Dans un contexte de dépendance énergétique persistante et de pression sur les équilibres extérieurs, la Loi de finances 2026 confirme une orientation progressive vers la transition énergétique. Sans introduire de contraintes réglementaires lourdes, le texte privilégie des incitations financières et fiscales ciblées afin d’orienter l’investissement vers l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et la mobilité électrique, tout en maintenant une approche prudente et encadrée.
Le cœur du dispositif repose sur l’élargissement des missions du Fonds de transition énergétique. Désormais, ce fonds prend en charge une partie de la différence entre le taux d’intérêt appliqué aux crédits d’investissement et le taux moyen du marché monétaire, dans des limites strictement définies. Ce mécanisme vise à réduire le coût du financement des projets liés à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, dans un contexte marqué par des taux d’intérêt élevés. L’objectif est d’améliorer la rentabilité des investissements verts et d’en faciliter le déploiement, sans recourir à des subventions directes massives.
Mobilité électrique : un soutien ciblé
La Loi de finances 2026 accorde également une attention particulière à la mobilité électrique. Les crédits destinés à l’acquisition de véhicules électriques bénéficient d’un appui spécifique, notamment pour les chauffeurs de taxi et les centres de formation à la conduite, via la Banque tunisienne de solidarité. Cette orientation vise à favoriser l’adoption de véhicules moins énergivores dans des segments à forte intensité d’usage, où les gains économiques et environnementaux peuvent être rapides.
En parallèle, les équipements de recharge profitent d’avantages fiscaux ciblés. Les réductions de droits de douane et l’application d’un taux de taxe sur la valeur ajoutée réduit visent à accélérer le déploiement des infrastructures nécessaires, condition essentielle à l’essor de la mobilité électrique. Le texte cherche ainsi à lever les freins structurels liés à l’insuffisance des points de recharge.
Soutien industriel et diversification technologique
Sur le plan industriel, la Loi de finances 2026 introduit des avantages fiscaux en faveur de la fabrication de batteries au lithium. Les intrants non fabriqués localement, indispensables à cette activité, sont exonérés de droits de douane et soumis à un taux réduit de TVA. Cette disposition traduit une volonté de positionner la Tunisie sur des segments industriels liés à la transition énergétique, en soutenant l’investissement productif et la montée en gamme industrielle.
Par ailleurs, les avantages fiscaux accordés aux véhicules électriques sont étendus aux véhicules hybrides rechargeables. Ce choix élargit le champ des technologies encouragées et reflète une approche graduelle de la transition, destinée à accompagner les consommateurs et les opérateurs économiques sans rupture brutale.
Une transition pensée comme levier économique
Dans son ensemble, la Loi de finances 2026 aborde la transition énergétique comme un levier économique et financier, plus que comme une contrainte environnementale. En s’appuyant sur le crédit, la fiscalité et le soutien ciblé à certaines filières, le texte cherche à amorcer une transformation progressive du modèle énergétique. Cette stratégie vise à concilier objectifs énergétiques, contraintes budgétaires et capacités industrielles, dans une logique d’ajustement progressif plutôt que de changement radical.
EN BREF
Orientation progressive vers la transition énergétique.
Soutien au crédit vert via le Fonds de transition énergétique.
Appui ciblé à la mobilité électrique, notamment pour les taxis.
Avantages fiscaux pour les équipements de recharge.
Incitations industrielles pour la fabrication de batteries au lithium.
La Tunisie vient de franchir un cap stratégique dans les énergies renouvelables avec l’entrée en production d’une centrale solaire photovoltaïque de 100 mégawatts dans la région de Metbassta–Sbikha, gouvernorat de Kairouan. Il s’agit, à ce jour, du plus grand projet solaire jamais mis en service dans le pays.
Ce projet s’inscrit dans la stratégie nationale visant à renforcer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique et à réduire la dépendance aux énergies fossiles. La cérémonie d’inauguration s’est tenue le mardi 16 décembre, sous la supervision de la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, en présence du secrétaire d’État chargé de la Transition énergétique, de responsables régionaux, de représentants d’institutions financières internationales et d’acteurs clés du secteur énergétique.
Développée dans le cadre de la première tranche des appels d’offres pour le régime des concessions, attribuée en décembre 2019, la centrale a été officiellement validée par le décret n°19 de 2021, portant approbation des accords de concession pour la production d’électricité et l’occupation du site. Le projet est porté par le groupe international AMEA Power, en partenariat avec la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG), avec l’appui de bailleurs de fonds tels que la Banque africaine de développement et la Société financière internationale, filiale du Groupe de la Banque mondiale.
Selon la ministre, le coût total de l’investissement avoisine les 250 millions de dinars. La centrale contribuera directement à l’augmentation du taux d’intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique national et à la diversification du mix énergétique. Concrètement, elle permettra de répondre à une partie de la demande croissante en électricité tout en réduisant l’utilisation des ressources fossiles, notamment le gaz naturel.
