Commerce mondial : comment la Chine a supplanté les États-Unis en 20 ans ?
Alors que les marchés mondiaux espéraient une année de stabilisation, un changement radical de la politique commerciale américaine vient bousculer les équilibres. Dans sa dernière note, S&P Global Ratings met en garde contre l’impact d’un virage protectionniste américain, marqué par une hausse généralisée des droits de douane. Résultat : un climat d’incertitude grandissante qui freine la croissance mondiale et renforce les tensions sur les marchés financiers.
Les experts de l’agence revoient à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB pour la plupart des grandes économies. Pour les États-Unis, si la récession n’est pas encore envisagée, la croissance ralentit nettement, avec une hausse attendue de l’inflation. Ce contexte pèse non seulement sur les échanges commerciaux, mais aussi sur la visibilité des investisseurs.
Du côté des États souverains, S&P estime que la plupart d’entre eux devraient conserver leur notation actuelle malgré les pressions. Toutefois, les pays dont l’économie repose fortement sur les exportations vers les États-Unis ou ceux ayant une fragilité budgétaire ou extérieure préexistante pourraient voir leur profil de risque se dégrader si les tensions perdurent.
Concernant les marchés financiers, l’agence adopte une posture de prudence : ses prévisions d’émission de dette mondiale pour 2025 sont désormais présentées sous forme de fourchettes. Les émissions totales pourraient ainsi varier entre –5,3 % et +6,2 %, voire entre –8 % et +1,2 % si l’on exclut le secteur des finances publiques internationales. Cette approche reflète une volatilité accrue et une incapacité à prédire précisément les flux de capitaux dans un environnement instable.
Au-delà de la macroéconomie, S&P Global pointe également plusieurs secteurs sensibles à cette conjoncture : les centres de données, les compagnies aériennes, et les entreprises exposées au risque de défaut. Si les prévisions de défaillance restent inchangées pour l’instant, les risques s’accumulent.
(Source : S&P Global Ratings, avril 2025).
Le recul américain face à l’offensive commerciale chinoise
En l’an 2000, les États-Unis dominaient largement les flux commerciaux mondiaux. En 2024, la carte est presque inversée : la Chine est devenue le premier partenaire commercial d’une majorité écrasante de pays, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et en Europe centrale.
En 2000 : La majorité des pays commerçaient davantage avec les États-Unis (en bleu).
En 2024 : La plupart des pays commercent aujourd’hui plus avec la Chine (en orange).
Ce basculement illustre la montée en puissance géoéconomique de Pékin et le recul de l’influence commerciale américaine dans un contexte de tensions accrues et de reconfiguration des chaînes d’approvisionnement.
(Source : S&P Global Ratings, d’après les données du FMI (DOTS), 2025.)
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