi les produits les plus anciens et les plus durables figure le khôl, largement utilisé encore aujourd’hui malgré l’essor des cosmétiques modernes. Il demeure l’un des matériaux les plus anciens employés tant pour la beauté que pour la médecine.

De la pierre d’antimoine au noyau de dattes

La fabrication du khôl passe par plusieurs étapes, dont la sélection de la pierre d’antimoine afin d’en garantir la qualité. Celle-ci est soit trempée dans l’eau après avoir été enveloppée dans un linge propre, soit placée directement sur le feu dans un pot en terre cuite jusqu’à ce qu’elle s’effrite et se purifie. Les morceaux d’antimoine sont ensuite broyés dans un mortier de cuivre, avec l’ajout mesuré d’autres ingrédients, notamment des noyaux de dattes.

Si, dans certaines régions, le noyau de datte demeure un composant secondaire, il constitue l’ingrédient principal dans d’autres, notamment dans le sud tunisien, terre de palmeraies et de dattes réputées.

Les noyaux sont lavés, séchés au soleil, puis grillés à feu doux jusqu’à noircissement complet. Ils sont ensuite broyés, tamisés et stockés dans de petits récipients en verre ou dans un récipient à khôl en cuivre, avant de procéder à l’application qui se fait à l’aide d’un bâtonnet de cuivre ou de bois appelé «mirwed».

Entre beauté, thérapie et rituel

Le khôl est l’un des matériaux les plus importants pour mettre en valeur la beauté des yeux et créer un halo noir bien spécifique. S’il est particulièrement utilisé par les femmes au quotidien comme lors des cérémonies festives et fêtes religieuses, il est également employé par les hommes voire les enfants.

Au-delà de son usage esthétique, le khôl, considéré comme «Sunna du Prophète», notamment le jour d’Achoura, possède une dimension thérapeutique reconnue : il purifie les yeux, protège des infections, améliore la vue et favorise la pousse des cils et même des cheveux. Dans les régions désertiques et le sud tunisien, les hommes l’appliquent pour se protéger des maladies oculaires et des tempêtes de sable.

Dans plusieurs régions, le khôl demeure une tradition qui perdure : le marié en est paré le soir de ses noces, les garçons en sont ornés à l’occasion de la circoncision, les femmes l’appliquent le mercredi soir, convaincues qu’il protège toute une vie, et sur le front des nouveau-nés, un léger trait est déposé pour les mettre à l’abri des maladies et du mauvais œil.

Le dossier du khôl et 67 autres présentées par 78 pays du monde pour inscription sur cette liste, seront examinés par le Comité intergouvernemental de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, lors de sa 20e session ordinaire, qui se tiendra du 8 au 13 décembre 2025 à New Delhi (Inde)

Les 9 pays arabes ayant présenté le dossier du khôl sont la Syrie, l’Irak, la Jordanie, la Libye, Oman, la Palestine, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et la Tunisie.

La fiche d’inventaire tunisienne du patrimoine culturel immatériel a été déposée par le Centre des arts, de la culture et des lettres (CACL), sis à Ksar Said, non loin du Musée national du Bardo. Elle met en avant le cadre géographique, la description détaillée de l’élément, les étapes de fabrication, les usages et la transmission de cette pratique cosmétique aux nouvelles générations, en tant que savoir-faire lié à l’artisanat traditionnel.

D’après Tap.

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Retour en Tunisie de 30 pièces archéologiques restaurés à Rome  

18. November 2025 um 13:23

Trente artefacts issus des fouilles archéologiques de Zama Regia, dans le gouvernorat de Siliana, au centre de la Tunisie, ont regagné leur place au Musée national du Bardo, après leur restauration en Italie. Vidéo.

Le ministère des Affaires culturelles a annoncé, dans un communiqué publié lundi 17 novembre 2025, que le placement de ces objets s’est effectué en présence de représentants du ministère, de l’Institut national du patrimoine (INP) et de la Douane tunisienne.

