L’Indice de performance des ports à conteneurs (CPPI) 2024, publié par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, évalue l’efficacité des ports selon le temps total passé par les navires à conteneurs au port, depuis l’arrivée au mouillage jusqu’au départ après les opérations. Les ports les plus performants réussissent à réduire ce temps grâce à des infrastructures modernes, des systèmes logistiques efficaces et une bonne connectivité avec l’arrière‑pays.
En Afrique, le classement révèle un net contraste entre le nord du continent, où les ports égyptiens et marocains dominent, et l’Afrique subsaharienne, où les performances restent plus modestes. Port-Saïd en Égypte et Tanger-Med au Maroc figurent parmi les meilleurs au monde, tandis que Dakar au Sénégal se distingue comme le leader subsaharien grâce à d’importants investissements et à la modernisation des infrastructures et de la connectivité.
La Tunisie, avec le port de Radès, se situe au 13ᵉ rang africain. Son score inférieur à la moyenne continentale s’explique par des délais d’escale encore longs et des procédures logistiques et douanières à améliorer. La majorité des ports africains souffre de limitations technologiques et humaines, mais leur position géographique stratégique et le potentiel d’investissement représentent des leviers essentiels pour accélérer leur compétitivité et devenir de véritables hubs régionaux.
Classement des 10 premiers ports africains (CPPI 2024)
En 2025, la Tunisie a poursuivi ses échanges commerciaux avec le reste du monde dans un contexte global de déséquilibre entre exportations et importations, selon les données officielles publiées par l’Institut National de la Statistique (INS) : les exportations tunisiennes ont légèrement augmenté tout en restant sous forte pression de la demande étrangère et de la concurrence mondiale.
D’après le bulletin du commerce extérieur de l’INS couvrant les onze premiers mois de 2025, la Tunisie a exporté 57 916,6 millions de dinars tunisiens (MD), une hausse modérée de +1,5 % par rapport à la même période de 2024.
Cette progression reste contenue par rapport à l’augmentation plus rapide des importations (+5,8 %), ce qui a élargi le déficit commercial à -20 168,5 MD sur onze mois, soit une couverture des importations par les exportations d’environ 74,2 %.
Principaux secteurs exportateurs
L’INS met en avant une structure sectorielle contrastée des exportations en 2025 :
mines, phosphates et dérivés : performance robuste avec une hausse d’environ +12 %, reflet de la demande mondiale de phosphates pour engrais et produits industriels.
industries mécaniques et électriques : croissance notable (+7,7 % à +7,8 %) ; ce secteur comprend notamment câbles, composants électriques et pièces mécaniques exportés vers l’Europe et l’Afrique.
agro-alimentaire : en repli (-11 % à -14 %), impacté surtout par la baisse des exportations d’huile d’olive et de certains produits alimentaires transformés.
énergie : forte contraction de près de -29 % à -34 %, liée à la diminution des ventes de produits pétroliers raffinés.
textile, habillement et cuir : légère baisse ou stagnation (-1 % à -1,8 %), malgré la présence historique du secteur sur les marchés européens.
Quelque 130 pèlerins au gouvernorat de Siliana se sont rendus au guichet unique inauguré, hier dimanche, au complexe culturel de Siliana-sud pour finaliser les démarches de voyage vers les lieux saints. Le directeur des affaires régionales, Abdelhamid Berari, a indiqué à l’Agence TAP que ce guichet permet aux pèlerins d’achever les procédures nécessaires au hajj, […]
La délégation tunisienne brille de mille feux aux Jeux Africains de la Jeunesse de Luanda, où les jeunes athlètes ne cessent d’enchaîner les exploits. Aïcha Ben Milad a ouvert la voie en décrochant l’or au 200 mètres papillon grâce à une performance remarquable de 2 minutes et 27 secondes, suivie par Youssef Douma qui s’est […]
Un guichet unique pour l’accomplissement des procédures de voyage vers les lieux saints pour les pèlerins de Gabès a été installé au siège du gouvernorat. Ce guichet offre aux pèlerins de la région la possibilité d’achever les formalités liées au hajj, notamment, l’hébergement, l’octroi de l’allocation touristique et le billet d’avion. Les 339 pèlerins au […]
Les activistes de la société civile et des partis politiques de l’opposition organisent une nouvelle manifestation pour les libertés, ce samedi 13 décembre 2025 à Tunis.
Dénonçant des atteintes aux droits et aux libertés en Tunisie, les organisateurs, parmi lesquels on compte la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), ont appelé à se mobiliser en nombre pour cette 4e marche consécutive organisée à Tunis, contre le pouvoir en place.
Un rassemblement est donc prévu à 15h devant le siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour se diriger vers la place de l’Indépendance afin de se dresser contre l’injustice et la répression et à défendre les droits et les libertés, indique la LTDH dans son appel à manifester diffusé ce mercredi 10 Décembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits humains.
La polémique enfle autour du programme « Wahch Pro Max », diffusé sur la chaîne El Hiwar Ettounsi, après que la Chambre nationale de l’Ordre des Médecins a annoncé le dépôt officiel d’une plainte contre l’émission. Celle-ci a diffusé une séquence présentant prétendument la possibilité de traiter le cancer par des pratiques assimilées à la […]
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a publié, lundi 8 décembre, une circulaire signée par son gouverneur, Fethi Zouhaier Nouri. Elle autorise le démarrage de la délivrance des allocations touristiques destinées aux pèlerins 2026.
