Le Comité de vigilance pour la démocratie en Tunisie (CVDT), une association dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social, et le Centre culturel arabe en pays de Liège, organisent la 6ᵉ édition du Printemps culturel tunisien en Belgique, entre le 20 septembre et le 18 octobre 2025, sur le thème «Cyberviolence à l’égard des femmes : regards croisés entre la Tunisie et la Belgique».
Cette manifestation vise à promouvoir la culture tunisienne dans toute sa richesse artistique, historique et contemporaine auprès du public belge et de la diaspora, dépasser les clichés touristiques pour présenter une image authentique et vivante de la Tunisie, favoriser les échanges culturels et citoyens entre communautés tunisienne et belge, soutenir les artistes émergents et confirmés et encourager le dialogue et le partage d’expériences pour mieux protéger les femmes en ligne et lutter contre la cyberviolence.
Au programme des conférences-débats autour du thème central déjà cité (mécanismes juridiques comparés, rôle des réseaux sociaux dans la lutte contre la cyberviolence, autonomisation numérique des femmes, éducation aux médias, self-défense digitale…) avec la participation des spécialistes : Monia Lachheb (Université de Tunis El Manar); Nevruz Unal, échevine de la rénovation urbaine, des contrats de quartier, de la prévention, des droits humains & de l’égalité des chances, Salma Triki, docteure en sociologie, spécialiste des questions de genre; Nesrine Rebai, experte internationale senior en genre, fondatrice de Ganbatte, bureau d’études, de formation et de conseils qui accompagne les ONG, institutions publiques et le secteur privé dans la mise en œuvre de projets de développement; Bruno Humbeeck (Université de Mons), psychologue de l’éducation, chercheur et auteur d’une quarantaine d’ouvrages sur l’éducation et la famille; Aïcha Bacha, docteure en sciences politiques et sociales, fondatrice du Centre européen pour le développement et les études géostratégiques.
Au programme aussi un concert intitulé «Lady of the Sea» où Myriam Laraiedh proposera un voyage musical méditerranéen en hommage à la résilience des femmes et au dialogue interculturel.
La 1ère édition du concours Cactus Innov vise à dynamiser davantage la créativité et l’innovation dansl’ensemble de la chaine de valeur de la filière de la figue de barbarie, un secteur stratégique et porteur pour l’économie tunisienne.
Ce concours national, organisé par le Groupement interprofessionnel des fruits (GIFruits), avec l’appui du projet Pampat (Onudi/Seco), est ouvert à toutes les entreprises tunisiennes en activité, développant un projet innovant lié à la valorisation du cactus (agroalimentaire, cosmétique ou autres usages).
Les candidats peuvent concourir dans différents domaines, notamment les produits agroalimentaires innovants, les produits cosmétiques – y compris les extraits et principes actifs testés et commercialisés – ainsi que d’autres produits inspirés du cactus.
Sont considérés comme innovants les produits développant un avantage concurrentiel durable, répondant aux besoins évolutifs des consommateurs, et incluant des améliorations techniques, fonctionnelles ou de composition ayant un impact sur le développement économique et social, la compétitivité de la filière, l’exportation ou la création d’emplois.
Les candidatures doivent être déposées avant le 10 décembre 2025 à 16h30 au bureau d’ordre central du GIFruits, situé au 2, rue Badii Ezzamene, Cité El Mahrajène, 1082 Tunis.
Possibilités variées de valorisation
La filière figue de barbarie en Tunisie se distingue par une chaîne de valeur diversifiée et multisectorielle, riche en opportunités d’innovation au service du développement économique et durable.
La plante du cactus, ressource du patrimoine naturel tunisien, offre des possibilités variées de valorisation selon ses différents organes.
En effet, les fleurs sont exploitées pour la confection d’infusions reconnues pour leurs qualités nutritives.
Les cladodes (raquettes) sont transformés en poudre, matière première utilisée pour l’alimentation animale et la formulation de produits alimentaires et thérapeutiques.
Les fruits, riches en antioxydants et en vitamines, sont utilisés pour la fabrication du jus, de la mélasse, des confitures et des sirops.
Les pépins sont connus pour leur huile spécifique aux propriétés cosmétiques distinguées, aujourd’hui appuyée par une étude clinique initiée par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) et démontrant ses bienfaits pour la peau, notamment ses propriétés anti-âges et anticernes.
Cette dynamique d’innovation s’appuie sur une forte collaboration entre producteurs, transformateurs, institutions et acteurs publics, favorisant un environnement propice à l’investissement et au développement de nouveaux procédés.
Un secteur industriel émergeant
A ses débuts en 2013, la filière figue de barbarie a commencé à se développer grâce à l’engagement et la persévérance d’un groupe restreint de 5 entreprises pionnières basées au centre de la Tunisie.
Aujourd’hui, 67 entreprises disposent de certifications biologiques, 15 ont certifié leur système de management de la qualité, une quarantaine collaborent avec les institutions de recherche pour développer des solutions innovantes et 62 entreprises se spécialisent dans des formulations cosmétiques à forte valeur ajoutée, tandis qu’une quarantaine produisent des articles parapharmaceutiques tels que le vinaigre.
L’élargissement de la gamme, bien au-delà de l’huile de pépins brute, ainsi que la valorisation des sous-produits agro-industriels, illustre une transition vers une économie circulaire où des innovations majeures restent encore largement inexploitées en Tunisie.
Parmi celles-ci, on peut citer, le bioéthanol issu de la biomasse de figue de barbarie pour les énergies renouvelables, le cuir végétal fabriqué à partir des raquettes.
Le développement de ces produits et usages, déjà mis en œuvre avec succès dans d’autres pays, représente un véritable potentiel pour renforcer la compétitivité, diversifier l’offre et accroître le rayonnement international de la filière.
Cette croissance s’accompagne de la création de centaines d’emplois directs et indirects, illustrant le potentiel considérable de cette culture, tant pour le marché local que pour l’exportation, et soulignant l’importance de continuer à stimuler la créativité et l’innovation dans ce secteur.
C’est dans ce contexte de croissance et de diversification que naît la première édition du concours Cactus Innov, qui vise à encourager et accompagner les entrepreneurs tunisiens en leur offrant une excellente opportunité pour présenter leurs produits innovants et leur savoir-faire. L’objectif est de stimuler la créativité et l’innovation tout en renforçant la compétitivité de la filière sur les marchés locaux et internationaux.
Que peut-on sérieusement attendre du Sommet arabo-islamique extraordinaire qui se tiendra dans deux jours à Doha pour discuter de la récente attaque israélienne contre le Qatar ? Pas grand-chose, sinon rien du tout, sauf de vaines gesticulations sans lendemain.(Ph. Sommet arabo-islamique de Riyad en 2023 : beaucoup de bruit pour rien).
Les préparatifs sont en cours pour la tenue d’un sommet arabo-islamique extraordinaire à Doha le 15 septembre 2025, afin d’examiner l’attaque israélienne ayant visé l’État du Qatar.
Le sommet sera précédé, la veille de son ouverture, d’une réunion préparatoire au niveau des ministres des Affaires étrangères.
«Ce sommet extraordinaire vient confirmer la solidarité arabe et islamique avec l’État du Qatar et vise à définir une position commune et une action concertée face à cette agression qui constitue une violation flagrante de la souveraineté de l’État du Qatar, de la Charte des Nations Unies et du droit international, ainsi qu’une menace pour la sécurité et la stabilité dans la région», lit-on dans le communiqué publié l’Organisation de la conférence islamique (OCI).
