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La lutte contre la migration irrégulière dépasse les capacités d’un seul pays

01. April 2025 um 10:10

Le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, a plaidé, lundi 31 mars 2025, à Londres, en faveur d’une coopération internationale renforcée pour lutter contre la migration irrégulière. Parce que ce phénomène dépasse les capacités d’un seul pays, même doté de ressources suffisantes.

Selon un communiqué publié à l’issue de sa participation au Sommet sur la sécurité frontalière consacré à la criminalité organisée liée à la migration, le ministre a souligné que ce phénomène dépasse les capacités d’un seul pays, même doté de ressources suffisantes, et qu’une approche fondée sur le partenariat et le partage des responsabilités est indispensable pour y faire face, dans le respect des droits de l’Homme et des conventions internationales.

Selon lui, cette approche doit combiner la répression des crimes liés à la migration irrégulière – tels que les flux financiers illicites – et la lutte contre ses causes structurelles, notamment les disparités de développement entre pays d’origine et pays de destination.

En marge du sommet, Khaled Nouri s’est entretenu avec les ministres de l’Intérieur du Royaume-Uni, de l’Italie, de l’Irak, de l’Autriche, de la France et du Nigeria, ainsi qu’avec le secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères.

Organisé par le Royaume-Uni, ce sommet réunit 46 pays, ainsi que des organisations régionales et internationales, telles que l’Union européenne, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), et des représentants des réseaux sociaux X, Meta et TikTok.

L’événement vise à renforcer les mécanismes de coopération contre la migration irrégulière et la criminalité

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Ligue des Champions | Miguel Cardoso change de banc, mais changerait-il de tactique ?

01. April 2025 um 09:50

Miguel Cardoso, l’entraîneur principal des Mamelodi Sundowns, espère avoir en face, ce mardi 1er avril 2025, une équipe de l’Espérance de Tunis ayant conservé la même identité qu’il a laissée avant de rejoindre le club sud-africain.

Cardoso s’exprimait depuis le camp d’entraînement de son club à Johannesburg, avant le choc palpitant de mardi après-midi au stade Loftus, à Pretoria, en Afrique du Sud, contre son ancienne équipe en quarts de finale de la Ligue des champions CAF TotalEnergies à Pretoria.

L’entraîneur portugais était à la tête du club tunisien lorsqu’il a éliminé son équipe actuelle, la saison dernière en demi-finale de la même compétition, s’imposant 1-0 sur l’ensemble des deux matchs.

Les Espérantistes  reprochaient à Cardoso son jeu trop défensif, en rupture avec l’identité du club «Sang et Or», souvent porté sur l’offensive. Avec Sundowns, il semble avoir retenu la leçon en respectant le tempérament offensif des joueurs sud-africains, qui marquent beaucoup de buts, mais en encaissent aussi souvent, les arrières latéraux ayant tendance à monter souvent en attaque.    

Désormais chez les champions d’Afrique du Sud, l’ancien patron de l’Espérance espère aider son équipe actuelle à obtenir sa revanche, à l’issue des deux manches palpitantes prévues les 1er et 8 avril 2025.

«L’équipe a changé depuis notre départ. De nouveaux joueurs sont arrivés, ce qui la rend différente de celle que Sundowns a affrontée l’an dernier, tant au niveau des joueurs que du style de jeu», a averti Cardoso.

«Plusieurs mois se sont écoulés, deux entraîneurs sont arrivés après moi à l’Espérance et ce nouvel entraîneur apportera bien sûr une touche de nouveauté à l’équipe, mais nous attendons de l’Espérance qu’elle reste fidèle à son identité. C’est un club avec une identité propre, un style de jeu et un système de jeu bien définis. Nous devrons nous préparer comme pour un quart de finale, en nous positionnant correctement, tout en étant attentifs à leur capacité offensive», a déclaré Cardoso.

Commentant les chances de son club de se qualifier pour le tour suivant, l’entraîneur de 52 ans a souligné que le match de ce mardi devrait être considéré comme une première mi-temps, la phase à élimination directe se déroulant en deux matches aller-retour difficiles.

«Ces matchs ne durent pas 90 minutes. Ce n’est que la première mi-temps, et nous devons comprendre que, quoi qu’il arrive demain, il reste encore 90 minutes à jouer et que c’est l’issue de ces deux matchs qui déterminera la qualification», a conclu l’entraîneur.

I. B. (avec CAF Online).

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Ligue des champions | L’Espérance espère battre de nouveau Sundowns  

01. April 2025 um 09:25

L’Espérance sportive de Tunis (EST) jouera ce mardi 1er avril 2025 à 14 heures (heure tunisienne) au stade Loftus, à Pretoria, en Afrique du Sud, le match aller des quarts de finale de la Ligue des champions CAF TotalEnergies contre les Mamelodi Sundowns. Les Tunisois doivent  oublier leur victoire en demi-finale de la saison dernière contre le même adversaire, estime leur entraîneur Maher Kanzari, appelé récemment à la rescousse.

Les Espérantistes ont dominé leurs adversaires sur l’ensemble des deux matchs la saison dernière. Après leur avoir concédé un match nul 0-0 à Tunis, ils sont allés les surprendre 1-0 lors de la manche retour en Afrique du Sud, validant leur ticket pour la finale, perdue contre Al-Ahly d’Egypte.

Récemment nommé à la tête du club tunisois, Kanzari sera sur le banc de l’Espérance pour la toute première fois. Il s’est exprimé en prélude à ce choc crucial face à des Sundowns déterminés à obtenir un deuxième titre continental qui leur échappe depuis leur succès de 2016.

«Chaque match et chaque saison sont différents, nous ne pouvons donc pas nous focaliser sur le passé. Nous devons nous concentrer sur le moment présent. Certes, nous les avons battus la saison dernière en demi-finale, mais c’est désormais du passé», a averti l’entraîneur.

Kanzari, qui fait son retour au club après un précédent passage en 2013, espère aider la génération actuelle à écrire sa propre histoire.

«L’accent est mis sur le présent et les joueurs actuels. Nous devons nous concentrer sur la situation actuelle et sur les Sundowns actuels. Nous ne nous attardons pas sur le passé, car le football est une affaire du présent. Nous écrirons donc notre histoire aujourd’hui», a déclaré Kanzari, serein.

L’Espérance, quadruple championne d’Afrique, aborde cette rencontre aller-retour avec un léger avantage, puisqu’ils affrontent les Sud-Africains à l’extérieur avant le match retour une semaine plus tard à Tunis.

Les Tunisiens défieront une équipe entraînée par leur ancien entraîneur, Miguel Cardoso, qui a rejoint les Sundowns après avoir offert au géant tunisien une médaille d’argent la saison  dernière en Ligue des champions CAF TotalEnergies.

D’après CAF Online.

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L’Amérique à l’heure du maccarthysme anti-palestinien

01. April 2025 um 08:25

L’Histoire est un éternel recommencement. Le maccarthysme a été une chasse aux sorcières contre tous ceux qui étaient considérés à tort ou à raison comme des communistes aux États-Unis. Soixante-quinze ans plus tard, c’est un maccarthysme anti-palestinien qui prévaut. Les arrestations musclées d’étudiants et de doctorants qui soutiennent ouvertement la cause palestinienne et spécifiquement les Gazaouis qui subissent l’interminable génocide perpétré par Israël se multiplient et inquiètent les milieux intellectuels et la presse libérale qui estiment à juste titre que ces pratiques ternissent la réputation de l’Amérique et impactent sur son influence et son leadership. 

Imed Bahri

Le comité éditorial du Washington Post a averti que l’hostilité du président Donald Trump envers les étrangers notamment les étudiants et les chercheurs n’est pas bénéfique pour l’Amérique et a considéré que l’administration actuelle affaiblit l’attractivité du pays pour attirer les meilleurs esprits à étudier aux États-Unis. 

