L’ambassade des États-Unis en Tunisie a publié un communiqué ce mercredi 2 avril 2025, adressé aux demandeurs de visa, leur recommandant d’éviter de recourir à des intermédiaires et de payer des frais supplémentaires.
Dans le cas où les informations figurant sur la demande de visa s’avèrent fausses (comme le numéro de téléphone du demandeur ou son adresse e-mail), l’ambassade se réserve le droit d’annuler le rendez-vous en question.
Les demandeurs de visas sont responsables de l’exactitude et de la véracité des informations figurant dans leur demande, souligne l’ambassade.
L’auteur de cet article, un économiste spécialiste en théorie monétaire et expert international, considère que la dernière décision prise par la Banque centrale de Tunisie (BCT) de réduire son taux directeur de 50%, va certes dans le bon sens, mais est de loin trop timide pour provoquer une reprise de confiance des investisseurs et une véritable bouffée d’oxygène pour les opérateurs économiques. L’article se termine par la proposition de mesures monétaires choc afin de relancer la croissance économique et sortir l’économie du marasme qu’elle connaît depuis plusieurs années. Son analyse, objective et basée sur les enseignements de la science économique, ne présage rien de bon si un tel électrochoc d’ordre monétaire n’est pas décidé dans les plus brefs délais, y compris s’il le faut par un décret présidentiel, pour remettre l’économie tunisienne sur les rails de la croissance économique et de la création d empois et de richesses.
Dr. Sadok Zerelli
Tous les opérateurs économiques, mêmes des observateurs et experts comme moi-même, attendaient avec impatience que la BCT se décide enfin à desserrer l’étau qu’elle maintenait sur les opérateurs économiques avec un taux directeur qu’elle a augmenté à huit reprises depuis la promulgation de la loi de 2016 qui lui accorde l’autonomie de décision, et l’a porté jusqu’à 8%, niveau auquel il se situe depuis deux ans. Ni la nomination d’un nouveau gouverneur, qui n’a fait que reconduire la politique de son prédécesseur, ni les pressions exercées par le Président de la République lui-même qui, bien que juriste de formation, a bien compris le caractère nocif d’un taux directeur aussi élevé et l’inefficacité de la politique monétaire menée par la BCT, sous le prétexte de lutter contre l’inflation, n’y ont rien fait
Finalement, la montagne a accouché d’une souris et la BCT a bien voulu baisser son taux directeur de 50%, le ramenant de 8% à 7,5%, comme si cette baisse infime va changer grand-chose dans le comportement des agents économiques et permettre de relancer les investissements, la création d’emplois et la croissance économique qui stagne depuis plusieurs années entre 1% et 2%, justement depuis que la BCT mène cette politique monétaire très restrictive basée sur une spirale d’accroissement de son taux directeur, dans l’espoir d’arriver à maîtriser l’inflation, objectif qu’elle a lamentablement échoué à atteindre puisque celle-ci avait plafonné à 11,3% et qu’elle demeure encore aujourd’hui relativement élevée (7% en 2024, pour un taux de croissance du PIB qui n’a pas dépassé 1,4% pour la même année, soit une baisse du pouvoir d’achat général et du niveau de vie de la population de 5,6% pour cette seule année).
Plus décevant encore est le fait que la BCT a baissé par le même communiqué le taux de rémunération de l’épargne de 50% aussi, le ramenant de 7% à 6,5% et annihilant ainsi du même coup le peu d’effet que pourrait avoir la baisse de 50% de son taux directeur.
En tant qu’économiste universitaire ayant enseigné pendant des années la théorie monétaire et expert international ayant plus de vingt ans d’expérience dans une trentaine de pays africains pour le compte de grands bailleurs de fonds (BAD, BEI, Banque Mondiale, UE…), je dénonce dans le présent article la timidité voire l’inefficacité de cette décision pour relancer les investissements et sortir l’économie nationale de sa torpeur et je propose à la fin de mon analyse les mesures choc d’ordre monétaire qu’il faudrait prendre, à mon avis, pour provoquer un véritable soubresaut et remettre notre économie sur le chemin de la croissance et de la création d’emplois et de richesses.
En introduction, je voudrais faire remarquer à l’attention de mes fidèles lecteurs et lectrices qui ont déjà lu un ou plusieurs de mes précédents articles sur ce même sujet (au moins une bonne quinzaine publiés depuis trois ou quatre ans dans Kapitalis) que la plupart des idées et arguments que je présente dans le présent article ne sont pas vraiment nouveaux, mais quitte à me répéter, j’en reprends un certain nombre pour argumenter le présent article et convaincre les plus sceptiques et les plus hauts responsables du pays de l’inefficacité et de la nuisance de la politique monétaire que la BCT mène depuis 2016, et de la pertinence des mesures que je propose à la place.
Pour la facilité de compréhension de mon analyse, je vais la présenter, dans le langage le plus simple et accessible au grand public, idée par idée ou argument par argument.
Argument 1 / La première fonction d’un Institut d’Emission est de financer l’activité économique
Fixer et inscrire dans le statut même de la BCT que sa première mission est la lutte contre l’inflation comme l’ont fait les députés qui ont élaboré et voté cette loi de 2016 est une preuve de leur ignorance totale des enseignements de la science économique et des mécanismes de base de financement d’une économie. Je leur rappelle que la théorie monétaire est une discipline universitaire qui s’enseigne dans toutes les facultés de sciences économiques du monde et dont certains spécialistes ont obtenu le prix Nobel en économie pour leurs travaux de recherche dans ce domaine. Ne s’improvise pas économiste qui veut, surtout spécialiste en économie monétaire, une des disciplines parmi les plus complexes et difficiles de la science économique, en particulier nos ex-législateurs en herbe.
Ces ex-députés amateurs en politique auraient dû savoir que la première responsabilité de la BCT est d’abord de veiller à la solvabilité de l’ensemble du système bancaire (en imposant à chaque banque de détenir un minimum de réserves obligatoires pour faire face à des demandes de retraits de dépôts), ensuite de mettre à la disposition de l’ensemble des agents économiques, y compris l’Etat, assez de liquidités pour leur permettre de financer leurs activités à travers ce qu’on appelle le processus de refinancement des banques commerciales (achat et vente de titres de créance publics et privés sur le marché monétaire, ce qu’on appelle des opérations d’open market). Sa responsabilité dans la lutte contre l’inflation n’arrive qu’en troisième position et se limite au contrôle de la masse monétaire en circulation et la fixation du taux directeur qui sert de base de calcul du taux du marché monétaire (TMM) qui lui-même sert de base de calcul des taux d’intérêt débiteurs que les banques appliquent à leurs clients (TMM + une marge bénéficiaire de 4 à 5 points selon les banques, soir 12 à 13% pour un taux directeur de 8%).
En matière de politique monétaire, ce qui est fondamental de savoir et que les responsables de notre banque centrale semblent ignorer, est que le taux directeur d’une banque centrale est LA variable de base qui détermine l’équilibre macroéconomique général dans une économie, en assurant l’équilibre simultané sur le marché des biens et services (tel que l’épargne est égale à l’investissement) et l’équilibre sur le marché monétaire (tel que l’offre de monnaie est égale à la demande de monnaie). Selon le niveau du taux directeur de la banque centrale, cet équilibre général peut correspondre à un équilibre de plein emploi sans chômage ou un équilibre de sous-emploi avec chômage involontaire, comme c’est le cas en Tunisie où la croissance économique n’a jamais été aussi faible et le chômage aussi élevé que depuis que la BCT a enclenché cette spirale infernale et stupide d’accroissement de son taux directeur (Je renvoie à ce sujet les responsables de notre BCT aux travaux de recherche et au modèle du type keynésien IS/LM développé par Hicks et pour lesquels il a reçu le Prix Nobel en économie).
