Bien plus qu’un simple jeu de mots, qualifier l’huile d’olive d’« or vert » souligne le rôle essentiel et le grand potentiel économique qu’elle offre à l’économie tunisienne. Les recettes d’exportation, en dépit de leur baisse cette année, ont contribué, au fil des années récentes, à redresser les déséquilibres extérieurs, avec une balance alimentaire excédentaire.
Mais cette manne du ciel n’a pas encore dévoilé toutes ses capacités. Les estimations de l’International Trade Center montrent que la Tunisie n’exploite que 52 % de son potentiel en termes d’exportation. Profiter pleinement des bénéfices de l’exportation d’un produit conditionné à forte valeur ajoutée est une autre paire de manches que nous n’avons pas encore réussi à gagner. Le manque d’investissements stratégiques dans l’emballage et le marketing pousse à exporter 80 % du produit en vrac et fait profiter d’autres pays comme l’Espagne et l’Italie d’une plus forte plus-value.
Malgré toutes les difficultés, cette culture ancestrale a permis à la Tunisie de s’affirmer comme un leader mondial. L’huile d’olive tunisienne vient de remporter la première place mondiale lors du concours qui s’est tenu à Miami aux Etats-Unis du 27 au 30 mai, avec un palmarès de 75 médailles. Cette récompense témoigne de la suprématie tunisienne dans l’oléiculture tant pour les atouts gustatifs que nutritionnels de ses produits.
Ce succès emblématique est un véritable levier de diplomatie économique, qui peut servir à tisser des liens et à construire de la confiance avec de nouveaux partenaires et pour d’autres produits. Adopter une stratégie innovante et réactive est primordial pour faire face aux risques imminents et latents qui pèsent sur la production et la commercialisation de ce produit phare.
Apprendre des erreurs du passé est vital pour surmonter le cap de nos difficultés. Après s’être longtemps positionnée dans les premiers rangs, la Tunisie a perdu son leadership dans l’exportation du phosphate, un autre trésor que nous n’avons pas su exploiter à bon escient. La mauvaise gouvernance de cette richesse a privé le pays de 8 milliards de dollars durant la période 2011-2021. Un manque à gagner qui a pesé lourd sur les finances publiques et la croissance économique du pays.
La nature a toujours été généreuse avec la Tunisie, c’est aux Tunisiens de se retrousser les manches pour récolter et déguster ses fruits.

Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste maghrébin n°921 du 4 au 18 juin 2025
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