‘‘Têtes brûlées’’ de la réalisatrice et scénariste belgo-tuniso-danoise Maja-Ajmia Yde Zellama a remporté deux mentions spéciales au 75e Festival international du film de Berlin (Berlinale).
Le film a été récompensé par le jury officiel Génération 14plus et le Jury indépendant de l’AG Kino-Gilde—Cinema Vision 14plus.
L’intrigue du premier long métrage de Zellama suit Eya, douze ans, et son frère Younès, 25 ans. Lorsque Younès meurt subitement, le monde d’Eya s’effondre. Elle trouve du réconfort dans sa créativité, sa résilience et le soutien des amis de Younès.
A travers le deuil d’Eya, les spectateurs découvrent la vie et les coutumes de la famille tuniso-musulmane de Bruxelles. Eya est consciente de la solidarité de sa communauté qui se mobilise autour de sa famille et du silence qui isole chaque individu dans son chagrin.
Le jury Génération 14+ a salué le film comme «un début remarquable qui offre un rare aperçu d’un monde de solidarité et d’amour à travers les yeux d’une jeune fille». «Avec des images visuellement fraîches et une narration sincère, le film met la complexité du deuil au premier plan, montrant à quel point la perte peut être douloureuse et transformatrice. Une œuvre à la fois audacieuse et douce, elle nous rappelle le pouvoir de l’unité dans les moments difficiles », ajoute le jury.
‘‘Têtes brûlées’’ a bénéficié d’une projection complète à la Berlinale et d’une séance de questions-réponses avec les acteurs et l’équipe. La deuxième projection a eu lieu dimanche.
La distribution met en vedette Safa Gharbaoui, Mehdi Bouziane, Mounir Amamra, Adnane El Haruati, Saber Tabi, Nicolas Makola, Mehdi Zellama et Monia Taieb.
Les agents municipaux ont annoncé une grève générale pour le 13 mars 2025, ainsi qu’un rassemblement de protestation devant le siège de la présidence du gouvernement à la Kasbah, à Tunis.
La commission administrative du secteur des agents municipaux relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a expliqué cette décision par la dégradation du climat social au sein des municipalités et des entreprises œuvrant dans la gestion des déchets, ainsi que par le non-respect des conventions et des accords sociaux et de la détérioration du pouvoir d’achat des agents municipaux face à la hausse des prix.
Le premier laboratoire vivant dédié à la culture de légumes feuilles, de tomates et de fraises sous serre protégée selon des techniques hydroponiques a été inauguré au siège de l’Union régionale tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Urap) à Nabeul.
Le projet de serre hydroponique, créé par l’expert du secteur, Salim Zouari assisté de Badreddine Attia, a été ouvert au public en présence du président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Moez Ben Zaghdane, qui a souligné l’importance stratégique de ce laboratoire dans la promotion de l’agriculture hydroponique, une méthode qui réduit la consommation d’eau jusqu’à 90% par rapport à l’agriculture conventionnelle au sol.
Cette initiative marque l’aboutissement des efforts déployés par les techniciens et experts de l’Utap pour relever les défis de la rareté de l’eau et du changement climatique, tout en favorisant le développement agricole durable, a déclaré Ben Zaghdane.
Selon lui, la culture hydroponique représente une alternative viable pour la Tunisie et l’évaluation de ce projet pilote devrait encourager une adoption plus large de ces techniques à l’échelle nationale.
De nombreux agriculteurs ont déjà manifesté leur intérêt pour la culture hydroponique, ouvrant la voie à une initiative agricole nationale intégrant cette approche innovante.
De son côté, Salim Zouari a souligné que la serre est le résultat de plusieurs années de recherche et a annoncé qu’elle sera ouverte aux visiteurs, aux agriculteurs et au public sur une base hebdomadaire pour sensibiliser et diffuser les connaissances sur la culture hydroponique.
Selon Zouari, cette technique permet de produire un kilo de légumes avec seulement 20 litres d’eau, contre environ 400 litres nécessaires pour une culture traditionnelle en pleine terre. De plus, elle réduit l’utilisation d’engrais de 75% et élimine le besoin de pesticides chimiques, favorisant ainsi un modèle agricole plus respectueux de l’environnement.
En recyclant l’eau dans un système en boucle fermée, la culture hydroponique offre non seulement des avantages écologiques, mais ouvre également de nouvelles voies pour l’agriculture urbaine, permettant la culture sur les toits et les balcons. Cette approche se base sur des modèles réussis dans des pays comme l’Égypte et Singapour, où l’agriculture hydroponique contribue de manière significative à la sécurité alimentaire.
Après plusieurs jours de soleil et de beau temps, la météo va se gâter de nouveau sur la plupart des régions en Tunisie à partir d’après-demain, mercredi 26 février 2025.
Selon Sarhane Rahali, ingénieur à l’Institut national de la météorologie (INM), qui intervenait ce lundi 24 février dans la matinale ‘‘Ahla Sbeh’’ sur Mosaïque FM, des intempéries vont caractériser le ciel tunisien à partir d’après-demain. Ce sera un climat hivernal avec une baisse des températures et des pluies éparses parfois accompagnées d’orages.
La brume et les nuages apparaissant localement à partir d’aujourd’hui annoncent ce changement attendu, avec éventuellement des pluies à partir de cet après-midi.
Selon l’Observatoire national de la sécurité routière (ONSR), 187 accidents de la route ont été enregistrés entre le 1er et le 20 février courant, causant 53 décès et 263 blessés.
Selon l’ONSR, cité par l’agence Tap, 565 accidents ont été recensés depuis le début de 2025, entraînant le décès de 143 personnes et faisant 740 blessés.
L’observatoire précise aussi que 225 accidents, soit 39,82%, ont été provoqués par l’inattention et la distraction, tandis que la vitesse excessive est la deuxième cause, responsable de 83 accidents (14,69% du total) sur la période allant du 1er janvier au 20 février.
Concernant les décès liés aux accidents de la route, le gouvernorat de Sidi Bouzid arrive en tête, avec 21 personnes décédées pour 36 accidents enregistrés, suivi de Jendouba, qui déplore 12 décès pour 25 accidents.
L’ONSR indique aussi que les véhicules légers sont les plus impliqués dans les accidents, avec 315 cas recensés, suivis des motos, responsables de 273 accidents, des piétons, impliqués dans 191 accidents, et des camions légers dans 141 accidents.
Dans communiqué publié dimanche 23 février 2025, au lendemain de son assemblée générale ordinaire, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a appelé à une grève générale pour dénoncer la détérioration de la situation générale dans le secteur. La date et les modalités de cette action seront fixées ultérieurement.
Le SNJT a, également, insisté sur la nécessité d’abroger le décret-loi n° 54 de 2022, jugé attentatoire à la liberté de la presse, et de libérer les journalistes emprisonnés sur la base de ce texte.