Argument 2 / L’inflation n’est pas un phénomène monétaire
Il n’est pas nécessaire d’être un éminent économiste ni l’un de ces «professeurs des universités» en sciences économiques qui n’ont que le titre et qui ne publient jamais aucun article, pour savoir qu’il existe quatre causes principales d’inflation, sur trois desquelles le taux directeur de la BCT ne peut avoir aucun effet. Cette réalité explique pourquoi, malgré les huit accroissements successifs auxquels la BCT a procédé depuis sept à huit ans jusqu’à le porter 8% depuis deux ans, celle-ci n’a jamais réussi à la ramener au niveau où elle était avant l’adoption de la loi de 2016 (4%) et l’inflation reste élevée encore aujourd’hui (7% pour 2024, après avoir atteint même 11,3% en 2022/2023).
Je dois faire remarquer à ce sujet que la baisse relative de l’inflation qu’on enregistre depuis deux ans n’est pas due au succès de la politique monétaire du taux directeur, comme les responsables de la BCT s’en vantent, mais à baisse de la demande intérieure en raison du blocage des salaires et de la baisse du pouvoir d’achat d’un côté, et d’une détente des cours du pétrole et des matières premières sur le marché international de l’autre.
La première cause de l’inflation en Tunisie est le déséquilibre entre l’offre et la demande sur chacun des marchés de biens ou services. Lorsque l’offre globale (production locale plus importations,) diminue ou reste stable, alors que la demande globale (consommation intérieure plus exportation) augmente, les prix s’élèvent pour ajuster l’offre à la demande.
Ce phénomène est aggravé par l’opacité des circuits de distribution et les spéculateurs qui y sévissent à tous les niveaux.
Compte tenu du stress hydrique en Tunisie, de la baisse de la production agricole et des contraintes d’importations posées par la BCT pour préserver les réserves en devises pour pouvoir payer les échéances de la dette extérieure, on peut considérer que cette première cause est responsable d’au moins 30% ou 40% de l’inflation globale, sur laquelle le niveau du taux directeur ne peut avoir aucun effet.
Pire, en rendant le crédit plus cher pour les entreprises qui veulent investir et accroître leur production pour satisfaire la demande, on peut accuser cette politique du taux directeur élevé de générer et alimenter l’inflation au lieu de la combattre.
La deuxième cause de l’inflation est celle importée à travers notre commerce extérieur et qui est dû à l’accroissement des cours du pétrole et certaines matières premières et produits agricoles sur le marché international, aggravé par la dépréciation lente et continue du taux de change du dinar, qui est une résultante directe du déficit de notre balance des paiements.
Il est évident que le taux directeur de la BCT est impuissant pour lutter contre cette deuxième source de l’inflation qui est loin d’être négligeable compte de tenu de la grande ouverture de notre économie
La troisième cause est l’accroissement des coûts de production des entreprises, salaires, matières premières, taxes, etc. Là encore, en augmentant les taux d’intérêt et les charges de financement des entreprises les obligeant à les répercuter sur leurs prix de vente si elles ne veulent pas faire faillite, on peut accuser la politique du taux directeur élevé de la BCT de contribuer à créer de l’inflation au lieu de la combattre.
Il ne reste donc plus à mon sens que 10 ou 20% d’inflation qui est d’origine strictement monétaire que la BCT pourrait combattre en augmentant son taux directeur dans l’espoir que cela va réduire les crédits accordés par les banques et donc la masse monétaire en circulation, si les conditions de réussite de cette politique sont remplies, ce qui est loin d’être le cas comme je vais l’expliquer par la suite.
Argument 3 / Les conditions de réussite d’une politique de type monétariste ne sont pas réunies en Tunisie
L’ex-Gouverneur, qui est à l’origine de la loi d’indépendance de la BCT et qui l’a dirigée jusqu’à son remplacement il y moins d’un an, a appliqué sur recommandation du FMI (selon ses dires) et probablement sans le savoir (encore moins pour le nouveau qui n’est même pas un économiste spécialiste en économie monétaire mais en économie de l’énergie) une politique monétaire de type monétariste basée sur les enseignements de la théorie quantitative de la monnaie dont le chef de file est l’Américain Milton Friedmann.
Cette théorie repose sur une fameuse «Equation de Cambridge» qui stipule que lorsque la masse monétaire en circulation baisse suite à une augmentation du taux directeur (ou des réserves obligatoires imposées aux banques, une autre politique monétaire alternative), le niveau général des prix baisse automatiquement pour le même niveau de la production (PIB) si la vitesse de circulation de la monnaie reste constante à court terme (nombre de fois où un dinar change de mains durant une période de temps donnée,)
Or, en Tunisie cette condition fondamentale pour la réussite d’une politique monétaire de type monétariste n’est pas remplie à cause de l’importance du secteur informel ou de ce qu’on appelle l’économie souterraine (54% du PIB selon certains experts) où le volume et le nombre de transactions s’accroît à chaque fois que la BCT élève son taux directeur, obligeant davantage d’opérateurs économiques à recourir à des financements hors des circuits bancaires classiques. Les économistes appellent cela les mécanismes de transmission entre l’économie réelle et l’économie monétaire, qui sont d’autant plus faibles en Tunisie que, selon une étude de Fich Solutions, seuls 35% des Tunisiens disposent d’un compte courant bancaire ou postal.
Argument 4 | L’inefficacité de la politique d’«ajouter de l’eau, ajouter de la semoule»
Ce proverbe tunisien illustre bien à mon sens la politique monétaire appliquée par la BCT depuis qu’elle est indépendante, qui consiste à lutter contre l’inflation par un accroissement de son taux directeur qui lui-même contribue à créer davantage d’inflation (en rendant plus cher les crédits pour les entreprises qui veulent investir ou accroître leur production et en les obligeant à répercuter l’accroissement de leurs charges de financement sur leurs prix de vente si elles ne veulent pas faire faillite), ce qui engendre un autre accroissement du taux directeur…
Argument 5 | La baisse simultanée du taux de rémunération de l’épargne de 50% annule les effets possibles de la baisse de 50% du taux directeur
Dans l’un de mes articles, j’avais expliqué, analyse des agrégats macro-économiques à l’appui, que le problème numéro un de l’économie tunisienne, à l’origine de tous les autres (faiblesse des investissements, de la croissance économique, accroissement du chômage, de l’inflation, déficit de la balance des paiements, dépréciation du dinar, baisse du niveau de vie, etc.) est la faiblesse de l’épargne nationale qui est passée de 27% du PIB en 2010 à 6% actuellement. Une des causes principales est que depuis que l’inflation s’est emballée, soit pratiquement depuis 2017, le taux de rémunération de l’épargne est resté presque le même réduisant ainsi le taux de rémunération réel de l’épargne.
Or, les ménages ne sont pas dupes et même ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans une école, comprennent instinctivement qu’ils n’ont pas intérêt à épargner parce qu’ils seront perdants en termes de pouvoir d’achat.
Pire, dans un contexte inflationniste comme celui que nous connaissons depuis plusieurs années, lorsque les opérateurs économiques n’ont pas confiance dans la capacité des autorités monétaires pour maîtriser l’inflation, ils ont tendance à accélérer leurs consommations à court terme parce qu’ils anticipent une inflation plus grande dans le futur (d’après la théorie des anticipations rationnelles de Lucas).
C’est exactement ce qui se passe en Tunisie où la consommation intérieure ne diminue pas malgré l’augmentation continue du taux directeur de la BCT et en conséquence des taux d’intérêt débiteurs appliqués par les banques commerciales à leurs clients. La seule résultante certaine de cette politique monétaire est une baisse de l’épargne et un accroissement de l’endettement des ménages et des entreprises.
Dans ce sens, je peux affirmer sans que la décision de baisser de 50% le taux de rémunération de l’épargne va à contre sens et annule les effets possibles sur le comportement des agents économiques de sa décision de réduire son taux directeur de 50% aussi.
