Le ministre des Affaires étrangères saoudien, le Prince Faisal Ben Farhan, a affirmé lors de la troisième session du sommet du G20, que la sécurité énergétique représente un défi mondial et une entrave aux efforts de développement et d’éradication de la pauvreté.
S’exprimant à cette occasion, le ministre saoudien a souligné l’importance de prendre en compte les circonstances spécifiques de chaque pays et les besoins diversifiés en développement lors de l’élaboration des stratégies de transition énergétique, plaidant pour une approche équilibrée et inclusive basée sur trois piliers principaux: la sécurité énergétique, l’accès à une énergie abordable et la durabilité environnementale.
Il a saisi cette occasion pour mettre en avant le rôle du G20 en tant que forum important pour améliorer la coordination et l’action collective afin de transcender les défis du développement durable. Le chef de la diplomatie saoudienne a salué les efforts de la présidence brésilienne du G20 pour progresser vers les objectifs de développement et réduire les disparités économiques.
Selon lui, les transitions énergétiques requièrent du temps et des investissements colossaux pour pouvoir les réaliser de manière équitable et inclusive, tout en préservant la stabilité des marchés et la sécurité énergétique. Il a mis en avant aussi l’importance d’utiliser toutes les sources d’énergie, y compris les hydrocarbures et leurs applications propres, ainsi que l’innovation technologique, pour gérer les émissions et les impacts environnementaux.
Le chef de la diplomatie saoudienne a également indiqué que les investissements de l’Arabie saoudite dans les technologies innovantes ont permis d’atteindre l’un des taux les plus bas d’émissions issus des opérations pétrolières et gazières à l’échelle mondiale. Il a ajouté que l’Arabie saoudite s’efforce d’augmenter la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique à 50% d’ici 2030, tout en investissant dans la production d’hydrogène propre et l’application du modèle d’économie circulaire du carbone.
Dans ce cadre, le Prince Faisal a mis en exergue les initiatives saoudiennes, notamment les projets “Saudi Green” et “Middle East Green”. Il a affirmé que le succès des stratégies de transition énergétique de l’Arabie saoudite dépend de sa conjoncture nationale et de ses plans de développement. Il a souligné l’importance de renforcer la coopération internationale pour garantir une transition énergétique juste et inclusive et soutenir les efforts de développement à travers le monde, ce qui contribuera à un développement durable et équilibré pour les générations futures.
Un envoyé spécial pour le Moyen-Orient qui ne connaît rien au Moyen-Orient. À l’heure où cette région bouillonne avec la guerre à Gaza qui s’éternise, où le Liban est à feu et à sang et où l’Iran et Israël sont désormais dans un conflit direct, le président élu Donald Trump a nommé son partenaire de golf Steve Witkoff comme envoyé spécial pour le Moyen-Orient.
Imed Bahri
En piochant un peu, on découvre que cette nomination a pour objectif de récompenser un ami dont la loyauté n’a jamais fait défaut pour qu’il étoffe son carnet adresses dans les pays du Golfe et en fasse profiter son business comme son prédécesseur à ce poste lors du premier mandat de Trump, Jared Kushner, qui aujourd’hui a fondé un fonds d’investissement financé par les pétromonarchies du Golfe.
Le Wall Street Journal a indiqué dans une enquête menée par Joshua Chaffin et Deborah Acosta que l’envoyé spécial du président élu américain pour le Moyen-Orient, le magnat de l’immobilier Steve Witkoff, n’a aucune expérience en diplomatie et a été choisi parce qu’il est proche de Donald Trump et qu’il est censé faire face à la crise au Moyen-Orient comme dans la négociation d’une transaction immobilière difficile.
Les auteurs de l’enquête ont déclaré que Witkoff avait fait un long chemin dans la construction d’un empire immobilier depuis son enfance dans le Bronx à New York et son ascension dans le commerce immobilier à New York et en Floride.
Ils ont évoqué le mariage de son fils Zach Witkoff avec l’actrice Sophia Knight qui a eu lieu à la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago en 2022. Parmi les personnes présentes se trouvaient Trump et son épouse Melania, le gouverneur de Floride Ron DeSantis et des familles investies dans l’immobilier bien connues telles que Barry Strengchelt et le joueur de baseball Alex Rodriguez.
Le WSJ affirme qu’Elon Musk était peut-être l’un des nouveaux meilleurs amis de Trump mais Steve Witkoff est un ami de longue date qui est toujours resté proche du président élu. Witkoff a accompagné Trump tout au long de sa campagne électorale et jouait au golf avec lui lorsqu’il a été victime d’une seconde tentative d’assassinat en septembre.
Aujourd’hui, Trump l’a choisi pour mener à bien une mission majeure, celle de déterminer la politique étrangère américaine et comme son envoyé au Moyen-Orient. C’est une tâche qu’il a confiée lors de son premier mandat à son gendre, Jared Kushner, qui a également travaillé dans le domaine immobilier.
Une négociation complexe pour l’achat d’une propriété
Le journal ajoute que le choix par Trump d’un autre entrepreneur immobilier a renforcé le sentiment que le président élu traite la crise du Moyen-Orient comme une négociation complexe pour l’achat d’une propriété.
Witkoff partage ce point de vue, considérant la région comme une énorme transaction immobilière selon une personne familière avec la pensée du prochain envoyé. Choisir un proche de la famille signifie également que Witkoff poursuit l’approche de Kushner.