Le comité éditorial du WP a indiqué que Rumeysa Ozturk, doctorante à l’Université Tufts, qui a été enlevée en pleine rue la semaine dernière par des agents fédéraux masqués à Boston et transportée dans un centre de détention en Louisiane ne sera pas la dernière étudiante à être traitée de la sorte.

Le WP rappelle que le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré avoir révoqué plus de 300 visas d’étudiants étrangers simplement en raison de leur implication dans des activités pro-palestiniennes pendant leurs études.

L’objectif semble être d’instiller la peur

«Nous vous avons donné un visa pour étudier et obtenir un diplôme universitaire pas pour devenir des activistes sociaux qui saccagent nos campus», a déclaré Rubio jeudi. L’année dernière, Ozturk a co-écrit un éditorial pour un journal étudiant critiquant l’Université Tufts pour avoir rejeté une résolution du conseil étudiant qui décrivait la situation à Gaza comme un génocide.

Trois autres étudiants ont écrit leur nom sur l’éditorial tandis que 32 étudiants l’ont approuvé. Cela a incité le Département de la Sécurité intérieure à justifier l’arrestation d’Ozturk en affirmant qu’elle était «impliquée dans des activités de soutien au Hamas» sans fournir aucun détail. Apparemment, considérer que les Gazaouis subissent un génocide relève du soutien au Hamas pour l’administration Trump! 

Ozturk a été kidnappée mardi alors qu’elle allait prendre son petit-déjeuner et les caméras de surveillance ont capturé ce qui semblait être un moment choquant alors que des agents en civil la poussaient vers une voiture qui l’attendait. Il n’y a aucune preuve qu’elle ait des antécédents de violence alors pourquoi le Département de la Sécurité intérieure ne lui a-t-il pas envoyé une lettre lui disant que son visa avait été révoqué et qu’elle avait 30 jours pour quitter le pays? Pour le WP, l’objectif semble être d’instiller la peur. 

Cette mesure de l’administration Trump affaiblit l’attrait de l’Amérique pour de nombreux jeunes parmi les meilleurs et les plus brillants du monde qui souhaitent visiter ou étudier aux États-Unis, peut-être pour vivre le rêve américain ou goûter à la sauce secrète de l’Amérique avant de rentrer chez eux. Ils peuvent utiliser leur expertise pour s’enrichir ou pour soutenir la société civile dans leur pays d’origine. En écrasant ces ambitions, Trump affaiblit le leadership mondial de l’Amérique.

Le comité éditorial du WP compare l’arrestation d’Ozturk à la tendance à l’autoritarisme dans sa Turquie natale suite à l’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu et aux manifestations qui ont éclaté pour le soutenir.

Le journal américain a rappelé qu’un correspondant de la BBC a été expulsé de Turquie au motif qu’il représentait une «menace pour l’ordre public» mais que les États-Unis ne peuvent donc plus condamner l’expulsion du journaliste britannique car ils ont perdu leur crédibilité puisqu’ils harcèlent eux-mêmes leurs propres visiteurs.

Ozturk est une boursière Fulbright qui prépare un doctorat consacré à l’enfance et au développement humain. Elle peut bien évidemment poursuivre ses études dans de nombreux autres pays mais ce qui rend les études en Amérique attrayants, c’est la possibilité de s’immerger dans sa riche culture qui comprend une histoire mouvementée de manifestations sur les campus et sa liberté d’expression.

Le comité éditorial du WP estime que les opinions d’Ozturk sur le Moyen-Orient sont peut-être erronées mais qu’elle a le droit de les exprimer sans craindre de perdre sa chance d’étudier aux États-Unis. Dans ses remarques aux journalistes, Rubio a déclaré que les États-Unis ne délivreraient pas de visas aux étudiants qui voulaient «causer des problèmes». Certes, personne ne souhaite que des extrémistes violents ou des terroristes entrent dans le pays mais il y a une différence entre les paroles et les actes.

Le harcèlement de visiteurs étrangers

L’article co-écrit par Ozturk n’incitait pas à la violence. Cependant, son arrestation s’inscrit dans une tendance croissante et dans un nombre croissant de signalements de harcèlement de visiteurs étrangers aux points d’entrée aux États-Unis. Les agents des douanes et de la protection des frontières exigent que les téléphones portables des individus soient vérifiés avant de les autoriser à entrer dans le pays. Tous les passagers sont soumis à une inspection. Bien que ce pouvoir n’ait pas toujours été utilisé avec une telle fréquence.

L’année dernière, moins de 0,01% des passagers internationaux à l’arrivée ont été contrôlés. Ce pourcentage semble être en hausse aujourd’hui.

Il existe deux types de fouilles qu’un agent des frontières peut effectuer sur des appareils électroniques ou bien lors d’une fouille de base, l’agent scanne manuellement le téléphone d’une personne à la recherche d’éventuels signaux d’alarme ou bien lors d’une inspection avancée, le contenu du téléphone est téléchargé et placé dans une base de données consultable. Pour justifier le deuxième type, les agents doivent avoir des motifs raisonnables de soupçonner une violation de la loi et l’approbation de leurs supérieurs.

Le WP considère que les États-Unis ne devraient pas chercher à faire fuir les visiteurs étrangers et rappelle que leur séjour sur le sol américain est souvent bénéfique aussi bien pour eux que pour le pays.

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Rencontre à Paris | «Réformes économiques et inclusion sociale en Tunisie»

01. April 2025 um 07:51

Le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) organisé une conférence-débat sur le thème «Crise budgétaire et dette publique : Quelles alternatives durables et respectueuses des droits humains ?», et ce dans le cadre du cycle Liquaet intitulé «Réformes économiques et inclusion sociale en Tunisie».

La rencontre-débat se tiendra le mercredi 9 avril 2025 à 19heures au Maltais Rouge (40, rue de Malte, Paris 11e, métro République).

Deux interventions sont au programme de cette rencontre modérée par Khadija Finan : Hamza Meddeb, expert en économie politique, et Mikhael Ayari, analyste senior.

Face à l’aggravation de la crise économique et sociale en Tunisie, cette conférence explore des alternatives durables fondées sur le respect des droits humains et la justice sociale. Elle s’adresse aux acteurs indépendants, aux citoyennes et citoyens engagé-e-s dans la défense des libertés, pour un changement démocratique en rupture avec les approches autoritaires et les politiques néolibérales aux conséquences sociales dramatiques.

Liquaet propose une série de rencontres et de débats thématiques pour aborder les défis majeurs auxquels la Tunisie fait face dans un contexte de crise économique, sociale et institutionnelle. Axé sur des thématiques stratégiques telles que les réformes économiques, l’équité sociale et l’impact du populisme, ce cycle a pour objectif de créer un espace de dialogue constructif fondé sur les droits humains et les principes démocratiques.

Il s’git de croiser les perspectives, de formuler des recommandations concrètes, de renforcer le dialogue national et de promouvoir des politiques justes, équitables et durables.

Inscription obligatoire avant le 6 avril 2025 via ce lien.  

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‘‘Marseille 73’’ | Le cri muet d’une ville sous les balles

01. April 2025 um 07:05

L’histoire de ‘‘Marseille 73’’ (éd. Les Arènes, France) est un drame insoutenable, une tragédie silencieuse qui hante la mémoire de la ville et de la France. Dominique Manotti, avec sa plume sèche et implacable, plonge le lecteur dans l’abîme d’un passé douloureux, un passé où les balles de la haine frappaient sans distinction, abattant des hommes, des femmes, des enfants, simplement en raison de leur origine. C’est une histoire vraie. Une histoire qui ne veut pas mourir.