Après inspection par les experts de l’INP et les agents de la Douane, l’état des pièces a été jugé satisfaisant, permettant leur transfert en toute sécurité au Musée en prévision de leur exposition, prévue pour fin janvier 2026.

Ces artefacts ont été montrés dans l’exposition «La Magna Mater de Zama», qui s’est tenue du 5 juin au 5 novembre 2025 au Parco Archeologico del Colosseo, à Rome.

Organisée en collaboration entre l’INP et le Parc archéologique du Colisée, cette exposition itinérante sera présentée au Musée national du Bardo à partir de janvier 2026, étape initialement prévue pour décembre prochain.

Les artefacts en question ont en effet été découverts grâce aux fouilles menées entre 1995 et 2007, sous la direction du chercheur tunisien Fathi Bejaoui. Ces pièces, principalement des sculptures et des instruments rituels, sont liées aux cultes religieux pratiqués dans les temples antiques de Zama. Elles font partie d’une vaste collection couvrant plusieurs périodes de l’histoire de la région, avant et après J.-C.

Les artefacts ont été restaurés dans les laboratoires du Parc archéologique du Colisée, avec la participation d’une équipe tunisienne. Une assurance internationale de 3,4 millions d’euros a été souscrite pour la protection des objets lors de leur transfert vers Rome.

Cette exposition s’inscrit dans le cadre de la coopération archéologique entre la Tunisie et l’Italie, renforcée par un accord signé en septembre 2024, visant à préserver et valoriser le site de Zama Regia. Un budget de 800 000 euros, alloué par la partie italienne sur quatre ans, soutient ce projet de réhabilitation.

Le partenariat bilatéral, entamé dans les années 1960, a été célébré en avril 2025 au musée du Bardo, à l’occasion des 60 ans des missions archéologiques communes entre la Tunisie et l’Italie.

D’après Tap.

Vidéo.

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Tunis célèbre les Journées de l’Inde et de Diwali

18. November 2025 um 12:29

L’ambassade de l’Inde à Tunis a organisé une réception à l’occasion des Journées de l’Inde et de Diwali, une fête symbolisant le triomphe de la lumière, du savoir et de l’espoir, le samedi 15 novembre 2025, à l’hôtel Golden Carthage, La Marsa.

Cet événement, organisé en collaboration avec l’Association d’amitié tuniso-indienne (Tifa) et la Consule honoraire de Tunisie à Bengaluru, Shabeena Sultana, a été marquée par la présence de Slim Ghariani, directeur général pour l’Asie au ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, et Hatem Landoulsi, directeur général des Organisations et des Conférences internationales au même département

Dr Devyani Uttam Khobragade, l’ambassadrice de l’Inde en Tunisie, a souligné, dans son discours de bienvenue, la chaleur et la confiance qui caractérisent les relations civilisationnelles, historiques et culturelles entre l’Inde et la Tunisie. Elle a aussi fait remarquer que les Journées de l’Inde reflètent le dynamisme et le progrès de l’Inde moderne, tout en soulignant l’approfondissement du partenariat entre l’Inde et la Tunisie, fondé sur des valeurs partagées, les échanges culturels et une coopération croissante.

Jamel Boujdaria, le président de la Tifa, s’est dit convaincu que les relations tuniso-indiennes se développeraient davantage, ajoutant que la célébration de la Journée de l’Inde et de Diwali va renforcer les liens culturels, humains et économiques entre les deux pays et invitant les participants à rejoindre la Tifa et à proposer des idées pour les activités futures.

Mettant en avant le riche patrimoine et le fort potentiel partagés par la Tunisie et l’Inde, M. Boujdaria a appelé à bâtir des ponts durables entre les deux peuples.

La célébration a débuté par l’allumage rituel des lampes de Diwali, symbolisant le triomphe de la lumière et de l’optimisme. Une séance de méditation apaisante, instaurant une atmosphère sereine, a également eu lieu.

Les invités ont ensuite apprécié une gracieuse représentation de danse classique interprétée par l’artiste tunisienne Maha Gaida, lauréate du concours «Bharat Ko Janiye» (Connaître l’Inde). Un court-métrage intitulé ‘‘Incredible India’’ a ensuite été projeté, offrant un aperçu de la beauté et de la diversité du pays.