Les retombées économiques sont également significatives. Le projet représente environ 0,5 % de la consommation nationale d’énergie primaire en 2024. Il devrait permettre de réduire les importations de gaz naturel d’environ 22 millions de dollars par an, soit près de 2,3 % des volumes importés, et de générer une économie annuelle estimée à 15 millions de dollars sur les dépenses en carburants de la STEG. À l’échelle locale, la centrale a déjà permis la création de 40 emplois directs, principalement au profit des jeunes de la région.
Au-delà des chiffres, ce projet envoie un signal fort au marché. Pour les autorités, le respect des délais de réalisation renforce la crédibilité de la Tunisie comme destination attractive pour les grands investisseurs internationaux dans le domaine de l’énergie propre. Il s’agit aussi d’un levier important pour accompagner les efforts de l’État en matière de rationalisation des subventions énergétiques.
Cette dynamique devrait se poursuivre. Les autorités ont annoncé l’entrée prochaine en exploitation de deux nouvelles centrales solaires de 50 MW chacune, à Mezzouna (Sidi Bouzid) et à Tozeur. Par ailleurs, des travaux sont prévus à partir de 2026 pour de nouveaux projets totalisant près de 600 MW dans les gouvernorats de Sidi Bouzid, Gafsa et Gabès. En parallèle, 190 autorisations préliminaires ont déjà été accordées à des projets solaires de petite et moyenne capacité, représentant une puissance cumulée d’environ 290 MW et un volume d’investissement estimé à 600 millions de dinars.
Avec cette centrale de Kairouan, la Tunisie accélère clairement sa transition énergétique. Le message est clair : le solaire n’est plus une option future, c’est déjà une réalité qui pèse dans l’équation économique et énergétique du pays.
La production nationale d’électricité a enregistré, à fin octobre 2025, une hausse de 4% pour se situer à 17499 gigawattheures (GWh) (y compris autoproduction renouvelable) contre 16782 GWh à fin octobre 2024, selon le rapport sur “la conjoncture économique (octobre 2025)” que vient de publier l’Observatoire national de l’énergie et des mines.
La production destinée au marché local a enregistré une hausse de 2%. Ainsi les achats d’électricité principalement de l’Algérie ont couvert 11% des besoins du marché local à fin octobre 2025.
La STEG conserve toujours la part du lion dans la production électrique avec 94% de la production nationale à fin octobre 2025.
La production d’électricité à partir des énergies renouvelables s’est située à 6%. Par ailleurs, environ 400 mégawatt (MW ) de toitures photovoltaïques ont été installées à fin octobre 2025 dans le secteur résidentiel et 70 MW sur la moyenne et la haute tension dans les secteurs industriel, tertiaire et agriculture.
La pointe a enregistré une baisse de 1% pour se situer à 4837 MW à fin octobre 2025 contre 4888 MW à fin octobre 2024. Les ventes d’ électricité ont enregistré une légère hausse de 1% entre fin octobre 2024 et fin octobre 2025.
Les ventes des clients de la haute tension ont enregistré une augmentation de 18%, celles des clients de la moyenne tension ont enregistré une quasi-stabilité.
L’Observatoire National de l’énergie et des mines a noté que pour les ventes basse tension destinées majoritairement au secteur résidentiel (près de 75% en moyenne), les statistiques basées sur la facturation bimestrielle, dont près de la moitié est estimée, ne permettent pas d’avoir une idée exacte sur la consommation réelle. Les industriels restent les plus grands consommateurs d’électricité avec 57% de la totalité de la demande des clients haute tension et moyenne tension (HT&MT) à fin octobre 2025.
Plusieurs secteurs ont enregistré une hausse des ventes principalement les ventes de l’industrie du papier et de l’édition (+11%) , le pompage d’eau et service sanitaire(+10%) et les industries extractives (+7%) contre une baisse du pompage agricole (-5%) et les industries du textile et de l’habillement (-3%).
La Tunisie dispose d’une base stratégique cohérente pour intégrer progressivement le nucléaire dans son mix énergétique. Même si le projet de centrale a été interrompu, les fondements techniques, humains et institutionnels sont encore présents. Il apparaît donc pertinent de mettre à jour les études existantes et d’envisager la relance du projet dans le cadre du prochain plan de développement national, compte tenu des impératifs internationaux et du progrès réalisé au niveau de la technologie nucléaire dont notamment l’émergence d’une nouvelle catégorie de petites centrales nucléaires modulaires (de petite et moyenne taille).
Dr.Ing. M. Maksoudi (1) – Ing. T. Halila (2) – Ing. M. F. Herelli (3)
A l’instar de la plupart des pays en voie de développement dont les ressources énergétiques ne sont pas abondantes, la Tunisie a été fortement secouée par la crise énergétique de 1973 ; ce qui l’a amenée à réfléchir plus méthodiquement à la stratégie nationale à mettre en œuvre pour répondre efficacement aux besoins énergétiques du pays tout en optimisant la production et la consommation de l’énergie à l’échelle nationale. La stratégie mise en place à l’époque pour répondre aux défis générés par cette crise repose sur l’utilisation des ressources locales en pétrole et gaz naturel ainsi que sur l’importation de ressources spécifiques pour produire de l’électricité. La situation énergétique du pays a vite connu des difficultés causées par une diminution notable de la production nationale d’hydrocarbures et par l’augmentation des prix des produits importés, ce qui a nécessité des mesures plus fermes destinées à diversifier les ressources en énergies tout en maîtrisant davantage la consommation énergétique au niveau de tous les secteurs socio-économiques.