Djamal Guettala

En seulement six mois, plus de cinquante assassinats ciblés – des meurtres froids et méthodiques, souvent commis à bout portant, «à vue», comme une chasse macabre – secouent Marseille, véritable épicentre du terrorisme raciste des années 1970.

La quatrième de couverture du roman résume la brutalité de l’époque avec une précision glaçante : «La France connaît une série d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne.» Ces meurtres, perpétrés dans l’indifférence générale, témoignent de l’impunité absolue qui régnait à Marseille.

Un décor d’horreur et de silence complice

À la veille des années 70, onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France se trouve face à son propre héritage colonial : des nervis de l’OAS, amnistiés et intégrés dans les rouages de l’État, la police, et la société, continuent leur croisade raciste, appelant à la destruction des mosquées, des commerces, des bistrots arabes. La violence est systématique, implacable, et sa portée est renforcée par l’absence de justice.

Dans ce contexte, Dominique Manotti nous entraîne dans l’univers de l’Évêché, l’hôtel de police de Marseille, où se noue l’intrigue. Un lieu où tout se sait et rien ne se dit, où le silence complice règne. C’est là que le jeune commissaire Daquin, fraîchement nommé, va se retrouver au cœur de la tourmente. À 27 ans, il incarne cette jeunesse française aveugle à la brutalité du système, mais prête à tout pour y faire face, même si l’espoir semble déjà un luxe illusoire.

Un héros perdu dans un monde corrompu

Le commissaire Daquin est un homme marqué par la violence qui l’entoure, mais aussi par ses propres contradictions. «Il n’est ni un héros ni un lâche», explique Manotti. Il est avant tout un produit de son époque, un homme pris au piège entre une volonté de justice et un système corrompu qui le dépasse. La violence est partout, et Daquin, malgré sa jeunesse et ses idéaux, est contraint d’évoluer dans un monde où l’intégrité semble une faiblesse.

«Tout est prêt pour la tragédie», dit Manotti. Mais cette tragédie, c’est celle d’une ville, d’une époque, et d’une société. C’est l’histoire d’une France qui préfère oublier pour maintenir son apparence de grandeur, en effaçant les cicatrices du colonialisme et du racisme qui gangrènent ses fondations.

Le roman de Manotti est une invitation poignante à ne pas oublier. À travers les assassinats d’Algériens et d’autres Maghrébins, ‘‘Marseille 73’’ réveille des fantômes que l’histoire officielle préfère enterrer. La France, qui s’autoproclame le pays des droits de l’homme, se soucie peu de ses «crimes coloniaux» et de l’inhumanité systémique qui les accompagne. «Le silence sur ces crimes n’est pas un hasard», explique Manotti. «Il est nécessaire pour protéger l’image de la France.» C’est ce silence que l’auteure, avec une précision presque clinique, dénonce dans son roman.

Dominique Manotti avec Djamal Guettala.

Le racisme, héritage immuable

La fiction, selon Manotti, a un rôle capital dans la réconciliation de l’Histoire. Elle permet de rendre accessible ce que les faits historiques seuls ne peuvent transmettre : l’émotion brute, la violence vécue au quotidien, l’humiliation et la peur. ‘‘Marseille 73’’ est ainsi une passerelle entre le passé et le présent, une invitation à ressentir ce que l’histoire a oublié de nous faire comprendre.

Le roman s’inscrit dans une réflexion plus large, une méditation sur le racisme et ses racines profondes. Ce racisme, ancré dans l’histoire coloniale de la France, est toujours là, prêt à ressurgir sous de nouvelles formes. Manotti le rappelle avec force : «La société française reste marquée par un racisme anti-arabe et anti-africain, un héritage direct de la colonisation.» Les meurtres de 1973 résonnent encore aujourd’hui, dans une France où la violence policière, l’exclusion et le rejet des populations issues de l’immigration continuent de diviser.

Ce roman ne se contente pas de relater une époque révolue, il dévoile les fractures qui déchirent encore la société française d’aujourd’hui. Le Front National, dans les années 70 comme aujourd’hui, nourrit sa politique du racisme, de la peur de l’autre et du rejet des différences, et particulièrement de l’Arabe et du Musulman. Ce parti, héritier direct des colons et des partisans de l’Algérie française, continue de prospérer sur ces terreaux fertiles.

Une France qui ne veut pas se voir

Dans ‘‘Marseille 73’’, la police n’est pas un agent de protection, mais un instrument de répression. C’est une institution corrompue, où la violence d’État se mêle à la violence sociale. Les policiers, anciens membres de l’OAS ou simples héritiers de la guerre d’Algérie, continuent de semer la terreur sans être inquiétés. «Beaucoup de policiers ayant servi durant la guerre d’Algérie ont été rapatriés et réintégrés dans la police nationale», explique Manotti. Leur présence à Marseille n’était pas un hasard, elle a renforcé un système déjà gangrené.

‘‘Marseille 73’’ est aussi une tragédie de la mémoire. Une mémoire qui se refuse à voir, à comprendre, à réparer. Mais Manotti, dans un dernier souffle d’espoir, lance un appel : «Il est important de ne pas oublier les cicatrices laissées par cette époque.»

Ce livre, en apparence une simple enquête policière, est en réalité un cri silencieux, un hommage aux victimes oubliées, un appel à affronter les démons du passé.

‘‘Marseille 73’’ n’est pas seulement un roman noir, c’est une œuvre nécessaire, une mise en lumière d’un pan de l’histoire française longtemps effacé des mémoires collectives. La France a ses cicatrices, et ce roman, avec sa brutalité et son honnêteté, les dévoile, sans fard, pour que nous n’oublions jamais.

Dominique Manotti, pseudonyme de Marie-Noëlle Thibault, est née le 23 décembre 1942 à Paris, où elle a toujours vécu.

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Amira Ghenim, lauréate du Prix Fragonard de littérature étrangère 2025

01. April 2025 um 06:29

Le jury du Prix Fragonard de littérature étrangère a dévoilé, le 31 mars 2025, à Paris, le nom de sa lauréate pour cette quatrième édition : l’écrivaine tunisienne Amira Ghenim pour son roman ‘‘Le désastre de la maison des notables’’, brillamment traduit en français par Souad Labbize.

Ce prix, qui récompense chaque année un livre écrit par une femme, traduit en français et publié en France entre août 2024 et février 2025, a salué la puissance narrative et la profondeur historique du roman d’Amira Ghenim. Sélectionnée parmi dix finalistes, l’auteure s’impose par son talent à tisser une fresque émouvante et engagée.

La cérémonie de remise du prix aura lieu le 3 avril 2025 à Paris, en présence de la lauréate et de sa traductrice.

Créé en 2021, le prix Fragonard de littérature étrangère récompense une œuvre de fiction traduite en français et publiée en France. Il met à l’honneur des auteurs et traducteurs qui enrichissent le paysage littéraire francophone par leurs récits et leurs sensibilités uniques.

Le prix est assorti d’une récompense financière de 5 000 euros pour l’autrice et de 2 000 euros pour la personne ayant réalisé la traduction. En complément, la lauréate se voit offrir une résidence d’écriture de huit jours à Arles, gracieusement mise à disposition par la Maison Fragonard.

Rappelons que le roman de Amira Ghenim a déjà reçu le Prix de la littérature arabe 2024 attribué par la Fondation Jean-Louis Lagardère et l’Institut du monde arabe,  

Djamal Guettala

 

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Gestern — 31. März 2025Haupt-Feeds

Le dinar tunisien en tête des 10 monnaies les plus fortes en Afrique

31. März 2025 um 11:23

Aussi surprenant que cela puisse paraître pour une monnaie qui a perdu près de la moitié de sa valeur en 10 ans face aux principales devises internationales, le dinar tunisien se positionne en tête des 10 monnaies africaines les plus fortes en mars 2025, devançant le dinar libyen et le dirham marocain.

