Divorce à l’amiable entre l’imprévisible Trump et l’excentrique Elon Musk?
« Déçu » par un projet de loi de Donald Trump, en référence à une grande loi économique du président américain, le patron de Tesla et SpaceX, Elon Musk, confirme son départ du gouvernement américain. Pour mieux s’occuper de ses entreprises dont certaines sont en difficulté.
Une brève idylle qui finit mal entre l’homme le plus puissant de la planète et l’entrepreneur le plus riche du monde? Toujours est-il qu’Elon Musk- le patron de Tesla et SpaceX, en charge depuis quatre mois du département de l’efficacité gouvernementale (DOGE)- a pour la première fois franchi la ligne rouge en critiquant ouvertement le président Donald Trump. Il lui reproche de creuser le déficit budgétaire, à rebours de la mission d’austérité qui lui a été confiée.
En effet, dans un entretien accordé à CBS, mardi 27 mai, le milliardaire qui aura généreusement financé une partie de la campagne présidentielle, s’est attaqué publiquement au projet de loi fiscale du gouvernement, rapporte le Financial Times.
Désaveu
Ainsi, le patron de Tesla s’est dit « déçu » du projet de loi qualifié pompeusement par Trump de « plus important qui sera jamais signé dans l’histoire de notre pays ! […] qui augmente le déficit budgétaire et sape le travail que fait l’équipe Doge », dont l’objectif est de réduire les coûts du gouvernement. Cependant, a-t-il conclu, implacable, « un projet de loi peut être ambitieux ou magnifique. Mais je ne sais pas s’il peut être les deux. C’est mon avis personnel ».
A noter que « la grande et belle loi » proposée par le locataire de la Maison Blanche est en cours d’examen au Congrès. Elle a pour objectif de mettre en application certaines promesses de campagne emblématiques, comme la prolongation de gigantesques crédits d’impôt adoptés lors de son premier mandat. Mais, elle est loin de faire l’unanimité à Wall Street, car, selon les experts financiers, le texte en l’état entraînerait une hausse du déficit fédéral de 3.800 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie.
Dégraisser le mammouth
Pour rappel, l’entrepreneur d’origine sud-africaine est omniprésent depuis la fin de campagne et le début de la deuxième présidence du républicain de 78 ans. Il est apparu auprès de lui le jour de la cérémonie d’investiture dans le Bureau ovale ou au conseil des ministres. Désormais, il quitte ses fonctions juste avant la date limite du 28 mai, au-delà de laquelle il aurait été contraint de se soumettre aux exigences de transparence imposées par le Congrès.
Sachant que lors de son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump l’avait chargé de réduire les dépenses publiques et de démanteler plusieurs agences fédérales en tant qu’employé spécial du gouvernement.
Tronçonneuse à la main, il aura supprimé des dizaines de milliers de postes dans la fonction publique et sabré les subventions fédérales dans le but d’économiser 2000 milliards de dollars pour le budget fédéral.
Pour quel résultat? Avec ses mises en scène théâtrales, tronçonneuse à la main, le Sud-Africain avait promis 2000 milliards de dollars d’économies pour le budget fédéral. Un objectif qui avait rapidement été diminué de moitié. Finalement, le bilan est bien moins élevé que prévu : il part ce mercredi en catimini, avec un bilan mitigé, estimé à 150 milliards de dollars d’économies. Un chiffre qui pourrait même avoir été gonflé, selon plusieurs médias américains.
Business first
Or, cette brutalité a fini par nuire à l’image de cet homme, une des personnalités les plus clivantes du monde. D’autant plus que son immixtion dans les affaires de l’État fédéral a soulevé de nombreuses questions sur de potentiels conflits d’intérêt, en raison des importants contrats conclus entre l’administration et ses entreprises, ainsi que d’éventuelles régulations qui toucheraient ses secteurs d’activité.
Au point que Tesla de loin sa plus grande entreprise, connaît des difficultés. En effet, le constructeur de voitures électriques a enregistré une baisse de 13 % de ses ventes au cours des trois premiers mois de l’année, son plus mauvais trimestre depuis 2022. La chute est attribuée, en partie, aux prises de position politiques de son PDG, et de ses actions au sein du DOGE. D’ailleurs, le patron de Tesla a annoncé le week-end dernier son retour « à plein temps » dans ses entreprises en s’engageant « à passer 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 au travail et à dormir dans des salles de conférence ».
Le « mauvais génie de Trump » a-t-il pour autant tourné définitivement la page de sa parenthèse politique pour se concentrer exclusivement sur ses entreprises? L’avenir nous le dira.
L’article Divorce à l’amiable entre l’imprévisible Trump et l’excentrique Elon Musk? est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.