Cependant, les opinions publiques arabes et islamiques sont en droit de ne rien attendre de ce genre de sommets, souvent organisés à la hâte pour donner l’impression de réagir aux affronts essuyés, mais qui sont généralement sans lendemain.
Israël, quant à lui, fort de l’impunité dont il bénéficie et de la complaisance des puissances occidentales, mais aussi de beaucoup d’Etat arabes et islamiques à son égard, pourra continuer à agresser ses voisins et étendre indéfiniment ses frontières.
A vrai dire, les Arabes et les musulmans, malgré leur poids démographique et leur richesse présumée, n’ont jamais aussi peu compté dans les équilibres du monde qu’ils le sont aujourd’hui : une quantité de plus en plus négligeable et négligée.
La rencontre entre le président Kaïs Saïed et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, dépasse la simple visite protocolaire. Elle s’inscrit dans une dynamique où la Tunisie cherche à affirmer sa souveraineté diplomatique, à élargir son cercle de partenaires et à réaffirmer sa position constante sur la question palestinienne.Vidéo.
Sabrine Bouzeriata *
Kaïs Saïed a rappelé avec force que la cause palestinienne reste «une question de justice universelle», rejoignant le discours de Téhéran, qui en a fait un pilier de sa politique régionale. Cette convergence renforce la légitimité de la Tunisie dans l’opinion publique arabe et musulmane, tout en mettant en avant une diplomatie fondée sur le principe et le droit international, au-delà des calculs immédiats.
Diversification des alliances
Depuis plusieurs années, les relations avec les partenaires traditionnels de la Tunisie – Union européenne, Etats-Unis et pays du Golfe – se sont compliquées. Les aides financières sont conditionnées à des réformes économiques impopulaires, et les appuis politiques du Golfe sont devenus plus sélectifs et les aides financières assez rares. Dans ce contexte, l’ouverture vers l’Iran répond à une logique de diversification : montrer que la Tunisie n’est pas condamnée à dépendre d’un seul bloc, ici occidental, qui fut toujours le sien depuis son indépendance en 1956.
Toutefois, ce pari reste mesuré : l’Iran est sous sanctions internationales, ce qui limite la portée des échanges économiques. De plus, un rapprochement trop visible pourrait susciter la méfiance de certains pays occidentaux et arabes, notamment ceux qui voient Téhéran comme un ennemi potentiel ou un rival stratégique.
La diplomatie tunisienne a souvent cherché à éviter les alignements excessifs. Bourguiba prônait déjà une indépendance de ton, tandis que Ben Ali maintenait un équilibre pragmatique entre l’Occident, le monde arabe et l’Afrique. Kaïs Saïed s’inscrit dans cette continuité, mais en y ajoutant une dimension identitaire et normative : insister sur la souveraineté des peuples, dénoncer les ingérences et affirmer des choix de principe.
Un pari symbolique mais risqué
Si ce rapprochement ouvre la voie à des coopérations scientifiques, technologiques et culturelles, il reste surtout symbolique. Il illustre la volonté de la Tunisie d’élargir ses marges de manœuvre dans un contexte régional et international instable. Mais il pourrait aussi renforcer l’isolement diplomatique si aucun résultat concret n’en découle.
En définitive, Kaïs Saïed mise sur une diplomatie qui conjugue principe et calcul, en privilégiant toutefois le principe sur le calcul : défendre la justice et la souveraineté tout en cherchant de nouveaux espaces de coopération : Iran, Chine, Russie… Reste à savoir si ce pari stratégique sera perçu comme une ouverture crédible ou comme une posture essentiellement idéologique et politique, sans impact positif sur les intérêts économiques de la Tunisie. Dans un contexte mondial tendu et volatile, on peut craindre aussi de douloureux retours de manivelle géostratégiques. Donc, vigilance !
Les cycles économiques ont longtemps fourni aux décideurs publics une boussole rassurante, en leur donnant le sentiment de maîtriser une mécanique prévisible. Mais l’histoire récente en a démontré l’obsolescence : la régularité cyclique a cédé la place à une turbulence structurelle. Face à ce basculement, persister à gouverner avec les dogmes du XIXᵉ et du XXᵉ siècles revient à affronter un tsunami de mutations sociales avec des certitudes friables. L’économie contemporaine exige une refondation intellectuelle : non plus une «science des équilibres» figés, mais une économie des transitions — technologiques, démographiques, climatiques et géopolitiques.
YahyaOuld Amar *
On sait que l’économie n’est pas une science exacte puisqu’elle repose sur des comportements humains, sociaux et politiques, que nul modèle mathématique ne peut figer dans des équations immuables. Pourtant, pendant des décennies, les décideurs publics se sont appuyés sur des dogmes hérités des XIXᵉ et XXᵉ siècles, persuadés d’évoluer dans une mécanique prévisible.
Les cycles économiques, censés alterner expansion et récession comme des saisons, ont servi de guide aux gouvernements pour calibrer leurs politiques budgétaires parfois avec de la dette et aux banques centrales pour ajuster leurs taux d’intérêt.
La courbe de Phillips, érigée en loi d’airain, a légitimé les arbitrages des dirigeants entre chômage et inflation, tolérant une hausse des prix pour soutenir l’emploi.
Le taux neutre, considéré comme invariant, a donné aux banquiers centraux un repère pour déterminer si leur politique devait être accommodante ou restrictive.
La vitesse de circulation de la monnaie – supposée constante – a fondé les stratégies monétaristes de pilotage par les agrégats, offrant aux décideurs l’illusion de pouvoir anticiper l’inflation en les surveillant.
Enfin, l’avantage comparatif sans frictions a servi de justification théorique aux responsables politiques pour promouvoir la libéralisation du commerce international, en affirmant que chacun y trouverait un bénéfice net, sans coûts sociaux.
Pourtant, les ruptures du XXIe siècle – l’irruption de l’intelligence artificielle détruisant le lien entre croissance et travail, le vieillissement démographique accéléré pesant comme une chape de plomb sur la demande, la crise climatique persistante multipliant les chocs permanents et la fragmentation géopolitique désarticulant les chaines de valeur mondiales – ont pulvérisé ces certitudes, rendant obsolètes ces dogmes et imposant une refonte intellectuelle des politiques économiques pour garantir une trajectoire de développement socialement viable.
La première rupture,technologique est incarnée par l’intelligence artificielle, qui ébranle les fondements mêmes de la croissance. Selon le FMI, près de 40 % des emplois mondiaux sont exposés à l’automatisation par l’IA. McKinsey (2023) évalue que jusqu’à 45 % des tâches dans le monde pourraient être automatisées d’ici 2030, éliminant les cycles traditionnels en rendant l’offre sans limite et en réduisant les coûts marginaux à zéro dans des secteurs comme les services numériques. PwC projette une contribution de 15700 milliards de dollars de l’IA au PIB mondial – environ 14,3% de celui-ci – d’ici la même échéance.
Les études montrent des gains de productivité immédiats : +14 % dans certaines activités de service. Mais ces gains ne se diffusent pas uniformément : ils créent des «mini-cycles d’adoption» qui bouleversent des secteurs entiers sans jamais retomber dans la régularité des cycles de productivité d’antan. Nous ne sommes plus dans un modèle de rattrapage linéaire, mais dans une succession de révolutions fractales.