Le syndicat a, dans ce même contexte, appelé les médias publics à faire preuve de liberté et de responsabilité, au service de l’intérêt général, et les médias privés à améliorer les conditions de travail des journalistes.
Alors que les Chrétiens-démocrates de la CDU et leurs alliés bavarois de la CSU sont arrivés en tête des législatives allemandes du dimanche 23 février 2025, l’AfD, le parti d’extrême-droite, a fait une percée historique de 20,4%, soit une hausse de 9 points par rapport au scrutin de 2021 ce qui donnera encore plus de poids à sa dirigeante Alice Weidel connue d’ailleurs pour être très appréciée par Elon Musk qui avait écrit une tribune appelant à voter pour son parti et a participé à son meeting à Halle. Qui est celle qui sera à la tête d’un bataillon de 149 députés au Bundestag?
Imed Bahri
Une enquête publiée par le New York Times met en lumière les contradictions de la dirigeante du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD). Bien qu’elle soit une politicienne nationaliste hostile aux immigrés et prônant les valeurs familiales traditionnelles, elle vit en Suisse avec sa conjointe sri-lankaise et les deux enfants qu’elles élèvent.
Selon l’enquête rédigée par le correspondant du journal Christopher Schuetze, les contradictions personnelles de Weidel renforcent son leadership et la popularité de son parti en le faisant apparaître plus en phase avec le courant dominant dans la société et l’air du temps.
Le NYT affirme que Weidel a joué un rôle clé dans les efforts du parti pour s’imposer sur la scène politique, le propulsant à la deuxième place avant les élections nationales allemandes qui ont lieu dimanche dernier. A un moment de la campagne électorale, Weidel a même été classée comme la candidate la plus populaire de tous les partis participants ce qui reflète sa capacité à attirer un soutien important malgré la controverse entourant ses positions et celles de son parti.
Les contradictions de Weidel s’étendent à sa vie professionnelle et personnelle. Elle s’oppose aux droits des homosexuels et des transgenres mais est lesbienne, promeut le nationalisme mais vit hors d’Allemagne, prétend représenter sa circonscription mais admet dans une interview qu’elle ne sait pas combien de personnes elle représente et ne passe pas beaucoup de temps dans sa région. Lorsqu’on l’interroge sur ces contradictions, elle évite souvent de répondre directement ou se retire des interviews.
Adoubée par la nouvelle administration américaine
L’enquête du NYT décrit Weidel comme une favorite de la nouvelle administration américaine notant que son expertise économique, sa maîtrise de l’anglais et son apparence publique l’ont aidée à gagner des alliés internationaux dont le milliardaire Elon Musk qui à son tour l’a soutenue lors d’une de ses campagnes électorales et minimisé le passé nazi de l’Allemagne.
Weidel a exploité le mécontentement croissant à l’égard des principaux partis allemands pour accroître la popularité du sien mais aucun grand parti n’a encore accepté de former une coalition avec l’AfD.
L’enquête du NYT fait référence au commentaire d’Anne-Kathrin Mueller, experte de l’AfD au magazine allemand Der Spiegel, selon lequel ce parti est devenu plus extrême sous la direction de Weidel, tout en maintenant une image publique soigneusement étudiée afin de rendre la société allemande plus tolérante à son égard malgré l’association de certains de ses membres avec les nazis et les conspirations visant à renverser l’État.
Werner Patzelt, politologue, estime, de son côté, que la capacité de Weidel à articuler clairement le message du parti – malgré son manque d’empathie et de tolérance – a fait d’elle l’une des figures les plus efficaces du parti.
Un extrémisme rendu plus acceptable par les électeurs.
Weidel a déjà refusé de prendre ses distances vis-à-vis des membres extrémistes tels que Björn Höcke, un dirigeant du parti qui a été condamné à une amende pour avoir tenu des propos nazis et a même déclaré qu’elle l’inclurait dans son gouvernement s’il était élu.
Bien qu’elle insiste sur le fait que l’AfD est libertaire plutôt que nationaliste, Weidel soutient des politiques de droite telles que l’expulsion des réfugiés et s’oppose aux études sur la diversité sociale, le genre et les énergies renouvelables.
Le NYT conclut que la réussite de Weidel à intégrer son parti dans le courant politique dominant est indéniable mais les experts avertissent que son leadership n’a pas atténué l’extrémisme du parti mais l’a plutôt rendu plus acceptable aux yeux des électeurs.
L’auteure a forcé sa pudeur et son silence pour écrire cette lettre ouverteà sa sœur, Saâdia Mosbah, militante de la société civile, présidente de l’association Mnemty luttant contre la discrimination raciale et œuvrant pour une Tunisie plurielle, arrêtée le 7 mai 2024 et poursuivie dans une vague affaire liée au financement de son Ong. «Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse»… Mais, parfois aussi, une parole libère.
Affet Bent Mabrouk Mosbah
Saâdia, ce que nous traversons est fait de silence: curieusement, je ne ressens ni le vide de toi, ni ton silence: où que nous soyons, tu es en moi et ça ne peut être autrement. Nous sommes issues du même ventre, nous aurons côtoyé la même enfance, la même jeunesse, la même maturité et, entamons ensemble nos prochaines années. Ton rire, tes colères m’accompagnent comme toujours. De cela, c’est la vie et elle seule qui décide. Nos destins ne seront jamais dissociés. La leçon de notre Mère, que j’entends davantage aujourd’hui, est que nous sommes indéfectiblement unies.
Saâdia, à toi cette lettre que je ne t’envois pas là où tu ne dois pas être ou plutôt là où nous ne devons pas être. Les proches de détenus seuls savent qu’un détenu, c’est une famille gardée à vue. Je parle de toutes les familles, aussi bien celles des criminels ou des malfrats. L’expérience rapproche : nous sommes différents mais les mêmes.
Ta place est dans ta vie, dans ta maison…
Saâdia, depuis ce 6 mai 2024, je suis avec toi par la chair, par le sang, par le souffle, par la respiration, par le sommeil et son corolaire d’insomnies. Ton transfèrement à Nabeul où les conditions de détentions sont nettement améliorées ne me réconforte pas davantage. Certes, Néapolis c’est chez nous, souviens-toi : notre Père nous avait fait fouler chaque centimètre de notre pays. Nabeul des bigaradiers qui embaument les ruelles, des nattes de joncs, des potiers revenus d’Andalousie… Magnifique. Nabeul du centre de détention : nous n’y sommes pas, ta place étant dans ta vie, dans ta maison, avec ton fils et tous ces chats lestes qui la traversent.
Saâdia, je veux témoigner ici de la qualité de nos amis. La puissance de leur empathie, leur présence affective sont bouleversantes. Ma conviction est que la douleur ne se partage pas : elle se multiplie.