La seule explication que personnellement je trouve (il y a toujours une explication derrière chaque décision, il suffit de bien chercher) est que la BCT tient à garder intacte la marge bénéficiaire des banques qui provient de la différence entre le taux de rémunération des dépôts d’épargne qu’elles reçoivent et le taux d’intérêt débiteur qu’elles appliquent à leurs clients. A partir du moment où elles seront obligées de répercuter la baisse de 50% du taux directeur sur leurs taux d’intérêts débiteurs, la baisse de 50% du taux de rémunération de l’épargne leur permet de préserver leurs marges bénéficiaires. Pour moi, c’est une preuve de plus que notre banque centrale est au service des lobbies bancaires avant d’être au service de l’économie nationale
Argument 6 | La politique monétaire alternative
A supposer que l’école de pensée monétariste à laquelle semblent adhérer consciemment ou pas l’ex comme le nouveau gouverneur de notre BCT soit juste (beaucoup d’économistes, comme moi-même, n’en sont pas convaincus – voir mon article où je présente les différentes écoles de pensées économiques et intitulé «Quel modèle de développement économique pour la Tunisie de Kais Saïed ?»), à savoir qu’il suffit de contrôler la masse monétaire en circulation pour contrôler l’inflation, les économistes monétaristes eux-mêmes, Friedmann en premier lieu, mentionnent clairement qu’il existe un autre moyen pour arriver à contrôler la masse monétaire en circulation : le taux de réserves obligatoires que les banques commerciales sont tenues de détenir, par des circulaires de la banque centrale
Il faut savoir à ce sujet qu’en Tunisie, environ 80% de la masse monétaire en circulation est sous forme de monnaie scripturale, c’est-à-dire de monnaie créée par les banques commerciales à l’occasion des crédits qu’elles accordent à leurs clients. Or, on démontre mathématiquement, que le processus de création monétaire par les banques commerciales est une suite algébrique qui converge vers l’inverse du taux de réserves obligatoires. Cela veut dire qu’augmentant par circulaire le taux moyen des réserves obligatoires des banques commerciales par exemple de 5% seulement, réduit automatiquement de 20 fois leur capacité de créer de la monnaie scripturale et gonfler ainsi la masse monétaire en circulation.
La question que tout un chacun(e) se pose est : puisque c’est si facile et plus efficace, pourquoi la BCT n’applique-t-elle pas cette politique des réserves obligatoires? La seule réponse que j’ai est que si elle le fait, les banques commerciales vont pouvoir accorder beaucoup moins de crédit et donc gagner beaucoup moins de bénéfices alors qu’en augmentant son taux directeur, les banques commerciales vont faire beaucoup plus de bénéfices, surtout à cause de cet article 25 de la loi de 2016 qui interdit au Trésor d’emprunter directement auprès de la banque centrale et l’oblige à émettre des bons du Trésor dont le taux de rémunération est d’autant plus élevé que le taux directeur de la BCT est élevé. C’est aussi simple et aussi choquant que cela. Un économiste qui enseigne et vit au Canada, Moktar Lamari pour ne pas le nommer, dont les analyses et conclusions rejoignent totalement les miennes, parle de «vampirisation» de l’économie nationale par le lobby bancaire avec la BCT à sa tête, un terme que je n’ai jamais entendu ou lu mais que je reprends à mon compte.
Aujourd’hui, la mode parmi les hauts responsables de l’Etat est de se cacher derrière telle ou telle commission, tel ou tel conseil d’administration ou structure administrative pour échapper à leurs responsabilités et ne pas subir les conséquences de leurs décisions. Cela permet aussi de donner l’impression au public que c’était la bonne décision à prendre puisqu’elle a été débattue et votée souvent à l’unanimité des membres de cette structure administrative ou CA.
Dans le cas de la BCT, aussi bien l’ex que le nouveau gouverneur excellent dans cet art dilatoire de responsabilité et commencent toujours la moindre déclaration par : le CA a décidé… comme s’ils ne sont eux-mêmes que les porte-paroles de leur CA et non pas des Gouverneurs payés 120 000 dinars par an avec Mercedes, chauffeur, etc., pour tracer et assumer la responsabilité de la politique monétaire à mener dans le pays.
A propos de ce mystérieux CA de la BCT, il faut savoir que la liste, les CV, et l’expérience de ses membres n’est jamais été publiée. C’est déjà une entorse de taille à la transparence des décisions prises par ce fameux CA. Tout ce qu’on sait est qu’ils sont une vingtaine, souvent des directeurs généraux d’administration nommés par leur ministre de tutelle pour représenter leurs départements ministériels au sein du CA de la BCT, en plus de trois économistes universitaires nommés par le Gouverneur lui-même ou sur sa proposition. A ce sujet, deux remarques s’imposent.
La première est que les différents directeurs généraux d’administration, membres du CA de la BCT, peuvent être très compétents dans leurs domaines respectifs (agriculture, industrie, commerce, transport, etc.) mais n’ont certainement pas une formation en économie monétaire suffisante pour savoir quelles sont les fondements théoriques de la politique monétaire qu’ils ont en train d’appliquer, quelles autres politiques monétaires possibles pour maîtriser l’inflation, quel est le rôle et l’impact du taux directeur non seulement sur l’inflation mais aussi sur le niveau auquel s’établit l’équilibre macroéconomique général, à quelles conditions l’équation de Cambridge, qu’ils sont en train d’appliquer et dont ils n’ont certainement jamais entendu parler, pourrait-elle réussir…
La deuxième remarque est que les trois économistes universitaires qui sont censés éclairer leur collègues non économistes sur les enseignements de la théorie monétaire et les différentes politiques monétaires possibles pour lutter contre l’inflation selon les différentes écoles de pensée économique (monétariste, keynésienne, néolibérale), sont nommés d’une façon opaque par le gouverneur sur la base d’affinités d’idées quand ce n’est pas de relations personnelles. Personnellement, cela m’intéresse beaucoup de savoir à travers la lecture de leurs publications scientifiques (au cas où ils en ont, ce qui n’est souvent pas le cas), s’ils appartiennent bien chacun à l’une de ces trois écoles et procèdent bien à des débats contradictoires avant de proposer à leurs collègues ou au gouverneur de prendre telle ou telle décision. Le philosophe allemand Hegel ne disait-il pas que c’est seulement de la contradiction que naît la vérité?
Argument 8 / Benchmark
Admettons que je ne comprends rien à l’économie monétaire et que Hicks ne méritait pas le Prix Nobel en économie qui lui a été décerné pour ses travaux de recherche sur lesquels je me base dans mes analyses, montrant sans équivoque le lien entre le taux directeur d’une banque centrale et le niveau auquel s’établit le niveau du PIB et donc le taux de croissance économique d’un pays, il y a quand même des comparaisons internationales (benchmark) qui parlent d’elles-mêmes.
Je ne vais pas citer des pays développés comme la Grande-Bretagne ou le Japon ou les Etats-Unis… des pays desquels des années lumières nous séparent tant en termes de transparence de leurs politiques monétaires que de compétence des gouverneurs de leurs banques centrales et des résultats qu’ils arrivent à obtenir, mais de pays proches et de taille et niveau de développement proches de la Tunisie.
Au Maroc, un pays où l’économie est basée essentiellement sur les phosphates, l’agriculture et le tourisme, comme la nôtre, le taux directeur de la banque centrale est de 2,25%, le taux d’inflation annuelle pour l’année 2024 est de 0,8% (ce n’est pas une erreur de frappe, je dis bien 0,8% par an et non pas par mois comme chez nous) et le taux de croissance économique est de 3,5% avec 3,9% attendu pour 2025 selon le FMI (contre, je le rappelle, un taux directeur de 7,5% selon la dernière décision de la BCT, un taux d’inflation officiel en 2024 de 7% et un taux de croissance de 1,4% en Tunisie).
Dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui partagent une monnaie commune, le «franc CFA» et une politique monétaire gérée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), le taux directeur actuel est de 3,5%, le taux d’inflation en glissement annuel s’est établi à 2,6% en décembre 2024 et le taux de croissance du PIB réel pour la même année 2024 s’est établit à 6,2%.
Est-ce que ces dirigeants des banques centrales africaines, auxquels on a tendance à se croire supérieurs parce qu’on a la peau plus claire, sont plus compétents que les nôtres? Il y a lieu de le croire. En tout cas, moi je le crois sur la base de leurs performances en matière de bonne gouvernance économique par rapport à celles de nos responsables.
Conclusion
Pour cet article, j’ai deux conclusions, l’une est sérieuse et professionnelle et l’autre est humoristique.