La deuxième rupture, démographique, frappe de plein fouet les économies développées et la Chine (l’usine de production du monde), transformant le «dividende démographique» du siècle passé en une «dette» écrasante. L’Onu prévoit que la planète comptera 2,1 milliards de personnes âgées de plus de 60 ans en 2050, doublant quasiment le chiffre actuel. Dans l’OCDE, la population en âge de travailler pourrait chuter de 8 % d’ici 2060, avec un ratio de dépendance (rapport entre inactifs et actifs) grimpant à 52%.
La Chine, longtemps considérée comme un réservoir inépuisable de main-d’œuvre à bas coût, voit désormais sa population active diminuer. Entre 2010 et 2020, elle a perdu près de 40 millions de travailleurs en âge de travailler, et les projections indiquent qu’elle pourrait en perdre plus de 100 millions d’ici 2040. Selon l’Académie chinoise des sciences sociales, cette contraction pourrait retrancher près de 1 point de croissance annuelle du PIB à long terme. Déjà, le rapport de dépendance devrait passer de 20 % en 2020 à plus de 45 % en 2050, traduisant un vieillissement accéléré.
Ainsi, ce basculement démographique prive la Chine d’un avantage compétitif central et exerce une pression structurelle sur la croissance, les finances publiques et le modèle productif.
Cela signifie mécaniquement moins de travailleurs, plus de pressions salariales et un fardeau croissant sur les finances publiques. La demande se déplace vers les soins de santé et les pensions, créant une «économie de vieux» évaluée à 15000 milliards de dollars (FMI, 2025), mais avec une réduction de 0,5 % annuel du PIB par point de vieillissement, selon le FMI. Ce n’est pas une oscillation cyclique : c’est une lame de fond.
La troisième rupture, les changements climatiques, ajoutent des chocs permanents : les coûts annuels des catastrophes naturelles ont atteint 500 milliards de dollars en 2024 (Swiss Re, 2025), externalités non cycliques qui rendent les modèles keynésiens – focalisés sur la stimulation de la demande – inefficaces face à des destructions d’offre structurelles. Une analyse de The Economist (2020) confirme que ces bouleversements marquent la fin des cycles économiques, remplacés par une «stagnation séculaire» où la croissance mondiale plafonne à 2 % (contre 3 à 4 % au XXe siècle)
L’Agence internationale de l’énergie anticipe un doublement de la demande en nickel et graphite, et une multiplication par cinq pour le lithium d’ici 2040, alimentant une «inflation verte» structurelle due à la transition énergétique.
Le climat agit ainsi comme un choc d’offre incessant, érodant l’efficacité des politiques monétaires axées sur la stimulation de la demande et révélant l’inadéquation des modèles qui ignoraient ces contraintes environnementales.
Enfin, la rupture géopolitique fragmente les chaînes de valeur mondiales, avec la résurgence des guerres sous de nouvelles formes, comme l’illustre l’invasion de l’Ukraine, les tensions sino-américaines, les guerres interminables au Moyen Orient, le retour du protectionnisme industriel et la fragmentation croissante des rapports de force mondiaux.
L’inflation américaine a culminé à 9,1 % en juin 2022, malgré un chômage stabilisé autour de 4 %, non pas d’une surchauffe interne mais de chocs exogènes énergétiques et logistiques. L’économie globale n’obéit plus à des cycles endogènes, mais à des asymétries et transitions structurelles.
Ces ruptures collectives pulvérisent les dogmes du XXe siècle, exigeant une économie des transitions plutôt que des illusions.
L’obsolescence des dogmes économiques
Les cycles économiques : pendant des décennies, la théorie dominante a décrit l’économie comme un système prévisible, rythmé par des cycles d’expansion et de récession que les banques centrales pouvaient lisser en modulant les taux d’intérêt. Ce cadre, inspiré de Keynes mais consolidé par Friedman et les néo-keynésiens, reposait sur l’idée d’oscillations temporaires autour d’une trajectoire de croissance stable, où la monnaie était neutre à long terme.
Or, depuis le début du XXIᵉ siècle, les faits contredisent ce schéma : les catastrophes climatiques, qui coûtent désormais en moyenne 280 milliards de dollars par an, les tensions géopolitiques qui ont ajouté +2 points d’inflation structurelle en Europe en 2022-2023, et le vieillissement démographique chinois, qui pourrait retrancher 1 point de PIB par an d’ici 2040, ne correspondent plus à des oscillations régulières mais à des chocs structurels, permanents et imprévisibles.
Dans ce nouvel environnement, la politique monétaire seule ne suffit plus. Le recours massif aux plans budgétaires en témoigne : 1900 milliards de dollars aux États-Unis en 2021 (American Rescue Plan) et 750 milliards d’euros dans l’Union européenne via «Next Generation EU» ont permis de soutenir la demande et financer la transition, alors que les taux étaient déjà proches de zéro.
À l’inverse, l’Allemagne avait démontré qu’une réduction de sa dette publique de 82 % à 59 % du PIB entre 2010 et 2019 créait des marges de manœuvre précieuses pour absorber les crises. La fin du dogme des cycles économiques consacre ainsi le retour central de la politique budgétaire comme instrument de stabilisation et d’investissement structurel, tandis que la régulation monétaire se limite désormais à la liquidité et à la stabilité financière.
La rupture technologique de l’IA amplifie cette logique, provoquant des transformations éclatées et récurrentes au lieu de cycles économiques linéaires.
La courbe de Phillips : durant des décennies, les politiques publiques se sont appuyées sur la courbe de Phillips, qui postulait une relation inverse et stable : plus le chômage baisse, plus l’inflation accélère, et inversement. Ce dogme justifiait les hausses de taux d’intérêt en période de plein-emploi, au nom du risque de surchauffe. Or les faits de ce début du XXIe siècle ont invalidé cette mécanique. A titre d’exemple, en 2019, les États-Unis affichaient un chômage historiquement bas à 3,5 %, sans que l’inflation ne dépasse 1,8 %, ce qui contredisait l’idée d’une corrélation automatique. À l’inverse, en juin 2022, l’inflation a bondi à 9,1 % alors que le chômage restait modéré, à 4 % : la flambée des prix provenait de chocs d’offre — énergie, logistique — et non du marché du travail. Plus largement, entre 2009 et 2019, l’inflation américaine est restée en moyenne à 1,6 %, malgré des politiques monétaires ultra-expansives et plus de 3500 milliards de dollars d’achats d’actifs par la banque centrale (injection de liquidités).
Les ruptures démographique (excès d’épargne) et technologies déflationnistes ont brisé le lien mécanique entre emploi et prix, rendant caduc un dogme qui a structuré des décennies de politique économique.
Le taux neutre, qui sert de boussole aux banques centrales pour juger si leur politique monétaire est accommodante(en dessous) ou restrictive (au-dessus), autrefois considéré comme constant autour de 2 % réel pour les économies développées, est devenu dynamique sous l’influence des ruptures.
Dès les années 2000, le vieillissement et l’excès d’épargne l’ont fait plonger près de zéro ; depuis 2021, il rebondit – la Fed (la banque centrale américaine) l’estimant à une médiane de 3 % nominal à long terme en juin 2025 (environ 1 % réel). Cette variabilité, amplifiée par les ruptures démographique, climatique et géopolitique, a favorisé des bulles financières, creusant les vulnérabilités.