Saâdia : si surprise malgré l’âge par le crétinisme de ceux qui parlent de «ton affaire» sans la connaître, sans respect aucun pour l’instruction en cours, pour le principe universel de l’Habeas corpus anglais. En un mot, sidérée par l’irrévérence devant la Justice, et par ricochet, devant la République et ses règles et ses lois : «Tout homme est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire.» Il reste pour les sachants un devoir de pédagogie intense à mener, afin de nouveau, nous hisser sur les cimes de Carthage.
Au fond, Saâdia, c’est l’époque qui veut cela : l’horizontalité des réseaux sociaux annihile toute verticalité. Tu n’ignores pas mon dédain pour cet outil qui, mis entre n’importe quelles mains, se retourne contre son propre créateur, l’homo sapiens. Une idée me traverse l’esprit : créer un contre-Nobel rétribuant la bêtise et l’abaissement de l’intelligence. Pléthore de candidats creuseraient le sol, tant leur bonheur consiste à sonder les abysses. Une chute vertigineuse, mais enfin une catégorie ! Humaine tout compte fait.
Saâdia, je sais combien toi et moi tenons à la verticalité héritée de nos géniteurs. Je n’en dirai pas plus sous peine de fatuité. Juste te faire savoir qu’à propos de verticalité, Farès, ton fils, aura hérité du meilleur de Habib Gueblaoui et de toi. Un homme debout, que je voyais avec les yeux d’une tante, ou, l’éternel petit dernier. Aujourd’hui, je le regarde : un homme d’une loyauté comparable à la tienne, d’une indulgence semblable à celle de son père. Indulgence… dont je suis définitivement atrophiée. Il me l’apprend avec une douceur infinie.
Saâdia, à propos de géniteurs : il est étrange ce bonheur que je ressens, aujourd’hui, à la pensée qu’ils ne sont plus de ce monde. C’est bien ainsi, histoire de les préserver de notre épreuve. Bizarre tout de même ce sentiment qui consiste à se réjouir de l’absence de ceux que nous aimons tant. Ressens-tu la même chose ?
Saâdia, me traverse régulièrement l’esprit ton aversion de la haine qui demande tant d’énergie, là où la bienveillance, l’amour procurent souplesse et hauteur de vue. Hommage absolu à Mabrouk Mosbah et à nos éducateurs : puissent-ils percevoir là où ils se trouvent ce qu’ils nous ont donnés.
Saâdia, la dignité dont tu fais preuve force le respect sans me surprendre toutefois. Dans certaines circonstances, une mère ne s’épanchera pas devant son fils, là aussi par réflexe de protection. Nous sommes sœurs, je sais ce mutisme-là. Respect devant la dignité préservée et la transmission de l’esprit de dignité. Je te reconnais autant que j’admire ton fils.
Une planète qui semble tourner à contre-sens
Saâdia, les questions migratoires nous dépassent aujourd’hui. Partout, je perçois un mouvement accéléré de notre planète qui semble tourner à contre-sens : il s’agit désormais d’éradiquer les pauvres, mais non la pauvreté. C’est une question, une véritable question : que se passera-t-il quand plus nombreux seront les réfugiés climatiques ? Il s’agira sans doute de repenser le monde, mais ni toi ni moi ne le referons. J’aurais traité du racisme de manière intime quand tu auras choisi une autre voie éclairante de certaines consciences. Mauvaise nouvelle : le racisme ne sera jamais éradiqué ou lorsque l’humanité dans son entièreté sera devenue… beige moyen. Et encore trouverons-nous autre matière à dissonance, les choses se distinguant irrémédiablement par leur contraire. Ecce homo, ma Sœur. Ecce homo.
Saâdia, tu sais ma théorie : les Empires ne meurent pas, ne se défont pas, ne se dissolvent pas dans l’Histoire. Carthage est debout. Et nous en sommes. Toi et moi, irrémédiablement Carthaginoises. Parce que c’est toi. Parce que c’est moi. Point.
Le mouvement Ennahdha a réitéré, dans un communiqué publié ce dimanche 23 février 2025, son appel à la libération de tous les détenus politiques et à mettre fin aux atteintes aux droits et aux libertés individuelles et collectives.
Le mouvement islamiste, dont la plupart des hauts dirigeants sont incarcérés et poursuivis dans diverses affaires, à commencer par son président Rached Ghannouchi, a également appelé, dans le même communiqué, à abandonner tous les procès intentés à l’encontre de la présidence de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) Sihem Bensedrine, du journaliste Mohamed Boughalleb et de l’ancien ministre Riadh Mouakhar, qui viennent d’être mis en liberté, et à mettre fin aux poursuites judiciaires dont ils font l’objet.
L’ampleur de la crise où se trouve le pays impose de revenir sur toutes les procédures non démocratiques et contraires à la loi et de revenir à la raison, au droit et à l’Etat des institutions, de manière à assurer la justice sociale, la stabilité politique et sociale pour tous les Tunisiens, sans exclusion ni discrimination, souligne le communiqué.
Pour commémorer le 50e anniversaire de la création du bureau de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) en Tunisie en 1975, une étape importante dans l’histoire de la coopération internationale, l’ambassade de Tunisie au Japon a organisé le 21 février 2025 une réception pour honorer les volontaires japonais qui ont consacré leurs efforts à la Tunisie depuis plus de cinq décennies, contribuant au développement durable et renforçant les liens culturels entre les deux nations.
La réception a réuni des invités de marque, parmi lesquels de hauts responsables de la Jica, du ministère japonais des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de l’Association d’amitié Japon-Tunisie.
Un groupe diversifié de bénévoles de différentes générations a également participé, partageant des témoignages sincères sur leurs expériences en Tunisie. Ils ont réfléchi sur «les amitiés profondes qu’ils ont nouées avec les Tunisiens, l’hospitalité chaleureuse qu’ils ont reçue et l’impact durable de leur travail – sur le plan professionnel et personnel». Ils ont raconté des histoires de croissance personnelle et des expériences en Tunisie.
Des musiciens japonais ont interprété une mélodie mêlant les traditions musicales tunisiennes et japonaises en rehaussant l’ambiance de la soirée. Les participants ont déclaré que cet échange culturel unique mettait en valeur les relations entre les deux pays, relations encore renforcées par l’événement.
Lors de l’événement, l’ambassadeur de Tunisie au Japon, Ahmed Chafra, a prononcé un discours liminaire, rendant hommage au rôle déterminant de la Jica dans le soutien au développement économique et social de la Tunisie. Il a particulièrement souligné le rôle des volontaires japonais en tant qu’ambassadeurs de l’amitié et de la coopération, dont les contributions ont laissé une marque indélébile dans divers secteurs. Leur travail, a-t-il souligné, va au-delà du partage d’expertise, témoignant de la profonde compréhension et de la collaboration entre la Tunisie et le Japon.
Ahmed Chafra.
L’ambassadeur a salué leur travail, qui a eu un impact significatif, et a déclaré que leur dévouement était un facteur clé dans le succès de la mission de la Jica en Tunisie.