Ainsi, à partir du 10 décembre 2025, les intermédiaires agréés pourront fournir ces allocations touristiques via les guichets uniques.
D’abord, ces établissements devront puiser dans leurs soldes disponibles et se procurer le Riyal saoudien auprès des différentes succursales de la BCT. Ensuite, les cours de vente des devises devront être clairement affichés pour le public, explique la banque des banques dans un communiqué.
La circulaire précise encore que les allocations seront imputées exclusivement sur les droits à transfert de l’année 2026. Ce qui exclut toute utilisation pour l’année en cours. Par conséquent, lors de l’émargement des passeports, l’année « 2026 » devra être portée dans la rubrique dédiée à l’allocation.
Par ailleurs, l’autorisation d’exportation des devises reste, pour sa part, valable six mois à compter de sa date de délivrance. Elle concerne exclusivement les pèlerins inscrits sur les listes officielles, ainsi que les membres de la délégation tunisienne accompagnante.
Enfin, les intermédiaires agréés devront transmettre quotidiennement à la BCT un rapport détaillé, en deux exemplaires, sur les allocations distribuées; et ce, conformément au modèle annexé à la circulaire.
A noter par ailleurs que le coût du pèlerinage pour cette année a été fixé à 20 930 dinars, indique le ministère des Affaires religieuses. « Ce montant se répartit comme suit : 17 000 dinars au titre des frais d’hébergement et de service et 3 930 dinars correspondent au prix du billet d’avion fixé par la compagnie Tunisair », précise le département sur sa page Facebook.
Les candidats définitivement retenus ont été informés par l’envoi d’un message SMS, lesquels sont invités à se présenter, à compter du mercredi 10 décembre, au bureau de poste le plus proche afin de s’acquitter de la totalité des frais de pèlerinage.
Un justificatif de paiement ainsi qu’une carte prépayée, destinée à être remise aux guichets uniques, leur seront délivrés, ajoute la même source.
Ils sont également priés de se rendre au guichet unique de leurs gouvernorats respectifs, en vue d’achever les formalités de voyage conformément au calendrier préétabli.
Ils devront être munis de leur passeport, dont la validité devra s’étendre au-delà du 30 novembre 2026 et comporter au minimum deux pages vierges, ainsi que d’une photocopie dudit document et de deux photos d’identité sur fond blanc.
Le ministère rappelle, in fine, que tout candidat retenu doit présenter une attestation confirmant l’enregistrement de ses données biométriques via l’application dédiée, mise en place par les autorités saoudiennes.
Dans un communiqué publié ce mardi 9 décembre 2025, la présidente du Conseil national de l’ordre des médecins de Tunisie, Dr Rym Ghachem, dénonce la promotion de la «tradithérapie» dans les médias, «comme alternative ou substitut à la médecine fondée sur les preuves».
Dr Ghachem alerte l’opinion publique, au nom de tout le conseil de l’Ordre, au sujet de la diffusion, dimanche soir, sur la chaîne El Hiwar Ettounsi, de contenus promouvant cette pratique douteuse et qui s’apparente au charlatanisme, «sans encadrement scientifique rigoureux ni avertissement clair», induisant le public en erreur, banalisant des méthodes non validées et exposant les citoyens à des «retards diagnostiques ou thérapeutiques parfois graves.»
«Ces contenus fragilisent les fondements mêmes de la médecine moderne, qui repose sur la science, l’évaluation méthodologique et la sécurité du patient», souligne le Conseil, en rappelant que «la santé des Tunisiens ne peut être exposée à des pratiques dénuées de validation scientifique.»
Tout en affirmant qu’il prendra toutes les mesures qu’il jugera nécessaires et utiles pour préserver l’exercice médical, protéger le public et garantir le respect strict des règles qui encadrent la profession, le Conseil appelle l’ensemble des médias à exercer leur responsabilité éthique «en évitant la diffusion de contenus susceptibles d’induire la population en erreur et en valorisant des informations fondées sur des données scientifiques fiables.»
Il s’agit de défendre «une médecine de qualité, rigoureuse, responsable et au service de tous les Tunisiens», conclut Dr Ghachem.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins a annoncé qu’il déposera officiellement une plainte contre un programme télévisé ayant diffusé un épisode présentant le traitement du cancer par des méthodes non médicales, mettant en danger la santé des citoyens tunisiens.
Une attaque contre les pratiques non scientifiques
Le Conseil souligne que le traitement du cancer repose sur des médicaments spécifiques et des protocoles cliniques validés par des médecins spécialistes. Ces pratiques sont scientifiquement prouvées et constituent le seul recours sûr pour les patients.
Le programme en question, diffusé dimanche soir sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi, a promu le « soin » à base de médecine traditionnelle et de plantes, présenté par un individu sans formation médicale, laissant entendre qu’il pourrait remplacer les traitements conventionnels.
Violation de l’éthique médicale
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins de Tunisie, a publié, aujourd’hui un communiqué précisant que ces contenus, souvent présentés sans encadrement scientifique ni avertissement, désorientent le public et peuvent retarder le diagnostic ou le traitement de maladies graves.
Le Conseil dénonce par ailleurs, la promotion de la tradithérapie dans les médias comme alternative ou substitut à la médecine fondée sur les preuves, estimant que la présentation de telles pratiques, sans encadrement scientifique rigoureux ni avertissement clair, induit le public en erreur, banalise des méthodes non validées et expose les citoyens à des retards diagnostiques ou thérapeutiques parfois graves.
