Comment faire de la science un levier de dĂ©veloppement Ă©conomique ? Câest Ă cette question que Chedly Abdelly, directeur de lâANPR, a tentĂ© de rĂ©pondre lors de lâĂ©vĂ©nement « VertâDemain » qui sâest dĂ©roulĂ© le 18 juin 2025 Ă Tunis. Ă travers une sĂ©rie de programmes de mobilitĂ©, de valorisation de la recherche et de partenariats internationaux, il a dĂ©fendu une stratĂ©gie ambitieuse : ancrer la recherche tunisienne dans le tissu socioĂ©conomique, en misant sur les jeunes, lâinnovation et les territoires.
Depuis sa crĂ©ation, lâAgence nationale de la promotion de la recherche (ANPR) a tissĂ© de nombreux partenariats internationaux, notamment avec lâUnion europĂ©enne. M. Abdelly a citĂ© plusieurs programmes structurants, dont le programme dâappui au systĂšme de recherche et dâinnovation dotĂ© de 12 millions dâeuros, ou encore celui consacrĂ© Ă la mobilitĂ©, aujourdâhui dotĂ© de 115 millions dâeuros.
Ces initiatives visent principalement Ă rapprocher la recherche scientifique du tissu socioĂ©conomique tunisien, en facilitant la mobilitĂ© des jeunes chercheurs et en promouvant lâentrepreneuriat fondĂ© sur la recherche. Lâun des dispositifs phares prĂ©sentĂ©s concerne le programme MOBIDOC, soutenu Ă la fois par des fonds europĂ©ens et par le ministĂšre tunisien de lâEnseignement supĂ©rieur, Ă hauteur de 8 millions de dinars.
Ce programme offre Ă de jeunes doctorants et docteurs une double formation : scientifique, au sein des laboratoires, et professionnelle, en entreprise. Ce modĂšle de formation duale vise Ă amĂ©liorer lâemployabilitĂ© et Ă encourager lâintĂ©gration des chercheurs dans lâĂ©conomie rĂ©elle.
Selon M. Abdelly, la durée moyenne des projets est de 36 mois pour les doctorants et 24 mois pour les docteurs. Et chaque participant est accompagné sur les volets technologique, managérial et de propriété intellectuelle.
Ă ce jour, 859 projets ont Ă©tĂ© financĂ©s via ce programme, impliquant 425 partenaires issus dâentreprises, de centres de recherche et dâinstitutions, et mobilisant 165 structures de recherche. Les principaux secteurs ciblĂ©s sont lâagriculture, lâagroalimentaire et la santĂ©. PrĂšs de 80 % des projets sont portĂ©s par des jeunes chercheurs, avec une couverture territoriale Ă©tendue Ă lâensemble du pays. Bien que le Grand Tunis reste la rĂ©gion la plus reprĂ©sentĂ©e avec 47 % des projets.
Lâimpact du programme est notable. Plusieurs jeunes chercheurs ont créé leurs startup. Certains intĂ©grant directement le monde entrepreneurial, dâautres poursuivant leurs projets en tant que spin-offs universitaires.
Renforcement du lien entre jeunesse et science
LâANPR soutient Ă©galement le dĂ©veloppement des bureaux de transfert technologique (BTT), aujourdâhui au nombre de 25, et prochainement 27, rĂ©partis sur tout le territoire. Ces BTT jouent un rĂŽle essentiel dans la veille technologique, la protection des actifs intellectuels et la mise en relation entre chercheurs et entreprises.
Lâintervention de Chedly Abdelly a aussi mis en lumiĂšre des initiatives nouvelles visant Ă renforcer le lien entre jeunesse et science, telles que la crĂ©ation de « villages de la science » et de plateformes de diffusion scientifique dans les 24 gouvernorats, ainsi que des conventions avec des offices universitaires et des associations locales pour sensibiliser les jeunes aux mĂ©tiers scientifiques.
Parmi les programmes internationaux mentionnĂ©s figure PROMESSE, qui a permis lâaccompagnement de 20 spin-offs, dont 13 rien quâĂ lâuniversitĂ© de Sfax. Ce programme, cofinancĂ© Ă lâĂ©chelle internationale, propose un parcours structurĂ© depuis lâidĂ©ation jusquâĂ la mise en marche, avec la formation des porteurs de projets Ă la rĂ©daction de business plans viables.
Autre initiative : le projet PP, axĂ© sur la valorisation des rĂ©sultats de la recherche publique Ă travers les marchĂ©s publics. Face au faible niveau de maturitĂ© technologique de certains rĂ©sultats de recherche, lâANPR a misĂ© sur la constitution dâalliances entre laboratoires, startups et entreprises, notamment dans les domaines de la sĂ©curitĂ© alimentaire, de lâĂ©nergie et de lâeau.
M. Abdelly a Ă©galement insistĂ© sur les projets de coopĂ©ration transfrontaliĂšre, comme le programme PROMO avec la TSI, focalisĂ© sur les biotechnologies agricoles, ou le projet sur lâĂ©galitĂ© de genre dans les structures de recherche, qui a dĂ©bouchĂ© sur la mise en Ćuvre dâun plan dâĂ©galitĂ© Ă lâĂ©chelle de lâagence.
Enfin, la spĂ©cialisation intelligente rĂ©gionale a Ă©tĂ© citĂ©e comme axe stratĂ©gique pour aligner lâoffre de formation et de recherche sur les besoins spĂ©cifiques des rĂ©gions. LâANPR y voit un levier pour transformer les forces locales en projets structurants. Des masters ont Ă©tĂ© conçus sur mesure avec des partenaires maghrĂ©bins et europĂ©ens, et les chercheurs sont incitĂ©s Ă ancrer leurs travaux dans les rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques locales.
Lâarticle Chedly Abdelly prĂ©sente MOBIDOC : 859 projets pour rapprocher recherche et entreprises est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.