Comme Trump, Witkoff, 67 ans, est de New-York où il a grandi, y a fait fortune puis a déménagé dans le sud de la Floride, et comme Trump, il adore jouer au golf. Ses pairs le décrivent comme une personnalité avec un talent particulier dans les négociations.
Le célèbre promoteur immobilier Don Peebles qui a assisté au mariage de Mar-a-Lago a déclaré que: «Witkoff a sa propre façon de négocier et il n’est pas agressif. Il n’est pas le genre de personne qui veut voir du sang avant de signer un accord. Qu’il soit capable de connaître l’histoire complexe du Moyen-Orient est une autre affaire».
Witkoff qui est juif est considéré comme un fervent partisan d’Israël et n’a aucune expérience diplomatique bien que ses amis soulignent les relations commerciales qu’il a nouées dans la région. L’année dernière, Witkoff a vendu l’hôtel Park Lane à Manhattan à la Qatar Investment Authority pour 623 millions de dollars et l’Abu Dhabi Investment Authority a également participé à la transaction.
«Il est conscient de ce qu’il sait et de ce qu’il ne sait pas», a déclaré son ami l’avocat Paul Edelman de la compagnie Paul Hastings. Il a décrit Witkoff comme «quelqu’un qui comprend le Rubik’s Cube et les personnes qui le déplacent».
Cependant un gestionnaire immobilier a exprimé son scepticisme quant aux qualifications de Witkoff tout en louant son intelligence. Cette personne a déclaré que le rétablissement de la paix au Moyen-Orient n’était pas le monde de Witkoff.
Outre les sensibilités de la région, Witkoff devra peut-être bien entretenir ses relations en Amérique d’autant plus que Kushner a laissé entendre qu’il continuerait à participer à la prochaine administration bien que sans position officielle. Dans une interview accordée il y a quelque temps au WSJ, il a déclaré: «Je leur donnerai mes conseils et je les aiderai de toutes les manières dont ils auront besoin.»
Witkoff espère parler, coopérer et consulter Kushner, qui, selon lui, possède une «connaissance extraordinaire de la dynamique de la région», et surtout, ce qui ne gâche rien, sur le double plan de l’investissement et de l’immobilier.
Vers la relance des accords d’Abraham
Lorsque Kushner a été nommé conseiller de Trump et chargé de la mission au Moyen-Orient, de nombreux experts de la région ont été choqués mais le gendre de Trump a réussi à parvenir aux accords d’Abraham qui ont conduit un certain nombre de pays arabes à normaliser leurs relations avec Israël. L’élan de cet accord s’est depuis arrêté en raison de l’opération Déluge d’Al-Aqsa et de la guerre à Gaza qui en a résulté.
Kushner a également révélé le potentiel commercial de ce poste. Après avoir quitté ses fonctions, il a reçu deux milliards de dollars de soutien de l’Arabie Saoudite pour son nouveau fonds de capital-investissement. Un autre milliard de dollars provenait des Émirats arabes unis et du Qatar.
Il est certain que Witkoff recevra l’attention et le soutien de Trump puisqu’ils se sont rencontrés pour la première fois en 1986 alors que Witkoff était un jeune avocat au sein du cabinet Dreyer&Traub avec lequel Trump faisait affaire. La relation a commencé, dit Witkoff, avec un sandwich, selon le témoignage qu’il a soumis l’année dernière au nom de Trump dans le cadre d’un procès pour fraude intenté par le procureur général de New York. Ils se sont rencontrés dans un restaurant après avoir travaillé ensemble sur un accord. «Trump n’avait pas d’argent alors je lui ai commandé du jambon et du fromage suisse», a témoigné Witkoff.
Selon le fils de Witkoff, Alex, Trump a été l’une des grandes inspirations qui a poussé son père à passer du droit à l’immobilier.
L’amitié entre eux s’est approfondie lorsque Witkoff a fait l’éloge de Trump et de sa position le soutenant lorsque son fils Andrew est décédé d’une overdose d’opioïdes en 2011.
Dans un discours prononcé à la Convention nationale républicaine cette année, il a déclaré à propos de Trump que sa présence apportait du réconfort dans une heure sombre. Il a ajouté: «Trump est gentil et émotif et je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme lui de ma vie».
Après leur arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump et son épouse Melania ont invité Steeve Witkoff à parler des dangers de l’opium mais les relations du magnat de l’immobilier avec Trump sont loin des projecteurs. Il a été le premier à se précipiter au secours de son ami et témoigner dans une affaire de fraude à Manhattan et il l’a fait lorsque ses anciens donateurs et partisans se sont éloignés de lui. Il est resté avec Trump tout au long de la campagne électorale et quand un partenaire immobilier lui a demandé quand il le verrait, il lui a répondu: «Je resterai avec le président pendant cette période» et il était l’une des personnes invitées par Trump sur scène le soir des élections pour célébrer la victoire.
Un précieux missi dominici pour Trump
Witkoff a été l’un des plus grands collecteurs de fonds de Trump ayant des liens avec des donateurs juifs très influents dont Miriam Adelson, une fervente partisane d’Israël, qui a finalement donné 100 millions de dollars à la campagne. Il a également joué le rôle de résolveur de problèmes. Après que Trump ait insulté le gouverneur de Géorgie, Brian Kemp, lors d’un rassemblement, Witkoff s’est envolé pour Atlanta pour calmer la situation. Quelques jours plus tard, Kemp est apparu sur Fox News pour déclarer sa loyauté envers Trump.