Lorsque les armées de l’islam avaient surgi au Moyen-Orient, au VIIe siècle, elles y avaient trouvé des populations déjà largement arabisées écrasées par les impôts, épuisées par les conséquences horribles des guerres incessantes entre Perses et Byzantins, divisées par les querelles christologiques entre chrétiens orthodoxes et monophysites, et n’aspirant qu’à la paix. On peut certes qualifier d’impérialisme ce qui amena les armées arabes au Maghreb et en Espagne. Mais furent-elles moins fondées à y aller que ne le furent les Romains ?
Dr Mounir Hanablia*
C’est toujours avec une certaine gêne qu’on envisage l’histoire de l’islam lorsqu’on est musulman d’ascendance ou de conviction; une gêne qui ne le cède qu’à la haine irrationnelle que cette religion induit de nouveau dans les sphères du pouvoir et chez les influenceurs occidentaux, dont la traduction la plus manifeste est le génocide perpétré à Gaza et les innombrables actes d’agression que l’armée sioniste n’a cessé de perpétrer contre les peuples et les pays du Moyen-0rient.
Or l’identité musulmane constituant en fin de compte la cible ultime de ces guerres qu’on a nommées antiterroristes, ainsi que le démontre la judaïsation de la Palestine et de Jérusalem, il est désormais à tout le moins de mauvais ton par l’introduction d’un autre récit fondateur, de remettre en cause la légitimité historique d’une religion dont la conscience collective qu’elle insuffle à des peuples ethniquement différents et politiquement morcelés lorsqu’ils se réclament d’une langue commune, constitue toujours bon an mal an le socle de la résistance de ces peuples au colonialisme.
Le moment serait donc mal choisi d’en parler, si tant est qu’il y eût jamais eu un bon moment pour le faire. Néanmoins il se trouve que le taire ne contribue pas à déconstruire l’arbitraire du récit adverse, celui des ennemis, ni le caractère illégitime de leurs prétentions. Car si la teneur du programme sioniste est de faire revenir les différents peuples qu’on prétend subjugués par l’islam à leurs cultures antérieures, de Berbères, d’Araméens, de Coptes, d’Assyriens, de Chaldéens, de Mèdes, de Perses, et de Hittites, il faudrait commencer par parler des conquêtes macédoniennes, qu’on a justifiées comme étant la grande contre-offensive ayant fait suite aux guerres médiques, à l’origine ainsi qu’on l’a prétendu, de l’esprit européen.
Selon ce récit, l’armée grecque aurait été composée de citoyens libres se battant pour leur liberté (il n’y avait pas d’Etat unitaire en Grèce mais des cités), celle du Grand Roi étant un ramassis d’esclaves et au mieux de mercenaires. Le résultat ne pouvait faire de doute. Puis il y a eu, faisant suite à la conquête d’Alexandre le Grand et son rêve d’Etat Universel, les États hellénistiques d’Orient dont la politique d’assimilation par l’usage de la langue et des coutumes grecques a suscité en Palestine le courroux des prêtres juifs contraints pour marquer leur différence et sauvegarder leur identité monothéiste d’imposer des règles ségrégationnistes, telles la circoncision, l’interdiction du porc, celle des mariages mixtes et des repas avec les idolâtres.
La défense de l’Occident
Enfin est survenue Rome dont on a prétendu qu’elle a repris à son propre compte l’œuvre civilisatrice gréco-macédonienne en Orient, ainsi que la défense de l’Occident. L’occupation romaine a laissé à la postérité des monuments, des aqueducs, une solide tradition juridique. Mais elle a suscité les résistances des peuples vaincus écrasés par les impôts et dont les innombrables révoltes furent réduites par le fer et par le feu à l’intérieur d’un empire appelé à s’étendre indéfiniment.
En Afrique il y eut Syphax, Jugurtha, Tacfarinas, Garmoul, pour ne citer que quelques-uns de ceux qui périrent sous le joug romain.
A l’extérieur, Rome a fait face à la pression constante exercée par les peuples germaniques, et surtout à la grande réaction de l’Empire Perse, d’abord des Parthes Arsacides issus du Khorassan, puis celle des Sassanides descendus des montagnes du Fârs, dont les prétentions impériales universelles s’appuyaient sur une religion élaborée, le Mazdéisme, unifiée autour d’un livre sacré, l’Avesta, et soutenue par un clergé organisé et intolérant.
Rome a cru trouver son salut dans la conversion de ses empereurs au christianisme, une religion réputée d’amour censée fondre les différents peuples de l’Empire dans une foi commune en mettant fin au bain de sang perpétuel au moins à l’intérieur de ses limites.
En réalité, les controverses théologiques autour de la trinité et les natures du Christ furent jusqu’au VIe siècle de l’ère universelle âpres et fournirent aux différents peuples, en particulier orientaux, à l’instar des Arméniens ou des Egyptiens, l’occasion d’affirmer leurs personnalités «nationales» face au facteur grec au pouvoir à Byzance.
La conversion des Arabes de Ghassane établis au Cham, alliés aux Byzantins orthodoxes, au christianisme monophysite, et des Lakhmides d’Irak alliés des Perses probablement au nestorianisme, seul christianisme toléré dans leur empire, aurait pu ainsi fournir le cadre théologique nécessaire à la formation d’un royaume unifiant toute la péninsule arabique sous une même autorité. Il n’en fut rien. Etats croupions au service de puissances étrangères, et chargés de garder les frontières de leurs suzerains contre les incursions des nomades, ils n’avaient rien pour jouir de la considération de ces derniers.
