L’Union européenne peine à sauver son industrie, menacée par la concurrence des États-Unis et de la Chine. Lesquels ont érodé les systèmes de défense et économiques qui ont soutenu le Vieux Continent pendant 70 ans, rapporte Bloomberg.
Toutefois, les récentes contre-mesures européennes– allant de l’imposition de mesures commerciales protectionnistes à des tactiques agressives de sécurité économique– pourraient s’avérer insuffisantes et trop tardives si l’UE ne changeait pas de vitesse.
Un haut responsable de Commission européenne a averti, lors d’un entretien avec Bloomberg, que le bloc des 27 n’avait pas encore pris la pleine mesure du problème et que la situation semblait empirer. L’UE a adopté une approche fragmentaire pour protéger son industrie et se concentre davantage sur la résolution des problèmes du passé que sur l’élaboration d’une stratégie tournée vers l’avenir, a-t-il averti.
L’Europe a besoin d’un plan pour « ne pas se noyer », a déclaré Maria Demertzis, directrice du Centre d’économie, de stratégie et de finance du groupe de réflexion The Conference Board, basé à Bruxelles. « Nous devons mettre en œuvre des politiques favorables à l’industrie et faire preuve d’impartialité », a-t-elle déclaré. « Nous devons cesser de nous préoccuper de défendre un système multilatéral incapable de lutter contre les pratiques déloyales ».
Par ailleurs, les dirigeants européens, qui se réuniront à Bruxelles cette semaine, discuteront donc de ces questions, pour chercher les moyens à même de réduire les « dépendances stratégiques » du bloc et de renforcer sa « base technologique et industrielle de défense ».
Si le concept d’autonomie européenne n’est pas nouveau, il a pris une importance particulière après le déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, renforcée par la réduction des engagements sécuritaires américains envers l’Europe par le président Trump.
Le système commercial multilatéral– un principe fondamental de l’UE– est en pleine désorganisation face aux guerres commerciales multi-fronts de Trump et au nationalisme économique de plus en plus affirmé de la Chine.
Pour ces raisons, la Commission européenne envisage de contraindre les entreprises chinoises à transférer des technologies à leurs homologues européennes, afin qu’elles puissent opérer à l’échelle européenne, relève encore Bloomberg, imitant ainsi la politique de Pékin. L’UE envisage également d’accorder un traitement préférentiel aux entreprises européennes soumissionnant pour des marchés publics d’une valeur de 2 500 milliards d’euros par an.
Enfin, elle prévoit de publier d’ici la fin de l’année une doctrine de « sécurité économique » qui indiquerait comment et quand l’Union peut recourir à des mesures commerciales.
L’UE a également discuté avec ses alliés du G7 de la mise en commun des ressources et de la coordination des efforts pour se procurer des minéraux critiques et des terres rares auprès de sources autres que la Chine.
Cependant, tout cela prendra des années à mettre en œuvre, selon le responsable, et l’Europe n’a plus beaucoup de temps.
Parallèlement, la Chine a connu une forte croissance dans des secteurs tels que les véhicules électriques et les technologies propres, s’intégrant ainsi aux chaînes d’approvisionnement européennes. Pékin a également renforcé les restrictions sur les exportations de terres rares et imposé des exigences contraignantes aux entreprises étrangères opérant en Chine.
Pour l’instant, l’UE ne peut pas faire grand-chose face aux actions de la Chine : les entreprises européennes ont besoin d’accéder à son marché et à ses intrants pour fabriquer des biens.
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