Lorsque le gouverneur de Floride DeSantis s’est retiré de la course, Witkoff a négocié une percée entre Trump et Santis, le candidat devenu rival. En avril, Witkoff les a réunis pour un petit-déjeuner au Shell Bay Club à Hallandale, en Floride, où les adhésions au golf coûtent plus d’un million de dollars. Une personne a décrit son complexe comme étant comme Mar-a-Lago mais en plus joli. Witkoff a également réussi à convaincre la candidate qui défiait Trump Nikki Haley de négocier une trêve et elle a raconté comment il s’est rendu chez elle en Caroline du Sud. Il lui a demandé ce qu’elle attendait de Trump et elle a répondu: «Rien». Elle a soutenu sa candidature mais ne croyait pas en lui.
Qu’il semble loin le temps de ses débuts lorsque Witkoff, le fils d’un vendeur de manteaux, et un autre avocat de Dreyer & Traub, Lawrence Glack, ont passé au peigne fin Harlem et le Bronx dans les années 1980 à la recherche d’immeubles d’habitation comme activité secondaire dans l’immobilier et nommé leur entreprise Stellar, contraction de Steve et Larry (diminutif de Lawrence). Ils travaillaient dans la location de propriétés à bas prix. À cette époque, il quittait souvent les événements familiaux pour effectuer des travaux d’entretien dans des maisons de location et portait une arme à feu pour se protéger dans ces deux quartiers difficiles.
On l’aura compris, la nomination de M. Witkoff n’aura pas pour objectif de résoudre les conflits du Moyen-Orient car les dés sont jetés et Israël aura tout ce qu’il veut avec une administration ultra-sioniste mais que ce poste lui servira pour étoffer son carnet d’adresses avec les investisseurs de la région et en faire profiter son business comme M. Kushner avant lui. Un renvoi d’ascenseur de Trump à son fidèle ami et partenaire de golf Steve qui ne l’a jamais laissé tomber et sur lequel il a pu compter pour revenir au pouvoir.
La tragédie que vivent les Palestiniens ne cesse de creuser le fossé entre la passivité ou l’impuissance des gouvernants arabes et la solidarité des peuples arabes. Pour tenter de sauver les apparences, les dirigeants du Golfe qui viennent de se réunir à Riyad ont proposé une feuille de route appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban. Tout en réaffirmant la solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien.
Pour le leader régional, l’Arabie saoudite, la position officielle est sans ambigüité : la création d’un Etat palestinien (sur la base des frontières de 1967), avec Jérusalem-Est pour capitale, est une condition préalable à toute stabilisation (régionale) et normalisation (avec Israël). Un discours qui illustre le jeu complexe auquel joue le prince héritier Mohammed Ben Salman.
Des liens stratégiques avec les Etats-Unis
Historiquement, l’Arabie saoudite est le premier allié des Etats-Unis dans la région. Dès les années 30, les Etats-Unis s’emploient à contrôler l’extraction, mais également l’acheminement des ressources pétrolières. En février 1945, le président Franklin Roosevelt conclut avec le roi d’Arabie saoudite, Ibn Saoud, le « Pacte du Quincy » (accord historique qui tire son nom du navire de guerre américain sur lequel il a été conclu), prévoyant la garantie de l’approvisionnement des Etats-Unis en pétrole saoudien à des prix préférentiels, en échange de la protection du royaume saoudien contre une éventuelle agression (notamment de la part de l’Irak, de l’Iran et de l’Egypte).
Preuve de la force de l’alliance stratégique scellée entre Américains et Saoudiens, celle-ci a traversé les guerres israélo-arabes, la Guerre froide, les « guerres du Golfe » (1991 et 2003) et même les attentats du 11 septembre 2001 (impliquant des citoyens saoudiens) ou la guerre actuelle à Gaza.
Cette donne est-elle vouée à perdurer? Le prince héritier Mohammed ben Salmane (« MBS ») profite du désengagement américain du Moyen-Orient pour tenter d’imposer un nouvel ordre régional dans un monde multipolaire.
Un rapprochement stratégique avec la Russie, la Chine et… l’Iran
Sans remettre en cause son alliance militaire avec les États-Unis, l’Arabie saoudite est de plus en plus liée à la Russie (partenariat stratégique sur l’OPEP+) et à la Chine (son premier importateur de pétrole et principal partenaire commercial). Pékin a joué un rôle décisif (d’intermédiaire) dans le rapprochement entre deux grandes puissances régionales et adversaires stratégiques : l’Arabie saoudite et l’Iran (médiation qui a abouti au rétablissement de leurs relations diplomatiques en mars 2023). L’événement acte l’ascension de la Chine (les négociations secrètes se sont conclues sous son égide) en tant qu’acteur stratégique dans la région du Moyen-Orient (Pékin est devenu un partenaire des monarchies de la péninsule arabique), sur fond de désengagement américain.
Récemment, l’Arabie saoudite a affiché son soutien à l’Iran dans sa confrontation avec Israël et tente même d’apparaître comme le garant de la cause palestinienne, fonction inhérente à toute puissance qui souhaite s’imposer comme leader du monde arabo-musulman.
Partant, non seulement la pétromonarchie se tourne vers la Chine et se rapproche de l’Iran, mais elle s’éloigne de la perspective de normalisation avec Israël, pourtant ouverte par la signature des « accords Abrahams », du nom des deux traités de paix conclus en 2020 (sous l’égide du président Trump) entre Israël et les Emirats arabes unis, d’une part; et entre Israël et Bahreïn, d’autre part. Le royaume saoudien pourrait être tenté de renforcer un sous-système régional pétrolier et musulman. Et ce, en s’appuyant notamment sur l’instrument à la fois sécuritaire et économique que représente le Conseil de coopération du Golfe (CCG).