Le programme s’est poursuivi avec un défilé de costumes et de vêtements traditionnels indo-tunisiens, notamment des saris de Bénarès, des saris Canjivaram, des pocham pallis jaunes et des salwar kameez, mettant en valeur l’élégance et la créativité qui ont forcé l’admiration du public.

L’ambassade avait également aménagé un espace dédié à la dégustation de quatre thés provenant des États d’Assam et du Bengale-Occidental et la célébration s’est conclue par un dîner-buffet proposant une variété de spécialités indiennes.

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Hichem Skik ou la modération comme arme de lutte

18. November 2025 um 11:58

Dans son livre ‘‘Écrits pour la liberté et le progrès’’, publié par les éditions Nirvana en 2025, Hichem Skik rassemble ses articles publiés en français dans le journal Attarik Al Jadid entre 2001 et 2014, date de la disparition de ce journal d’opposition, porte-parole du Parti communiste tunisien (PCT), et de ses différentes évolutions et ouvertures (Mouvement Ettajdid, Parti Al Massar).

Mehdi Jendoubi *

De fait c’est le tome 2 d’un livre publié en 2021 par le même auteur et chez la même maison d’édition sous le titre ‘‘Kitaabaat ala attarik’’ (كتابات على الطريق), qui rassemble l’essentiel des articles d’opinion publiés en arabe dans le même journal, entre 1981, année de sa création, et 2014.

Avec ces deux ouvrages, Hichem Skik nous offre ses écrits journalistiques complets, soit 80 articles en arabe et 50 en français. Si cette pratique est bien ancrée en littérature, dans le journalisme, cette tradition est loin d’être assise en Tunisie.

Dans ses mémoires intitulées ‘‘Al-massira wal-massar’’ (le parcours et voie), publiées en 2022 en arabe aux éditions Dissonances, Ahmed Nejib Chebbi rapporte qu’à son arrivée à Paris en 1964, alors jeune étudiant, il a entendu parler d’un club d’étudiants communistes animé par un certain Hichem Skik. Ce témoignage m’est revenu à l’esprit en écoutant ce dernier, en 2024, lors d’une séance de lancement d’un des livres publiés dans la collection Mountada Ettajdid aux éditions Nirvana, dirigée par lui-même. Entre les deux dates, soixante années se sont écoulées, que d’eau a coulé sous les ponts ! Mais le militant politique est toujours fidèle au poste, celui d’un implacable agitateur d’idées.

Une tradition de prise de parole publique

Hichem Skik perpétue une tradition bien connue chez les élites tunisiennes depuis le début du vingtième siècle, où le journalisme d’opinion est investi par les militants de toutes obédiences, et transformé en terrain de combat et en arme de lutte.

La liste serait longue à établir depuis les journaux Ezzohra (1890-1959), Le Tunisien (1907-1912), L’Action tunisienne (1932-1988), dans sa phase militante avant l’indépendance, Er-Raï (1978 -1987), El Mawqef (1984-2011), et bien d’autres titres.

Nous avons plus que jamais besoin de rappeler cette soif de prise de parole publique qui a toujours animé nos élites, et au-delà les expériences personnelles de personnalités très différentes et même souvent opposées, dans des contextes historiques variés.

Il faut saisir le message fondamental, transmis comme une flamme éclairante, de génération en génération. Ceux qui détiennent le pouvoir, et l’imposent parfois par la force, ne peuvent pas avoir le monopole de la parole publique. Les idées ne peuvent pas être mises en prison, même si les personnes qui les portent peuvent être, elles, aux arrêts.

Si cela était valable avec des journaux papier qu’on pouvait facilement suspendre, que dire aujourd’hui avec les multiples outils de communication qu’offre le 21e siècle. Les idées ne peuvent être combattues que par des idées, une évidence certes, mais elle mériterait d’être rappelée aux oublieux.