Sur le plan professionnel, je considère d’après ma formation d’économiste, mon suivi régulier de tous les indicateurs et agrégats macro-économiques et mon expérience internationale, que notre économie est non seulement malade mais elle est même mourante (je ne lui donne pas plus de trois ou quatre ans de survie, avant la banqueroute de l’Etat, le défaut de paiement et le passage devant les créanciers des clubs de Paris pour négocier le rééchelonnement la dette publique et celui de Londres pour la dette privée, avec à la clé une explosion sociale à côté e laquelle la révolté du pain de1980 et la révolution de 2011 apparaîtront comme des incidents mineurs).
Or, quand quelqu’un est mourant, le seul espoir de le sauver est un électrochoc. Dans le cas de notre économie, cet électrochoc doit consister à mon avis en une baisse de 4 points du taux directeur pour le ramener à 3,5%, simultanément qu’une augmentation de 4 points du taux moyen de réserves obligatoires des banques pour limiter drastiquement leur capacité à créer de la monnaie et une augmentation de 2 points du taux de rémunération de l’épargne pour le porter à 8,5% et encourager l’épargne, source de l’investissement, de la création d’emplois et de croissance économique.
Je parie publiquement tous mes diplômes obtenus de trois des meilleurs universités du monde (Sorbonne, et Dauphine en France et MIT aux Etats-Unis) et mes vingt ans d’expérience internationale dans une trentaine de pays, que dans délai six mois au maximum, les opérateurs économiques reprendront confiance, les investissements et la croissance économique seront relancés et le sang recommencera à couler dans les veines de notre économie. Si le Gouverneur de la BCT et son CA ne veulent pas prendre ces mesures, c’est au président Kaïs Saïed, premier responsable du pays et du sort de son économie, de le faire par décret présidentiel s’il le faut.
Ma conclusion d’ordre humoristique est basée sur un article que j’avais publié il y a deux ans environ dans cette même magazine Kapitalis intitulé «La politique monétaire de la BCT jugée par l’IA». Dans cet article, j’avais reproduit la réponse intégrale de ChatGPT 4 à la question que je lui avais posée d’évaluer la politique monétaire suivie par notre banque centrale. J’avais été frappé et même impressionné par la pertinence de sa réponse, la profondeur de son analyse et la perspicacité de ses conclusions qui rejoignaient totalement les miennes. Il a reconnu que la politique monétaire suivie par la BCT est d’ordre monétariste, basée sur la théorie quantitative de la monnaie et l’équation de Cambridge dont il a reproduit la formule exacte et expliqué la signification de chacun des paramètres ainsi que les hypothèses sous-jacentes pour son succès. Il a identifié que ces hypothèses ne se vérifient pas en Tunisie à cause de l’importance du secteur informel qui affaiblit le mécanisme de transmission entre l’économie réelle et l’économie monétaire… Ainsi, sans avoir jamais mis les pieds en Tunisie (puisqu’il n’en a pas !), il semble connaître la structure de l’économie tunisienne et la sociologie de sa population mieux que les responsables de notre BCT qui y vivent!
D’où m’est venue l’idée de proposer au Président Kais Saïed de nommer comme Gouverneur de la BCT Monsieur ChatGPT (ou Mme l’IA, pour ne pas être accusé de sexisme). Lui au moins, il n’aurait pas besoin d’un salaire annuel de 120 000 dinars, d’une Mercedes avec chauffeur, d’une autre voiture pour sa femme et ses enfants (puisqu’ il n’en a pas) et de billets en classe affaires pour ses allers et retours à Washington ou Davos. Les opérateurs économiques seront contents puisqu’ ils auront moins d’intérêt à payer sur leur crédit, la croissance économique reprendra, les chômeurs trouveront du travail et le budget de l’Etat fera l’économie du salaire et avantages du Gouverneur. Que demande le peuple ?
PS : Ceux et celles que la morosité de l’actualité économique, politique et culturelle dans notre pays déprime comme elle me déprime, peuvent visiter mon blog «Poèmes de la vie» pour y lire des poèmes d’ordre métaphysique où je laisse mon esprit voyager dans le temps et l’espace à la recherche de sérénité et de sens de notre passage éphémère sur cette belle planète qu’on appelle la Terre, un grain de sable dans l’immensité de l’univers…
L’organisation Alarm Phone a alerté, mardi 1er avril 2025, sur une petite embarcation avec à son bord environ 34 migrants, expliquant que les naufragés ont quitté la Tunisie dimanche soir en direction des côtes italiennes.
«Nous avons prévenu les autorités, nous nous inquiétons pour elles car les conditions météorologiques sont terribles», a-t-elle écrit sur X. Et d’ajouter : «Les autorités tunisiennes affirment ne pas avoir pu les retrouver.»
Lundi, toute la journée, l’avion de reconnaissance Sea Watch, a également recherché le petit bateau, mais sans succès. «La recherche doit se poursuivre», conclut Alarm Phone.
Les revenus touristiques en Tunisie ont enregistré une hausse de 5% au premier trimestre 2025 par rapport à la même période de l’année dernière, révèlent les statistiques publiées par la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Au 20 mars 2025, les recettes touristiques se sont chiffrées à environ 1 210,6 millions de dinars (366,84 millions d’euros), contre 1 152,8 millions de dinars (349 33 millions d’euros) à la même période de 2024.
Le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya, a récemment annoncé que le nombre de touristes attendus pour la saison 2025 devrait dépasser les 11 millions, contre 10,25 millions en 2024.
Avec la nouvelle loi sur les chèques, introduite en février, qui interdit les chèques postdatés pour régler les achats en échelonnant les paiements sur plusieurs mois, les Tunisiens se sentent frustrés de ne plus pouvoir procéder à des achats avec des paiements fractionnés, dans ce qui ressemble à une forme de crédit souvent tolérée par les commerçants.
La réforme a instauré un plafond sur le montant des chèques, basé sur les revenus et le patrimoine de l’acheteur. Elle permet également au commerçant de vérifier si le payeur dispose de suffisamment de fonds à chaque transaction en scannant un code QR sur son chèque. Mais ses effets sur les transactions commerciales sont dévastateurs et risquent d’aggraver la récession que vit le pays depuis 2011.
Dans un pays en crise, la nouvelle loi censée «lutter contre les chèques sans provision», «réduire l’endettement des consommateurs» et «améliorer le climat des affaires», la nouvelle loi a perturbé les budgets de beaucoup de ménages et porté un coup aux activités des petites entreprises, dont beaucoup ont vu leur chiffre d’affaires chuter de moitié. Ce qui, ne manquera pas de rejaillir négativement sur la consommation et la croissance économique, qui a été de 1,4% en 2024 et qui ne devrait pas dépasser 1,6% en 2025, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).
Autre effet prévisible, et qui n’a pas manqué de se confirmer les deux premiers mois de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi : le recours systématique au cash qui alimente davantage les circuits parallèles, assèche les liquidités et aggrave les pressions inflationnistes. Au grand dam des banques qui sont les plus affectées par ce changement qui a été mal préparé et mis en œuvre à la hâte sans études préalables. L’objectif y ayant présidé étant surtout d’ordre politique : cette réforme était au programme du président Kaïs Saïed depuis la présidentielle de 2019.
Au regard du conflit israélo-palestinien dominant l’actualité depuis 76 ans, l’opinion publique israélienne pourrait tirer une grande inspiration de l’Histoire, en l’occurrence de la cohabitation millénaire entre juifs et musulmans en Afrique du Nord. Ces derniers ont fait preuve de tolérance envers les juifs alors qu’en Europe, ils n’ont eu de cesse d’être persécutés, puis exterminés par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale. (Ph. Pèlerinage des juifs à la synagogue de la Ghriba, à Djerba, Tunisie).