La vitesse de circulation de la monnaie, supposée constante, a longtemps constitué un pilier du monétarisme : les banques centrales supposaient qu’en surveillant les agrégats monétaires — indicateurs regroupant les différentes formes de monnaie selon leur liquidité — elles pouvaient ajuster leur politique monétaire. La Fed suivait de près l’agrégat M2 (monnaie immédiatement disponible + les dépôts d’épargne et les dépôts court terme), tandis que la BCE (Banque Centrale Européenne), suivait l’agrégat M3 (M2 + les dépôts à terme et les titres de créance à plus d’un an) comme «référence» centrale de sa stratégie.
Or, ce repère s’est effondré. Aux États-Unis, la vitesse de circulation de M2 est passée de 2,1 en 1997à 1,1 en 2020, avant de remonter légèrement à 1,4 au deuxième trimestre 2025, signe d’une thésaurisation massive et d’inégalités patrimoniales croissantes, renforcées par les chocs climatiques et géopolitiques qui détournent la liquidité des circuits productifs.
En zone euro, la masse monétaire M3 a presque doublé entre 2008 (8000 milliards d’euros)et 2020 (14000 milliards), sans générer d’inflation significative : la hausse des prix est restée en moyenne à 1,2 % par an, sous la cible des 2 %.
Résultat : le lien jadis présenté comme mécanique entre masse monétaire et inflation est devenu imprévisible, privant les banques centrales d’un outil de pilotage central et les contraignant à abandonner ce dogme pour privilégier l’analyse des anticipations et des chocs structurels.
L’avantage comparatif sans frictions a longtemps servi de boussole aux gouvernements pour défendre l’ouverture commerciale, en promettant des gains mutuels sans perdants. Or, entre 2000 et 2010, les États-Unis ont perdu 1 à 2 millions d’emplois manufacturiers face à la concurrence chinoise (Autor, Dorn & Hanson), révélant le coût social ignoré par cette théorie. Ce décalage nourrit aujourd’hui protectionnisme et tensions géopolitiques, aggravés par les défis démographiques et climatiques.
Vers une nouvelle doctrine monétaire et budgétaire pour le Sud Global
Face aux ruptures du XXIᵉ siècle — climat, intelligence artificielle, vieillissement démographique, fragmentation géopolitique — il devient urgent de privilégier des approches adaptatives : une politique monétaire ciblant l’investissement productif, une action budgétaire tournée vers la résilience (infrastructures, logement, énergie, éducation, santé, autosuffisance alimentaire). Autrement dit, passer d’une économie des certitudes illusoires à une économie des transitions assumées.
Les pays du Sud global font face à une situation paradoxale : leurs besoins de financement sont immenses, mais leurs marges budgétaires sont étroites, leurs monnaies fragiles et leur exposition aux chocs extérieurs considérable. Continuer à appliquer mécaniquement les recettes héritées du Nord — austérité budgétaire, taux d’intérêt positifs uniformes, quantitative easing aveugle (rachats par les banques centrales d’actifs financiers) absorbé par des dettes publiques stériles — revient à enfermer ces économies dans une vulnérabilité chronique.
Une doctrine adaptée serait : une banque centrale qui reste neutre et crédible, et une politique budgétaire qui prend en charge la transformation économique. Le Parlement définit démocratiquement, dans la loi de finances, un «mandat budgétaire» qui fixe les priorités nationales : industrie locale, logement social, éducation, agriculture… Ce choix politique oriente l’investissement, et non la banque centrale, qui se contente d’accepter comme garantie les obligations émises pour financer ces secteurs.
Cette neutralité n’exclut pas l’évolution des missions : de même que la Réserve fédérale américaine (Fed) a l’emploi dans son mandat, certaines banques centrales pourraient aussi avoir, explicitement, l’investissement productif parmi leurs objectifs.
Concrètement, une agence publique ou un fonds souverain national émet des obligations thématiques («Logement», «Industrie», «Agriculture», «Éducation»…), garanties par l’État et refinançables auprès de la banque centrale (en tant que collatéral accepté).
Les banques commerciales, attirées par ce collatéral sûr, les achètent ce qui canalise automatiquement la liquidité vers les secteurs stratégiques.
À cela s’ajoutent des taux d’intérêt négatifs ciblés : par exemple, financer à taux négatifs les prêts étudiants, les logements sociaux ou les investissements industriels locaux… Le coût de ces subventions d’intérêts peut être couvert par un fonds de péréquation alimenté par des taxes sur les rentes minières, les activités polluantes, la spéculation financière ou encore les produits nocifs pour la santé (tabac, alcool, jeux…). Ainsi, les secteurs rentiers et destructeurs financent directement les secteurs porteurs d’une croissance inclusive et durable.
Enfin, les diasporas peuvent être mobilisées : en souscrivant à ces obligations sûres et liquides, elles transforment une épargne de consommation en capital productif.
Cette architecture réconcilie deux impératifs trop souvent opposés : préserver la neutralité monétaire tout en donnant à la politique budgétaire les moyens de transformer l’économie. Elle crée un pont institutionnel entre les banques centrales et les besoins réels de l’économie, sans compromettre la crédibilité de l’institution monétaire. Elle libère le budget de sa logique défensive pour en faire un instrument d’investissement collectif, capable d’amortir les chocs, de réduire les inégalités et de garantir une croissance soutenable.
Enfin, le XXIᵉ siècle a mis à nu l’illusion des certitudes héritées du passé. Les cycles économiques, la courbe de Phillips, le taux neutre, la vitesse de circulation de la monnaie ou encore l’avantage comparatif sans frictions ont longtemps fourni aux décideurs publics une boussole rassurante, en leur donnant le sentiment de maîtriser une mécanique prévisible. Mais l’histoire récente en a démontré l’obsolescence : l’inflation qui explose sans plein-emploi, des masses monétaires qui doublent sans créer d’inflation, une main-d’œuvre qui disparaît sans retour, un climat qui détruit en permanence du capital productif. La régularité cyclique a cédé la place à une turbulence structurelle.
Face à ce basculement, persister à gouverner avec les dogmes du XIXᵉ et du XXᵉ siècles revient à affronter un tsunami de mutations sociales avec des certitudes friables. L’économie contemporaine exige une refondation intellectuelle : non plus une «science des équilibres» figés, mais une économie des transitions — technologiques, démographiques, climatiques et géopolitiques.
Le rôle des politiques publiques n’est plus de gérer des oscillations passagères, mais de bâtir des trajectoires résilientes, inclusives et soutenables. C’est à ce prix seulement que l’économie retrouvera sa finalité première : offrir aux sociétés non pas une illusion de stabilité, mais un avenir vivable.
Le Front du salut national (FSN) a exprimé sa pleine solidarité avec le dirigeant nahdhaoui Mondher Ounissi, qui, selon ses avocats, a été agressé par un agent pénitentiaire à la prison de la Mornaguia.
Le FSN a réclamé des poursuites contre l’agent pénitentiaire, tout en demandant à l’Ordre des médecins d’ouvrir une enquête après le refus d’un médecin de la prison d’examiner Mondher Ounissi, lit-on dans le communiqué publié ce vendredi 12 septembre 2025.
Le Front regroupant des partis de l’opposition a, au passage, réitéré son appel à la libération de Mondher Ounissi ainsi que de tous les prisonniers d’opinion et des détenus politiques.