A travers son jeu complexe, il s’agit pour l’Arabie saoudite d’ériger un Moyen-Orient stabilisé et développé, qui transcenderait les traditionnels clivages religieux et géopolitiques. Le tout sans volonté de remise en cause des régimes de la région.
Reste que l’émancipation de l’Arabie saoudite par rapport aux Etats-Unis renforce d’autant plus l’enjeu de la relation stratégique entre la puissance américaine et son premier allié dans la région : Israël.
Le ministre de l’Économie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, et le ministre saoudien de l’Investissement, Khalid bin Abdoulaziz Al-Falih, ont signé samedi une lettre d’intention pour renforcer la coopération en matière d’investissement direct entre la Tunisie et l’Arabie Saoudite. Cette signature a eu lieu lors de la visite de travail du ministre saoudien en Tunisie.
Lors de la cérémonie, à laquelle assistaient l’ambassadeur saoudien en Tunisie, Abdulaziz bin Ali Al-Saqr, ainsi qu’une délégation d’investissement et plusieurs responsables ministériels, le ministre de l’Economie et de la Planification a précisé que cette lettre vise à renforcer les relations entre les deux pays dans le domaine des investissements directs. Elle prévoit d’explorer des opportunités d’investissement, d’améliorer la coordination et d’échanger des informations sur l’évolution du climat des affaires.
Il a également souligné la volonté des deux parties de consolider leur coopération dans divers domaines économiques, conformément aux directives des dirigeants des deux pays et dans un esprit de bénéfice mutuel. La Tunisie, qui connaît actuellement une dynamique réformatrice dans plusieurs secteurs, notamment l’investissement et les affaires, offre un environnement favorable pour établir ce partenariat prometteur.
De son côté, le ministre saoudien a déclaré que cette lettre d’intention ouvrirait de nouvelles perspectives pour renforcer les investissements saoudiens en Tunisie.
Les relations entre la Tunisie et l’Arabie saoudite sont historiques et les investissements saoudiens dans notre pays remontent au début des années 1970. Mais ces relations ont connu des hauts et des bas depuis la «révolution» de 2011 qui a été moyennement appréciée par les autorités de Riyad. Avec l’arrivée au Palais de Carthage de Kaïs Saïed et la consolidation de son pouvoir en 2021, nous assistons à un regain d’intérêt saoudien pour la Tunisie. Pourvu de ça dure…
Imed Bahri
«La Tunisie s’apprête à promulguer de nouvelles législations pour faciliter les procédures d’investissement, baliser le terrain aux investisseurs tunisiens et étrangers et les inciter à lancer des projets dans un climat sain et favorable qui préserve leurs droits et les droits de l’Etat tunisien», a déclaré le président de la République Kaïs Saïed lors de son entretien, samedi 16 novembre 2024, au Palais de Carthage, avec le ministre de l’Investissement en Arabie Saoudite, Khaled Bin Abdulaziz Al-Faleh, tout en saluant la force des relations et les liens culturels profonds qui unissent la Tunisie et l’Arabie Saoudite.
«La Tunisie est devenue qualifiée pour faire face à une concurrence mondiale féroce pour attirer les investissements dans plusieurs secteurs, notamment les énergies renouvelables, l’hydrogène, les investissements logistiques, le développement immobilier et le tourisme», a déclaré le ministre saoudien lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion.
Al-Falih a souligné que les investisseurs saoudiens sont prêts à entrer dans ces zones au bon moment. «Nous sommes optimistes quant à la stabilité et au développement politique et économique atteints par la Tunisie», a ajouté le ministre saoudien.
Le même jour, l’hôte saoudien et le ministre tunisien de l’Économie et du Plan Samir Abdelhafidh ont signé un protocole d’accord (MoU) pour promouvoir les investissements directs entre les deux pays, en présence de l’ambassadeur saoudien en Tunisie, Dr Abdulaziz bin Ali Al-Saqr.
L’accord vise à renforcer la coopération en encourageant les investissements directs et en facilitant l’échange d’informations sur les systèmes et les réglementations régissant l’environnement d’investissement. Il souligne un engagement commun à renforcer les liens économiques et à tirer parti des opportunités mutuelles pour une croissance et un développement durables.
Vers un partenariat stratégique
L’Arabie saoudite continue de miser sur la Tunisie en tant que partenaire stratégique, à travers son soutien aux projets de développement et économiques, en injectant de l’argent et en investissant dans des infrastructures telles que le logement et la santé.
Les efforts saoudiens pour soutenir des projets de développement en Tunisie prouvent un grand intérêt du Royaume pour l’emplacement stratégique de la Tunisie, en plus de la position du pays comme porte d’entrée appropriée pour les investissements sur le continent africain.
Ce soutien ne se limite pas à la sphère politique en soutenant les stratégies du président Kaïs Saïed, mais va bien au-delà pour inclure des investissements conjoints dans des projets de développement.
«Les autorités saoudiennes ont compris que les idées et les stratégies de Saïed sont ouvertes aux États arabes du Golfe, alors que le président a modifié l’approche politique en Tunisie depuis son arrivée au pouvoir et a rompu avec le système politique précédent qui marginalisait les relations diplomatiques et politiques et les liens historiques avec Riyad», écrit à ce propos The Arab Weekly.