Pour ceux qui prétendent que les Arabes ne furent que des envahisseurs, le prince Qais originaire de Kinda s’était vu offrir le phylarcat de Palestine par l’empereur byzantin Justin pour services rendus avant l’avènement de l’islam. Autrement dit il aurait été en droit d’y fonder un royaume au nom de la seule légitimité reconnue par les historiens occidentaux, celle issue de l’empire romain.
L’irrédentisme éthiopien
En réalité, le seul état indépendant de la péninsule arabique à cette époque était celui de Himyar au Yémen qui face à l’irrédentisme éthiopien, issu d’un Etat chrétien monophysite co-riverain de la mer Rouge, s’était converti au judaïsme.
Le Roi Youssef Dhu Nuwas s’était lancé dans une persécution généralisée contre ses sujets chrétiens qui avait atteint son point culminant avec le bûcher de Najrane, un autodafé gigantesque contre ceux que le Coran avait qualifiés de Ashab Al Oukhdoud. Cela avait fourni le prétexte à une croisade et les armées du Négus chrétien monophysite éthiopien Kaleb, transportées par la flotte byzantine envoyée en mer Rouge par l’empereur chrétien orthodoxe Justinien, avaient débarqué au Yémen et renversé l’Etat de Himyar.
En réalité, les Byzantins n’avaient pas été mécontents de renverser un royaume client de leurs ennemis perses afin d’établir leur contrôle sur la mer Rouge et cette guerre s’était insérée dans l’affrontement entre les deux empires à vocation universelle.
Mais les choses n’en étaient pas restées là. Un général éthiopien, Abraha, avait établi un Etat chrétien indépendant au Yémen, une sorte de Rhodésie avant l’heure, en se détachant de son suzerain, le négus d’Ethiopie, dont les armées, envoyées soumettre le rebelle, s’y étaient ralliées.
Abraha avait envoyé ses forces, qualifiées par le Coran de Ashab Al Fil, les gens de l’Eléphant, vers le Nord. Une épidémie, vraisemblablement aviaire selon le Coran, les y avait décimés et ce qui apparaissait comme une légende est devenu une possibilité corroborée par la découverte des virus auxquels l’humanité a été récemment confrontée.
La tradition musulmane dit que les Ethiopiens étaient venus détruire la Kaaba et la Mecque. Dans quel but ? Dans la lutte entreprise pour le contrôle du commerce de la mer Rouge, était-ce pour supprimer un rival commercial, un concurrent religieux, ou les deux ?
Si la Mecque était en passe de devenir un pôle politique au sein de la péninsule, il est douteux que cela eût pu susciter l’inquiétude du maître du Yémen, du moment que ses sujets arabes, pour ne pas dire éthiopiens, parlaient une langue étrangère pour les gens du Hijaz, et écrivaient une écriture sudarabique que ces derniers ne comprenaient pas.
Le grand écrivain égyptien Taha Hussein avait soulevé avec justesse cette discordance yéménite dont il avait tiré les conclusions lui valant d’être mis à l’index par les religieux de son pays, celle d’une poésie supposée antéislamique créée de toute pièce après la conquête musulmane.
Pourtant la suite des événements devait démontrer que la Mecque ne pouvait, dès cette époque, qu’avoir acquis la puissance potentielle qui allait plus tard se traduire sous son égide par l’unification de la totalité de la péninsule Arabe.
Quoiqu’il en soit, le reflux éthiopien amorcé par la défaite et la mort d’Abraha s’était traduit sur le plan politique par le rétablissement grâce à une armée perse du royaume juif de Himyar sous l’autorité d’un nouveau souverain, Sayf Dhi Yazane. Or ce protectorat perse, sans doute irrémédiablement affaibli, ne fera plus parler de lui, même lorsque les juifs de Médine et de Khaybar auront eu le plus besoin de son aide. D’où l’hypothèse vraisemblable d’une culture sud-arabique déclinante sous l’influence de la culture arabe en provenance du nord, celle que nous connaissons, sans doute véhiculée par le christianisme en provenance de Kinda et de Ghassane et d’Al Hira peut être via la Mecque et que les souverains du Yémen, juifs puis Ethiopiens, par la persécution ou par la conquête, n’auront pu stopper.
L’apparition de l’islam
Se pose alors évidemment la question de l’apparition de l’islam, une religion monothéiste évoluant pour son propre compte, au sein du plus grand sanctuaire idolâtre d’Arabie alors que le judaïsme était fermement établi dans la péninsule et que le christianisme en provenance du Cham et d’Irak, y était en pleine expansion.
On peut comprendre que les marchands de la Mecque, représentés par la tribu Qoraïch, pris en tenaille entre les ambitions impériales byzantine et perse, avaient jugé leur position commerciale suffisamment menacée pour pousser au moins certains parmi eux à tenter d’unifier sous leur égide l’ensemble des tribus qui échappaient jusque-là à la domination des deux empires, afin de s’assurer le contrôle des routes commerciales entre la Méditerranée, la mer Rouge et l’océan Indien.
L’idolâtrie jusque-là pratiquée en Arabie n’aurait pas pu constituer le cadre politique nécessaire à ce programme, en raison de son caractère pluraliste mais aussi anachronique, alors qu’une grande partie des tribus d’Arabie avait déjà adopté le monothéisme et que la plus grande partie du Moyen-Orient était incorporée à l’empire byzantin chrétien, le mazdéisme perse étant quant à lui trop étranger aux traditions sémitiques.
