Aïe … 1,5 million de litres d’eau. C’est notre chiffre du jour. Et c’est la quantité d’eau qu’utilise, par jour, un centre de données moyen. Une consommation énergétique qui donne le tournis.
Chaque jour, l’intelligence artificielle générative engloutit autant d’énergie que 1,5 million de foyers américains. À mesure que ChatGPT, Gemini ou Claude gagnent en puissance et en popularité, leur appétit en électricité, en eau et en ressources matérielles explose. Un modèle de développement par la consommation énergétique qui interroge directement notre capacité à concilier innovation technologique et urgence climatique, s’indigne le site français humanite.fr.
Des besoins énergétiques qui s’emballent
En effet, selon une étude conjointe des universités du Rhode Island et de Tunis*, une requête à ChatGPT-5 consomme entre 18 et 20 wattheures (Wh); contre 3 Wh pour ChatGPT-3 et 0,2 Wh pour une simple recherche Google. Or, avec 2,5 milliards de requêtes quotidiennes, l’empreinte énergétique du chatbot équivaut à la consommation journalière de 1,5 million de foyers américains – des ménages déjà deux fois plus énergivores que les foyers français.
Résultat : en France, les centres de données représentent désormais 10 % de la consommation nationale d’électricité, contre 2 % il y a trois ans.
Une soif d’eau tout aussi préoccupante
L’électricité n’est qu’une partie du problème. Le refroidissement des serveurs, désormais réalisé à l’eau plutôt qu’à l’air, fait exploser la consommation hydrique. Un centre de données moyen utilise jusqu’à 1,5 million de litres d’eau par jour, soit l’équivalent de 13 000 foyers. Avec plus de 300 data centers en France et 5 000 aux États-Unis, le calcul donne le vertige.
La fabrication des puces aggrave encore le bilan. Le géant taïwanais TSMC, principal fournisseur mondial de semi-conducteurs, consomme 150 000 tonnes d’eau par jour, soit plus de 10 % de la ressource de l’île. Et chaque puce mobilise près de 80 métaux différents, en concurrence directe avec d’autres filières de la transition énergétique, comme la production d’éoliennes.
Une logique incompatible avec les objectifs climatiques
« L’IA demande toujours plus de tout : de données, de puissance de calcul, d’énergie. C’est une logique incompatible avec les exigences climatiques », résume Alex de Vries, chercheur à l’université d’Amsterdam et auteur du site Digiconomist.
Le constat est partagé par de nombreuses institutions, du MIT à l’université de Tunis. Tous pointent le manque de transparence des géants du numérique, qui minimisent dans leurs rapports officiels leur véritable empreinte carbone. Selon The Guardian, les émissions réelles des data centers des Big Tech seraient jusqu’à 662 % supérieures aux chiffres déclarés.
Vers une crise énergétique du numérique ?
La course aux processeurs de plus en plus puissants, menée notamment par Nvidia, alimente une spirale difficile à freiner. « Avec l’IA générative, on touche du doigt les limites planétaires », alerte une source syndicale chez Microsoft. Aux Pays-Bas, faute d’énergie disponible, de nouveaux centres de données ne peuvent plus être construits.
Malgré les investissements massifs des GAFAM (Google, Apple, Amazone, Facebook et Microsoft) dans le nucléaire, la production d’énergie ne suit plus leurs besoins. D’où l’appel lancé par le think tank The Shift Project à un grand débat démocratique sur la planification numérique :
« Faut-il vraiment mettre de l’IA partout ? Cela en vaut-il le coup ? »
« Nous devons collectivement choisir : veut-on des puces pour entraîner ChatGPT ou pour construire des éoliennes ? De l’électricité pour les data centers ou pour électrifier les transports ? »
Le débat est lancé, mais il est difficile d’imaginer un seul instant que les géants technologiques vont arrêter leur course folle à la puissance des puces électroniques. Mais qui sait!
————————-
Nous avons cherché en vain à contacter l’Université de Tunis pour en savoir davantage sur cette étude à laquelle elle collaboré avec l’Université de Rhode Island.
L’article IA générative : une consommation énergétique équivalente à celle de 1,5 million de foyers par jour est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.