Rappelons que les avocats ont annoncé qu’après leur alerte, l’administration de la prison a ouvert une enquête administrative. La défense a également saisi la justice après la plainte officielle de Mondher Ounissi.
Les emplois du temps des élèves inscrits dans les établissements publics peuvent désormais consulter leurs emplois du temps pour l’année scolaire 2025/2026 via la plateforme dédiée Tarbia. .
C’est ce qu’annonce le ministère de l’Éducation en précisant que pour accéder emplois du temps via la plateforme, il faut se rendre sur l’espace « Élève », puis choisir la délégation régionale, l’établissement, le niveau et la classe.
Les enseignants, sont quant à eux invités à accéder à leurs emplois du temps afin de remplir les informations les concernant dans la section « Enseignant ».
Au lendemain du décès de l’artiste Wadi Mhiri, l’Art Rue a publié un hommage poignant à l’homme sensibile et passionné qui sait « transformer les rêves en réalités palpables».
Wadi Mhiri, Le Petit Prince de nos cités rêvées Un ami, un artiste, une lumière qui s’éteint
Cher Wadi, Tu étais notre Petit Prince, celui qui savait regarder autrement, voir des étoiles là où d’autres ne voyaient que des ruines, imaginer des mondes là où régnaient les silences. Ton départ nous laisse orphelins d’un regard rare, d’une sensibilité infinie, d’une fantaisie qui transformait l’ordinaire en merveilleux.
C’est avec une immense tristesse que nous te disons au revoir, toi qui as lutté avec tant de courage contre la maladie. Tu nous quittes avec tant de projets en ébullition, des rêves encore à inventer et à réaliser. Mais tu laisses derrière toi une multitude de souvenirs lumineux que nous garderons à jamais.
Tu n’étais pas seulement un collaborateur pour L’Art Rue, tu étais bien plus : un ami fidèle, un frère de route, un scénographe visionnaire qui savait transformer nos rêves en réalités palpables. Tu avais ce don rare de rendre chaque instant festif, chaque rencontre joyeuse, chaque projet vibrant de vie. Tu adorais les gens, et les gens t’adoraient en retour, naturellement, profondément.
Tu donnes sans compter, porté par l’amour du don et de ton océan de générosité, en amitié comme au travail. C’est toi et c’est ça.
Tu étais un facilitateur de vie. Là où d’autres voyaient des obstacles, tu voyais des chemins. Tu savais apaiser, relier, transmettre avec générosité. Tes conseils, ton rire, ta bonne humeur légendaire ont illuminé nos journées et guidé nos pas.
Dream City garde ton empreinte indélébile en tant qu’artiste, en tant que designer, en tant que photographe et en tant que scénographe. Ton intervention magistrale à la Kechla en 2023, dans l’ancienne bibliothèque nationale, reste dans nos mémoires comme l’un de tes gestes les plus forts : tu as ressuscité un lieu oublié, réveillé des manuscrits endormis, transformé des ruines en trésor vivant. C’était toi, Wadi : faire surgir la beauté là où elle semblait disparue.
Et puis, il y eut Laaroussa. Ton travail au sein de l’école éducative, auprès des enfants des soixante femmes de Sejnane, fut un témoignage vibrant de ton engagement, de ta générosité, de ta pédagogie de transmission et de ta croyance dans l’art comme vecteur d’émancipation et de lien. Tu ouvrais des horizons, tu accompagnais avec bienveillance, toujours fidèle à ta philosophie de vie.
Aujourd’hui, Wadi, tu nous manques déjà. Mais ta lumière continue de briller en nous. Tu nous laisses bien plus que des œuvres : tu nous lègues une force de vie, et une vision de l’art comme puissance de transformation sociale et humaine. Nous porterons cet héritage, avec gratitude, fierté et fidélité.
Merci pour ta joie de vivre, pour ton rire qui résonnera toujours dans nos mémoires, pour ta magie qui continuera d’inspirer chacun de nos gestes. Merci pour toutes ces années de complicité, de création et d’amitié. Tu resteras à jamais présent, oui bien présent, l’Ami, dans nos cœurs, dans nos vies, dans nos projets, dans chaque espace que nous rêverons et construirons encore.
Présent à jamais.
Tu restes là, dans chaque rire, chaque geste, chaque souffle, chaque espace que tu as touché, comme une étoile discrète qui éclaire nos chemins de vie et nos créations.
Dans le cadre de la lutte contre la spéculation et l’augmentation illégale des prix, la brigade régionale de la police municipale de Tunis a réalisé une saisie majeure, annonce le ministère de l’Intérieur.
L’entrepôt illégal, où étaient stockées des quantités considérables de fournitures scolaires a été découvert à à l’aube de ce vendredi 12 septembre 2025 à Tunis, précise le département de l’Intérieur, en précisant que la valeur totale des produits saisis est estimée à près de 4 millions de dinars tunisiens.
Un procès-verbal a été établi pour infraction économique et les fournitures scolaires ont été placées sous la responsabilité du ministère du Commerce, qui a pris l’engagement de les redistribuer aux grossistes sur le circuit de distribution légal, ajoute encore la même source.
La Pharmacie Centrale de Tunisie vient d’émettre un communiqué annonçant la disponibilité du Levothyrox sur le marché. Cette nouvelle, attendue par de nombreux patients, fait suite à une rupture de stock qui a affecté l’approvisionnement en ce médicament essentiel.
L’annonce précise que les trois dosages de Levothyrox 25µg, 75µg et 125µg seront distribués à partir du 16 septembre 2025 à travers tout le pays.
Le Levothyrox est un traitement indispensable pour les personnes souffrant de troubles de la thyroïde, et sa pénurie avait suscité de vives inquiétudes ces derniers jours.
Selon son comité de défense, le dirigeant du parti islamiste Ennahdha Mondher Ounissi aurait été victime de violence à la prison de la Mornaguia.
Ses avocats affirment qu’un agent pénitentiaire l’a agressé mardi 9 septembre, vers 9h30, après qu’il ait refusé de monter dans un véhicule de la prison pour un transfert, surnommé la « voiture de torture » en référence aux conditions considérées inhumaines.
La même source affirme que l’agent a violemment frappé Mondher Ounissi à coups de poing et de pied, tout en proférant des insultes, ce qui a été remonté à l’administration pénitentiaire et fait désormais l’objet d’une enquête administrative.
Les avocat ont également indiqué avoir saisi le Parquet de la Manouba après une plainte déposée par Mondher Ounissi, qui rappelons-le est détenu depuis septembre 2023 dans le cadre d’une affaire de complot contre la sûreté de l’État ( dite « complot 2 »), et qu’il est également poursuivi dans l’affaire Jilani Daboussi.
Le sommeil reste l’un des piliers invisibles de la réussite sportive. Une nuit réparatrice ne se limite pas à éliminer la fatigue. Elle influence la concentration, la vitesse de récupération et même la prévention des blessures. Les athlètes qui dorment assez améliorent leurs chances de performer au plus haut niveau.
Pourquoi le sommeil agit-il comme un carburant ?
Le corps humain se régénère pendant la nuit, un processus que les recherches de afropari partenaire ont récemment mis en lumière en montrant l’impact du sommeil sur la récupération musculaire. Les muscles réparent les micro-déchirures causées par l’effort, tandis que le système immunitaire se renforce et les réserves d’énergie se reconstituent.