Samia Ladgham *
Dans un article du New York Times du 16 mai 2024 intitulé «The view within Israël turns bleak», l’auteur, Megan K. Stack, soulignait que l’opinion israélienne envers les Palestiniens s’était durcie bien avant le 7 octobre 2023. Ces dernières années, l’attitude de nombreux Israéliens envers leurs voisins, considérés comme menaçants, s’est traduite par de l’indifférence ou encore par cette conviction : les chasser de leur terre et les soumettre sont la volonté de Dieu. Les évènements du 7 octobre ont accéléré ce sentiment. À l’appui de cette affirmation, Megan K. Stack cite un sondage conduit en janvier 2024 par l’Université de Tel Aviv : 94% des juifs israéliens estiment que l’emploi de l’usage de la force à Gaza est approprié, sinon insuffisant. Un sondage subséquent montre que la plupart des juifs israéliens s’opposent à ce que nourriture et médicaments entrent à Gaza.
En tant que ressortissante d’un pays du Maghreb qui a recueilli les juifs fuyant la persécution en Espagne et ailleurs en Europe dès le 14e siècle, j’ai été choquée de lire cela, tout comme d’apprendre les crimes commis par le Hamas envers les civils israéliens (et autres nationalités) le 7 octobre 2023. Quant à la réponse militaire israélienne, faisant fi des civils palestiniens, elle m’a atterrée. Lors d’un récent sommet sur la crise humanitaire à Gaza tenu en Jordanie, le Secrétaire général des Nations Unies a déclaré à ce sujet que le rythme et l’ampleur des tueries à Gaza dépassaient tout ce qu’il a connu depuis qu’il a pris ses fonctions.
Une présence très ancienne
Mon propos ici est de montrer qu’au regard du conflit israélo-palestinien dominant l’actualité depuis 76 ans, l’opinion publique israélienne pourrait tirer une grande inspiration de l’Histoire, en l’occurrence de la cohabitation millénaire entre juifs et musulmans en Afrique du Nord. Ces derniers ont fait preuve de tolérance envers les juifs alors qu’en Europe, ils n’ont eu de cesse d’être persécutés, puis exterminés par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
Bien sûr les relations entre juifs et musulmans au Maghreb n’ont pas été qu’un long fleuve tranquille. La coexistence entre les deux communautés a connu des soubresauts et des périodes de tension au fil des siècles et des évènements. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les Arabes musulmans au Maghreb ont également connu l’oppression du colonisateur.
Un peu d’Histoire s’impose. La présence juive est attestée en Afrique du Nord et sur le pourtour de la Méditerranée dès l’Antiquité. L’Afrique du Nord est à ce moment-là peuplée par les Berbères. À l’arrivée de la religion chrétienne, à la fin du 2e siècle, la religion juive est donc largement représentée en Afrique du Nord. Toutefois, les conversions massives au christianisme des tribus berbères indigènes puis l’arrivée de l’islam au 7e siècle (après Jésus Christ) vont diminuer l’influence du judaïsme.
Les juifs considérés comme gens du livre en Islam se voient alors attribuer un statut particulier. En échange de la garantie d’un certain nombre de droits (liberté de culte, droit de propriété notamment), ceux que l’on nommera les dhimmis devaient se soumettre à l’autorité protectrice et payer un impôt.
S’ajoutent à cela une série de dispositions définies dans les ouvrages juridiques, dont l’interdiction de monter à cheval ou de porter une arme (par conséquent d’accéder à des fonctions militaires), l’obligation de porter des marques vestimentaires distinctives, l’interdiction de construire de nouveaux édifices religieux, etc. Ces dispositions furent diversement appliquées selon les époques et les lieux.
Quand l’autorité musulmane censée protéger les juifs était éclairée, les juifs vécurent en paix, ce qui fut notamment le cas dans l’Espagne musulmane (7e – 15e siècles). Les communautés juives et arabes y vécurent en bonne intelligence, sauf lors du règne des Almoravides, suivi des Almohades venus du Maroc au 12e siècle, dont la conception de l’islam était plus rigoureuse. De nombreux juifs atteignirent une haute position économique et sociale, et leur culture, fortement influencée par la culture arabe, connut un véritable âge d’or, plus particulièrement à partir de l’instauration du califat de Cordoue en 929.
Le refuge maghrébin
À la prise de Grenade en 1492 (qui correspond à la fin de la reconquête espagnole devant les musulmans), et à la suite d’un décret royal du 31 mars 1492, la plupart des juifs quittent l’Espagne, suivis, en 1496, par ceux du Portugal. Fuyant l’inquisition et son lot de persécutions, bon nombre d’entre eux se dirigent vers l’empire ottoman, qui domine l’Afrique du Nord du 16e et 17e siècles (à l’exception du Maroc), et le Maroc. En effet, la Turquie est déjà un pays d’accueil pour les juifs ashkénazes. Le sultan veille à ce qu’ils soient bien reçus.
Mais bien avant la chute de Grenade, des tensions intercommunautaires entre juifs et chrétiens d’Espagne avaient provoqué des exodes de juifs d’Espagne dit séfarades, dont une partie s’installa en Afrique du Nord. Selon l’historien français Robert Brunschvig, ces nouveaux venus furent considérés d’un œil favorable par les pouvoirs publics et la population musulmane. Leur afflux, précise-t-il, loin de passer pour inquiétant, était prometteur de réalisations économiques nouvelles utiles à tous.
Cet afflux se poursuivit avec l’arrivée des juifs livournais à partir du 17e siècle, notamment en Tunisie. Aux 18e et 19e siècles, Tunis devint une place juive importante. Ce qui frappe, souligne Robert Brunschvig, c’est la continuité du mouvement migratoire qui s’effectue par vagues successives. Cette constance prouve que les immigrés, comme le reste de la population juive, jouissaient d’une relative sécurité. Les juifs, précise-t-il, eurent néanmoins à souffrir de l’occupation espagnole de 1535 à 1574, de même que des luttes entre le dey d’Alger et le bey de Tunis. Le Pacte fondamental, promulgué en septembre 1857 par le bey de Tunis, marque une étape importante dans 1’évolution de la condition des Juifs : il va les émanciper.
La colonisation divise pour régner
La colonisation française va venir bouleverser la coexistence entre ces communautés. Le 24 octobre 1870, le décret Crémieux accorde la nationalité française à tous les juifs d’Algérie. Divisant pour mieux régner, la France sépare ainsi les juifs des musulmans qui, eux, seront soumis au code de l’indigénat en 1881. Ce code, qui sévira plus tard dans toutes les colonies françaises, instaure un régime juridique d’exception pour les populations autochtones, les privant de leurs droits individuels. Le décret Crémieux conduira à l’assimilation des juifs algériens à la culture et la langue français et génèrera du ressentiment avant tout français mais aussi arabe à l’égard des juifs d’Algérie.
Le Maroc et la Tunisie, des protectorats, échappent au décret Crémieux. Celui-ci est abrogé en 1940 (puis rétabli en 1943) ramenant les juifs d’Algérie au statut d’indigènes.
Sous le régime de Vichy (10 juillet 1940-9 août 1944), un statut spécial pour les juifs de France est édicté. Il s’appliquera dans les colonies et protectorats français avec des décalages dans le temps et des différences dans leur rigueur. Un but à cette législation discriminatoire : empêcher les juifs d’exercer toute fonction ou influence dans le domaine éducatif ou économique.
En Tunisie, les lois discriminatoires devaient être soumises au bey pour ratification. Cela a permis à des gouverneurs comme Moncef Bey de ralentir leur mise en application. Le Bey avait toutefois des pouvoirs limités sous le protectorat. Certains écrits affirment que c’est le Résident General Esteva représentant la France qui ralentit l’application des lois discriminatoires en Tunisie invoquant le fait que le Bey s’opposerait à ce que ses sujets (les juifs étaient sujets du Bey au même titre que les musulmans) soient traités de cette façon. Arrivé au pouvoir en juin 1942, Moncef Bey évite aussi aux juifs de Tunis le port de l’étoile. Lorsque les Allemands – ils occupent la Tunisie durant six mois – veulent imposer, à leur profit, un enrôlement généralisé pour le travail obligatoire, le bey refuse de signer l’ordonnance.
Le roi Mohamed V du Maroc aurait également pris fait et cause contre les lois discriminatoires de Vichy. En 1942, en Algérie, le débarquement des alliés américains arrête le processus de déportation des juifs. En Libye, colonie italienne (1911-1943), les juifs sont arrêtés et déportés après l’adoption par l’Italie des lois raciales de 1938.