C’est en tout cas ce qui ressort du classement reproduit ci-dessous et qui a été établi par le magazine Business Insider Africa, sur la base de la parité par rapport au dollar américain.

Une monnaie forte et stable constitue un atout économique précieux pour tout pays, en particulier pour les pays africains qui recherchent une croissance à long terme et une compétitivité mondiale.

En mars 2025, les récents développements dans les pays africains soulignent l’importance de préserver la stabilité et la vigueur des monnaies pour renforcer la résilience économique, attirer les investissements et soutenir la croissance globale.

Une monnaie stable favorise la stabilité économique en réduisant les pressions inflationnistes et la volatilité des taux de change.

I. B.

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Tunisie-Algérie-Libye | Vers un plan conjoint pour lutter contre la contrebande

31. März 2025 um 10:59

Le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Samir Abid, a annoncé l’élaboration d’un plan conjoint avec la Libye et l’Algérie pour développer les zones frontalières et éliminer le commerce parallèle et la contrebande.

Cette déclaration fait suite à une question parlementaire posée à la Chambre des représentants, le 26 mars 2025, par le député Abdessattar Zarai concernant le commerce parallèle et la création de zones franches.

Abid a expliqué que les autorités tunisiennes élaborent une approche globale et efficace pour lutter contre le commerce parallèle et atténuer son impact négatif sur l’économie nationale, tout en soulignant l’importance de renforcer la communication avec les jeunes et de les informer des risques liés à l’économie informelle et de leur apport potentiel au développement régional.

Le ministre a déclaré que la région frontalière de Ben Guerdane avec la Libye constitue un pilier essentiel de cette initiative, le ministère s’efforçant à en faire une zone d’investissement attractive, créatrice de richesses et d’emplois.

Il a également indiqué qu’un plan conjoint est actuellement en cours d’élaboration avec l’Algérie et la Libye, visant à développer les zones frontalières et à les transformer en espaces prospères offrant les éléments d’une vie décente et des opportunités d’emploi, notamment pour les jeunes

I. B.

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Monastir | Décès de trois frères dans un accident ferroviaire

31. März 2025 um 10:12

Trois frères, Yassine, Aymen et Ramzi Ammar, sont décédés dans un accident tragique dimanche 30 mars 2025. Selon des sources, ils s’étaient rendus au cimetière pour se recueillir sur la tombe de leur mère récemment décédée. Et c’est sur le chemin du retour que la mort les attendait. (Ph. Ribat de Monastir).

D’après une source sécuritaire, l’accident a eu lieu sur le tronçon ferroviaire Kamel El Borjine, à Monastir. Un train est entré en collision avec le véhicule privé transportant les trois frères. Deux d’entre eux sont morts sur place, tandis que le troisième a rendu l’âme à l’hôpital régional de Msaken où ils ont été transportés.

Les corps ont été transférés au service d’autopsie et une enquête a été ouverte pour déterminer les responsabilités dans l’accident.

I. B.

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Forum économique tuniso-suédois à Stockholm

31. März 2025 um 09:56

Une délégation de 13 acteurs économiques tunisiens prendra part, le 2 avril 2025, au Forum économique tuniso-suédois qui se tiendra au siège du ministère suédois des Affaires étrangères avec la participation de 50 acteurs économiques locaux.

Le directeur exécutif auprès de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect International), Bilel Ben Hamida, a indiqué, dimanche dans une déclaration à l’agence Tap, que ce Forum est organisé dans le cadre de la visite du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, les 1er et 2 avril en Suède, accompagné d’une délégation ministérielle et économique, et en coopération avec la Conect, l’ambassade de Tunisie en Suède et l’ambassade du Suède en Tunisie.

L’objectif du forum est de découvrir de nouvelles opportunités d’affaires et d’investissement pour les deux pays à travers des rencontres et des réunions B2B entre les entreprises tunisiennes et leurs homologues suédoises, en vue de trouver de nouvelles opportunités d’investissement et de partenariats commerciaux dans les secteurs stratégiques notamment, le textile, le transport intelligent, les industries agroalimentaires, l’agriculture, les technologies de l’information et les énergies renouvelables.

«Le programme de la visite comporte plusieurs activités à l’instar de la visite de plusieurs entreprises et usines suédoises en plus d’une manifestation de réseautages entre les plus importants acteurs économiques dans le secteur privé suédois en plus des séances de dégustation de produits tunisiens», a fait savoir Ben Hamida.

Cette manifestation fait suite à la réussite du forum d’affaires Tunisie -pays nordiques tenu en novembre 2024 à Tunis. Le forum économique tuniso-Suédois est organisé conjointement par Business Sweden, Conect Suède et la Chambre de commerce tuniso-suédoise.

Il est à noter que les relations entre la Tunisie et la Suède remontent à environ 280 ans, depuis 1736, date de la signature de l’accord de paix et de commerce. Ces relations ont été renforcées avec l’établissement de relations diplomatiques officielles en 1959.

La Suède, avec son économie développée et son environnement innovant, représente une opportunité stratégique pour la Tunisie, notamment dans les secteurs des technologies vertes, de la transition énergétique, de la digitalisation et de l’Industrie 4.0.

La ville de Stockholm, pôle technologique majeur, offre un cadre propice aux échanges et aux partenariats.

Un représentant de Conect International a fait état d’un potentiel important de développement des exportations tunisiennes vers la Suède, notamment pour les produits tunisiens phares tels que les dattes et l’huile d’olive.

Tap.

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Tunisie | La baisse du taux d’intérêt est un coup d’épée dans l’eau

31. März 2025 um 08:41

 «La décision du Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie d’abaisser son taux directeur de 50 points de base s’apparente, dans le contexte actuel, à un coup d’épée dans l’eau», estime l’économiste Hachemi Alaya dans sa lettre d’information hebdomadaire EcoWeek du 30 mars 2025.   

Selon lui, cette décision ne va pas relancer l’investissement, en berne depuis 2011, comme colporté par certains analystes pour le moins complaisants. Et pour cause : l’inflation n’est pas en train de désarmer et rien ne laisse présager que l’accès au financement va être facilité.

En effet, ce n’est pas tant le coût de l’investissement qui refroidit les ardeurs des investisseurs, mais le climat général dans le pays, «qui est loin d’être Business friendly», selon les termes de l’économiste, qui explique : «C’est un fait d’évidence d’observer que l’environnement de l’investissement en Tunisie souffre le manque de stabilité politique et les changements fréquents de gouvernement, l’inefficacité des institutions publiques, les incertitudes juridiques pour les investisseurs, la médiocre qualité des infrastructures, les risques sociaux portés par la recrudescence du chômage des jeunes et des diplômés de l’enseignement supérieur, la productivité du travailleur tunisien qui s’amenuise, les restrictions importantes sur les investissements directs étrangers (de nombreux secteurs leur restent fermés), l’administration directe de certains prix, le brigandage syndical dans maints secteurs, etc.»

A cette liste à la Prévert, on pourrait ajouter, de notre part, les procès en cours contre de nombreux hommes d’affaires et le climat de suspicion régnant dans le pays notamment à l’égard des opérateurs économiques.

Cette décision aura, en revanche, des retombées négatives sur les équilibres économiques du pays, estime Hachemi Alaya, car «elle va entretenir une dynamique de la consommation mise à mal par la mort du chèque. Une dynamique qui va amplifier le creusement du déficit commercial, aggraver l’érosion des avoirs en devises du pays et condamner à plus ou moins brève échéance, le dinar.»

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Le langage politique ou l’ambiguïté au service de la manipulation

31. März 2025 um 08:10

Les mots ont un poids, et leur agencement dans une phrase peut en modifier profondément le sens. En politique et en diplomatie, cet art de la nuance linguistique est une arme redoutable, utilisée pour esquiver des responsabilités, orienter l’opinion publique et masquer des positions réelles derrière des formulations soigneusement calculées.