Ce qu’on appelle le hanafisme, ce monothéisme teinté de monachisme vécu à l’échelon personnel par les croyants en rupture de ban avec leur société polythéiste environnante, en étant qualifié de religion d’Abraham, avait constitué le paradigme fondateur légitimant la nouvelle foi, mais uniquement après la rupture définitive avec les tribus juives qui en rejetant l’apostolat du prophète avaient refusé de cautionner le grand projet d’unification arabe.
Naturellement cette rupture s’était traduite par la consécration de la Mecque, en tant qu’épicentre du culte d’Abraham, au détriment de Jérusalem.
A la légitimité issue du judaïsme adoptée par les souverains yéménites de Himyar dans le but de raffermir leur indépendance face aux prétentions éthiopiennes, on avait ainsi substitué une autre légitimité universelle mise au service de l’unification arabe, celle d’un Dieu non pas propriété exclusive d’Israël, mais de tous les peuples.
On peut donc penser que l’islam en tant que religion évoluant pour son propre compte est issu d’un échec, celui de l’investissement du judaïsme au service de la cause arabe. Le succès des armes avait rallié les marchands de la Mecque, initialement opposés à un projet qui leur inspirait de la crainte, et avait réduit les oppositions locales centrées sur des prédications concurrentes, à l’instar de celle de Musaylima à Yamama. Et lorsque les armées de l’islam avaient surgi au Moyen-Orient, au VIIe siècle, elles y avaient trouvé des populations déjà largement arabisées écrasées par les impôts, épuisées par les conséquences horribles des guerres incessantes entre Perses et Byzantins telles que la peste, divisées par les querelles christologiques entre chrétiens orthodoxes et monophysites, et n’aspirant qu’à la paix. On peut certes qualifier d’impérialisme ce qui amena les armées arabes au Maghreb et en Espagne. Mais furent-elles moins fondées à y aller que ne le furent les Romains ?
L’islam au service de la cause arabe
L’imprévu est que, de religion au service de la cause arabe, l’islam entre Djakarta et Casablanca, ait rallié des peuples si différents dans un même espérance ou une même identité, même en l’absence d’autorité politique ou religieuse commune.
Il est donc faux de dire que les Arabes n’avaient rien à faire au Moyen-Orient. Ils avaient plus à y faire que les Grecs ou les Perses qui avaient, les premiers, conféré à leurs guerres un antagonisme religieux.
Quant au caractère hérétique de l’islam selon l’Eglise, il n’est issu que d’anathèmes prononcés par des conciles d’évêques et de prélats s’affrontant pour s’assurer les faveurs impériales et échouant à s’entendre sur les personnes et les natures du Christ.
Pour ce qui est de la légitimité issue d’Israël, dont il serait dépourvu, la référence à Abraham prouve bien que ce que l’islam remet en question dans le judaïsme n’est rien de plus que l’autorité des Rabbins qui en avaient fait une religion réservée et sectaire au lieu d’être ouverte sur le reste de l’humanité, une espérance qui avait été à l’origine du message chrétien, rejeté par les rabbins pour les mêmes raisons.
En fin de compte c’est bien un antagonisme d’un autre âge institué par l’Eglise et les rabbins fait d’anathèmes et d’imprécations qui sert de socle à la haine aujourd’hui réapparue au sein d’un Occident prétendument devenu laïc, contre l’une des plus grandes communautés religieuses du monde.
* Médecin de libre pratique.
‘‘Le Trône d’Adoulis: Les guerres de la mer Rouge à la veille de l’Islam’’, de Glen Bowersock, traduit en français par Pierre-Emmanuel Dauzat, éd. Albin Michel, Paris, 1er octobre 2014, 208 pages.
Le taux d’inflation s’est stabilisé à 4,9% au mois de novembre 2025, d’après les données de l’Institut national de la statistique publiées vendredi 5 décembre.
Cette stabilité s’explique par l’accélération du rythme de progression des prix du groupe « Alimentation » (5,8% en novembre 2025 contre 5,6% en octobre 2025) et des prix du groupe « Logement, eau, gaz » (3,5% en novembre 2025 contre 3,4% en octobre 2025), explique l’INS.
Selon l’INS, elle est due à la décélération du rythme d’accroissement des prix du groupe « Services de restauration, cafés et hôtels » (6,2% en novembre 2025 contre 7,5% en octobre 2025) et des prix du groupe « Meubles, articles de ménage » (4,8% en novembre 2025 contre 4,9% en octobre 2025).
D’après les données de l’INS, la hausse des prix des produits alimentaires, en glissement annuel, est due principalement à l’augmentation des prix de la viande d’agneau de 18,5%, des légumes frais de 15,9%, des fruits frais de 11,5%, de la viande bovine de 10,4% et des prix des poissons frais de 10%.
En revanche, les prix des huiles alimentaires ont baissé de 17,3%.
Pour ce qui est des prix des produits manufacturés, ils ont évolué de 5% en raison de la hausse des prix des produits d’habillement et des chaussures de 9,2% et des produits d’entretien courant du foyer de 5%.
Pour les services, l’augmentation des prix est de 4% sur un an, principalement expliquée par la hausse des prix des services du groupe « Restaurant, cafés et hôtels » de 6,2%.
Baisse de l’inflation sous-jacente
S’agissant du taux d’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie), il a baissé pour s’établir à 5%, en novembre 2025, contre 5,1% le mois précédent. Quant aux prix des produits libres (non encadrés), ils ont augmenté de 6% sur un an.