En début de la décennie 1980, la Steg s’est vu confier la mise en place de l’infrastructure humaine et matérielle pour développer le mix énergétique national en collaboration avec les ministères de l’Energie, de l’Industrie, de l’Agriculture et du Transport.
Pour mener à bien cette tâche, la Steg a mis en place une équipe multidisciplinaire composée d’ingénieurs en électronucléaire et statistiques, d’économistes et de planificateurs. Cette équipe a reçu de la part de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) une formation soutenue, du matériel informatique, des conseils et des codes spécifiques pour la planification énergétique, y compris les énergies renouvelables et l’électronucléaire.
Ainsi les énergie renouvelables et l’électronucléaire ont rejoint pour la première fois les autres options énergétiques pour jour le rôle que pourrait leur confier les objectifs stratégiques de développement du pays, compte tenu des conditions spécifiques du pays, dont notamment le coût-bénéfice, la fiabilité technologique et l’état de préparation du secteur bénéficiaire.
Dans le domaine des énergies solaires, par exemple, des démonstrations ont été réalisées dans la période 1980 à 1985 pour tester la fiabilité de certaines technologies de pointe et pour collecter des données de terrain pour les besoins des études plus poussées.
Ainsi le village isolé de Hammam Biadha a été intégralement électrifié grâce à un système photovoltaïque, y compris le pompage photovoltaïque, alors qu’une éoliennea été installée au Cap Bon pour produire de l’électricité.
La Steg a aussi mis en place une compagnie pour produire et commercialiser des chauffe-eaux thermiques solaires.
Les données collectées de ces démonstrations pilotes ont été exploitées pour raffiner davantage les objectifs stratégiques en matière d’énergies renouvelables et pour préparer les plans directeurs de la seconde phase.
En ce qui concerne l’électronucléaire, l’exploitation de cette option dans la période 1980-2000 n’était pas envisageable en raison de la faible capacité installée du réseau Steg, la taille des centrales nucléaires commercialement disponibles à l’époque dont la plus petite taille économiquement fiable remonte déjà à 700 MW ; et surtout l’expérience peu concluante de plusieurs pays avec l’électronucléaire.
En effet, plusieurs pays dans le monde se sont dotés de la première centrale nucléaire, souvent de la taille de 700-900 MW, et ont par la suite arrêté ce programme pour diverses raisons dont notamment les problèmes de sûreté-sécurité, le faible taux d’intégration locale des composants dans la mise en œuvre du programme électronucléaire et/ou une faible croissance économique. Seule un petit nombre de pays ont pu poursuivre la mise en œuvre de leur programme électronucléaire d’une manière soutenue ; tels que la Corée du Sud et la Chine.
Ces contraintes dont souffrent aussi l’Algérie et le Maroc étaient à la base de la décision prise par les trois pays du Maghreb central pour mener à bien une étude commune en vue de définir les perspectives et les conditions propres à l’inclusion de l’option électronucléaire dans un réseau électrique interconnecté au niveau du Maghreb.
Cette étude a été menée par une équipe formée de spécialistes de la Sonatrach (Algérie), de l’One (Maroc) et de la Steg (Tunisie), et a bénéficié de l’assistance de l’AIEA au même titre que les programmes nationaux.
Dans le cas d’un réseau électrique interconnecté, l’horizon de l’électronucléaire devient économiquement envisageable vers le début du nouveau millénaire, ce qui laisse en principe assez de temps aux trois pays pour finaliser l’étude et pour passer à la phase de mise en œuvre.
Ce passage à l’acte ne s’est pas concrétisé pour plusieurs raisons propres à chaque pays. Il résulte de ce coup d’arrêt une perte significative de connaissance ainsi que de ressources humaines formées, ce qui a affecté le processus de planification énergétique en Tunisie.
Il faut noter toutefois que tout au long de cette période et en dehors du domaine de l’électronucléaire, les applications de l’énergie atomique à des fins pacifiques ont continué à se développer en Tunisie pour couvrir certains besoins dans des secteurs socio-économiques clefs, tels que l’agriculture, la santé, l’industrie, l’environnement et la gestion de la connaissance nucléaire, y compris les ressources humaines. Ces activités sont coordonnées à l’échelle nationale par le Centre national des sciences et techniques nucléaires (CNSTN) depuis sa création en 1993, alors que les activités réglementaires sont du domaine du Centre national de radio protection (CNRP).