Khémaïs Gharbi *

Un responsable politique peut ainsi donner l’illusion d’un engagement fort tout en s’assurant que son message reste assez flou pour ne pas le contraindre à des actions concrètes. C’est une stratégie efficace, qui repose sur la maîtrise subtile du langage et qui exploite l’inattention du public face aux détails grammaticaux et syntaxiques.

Des formulations qui trompent l’opinion

Prenons un exemple récent : la déclaration du président Emmanuel Macron concernant la situation au Proche-Orient. Il affirme : «Tout déplacement forcé ou annexion irait contre la perspective de la solution de deux États.»

Une telle phrase semble anodine, mais une lecture attentive révèle une stratégie rhétorique subtile. Plutôt que de condamner explicitement ces actes, le président se contente de constater qu’ils iraient à l’encontre d’une solution politique. Il ne dit pas que la France s’y oppose, ni qu’elle prendra des mesures si ces événements se produisent. Une reformulation plus directe et sincère aurait été : «La France s’oppose à tout déplacement forcé ou annexion qui irait contre la perspective de la solution de deux États.»

La différence est majeure. Dans la première formulation, il s’agit d’un constat neutre, qui n’implique aucune action ni position ferme. Dans la seconde, l’opposition de la France est affirmée, ce qui engagerait la responsabilité politique du pays.

Un autre exemple illustre cette manipulation du langage : «J’ai appelé le Premier ministre israélien à mettre fin aux frappes sur Gaza et à revenir au cessez-le-feu que le Hamas doit accepter.»

Cette phrase est habilement construite. D’un côté, elle donne l’impression d’une prise de position en faveur de la cessation des bombardements, mais de l’autre, elle laisse entendre que le cessez-le-feu dépend avant tout du Hamas. Or, en réalité, ce cessez-le-feu avait déjà été accepté et signé sous l’égide des médiateurs internationaux et des États-Unis et il a été accepté par le Hamas qui l’a respecté en procédant aux échanges de prisonniers avant qu’Israël ne rompe unilatéralement l’accord. Une déclaration plus fidèle aux faits aurait été : «J’ai appelé le Premier ministre israélien pour lui dire que la France condamne les frappes sur Gaza et exige un cessez-le-feu que le Hamas a déjà accepté.»

Dans la formulation choisie par Macron, le verbe «condamner» est soigneusement évité, et l’inversion des responsabilités est subtile mais efficace : il n’est pas dit que c’est Israël qui doit cesser ses frappes immédiatement, mais que le cessez-le-feu dépend d’un autre acteur.

L’ambiguïté stratégique

Cette utilisation du langage pour entretenir des zones grises ne date pas d’hier. Un cas emblématique de manipulation linguistique en diplomatie est celui de la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’Onu, adoptée après la guerre de juin 1967 entre Israël, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie. Cette résolution, rédigée en anglais, exigeait : «Withdrawal of Israeli armed forces from occupied territoriese».

Or, en français, cette phrase peut être traduite de deux manières : 1. «Retrait de territoires occupés» (interprétation israélienne : un retrait partiel, laissant place à une négociation sur les territoires à évacuer).  2. «Retrait des territoires occupés» (interprétation arabe et internationale: un retrait total de tous les territoires occupés en 1967).

Cette différence, qui repose sur l’absence de l’article défini «the» en anglais, a donné lieu à des décennies de disputes diplomatiques. Israël a défendu une lecture minimaliste, considérant que la résolution n’imposait pas un retrait total, tandis que les pays arabes et de nombreux juristes ont insisté sur l’obligation de restituer l’ensemble des territoires occupés.

Cet exemple montre que le langage diplomatique est souvent conçu pour être ambigu, permettant à chaque partie d’y voir ce qui l’arrange. Il illustre aussi comment la langue elle-même peut être un outil de pouvoir, où chaque mot, chaque article, chaque tournure grammaticale devient une arme stratégique.

Pourquoi ces nuances importent-elles ?

Ces formulations ne sont pas qu’un jeu d’experts: elles façonnent la manière dont nous percevons les événements et influencent directement les décisions politiques et diplomatiques. Si des gouvernements, des organisations internationales et des médias jouent sur les mots, c’est bien parce qu’ils savent que la manière dont une idée est formulée peut en modifier profondément la portée.

L’usage de phrases au conditionnel ou à la tournure passive est une technique fréquente pour diluer la responsabilité :

«Des civils ont perdu la vie dans les frappes.» (Qui les a tués ? L’agent de l’action disparaît.)

• «Nous espérons que la situation s’améliorera.» (Mais quelles actions concrètes sont entreprises ?)

• «Nous appelons à la retenue de toutes les parties.» (Une équivalence implicite entre un État surarmé et un peuple sous blocus, l’agresseur et l’agressé.)

Appel à la vigilance citoyenne

Les nuances linguistiques ne sont pas qu’une question académique : elles influencent directement notre perception du monde et notre capacité à exiger des comptes de nos dirigeants. Lorsqu’un responsable politique utilise des formules vagues, détourne subtilement une phrase ou exploite l’ambiguïté d’un mot, ce n’est jamais anodin.

Dans un monde où l’information circule en continu, où les déclarations politiques sont souvent reprises sans analyse critique, il est essentiel de ne pas se laisser piéger par les artifices du langage. Cela ne signifie pas tomber dans la suspicion permanente, mais développer un regard affûté, une capacité à décoder les discours et à en questionner les sous-entendus.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez un dirigeant dire  «Nous appelons à la retenue des deux parties», «Nous espérons que la paix reviendra» ou «Nous condamnons toute forme de violence», demandez-vous : est-ce une véritable position ou une manière d’éviter d’en prendre une?

Parce que les mots ne sont jamais neutres, et que comprendre leurs nuances, c’est refuser d’être manipulé.

* Ecrivain et traducteur.

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Iran – Tunisie | Un échange littéraire inattendu

31. März 2025 um 07:21

Sans qu’aucune concertation préalable n’ait eu lieu, un dialogue littéraire et culturel s’est spontanément établi entre l’Iran et la Tunisie et un intérêt réciproque est en train de s’installer aussi bien à Tunis qu’à Téhéran.

Mostafa Khalaji

Juillet 2024. Je me promenais dans les rues du centre-ville de Tunis, une ville qui me rappelle beaucoup mon pays natal. Je suis entré dans l’une des petites librairies conviviales pour chercher des romans récemment publiés par des écrivains tunisiens francophones.

En explorant les rayons, j’ai été à la fois surpris et ravi de découvrir deux livres : la traduction en arabe de Le Prince Ehtejab de Houshang Golshiri et une biographie de Forough Farrokhzad écrite par Farzaneh Milani.

Golshiri est l’un des écrivains les plus modernes de la littérature contemporaine iranienne, et Farrokhzad est aussi la plus grande poétesse de langue persane. Ma joie venait du fait que ces deux livres sont d’excellents choix pour permettre au lecteur tunisien de découvrir une part importante de la riche littérature iranienne contemporaine.

Le Prince Ehtedjab est le roman le plus important de Golshiri, écrit dans un style de flux de conscience et offrant une critique de l’histoire contemporaine de l’Iran.

Forough Farrokhzad, quant à elle, a introduit des thèmes modernes dans la poésie féminine iranienne et a abordé la féminité d’une manière nouvelle, brisant ainsi les frontières préexistantes sur ce sujet :

J’ai péché, péché dans le plaisir,
Dans des bras chauds et enflammés.
J’ai péché, péché dans des bras de fer,
Dans des bras brûlants et rancuniers.

