Le Conseil national des régions et des districts a tenu, vendredi, une séance plénière consacrée à la présentation de la stratégie de travail et des projets du ministère des affaires culturelles. Cette séance s’est déroulée en présence de la ministre Amina Srarfi, qui a présenté le plan d’action de son département ainsi que les principaux projets en cours de réalisation.
Au début de la séance, Imed Derbali, président du Conseil national des régions et des districts, a souligné que la réforme du secteur culturel nécessite une collaboration étroite avec et entre tous les acteurs du secteur afin d’élaborer des projets culturels qui reposent sur la culture de citoyenneté, de liberté et de justice, et sont capables de contrer toute forme d’aliénation intellectuelle et d’extrémisme qui étouffent la pensée libre et menacent la créativité.
Dans son intervention, la ministre a passé en revue les principaux points de sa stratégie à savoir le renforcement de la diplomatie culturelle, l’amélioration du climat des affaires, le développement du système de gouvernance et de financement, la réforme culturelle, ainsi que la promotion de la participation communautaire.
Soutien aux projets culturels et réduction des disparités entre les régions
Elle a annoncé dans ce contexte que le ministère prévoit de supprimer certaines autorisations administratives et de remplacer par des cahiers des charges, afin de faciliter le lancement de projets culturels, en particulier pour les jeunes et les initiatives à l’échelle régionale. Elle a également évoqué une révision des cahiers des charges pour les adapter aux transformations numériques et professionnelles, dans un souci de transparence et d’égalité des chances.
En ce qui concerne l’encouragement de l’investissement, la ministre a indiqué que des efforts sont déployés pour unifier la classification des activités culturelles et créatives dans le système national, afin de faciliter la création de projets. Elle a aussi souligné le développement d’un guichet unique pour la production cinématographique, visant à raccourcir les délais et à simplifier les procédures, renforçant ainsi l’attractivité de la Tunisie en tant que destination de tournage.
Une plateforme numérique sera lancée pour gérer les subventions publiques, améliorer la gouvernance, accélérer le traitement des dossiers, et garantir une répartition équitable des ressources. Des mécanismes plus souples d’accès au financement seront également mis en place.
La ministre a ajouté que le champ d’intervention du Fonds d’encouragement à la création littéraire et artistique sera élargi pour englober entre autres les entreprises privées ce qui permettra de soutenir les projets émergents et de créer des emplois. L’accent sera mis également sur l’élargissement du champs d’intervention du Fonds de garantie des industries culturelles (FGIC) afin de faciliter l’accès au crédit bancaire et réduire les risques d’investissement dans ce secteur.
L’objectif global de ces différentes mesures est de contribuer à la structuration d’un tissu économique dynamique, fondé sur l’initiative et l’innovation, en diversifiant les sources de financement, en renforçant la décentralisation et en créant un environnement propice à l’investissement culturel.
Protection du patrimoine, un axe prioritaire
Le patrimoine constitue l’un des axes prioritaires du ministère. A cet égard, Amina Srarfi a consacré un volet de son intervention à la protection, conservation et pérennité de ce domaine, abordant les mesures destinées à préserver le patrimoine national, à le valoriser et à assurer la pérennité des services culturels, à travers divers projets alliant technologies modernes, énergies renouvelables, amélioration des infrastructures, et réforme du cadre juridique pour répondre aux défis de l’heure.
Elle a précisé que le ministère a élaboré une feuille de route qui devrait être finalisée d’ici fin 2025. Celle-ci comprend notamment l’achèvement du projet d’auto-assurance dans les monuments, sites et musées ouverts au public, dont le taux d’avancement a atteint 71 %, pour un coût d’environ 17 millions de dinars. Elle a également évoqué la poursuite du projet de restauration et de numérisation des collections artistiques dans les domaines des arts plastiques et du cinéma.
Concernant la documentation du patrimoine, 80 % des pièces archéologiques ont été inventoriées à l’aide d’un système informatique avancé. Le processus devrait s’achever d’ici fin juillet 2025.
Dans le cadre de la transition énergétique, un projet d’installation de systèmes solaires dans 34 institutions culturelles (sites archéologiques, musées, maisons de culture, centres artistiques) a été lancé, avec une échéance fixée à l’année 2026.
Quant à la réforme du cadre légal relatif à la protection du patrimoine, la ministre a indiqué que la révision du Code de protection du patrimoine est en cours, avec un taux d’avancement de 40 %, pour le mettre en conformité avec les standards internationaux.
Gouvernance et gestion des financements
S’agissant de la gouvernance des ressources du ministère, Amina Srarfi a évoqué l’élaboration d’un programme de restructuration organisationnelle et de transition numérique globale, destiné à accroître l’efficience des politiques culturelles, améliorer la répartition des ressources et promouvoir la qualité des services.
Elle a notamment mentionné la création d’un nouvel établissement public pour gérer et animer la Cité de la culture selon des standards modernes. Un texte juridique en ce sens a été rédigé et devrait être soumis en septembre 2025.
Par ailleurs, le ministère prévoit la création de l’Office national du patrimoine, un établissement public unique appelé à remplacer trois institutions actuelles intervenant dans ce domaine. Cet office assurera la gestion et la valorisation des sites et monuments historiques, ce qui permettra de développer ses ressources propres et d’améliorer l’impact de ses actions. Le dossier de restructuration du secteur du patrimoine est prêt et devrait être soumis au gouvernement à la fin du mois de juin courant, selon la ministre.
Par ailleurs, un projet de numérisation des bibliothèques publiques est également en cours, pour un coût estimé à 470 000 dinars. Une phase pilote sera lancée dans quatre bibliothèques situées au Kef, à Médenine, à Gafsa et à Kasserine.
En ce qui concerne les droits d’auteur et des droits voisins, elle a mentionné que l’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits voisins (OTDAV) deviendra une autorité de régulation, chargée d’un rôle d’encadrement et d’accompagnement technique pour les institutions indépendantes.
Par ailleurs, une révision en profondeur du système de subvention publique est également prévue, avec de nouvelles approches à définir.
Les manifestations culturelles et artistiques a constitué le dernier volet de l’intervention de la ministre, qui a évoqué la mise en place d’une carte nationale des festivals. Cette carte visera à classer les événements selon des critères tenant compte de l’équilibre géographique et de la diversité des contenus, afin de gérer efficacement les subventions publiques et de valoriser les événements à forte valeur ajoutée.
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