Des études ont montré que huit heures de sommeil augmentent la puissance musculaire de près de 15 %. En comparaison, un repos inférieur à six heures réduit la vitesse de réaction et la précision des gestes techniques.
Les cycles du sommeil
Un cycle complet dure environ 90 minutes. Il se divise en plusieurs phases :
Sommeil léger : transition vers le repos profond
Sommeil profond : réparation physique et libération d’hormones
Sommeil paradoxal : consolidation de la mémoire et apprentissage moteur
Un athlète qui enchaîne plusieurs cycles complets voit son corps et son esprit mieux préparés pour l’effort.
Impact direct sur la performance
Le sommeil influence trois éléments clés de la performance sportive :
La concentration : sans repos suffisant, la prise de décision devient plus lente.
La récupération : les muscles fatigués récupèrent plus vite grâce à un sommeil profond.
La prévention des blessures : un manque chronique de sommeil augmente le risque d’accident.
Un joueur bien reposé court plus longtemps, réagit plus vite et garde un meilleur équilibre.
Lien entre sommeil et entraînement
Les séances intenses provoquent un stress sur le corps. Le sommeil réduit ce stress et aide à assimiler les progrès. Des chercheurs ont observé que les athlètes dormant neuf heures par nuit amélioraient leurs temps de course de 5 %.
La mémoire musculaire
Pendant le sommeil paradoxal, le cerveau enregistre les gestes répétés à l’entraînement. Cela permet d’automatiser des mouvements complexes. Un basketteur qui dort bien réussit plus de tirs. Un nageur mémorise mieux ses enchaînements.
Habitudes favorisant un meilleur sommeil
Certains gestes simples optimisent la qualité du repos :
Garder une routine fixe pour se coucher
Éviter les écrans avant de dormir
Manger léger le soir
Dormir dans une pièce sombre et silencieuse
Pratiquer une relaxation douce comme la respiration contrôlée
Un environnement calme et régulier améliore les cycles de sommeil.
Risques du manque de sommeil
Un athlète fatigué court moins vite et se blesse plus souvent. Des tests ont révélé que le manque de sommeil réduit la précision des tirs de 20 %. Il entraîne aussi une mauvaise gestion de l’effort et un temps de récupération doublé après l’exercice.
Sommeil et compétitions
Avant une grande épreuve, la pression empêche parfois de bien dormir. Pourtant, la régularité du sommeil les jours précédents reste déterminante. Un athlète qui dort bien durant la semaine qui précède la compétition garde un avantage, même si la nuit avant l’événement est plus courte.
Jeu responsable et sommeil
Pour les sportifs amateurs qui s’adonnent aux loisirs comme les jeux de hasard, le manque de sommeil amplifie la perte de concentration. Il est essentiel de garder ces activités dans la sphère du divertissement et d’éviter les excès. Le repos protège la santé physique et mentale.
Le sommeil agit comme une arme invisible dans la performance sportive. Il régénère les muscles, aiguise l’esprit et protège des blessures. Les cycles réguliers permettent de transformer l’entraînement en progrès mesurables. Dormir reste donc une stratégie aussi importante que l’entraînement lui-même. Un athlète qui respecte son sommeil construit un avantage durable.
La société Algeria Ham Motors, qui fabrique des motos de marque Sym, vient de signer un accord avec l’entreprise tunisienne MegaCycle Distribution, spécialisée dans l’importation et la distribution de motos.
Dans le cadre de ce partenariat, sept modèles distincts de motos Sym de fabrication algérienne, ainsi que des pièces détachées et des accessoires, seront fournis au marché tunisien, marquant ainsi une entrée solide dans l’un des secteurs de consommation les plus dynamiques d’Afrique du Nord.
L’accord a été signé en marge du Salon commercial intra-africain (IATF 2025) tenu la semaine écoulée à Alger.
«Avec Algeria Ham Motors en tête, l’industrie algérienne prouve sa capacité à produire des produits compétitifs et de haute qualité, capables de rivaliser avec les importations étrangères sur les marchés africains», indique-t-on du côté de l’industriel algérien.
La Tunisie met en œuvre des mesures pour protéger ses précieux récifs coralliens rouges, une ressource prisée concentrée le long de ses côtes nord-ouest, notamment près de la ville de Tabarka. Leur couleur rouge intense et leur grande qualité en font un lieu idéal pour la joaillerie et l’artisanat de luxe.
Malgré un historique d’exploitation commerciale, l’extraction du corail est désormais strictement contrôlée par un nombre limité de licences annuelles.
La production annuelle actuelle n’est que de 3 à 4 tonnes, soit une baisse significative par rapport aux plus de 20 tonnes produites dans les années 1960, avant la mise en place des contrôles environnementaux.
L’exportation de corail génère un chiffre d’affaires annuel estimé entre 3,5 et 4 millions de dollars.
En coopération avec des organisations internationales, les autorités tunisiennes s’efforcent de promouvoir la recherche scientifique sur le corail et de développer des programmes de protection efficaces. Ces efforts incluent l’inclusion de la ville côtière de Tabarka dans un réseau mondial d’aires marines protégées afin de préserver son écosystème unique.
Un jeune homme a été placé en garde à vue, sur ordre du ministère public auprès du Tribunal de première instance de Tunis, pour être apparu sur les réseaux sociaux pointant une «arme à feu factice» en direction d’une patrouille sécuritaire, lors du rassemblement de la « Flottille Soumoud » au port de Sidi Bou Saïd, dans la banlieue de Tunis.
Selon Mosaïque FM, la vidéo montre un jeune homme cagoulé, sortant par le toit d’un véhicule 4×4 et pointant une «arme à feu factice» en direction d’un véhicule des forces de l’ordre, circulant à Sidi Bou Saïd. D’autres enregistrements vidéo montrent la même personne en train de bousculer un agent de sécurité. Il ne fallait pas plus pour que le jeune homme soit traduit devant la justice. Il avait joint l’acte à l’intention, dirait l’accusation. Encore heureux que l’armée était «factice» !
La Tunisie ambitionne de porter ses échanges commerciaux avec l’Egypte à un milliard de dollars américains au cours des cinq prochaines années, a indiqué la Première ministre Sarra Zaafrani Zenzeri, qui co-présidait, jeudi 11 septembre 2025, au Caire, l’ouverture de la 18e session de la Haute commission mixte tuniso-égyptienne, aux côtés de son homologue égyptien Mostafa Kamal Madbouly.Les deux responsables ont également assisté au Froum d’affaires égypto-tunisien organisé à cette occasion.
Pour relancer les échanges bilatéraux, il serait important d’accélérer la mise en place d’un mécanisme de mise en œuvre du protocole d’accord sur la reconnaissance mutuelle des certificats de conformité, conclu lors des réunions du comité mixte du commerce et de l’industrie, a-t-elle ajouté, en exprimant l’espoir que la prochaine réunion du groupe de travail mixte, prévue en Tunisie en novembre, soit l’occasion de finaliser ce mécanisme.
Les niveaux d’investissement entre la Tunisie et l’Égypte restent inférieurs aux attentes, les investissements égyptiens en Tunisie ne dépassant guère 3,45 millions de dollars américains, contre près de 156 millions de dollars américains pour les investissements tunisiens en Égypte, a fait remarquer Mme Zenzeri, et ce malgré les avantages offerts aux investisseurs.