J’ai péché, péché dans le plaisir,
Près d’un corps tremblant et évanoui.
Seigneur ! Je ne sais ce que j’ai fait
Dans ce lieu calme, sombre et muet…

(Traduit par Nazli et Jalal Alavinia)

Mais ma surprise venait du fait que je ne m’attendais pas à trouver de tels livres dans les rayons d’une librairie tunisienne. Car quatorze ans auparavant, avant la révolution tunisienne, lorsque j’avais vécu plusieurs mois dans ce pays, je n’avais pas vu de tels ouvrages de littérature iranienne dans les librairies de Tunis.

À cette époque, j’avais senti que les lecteurs tunisiens n’étaient pas très familiers avec la littérature contemporaine iranienne, mais cette méconnaissance était réciproque. En Iran, où j’avais grandi et exercé mon métier de journaliste, la littérature tunisienne n’était pratiquement jamais abordée dans les médias et les cercles littéraires.

En 2007, lors de mon entretien avec Reza Amiri à Téhéran, un traducteur éminent de la littérature arabe en persan, il avait affirmé que les Iraniens n’avaient pas une véritable connaissance de la littérature arabe moderne.

Ce traducteur, qui avait notamment traduit les œuvres de Naguib Mahfouz, m’avait dit : «En réalité, on peut dire que nous ne connaissons ni le roman arabe des 30 dernières années, ni la poésie arabe récente. La raison de cette méconnaissance est le manque d’intérêt des lecteurs et des éditeurs iraniens pour la littérature arabe.» Il avait ajouté : «Nous ne devons pas seulement blâmer les traducteurs. La littérature contemporaine repose sur le dialogue, et nous n’avons aucun dialogue créatif avec la littérature arabe.»

Cette faible connaissance mutuelle était d’autant plus surprenante que, par le passé, Iraniens et Arabes se connaissaient très bien. Historiquement et culturellement, ils partageaient de nombreux points communs. Il suffit de lire les poèmes des grands maîtres de la littérature persane, comme Saadi et Hafez, pour constater leur parfaite maîtrise de la littérature arabe. Ou encore, de lire les œuvres d’Ibn Khaldoun, le grand penseur tunisien, pour comprendre à quel point il était familier de la culture iranienne.

Le tournant culturel de la révolution du jasmin

La révolution tunisienne de 2011 a contribué à faire connaître davantage ce pays dans le monde, y compris en Iran.

Beaucoup ont alors découvert que la Tunisie n’était pas seulement une destination touristique en Afrique du Nord, comme les agences de voyages dans les rues de Téhéran en faisaient la publicité, mais aussi un pays pionnier dans de nombreux domaines, aussi bien dans le monde arabe que dans le monde islamique.

Le choix d’un poème d’Abou El Kacem Chebbi, le célèbre poète tunisien, comme slogan lors des manifestations de la révolution a mis en évidence la richesse de la culture et de la littérature tunisienne :

Lorsqu’un jour le peuple veut vivre,
force est pour le destin de répondre,
Force est pour les ténèbres de se dissiper,
force est pour les chaînes de se briser.

Chebbi était un fervent défenseur de la liberté et de la volonté humaine. Son humanisme, intimement lié à son engagement social et politique, résonne avec le lecteur iranien, car on retrouve des thèmes similaires dans la poésie persane contemporaine.

Par exemple, Ahmad Shamlou, l’un des poètes les plus importants de la langue persane, a décrit dans ses poèmes un être humain combatif, contestataire et épris de liberté.

D’une manière générale, depuis l’époque de la Révolution constitutionnelle persane jusqu’à nos jours, l’humanisme s’est manifesté sous différentes formes dans l’art et la littérature persane. C’est pourquoi le célèbre poème de Chebbi est particulièrement apprécié par les Iraniens.

Au cours des années ayant suivi la révolution tunisienne, les traducteurs iraniens, notamment ceux spécialisés en littérature arabe, ont montré un intérêt grandissant pour la traduction d’œuvres littéraires tunisiennes vers le persan.

Le roman L’Italien de Chokri Mabkhout, des poèmes de Fathi Sassi, ainsi que des nouvelles de Nizar Chakroun et Fatma Ben Mahmoud, font partie des œuvres tunisiennes qui ont récemment été traduites et publiées en Iran.

Un dialogue littéraire

L’Italien est un roman fascinant et profond qui explore avec acuité les dimensions sociales, politiques et culturelles de la société tunisienne. À travers une langue expressive et un style évocateur, Mabkhout dépeint avec justesse l’ambiance de la Tunisie des années 1990. En mettant en lumière les contradictions et les défis de cette société, il entraîne le lecteur dans son univers littéraire, tout comme le fait Golshiri. Ce dernier, dans son roman Le Prince Ehtejab, offre également au lecteur tunisien une fenêtre sur la société iranienne contemporaine.

En réalité, sans qu’aucune concertation préalable n’ait eu lieu, un dialogue littéraire et culturel s’est spontanément établi entre les deux pays, concrétisant ainsi le souhait exprimé il y a plusieurs années par Reza Amari lors d’un échange avec moi.

Mais dans la préface de son livre destiné aux lecteurs iraniens, Fatma Ben Mahmoud a exprimé sa «surprise» de voir une partie de ses écrits traduite en persan. Elle a également mentionné que sa perception de l’Iran s’était principalement construite à travers le cinéma iranien et a reconnu, de manière implicite, sa méconnaissance de la littérature persane contemporaine.

Ces réflexions illustrent que, malgré les avancées notables, le chemin reste encore long pour renforcer véritablement les échanges littéraires entre les deux pays.

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Tunisie | Le secteur du cuir et de la chaussure se meurt

30. März 2025 um 12:42

A l’instar de nombreux autres secteurs jadis florissants, celui du cuir et chaussures se porte mal en Tunisie et les professionnels se plaignent de la concurrence déloyale du marché informel et de celui des souliers usagés.   

Les achats de chaussures à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr sont qualifiés de «faibles» par le président de la Chambre nationale des artisans cordonniers, Wajdi Dhouib, imputant cette situation à la crise que traverse depuis plusieurs années le secteur du cuir et de la chaussure.

Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, le responsable syndical a expliqué que le secteur traverse une période de stagnation totale, malgré une légère reprise d’activité observée lors de la quatrième semaine du mois de Ramadan, mais qui reste bien en deçà des attentes des professionnels.

Wajdi Dhouib attribue cette baisse de la demande à plusieurs facteurs, principalement l’inondation du marché par des produits importés et des chaussures usagées, ainsi que la détérioration du pouvoir d’achat des consommateurs. Il estime que les promotions saisonnières ne constituent pas une solution viable, surtout après les résultats catastrophiques enregistrés lors de la dernière saison des soldes.

La véritable solution réside dans une surveillance accrue et l’application rigoureuse des lois pour lutter contre la contrebande et réguler le marché, a indiqué Dhouib, qui a pointé le marché informel florissant dans la plupart des villes tunisiennes et aggravant la crise du marché. La majorité des produits proposés sur ce marché n’ont pas été soumis à des analyses de laboratoire, mettant ainsi en danger leur qualité.

Le responsable syndical a en outre dénoncé les pratiques des grandes marques étrangères présentes en Tunisie, qui, selon lui, induisent le consommateur en erreur.

Tout en appelant les autorités compétentes et toutes les parties concernées à intervenir d’urgence pour sauver ce qui reste du secteur, Wajdi Dhouib a rappelé les statistiques alarmantes du secteur du cuir et des chaussures. En 2010, près de 6 000 artisans fournissaient environ 80 000 emplois. Il n’en reste plus que 1 500, aujourd’hui. Le nombre d’entreprises est passé, quant à lui, de 520 en 2010, à seulement 193 actuellement, dont 120 exportatrices qui connaissent, elles aussi, plusieurs difficultés. De plus, 4 tanneries, sur un total de 12, ont été fermées, juste avant le mois de Ramadan.