D’une génération à une autre

Le militant nationaliste Tahar Sfar, dans son ‘‘Journal d’un exilé. Zarzis 1935’’, publié aux éditions Bouslama en 1960, a bien saisi ce fil d’Ariane entre des générations qui parfois s’ignorent ou s’opposent et se critiquent les unes les autres, mais contribuent toutes à une œuvre historique commune qui les dépasse : «Bach Hamba, Thaâlbi, M’hamed Ali, Habib Bourguiba et tous ceux de leurs groupes, ne nous apparaissent-ils pas dans cette échelle ascensionnelle, comme autant de points de repères qui en marquent les sinuosités et en décèlent le progrès constant.(…) Et ainsi dans le chemin de la vie, semé d’obstacles et de fossés, où les culbutes sont inévitables et nécessaires, où les retours en arrière sont parfois utiles, et les haltes fécondes, toutes les générations doivent tendre la main en un rang ininterrompu et compact ; et c’est cela qui donne la foi, le courage et la voie d’œuvrer. Sentir qu’on est soutenu et épaulé par les générations qui ont précédé, que les morts sont présents et vivent dans notre activité, qu’ils agissent avec nous au travers de nous, (…) c’est cela et rien que cela qui fait grand le travail humain, qui console de l’effort et de la peine, qui fait supporter le sacrifice et la privation et qui, en un mot, donne tout son prix et son plein sens à l’évolution, qui partout s’accomplit et nulle part ne s’achève » (pages 18-20) .

C’est aussi de ce message transgénérationnel que Hichem Skik est acteur et témoin, à travers ses écrits journalistiques, mais aussi à travers la collection qu’il dirige ‘‘Montada Ettajdid’’ riche de 11 titres, qui vise à faire connaître le «patrimoine de la pensée de la gauche tunisienne et internationale et de le diffuser dans la société et en particulier auprès des jeunes». Nous pouvons ne pas partager ses priorités, mais comment ne pas être saisi par sa forte conviction, par sa constance et par l’intelligence investie dans cette œuvre de vie !

La main tendue de Bourguiba en 1981

Il faut être disciple d’Elyssa, pour voir se dessiner un État dans une peau de bœuf selon la légende populaire. L’art de voir grand, quand tout semble petit, étroit et désespérant. L’œuvre journalistique de Hichem Skik, comme celle de ses compagnons de lutte, bien au-delà de son propre parti, est pétrie d’histoire et de rapports de forces, arrachée mot par mot et phrase par phrase à la vigilance d’une censure que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, eux qui ont entendu des journalistes traiter le président de la république après la révolution de «Tartour» («Tartempion»), sans être inquiétés. Avant 2011 des carrières et des vies ont été brisées pour moins que ça !

Il faut remonter aux années charnières de la fin de années 1970 et le début des années 1980, pour trouver les clés d’une nouvelle grammaire politique, dans laquelle s’inscrivent les ‘‘Écrits pour la liberté et le progrès’’, de Hichem Skik.

Le pouvoir personnel de Bourguiba, servi par un charisme indiscutable, par son rôle dominant dans la lutte nationale et par une vision réformiste de l’État et de la société, concrétisée dès les premières années de l’indépendance, encaisse échecs et défis : l’échec d’une politique économique résumée abusivement par le terme collectivisation, le fort courant «indépendantiste» au sein de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la centrale syndicale, qui débouchera sur la crise du «Jeudi noir» du 26 janvier 1978, qui voit s’effondrer la politique de «dialogue social» conçue par le premier ministre Hédi Nouira, l’attaque de Gafsa en 1980 menée par de jeunes tunisiens mobilisés et armés par la Libye et l’Algérie, ci-devant sœurs et voisines, une jeunesse de plus en plus en rupture avec le pouvoir et dont l’élite politisée est séduite par les idées de l’«extrême gauche» et de l’«islamisme politique», et une forte contestation estudiantine, et la maladie du président.

