Si l’Inter de Milan, qui courait le Scudetto, la Copa, et la Champion’s League, n’a finalement rien récolté et a échoué au port, en fin de saison, c’est probablement d’épuisement. L’équipe milanaise est un ramassis hétéroclite de joueurs âgés provenant d’horizons divers ayant pour la plupart le meilleur de leur carrière derrière eux.
Dr Mounir Hanablia *
Il semble que la décision de Nasser Al-Khelaïfi de ne plus s’immiscer dans les choix techniques de l’entraîneur et le recrutement des joueurs ait fini par porter ses fruits. On ne gère pas une équipe européenne de football professionnel comme un émirat des mille et une nuits.
L’émirat du Qatar a investi un club français afin d’en faire l’une de ses vitrines de propagande. Le régime ne doit son existence qu’au soutien de l’Occident, dont une manière de le garantir est de devenir le grand ordonnateur de ses spectacles. Et jusque-là, malgré un investissement lourd et une valse de joueurs de valeur, il n’avait ramassé que des déconvenues. Mais c’est la transformation de l’équipe parisienne, battue dans les éliminatoires par Arsenal, l’Atlético, et le Bayern, et obligée de disputer les barrages, en formation victorieuse, qui fera date.
Le PSG réussit là où Barcelone s’est cassé les dents
Malgré ses succès contre les meilleurs clubs anglais, à franchement parler je ne pensais pas que le Paris-Saint-Germain (PSG) allait battre l’Inter de Milan auréolé de ses victoires contre le Bayern, et surtout Barcelone, sans doute la meilleure équipe du monde en matière de créativité, de jeu offensif, et de talent.
Au terme de deux matchs inoubliables, l’équipe milanaise, servie aussi il faut l’avouer par la chance, s’était qualifiée d’une manière brillante en marquant la bagatelle de 7 buts. Mais à Munich, elle a été balayée au terme de la rencontre certainement la plus facile du parcours européen de l’équipe parisienne. D’où la question qui se pose inévitablement : pourquoi le PSG a-t-il réussi là où Barcelone, qui n’était pourtant pas dénué d’arguments, s’est cassé les dents ?
La réponse tient sans doute en partie à la différence de philosophie des deux entraîneurs: Barcelone joue pour récupérer rapidement le ballon et marquer des buts, et il est sûr de toujours pouvoir le faire. Autrement dit, il ne se préoccupe pas d’encaisser des buts du moment qu’il est sûr d’en marquer plus que l’adversaire. C’est ainsi que, toutes compétitions confondues, l’équipe catalane a souvent été menée au score par deux buts d’écart ou plus, avant de finir par s’imposer. Par exemple, il ne faut pas oublier ce 4-4 contre l’Atletico de Madrid en coupe d’Espagne, une équipe peu réputée pour ses vertus offensives et qui ressemble étrangement dans sa philosophie et sa manière d’évoluer à l’Inter de Milan, pressant par un milieu de terrain surchargé pour récupérer le ballon et lancer des contre-attaques rapides souvent victorieuses, ou marquant sur des balles arrêtées grâce aux armoires à glace dont l’équipe dispose.
Ainsi les deux rencontres entre Barcelone et l’Inter ont suivi un scénario à peu près semblable. Mis à part la fatigue et la chance, l’absence de Jules Koundé semble avoir également été déterminante dans l’élimination des Catalans du fait de son rôle polyvalent.
Or, au PSG, la vision de Luis Enrique a été toute autre. Certes, il fallait marquer des buts, et pour cela avant tout priver de ballons les adversaires. Mais là où les Parisiens se sont avérés supérieurs aux Catalans, c’est dans le travail de récupération haute partagé par tous les membres de l’équipe. Qui plus est, Luis Enrique s’est apparemment aperçu du rôle fondamental joué par le gardien milanais dans la relance du jeu de son équipe et a agi en conséquence en fixant sur lui Dembélé. Il semble que cela ait constitué le défaut de la cuirasse italienne, son maillon de spaghetti.
Un groupe de joueurs âgés et usés
Les Milanais ont alors éprouvé les plus grandes difficultés à développer leur jeu, et n’y ont même jamais réussi. Et pourquoi ne pas le dire, la jeunesse des joueurs parisiens leur a permis d’user physiquement par un pressing constant des joueurs milanais souvent âgés, un ramassis hétéroclite provenant d’horizons divers ayant pour la plupart le meilleur de leur carrière derrière eux.
Ce n’est donc pas un hasard si l’équipe milanaise qui courait le Scudetto, la Copa, et la Champion’s League, n’a finalement rien récolté et a échoué au port, en fin de saison, probablement d’épuisement, perdant la finale européenne par le score sans appel de 0-5.
Le reproche qu’on peut faire aux Milanais, c’est de nous avoir privés de la finale idéale entre les deux meilleures équipes du continent européen, Barcelone et le PSG. Les Catalans, gagnants ou perdants, auraient au moins sans aucun doute marqué des buts. Cela rappelle un peu l’équipe italienne de 1970 qui après avoir éliminé l’Allemagne Fédérale dans un match inoubliable de demi-finale de Coupe du monde, avait volé en éclats en finale contre le Brésil, alors que tout le monde s’accordait pour considérer que l’équipe de Beckenbauer et Gerd Müller, qui remportera d’ailleurs le titre quatre ans plus tard, avait les moyens de poser des problèmes autrement plus sérieux à celle de Pelé et Tostao. Mais on ne saura jamais !
* Médecin de libre pratique.
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