L’événement comprenait également une exposition de photos retraçant les étapes importantes du travail bénévole japonais en Tunisie des années 1970 à aujourd’hui. Ce voyage visuel a non seulement mis en lumière l’évolution de la coopération bilatérale, mais a également constitué un puissant témoignage de l’engagement des deux pays en faveur d’un progrès partagé, inspirant l’espoir pour l’avenir, ont déclaré les participants.
L’ambassade du Japon a indiqué que cette célébration a réaffirmé le partenariat Tunisie-Japon, soulignant l’engagement des deux pays à faire progresser la coopération dans divers domaines. «C’était un témoignage renouvelé des liens profonds d’amitié et de respect mutuel entre la Tunisie et le Japon, ouvrant la voie à une collaboration encore plus grande et favorisant un sentiment d’optimisme pour l’avenir.»
«C’est à nous, décideurs, médecins, chercheurs et ingénieurs de veiller à ce que le progrès technologique reste bien au service de l’être humain et non l’inverse».
C’est ce qu’a souligné le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, dans une déclaration en marge du 10e Forum international de la santé numérique, organisé du jeudi 20 au samedi 22 février 2025 à Hammamet.
«Nous sommesà un tournant de l’histoire médicale, a ajouté le ministre, en insistant sur l’apport décisif de l’intelligence artificielle (IA) et de la santé numérique qui ne «ne sont plus un concept futuriste», mais «plutôt une réalité irréversible à vivre avec».
Selon M. Ferjani, celles-ci «offrent, certes, des avancées extraordinaires, mais par contre, doivent être appuyées et accompagnées d’un cadre éthique et réglementaire solide». Il a insisté sur «l’importance d’opter pour une approche responsable, humaniste et inclusive», où l’IA «complète et renforce l’intelligence naturelle des médecins, sans pour autant la remplacer intégralement. Ainsi, nous encourageons les innovations et les initiatives, afin de stimuler la créativité et encourager les solutions qui bâtiront la médecine du futur». Le ministre tunisien de la Santé pense que la télémédecine, notamment les chatbots médicaux, le suivi des patients à distance et les plateformes d’aide au diagnostic demeurent des outils qui offrent des opportunités uniques, à commencer par la réduction des inégalités d’accès aux soins, notamment au niveau des régions de l’intérieur, ainsi que l’amélioration de la formation continue et le développement d’une médecine plus personnalisée.
La 22e Conférence sur la Chine s’est tenue samedi 22 février 2025 à Tunis, avec la participation de plus de 100 participants issus de la diplomatie, des universités et des instituts de recherche de Chine et de Tunisie.
Placé sous le thème «Approfondir la coopération sino-africaine pour diriger le processus de modernisation des pays du Sud» et co-organisé par l’Institut Chine-Afrique et l’Institut supérieur des langues de Tunis (ISLT), l’événement a porté sur des sujets tels que l’expérience chinoise en matière de réduction de la pauvreté, la coopération sino-tunisienne et l’inspiration de la modernisation chinoise pour la coopération sino-africaine.
Notant les expériences historiques similaires ainsi que le soutien et le respect mutuels constants entre la Tunisie et la Chine, le directeur de l’ISLT, Hichem Messaoudi, a déclaré que «la Chine, tout comme la Tunisie et son continent, l’Afrique, partagent une histoire parfaitement semblable fondée sur le pardon, la paix, l’amitié mutuelle, le respect et l’interculturalité, dans le respect de la diversité», a expliqué à Hichem Messaoudi, directeur de l’ISLT, ajoutant que la communauté universitaire tunisienne est disposée à servir de pont pour le développement des relations Tunisie-Chine et Afrique-Chine, et à promouvoir davantage la coopération Tunisie-Chine dans divers domaines.
L’ISLT, a-t-il souligné, restera toujours un portail pour concrétiser, approfondir, booster la coopération entre la Tunisie et la Chine, et aussi entre l’Afrique, la Chine et le monde arabe.
Pour Houda Hazami, professeur de l’Institut supérieur de management, le modèle chinois demeure un exemple à suivre pour les pays du Sud. L’initiative Ceinture et la Route constitue une opportunité en or pour la Tunisie, un pays qui a parié depuis 2011 sur l’ouverture sur de nouveaux horizons économiques émergents et prometteurs afin de diversifier ses ressources de financement et de bâtir de nouveaux partenariats plus équilibrés, a-t-elle déclaré, dans son intervention au forum, auquel nombreux d’étudiants tunisiens et chinois ont pris part.
La Tunisie avait signé en juillet 2018 l’accord d’intégrer l’initiative de Ceinture et la Route et, en septembre de la même année des accords pour réaliser trois mégaprojets dans le sud du pays, un pont mobile dans l’île de Djerba, le réaménagement du Pôle économique et commercial de Zarzis et une ligne ferroviaire reliant les eux gouvernorats de Gabes et Medenine.
Avec plusieurs canaux de financement et d’accès à cette initiative, notamment la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, la Banque africaine de développement (BAD) ou encore le Fonds de la Route de la soie, le Fonds de développement Chine-Afrique et le fonds de co-investissement Chine-Union européenne, la Tunisie «pourrait profiter du modèle chinois dans plusieurs vecteurs de croissance à forte valeur ajoutée, en particulier l’instrument de la Route de la Soie, l’infrastructure numérique, la sécurité cybernétique, la gouvernance numérique et les cités numériques, la formation professionnelle et l’éducation», a conclu la chercheure.
Zhou Yunfan, vice-présidente de l’Institut Chine-Afrique a rappelé que le dernier sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), tenu à Pékin du 4 au 6 septembre 2024, a défini dix actions de partenariat pour approfondir la coopération sino-africaine et faire avancer la modernisation des pays du Sud.
Zhou Yunfan et Houda Hazami.
«A cet égard, les institutions de recherche et les groupes de réflexion ont un rôle unique à jouer dans le renforcement de l’apprentissage mutuel entre les civilisations, le partage d’expériences de gouvernance, ainsi que dans l’apport d’un soutien intellectuel dans le processus d’élaboration des politiques», a-t-elle poursuivi.
Selon elle, l’Institut Chine-Afrique a organisé une série de séminaires et de conférences internationales, en plus de 50 projets de recherche collaborative sino-africaine. «Nous sommes également ouverts à l’accueil de chercheurs africains pour faire des recherches en Chine», a déclaré Mme Zhou.«Réaliser la modernisation est un droit inaliénable de tous les pays et une tâche commune pour la Chine et les pays africains dans la poursuite du développement national et du bien-être du peuple», a déclaré Zhou. Les expériences communes et les objectifs similaires ont rapproché la Chine et les pays africains, les deux parties se soutenant mutuellement en matière de développement économique et de renouveau national, et l’espace de coopération bilatérale s’élargissant constamment, a-t-elle ajouté. Et de conclure : «La Chine et les pays africains doivent travailler ensemble pour promouvoir une modernisation juste, ouverte et gagnant-gagnant, axée sur les personnes, diversifiée et inclusive, respectueuse de l’environnement, pacifique et sûre».