Affaibli, Bourguiba tend la main aux opposants et ouvre une nouvelle période politico-médiatique, qui fera l’objet de plusieurs études universitaires. Abdelkrim Hizaoui a étudié en profondeur le volet médiatique dans sa thèse intitulée ‘‘Le pluralisme de la presse en Tunisie, 1982’’). Larbi Chouikha a qualifié cette période d’«embellie» causée par la faiblesse du régime soucieux de renouveler sa légitimité, qu’il a analysé brillamment dans son ouvrage récent ‘‘Médias tunisiens. Le long chemin de l’émancipation (1956-2023)’’, publié par Nirvana éditions en 2024.

La modération comme arme de lutte

Les leaders du mouvement démocratique tunisien (Ahmed Mestiri, Ahmed Nejib Chebbi, Mohamed Harmel et d’autres), qui acceptent la main tendue de Bourguiba, jouent gros. Comment ne pas «perdre son âme» et une crédibilité chèrement acquise, parfois au prix de l’exil et de la prison, en faisant des compromis que d’autres considèrent comme une «compromission», de fait.

L’«opposition de décor» est une accusation à laquelle les plus vaillants opposants doivent alors faire face, et cela est d’autant plus dur à assumer que la confusion est facile à faire entre hommes politiques visionnaires qui feront de la modération et du compromis, même en cas de flagrant déséquilibre des forces, un choix politique réaliste et éthique – la politique étant l’art du possible – et qui n’hésiteront pas à accepter, conjoncturellement, d’assumer des responsabilités quand ils le jugent utile; et une armada d’ambitieux «fatigués de militantisme», qui n’hésitent pas à marchander un poste au «prix du marcher». Faire la part des choses, dans ce cas, n’est pas aisé.

Hichem Skik s’inscrit dans la tradition du PCT, qui a forgé le concept de «soutien critique» pour résumer sa position vis-à-vis de la politique conçue par le leader syndicaliste Ahmed Ben Salah, appelé par Bourguiba, dès le début des années soixante, à jouer un rôle très important au sommet de l’État et du Parti destourien au pouvoir.

Sans reprendre cette expression de manière explicite, elle est de fait mise en pratique entre les années 1980/2010, aussi bien sous Bourguiba, que sous Ben Ali. La «modération» est subtilement détournée en arme de combat. L’espace étroit et incertain permis par le pouvoir, qui fonctionne selon la logique incertaine des sables mouvants, sera donc le terrain de jeu imposé de l’action politique qui a généré les écrits journalistiques de Hichem Skik, qui est en charge au sein du bureau politique de son parti, de l’animation du journal Attariq Al Jadid, autorisé à paraître avec la levée d’interdiction du PCT en 1981, soit deux décennies après son interdiction en 1963.

«Mettre en mots la politique de son parti», s’exprimer à titre personnel quand l’actualité le permettait, motiver des collaborateurs non partisans à publier dans le journal du parti, relire et faire rectifier le tir des critiques de ses collaborateurs, faire vivre un journal avec très peu de moyens financiers (y compris en tenant compte des subsides que l’État pouvait fournir à quelques journaux) et surtout éviter de tomber sous le coup d’une interdiction à paraître (car continuer à exister est une performance en soi), ont constitué pour de longues années une des multiples facettes de la vie politique de Hichem Skik.

Résister par les mots

Au fil des textes de ce corpus des 130 ‘‘Écrits pour la liberté et le progrès’’, réédités pour la partie en arabe en 2021 et pour la partie en français en 2025, une pensée politique, née sous la pression de l’action se dessine, qui fera l’objet les prochaines années de longues études et recherches pour tous ceux qui s’intéresseront à l’histoire de la pensée politique en action, en Tunisie.

Bien servie par les subtilités stylistiques d’un spécialiste de littérature, doublé d’un chercheur en linguistique et par un militant qui n’a jamais rompu avec son parti depuis sa première adhésion en 1963 «en réaction à l’interdiction du parti», comme cela a été le choix de bien d’autres intellectuels, même s’il reconnaît être passé par «une longue éclipse, motivée par mon désaccord avec la ligne du parti, particulièrement timide avec le régime dans les années 1990», comme il l’écrit dans l’introduction de son livre.