Le conflit israélo-arabe
Ce sont les remous de la décolonisation et le conflit israélo-arabe qui vont faire que les juifs d’Afrique du nord émigrent vers Israël, la France et les États-Unis. En Tunisie, selon Sophie Bessis, historienne franco-tunisienne, une petite partie de cette population craignant une indépendance aux conséquences incertaines serait de toute façon partie avec les colons français. Il faut savoir qu’à l’indépendance, les juifs de Tunisie sont devenus citoyens tunisiens. La création de l’État d’Israël en 1948, affirme-t-elle, a transformé en fracture la différence communautaire, car dès sa création, l’ère de la confusion entre sionistes et juifs a commencé. La création de cet État, la crise de Suez et la guerre des six jours vont engendrer des réactions hostiles et parfois violentes envers la communauté juive.
L’agence juive, organisation sioniste originellement chargée de l’administration de la communauté juive en Palestine sous mandat britannique, va de son côté jouer un rôle actif dans l’émigration des juifs en Israël. Quoi qu’il en soit, ce départ volontaire engendre nombre de déceptions. En Israël, les juifs marocains seront longtemps maltraités et feront face à des attitudes hostiles, voire xénophobes, notamment de la part de juifs issus d’Europe centrale et de l’Est, les juifs ashkénazes. Selon Myriam Charbit, les juifs séfarades auraient été accueillis froidement par un establishment ashkénaze percevant les arabes juifs comme étant arriérés.
En 1948, on estimait le nombre de juifs au Maghreb à plus de 500 000. Ce nombre est passé à 5000 aujourd’hui.
Comme on l’a vu, les juifs furent profondément enracinés au Maghreb jusqu’à l’arrivée du colonialisme. Ils parlaient l’arabe pour la plupart, accédaient pour certains à de hautes fonctions à la cour des Beys ou au lendemain des indépendances, militaient pour d’autres au sein des mouvements de libération nationale, etc. Après leur départ, beaucoup continuèrent à garder des liens forts avec leur pays d’origine. Pourquoi alors tant d’indifférence et d’insensibilité à l’égard de la tragédie du peuple palestinien, entre autres de la part des juifs séfarades d’Israël ?
Je veux croire que les nouvelles générations ignorent tout de leur passé commun avec les berbères, les maures et les arabes du Maghreb. Elles ignorent que les portes de l’Afrique du Nord et du Maghreb se sont ouvertes à leurs ancêtres alors même que toutes les autres, au Moyen Âge, se fermaient pour eux en Europe.
Je veux croire enfin que, dans un avenir pas si lointain, ces générations se réveilleront de ce grand hiver et tendront enfin la main au peuple palestinien. Sinon, qui a-t-il à désespérer de l’humanité?
«Je tiens à assurer aux supporters des Sundowns que nous ne nous rendons pas en Tunisie pour défendre. Nous y allons pour marquer et gagner le match retour», a déclaré l’entraîneur portugais Miguel Cardoso après le match gagné à domicile par l’équipe sud-africaine, mardi 1er avril 2025, au stade Loftus Versfeld à Pretoria, contre une très prenable Espérance de Tunis (1-0).
C’est l’attaquant namibien Peter Shalulile qui a inscrit l’unique but du match à la 54e minute, trompant le gardien Bechir Ben Said à bout portant de Pretoria.
La rencontre fut à sens unique au profit des locaux qui l’ont outrageusement dominé, les Espérantistes s’étant contentés de se défendre, se montrant incapables de porter le danger dans les buts adverses.
Ce fut un match ennuyeux des deux côtés et les Tunisiens peuvent se consoler de n’avoir concédé qu’un seul but, car le score aurait pu être plus lourd au vu de leur sortie catastrophique d’hier. Les «Sang et Or» ont en effet joué leur plus mauvais match depuis le début de la saison sous la férule de leur nouveau coach Maher Kanzari, en place depuis seulement deux semaines.
Le coach portugais des Sud-africains, qui était très nerveux durant toute la première mi-temps face à l’indigence de ses protégés, a repris quelque peu confiance en constatant l’absence de répondant de la part des Espérantistes, qu’il avait connus plus saillants lorsqu’il les entraînait lui-même.
«Nous avons perdu le fil après avoir mené. Notre but m’a ravi, notamment la façon dont nous avons fait basculer le jeu d’un côté à l’autre du terrain», a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre. Et d’admettre : «Il y a beaucoup de travail devant nous», en référence au match retour à Radès, dans la banlieue de Tunis, le 8 avril ajouté, où ses adversaires du jour se montreront sans doute moins timorés et plus conquérants.
L’ambassade de Tunisie à Pretoria affirme s’être coordonnée avec les autorités sud-africaines pour assurer la sortie sécurisée des supporters de l’Espérance sportive de Tunis (EST) après le match de leur équipe contre Mamelodi Sundowns, mardi 1er avril 2025. (Ph. Phill Magakoe / AFP).
Aucun incident grave n’a été signalé et les supporters ont été escortés sous protection sécuritaire, a précisé le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger dans un communiqué publié mardi soir.
Des ambulances ont été mobilisées pour transporter les supporters blessés vers l’hôpital, où ils ont reçu les premiers soins nécessaires et leur état de santé est jugé stable, ajoute le communiqué.
Par ailleurs, l’ambassade assure un suivi continu afin de garantir le retour en toute sécurité des supporters tunisiens. Des laissez-passer seront délivrés à ceux dont les passeports ont été volés ou perdus.
Ces «assurances» n’expliquent pas ce qui s’est réellement passé : les supporters espérantistes ne se sont tout de même pas blessés tous seuls! Il y a donc bien eu des violences.
En fait, des affrontements ont eu lieu dans les tribunes entre supporters adverses pendant plusieurs minutes. Les médecins ont indiqué avoir soigné quelques supporters pour des blessures légères. «On m’a rapporté que des supporters adverses se sont jetés des bouteilles d’eau en plastique et qu’il y a eu des échauffourées. Nous avons soigné quelques coupures et contusions, mais rien de grave», a déclaré un médecin à l’AFP.
L’Espérance de Tunis s’est inclinée 1-0 face à Mamelodi Sundowns lors du match aller des quarts de finale de la Ligue des champions africaine disputé à Pretoria. Le match retour est prévu pour mardi prochain au stade de Radès.
L’EST a tenu à rassurer via ses réseaux sociaux que tous ses supporteurs étaient sains et saufs et sont retournés sans encombre à Johannesburg. Seuls trois blessés, dans un état stable, ont été hospitalisés.
Cinq hommes et une femme membres d’un réseau de trafic d’armes et de drogues ont été arrêtés dans différentes localités situées à Kasserine.
L’opération a été menée par la sous-direction de la lutte contre la criminalité de la garde nationale de Ben Arous en collaboration avec la Direction générale des unités d’intervention, et ce, sur la base d’informations et d’investigations indique la Direction générale de la garde nationale (DGGN), ce mardi 1er avril 2025.
Des descentes effectuées en coordination avec le Parquet ont abouti à l’arrestation des suspects et à la saisie de plaques de cannabis, des comprimés de stupéfiants, des armes ainsi qu’une importante somme d’argent, fruit de ce trafic
Le ministère public a ordonné la mise en détention des principaux suspects, alors que l’enquête se poursuit
Dans le cadre de la visite de travail qu’il effectue à Stockholm, à l’invitation de son homologue suédoise, M. Mohamed Ali Nafti, Ministre des Affaires Étrangères a eu, le 1er avril 2025, un entretien avec Mme. Maria Malmer Stenergard, Ministre des Affaires Étrangères de la Suède.
Cette rencontre était une occasion pour examiner l’état et les perspectives des relations bilatérales entre la Tunisie et le Royaume de Suède, ainsi que les moyens de renforcer la coopération dans les domaines d’intérêt commun. Durant la rencontre, M. Mohamed Ali Nafti a rappelé la longue histoire des relations d’amitié et de coopération entre la Tunisie et la Suède qui remontent à 1957, et qui se sont basées sur un engagement commun en faveur de la paix, des valeurs humanitaires, de la coopération internationale et des programmes de développement durable, lancés dès l’indépendance de la Tunisie et poursuivis de manière intensive jusqu’à ce jour.