A la mi-octobre dernier, l’ambassadeur saoudien en Tunisie et la ministre de l’Equipement et de l’Habitat Sarra Zaafrani Zenzeri ont supervisé la livraison de 1 568 logements financés par le Fonds saoudien pour le développement (SFD) dans le gouvernorat de l’Ariana, en présence de Abdullah Bin Ali Bin Mohammed Al-Zahrani, directeur des opérations du fonds saoudien en Afrique du Nord.
La phase initiale du projet, qui est mis en œuvre dans différents gouvernorats de Tunisie, prévoit la réalisation de 4 715 logements sociaux avec un financement concessionnel du fonds saoudien d’un montant total de 150 millions de dollars.
L’hôpital universitaire Roi Salman Bin Abdulaziz
Un contrat de 85 millions de dollars a également été signé le mois dernier pour construire et équiper l’hôpital universitaire Roi Salman Bin Abdulaziz à Kairouan, par l’intermédiaire du SFD. Le projet vise à renforcer les infrastructures de santé, faisant de Kairouan un centre de santé régional pour les régions du nord-ouest et du centre.
Cela réduira la nécessité pour les patients de parcourir de longues distances pour se faire soigner et contribuera à combler le fossé de développement entre les régions tunisiennes, favorisant ainsi la croissance sociale et stimulant l’activité économique.
En outre, l’Arabie saoudite a accordé quatre subventions à travers le fonds, d’un montant de plus de 105 millions de dollars, pour soutenir divers secteurs de développement en Tunisie, qui bénéficie d’une situation stratégique au cœur de la Méditerranée, en plus d’être un point de passage vers le continent africain. Le pays peut jouer un rôle clé dans l’avenir du commerce international et dispose d’un important marché de consommation sur lequel les investisseurs saoudiens peuvent promouvoir leurs produits.
«Le Royaume d’Arabie Saoudite se prépare à la phase post-pétrolière et cherche à créer un équilibre dans ses relations extérieures. Il est clair que les Saoudiens considèrent la Tunisie comme un espace d’investissement et de partenariat permettant aux pays nord-africains de se démarquer des partis qui ont influencé l’arène politique à travers l’intervention étrangère dans la phase post-14 janvier 2011», a déclaré l’analyste politique Mondher Thabet, cité par The Arab Weekly.
Le partenariat saoudien contribuera à améliorer la situation de l’économie tunisienne, qui connaît des difficultés. L’intérêt tunisien pour de nouveaux partenariats peut ouvrir la porte à de nouveaux marchés, notamment saoudiens, étant donné que le Royaume est un pays influent qui entretient des partenariats solides avec les pays producteurs de pétrole et dans le domaine de l’énergie et avec les grandes entreprises économiques mondiales.
Auparavant, le Fonds saoudien pour le développement avait signé un accord de prêt de développement à taux réduit d’une valeur de 55 millions de dollars avec la Tunisie pour financer un projet de renouvellement du réseau ferroviaire.
En juillet 2023, l’Arabie saoudite a accordé un prêt bonifié et une subvention à la Tunisie d’un montant de 500 millions de dollars, dans le but de soutenir son budget face aux difficultés financières et économiques que connaît le pays.
L’accord vise à renouveler le réseau ferroviaire pour soutenir l’augmentation du potentiel de transport du phosphate, contribuer à la croissance économique tunisienne et créer des opportunités d’emplois directs et indirects, selon un communiqué publié par le fonds.
Le projet, estimé à environ 165 millions de dollars, devrait augmenter la capacité de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), en plus de préserver l’environnement, d’économiser de l’énergie et d’alléger la charge sur les infrastructures routières.
Le projet, dans sa première phase, qui s’étalera sur environ deux ans, comprend la rénovation et le développement du réseau ferroviaire sur 194 kilomètres au sud, réparti dans trois gouvernorats: Sfax, Gafsa et Gabès.
Des échanges encore très faibles
Depuis 1975, le Fonds a fourni à la Tunisie un financement pour mettre en œuvre 32 projets et programmes de développement à travers des prêts de développement à taux réduit et des subventions d’une valeur de plus de 1,23 milliard de dollars, pour soutenir les secteurs des infrastructures sociales, des transports, de l’énergie et du développement rural.
La Tunisie se classe au 15e rang des partenaires commerciaux de l’Arabie Saoudite dans la région arabe, avec un volume d’échange annuel moyen de 310 millions de dollars, selon les données officielles.
Ce volume semble faible, ce qui nécessite des partenariats plus larges avec des investissements accrus sur les marchés des deux pays, ce qui permettra un plus grand développement dans les années à venir, d’autant plus que l’Arabie saoudite parie sur la Vision 2030 pour dynamiser l’industrie du transport maritime et gestion portuaire.
Les entreprises saoudiennes investissent actuellement dans environ 38 projets, dont des hôtels et des complexes touristiques privés dans la région du Lac, au nord de la capitale, pour une valeur financière estimée à environ 400 millions de dollars.
Le président de la République, Kaïs Saïed, s’est entretenu, dans la matinée du samedi 16 novembre au Palais de Carthage, avec le ministre de l’Investissement en Arabie Saoudite, Khaled Bin Abdulaziz al-Faleh.