Les thèmes et les analyses qui y sont abordés sont certes importants, mais plus encore c’est cet art d’arracher par la pensée, le droit d’exister politiquement, quand tout ou presque, joue contre vous et que toute personne «sensée» est tentée de s’installer confortablement dans un fauteuil face à la télévision. Résister par des mots peut déstabiliser ton adversaire. Belle leçon que nous donne Hichem Skik.

* Universitaire.

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Qui veut entraîner la Pologne dans la guerre russo-ukrainienne ?

18. November 2025 um 09:52

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, la Pologne, membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) et de l’Union européenne (UE), est devenue la principale plaque tournante de l’aide militaire et humanitaire à son voisin ukrainien, ce qui en fait une cible pour les saboteurs qui chercherait à l’impliquer dans la guerre russo-ukrainienne…

Habib Glenza

Après la destruction à l’explosif dans le centre de la Pologne d’une portion de voie ferrée sur une ligne cruciale pour le transport de passagers, d’armes et de marchandises vers l’Ukraine, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a écrit sur X, lundi 17 novembre 2025, après s’être rendu sur le lieu de l’incident à Mika, à 100 km au sud-est de Varsovie : «Faire exploser une voie ferrée est un acte de sabotage sans précédent visant la sécurité de l’État polonais et de ses citoyens».      

Le parquet a ouvert une enquête pour «sabotage à caractère terroriste», selon un communiqué publié au lendemain de la découverte des dégâts sur cette voie ferrée transportant des approvisionnements vers l’Ukraine, qui lutte contre l’invasion russe 

Utilisée quotidiennement par 115 trains différents, la voie sabotée est aussi d’une importance cruciale pour acheminer l’aide vers l’Ukraine, a cru devoir rappeler le, estimant que l’atteinte à cette portion de voie «visait probablement à faire dérailler un train», ce qui a pu être évité grâce à la vigilance d’un conducteur qui a repéré les dommages et sonné l’alarme à temps. Personne n’a été blessé.                     

A qui profite le crime ?

Le ministre de l’Intérieur, Maciej Kierwinski, a précisé à la presse que l’explosion a été déclenchée via un câble dont un fragment a été retrouvé sur place. Il a évoqué aussi deux autres incidents signalés depuis sur la même ligne ferroviaire, sujette désormais à des analyses. Selon lui, un caténaire a été endommagé sur quelques dizaines de mètres, à proximité de la ville de Pulawy, ce qui a provoqué l’immobilisation d’un train, et quelques centaines de mètres plus loin, «un collier» a été posé sur un des rails, mais sans provoquer d’accident.

Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a déclaré, lundi, à Bruxelles, que l’Alliance restait «en contact étroit avec les autorités polonaises» sur ce sujet, en attendant les résultats d’une enquête, lancée immédiatement par les services polonais.

De son côté, le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a exprimé sa «solidarité avec la Pologne amie» et promis l’aide ukrainienne à l’enquête en cours «si nécessaire». Selon lui, il pourrait s’agir d’une «autre attaque hybride de la Russie – pour tester les réactions»

Une autre piste doit être également examinée : et si les va-en-guerre européens, sentant la fin du conflit russo-ukrainien tourner à l’avantage des Russes, cherchent-ils à entraîner la Pologne et, par ricochet l’Otan, dans ce conflit ? 

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Un trou de 11 milliards d’euros pèse sur l’avenir de Volkswagen

18. November 2025 um 08:53

Entre janvier et juin 2024, Volkswagen a ouvert 81 procédures disciplinaires contre ses propres employés pour vol ou fraude, affirme Autobild. Mais derrière ces chiffres inquiétants se cache une affaire spectaculaire : un réseau de six hommes, tous liés à la marque allemande, a détourné des pièces automobiles d’une valeur dépassant un million d’euros depuis le centre logistique de Harvesse, en Basse-Saxe.

