“Je protège ma Fesqiya” : l’initiative d’ASSIDJE pour préserver les eaux pluviales à Djerba
L’Association pour la Sauvegarde de l’Ile de Djerba “ASSIDJE” a annoncé, mardi, avoir réalisé un documentaire intitulé “Je protège ma Fesqiya, pour qu’elle me protège à son tour” (فسقيتي نحميها تحميني), incitant les citoyens à entretenir leurs “Fesqiyas” (citernes de stockage des eaux pluviales) pour valoriser les eaux de pluie, et ce dans le cadre de son projet “Fsagui Djerba : Recharge, Rétention et Réutilisation des Citernes d’eau à Djerba, un avenir meilleur face au changement climatique (3R CC)” .
“Fsagui Djerba” a pour objectif de préserver et valoriser les ressources en eaux pour une meilleure adaptation face aux changements climatiques à l’île de Djerba. Il vise à identifier et valoriser les citernes d’eau publiques, comme richesse patrimoniale, ainsi qu’à sensibiliser et impliquer la population locale dans la lutte contre la vulnérabilité de l’île face aux changements climatiques. Il consiste, globalement, à la localisation, la réhabilitation, l’entretien des citernes publiques d’eau au niveau de l’île de Djerba et la réutilisation des eaux collectées.
D’après un rapport intitulé “Résilience climatique dans un contexte de sécheresse : un focus sur Fsagui Djerba” publié par l’association, “Les précipitations annuelles sur l’île atteignent 248,8 mm. Mais, cette quantité est insuffisante pour répondre aux besoins humains et agricoles. Le nombre moyen de jours de pluie à Djerba ne dépasse pas 40 jours par an. Les précipitations sont souvent éparses tout au long de l’année.
L’essentiel des précipitations (plus de 60%) se concentre entre septembre et décembre, avec un maximum pendant le mois d’octobre (68,7 mm soit 28% du total annuel).
De janvier à mars, les pluies diminuent sans cesse. A partir d’avril commence la saison sèche. Pendant l’été, la pluie est un phénomène accidentel. Ces pluies sont de plus en plus irrégulières, se limitant parfois à seulement 3 ou 4 épisodes pluvieux sur une année entière”.
“Au cours de la période de 1979 à 2023, l’île a été marquée par des précipitations irrégulières, des années de sécheresse qui s’allongent et des inondations qui apparaissent de manière sporadique. Les projections climatiques et les études de vulnérabilité au changement climatique réalisées en Tunisie, démontrent avec certitude que Djerba subit déjà et subirait encore pour longtemps les effets de ce phénomène, en particulier les impacts liés à l’augmentation des températures, à la baisse des précipitations et à l’augmentation du niveau de la mer”.
“On passera d’un cumul de 200mm/an à 160 mm/an à l’horion 2100, soit une perte de 20% du cumul actuel. Les plus fortes perturbations mensuelles seront observées entre les mois de février et avril”.
L’association estime, ainsi, que “pour tous les risques et défis climatiques, l’adaptation est nécessaire pour assurer la durabilité de l’île de Djerba et garantir sa résilience future. Les problèmes, dans leur majorité, sont liés à l’eau, que les djerbiens gèrent depuis l’antiquité avec un professionnalisme qui en fait un modèle à imiter.
Le Majel ou Fesqiya est un dispositif de récupération des eaux de pluie provenant des toits des maisons ou des terrains plats. C’est une coutume qui se transmet depuis l’antiquité d’une génération à une autre. Ces Majels sont répartis dans toute l’île ainsi que sur les voies publiques et les mosquées. L’eau ainsi conservée est précieuse et consommée avec précaution selon les saisons et les années”.
“ASSIDJE” a obtenu son visa le 26 mai 1976. Elle a pour objet d’œuvrer dans tous les domaines et par tous les moyens au développement harmonieux de l’île de Djerba, en vue d’assurer la sauvegarde de son économie, la protection de son écologie, de sa spécificité urbanistique et architecturale traditionnelle.