Egypte : un fonds souverain casse l’accord avec le FMI
L’acquisition par un fonds souverain affilié à l’armée égyptienne de l’une des plus importantes entreprises publiques de réhabilitation des terres et d’aquaculture du pays a suscité une vive colère parmi les figures de l’opposition égyptienne, d’autant plus que l’accord a été conclu à un prix avantageux, ne dépassant pas 5 % de la valeur boursière de l’entreprise. Cette situation a été révélée par les transactions boursières ultérieures.
L’affaire a débuté mardi 19 août, avec une divulgation à la Bourse égyptienne (EGX) annonçant que l’Autorité pour le développement durable de l’armée de l’air avait acquis 89,66 % de l’Arab Land Reclamation Company la veille (c’est-à-dire lundi 18 août), après l’avoir rachetée à la Holding Company for Land Reclamation and Groundwater Research, qui la détenait depuis 34 ans, pour 23,3 millions de livres égyptiennes.
Future of Egypt, la nouvelle branche d’investissement de l’armée, a acquis les actions de la société à leur valeur comptable de seulement 5 livres égyptiennes, alors que leur valeur boursière était estimée à environ 122 livres égyptiennes. Le cours de l’action à la clôture de la Bourse égyptienne lundi était de 106,7 livres égyptiennes.
Lors des échanges de mardi, le cours de l’action d’Arab Land Reclamation Company a augmenté de 20 % à 128 EGP sous la nouvelle direction, une décision que les analystes et les observateurs ont décrite comme « un vol flagrant et injustifié de fonds et d’actifs de l’une des plus importantes entreprises du secteur public dans ce domaine ».
Contradiction évidente
Certains soulignent que l’entreprise publique, soumise à des audits annuels par des organismes de contrôle (l’Organisation centrale d’audit et l’Autorité de contrôle administratif) sur ses opérations, ses budgets et ses profits ou pertes, avec des données publiées chaque année, a rejoint l’empire de l’armée et des organismes souverains dont les budgets et les opérations ne sont ni publiés ni soumis au contrôle des agences civiles, malgré la nature de leurs opérations civiles. Il s’agit d’une « contradiction flagrante », selon les analystes.
Ils estiment que l’acquisition par l’armée de nouveaux secteurs civils viole les engagements du gouvernement envers le Fonds monétaire international, qui a exigé à plusieurs reprises qu’il se retire de plusieurs secteurs au profit du secteur privé afin de faciliter le versement des tranches restantes du prêt de 8 milliards de dollars approuvé par le Fonds pour l’Égypte. La situation est compliquée par la lenteur de l’armée à proposer cinq de ses filiales.
Les experts ont critiqué le lancement de l’« Autorité pour l’avenir de l’Égypte » pour opérer dans le secteur de la valorisation agricole en raison de la présence de trois grandes entreprises publiques opérant dans ce domaine, malgré la forte présence de deux entreprises affiliées à l’« Autorité des projets de service national » des forces armées égyptiennes.
Ces sociétés sont : la Nouvelle Société de Développement Rural, la Société Holding pour la Réhabilitation des Terres et la Recherche sur les Eaux Souterraines, l’Autorité Générale pour les Projets de Reconstruction et de Développement Agricole, en plus de la Société Nationale de Réhabilitation et de Culture des Terres, qui fonctionne depuis 1999, et la Société Nationale d’Agriculture Protégée, qui a été créée fin 2016.
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