Le contexte actuel
Le contexte mondial dans lequel évolue aujourd’hui l’électronucléaire a été façonné par les événements très graves qui ont affectés ce secteur tout au long de la période 1980-2020. En premier lieu, l’explosion de la centrale de Tchernobyl, survenue le 26 avril 1986, fut une catastrophe nucléaire majeure due à une combinaison d’erreurs humaines et de défauts techniques lors d’un test sur le réacteur n°4, provoquant deux explosions (vapeur et hydrogène) qui projetèrent le couvercle de l’enceinte de confinement et exposèrent le cœur du réacteur, libérant ainsi massivement de la matière radioactive dans la plupart des pays européens.
Cet événement a entraîné des décès immédiats, des maladies graves (notamment cancers de la thyroïde) et l’évacuation de millions de personnes, créant une zone d’exclusion et marquant l’histoire nucléaire mondiale. Il est à noter que même des pays aussi loin du lieu de l’accident que la Tunisie ont été touchés par la radioactivité libérée par la centrale, puisqu’on avait décelé quelques semaines après l’accident des doses de rayonnement du césium 137 à Makthar et à Ain Draham provenant de Tchernobyl.
La catastrophe nucléaire de Fukushima représente aussi un accident majeur causée par le tsunami qui a frappé le Japon le 11 mars 2009. Cette catastrophe combine les effets d’un accident nucléaire et d’un séisme ; et a eu des répercutions sévères sur l’industrie nucléaire mondiale, ainsi que des conséquences majeures au Japon et notamment au niveau de la population locale, du programme nucléaire japonais et surtout l’économie de la zone touchée.
Avec le temps, on s’est rendu compte que les conséquences de Fukushima sont multiples, allant d’une crise environnementale et industrielle à des crises sanitaires et sociales complexes, dont la gestion est loin d’être terminée.
Aujourd’hui, la centrale de Fukushima représente un chantier colossal avec des défis majeurs comme le retrait du combustible fondu et la gestion de l’eau radioactive. L’environnement montre des signes de rétablissement, mais des restrictions majeures demeurent encore sur la pêche.
Bien qu’ils ont durement affecté l’industrie nucléaire mondiale, ces deux accident graves ont aussi permis aux industriels du nucléaire et aux autorités réglementaires de s’entendre sur des mesures concrètes visant à améliorer la fiabilité et à augmenter la sûreté/sécurité des centrales nucléaires, ce qui a redonné confiance en ce moyen de production de l’électricité surtout que la communauté internationale exige aujourd’hui des pays de s’acquitter de leurs obligations vis-à-vis des émissions de gaz à effet de serre.
Concrètement, l’électronucléaire a été réhabilité par plusieurs pays pour les raisons suivantes : un regain d’intérêt à l’échelle mondiale pour les énergies moins polluantes dont notamment les énergies renouvelables et l’électronucléaire afin de répondre aux obligations imposées par la communauté internationale en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’une part, et par l’épuisement progressif des ressources énergétiques fossiles d’autre part.
Cette situation a amené beaucoup de pays en voie de développement dont la Tunisie, à renouveler leur intérêt pour l’exploration des options énergétiques nucléaires tout en tenant compte des conditions spécifiques de leurs priorités en matière de développement socio-économique.
Face à la volatilité des marchés internationaux en matière d’offres et demandes d’hydrocarbures, et à la nécessité de renforcer sa sécurité énergétique, le Tunisie voit dans l’électronucléaire une option stratégique pour diversifier son mix énergétique, soutenir son développement socio-économique et aussi se conformer avec ses obligations relatives aux émissions de gaz à effet de serre.
Compte tenu de cette perspective, la Tunisie s’est inscrite pleinement dans cette dynamique en développant les applications pacifiques de l’énergie nucléaire, un domaine dans lequel elle entretient depuis longtemps une coopération solide avec l’AIEA. Cette orientation traduit une vision globale alliant sécurité énergétique, progrès technologique et montée en compétence des ressources humaines nationales.
La demande énergétique tunisienne continue d’augmenter alors que les réserves de gaz et de pétrole continuent à diminuer, dans un contexte de tensions géopolitiques sévères qui rendent les approvisionnements incertains. Dans cette situation, la diversification énergétique s’impose comme une nécessité vitale. La Tunisie a d’ailleurs réaffirmé son intérêt pour l’énergie nucléaire lors de la réunion ministérielle du World Fusion Energy Group tenue à Rome en 2025, en soutenant les initiatives internationales liées à la fusion et la fission nucléaires ainsi qu’à la recherche et à l’innovation dans ce domaine.
La Tunisie participe activement aux programmes de coopération technique soutenus par l’AIEA, notamment pour le renforcement des cadres réglementaires, l’amélioration des normes de sûreté et la formation de spécialistes.
L’Agence arabe de l’énergie atomique, basée à Tunis, joue également un rôle important en promouvant une vision régionale de la sécurité énergétique et en encourageant la mise en place d’une plate-forme dédiée à la formation des cadres et à la recherche, initiative à laquelle la Tunisie contribue pleinement.