Le Ministre a également souligné l’aspiration de la Tunisie à approfondir ses relations avec la Suède dans les domaines liés aux priorités de développement des deux pays, notamment l’économie, le commerce, les énergies renouvelables et les technologies avancées. Il a saisi cette occasion pour exprimer son appréciation pour l’engagement et la volonté sincère du Royaume de Suède de développer les relations bilatérales et les différents aspects de coopération, dans l’intérêt commun des deux pays, et de manière à promouvoir les investissements conjoints et augmenter le flux touristique suédois vers la Tunisie.
De son coté, la Ministre suédoise a salué le niveau de coopération entre la Tunisie et la Suède, soulignant la volonté de son pays de développer la coopération bilatérale et d’élargir ses horizons vers d’autres domaines vitaux tels que l’économie verte, les énergies renouvelables, les technologies de la communication et le savoir.
La Ministre suédoise a également réitéré la détermination de son pays à continuer d’accompagner la Tunisie dans son partenariat avec l’Union Européenne, soulignant l’importance de la dimension méditerranéenne et des nouveaux mécanismes au sein de l’UE pour renforcer et consolider ce partenariat.
Les deux Ministres ont également discuté les développements récents dans la région et des évolutions de plusieurs questions régionales et internationales d’intérêt commun. M. Mohamed Ali Nafti a réaffirmé, dans ce contexte, la position ferme de la Tunisie en faveur de la création d’un État palestinien indépendant et contre l’agression injustifiée contre le peuple palestinien.
La rencontre a aussi été une opportunité pour examiner le rôle de la communauté tunisienne en Suède. Le Ministre a souligné la contribution des Tunisiens à établir des ponts sociaux, économiques et culturels entre les deux pays et peuples amis. Il a salué l’accueil réservé par le Royaume aux premiers groupes de Tunisiens ayant choisi ce pays comme destination pour s’établir dès les années 1970, ajoutant que le nombre de Tunisiens a atteint aujourd’hui près de 12 000, et mettant en avant l’importance de leur intégration dans le pays d’accueil tout en maintenant les liens avec leur patrie, la Tunisie.
Les Unités de la garde nationale de Kasserine ont démantelé plusieurs réseaux de trafic de drogue et ont arrêté 11 suspects, dont des étrangers.
Sous la Direction de la brigade centrale de lutte contre les drogues de Ben Arous, ces opérations ont été menées dans le Grand Tunis, à Monastir, à Sousse et à Kasserine et ont permis la saisie d’importantes quantités de cocaïne et de cannabis, indique la Direction générale de la garde nationale (DGGN) dans un communiqué publié ce mardi 1er avril 2025.
L’un des réseaux opère à l’international avec une partie opérant depuis l’étranger, ajoute la même source, en annonçant la saisie de sommes d’argent, 3,6 kg de cocaïne, 9,7 kg de cannabis (97 plaques), ainsi que 4 véhicules utilisés pour le transport de la drogue.
Après les incidents de violence enregistrés à Pretoria, l’Espérance sportive de Tunis (EST) a tenu à rassurer sur la sécurité de ses supporters qui ont fait le déplacement en Afrique du Sud.
Dans un communiqué publié dans la soirée de ce mardi 1er avril 2025 après le match contre le club à Mamelodi Sundowns, l’EST indique avoir veillé à assurer et fournir les moyens de transport nécessaires pour la sortie du stade et le transfert de tous les supporteurs qui sont sains et saufs et qui ont pu rentrer à Johannesburg.
L’EST précise que les trois supporters qui ont été transportés à l’hôpital sont dans un état stable et reçoivent actuellement les soins nécessaires.
Sur un autre plan, l’Espérance affirme qu’un dossier complet contenant tous les documents et preuves attestant des violences subies par ses supporters au stade de Pretoria est en cours de préparation et sera envoyé à la Confédération Africaine de Football (CAF).
Toutes les mesures nécessaires seront prises pour défendre avec acharnement les droits de nos supporters d’autant que nous sommes en possession de tous les documents confirmant les violations survenues dans les tribunes du stade, indique encore l’Espérance de Tunis, qui remercie ses supporters présents aujourd’hui .
Sept takfiristes recherchés dans des affaires de terrorisme ont été arrêtés par les unités de la garde nationale dans plusieurs régions du pays.
Ces éléments terroristes faisaient l’objet de mandats de recherche émis par diverses instances judiciaires et sécuritaires et sont notamment accusés d’appartenance à une organisation terroriste, indique la Direction génrale de la garde nationale (DGGN) ce mardi 1er avril 2025.
La même soure ajoute que les concernés sont également condamnés à des peines de prison allant de deux à trois ans et qu’ils ont été arrêtés, notamment au Kef,à Monastir, à Sousse, à Sfax et à Bizerte avant d’être placés en détention sur ordre du ministère public, en attendant la suite des procédures.
Dans son communiqué, la DGGN a par ailleurs lancé un appel à la vigilance citoyenne, encourageant la population à signaler toute activité suspecte en contactant le numéro suivant : 71860135.
La reprise des dessertes ferroviaires sur la ligne Tunis-Annaba est programmée pour dimanche 6 avril 2025, annonce la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT)
Les liaisons ferroviaires entre la Tunisie et l’Algérie avaient été temporairement suspendues lundi 31 mars et à la reprise dimanche prochain, les trains circuleront à nouveau selon les horaires habituels de cette ligne transfrontalière.
La SNCFT, qui a tenu à exprimer ses remerciements à ses clients pour leur compréhension face à ces perturbations temporaires, n’a pas précisé les raisons de cette interruption qui serait d’ordre organisationnel.
Le quart de finale aller de la Ligue des Champions africiane, Espérance sportive de Tunis vs Sundowns de l’ Afrique du Sud. En direct, 14h heure Tunis au stade Loftus.
Sundowns Espérance Tunis en live streaming : Quart de finale CAF
Récemment, un ami m’a interrogé sur une coutume que j’ignorais totalement : «haq el-melh» ou droit du sel. Curieux, j’ai entrepris quelques recherches et découvert que cette tradition, encore vivace au Maghreb, existe également en Tunisie. Pourtant, bien que né dans ce pays, je n’en avais jamais entendu parler avant cette année 2025 – ce qui m’a amené à réfléchir sur la transmission et l’évolution des coutumes.
Khemaïs Gharbi *
Le terme «sel» dans cette expression ne fait pas référence à l’aliment en lui-même, mais plutôt à la relation de vie commune entre époux. Offrir ce présent à sa femme le jour de l’Aïd El-Fitr est une façon de reconnaître et de célébrer le lien qui unit le couple. D’ailleurs, certains récits expliquent que la coutume tire son nom du fait que l’épouse, durant le Ramadan, goûte l’assaisonnement des plats sans avaler, afin de s’assurer de leur équilibre, malgré son propre jeûne.
Un rituel de l’Aïd El-Fitr
Le jour de l’Aïd El-Fitr, la femme se pare de ses plus beaux habits, parfume sa maison avec de l’encens et la prépare pour accueillir son mari au retour de la prière. Elle lui sert alors du café accompagné des traditionnelles pâtisseries de fête. Mais la particularité de cette tradition réside dans la tasse de café : elle ne doit jamais être rendue vide. Après l’avoir bue, le mari y dépose un présent – en fonction de ses moyens.
Ce geste simple et symbolique rappelle d’autres traditions dans le monde, comme offrir des fleurs à la Saint-Valentin en Europe. Finalement, il s’agit d’un moment de gratitude et d’attention mutuelle au sein du couple, ce qui en fait une coutume plutôt charmante.
Tradition, liberté et polémiques inutiles
Libre à chacun de respecter ou non cette tradition. Ce qui est regrettable, c’est que certaines pratiques culturelles deviennent des sujets de discorde. Comme souvent, les extrémistes des deux camps en profitent pour instrumentaliser ces coutumes, mêlant religion, politique et crispations inutiles. Pourtant, nous avons déjà bien assez de divergences pour ne pas y ajouter son «grain de sel» supplémentaire.