Par ailleurs, le total des échanges commerciaux entre les deux pays n’a pas dépassé 450 millions de dollars en 2024, alors qu’au cours des sept premiers mois de l’année en cours, ils se sont établis à environ 245 millions de dollars, chiffres qu’elle a qualifiés de «très modestes, inférieurs aux attentes et ne reflétant pas le potentiel et les opportunités disponibles dans les deux pays».
La coopération entre la Tunisie et l’Égypte exige des efforts pour surmonter les obstacles et définir un plan concret, assorti d’objectifs clairs et d’échéances précises, afin d’atteindre les niveaux souhaités, a encore souligné Mme Zenzeri, sachant que les échanges bilatéraux restent très déséquilibrés aux dépens de la Tunisie, qui importe d’Egypte beaucoup plus qu’elle n’exporte vers ce pays.
L’appartenance conjointe à plusieurs espaces économiques crée de réelles opportunités de coopération entre les deux pays, a encore noté la Première ministre, notamment au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) devrait à la Tunisie et à l’Egypte de lancer des projets communs en Afrique dans plusieurs secteurs tels que l’agriculture, l’agroalimentaire et l’industrie textile.
La Tunisie et l’Égypte ont signé jeudi 8 accords dans plusieurs domaines : santé et sciences médicales, jeunesse et sport, développement des exportations, création et développement des petites, moyennes et microentreprises, protection des consommateurs et surveillance du marché.
L’auteur du commentaire Facebook reproduit ci-dessous, médecin de son état, mais surtout poète, parolier et critique musical, a vu le dernier film de Kaouther Ben Hania, ‘‘La Voix de Hind Rajab’’. Il a été bouleversé par son réalisme poignant et sa tonalité universelle.
Le sujet est poignant, unique, vrai. Il faut le placer dans son cadre, c’est-à-dire le 29 janvier 2024. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et l’horreur à Gaza a pris des proportions inhumaines inimaginables.
Ce film est intéressant parce qu’il n’est pas le fruit de l’imagination d’un scénariste mais de la réalité de la plus grande injustice qui dure depuis un siècle et qui s’enlise de plus en plus dans l’horreur.
Pour sa crédibilité, Kaouther Ben Hania a basé tout son travail cinématographique sur les enregistrements de cette petite fille palestinienne de Tal et Hawa à Gaza: Hind qui appelle au secours, coincée parmi les corps inanimés de ses proches dans une voiture civile prise sous les feux d’un tank ennemi. On n’est pas arrivé à lui sauver la vie, malgré tous les efforts de communication des sauveteurs du Croissant rouge palestinien parce que l’ennemi en a décidé autrement. Cris de détresse, touchants, larmes et impuissance des sauveteurs, eux-mêmes arrachés à la vie par milliers.
Dans un deuxième temps, nous aurons le loisir de décortiquer ce film et donnerons un avis plus approfondi. Pour l’instant, fêtons avec tous les amoureux du cinéma en Tunisie la réussite d’un film à tonalité «universelle» qui est le fruit du génie d’une Tunisienne qui brille à travers le monde. Elle obtient pour ‘‘La Voix de Hind Rajab’’ 6 prix sur 8 à la Mostra de Venise, dont le Lion d’Argent Grand Prix du Jury. Et ce n’est qu’un début.
Cet article est une mise au point essentielle pour comprendre la mission des Pères Blancs en Tunisie, souvent présentée comme philanthropique, et situer le congrès eucharistique de Carthage en 1930 dans son contexte exact : non comme la manifestation d’une supposée pluralité tunisienne, mais comme l’apogée d’un projet missionnaire au service de la colonisation française. Cette page trouble de l’histoire moderne de la Tunisie mérite d’être mieux connue des jeunes générations. (Ph. Statue du Cardinal Lavigerie au centre-ville de Tunis, démantelée après l’indépendance en 1956).
Khémaïs Gharbi *
Il est devenu courant, sous couvert d’un discours sur la «pluralité» tunisienne, de mettre sur le même plan des minorités anciennes enracinées depuis des siècles et des communautés installées sous la colonisation française. Cette confusion est grave, car elle travestit la chronologie et la nature des présences étrangères en Tunisie.
Oui, la Tunisie a connu des minorités religieuses et culturelles bien avant le protectorat : Juifs installés depuis l’Antiquité, communautés chrétiennes d’époque byzantine ou médiévale, tribus et familles d’origines diverses ayant fini par se fondre dans le tissu local : Livournais, Siciliens, Grecs, Morisques andalous d’Espagne, Maltais et même Russes. Mais il est faux d’assimiler à ces racines anciennes les populations venues dans les fourgons de la colonisation après 1881. Ces dernières – fonctionnaires, colons, missionnaires, militaires – ne sont pas arrivées comme «minorités historiques», mais comme instruments d’un pouvoir extérieur.
De même, prétendre que ces groupes «ont enrichi le pays», au même titre que ses enfants, revient à ignorer le contexte de spoliation. Les écoles, hôpitaux, églises ou entreprises qu’ils ont créés répondaient d’abord aux besoins du système colonial et à l’implantation européenne; ils n’étaient ni conçus pour, ni gouvernés par la majorité tunisienne.
Les Pères Blancs eux-mêmes, sous couvert de charité, avaient pour mission première l’évangélisation et l’acculturation, et non le service désintéressé d’un peuple.
Enfin, l’argument selon lequel «l’histoire officielle nie les minorités» ne peut justifier qu’on réécrive le passé en effaçant la nature coloniale d’une présence étrangère. Reconnaître la diversité réelle du pays ne signifie pas blanchir les épisodes de domination ni transformer des colonisateurs en contributeurs indigènes.
Cette mise au point est essentielle pour comprendre le rôle réel des Pères Blancs en Tunisie et situer le congrès eucharistique de Carthage en 1930 dans son contexte exact : non comme la manifestation d’une pluralité tunisienne, mais comme l’apogée d’un projet missionnaire au service de la colonisation française.
Cette clarification historique permet de replacer l’action des Pères Blancs dans sa véritable dimension : non pas celle d’une minorité enracinée, mais celle d’un instrument missionnaire au service du projet colonial.
Bâtiments du College Saint-Louis à Carthage (fin 19e début 20e).
Une mission au service de la colonisation
L’histoire coloniale de la Tunisie ne s’est pas limitée aux dimensions politiques et économiques. Elle fut également marquée par une entreprise religieuse conquérante, incarnée par les Pères Blancs, congrégation fondée en 1868 par le cardinal Charles Lavigerie (1825-1892), archevêque d’Alger puis de Carthage. Leur mission affichée : «évangéliser l’Afrique du Nord». Leur action, inséparable du protectorat français (1881-1956), s’est traduite par une tentative de reconquête spirituelle, dont l’apogée fut atteinte en 1930 avec le congrès eucharistique de Carthage.
Après l’instauration du protectorat français en 1881, les Pères Blancs s’implantent en Tunisie, soutenus par les autorités coloniales et les garnisons militaires. Leur stratégie repose sur la fondation d’écoles, de dispensaires et d’orphelinats. Mais cette œuvre sociale était indissociable d’une finalité religieuse : conversion et acculturation.
Le cardinal Lavigerie, dans son célèbre discours de 1868, affirmait : «L’Afrique est livrée à l’islam. Si l’Europe chrétienne ne s’y intéresse pas, elle sera perdue.»
Ce programme missionnaire s’inscrivait dans une logique d’acculturation : alphabétisation en français, initiation au catéchisme, marginalisation de la langue arabe et des traditions musulmanes, et éclatement des structures familiales traditionnelles.