La politique nucléaire tunisienne repose sur quatre principes fondamentaux : la sûreté, la sécurité, la non-prolifération et l’usage exclusivement pacifique de la technologie nucléaire. Le pays fait d’ailleurs partie des pionniers africains ayant intégré le nucléaire civil dans le développement des secteurs clefs ; tels que la santé, l’industrie et l’agriculture.
Entre 2006 et 2010, plusieurs études menées par la Steg avec l’appui de l’AIEA avaient envisagé la construction d’une centrale électronucléaire d’une puissance de 1000 à1200 MW. Le coût estimé à l’époque variait entre 770 millions et 1,2 milliard de dollars. Cependant, le projet a été suspendu après 2011, au profit d’une stratégie nationale orientée davantage vers les énergies renouvelables. Malgré cela, les acquis institutionnels et les partenariats internationaux sont restés solides, et des centaines d’experts tunisiens ont continué à être formés dans divers domaines liés au nucléaire civil, touchant la santé, l’environnement, l’agriculture et l’industrie.
Aujourd’hui, la Tunisie dispose d’une base stratégique cohérente pour intégrer progressivement le nucléaire dans son mix énergétique. Même si le projet de centrale a été interrompu, les fondements techniques, humains et institutionnels sont encore présents. Il apparaît donc pertinent de mettre à jour les études existantes et d’envisager la relance du projet dans le cadre du prochain plan de développement national, compte tenu des impératifs internationaux et du progrès réalisé au niveau de la technologie nucléaire dont notamment l’émergence d’une nouvelle catégorie de petites centrales nucléaires modulaires (de petite et moyenne taille).
Mesures concrètes à envisager à cours et moyen termes
A présent, la Tunisie ne dispose pas d’une stratégie validée à l’échelle nationale pour produire l’électricité à partir de l’électronucléaire d’une façon pérenne. Le pays compte plutôt sur les énergies renouvelables ; tout en continuant à s’intéresser de près à l’évolution technologique des centrales nucléaires de petite et moyenne taille en vue de répondre à des besoins nationaux spécifiques ; tel le dessalement d’eau de mer. Cette vision a été bien reflétée dans le Programme-cadre national 2025-2029quela Tunisie a récemment adopté en collaboration avec l’AIEA pour bien orienter ses efforts présents et futurs vers les utilisations pérennes des technologies nucléaires, avec comme priorités les questions de sûreté/sécurité et de développement des compétences.
Sur le plan stratégique, la Tunisie passe actuellement par une phase cruciale, où la réussite de sa transition vers les énergies renouvelables est vitale pour réduire sa vulnérabilité énergétique et surtout pour stimuler une croissance verte. Ceci ne l’a pas empêchée de porter une attention particulière au développement durable de l’énergie nucléaire, en prenant part activement à la promotion des innovations technologiques et institutionnelles dans le domaine nucléaire et en favorisant un meilleur échange d’informations et de connaissance entre toutes les parties prenantes de la technologie nucléaire dans le pays (CNSTN, Steg, Sonede, ministères concernés).
A signaler, que la Steg a confié au Centre technique des industries mécaniques et électriques (Cetime) en 2009, une étude prospective pour définir les possibilités d’intégration/participation des capacités locales pour les besoins d’une centrale électronucléaire.
Actuellement, il y a plus de 50 concepts innovants de petits réacteurs nucléaires modulaires (PRM) qui ont été ou sont en cours de développement de par le monde dans le cadre de programmes nationaux ou internationaux. Des PMR innovants pour toutes les principales catégories de réacteurs et pour certaines combinaisons non conventionnelles. Les technologies sont diverses, et de nombreuses conceptions mettent l’accent sur la sûreté intrinsèque et les caractéristiques techniques qui influent positivement sur les coûts d’installation, les emplacements et les applications. Des percées technologiques importances ont été réalisées en collaboration avec l’AIEA, tant au niveau de la technologie que sur le plan de la sûreté et sécurité, ce qui présage un avenir prometteur à cette catégorie de réacteurs.
De nombreux réacteurs de petite taille sont conçus pour remplir de multiples fonctions, principalement la production d’électricité ainsi que de la chaleur et de la vapeur pour les procédés industriels. Parmi les applications prometteuses figure le couplage de ces réacteurs avec des usines de dessalement d’eau de mer, qui nécessitent d’importantes quantités d’électricité pour les opérations de dessalement.
Il faut noter que la majeure partie de l’électricité nucléaire actuelle est produite dans les pays industrialisés par de grandes centrales d’une puissance de 700 mégawatts et plus, ce qui dépasse de loin la capacité des pays en voie de développement. L’avenir pourrait être plus prometteur si les objectifs de mise en service de petits et moyens réacteurs (PMR) sont atteints au cours des prochaines décennies.
A cet effet, l’AIEA soutient la coopération internationale en matière de recherche et de développement sur les PMR, notamment par le biais de son Projet international sur les réacteurs nucléaires et les cycles du combustible innovants (Inpro), qui réunit 30 États.
