La traductrice Souad Labbize fait partie des quatre finalistes du Prix Ibn Khaldoun-Senghor pour sa traduction en français du roman ‘‘Le désastre de la maison des notables’’ de l’autrice tunisienne Amira Ghenim, coédité cette année par Barzakh et les éditions Philippe Rey.
Créé par l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso) et l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ce prix prestigieux récompense chaque année des traductions d’œuvres littéraires ou de sciences humaines entre l’arabe et le français, favorisant ainsi la diversité culturelle et le dialogue entre les deux mondes linguistiques.
Le lauréat ou la lauréate sera désigné(e) le 3 décembre 2024 lors d’une cérémonie à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris.
Les nominés
Le jury de cette année, présidé par Bassam Baraké, rassemble des experts en littérature et en traduction issus de divers pays arabes et francophones, qui auront la tâche de sélectionner l’œuvre traduite la plus marquante.
La Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe ont annoncé, le 27 octobre 2024 à Paris, l’attribution du Prix de la littérature arabe 2024 à l’autrice tunisienne Amira Ghenim pour son roman ‘‘Le désastre de la maison des notables’’.
Djamal Guettala
Cet ouvrage, traduit de l’arabe par Souad Labbize et publié aux éditions Philippe Rey, a conquis le jury par son exploration complexe et nuancée de l’histoire contemporaine de la Tunisie. Le prix, doté de 10 000 euros, célèbre chaque année une œuvre littéraire arabe écrite ou traduite en français, dans le but de favoriser la diffusion de cette littérature en France.
Dans ‘‘Le désastre de la maison des notables’’, Amira Ghenim, originaire de Sousse et spécialiste de linguistique, entremêle avec finesse intrigue familiale et grande Histoire.
50 ans d’histoire tunisienne
Le roman, qui couvre plus de 50 ans d’histoire tunisienne, transporte les lecteurs de la lutte pour l’indépendance jusqu’aux événements de la révolution de 2011. À travers les destins croisés de deux familles bourgeoises, les Naifer, conservateurs et rigides, et les Rassaa, progressistes et ouverts au changement, Ghenim dresse le portrait d’une Tunisie en pleine mutation, tiraillée entre tradition et modernité.
Pierre Leroy, administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère et président du jury, a salué «un roman intense, entremêlant intrigue familiale et grande Histoire, qui dessine le portrait complexe et tout en nuances d’une Tunisie en pleine mutation». Ce récit offre une lecture enrichissante des bouleversements sociopolitiques qui ont façonné la société tunisienne moderne.
Amira Ghenim, qui a également publié ‘‘Le dossier jaune’’ (2019) et ‘‘Terre ardente’’ (2024), voit son deuxième roman, ‘‘Le désastre de la maison des notables’’, récompensé pour son premier passage en langue française. La traductrice Souad Labbize a su rendre en français toute la profondeur et la subtilité de l’écriture de Ghenim, permettant ainsi au public francophone de découvrir ce portrait littéraire d’une société en transition.
Le jury, composé de personnalités telles que l’artiste et écrivain Mahi Binebine, le journaliste Nicolas Carreau, et l’écrivain Alexandre Najjar, a fait l’éloge de l’écriture de Ghenim, marquant ainsi une reconnaissance importante pour la littérature tunisienne.
Amira Ghenim succède au palmarès du prix à l’écrivain irakien Feurat Alani, récompensé en 2023 pour ‘‘Je me souviens de Falloujah’’ (JC Lattès).
Ce prix souligne l’intérêt croissant pour la littérature arabe, à un moment où les récits du monde arabe trouvent une place de plus en plus significative dans le paysage littéraire français, notamment pendant la rentrée littéraire.