‘‘Pleasure’’ est un film suédois de Ninja Thyberg, sorti en 2021, qui nous dessille les yeux sur le côté sordide, impitoyable et violent de l’industrie de la pornographie.
Mohamed Sadok Lejri *
Au début, J’étais attiré par le sujet du film pour de mauvaises raisons. J’ai cru que j’allais voir un film lubrique et me contenter de quelques scènes cochonnes, mais j’ai découvert un film dur et profond (sans mauvais jeu de mots). Le film ne contient pas de scènes explicites comme on pourrait le supposer, il est dépourvu d’érotisme et de voyeurisme, mais rend compte des préparatifs des tournages X.
Ce film raconte l’histoire d’une jeune femme de 19 ans qui quitte sa Suède natale pour percer dans le porno californien.
Bella Cherry est ambitieuse, prête à tout pour réussir et devenir une star du porno. Elle découvre petit à petit l’envers du décor de ce milieu, notamment la violence sexuelle que l’industrie impose.
Regard sans complaisance sur un milieu très particulier
‘‘Pleasure’’ est l’œuvre d’une réalisatrice suédoise qui produit une réalité authentique et soigneusement expurgée de toute retenue. Elle livre au public un regard très réaliste et sans complaisance sur ce milieu très particulier. Les coulisses de cette industrie sont montrées avec une précision et une subtilité dont la conjugaison dissuade toute envie d’approcher cet univers fondé sur la transgression sadique.
Ninja Thyberg fait passer un message à charge contre la vénalité, la misogynie et la toxicité du milieu du hard, malgré les apparences de bienveillance et de liberté, et ce, en dépeignant ses mœurs et sans jamais verser dans le discours victimaire et le manichéisme primaire – avec les actrices victimes d’un côté et les méchants pornographes de l’autre –. Ainsi, elle ne succombe pas à la facilité et à la médiocrité en proposant une œuvre moralisatrice.
D’ailleurs, malgré son côté candide et bon enfant, Bella Cherry n’est pas présentée comme une victime innocente. Bien au contraire, prête pour une irrésistible ascension, mettant toutes les chances de son côté, la jeune Suédoise navigue avec audace et détermination au sein d’un milieu dont la perversité est naturelle, un milieu implacablement dominé par la surenchère et la logique mercantiliste au détriment de l’éthique et de la dignité humaine.
Une plongée sans fard dans la réalité sordide
Ninja Thynberg impose, tantôt en force, tantôt en subtilité, avec un talent indéniable, sa réflexion sur le monde du porno et ses dérives. Elle montre l’ambiguïté d’une industrie qui repose sur une logique capitaliste et nous propose une plongée sans fard dans la réalité sordide qui se cache derrière ces images pornos dont des millions et des millions de jeunes et moins jeunes des quatre coins du monde sont si friands.
Ninja Thyberg montre dans ce film que les actrices du X ont beau être courageuses, voire un peu téméraires sur les bords, elles se trouvent tôt ou tard confrontées à des choix difficiles et à leurs propres limites. C’est vraiment une immersion dans un milieu qui suscite une certaine fascination chez les gens, étant donné que l’industrie en question repose sur le tabou suprême, en l’occurrence le sexe, et que tout un mythe s’est créé autour d’elle.
A mon humble avis, l’on ne peut rester insensible à un film pareil, a fortiori quand on est une femme. ‘‘Pleasure’’ est un film dur. C’est un long-métrage qui parle de porno et qui, en même temps, s’adresse à un public plutôt cultivé et cinéphile.
20 février 2025, au fond de la médina, dans une demeure bourgeoise rénovée, Dar Ben Gacem, en face de la vieille bâtisse du lycée de la rue du Pacha, «Nadwa» a organisé la première conférence-débat sur la commémoration du 150e anniversaire de la fondation du collège Sadiki, œuvre du Grand ministre réformateur Kheireddine Bacha en 1875.
Saoussen Nighaoui *
Une exposition inédite de photos anciennes sauvegardant la mémoire du lieu et de ses occupants depuis la fin du XIXe siècle a garni l’espace du patio pour le bonheur de nostalgiques visiteurs dont la plupart sont d’anciens Sadikiens?
Exposition photographique et documentaire et conférence sur l’histoire de Sadiki.
Ensuite,le professeur Abdelhamid Larguèche a donné une conférence où il a exposé devant un public savant et curieux la longue marche sadikienne du savoir à travers les générations depuis les pionniers de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du siècle dernier.
Façade du collège sans cesse restaurée faite dans le style néo-mauresque de l’époque (1897).
Un débat centré sur la mémoire du lieu et l’image de l’excellence qu’il dégage.
Sadiki, la fabrique de la nation contemporaine
La thèse défendue et développée par l’historien est que l’école et en premier Sadiki est au cœur de la construction de la nation tunisienne contemporaine bien avant l’indépendance.
En effet, par son ancienneté, ses enseignements dans les deux langues et l’introduction des sciences exactes (mathématiques, physique et géométrie), ainsi que par sa réponse sans cesse renouvelée aux besoins élargis d’une société en mutations sous l’effet de la colonisation, Sadiki a su s’adapter au fil des décennies à cette spirale de la tourmente coloniale.
Plus que cela, Sadiki est devenu le foyer et la matrice des nouvelles élites tunisiennes désireuse du changement politique et de libération nationale.
Une dynamique irréversible sur un siècle a fait naitre, non seulement l’élite du mérite et du savoir depuis Béchir Sfar et Mohamed Salah Mzali, jusqu’à Habib Bourguiba, Slimane Ben Slimane, Mahmoud Messaadi et Ali Belhouane. Bref, Sadiki est devenu le haut lieu d’épanouissement du nationalisme tunisien qui a fini par influencer le mouvement de l’histoire, surtout à partir du 9 avril 1938 et la grande manifestation de Tunis revendiquant un parlement tunisien.
La Tunisie peut aujourd’hui s’enorgueillir des ses élites des Lumières qui ont élevé la Tunisie depuis plus d’un siècle au rang de nation moderne, désireuse de savoir et de progrès.
Un moment fort de la conférence fut consacré au devoir de mémoire, lorsque le conférencier a proposé à la salle de rendre hommage à deux illustres Sadikiens, victimes des injustices de l’Etat indépendant : Mohamed Salah Mzali, Premier ministre en 1954, et Mohamed Attia, directeur et réformateur infatigable de l’enseignement de l’après-guerre et jusqu’à l’indépendance. La Tunisie d’aujourd’hui a besoin de toute sa mémoire et est appelée de se réconcilier avec elle-même et avec tous ses enfants.
Album Photos
Salle de gymnastique au tout début du XXe siècle : la culture du corps fait son irruption.
De 1900 à 1960, Sadiki a radicalement changé : la jeunesse tunisienne (costumes, postures et mentalité).