I. B

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Etude | La crise climatique rend Tunisie plus dépendante de l’Algérie  

30. März 2025 um 10:58

Dans une étude intitulée “Tunisia’s Climate Crisis, Economic Downturn, and Growing Dependency on Algeria”, publiée sur le site web de Carnegie Endowment, Hamza Meddeb affirme que la crise climatique, conjuguée au ralentissement économique depuis 2011, a accru la dépendance croissante de la Tunisie à l’égard de l’Algérie.

«Depuis 2017, la Tunisie subit les effets du changement climatique de plus en plus marqués, notamment une grave sécheresse. Les échecs de gouvernance du président Kaïs Saïed n’ont fait qu’exacerber les vulnérabilités persistantes du pays», écrit le chercheur tunisien, membre du Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center (Etats-Unis). Il ajoute : «Au cours des quatorze dernières années, la Tunisie a connu d’importants bouleversements politiques, notamment le processus de démocratisation qui a suivi le Printemps arabe de 2010-2011, l’effondrement démocratique consécutif à la prise de pouvoir du président Kaïs Saïed en 2021 et, plus récemment, le déploiement d’un processus chaotique de restauration autoritaire. Cependant, une dynamique critique a suscité moins d’attention : la crise climatique, qui a aggravé la trajectoire politique tumultueuse du pays. Depuis 2017, la Tunisie subit les effets du changement climatique de plus en plus marqués, notamment une grave sécheresse, une forte baisse du niveau des fleuves transfrontaliers qui coulent de l’Algérie vers la Tunisie et une réduction spectaculaire des réserves d’eau des barrages du pays. Ces facteurs ont conduit à des insécurités hydriques et alimentaires généralisées, provoquant une dégradation importante de l’agriculture et de l’élevage, notamment dans les régions frontalières avec l’Algérie.»

Aggravation de l’insécurité alimentaire

Hamza Meddeb estime que «laggravation de linsécurité alimentaire en Tunisie a amplifié le déséquilibre des pouvoirs entre la Tunisie et lAlgérie, renforçant linfluence géopolitique de cette dernière sur son voisin plus faible et de plus en plus dépendant. Cette dépendance a aggravé la marginalisation de la Tunisie, tant au niveau régional quinternational, et la contrainte à saligner étroitement sur Alger».

Il convient de rappeler dans ce contexte que l’Algérie a construit ces vingt dernières années de nombreux barrages le long des fleuves transfrontaliers avec la Tunisie, ce qui, associé à une consommation d’eau accrue, ont considérablement réduit les niveaux d’eau en aval, entraînant de mauvaises récoltes et aggravant les difficultés financières des agriculteurs des régions du nord-ouest tunisien, le grenier du pays.

«Depuis 2017, lAlgérie met en œuvre une politique de développement ambitieuse en construisant des barrages le long des fleuves partagés avec la Tunisie, en étendant les réseaux dirrigation et en développant les infrastructures de rétention deau telles que les lacs artificiels», rappelle Hamza Meddeb. Qui ajoute qu’«entre 2017 et 2019, lAlgérie a rapidement augmenté le nombre de ses barrages, de soixante-cinq à quatre-vingt-un, avec pour objectif d’atteindre 139 dici 2030.» En satisfaisant ainsi ses besoins d’irrigation dans les régions de l’est, l’Algérie réduit la quantité d’eau s’écoulant en aval, Résultat : la construction de barrages par l’Algérie sur l’Oued Mellegue et d’autres fleuves partagés a réduit les terres irriguées en Tunisie. «LOued Medjerda, le plus important fleuve transfrontalier de Tunisie, a connu une baisse significative de son débit suite à la construction dun barrage en Algérie. Ce fleuve alimente en eau plus de la moitié de la population et constitue une ressource vitale majeure, 13,4% de la population tunisienne vivant dans son bassin», souligne à juste titre le chercheur.

Briser ce cercle vicieux

Pour briser ce cercle vicieux de la crise économique et financière et de la dépendance vis-à-vis de l’Algérie, aggravées selon lui par «la détérioration de ses relations avec les institutions financières internationales, le manque de soutien financier des pays du Golfe ou de lEurope et son incapacité à accéder aux marchés financiers internationaux», l’auteur estime que «la Tunisie doit donner la priorité à la lutte contre le changement climatique en mettant en œuvre une stratégie dadaptation globale pour relever les défis de la sécurité alimentaire.»

«Cela nécessitera des financements importants, d’où l’importance pour le pays d’abandonner son isolationnisme et de rechercher activement des soutiens financiers extérieurs», explique Hamza Meddeb. Il ajoute : «Le renforcement de la résilience climatique devrait inclure des mesures visant à préparer les infrastructures, les agriculteurs, les institutions et la société aux sécheresses et autres événements climatiques. Il devrait également inclure des mesures de protection sociale pour les populations rurales, telles que des programmes de transferts monétaires liés au climat qui pourraient aider les familles pauvres à faire face à la hausse des coûts alimentaires et aux mauvaises récoltes.»

«La Tunisie devrait également chercher à conclure un accord formel avec l’Algérie pour établir un cadre de gestion des ressources en eau partagées, notamment axé sur la régulation du débit des rivières transfrontalières et des sources d’eau souterraine», écrit-il. Et de conclure : «Enfin, la Tunisie doit dépasser le cadre des échanges transfrontaliers informels avec l’Algérie en concluant des accords commerciaux formels. La création de zones franches ou d’un accord de libre-échange plus large permettrait aux entreprises tunisiennes d’accéder plus facilement aux marchés algériens, de favoriser une intégration économique plus poussée et de réduire le déséquilibre actuel des relations bilatérales», sachant que l’Algérie représente actuellement l’un des plus importants déficits commerciaux de la Tunisie, avec la Chine, la Russie et la Turquie.

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CAN U20 |  La Tunisie veut remplacer la Côte d’Ivoire

30. März 2025 um 10:12

La Confédération africaine de football (CAF) a été contactée par la Fédération tunisienne de football (FTF) pour remplacer l’équipe ivoirienne des moins de 20 ans dans le groupe A de la CAN U20.

La Côte d’Ivoire a annoncé, mercredi 26 mars 2025, son retrait de l’organisation du tournoi, en raison de l’absence de son équipe, qui a été éliminée de la compétition.

En réaction à cette décision, la FTF a entamé des discussions avec la CAF vendredi 28 mars.

La Tunisie s’était classée troisième des éliminatoires de l’UNAF, après le Maroc et l’Égypte.

La CAN U20 aura lieu en avril 2025 et les demi-finalistes se qualifieront pour la Coupe du Monde U20 de la Fifa au Chili.

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Entretien avec Hamid Grine | Lumière brisée de Jean Sénac

30. März 2025 um 09:00

Dans son dernier ouvrage, ‘‘Sénac et son diable’’ (coédité par Rives, Alger, Algérie, et Gaussen, Marseille, France, en mars 2025), Hamid Grine * revient sur l’assassinat mystérieux de Jean Sénac, poète engagé et fervent défenseur d’une Algérie libre et fraternelle, dont la vie et la mort restent entourées de zones d’ombre.

Entretien réalisé par Djamal Guettala

À travers cette enquête, l’auteur s’attache à déconstruire les récits romancés qui ont longtemps entouré cette affaire pour restituer une vérité plus nuancée. Crime politique ou crime de mœurs ? Figure mythifiée ou poète incompris ? Sénac était-il un martyr ou un homme en décalage avec son époque ? Autant de questions auxquelles l’auteur tente de répondre en s’appuyant sur des témoignages inédits et des documents d’archives.