Finalement, le droit du sel n’est ni une obligation ni un dogme. C’est juste une belle manière d’exprimer son affection, un simple geste qui, s’il est pratiqué, ne peut qu’ajouter un peu de douceur dans les foyers. Alors pourquoi pas ?
Dans un communiqué publié ce mardi 1er avril 2025, le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) «exprime sa profonde consternation face au silence suspect et indécent des autorités carcérales et du ministère de la Justice, autorité de tutelle», à la suite du décès d’Ali Ghedamsi, homme d’affaires originaire de Sousse, survenu le 30 mars dans la prison civile de Messaâdine.
Le défunt était incarcéré dans le cadre de l’affaire Instalingo et inculpé dans d’autres dossiers judiciaires. Il faisait notamment l’objet de poursuites dans l’affaire n°04/2023 ouverte le 28 octobre 2023, aux côtés de Lazhar Loungou, ancien directeur général des services spécialisés du ministère de l’Intérieur, et du frère de l’ex-député Lotfi Ali. Tous étaient accusés de constitution d’une entente criminelle, d’escroquerie et de blanchiment d’argent.
Le 18 mars 2025, la 10e chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis avait rejeté sa demande de libération provisoire, malgré son état de santé fortement dégradé, indique le CRLDHT dans son communiqué, en condamnant ce qu’il a qualifié de «négligence systématique des droits des personnes détenues, qui caractérise aujourd’hui les services pénitentiaires tunisiens», ainsi que «les conditions de détention sont fortement dégradées dans un contexte de répression et de démantèlement progressif des garanties fondamentales».
Tout en pointant «le comportement inhumain des autorités carcérales et judiciaires face aux conditions de santé des détenus», le CRLDHT cite les déclarations de la famille de Ali Ghedamsi qui «souffrait d’un cancer et n’a pas bénéficié des soins et traitements médicaux indispensables à son état», ce qui, aux yeux de l’Ong tunisienne basée en France, serait «une cause directe de sa mort».
Enfin, le CRLDHT «exige que toute la lumière soit faite sur les causes exactes du décès d’Ali Ghedamsi et que les véritables responsables soient poursuivis».
Dans quelques jours, Du 4 au 6 avril 2025, se tiendra, à l’Hôtel El Mouradi Gammarth de Tunis, le 14e congrès mondial de la Confédération des Italiens dans le monde (CIM).
Le choix de la Tunisie pour cette édition n’est pas dû au hasard, expliquent les organisateurs : «c’est un pays ami, situé dans le bassin méditerranéen et qui partage avec nous de nombreux traits culturels.» Ils ajoutent : «C’est un pays hospitalier et, ces jours-ci, nous réitérerons notre amitié aux autorités tunisiennes, ainsi qu’aux autorités italiennes. Ce sera également l’occasion de rendre hommage à l’un des derniers hommes d’État italiens, Bettino Craxi, qui a terminé ici la dernière partie de sa vie.»
Bettino Craxi était membre du Parti socialiste italien (PSI), il fut le premier socialiste à diriger le gouvernement italien. Il s’était enfui en Tunisie en 1994 pour éviter les 27 ans de prison auxquels il était condamné pour avoir été mis en cause dans l’opération «Mains propres» pour motifs de corruption et de financement illégal du PSI.
Bettino Craxi a fini sa vie comme réfugié politique à Hammamet où il possédait une villa et où est mort en 2000 suite à un arrêt cardiaque. Il y est également enterré.
Comme l’a rappelé son président, Angelo Sollazzo : «La CIM a toujours été à l’avant-garde dans la défense des intérêts des Italiens vivant à l’étranger. Je suis fier d’avoir atteint cet objectif avec tous nos représentants présents dans le monde. Ce sera un congrès de haut niveau, au cours duquel seront abordées des questions émergentes au niveau international : la centralité du développement économique, l’industrie agroalimentaire, le tourisme traditionnel, les énergies renouvelables, la valorisation des villages italiens et bien plus encore».
L’Hôtel El Mouradi Gammarth de Tunis deviendra pendant quelques jours un morceau d’Italie, avec de nombreuses tables thématiques, ateliers, interventions d’industriels et de professionnels, mais il y aura aussi des spectacles et des dîners de gala et des excursions dans la région. Puis, le dernier jour, aura lieu l’élection des organes statutaires.
Comme l’a rappelé le vice-président Salvo Iavarone, «toutes les personnes qui ont toujours travaillé sur le projet CIM, contribuant chaque jour à consolider son leadership. Je remercie spécifiquement tous ceux qui se sont dépensés, de quelque manière que ce soit et au-delà de leur rôle, dans l’organisation d’un congrès aussi complexe, qui vise à marquer une ligne de continuité avec un passé culturellement riche, qui a vu notre pays parmi les premiers au monde. Nos compatriotes, plus de quatre-vingts millions, qui vivent à l’étranger ont également contribué de manière significative à ce leadership. Cette ligne de continuité tracée ne finira jamais, car nous espérons qu’elle mènera à de nouveaux objectifs.»
L’Union européenne (UE) s’est dit «profondément préoccupée» par les «disparitions forcées» en Libye, à l’instar de Mohammed El-Gomati, frère de Husam, le militant espionné en Suède avec le logiciel Paragon.
«Nous partageons la profonde préoccupation de la Manul face aux informations alarmantes faisant état de disparitions forcées, notamment le cas de Mohammed El-Gomati», a écrit, lundi 31 mars 2025, sur X l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Libye, Nicola Orlando, faisant référence à une déclaration similaire faite la veille par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye.
Mohammed El-Gomati est un ingénieur pétrolier libyen enlevé lundi 24 mars dernier à son domicile de Tajoura, près de Tripoli, par des hommes armés qui – selon son frère Husam – sont affiliés à la Brigade des Lions de Tajoura, un groupe lié aux services de renseignement généraux libyens.
Husam vit en Suède et faisait partie des personnes espionnées via le logiciel Graphite de Paragon. C’est le même activiste qui a révélé sur X la présence controversée à Rome d’Abdul Ghani Al-Kikli, chef de la milice libyenne appelée Appareil de soutien à la stabilité.
Le militant politique et blogueur Husam El-Gomati, cité par The Libya Observer, a expliqué que les ravisseurs ont fait irruption chez son frère sous des prétextes fallacieux, devant les voisins. Ils ont fouillé ses appareils électroniques, à la recherche de tout élément susceptible de l’incriminer. Il a ajouté que Mohammed avait été enlevé simplement parce qu’il était «le frère de Husam», soulignant que Mohammed n’avait aucun lien avec la politique et souffrait d’une grave maladie et suivait un traitement, ce qui «rendait difficile pour ses ravisseurs de fabriquer de toutes pièces des accusations contre lui compte tenu de son état».
Hussam a souligné qu’il n’avait pas eu de contact avec son frère depuis un certain temps afin de lui éviter tout ennui, ainsi qu’aux autres membres de sa famille, selon une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Il a ajouté : «Ce qui se passe vise à intimider les gens, mais cela ne nous intimidera pas. Notre lutte n’a fait que s’intensifier. Même s’ils tuent mes enfants ou éliminent ma famille, nous ne céderons pas au chantage.»
Husam El-Gomati est connu pour partager sur ses comptes personnels de réseaux sociaux des informations critiquant l’élite dirigeante libyenne et les groupes armés à l’est comme à l’ouest, ainsi que pour dénoncer la corruption au sein des institutions gouvernementales et militaires, selon sa déclaration vidéo.
De son côté, Nicola Orlando a déclaré que «la délégation de l’Union européenne en Libye se joint à la Manul pour saluer les mesures positives prises par les autorités libyennes pour la libération des personnes détenues».
«Le respect des droits fondamentaux et de l’État de droit est une responsabilité fondamentale de chaque État. Nous exhortons toutes les institutions compétentes à enquêter d’urgence sur sa disparition et à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa libération immédiate et son retour en toute sécurité dans sa famille», conclut l’ambassadeur.