Les prix des produits encadrés ont évolué, quant à eux, de 0,7%. Par contre, les produits alimentaires libres ont connu une hausse de 6,5% contre 0,3% pour les produits alimentaires à prix encadrés.
L’INS a fait état, aussi, d’une légère hausse des prix à la consommation de 0,1% au mois de novembre 2025 par rapport au mois d’octobre 2025, à la suite de l’augmentation des prix du groupe « Habillement et chaussures » de 0,4% ainsi que du groupe « Loisirs et culture » de 0,3%, contre une baisse des prix du groupe « Alimentation » de 0,3%.
La dette nationale des États-Unis est depuis longtemps un sujet de préoccupation pour les présidents américains. Cependant, malgré les efforts récents pour la réduire, elle a dépassé les 37 000 milliards de dollars. C’est une très mauvaise nouvelle pour les Américains, mais aussi pour les autres nations qui vont, indirectement, acculées à en supporter une partie.
Habib Glenza
Les projections du département du Trésor américain pour janvier 2020 prévoyaient que le déficit du gouvernement fédéral ne dépasserait pas 37 000 milliards de dollars avant la fin de l’exercice 2030. Le 12 août 2025, un rapport du même département a révélé que la dette nationale avait dépassé les 37 000 milliards de dollars, un chiffre atteint bien plus tôt que prévu par les analystes qui le prévoyaient pour 2030.
Si la dette américaine a augmenté plus rapidement que prévu, c’est en raison de la pandémie mondiale du Covid-19 et du ralentissement économique mondial qui a suivi cet événement imprévisible.
Une dette qui devrait s’alourdir
Selon l’Associated Press, qui rapportait ces chiffres inquiétants, le gouvernement fédéral a contracté d’importantes dettes sous les présidences de Donald Trump 1 et Joe Biden afin de stabiliser l’économie nationale. Mais les récentes mesures prises par Donal Trump 2, notamment dans le domaine du commerce ou encore de l’immigration, ne vont pas arranger les choses. En effet, l’inflation et le chômage restent élevés. De plus, la nouvelle loi budgétaire de Trump et des Républicains, qui a été adoptée puis promulguée le 4 juillet 2025, va ajouter des milliers de milliards à la dette nationale américaine au cours de la prochaine décennie.
Selon le Bureau du budget du Congrès américain, cette loi devrait alourdir la dette nationale de 4 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années, aggravant encore les difficultés auxquelles l’État fédéral est déjà confronté face à l’ampleur de son endettement.
L’un des problèmes les plus préoccupants actuellement à Washington est le rythme auquel la dette nationale augmente. Celle-ci a atteint 34 000 milliards de dollars en janvier 2024, puis 35 000 milliards en juillet 2024. Le seuil suivant a été franchi encore plus rapidement, puisque cette dette a atteint 37 000 milliards en 2025.
En novembre 2024, la dette américaine dépassait déjà les 36 000 milliards de dollars, et à la mi-août, elle atteignit les 37 000 milliards. «Nous ajoutons désormais 1 000 milliards de dollars de plus tous les cinq mois», a expliqué Michael Peterson, expert financier. Au rythme actuel, cette dette devrait atteindre 51 000 milliards de dollars d’ici à 2035.
Michael Peterson est président et directeur général de la Peter G. Peterson Foundation, un groupe qui œuvre à sensibiliser le public à plusieurs défis budgétaires majeurs auxquels sont confrontés les États-Unis. L’expert a récemment déclaré dans un communiqué qu’il ne sera pas facile de rembourser la dette américaine qui a atteint des seuils considérables.
Le 12 août, le Pew Research Center a indiqué dans un rapport que le montant de la dette des États-Unis est actuellement supérieur à son produit intérieur brut (PIB) total, qui s’élevait à 30 300 milliards de dollars au 30 juin 2025. En juin 2025, elle atteignait environ 36 200 milliards de dollars, soit 119,4 % du PIB. Ce chiffre mérite toutefois d’être relativisé : le ratio dette/PIB du pays a déjà été plus élevé par le passé, culminant à un record de 132,8 % en 2020.
L’essentiel de la dette appartient à des étrangers
Le Japon est le plus gros détenteur étranger de la dette américaine. En mai 2025, il en détenait 1 100 milliards de dollars, soit 3,1 % du passif total des États-Unis.
Cependant, l’un des aspects les plus préoccupants de la dette américaine reste le poids croissant de son service (et notamment des intérêts). En 2024, il s’élevait à 879,9 milliards de dollars, soit 13 % de l’ensemble des dépenses fédérales. Un montant supérieur à celui consacré à l’assurance maladie (874,1 milliards) ou encore à la défense (873,5 milliards).
Le montant actuel du montant des intérêts à payer par le gouvernement américain s’élève actuellement à 1 200 milliards de dollars !
Pour faire face à cette situation, le président Trump pourrait être tenté de chercher un moyen pour faire partager une partie de ce lourd fardeau par des partenaires des Etats-Unis. Et avec un président aussi versatile et no limit, on peut s’attendre à tout et surtout au pire !
Le trafic sur la ligne Tunis–La Goulette–La Marsa (TGM) sera totalement suspendu durant le week-end du samedi et du dimanche 6 et 7 décembre 2025.
C’est ce qu’a annoncé la Société des transports de Tunis (Transtu), dans un communiqué publié ce jeudi 4 décembre en précisant que des travaux seront menés dans le cadre de l’amélioration de l’infrastructure ferroviaire et que le trafic reprendra sur une seule voie à partir du lundi 8 décembre
La Transtu a également indiqué que durant la suspension des bus seront mobilisés pour renforcer le service sur la ligne n°347 reliant Tunis Marine, de 5h du matin à 22h.