Dans cet entretien, Hamid Grine nous plonge au cœur de son investigation, tout en interrogeant la place de l’intellectuel en Algérie et la mémoire parfois sélective d’une nation en quête de vérité.

Kapitalis : Pourquoi avoir choisi de revenir sur le crime de Jean Sénac plus de 50 ans après sa mort ? Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Hamid Grine : Deux raisons m’ont motivé. La première est sentimentale. Jean Sénac a marqué ma jeunesse à travers son émission ‘‘Poésie sur tous les fronts’’ (1967-1971), que je suivais assidûment. Il me faisait rêver, et je fais partie de ceux qui n’oublient jamais les rêves de leur jeunesse. Son assassinat a été un choc immense pour le jeune lycéen que j’étais alors. On avait tué une possibilité de rêve et d’évasion.

La seconde raison est liée à mon insatisfaction vis-à-vis des différentes versions biographiques sur son assassinat. J’ai vécu dans l’Alger de Sénac, que j’ai connu furtivement, et la ville qu’il décrivait ne correspondait pas à celle que je connaissais. J’ai voulu creuser plus profondément.

Dans votre enquête, vous affirmez que l’assassinat de Sénac n’était pas un crime politique mais un crime de mœurs. Qu’est-ce qui vous permet d’en être certain ?

J’ai eu la chance, juste après la mort de Sénac, d’assister à un dîner en présence d’un officier de police ayant participé à l’enquête. Il nous a fourni des arguments solides : Sénac n’était pas un opposant politique, bien au contraire, il soutenait le régime. S’il avait été perçu comme une menace, il aurait été expulsé vers la France.

L’officier nous a aussi expliqué que Sénac était très imprudent. Il draguait ouvertement des hommes dans une société machiste et mettait chez lui des amants de passage qu’il connaissait à peine. Son fils adoptif, Jacques Miel, l’avait averti à plusieurs reprises du danger qu’il courait et lui conseillait de rentrer en France.

Quant à l’hypothèse d’un crime islamiste, elle ne tient pas la route : les islamistes n’étaient pas encore une force structurée en 1973. Ce mouvement n’a émergé qu’en 1976, lors du débat sur la Charte nationale, comme l’a confirmé le général-major Benyelles dans ses mémoires.

Quels ont été les éléments les plus marquants ou surprenants que vous avez découverts au cours de votre recherche ?

Deux rencontres ont été cruciales. La première, avec l’assassin présumé, que personne n’avait interrogé auparavant. La seconde, avec Ahmed Taleb-Ibrahimi, ministre de l’Information et de la Culture à l’époque de Sénac, qui m’a apporté un éclairage inédit sur la perception du poète par le pouvoir.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’enquête judiciaire qui a eu lieu à l’époque ?

La police algérienne a mené une enquête rigoureuse. Aucun suspect n’a été ignoré. Certains amants de Sénac, même ceux résidant à 400 km d’Alger, ont été interrogés à plusieurs reprises. Ses proches ont dû fournir des alibis.

Un diplomate, qui avait accompagné Sénac en chasse de «chair fraîche» en Oranie un mois avant le meurtre, témoigne du sérieux de l’enquête. Pourtant, certains continuent de nier la nature crapuleuse du crime sans aucun argument solide.

Comment cette enquête a-t-elle été perçue par les proches de Sénac et par la société ?

Ses proches, pour la plupart, ont refusé d’admettre la culpabilité du jeune homme arrêté. Ils reprennent le narratif de Sénac lui-même, qui se voyait mourir en Lorca.

Quant à la société, Sénac n’était connu et apprécié que d’une élite culturelle. Un poète proche de lui a reconnu dans un quotidien algérien le caractère homophobe du crime et le sérieux de l’enquête.

L’annulation de la condamnation de l’accusé par Houari Boumediene a suscité des spéculations. Quel impact cette décision a-t-elle eu ?

Elle a semé le doute chez les proches et les biographes de Sénac, en raison du manque de communication des autorités. Pourtant, il n’y avait rien de mystérieux : la justice a suivi ses procédures et l’accusé a été libéré après une révision de son procès.

Jean Sénac apparaît comme un poète engagé mais aussi profondément solitaire. Comment son rapport à la société algérienne a-t-il évolué ?

Sénac n’était pas un solitaire. Il était toujours entouré d’amis et d’amants. Mais il a connu trois périodes distinctes : sous Ahmed Ben Bella, il était un acteur culturel central; sous Boumediene, ses relations au pouvoir se sont étiolées.

Après son départ de la radio en 1971, il a sombré dans la dépression et l’excès, se sentant mis à l’écart.

Sa marginalisation, notamment due à son homosexualité, a-t-elle influencé son parcours ?

Hamid Grine : Absolument. Son homosexualité affichée et provocatrice lui a porté préjudice dans une société conservatrice. S’il avait été plus discret, son sort aurait peut-être été différent.

Quel message espérez-vous transmettre avec ce livre ?

Je voulais raconter un homme tel qu’il était, loin des clichés et des fantasmes. C’est un livre de bonne foi, comme dirait Montaigne.

Pensez-vous que votre livre contribuera à la réhabilitation de la mémoire de Sénac ?

L’avenir nous le dira. Aujourd’hui, en Algérie, on parle peu de Sénac, et quand on le fait, c’est davantage pour son assassinat que pour son œuvre.

* Hamid Grine, né le 20 juin 1954 à Biskra, est un écrivain, romancier et ancien journaliste algérien. Auteur d’une œuvre riche et variée, il s’est illustré aussi bien dans le roman que dans l’essai, explorant des thématiques allant de l’identité à la mémoire, en passant par le pouvoir et la société algérienne contemporaine.

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Tunisie | Bioheat transforme les déchets des huileries en biocarburant   

30. März 2025 um 08:41

Bioheat est une startup tunisienne créée en 2022 par Yassine Khelifi. Elle valorise les déchets provenant de l’extraction de l’huile d’olive et leur donne une seconde en les transformant en une source d’énergie propre et durable, encourageant ainsi la transition vers des solutions énergétiques respectueuses de l’environnement tout en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles.

Les résidus d’olives sont transformés en une pâte épaisse qui est ensuite compactée en briquettes cylindriques. Laissées à sécher pendant un mois au soleil et sous serre, celles-ci sont ensuite emballées et vendues pour être utilisées pour cuisiner et se chauffer, ou comme nourriture pour animaux.

Ce biocarburant trouve un marché auprès des restaurants, des maisons d’hôtes et des écoles des régions intérieures, où les températures hivernales descendent parfois en dessous de zéro.

Mais la majeure partie de la production de Bioheat – environ 60% – est destinée à l’exportation vers la France et le Canada.

Noureddine Nasr, expert en agriculture et développement rural, estime qu’environ 600 000 tonnes de déchets d’olives sont produites chaque année en Tunisie, qui sera le troisième producteur mondial d’huile d’olive en 2024-2025, avec un rendement attendu de 340 000 tonnes, selon les estimations du Conseil oléicole international. «La valorisation de ces déchets peut protéger l’environnement, créer des emplois et générer de la richesse», a-t-il déclaré à l’agence AFP, ajoutant que la valorisation des déchets d’olives pourrait également contribuer à alléger la forte dépendance de la Tunisie aux importations de carburant, dont elle importe près de 60% de ses besoins, une dépendance qui creuse son déficit commercial et pèse sur les subventions publiques, selon un rapport de la Banque mondiale de 2023.

Au-delà du profit qu’il réalise, Khelifi, ingénieur issu d’une famille d’agriculteurs, a déclaré à l’agence AFP qu’il espère que sa startup contribuera à «réduire l’utilisation du bois de chauffage alors que le pays est confronté à la déforestation et au changement climatique».

L’entreprise emploie actuellement 10 personnes et vise une production de 600 tonnes de briquettes d’ici à la fin de cette année 2025.

I. B.

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