Habib Glenza

Pour ne rien arranger, Volkswagen fait face à un défi financier majeur avec un déficit de 11 milliards d’euros. Le report de son plan d’investissements pourrait impacter ses usines et modèles. Pourtant, il n’y a pas longtemps, tout semblait suivre un plan clair. Les jalons, les budgets, les lancements… Mais à Wolfsburg, siège de la société, la validation du plan d’investissements pluriannuel a été reportée.

Une réunion de planification prévue en novembre n’a pas eu lieu comme annoncé, et aucune nouvelle date n’a filtré. Le Conseil de surveillance n’a pas tranché. La planification des nouveaux modèles reste en attente. Car au fond, l’enjeu dépasse un simple calendrier.

Une situation financière qui reste à clarifier

Le groupe et son organe de contrôle ont repoussé la décision sur un paquet d’investissements de plusieurs milliards d’euros. Ce report pèsera sur la stratégie des prochains modèles et sur les injections de capitaux dans près de 100 usines dans le monde. La décision pourrait encore être repoussée. La situation financière doit d’abord être clarifiée, rapporte la presse spécialisée.

Conséquence immédiate, sans budgets fermes, les fournisseurs ne planifient pas. Des programmes de développement se sont déjà ralentis. Des chantiers de conversion d’usines sont remis en question. L’usine Audi aux Etats Unis est jugée presque irréalisable. L’avenir des sites de Dresde et d’Osnabrück reste flou.

D’après plusieurs médias, un déficit de financement d’environ 11 milliards d’euros serait attendu l’an prochain. Les causes s’accumulent. L’augmentation du prix des énergies, la hausse de coût de la main d’œuvre,  les charges de droits de douane à l’export vers les Etats-Unis qui se chiffrent en millions d’euros par semaine, la prolongation de la vie des moteurs à combustion qui exige des investissements plus lourds. La totale, quoi, alors que les ventes de véhicules électriques ne sont pas au niveau visé, ce qui pousse Porsche à remettre des milliards dans de nouveaux modèles thermiques et bousculer la planification chez Audi.

Suppression de 35 000 postes d’ici 2030

Pour les cinq prochaines années, des investissements globaux d’environ 160 milliards d’euros restent programmés, mais chaque marque défend son enveloppe. Une réunion importante en décembre pourrait apporter des éclaircissements, disent des décideurs de Volkswagen. D’autres évoquent un report possible jusqu’au printemps. 

Sur le front social, l’entreprise et le syndicat ont avancé de sept semaines les discussions sur un nouveau système de rémunération. L’objectif est de réduire l’enveloppe globale de 6 %, dans un programme qui vise 35 000 suppressions de postes d’ici 2030 et environ 1,5 milliard d’euros d’économies par an. Des bonus ont déjà été supprimés et des hausses gelées. Et la communication officielle reste prudente. «Important à savoir : dans les prochaines semaines et les prochains mois, il n’y aura pas de résultats concrets, car l’élaboration et la coordination des contenus demandent du temps. Il n’y aura pas non plus de points d’étape communiqués dans un avenir prévisible», indique Volkswagen, laissant transparaître les hésitations actuelles du management.

L’Europe se tire une balle dans le pied

Qui aurait cru que les fabricants allemands, notamment le groupe Volkswagen, seraient en difficulté en raison de la décision insensée de boycotter une énergie russe bon marché au profit d’une énergie américaine qui coûte 3-4 fois plus chère ? Cette décision prise par des politiciens européens va-t-en-guerre a rendu les voitures européennes non compétitives sur les marchés mondiaux de l’automobile, faisant ainsi l’affaire des constructeurs asiatiques qui continuent de pousser leur avantage y compris sur le marché européen. 

Ces décisions insensées et d’autres prises par l’EU prouvent clairement que les Européens sont soumis au diktat des Américains qui, en guise de remerciements, les taxent de 15% de droits de douane.

Les seuls bénéficiaires du conflit russo-ukrainien sont indiscutablement les Etats-Unis et la Chine. Les Etats-Unis qui vendent plus d’armement et de l’énergie chère. La Chine achète du gaz russe à prix très bas.

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