Quand le marché des armes dicte le destin du Moyen-Orient, selon Sami Jallouli
Quelle lecture peut-on faire des tensions extrêmes qui secouent actuellement le Moyen-Orient, notamment après l’intervention des États-Unis ? Une chose est sûre : l’Iran ne restera pas les bras croisés. Sami Jallouli, politologue, livre son analyse du moment via sa page officielle Facebook.
Il semble que le bombardement de certaines installations iraniennes ne soit qu’une opération cosmétique destinée à sauver la face de chacun. Il précise dans ce contexte: « Personne ne prendra le risque d’utiliser des armes nucléaires dans une région qui est l’une des plus stratégiques au monde, tant sur le plan économique que sociologique.
Il n’est pas question de renverser le régime iranien, et cela ne sert pas les intérêts américains… d’ailleurs, il est difficile de le faire tomber. »
Selon lui, pour les États-Unis, l’Iran est un moteur efficace pour la vente d’armes. C’est le « monstre » qu’il faut maintenir en vie afin de menacer les pays de la région avec son danger. Tout en ajoutant: » Les États-Unis et les grandes puissances sont gouvernés par des lobbies économiques. Le lobby de l’armement est l’un des plus puissants. C’est lui qui est responsable de la propagation de la propagande de la peur et de la déclaration des guerres ici et là…
Ce lobby n’a aucun intérêt à renverser le régime iranien, mais il a tout intérêt à conclure un maximum de contrats d’armement avec les pays voisins. »
Autrement dit, le Moyen-Orient, riche en ressources et doté d’une grande liquidité financière, est l’environnement idéal pour conclure des contrats d’armement et tester les dernières technologies, qu’elles soient offensives ou défensives.
Il ajoute: « Le marché de l’armement ne soutient ni les sunnites, ni les chiites, ni même les bouddhistes… ce marché ne reconnaît ni les valeurs ni les principes éthiques ou humains… et ce marché prospère au Moyen-Orient, où la majorité des contrats sont conclus. Ainsi, éliminer le régime iranien serait une perte pour ce marché.
Perdre ce marché signifie plusieurs choses… cela signifie devoir chercher de nouveaux foyers de conflits pour signer de nouveaux contrats, et ce n’est pas une mince affaire… car les troubles sont une industrie, avec des plans, des programmes et des centres d’études qui travaillent 24h/24, ce qui demande beaucoup d’efforts et de temps. »
Et de conclure: « Les États-Unis resteront puissants et interviendront à chaque fois pour effectuer des opérations cosmétiques en attendant de nouveaux mouvements tectoniques… Et si ces mouvements ne se produisent pas naturellement, il faudra les provoquer régulièrement et de manière organisée. »
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