Parmi ces applications «non électriques», le dessalement de l’eau de mer à partir du nucléaire est le domaine d’intérêt particulier pour la Tunisie en raison des problèmes actuels et futurs qui affectent aujourd’hui et affecteront plus tard les ressources hydrauliques du pays ; ainsi et pour développer ce sujet et le mettre en œuvre, nous pensons que notre pays dispose d’un savoir-faire et des compétences qui pourraient planifier à moyen et long terme l’exploitation de cette technologie pacifique, et ce en coopération entre les organismes nationaux ayant une relation avec ce sujet, les organismes internationaux en général et l’AIEA en particulier pour développer une stratégie nationale de l’eau en vue de doter le pays des moyens techniques/technologiques, juridiques, et financiers pour faire face aux problèmes futurs de la sécheresse qui aurait une influence directe sur notre économie d’une façon générale et sur notre agriculture d’une façon particulière.
1- Ancien haut fonctionnaire de l’AIEA à Vienne.
2 et 3- Conseillers du Doyen de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT).
La Tunisie et l’Algérie ont signé, vendredi, vingt-cinq accords, programmes exécutifs, mémorandums d’entente et accords de jumelage dans le cadre de la 23ᵉ session de la Haute Commission mixte tuniso-algérienne, organisée à Tunis. La cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri, et le Premier ministre algérien, Sifi Ghreib, ont coprésidé la réunion en présence des délégations des deux pays.
Diplomatie, médias et culture : une coopération élargie
Plusieurs accords portent sur le renforcement des liens institutionnels. Les deux parties ont signé un mémorandum d’entente entre l’Académie diplomatique internationale de Tunis et l’Institut diplomatique et des relations internationales d’Algérie. Les médias publics sont aussi concernés à travers trois textes : – un mémorandum entre la Télévision tunisienne et la Télévision algérienne ; – un accord entre l’Agence TAP et l’Agence de presse algérienne ; – un accord de jumelage entre la Radio tunisienne et l’Établissement public algérien de radiodiffusion.
Dans le domaine culturel, un programme exécutif de coopération a été conclu entre les ministères de la Culture des deux pays.
Économie, énergie et ressources hydrauliques
La session a donné lieu à la signature d’un accord de coopération entre les ministères de l’Agriculture des deux pays, incluant les ressources hydrauliques et la pêche. Un mémorandum d’entente dans les domaines de l’énergie et des énergies renouvelables a également été paraphé.
Les institutions de promotion de l’investissement ont conclu plusieurs textes : un mémorandum entre l’Agence algérienne de promotion de l’investissement et l’Agence tunisienne FIPA, ainsi qu’un programme exécutif entre l’Autorité tunisienne de l’investissement et l’agence algérienne pour la période 2026-2027.
Santé, industrie pharmaceutique et services publics
Le secteur de la santé bénéficie de deux accords : – un programme exécutif de coopération sanitaire pour 2026-2028 ; – un mémorandum entre le ministère tunisien de la Santé et le ministère algérien de l’Industrie pharmaceutique.
La Tunisie et l’Algérie ont aussi signé un accord entre SONEDE et l’Algérienne des eaux, ainsi qu’un accord d’accréditation entre le Conseil national de l’accréditation et l’Organisme algérien d’accréditation.
Emploi, formation, jeunesse et sport
Les deux pays ont conclu un accord de coopération dans l’emploi et un accord de jumelage entre la Direction générale du travail de Tunisie et l’Inspection générale du travail d’Algérie. Un programme exécutif dédié à la jeunesse pour 2026-2027 et un programme dans le domaine du sport complètent ce volet.
La formation professionnelle est renforcée par un accord entre le CNFPPP (Tunisie) et l’Institut “Kassi Tahar” d’El-Biar.
Assurances, lutte contre le blanchiment et droits d’auteur
Plusieurs textes concernent la régulation : – un accord de coopération contre le blanchiment, le financement du terrorisme et la prolifération dans le secteur des assurances ; – un mémorandum d’entente entre les autorités de supervision des assurances ; – un accord de coopération entre les organismes nationaux des droits d’auteur.
Transport et pêche maritime
La Tunisie et l’Algérie ont signé un accord d’exploitation conjointe de lignes de transport routier international de personnes. Un autre accord unit le Groupement interprofessionnel tunisien des produits de la pêche et la Chambre algérienne de la pêche maritime et de l’aquaculture.
La session s’est conclue par la signature du procès-verbal officiel de la 23ᵉ Commission mixte.
« La Tunisie aspire à explorer de nouvelles perspectives pour un partenariat énergétique stratégique avec l’Algérie couvrant les domaines de la production, du transport, de la distribution et des énergies renouvelables », a déclaré la cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri, à l’ouverture, jeudi, à Tunis, du Forum économique tuniso-algérien.
Dans son allocution d’ouverture, Zenzri a appelé à élargir la coopération tuniso-algérienne dans les projets de raccordement électrique et à développer les investissements communs dans les énergies propres, notamment, le solaire et l’éolien, afin de garantir la sécurité énergétique des deux pays.