Lors de cet entretien, le chef de l’Etat tunisien a évoqué les relations de fraternité, de coopération et de partenariat entre les deux pays, affirmant que la Tunisie œuvre à promulguer de nouvelles législations pour faciliter les procédures d’investissement, baliser le terrain aux investisseurs tunisiens et étrangers et les inciter à lancer des projets dans un climat sain et favorable qui préserve leurs droits et les droits de l’Etat tunisien.
Un mémorandum d’entente de coopération en matière d’investissement direct a été signé, samedi 16 novembre à Tunis, entre la Tunisie et l’Arabie saoudite à l’occasion de la visite en Tunisie du ministre saoudien de l’Investissement, Khaled Bin Abdulaziz al-Faleh.
Côté tunisien, ledit mémorandum a été signé par le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Abdelhafidh, et côté saoudien par le ministre de l’Investissement, Khaled Bin Abdulaziz al-Faleh.
Le mémorandum vise à consolider les relations entre les deux pays en matière d’investissement direct en favorisant l’exploration des opportunités qui se présentent et en œuvrant à les concrétiser, a indiqué Abdelhafidh. Il a aussi pour objectif de renforcer la coordination entre les deux pays en échangeant les données relatives au climat des affaires et de l’investissement et en intensifiant l’organisation d’événements et de visites entre les secteurs privés des deux pays.
Pour sa part, le ministre saoudien a mis l’accent sur la solidité des relations bilatérales et la grande volonté de les consolider davantage, affirmant la détermination des deux parties à élever la coopération économique au niveau d’un partenariat stratégique.
Il a considéré que le mémorandum signé ouvrira de nouveaux horizons pour renforcer et diversifier les investissements saoudiens en Tunisie, d’autant plus que le pays connaît aujourd’hui une grande dynamique de réforme dans tous les secteurs, notamment le domaine de l’investissement et des affaires, ce qui constitue un terrain favorable à un partenariat prometteur entre les deux pays.
Il n’y a pas si longtemps j’étais de ceux qui ont eu des illusions sur la rénovation de la politique du monde arabe et sur sa volonté de se convertir à la démocratie. Désillusion totale ! Le monde arabe ne changera pas de sitôt. L’exemple de l’Arabie Saoudite est l’illustration parfaite et édifiant à plusieurs titres.(Illustration : Les femmes saoudiennes «libérées» par un ennemi des libertés et des droits individuels.)
Abderrahmane Cherfouh *
En un siècle de pouvoir sans partage, les Ibn Saoud sont restés fidèles au wahhabisme. Cette doctrine fondamentaliste a été fondée en 1740 par Mohammed Ben Abdelwahhab dans le Nedjd, qui a conclu une alliance avec Mohammed Ibn Saoud, qui est toujours d’actualité de nos jours.
Pour l’histoire, l’Arabie saoudite au même titre que tous les pays du Golfe, vivait dans la pauvreté quasi absolue mais, grâce au pétrole, ce pays est devenu riche et vit dans l’opulence. Sa richesse ne provient pas, bien entendu, d’une révolution industrielle, ni de cet effort que fait une société pour créer sa propre richesse et se développer en comptant sur sa force ouvrière et le génie de ses ingénieurs, comme ce fut le cas pour les Etats industriels en Europe, aux États-Unis ou même en Chine et en Inde.
C’est la richesse de son sous-sol, son gaz et son pétrole, qui ont fait de l’Arabie Saoudite ce qu’il devenu actuellement, un Etat riche, allié privilégié des Etats-Unis et l’axe principal de leur politique au Moyen-Orient.
Un mouvement de modernisation dites-vous ?
En attendant que la manne pétrolière prenne fin, les présidents successifs des États-Unis ont toujours soutenu hypocritement l’Arabie Saoudite et fermé les yeux sur la dictature qui y en place, tenue d’une main de fer par la famille régnante qui ne tolère aucune critique, même celle, récurrente, émanant des organisations non gouvernementales de défense des droits humains.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Mohammed Ben Salmane et sa mainmise totale sur le pays en éliminant brutalement concurrents, adversaires et opposants, y compris au sein de la famille régnante, les choses ont commencé à évoluer et des changements perceptibles ont pu être observés surtout à l’égard des femmes qui ont pu bénéficier du droit de conduire une voiture et de ne pas porter le voile dans l’espace public, d’assister à des spectacles et à des défilés de mode. Mais, en dehors de ce ravalement de façade, la société saoudienne a-t-elle vraiment évolué vers une plus grande liberté individuelle?
Pour ce qui est de l’ouverture de l’Etat wahhabite sur le monde et de la nouvelle stratégie de Mohammed Ben Salmane et des différentes initiatives «révolutionnaires» qu’il a prises en faveur d’un plus grand intérêt pour la culture, il y a lieu de rester sceptique. Et les avis à ce sujet restent très partagés. Les quelques manifestations culturelles organisées par-ci par-là avec faste et clinquant ne sont que de la poudre aux yeux. Il est difficile de croire en la la volonté du régime d’abandonner la doctrine wahhabite et d’avancer sur la voie de la démocratie, qui est censée être la suite logique du mouvement de rénovation socioculturelle en cours.
Le courant mené par Mohammed Ben Salmane, qui se veut réformiste, est une politique de façade ou en trompe l’œil visant à donner une meilleure image de son pays que celle jusque-là véhiculée par les médias internationaux. On ne peut pas entreprendre une réforme et instaurer un changement en gouvernant avec une main de fer et en imposant un pouvoir absolu.