Habib Bourguiba avec Hassan Hosni Abdelwahab, historien de la Tunisie.
Béchir Denguizli (1869-1934) : Sadikien et premier médecin tunisien musulman moderne.
Militant islamiste qui a très tôt rompu avec le mouvement de Rached Ghannouchi, converti par la suite à la «religion» de la défense des droits de l’Homme, dont il devint l’un des chantres en Tunisie et dans le monde arabe, Slaheddine Jourchi témoigne de son époque, témoignage précieux qui, quoique parfois dénué d’objectivité, ne saurait être négligé.
Dr Mounir Hanablia
On ne peut certes jamais résumer la vie d’un homme en des clichés qui pour être simplificateurs finissent par être simplistes. Et celle-ci mérite incontestablement qu’on s’y arrête, tellement elle est riche d’enseignements permettant de comprendre beaucoup d’événements contemporains. Le surtitre de «Témoignage de l’époque» est déjà similaire à celui d’un célèbre programme télévisé réservé à d’anciens hommes politiques, qui de l’Océan au Golfe, ont présenté aux masses arabes leur version de l’Histoire, orientés par un commentateur politiquement engagé, dans un petit émirat qui pour survivre a créé une chaîne de télévision planétaire et installé sur son sol une base de l’armée la plus puissante du monde.
Ce livre est l’itinéraire d’un «frère musulman» dissident, chassé de son poste de rédacteur de la revue Al Maarifa par Rached Ghannouchi pour ses articles critiques peu conformes à la ligne définie par les dirigeants d’un groupe religieux qui confondait volontairement prédication et politique et qui recherchait constamment des parrainages extérieurs, de l’Ayatollah Khomeiny à Recep Tayyip Erdogan en passant par Hassen Tourabi.
Les pérégrinations de Slaheddine Jourchi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, l’ont conduit, à travers la société civile, la vie associative, le journalisme, les Droits de l’Homme, de l’islamo-gauchisme, une hérésie islamiste, vers les chaînes satellitaires et les médias arabes en passant par le Forum économique mondial de Porto Alegre. C’est dire qu’il est incontestablement d’abord figure représentative de son époque, celle de la mondialisation, à laquelle au nom de la justice, de la liberté et de la vérité, il a fini par s’arrimer paradoxalement en compagnie de certaines anciennes figures emblématiques du marxisme, dont la rédemption, pour ne pas dire l’adaptation, a été assurée bon an mal an par la conversion à la doctrine néolibérale. Mais, ainsi qu’en conclut fort justement l’auteur, aucune vérité ne saurait être absolue, toute vérité doit être relativisée, et pas seulement dans le domaine du religieux.
Par exemple, le Parti Nida Tounes, «sauveur du pays» contre la dictature obscurantiste, compta dans ses rangs un transfuge d’Al Qaïda venu de Belgique, qui avait recruté pour le compte de l’organisation terroriste à Molenbeek notre compatriote, le fameux Abdessatar Dahmane, l’assassin du célèbre chef de la guérilla afghane, Ahmed Shah Massoud, dont la mort allait donner le coup d’envoi au 11-Septembre 2001. Il n’y a pas de quoi en faire un titre de gloire.
Les débuts de l’islamisme politique en Tunisie
De même, ces faits rapportés dans le temps par les jeunes (lycéens) de la tendance islamique au tout début de la naissance de leur mouvement, concernant «l’épreuve» (déjà la martyrologie) que comme des apôtres ils auraient subie à Sousse au cours d’une journée de prédication non autorisée, dans les années 1970, lorsque la police les encercla en leur demandant d’où ils venaient et ce qu’ils faisaient. Si encore il ne s’était agi que d’adultes responsables de leurs actes…
Déjà le même mépris pour la personne humaine, au nom de la cause, dont un homme aussi éminent que Ahmed Mestiri fera les frais des années plus tard après la Révolution, après avoir refusé en 1987 d’être selon ses propres termes le «Mehdi Bazargan» tunisien, lorsque sollicité en 2014 par le parti Ennahdha pour former un gouvernement, il apprendra par la radio le choix à son détriment de Béji Caïd Essebsi. A l’âge du lycée, mes parents avaient ô combien eu raison de me demander de me méfier d’eux.
En fait, à l’époque, celle de la naissance de l’islamisme, c’est le gouverneur de Sousse nommé par Bourguiba, Ahmed Bellalouna, un homme devenu pieux depuis son implication en tant que procureur dans le procès du groupe de Lazhar Chraïti, qui permit au groupe de jeunes prédicateurs encadrés par Abdelfattah Mourou de rentrer librement chez eux, fait que l’auteur du livre omet de mentionner, sans doute parce qu’il ne sied pas de faire reconsidérer l’opinion entretenue sur un régime dictatorial par définition, dont les serviteurs s’avèrent capables de faire preuve, à défaut de l’équité et de l’humanité qu’on leur dénie, de bon sens, en particulier lorsque ce même régime est «réputé» être hostile à l’islam.
Les années du «féroce» Ben Ali
Quant à Ben Ali, c’est encore trop dire de prétendre qu’il ne fut qu’un dictateur sanguinaire, du moment qu’il permit dans les faits la présence à un forum international des droits de l’homme à Alger, outre l’auteur, celle de l’opposante virulente Sihem Bensedrine, où ils furent les hôtes d’un président algérien qui, et le livre ne le dit pas, se contentait d’être la façade civile des militaires, véritables détenteurs du pouvoir.
Le féroce Ben Ali fut ainsi incapable de faire disparaître la frêle Radhia Nasraoui du paysage, ce qui, indépendamment de tout calcul politique, témoignait chez lui d’une certaine éthique, celle de respecter dans une certaine mesure les femmes, du moins celles qui n’étaient pas impliquées dans le terrorisme.
Ce n’est certes pas de cette façon, en traversant les frontières avec leurs passeports et en participant à des réunions internationales, que les opposants étaient traités sous Pinochet du Chili et Videla de l’Argentine, ni encore sous Kadhafi, Saddam, ou les Assad. Et on peut en dire autant de Bourguiba qui a permis à d’anciens condamnés à mort comme Moncef El Materi de voyager et de prospérer.
Certes Ben Ali créa une nouvelle association pour combattre la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) et il plaça à sa tête son ancien patron, le ministre de l’Intérieur qui s’est trouvé être mon propre père, extrait de sa retraite politique entamée depuis le départ de Hédi Nouira en 1980, probablement avec l’intention concomitante de le neutraliser. Mon père n’en fut nullement l’instigateur, et il n’eût sans doute d’autre choix que d’endosser ce rôle qu’on voulait lui faire jouer, et contre l’avis de sa famille. Il est donc aussi impropre de la nommer 35 ans après «l’association du Dr Hanablia», que l’aurait été l’appellation «organisation du Dr Marzouki ou du Dr Zmerli» pour la LTDH.