La même source promet une fréquence avec un départ toutes les 20 minutes samedi et toutes les 30 minutes dimanche.
Le président du Tunisia Africa Business Council (TABC), Anis Jaziri, a annoncé le lancement de Rise Africa 50, un classement qui mettra en lumière, annuellement, 50 jeunes leaders entrepreneuriaux, visionnaires et bâtissant l’Afrique de demain.
L’annonce a été faite le 3 décembre 2025 à Cotonou, au Bénin, lors de la cérémonie de clôture de la mission économique organisé par le TABC.
Rise Africa 50 sera organisé avec plusieurs organismes et institutions panafricaines : le Réseau des entrepreneurs visionnaires en Afrique (Revia); le Centre arabo-africain d’investissement et de développement en Algérie (CAAID); la Chambre de commerce et d’industrie Tunisie-Côte d’Ivoire (CCI-TCI); le Congo Africa Business Council (CABC) ; la Chambre de commerce Tunisie-Madagascar (CCTM); le Tunisia Nigeria Business Council (TNBC); et le Forum pour la croissance inclusive (Focia, Guinée Conakry).
Le but est d’identifier, valoriser et connecter les jeunes entrepreneurs africains les plus prometteurs. Et ce classement se veut bien plus qu’une reconnaissance : un véritable baromètre annuel du dynamisme, de l’innovation et de la capacité de transformation du continent, porté par sa jeunesse.
Tremplin vers la reconnaissance et les opportunités Chaque année, Rise Africa 50 mettra à l’honneur 50 profils exceptionnels, un par pays d’Afrique, incarnant la diversité, le talent et la résilience de la jeunesse africaine.
Le classement offrira une photographie fidèle et inspirante des nouvelles dynamiques entrepreneuriales sur l’ensemble du continent, en mettant en lumière des parcours souvent peu visibles, mais à fort potentiel.
En rejoignant la communauté Rise Africa 50, les lauréats bénéficieront d’une visibilité panafricaine et internationale, d’un accès privilégié à des réseaux d’affaires et de financement, de mentorat et de partenariats, ainsi que d’un accompagnement stratégique via les initiatives du TABC et de ses partenaires.
Les prix seront décernés chaque année en marge de la conférence internationale Financing Investment and Trade in Africa (Fita2026) qui se tiendra du 28 et 29 avril 2026 à Tunis.
Il s’agit de mettre en lumière les jeunes porteurs d’impact, leur offrir une visibilité stratégique, renforcer leur influence dans les écosystèmes économiques régionaux, et constituer une génération d’acteurs du changement à l’échelle africaine.
L’objectif final étant de constituer une communauté panafricaine de jeunes décideurs économiques, capables d’influencer durablement les trajectoires de développement du continent, à travers l’innovation, la durabilité et l’inclusion.
Suite à l’«enlèvement» de la militante politique Chaima Issa, le samedi 28 septembre 2025, alors qu’elle participait à la marche organisée par les organisations féministes et à laquelle participaient des personnes de diverses orientations politiques, des associations et des voix féministes ont exprimé dans le communiqué de presse traduit de l’arabe et reproduit ci-dessous «leur ferme condamnation de ce grave incident, qui montre l’intimidation et la violence politique continues de l’État contre les femmes».
«Le fait de cibler Chaima Issa, de la condamner à vingt ans de prison pour son activisme politique et son opposition au régime en place, puis de l’enlever par des individus non identifiés en civil simplement pour avoir participé à une manifestation féministe pacifique, constitue une attaque flagrante contre la liberté d’expression et le droit des femmes à manifester et à s’organiser, ainsi qu’une tentative claire de faire taire les voix féministes et des défenseurs des droits humains dans le pays.
«Les personnalités et associations signataires tiennent les autorités responsables pleinement responsables de la sécurité de Chaima Issa, exigent la divulgation immédiate de son lieu de détention et des conditions de sa détention, et la garantie qu’elle se verra accorder tous ses droits légaux sans aucun délai.
«Les personnalités et associations signataires appellent également toutes les forces actives, les organisations de défense des droits humains et les mouvements féministes à s’unir et à faire face à cette dangereuse escalade contre les femmes, à résister à toutes les tentatives d’intimidation et d’exclusion, et à adopter tous les moyens de lutte pour protéger leur droit à s’exprimer et à participer à la sphère publique sans crainte ni menace.
«L’enlèvement d’une militante est une attaque contre toutes les femmes.
Les jeunes médecins ont annoncé ce mercredi la suspension de toutes leurs actions de protestation, y compris la grève prévue le 8 décembre. La décision intervient après une séance de conciliation tenue au ministère de la Santé, en présence des représentants institutionnels du secteur.
L’accord porte sur les principaux points de discorde ayant alimenté la contestation des médecins résidents.
Déroulé de l’accord et avancées obtenues
Au terme de la réunion présidée par le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, et réunissant la présidence du Conseil de l’Ordre, les doyens des quatre facultés de médecine et une délégation de négociation de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins, plusieurs engagements concrets ont été actés.
Le dossier du service civil a constitué la principale avancée. Une liste comprenant 53 maladies donnant droit à une exemption a été arrêtée, mettant fin à un long désaccord. Par ailleurs, 17 situations d’urgence permettant le rapprochement du lieu d’affectation au domicile ont été définies, tandis que les critères sociaux encadrant ce rapprochement seront finalisés avant la fin de la semaine.