Un vernis qui ne cache pas la réalité
Les soi-disant réformes menées par Mohammed Ben Salmane, prince héritier depuis 2017, imposé par son père, le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, qui lui a confié les rênes du pouvoir dans des conditions politiquement discutables, sont en fait un vernis qui a du mal à cacher la réalité d’un pays aux structures moyenâgeuses. Cet homme ne croit pas à la démocratie, piétine les libertés, ne respecte pas l’opinion de son peuple, ne tolère aucune critique et n’a aucune légitimité politique.
Un pays qui veut instaurer une démocratie réelle, ouverte sur le monde et sur la modernité doit se réformer en profondeur. Il doit évoluer vers un nouveau système politique, avec des institutions représentatives, un parlement élu par le peuple, une société civile dynamique, une presse libre, etc. Or, rien de tout cela n’existe en Arabie saoudite.
Pour ce qui est des droits de l’homme, il convient de garder à l’esprit que l’Arabie Saoudite est le pays qui détient le triste record du nombre d’exécutions avec 198 personnes exécutées en 2024. L’application de la peine de mort y est effective et en contradiction flagrante avec l’image que cherche à véhiculer Mohammed Ben Salmane, qui n’a pas hésité à faire tuer l’opposant Jamal Khashoggi, décapité, découpé en morceau et disparu lors d’une visite au consulat de son pays, à Istanbul en Turquie, le 2 octobre 20218.
Pat ailleurs, le code pénal de l’Arabie Saoudite maintient toujours les châtiments corporels comme la flagellation.
C’est pour toutes ces raisons et pour d’autres que nous restons sceptiques quant aux velléités de modernisation du royaume des Ibn Saoud, une famille régnante dont le seul véritable souci est de perdurer et de veiller aux intérêts particuliers de ses 5 000 membres.
Dans la nature humaine, il existe une tendance à critiquer sans cesse les actions, qu’elles soient celles d’individus, de communautés ou d’États souverains. Malgré les efforts pour progresser et moderniser, les critiques sont souvent acerbes et sans limites, surtout lorsque la haine ou le rejet sont à l’œuvre. Cet article se penche sur cette dynamique, en prenant comme exemple récent la manifestation culturelle Riyadh Fashion Week 2024.
Khemaïs Gharbi *
Lorsqu’une avancée est réalisée, comme la récente libéralisation de certaines expressions culturelles en Arabie Saoudite, les voix critiques émergent rapidement. Au lieu de se réjouir de ces progrès, beaucoup choisissent de les attaquer, souvent avec hostilité. Il est frappant de constater que ces critiques proviennent fréquemment des mêmes observateurs, révélant ainsi un schéma récurrent de «Béni non non».
Prenons le cas de la manifestation culturelle à Riyad, qui a ouvert la porte à une modernité tant attendue. Cette initiative a été accueillie sur les réseaux sociaux, non pas avec des félicitations, mais par une avalanche de critiques. Certains observateurs, qui étaient auparavant actifs face aux restrictions imposées aux femmes, se sont soudainement exprimés avec véhémence. Plutôt que de saluer cette avancée, ils semblent prendre plaisir à critiquer sans objectif constructif, se livrant à une forme de vilipendage du tous azimuts.
Ces critiques illustrent un phénomène courant : la haine de soi. Souvent, les critiques venues de l’intérieur de la communauté arabe traduisent une lutte interne, où il peut être difficile d’accepter ses propres progrès. Ce sentiment est souvent alimenté par des craintes face à l’inconnu ou par un besoin de conformisme. Cela soulève une question essentielle : pourquoi est-il si difficile d’accepter le changement positif au sein de sa propre culture ?
Il est crucial de reconnaître que les avancées socioculturelles doivent être encouragées, même si elles suscitent des critiques. L’adage «les chiens aboient, la caravane passe» résume parfaitement cette situation.
Célébrons les pas en avant et engageons un dialogue constructif autour des évolutions, car chaque progrès constitue une avancée vers une société plus ouverte et inclusive. Embrassons le changement plutôt que de craindre le jugement et éviter de consacrer un temps précieux à la critique gratuite.
Hier soir, l’Arabie Saoudite a accueilli un événement extraordinaire lors du défilé de mode “1001 Saison” du célèbre couturier libanais Elie Saab à Riyad. La soirée a été marquée par des performances exceptionnelles de stars internationales et arabes. Nancy Ajram a ouvert le show avec sa chanson “Habibi Teegi Nenbeset”, captivant le public dès le […]
Dans une lecture analytique du résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 préparée par Julian Borger, le journal britannique The Guardian affirme que la victoire du candidat républicain Donald Trump est synonyme de victoire pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président élu américain voulait que la fin de la guerre à Gaza n’ait lieu qu’après son élection et son entrée en fonction en janvier 2025, alors que sa position sur le programme nucléaire iranien n’est pas claire. Aussi son retour à la Maison Blanche a-t-il des implications importantes pour le Moyen-Orient et est considéré avant tout comme une victoire pour Netanyahu qui n’a pas caché sa préférence pour le Républicain.
Imed Bahri
Dans un souci de ne pas s’aliéner le vote juif américain, l’administration de Joe Biden a reporté ses pressions sur Netanyahu jusqu’après les élections et ce malgré la frustration croissante à son égard sur plusieurs sujets comme l’empêchement de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, sa campagne contre les Nations Unies, son obstruction à un accord de cessez-le-feu et la libération des prisonniers et le soutien de son gouvernement aux colons de Cisjordanie.