Du reste, l’invraisemblance de l’affaire, son ridicule même, issu de l’esprit tourmenté de Ben Ali, torpilla le projet qui finit par s’écrouler de lui-même, et l’association ne servit nullement de tremplin aux islamistes récusés par la LTDH ainsi qu’il a été prétendu, pour investir le domaine des droits de l’Homme.
Evidemment le livre est riche en anecdotes, parfois équivoques, qui parfois font sourire. Ainsi en est-il de Béji Caïd Essebsi expliquant que Mohsen Marzouk était trop pressé d’arriver au pouvoir et que de son temps, celui de Bourguiba, lui-même avait dû apprendre le métier sous l’autorité de personnes plus expérimentées, telles Taieb Mehiri. S’il en est ainsi, au nom de quels principes politiques Youssef Chahed et Hafedh Caïd Essebsi ont-ils assumé les responsabilités qui furent les leurs pour mener leur parti et derrière lui le pays vers l’impasse et le discrédit?
L’auteur reconnaît en avoir voulu à l’ambitieux et équivoque Marzouk lorsque celui-ci l’avait abandonné au milieu du gué de la liberté individuelle et de l’égalité après l’y avoir embarqué, en le laissant seul face à la vindicte islamiste. Mais la trahison en politique n’a pas de limites. Ainsi en est il de Abdelfattah Mourou abandonnant ses amis d’Ennahdha après l’affaire de Bab Souika dont il fut payé en retour en tant que candidat à la présidence par le report des voix nahdhaouis vers Kais Saïed. Il est vrai que l’attaque contre le local du RCD qui fit un mort fut concomitante de l’apogée de la vague islamiste du FIS en Algérie, ce que l’auteur ne dit pas expressément, même si par ailleurs, il rapporte que Ben Ali craignait beaucoup l’évolution politique de ce pays.
Pour autant, quoique notoirement lié au renseignement américain, fait vrai et réel récusé par l’auteur faute de preuves, et entamant un processus de normalisation inachevé avec l’Etat sioniste, Ben Ali n’a pas permis l’installation de bases militaires étrangères en Tunisie, et a même envoyé sur les roses la sémillante Condoleeza Rice, secrétaire d’Etat de Bush fils, qui lui demandait l’ouverture d’un institut de la démocratie, en l’invitant à le faire plutôt à Tel Aviv. Cheikh Sek ou Dardouri furent-ils les artisans de la «Révolution» ? On ne comprend pas ce qu’une telle hypothèse peu vraisemblable vienne faire dans le récit de la chute du régime, dont Rachid Ammar fut une figure centrale. Et la prise en charge psychologique de la population (comités de quartiers) au nom de la lutte contre les fameux snipers, ainsi que la canalisation de l’hostilité de la foule contre les demeures du clan déchu, laissent plutôt deviner une préparation minutieuse de la chute du régime.
Le légalisme des Tunisiens
L’auteur eut la sagesse politique de ne pas s’y engager avec l’autre Ghannouchi, le Premier ministre, et de se tenir à l’écart. Cependant, dans son livre il montre une réticence incontestable à relater certains détails importants de ces journées révolutionnaires. Ainsi passe-t-il sous silence le retrait irresponsable des forces de sécurité dans leurs casernes pendant plusieurs mois, qui au lieu de mettre le pays à feu et à sang dans le cadre d’une stratégie à l’algérienne du retour au tout sécuritaire, prépara le raz-de-marée islamiste de la Constituante. Malgré cela, et en dépit de la «Arouchia» dont il rapporte un événement, les affrontements de Redeyef, pour mettre en exergue le rôle de son ami Abdelfattah Mourou dans le retour au calme, c’est plutôt le légalisme des Tunisiens en l’absence de toute autorité qui a empêché le bain de sang. Et il faut d’autant plus le souligner, que les mosquées étaient tombées sous la coupe des salafistes.
«Arouchia»? Il faudrait peut-être nommer ainsi la protection dont, en tant que cousin de Wassila, un détail que j’ignorais, Hassib Ben Ammar n’a pas cessé de bénéficier, et qui propulsa l’auteur vers les sommets que son propre talent, aussi grand soit il, n’aurait pu atteindre seul.
Mais les plus graves omissions du livre furent d’une part le rôle du gouvernement d’Ennahdha dans l’envoi des djihadistes en Syrie mis à tort au débit des salafistes jihadistes qui s’en sont toujours défendus (Abou Yadh) en évoquant un complot pour se débarrasser de leur présence, et d’autre part la mystérieuse tentative de placer Mourou à la tête du pays après la première mort (fausse) du président de la République, et la disparition du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Il est vrai que l’auteur avait publiquement défendu à la télévision le droit au retour des membres de Daech dans leur pays, sans autre mesure à leur encontre qu’une surveillance administrative. Quant à l’appui apporté au président Kais Saïed, il faut aussi le nuancer : il demeure en effet difficile de faire la différence entre coup d’Etat civil et militaire. L’exemple édifiant est naturellement et une fois encore le pouvoir militaire en Algérie qui a une apparence civile. Mis à part cela, évoquer le «massacre des juges», appelle certaines précisions, aussi outrancière cette expression puisse-t-elle être; si les juges se sont soumis, il ne faut pas leur en jeter la pierre, c’est simplement parce que les avocats, pour des raisons purement corporatistes, leur ont claqué la porte du Barreau au nez.
Le livre est riche en rencontres avec des personnalités éminentes, le plus souvent du Maghreb ou du Moyen Orient, avec une nette prédilection pour tous les critiques de l’islamisme, ceux recherchant une nouvelle voie vers la compréhension de la religion, hors des sentiers battus de la tradition, et même des membres de sectes considérées comme hérétiques. C’est à son honneur. Ceux qui y laissèrent leurs vies ou s’égarèrent furent pour la plupart des opposants aux régimes politiques de leurs pays, tels Jarallah Omar, le Gandhi du Yémen, Mansour Al-Kikhia, le pacifiste Libyen, ou Massoud Rajavi, l’Iranien, chef des Mujahedeen-e-Khalq, le mouvement qui constitua un moment une source d’inspiration pour les islamo-gauchistes de la revue 15/21. Rajavi, partisan de la violence, finit par se fourvoyer avec Saddam et la CIA contre son propre pays.
On ne reviendra pas sur l’opinion exprimée sur Hassan Nasrallah, considéré par quelques uns comme un agent iranien, et qui fut beaucoup plus que cela, ni sur le rôle passé sous silence d’Ahmed Ben Bella dans la provocation qui poussa le FIS algérien vers la voie de la grève générale et de la violence.
Il reste évidemment la dernière question qui se pose, celle de l’allégeance, due à la nation ou aux droits de l’Homme. Le problème des droits de l’Homme est évidemment leur instrumentalisation par les puissances impérialistes en tant que moyens de pression contre les gouvernements qui refusent leur diktat, comme par exemple dans la question épineuse du genre. Et leurs représentants risquent d’apparaître, tout comme le sont devenus les cardiologues, comme une caste privilégiée supranationale ambassadrice du libéralisme économique de l’école de Chicago, jalouse avant tout de ses privilèges. Ils prêtent ainsi souvent le flanc aux coups des dictatures qu’ils prétendent combattre.