Carthage, symbole réapproprié
Un geste fort illustre cette volonté : la construction de la basilique Saint-Louis de Carthage, inaugurée en 1890 sur la colline de Byrsa, lieu fondateur de l’histoire tunisienne. Érigée à l’endroit supposé de la mort de Louis IX (Saint-Louis), elle incarnait la volonté de l’Église de faire de Carthage un nouveau centre de rayonnement chrétien en Afrique du Nord.
Des méthodes contestées
• Œuvres sociales conditionnées : nourriture, soins ou accueil en orphelinat souvent associés à un catéchisme obligatoire.
• Écoles confessionnelles : vecteurs de francisation et d’occidentalisation.
• Discours stigmatisant l’islam : dans son homélie de 1888, Lavigerie appelait à «délivrer l’Afrique de l’erreur mahométane».
Ces initiatives accompagnaient le processus colonial de dépossession économique : alors que l’armée et l’administration françaises confisquaient des terres au profit des colons, les Pères Blancs œuvraient à la dépossession culturelle et spirituelle.
Congrès eucharistique à Carthage en 1930 pour la christianisation de l’Afrique du Nord.
Le congrès eucharistique de Carthage
L’année 1930 marque l’apogée de cette entreprise. À l’occasion du centenaire de la conquête d’Alger (1830-1930), l’Église catholique organise à Carthage un grand congrès eucharistique international (7-11 mai 1930).
Des dizaines de milliers de pèlerins, missionnaires et prélats affluent d’Europe.
Le congrès proclame Carthage «capitale spirituelle de l’Afrique» et appelle à une évangélisation accrue du Maghreb.
Le discours inaugural du cardinal Alfred Baudrillart, recteur de l’Institut catholique de Paris, parle de «reconquête spirituelle d’une terre jadis chrétienne, désormais rendue à l’Église».
Le Musée Lavigerie à Carthage.
Réactions tunisiennes et impact historique
Pour les élites tunisiennes, le congrès fut une provocation. La presse nationaliste (notamment La Voix du Tunisien de Mohamed Chenik et Habib Bourguiba, futur leader du Néo-Destour) dénonça un affront à l’islam et à l’identité nationale.
Le Destour (parti fondé par Abdelaziz Thâalbi en 1920) dénonça la collusion entre colonisation et «missionarisation». Dans ses écrits, Thâalbi y voyait la preuve que la France voulait «dominer non seulement nos terres mais nos âmes ».
Cet épisode contribua à radicaliser la jeunesse nationaliste et à renforcer le lien entre lutte anticoloniale et défense de l’islam comme matrice identitaire.
Aujourd’hui encore, le congrès eucharistique de Carthage reste dans la mémoire collective comme l’une des manifestations les plus visibles de l’alliance entre croix et épée. L’entreprise des Pères Blancs, souvent présentée comme philanthropique, fut inséparable d’une stratégie de domination coloniale.
Elle rappelle que le colonialisme ne s’est pas limité à la spoliation économique, mais a aussi cherché à remodeler l’âme et la mémoire des peuples conquis. Bourguiba qualifia cet épisode de «catastrophe» dans ses discours ultérieurs.
Le domaine Saint-Joseph de Thibar (Béja) où les pères blancs ont développé un grand savoir-faire vinicole et notamment le fameux Thibarine.
Après l’indépendance, une nouvelle page s’ouvre
Au lendemain de l’indépendance de la Tunisie, en 1956, plusieurs communautés Pères Blancs sont restées dans le pays. Des négociations entre le Vatican et le gouvernement tunisien ont abouti, en 1964, à un accord, aux termes duquel un grand nombre d’églises devaient être fermées mais certaines allaient rester ouvertes aux catholiques pour leur assurer la liberté du culte, parmi lesquelles la cathédrale de Tunis.
C’est ainsi que les Pères Blancs ont continué à exercer leur ministère en Tunisie, auprès des chrétiens dans les paroisses et aussi dans les activités culturelles, sociales et religieuses. Dans ce cadre, ils ont accompli un travail remarquable au sein de l’Institut des Belles Lettres Arabes (Ibla) dont la bibliothèque et la revue sont très appréciées dans les milieux universitaires en Tunisie et au-delà.
Détruit par un incendie en 2010, le siège d’Ibla a pu être restauré et a rouvert ses portes au public le 18 octobre 2014.
La bibliothèque d’Ibla contient 30 000 ouvrages et 600 périodiques. C’est l’un des plus riches fonds à Tunis, en arabe et en français (en italien, en anglais, en allemand et en espagnol aussi) sur la Tunisie, le Maghreb et le Machrek.
Siège de l’Ibla dans la médina de Tunis.
Sources et références principales :
• Charles-Robert Ageron, Les Algériens musulmans et la France (1871-1919), PUF, 1968.
• François Renault, Le Cardinal Lavigerie, Fayard, 1992.
• Sadok Boubaker, Le Congrès eucharistique de Carthage 1930 : provocation coloniale et réactions tunisiennes, Revue d’Histoire Maghrébine, 1980.
• Abdelaziz Thâalbi, La Tunisie martyre, 1920.
• Archives de presse coloniale (La Dépêche tunisienne, mai 1930).
Dans le dernier film de de Kaouther Ben Hania, ‘‘The voice of Hind Rajab’’ (Grand prix du jury de la Mostra de Venise 2025) surgit la voix fragile, bien réelle, d’une fillette gazaouie de six ans, prisonnière d’une voiture criblée de balles et jonchée de cadavres. Son appel de détresse, ténu mais bouleversant, transperce l’atrocité environnante et brise le quotidien amer des employés du Croissant-Rouge palestinien à l’autre bout du fil.
Atef Gadhoumi *
Les secours n’étaient pourtant qu’à huit minutes de distance : huit petites minutes qui auraient suffi à arracher la fillette à l’enfer. Mais un protocole implacable, dicté par l’armée d’occupation israélienne, suspendait sa vie à un feu vert incertain — ce sésame insaisissable, perdu dans les arcanes cruels d’un dédale opaque de directives inflexibles.
Que l’attente fût interminable pour Hind, élève de l’école élémentaire «Le Bonheur des enfants», dans la classe des Papillons. Tapie sous la banquette arrière, livrée à elle-même, privée d’eau et de nourriture, au point de mire de chars ennemis, elle s’accrochait à la vie comme à un souffle errant, porté, apaisé, par les voix attentives d’Omar, de Rania et des autres.
Entre espoir et désespoir, colère et résignation, les secouristes restaient suspendus à ce fil fragile d’un appel téléphonique salvateur. Leur délivrance ne vint qu’au début de la soirée, lorsque l’ambulance parvint enfin à se frayer un chemin à travers un corridor «sécurisé», saturé d’horreurs, et s’approcha dangereusement de la voiture de Hind, parmi les décombres…
Puis, soudain, un bruit sourd : un obus jaillit du canon d’un tank haineux. Tout se figea dans un silence assourdissant.
La fillette s’éteignit. Et pourtant, ni les 355 tirs de Tsahal, ni la monstruosité qui l’entourait, n’avaient pu étouffer la voix de Hind Rajab, elle résonnait encore, indomptable, dans le cœur de ceux qui l’avaient entendue, et de ceux qui avaient vu le film, telle un cri lancé à la communauté internationale, accusée de silence et d’impuissance face à la barbarie.