Selon elle, les entreprises publiques et privées pourraient participer à la réalisation de projets transfrontaliers, ce qui profiterait à l’économie des deux pays et soutiendrait les efforts de transition énergétique durable dans la région du Maghreb.
Évoquant la coopération dans le secteur touristique, la cheffe du gouvernement a rappelé que la Tunisie a accueilli, jusqu’à fin octobre 2025, plus de trois millions de touristes algériens, soit une hausse de 8 % par rapport à la même période en 2024.
Elle a souligné la nécessité d’hisser cette coopération touristique à un niveau “d’intégration stratégique et de partenariat actif”, en encourageant l’investissement conjoint dans des projets de tourisme alternatif, familial et saharien.
Par ailleurs, elle a estimé que l’investissement conjoint dans les zones frontalières permettrait la mise en place des projets à forte rentabilité capables de générer une valeur ajoutée, grâce à la localisation stratégique de ces zones et à leurs ressources naturelles et touristiques prometteuses.
Elle a précisé que la participation du secteur privé des deux pays à l’étude et à la réalisation de projets dans ces zones contribuerait à renforcer l’innovation, à accélérer la mise en œuvre des projets et à soutenir les efforts des deux pays pour améliorer les infrastructures, développer les services logistiques et transformer ces zones en pôles de production et d’échanges commerciaux.
Sur un autre plan, la cheffe du gouvernement a souligné que le transfert de technologie et l’échange d’expertise entre les entreprises industrielles tunisiennes et algériennes constituent un des piliers essentiels pour renforcer la compétitivité et le niveau d’innovation.
Elle a également insisté sur le fait que le développement de zones industrielles frontalières pilotes, destinées à accueillir des projets communs dans les industries manufacturières, les énergies renouvelables et les matériaux de construction, revêt une dimension stratégique pour atteindre l’intégration économique entre les deux pays et créer une valeur ajoutée partagée.
Enfin, elle a mis l’accent sur l’importance de renforcer la coopération tuniso-algérienne dans le domaine des transports et d’exploiter au mieux l’expertise et la position géographique des deux pays. Cela nécessite, a-t-elle ajouté, l’élaboration d’un plan commun pour améliorer l’interconnexion des réseaux de transport et l’étude de la création de corridors transfrontaliers sous forme de couloirs économiques stratégiques reliant les principaux axes de transport multimodal.
Plus de vingt entreprises tunisiennes participent au forum des énergies renouvelables « EnerGaïa 2025 », qui se tient du 10 au 11 décembre au Parc des Expositions de Montpellier, en France.
Organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Sfax, cette participation offre aux entreprises tunisiennes l’occasion de tenir des rencontres B2B, de découvrir les dernières innovations en matière d’énergies renouvelables et de renforcer leur coopération avec les partenaires en Occitanie.
Initiative de la région d’Occitanie, le Forum EnerGaïa propose des solutions environnementales destinées aux territoires, aux villes et aux industries engagées dans la transition énergétique.
La 18ᵉ édition du Forum, organisée les 11 et 12 décembre 2024 au Parc des Expositions de Montpellier, avait accueilli près de 22 000 participants.
L’adhésion de la Tunisie à l’Agence africaine de garantie du commerce (Atidi), dont la mise en œuvre a été officialisée le 24 mars 2025, lors d’une cérémonie réunissant les acteurs économiques tunisiens en Afrique, représente une étape importante dans le développement de son économie sur le continent.
Dans le cadre de ses responsabilités économiques, la Tunisie, à travers diverses initiatives, privilégie l’expansion économique dans les secteurs commercial, politique, financier et énergétique. Cependant, le pays rencontre des obstacles pour atteindre cet objectif. L’adhésion à l’Atidi pourrait néanmoins l’aider à surmonter certains de ces obstacles.
Grâce à cette intégration, la Tunisie a accès à un mécanisme visant à sécuriser ses exportations vers l’Afrique en facilitant l’accès à une assurance contre les risques commerciaux et politiques. Les mécanismes de protection contre les risques pourraient également aider à attirer les investisseurs. De plus, ils favoriseraient l’accès à des financements internationaux à des conditions avantageuses.
Grâce à Atidi, la Tunisie pourrait accéder rapidement à un soutien financier pour ses projets d’énergies renouvelables. Le pays a en effet conclu un accord pour bénéficier du Mécanisme de soutien rapide à la liquidité (RSRL), un dispositif soutenu financièrement par la banque publique allemande KfW et l’Agence norvégienne de coopération au développement (Norad).
Le soutien financier de cette entité sera axé sur : l’appui aux producteurs privés d’électricité verte; la réduction des coûts de financement des projets d’énergies renouvelables; et l’accélération de la transition énergétique, conformément à la stratégie nationale.
Fondée en 2000, l’Atidi joue un rôle crucial dans le commerce intra-africain. L’agence bénéficie d’une autonomie financière de plusieurs milliards de dollars, ainsi que d’un réseau couvrant les principales économies africaines et de collaborations stratégiques avec des institutions telles que la BAD.