Le temple des droits de l’Homme
Il y a donc les droits de l’Homme, ceux de tout individu de jouir de l’habeas corpus, de l’assurance d’un procès équitable, qui est une chose relevant du droit, de la culture, de l’évolution des mentalités, et il y a la religion du Temple des droits de l’Homme, liée à des organisations financées par le département d’Etat, la CIA, des fondations et des forums américains privés, qui dénoncent mais sélectivement en fonction des intérêts en jeu. C’est là toute l’ambiguïté de la question.
En dépit de tout, il faut reconnaître à l’auteur tout au long de sa vie, même face à la maladie, un courage et une résilience qui forcent le respect, et son livre constitue un témoignage précieux qui, quoique parfois dénué d’objectivité, ne saurait être négligé.
Né en 1960 à Dimyât/Damiette, Ahmad Al-Shahawi est poète, romancier et journaliste.
Des études supérieures de mathématique et de presse à Assiout, en Egypte.
Depuis 1987, il a effectué de nombreux voyages qui ont marqué sa poésie, traduite dans diverses langues, couronnée de nombreuses distinctions et faisant l’objet de travaux universitaires. Son œuvre, importante, est publiée depuis 1988.
Quelques titres de recueils (en arabe) : Deux prosternations pour l’amour; Les hadiths, livre premier; Le livre de l’amour, Les états de l’amant; Des eaux dans les doigts, Je conduis les nuages.
Tahar Bekri
Que veux-tu ?
Je voudrais pour tes deux rives plus d’eau
et frapper
Car comment un fleuve a-t-il soif alors qu’il inonde ?
Je voudrais du temps un temps
pour conduire les nuages vers tes paumes
Je voudrais un verre de vin avec lequel je brille
comme un diamant qui dort et se réveille
sur la taille de ton feu
Je voudrais plus de nuit
afin de fondre mon âme et que je sois irrigué
que je boive un verre de fleurs
à moi prélude et fin.
Je voudrais une porte
et un avion vers ton âme
de l’or qui te conduise dans la direction
de l’éclair sur tes lèvres
un miroir pour voir le chemin des oiseaux vers ta fleur
unique en amour.
Je voudrais une affection digne d’un enfant orphelin
qui a cédé son héritage dans le ciel
au mûrier sur le chemin
au sycomore dans les champs loin
des yeux des chats domestiques
Je voudrais une sûreté aussi grande que ma fidélité
à la cime de ton ciel qui m’a fait de l’ombre.
Je voudrais éviter la cohue
pour isoler des voiles en noir
afin qu’apparaisse la blancheur de ton cœur de nuit
que ton Nil emporte une poignée d’eau et vienne à toi
Je voudrais que le chemin soit seul avec mon aimée
pour qu’il voie un paradis
qui m’écrit une ordonnance d’eau
au bracelet de cheville en or
aux yeux remplis de secrets
qui n’a répandu sur moi qu’un peu de feu ardent
Amman, 22 novembre 2008
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri
Ahmed Al-Shahawy, Asouqou al ghamam (Je conduis les nuages),Kitab al-Yom, n° 538, Janvier 2010, Le Caire.
La Tunisie se félicite d’avoir accueilli 10,25 millions de touristes étrangers en 2024, un nombre qui dépasse celui d’avant la pandémie de Covid-19, mais les flux et les recettes restent en-deçà de ce qu’ils étaient en 2010, la véritable année de référence.
La Tunisie devrait accueillir plus de 11 millions de touristes en 2025, a déclaré le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Soufiane Tekaya, devant les députés au Palais du Bardo, le mardi 18 février 2025, précisant que les recettes du secteur touristique ont atteint environ 7,494 milliards de dinars (environ 2,34 milliards de dollars).
Le ministre a ensuite passé en revue la situation des zones touristiques concernées, la stratégie du ministère en matière de tourisme intérieur et de formation dans le secteur touristique, ainsi que le plan du ministère dans le domaine du tourisme culturel, écologique et alternatif.
Dans les années qui ont suivi la révolution de janvier 2011, le secteur touristique tunisien a subi un revers en raison des attentats terroristes de 2015. L’année 2019 a enregistré un record historique de 9,4 millions de touristes, selon les données officielles. Puis la pandémie et la reprise de ces dernières années.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Tunisie a organisé les 18 et 19 février 2025 à Tunis le deuxième atelier sur «Surveillance transfrontalière des maladies et coordination des frontières», auquel ont participé une cinquantaine de responsables sanitaires des ports et des frontières de Tunisie, d’Algérie et de Libye.
L’atelier a permis de discuter de la manière d’intensifier la collaboration régionale en matière de sécurité sanitaire et de gestion des migrations.
C’est l’OIM qui l’a fait savoir sur ses réseaux sociaux, soulignant que l’augmentation des maladies transmissibles le long des routes migratoires nécessite une approche coordonnée de la gouvernance des frontières qui intègre la santé dans les protocoles d’immigration.
L’atelier a eu lieu dans le cadre de l’initiative régionale clé de l’OIM sur la surveillance transfrontalière des maladies, lancée en 2024 et visant à renforcer la coordination entre les autorités sanitaires et frontalières. «La collaboration transfrontalière est essentielle pour améliorer la surveillance et la réponse aux maladies, tout en garantissant des itinéraires migratoires réguliers et la protection des droits des migrants et des voyages en toute sécurité», a déclaré Michela Martini, spécialiste principale de la santé migratoire de l’OIM pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
«Utilisé pour récolter des fonds dans les rues des villes tunisiennes, des migrants et des mineurs seraient employés par des organisations criminelles en Tunisie pour obtenir de l’argent en mendiant.»(Photo: migrants subsahariens à El-Amra, Sfax).
C’est l’Association internationale de défense des droits de l’homme et des médias en Tunisie qui tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène d’exploitation des êtres humains, dont les enfants, par des réseaux criminels dans les rues de différentes villes tunisiennes.
Ces groupes organisés sont capables de générer des bénéfices allant jusqu’à 150 dinars par jour (50 euros) pour chaque personne exploitée grâce à la collecte d’aumônes, indique un responsable de cette association dans une déclaration à la radio nationale le 21 février 2025. Alors que le nombre de mendiants tunisiens est en baisse, on observe une augmentation significative des mendiants parmi les migrants d’Afrique subsaharienne, ajoute-t-on.
L’association s’est également dite particulièrement préoccupée par l’exploitation des mineurs impliqués dans ces activités illicites. Face à cette urgence, elle exhorte les citoyens à ne pas donner d’argent directement aux mendiants, mais à orienter leurs dons vers des organismes légalement reconnus qui viennent en aide aux nécessiteux.