Les progressistes du Parti démocrate ont pour leur part appelé Biden à utiliser ses cartes d’influence contre Israël au cours des 13 derniers mois. La colère suscitée par l’utilisation de bombes américaines pour détruire Gaza a provoqué une réaction dans l’État du Michigan qui abrite la plus grande population arabo-américaine des États-Unis, un facteur qui a contribué à la défaite de Kamala Harris.
Même si les États-Unis voulaient libérer leur influence au Moyen-Orient, cela ne serait pas efficace. Le mois dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le secrétaire d’État Anthony Blinken ont écrit une lettre au gouvernement israélien fournissant des détails sur l’obstruction du gouvernement israélien aux efforts d’envoi de matériel humanitaire. La lettre fixait 30 jours à Israël pour revoir sa politique faute de quoi il serait confronté à une révision américaine de ses exportations d’armes vers ce pays. Ce choix a été fait après les élections afin que la chance des démocrates n’en soit pas affectée.
Les extrémistes israéliens sur un nuage
À la lumière des résultats des élections américaines, les menaces de l’administration Biden auront peu d’impact sur le gouvernement Netanyahu. Ce dernier attendra l’investiture de Trump le 20 janvier. Il est certain que la prochaine administration ne défendra pas l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) puisque l’administration Trump a interrompu son financement en 2018 et que cette décision n’a été annulée que trois ans plus tard sous l’administration Biden.
Les Nations Unies et tous les efforts de secours seront également confrontés à des problèmes de financement dans la région.
Le retour de Trump supprime, par ailleurs, un obstacle majeur à l’annexion potentielle par Israël de certaines parties de Gaza et de la Cisjordanie. Le prochain président a montré qu’il ne se soucie pas du droit international ni des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu lorsqu’il s’agit d’Israël. N’oublions pas que son administration a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan alors que le droit international considère qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé.
On ne sait pas clairement qui dirigera la politique au Moyen-Orient dans la nouvelle administration Trump mais dans le groupe entourant le président élu se trouvent d’éminents partisans de la colonisation comme son gendre Jared Kushner qui a parlé du véritable potentiel immobilier de construction d’appartements sur la mer de Gaza. Il y a l’ancien ambassadeur en Israël David Friedman qui a postulé pour un nouveau poste dans la prochaine administration sous la forme d’un livre dans lequel il parlait du droit divin d’Israël à s’emparer de la Cisjordanie qu’il appelle la Judée Samarie. Souhait partagé par la première donatrice de Donald Trump, la milliardaire américano-israélienne Miriam Adelson.
Le journal britannique a indiqué que le soutien et l’élan acquis par l’aile extrémiste du gouvernement israélien appelant au rattachement de la Cisjordanie constituent l’une des répercussions les plus évidentes sur le Moyen-Orient. Borger estime que le retour de Trump renforcera la position de Netanyahu dans son pays et augmentera probablement ses efforts visant à transformer Israël en un État illibéral. Netanyahu n’écoutera aucune voix à Washington lui demandant de modérer sa campagne visant à priver le système judiciaire de son indépendance.
Cependant, le retour à la Maison Blanche d’un allié de confiance de Netanyahu ne signifie pas qu’il aura les mains totalement libres. Contrairement à Biden, Trump ne craint pas que le Premier ministre israélien lui nuise politiquement dans son pays. Même si les nouvelles relations entre les États-Unis et Israël seront biaisées et que l’influence du nouveau président sera bien plus grande que celle de ses prédécesseurs.
Trump avait déjà clairement indiqué dans une lettre à Netanyahu au plus fort de la guerre à Gaza qu’il souhaitait que celle-ci se termine au moment où il prendrait ses fonctions le 20 janvier 2025. Évidemment, il accepterait une issue qui pencherait largement en faveur d’Israël y compris le contrôle militaire de la bande de Gaza.
Le président sortant a également confirmé qu’il souhaitait un accord de cessez-le-feu au Liban si l’administration boiteuse de Biden ne parvient pas à un accord.
Seule incertitude, Netanyahu n’est pas sûr du soutien de Trump à sa priorité liée au dossier nucléaire iranien et à sa destruction. Tout conflit avec l’Iran peut impliquer les États-Unis et l’on sait que l’aversion pour les guerres étrangères est un élément essentiel de la politique étrangère du président élu. D’un autre côté, Netanyahu pourrait ne pas être en mesure de convaincre Trump de soutenir une attaque contre un pays qui, selon lui, prévoyait de l’assassiner.
L’Arabie saoudite se frotte les mains
Borger a souligné que l’Arabie saoudite est le deuxième vainqueur de la victoire de Trump car elle a investi massivement dans la famille Trump. Elle a désormais un allié fort à la Maison Blanche qui fera probablement pression en faveur d’un accord de normalisation saoudo-israélien qui serait ajouté aux Accords d’Abraham avec les autres États du Golfe.
Les responsables de l’administration Biden ont investi beaucoup de temps et d’énergie pour tenter de parvenir à un accord saoudo-israélien et soupçonnaient depuis le début que le prince héritier Mohammed Ben Salmane attendait Trump comme président pour le faire. Mais même pour le prince héritier, il ne sera pas facile de conclure un accord avec Netanyahu à un moment où Gaza est en train d’être détruite et où plus de 43 000 Palestiniens sont tués. Selon The Guardian, cette hésitation sera probablement temporaire et les forces croissantes de rapprochement entre certains États du Golfe, les États-Unis et Israël pourraient s’avérer plus fortes au cours des quatre prochaines années que les inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.