L’intégration de la Tunisie à l’Atidi constitue une avancée majeure qui ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour le pays. En s’engageant dans cette alliance, la Tunisie démontre sa volonté de se positionner comme un leader économique en Afrique du Nord. Avec un soutien adéquat et une vision claire, le pays peut transformer ces défis en opportunités et bâtir un avenir prospère pour ses citoyens. En bref, l’adhésion à l’Atidi pourrait bien être le catalyseur dont la Tunisie a besoin pour réaliser son potentiel en tant que pôle technologique, stimulant ainsi la croissance économique et le développement social dans les années à venir.
Avec l’intégration de la Tunisie, l’Atidi porte le nombre de ses membres de 24 à 25. Cette adhésion permet désormais à la Tunisie de mener ses activités sur le continent africain avec une garantie de développement.
À la veille du Sommet UA-UE de Luanda, Ursula von der Leyen assure que la Tunisie peut accélérer sa mutation en misant sur les renouvelables.
A l’occasion des 25 ans du partenariat Union africaine–Union européenne, le Sommet de Luanda (24–25 novembre) s’ouvre sur des ambitions renouvelées.
Les dirigeants des deux continents, réunis autour du thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif », doivent annoncer de nouveaux projets liés à la transformation énergétique et numérique.
Pour la Tunisie, l’Union européenne se dit prête à renforcer son soutien, notamment dans les énergies renouvelables, secteur jugé déterminant pour l’avenir du pays.
Une nouvelle vague d’investissements
Dans une déclaration exclusive à l’agence TAP, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté ce sommet comme un « tournant » destiné à ouvrir « une nouvelle ère de commerce et de coopération véritable ».
Elle a rappelé que plusieurs initiatives seront dévoilées dans le cadre de Global Gateway, le plan européen d’investissement destiné à améliorer les interconnexions et à soutenir le développement durable en Afrique.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, représente la Tunisie à ce 7e sommet UA-UE, où seront lancés de nouveaux programmes dans l’énergie, le numérique et les matières premières critiques. L’Europe insiste sur son rôle de voisin direct et de premier partenaire commercial de l’Afrique, affirmant vouloir porter ce partenariat « à un niveau supérieur ».
Interconnexion avec l’Italie et expansion du solaire
Pour Ursula von der Leyen, la transition énergétique constitue un enjeu stratégique pour Tunis. Elle a mis en avant le projet d’interconnexion électrique sous-marine Tunisie–Italie, soutenu par l’UE, comme un levier crucial pour renforcer la sécurité énergétique, intégrer davantage d’énergies renouvelables et stabiliser les approvisionnements des deux rives.
L’Europe assure également accompagner les projets tunisiens d’extension du solaire et de l’éolien, affirmant que cette diversification permettra de réduire les coûts de production énergétique, de créer des « dizaines de milliers d’emplois » et d’offrir au pays une croissance plus durable.
Selon elle, la réduction de la dépendance aux énergies fossiles pourrait transformer le système énergétique tunisien et diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.
Un avenir énergétique
Au-delà du cadre bilatéral, von der Leyen a souligné que l’UE souhaite intensifier la coopération avec l’Union africaine autour des énergies renouvelables propres et des matières premières stratégiques, dans l’objectif de créer davantage de valeur ajoutée sur le sol africain et de générer des emplois pour les populations locales.
Elle a rappelé la campagne « Scaling Up Renewables in Africa », lancée avec l’Afrique du Sud il y a un an, destinée à mobiliser des investissements pour l’accès à l’électricité et l’expansion de l’énergie propre. L’Union européenne vient d’y consacrer 15,5 milliards d’euros supplémentaires, afin de soutenir les réseaux, attirer les investisseurs et aider les 600 millions d’Africains dépourvus d’électricité.
Le projet de loi de finances 2026 prévoit plusieurs mesures pour renforcer la transition énergétique et écologique de la Tunisie, à travers le soutien aux énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la promotion des véhicules électriques et hybrides.
L’article 46 du PLF 2026 prévoit que le Fonds de transition énergétique prendra en charge l’écart entre le taux d’intérêt appliqué aux prêts d’investissement et le taux moyen du marché, dans la limite de 3 points, sans dépasser une marge de 3,5 %, pour la période du 1er janvier 2026 au 31 décembre 2028.
Cette mesure concerne les prêts destinés à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, les crédits octroyés par la Banque tunisienne de solidarité pour l’acquisition de voitures électriques par les chauffeurs de taxi et les centres de formation à la conduite automobile.
Avantages fiscaux et douaniers
L’article 47 prévoit une réduction des droits de douane sur l’importation des panneaux solaires (code tarifaire 85.41) à 15 %, afin d’encourager la production et l’installation d’équipements photovoltaïques sur le territoire tunisien.
L’article 49 introduit une série de mesures incitatives pour les véhicules hybrides rechargeables (moteur thermique + moteur électrique rechargeable), visant à favoriser leur adoption par les particuliers et professionnels et réduire progressivement la dépendance du pays aux énergies fossiles.