Concernant les gardes et astreintes, des progrès ont été enregistrés dans le règlement des arriérés dus aux personnels de santé dans les hôpitaux publics. Le ministère a également mis en place une application dédiée permettant de signaler les retards de paiement, avec un délai plafond fixé à deux mois pour le traitement des réclamations.
Réactions et perspectives salariales
Sur le plan salarial, l’Organisation a obtenu la reconnaissance d’une augmentation spécifique destinée aux médecins résidents, distincte des mécanismes de revalorisation prévus dans le projet de loi de finances 2026 pour la fonction publique. Une nouvelle séance de négociation est programmée à la mi-décembre avec la présidence du gouvernement et le ministère des Finances afin de fixer le montant définitif de cette hausse.
L’Organisation propose une augmentation d’environ 400 dinars par mois, avec une entrée en vigueur prévue au 1er janvier 2026. Cette perspective a contribué au climat d’apaisement ayant permis la suspension du mouvement.
Ces derniers mois, les jeunes médecins avaient multiplié les actions protestataires en raison de tensions liées aux affectations obligatoires, aux conditions de travail dans les hôpitaux publics, au non-paiement régulier des gardes et à la stagnation salariale. Le secteur souffre par ailleurs d’une fuite croissante vers l’étranger et d’un déficit structurel de ressources humaines.
Le ministère de la Santé engage une nouvelle phase de transformation numérique visant à réduire les inégalités d’accès aux soins. Le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, a confirmé que les autorités misent désormais sur l’intégration accélérée de la technologie et de l’intelligence artificielle pour renforcer la qualité des services et offrir aux citoyens, notamment dans les zones intérieures, des prestations médicales avancées disponibles en continu.
Selon lui, le développement de la télé-radiologie et l’ouverture des services de scanner 24h/24 constituent un tournant majeur pour les hôpitaux régionaux souvent confrontés au manque de spécialistes. L’objectif est clair : permettre aux patients de bénéficier d’un diagnostic rapide, fiable et disponible à distance, même en dehors des horaires habituels.
Parallèlement, la généralisation de la télémédecine doit faciliter l’accès à des spécialités rares comme la pédopsychiatrie, la dermatologie, les maladies métaboliques ou encore la rhumatologie. Un changement qui devrait réduire les déplacements coûteux et améliorer la prise en charge dans les gouvernorats éloignés des grands pôles hospitaliers.
Ces réformes s’inscrivent dans la vision du chef de l’État visant à bâtir un système de santé plus équitable et plus performant, fondé sur l’usage des technologies émergentes. Le ministre rappelle que les hôpitaux tunisiens ont déjà entamé l’adoption de la chirurgie robotique et que l’intelligence artificielle est désormais utilisée dans plusieurs processus de diagnostic, renforçant la confiance des patients dans la qualité des soins.
Sur le plan des ressources humaines, le ministre a souligné que le secteur public accueille chaque année entre 900 et 1000 nouveaux médecins. Toutefois, les départs annuels – liés au départ à la retraite ou à la migration – atteignent 200 à 250 praticiens, un écart qui impose, selon lui, de nouvelles politiques de fidélisation. Les priorités portent notamment sur l’amélioration du cadre de travail, le renforcement du plateau technique, l’accès à des équipements modernes et la mise en place d’une formation continue adaptée aux évolutions technologiques.
Avec ces mesures, le ministère espère non seulement moderniser les infrastructures mais aussi préserver les compétences médicales face à un contexte mondial très concurrentiel.
Les négociations tenues mardi entre l’Organisation tunisienne des jeunes médecins et le ministère de la Santé n’ont débouché sur aucun compromis, malgré la présence de représentants de la présidence du gouvernement, du ministère des Finances et de l’Ordre des médecins. À l’issue de la réunion, le président de l’organisation, Wajih Dhekkar, a annoncé le maintien de la grève générale prévue ce mercredi ainsi qu’une mobilisation devant le siège du Parlement, au moment où les députés examinent le projet de budget 2026 du ministère de la Santé.
Cette escalade intervient dans un climat de tension persistant entre les jeunes médecins et la tutelle, accusée d’adopter une politique de « procrastination et d’ignorance » concernant leurs revendications. Au cœur du conflit, l’accord conclu le 3 juillet 2025, dont plusieurs engagements peinent toujours à être appliqués. Les jeunes praticiens dénoncent notamment le non-versement des indemnités liées aux gardes hospitalières, parfois impayées depuis près de cinq ans dans certains services, ainsi que le retard de la révision du texte réglementant ces gardes.
L’accord prévoyait aussi la publication des critères d’exemption, de report ou de maintien du même lieu d’affectation pour la service civil. Or, aucune circulaire n’a été émise à ce jour, alors que son entrée en vigueur devait accompagner la session de recrutement de septembre 2025. À cela s’ajoute la demande d’accélérer la publication du décret relevant le salaire mensuel des jeunes médecins à partir de janvier 2026.
Selon Wajih Dhekkar, le ministère serait revenu sur plusieurs engagements, renonçant à publier les critères d’exemption du service civil et à acter la hausse salariale, pour ne retenir que les augmentations générales prévues dans le budget 2026. La question des arriérés de gardes reste, elle aussi, sans solution.
La grève de mercredi concernera l’ensemble des étudiants en médecine, internes et résidents dans toutes les facultés et structures hospitalières du pays. Seuls les services d’urgence assureront un fonctionnement normal.