Lettre de Sherifa Riahi : Cri de détresse et appel à la justice et à la dignité
Dans une lettre poignante adressĂ©e Ă sa famille, ses amis et la sociĂ©tĂ© civile, Sherifa Riahi, incarcĂ©rĂ©e Ă la prison de la Manouba, dĂ©nonce les conditions de sa dĂ©tention et lâinjustice de sa situation.
Tout en dénonçant une sanction infondée et considérùt payer le prix de son engagement humanitaire, appel Sherifa Riahi a lancé un appel à la justice et à la dignité.
Ci-dessous la lettre de Sherifa Riahi diffusĂ©e par Le ComitĂ© pour le respect des libertĂ©s et les droits de lâhomme en Tunisie (CRLDHT)
Prison de la Manouba, 17 mars 2025
Je remercie sincÚrement ma famille, mes amis et la société civile. Votre soutien indéfectible a été essentiel dans cette épreuve.
Ă mes avocats : je sollicite une diligence particuliĂšre dans la procĂ©dure de pourvoi en cassation, quâelle soit traitĂ©e avec cĂ©lĂ©ritĂ© afin quâune audience soit fixĂ©e dans les plus brefs dĂ©lais.
Je nâai jamais regrettĂ© mon engagement humanitaire, considĂ©rant injuste de condamner des personnes en raison de leur dĂ©vouement au travail humanitaire. Mon engagement ne saurait donc constituer une infraction.
Ce qui constitue la peine la plus sĂ©vĂšre nâest pas la dĂ©tention elle-mĂȘme, mais la privation de tout droit de visite avec mes enfants, ĂągĂ©s dâun et trois ans. Ils nâont pas Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă me rendre visite, mĂȘme accompagnĂ©s dâun membre de ma famille.
Jâai Ă©galement Ă©tĂ© privĂ©e de mon droit dâallaiter ma fille, qui nâavait que trois mois au moment de mon arrestation. Le maintien de mon lien avec elle et la possibilitĂ© de lâallaiter Ă©taient conditionnĂ©s et subordonnĂ©s Ă sa prĂ©sence avec moi en prison, alors que je demandais une solution extrĂȘmement simple : pouvoir allaiter ma fille quotidiennement dans une salle dĂ©diĂ©e, avant quâelle ne soit confiĂ©e Ă ma mĂšre.
Le rĂ©gime des visites pĂ©nitentiaires, marquĂ© par des restrictions abyssales et des lenteurs procĂ©durales, sâapparente Ă un traitement inhumain, dĂ©gradant et humiliant, au point que lâon pourrait lâassimiler Ă une forme de torture pour les dĂ©tenues poursuivies en vertu de la loi n° 2015 relative Ă la lutte contre le terrorisme et le blanchiment dâargent.
En principe, la dĂ©tention provisoire doit rester une mesure dâexception. Par souci de respect du principe de sĂ©paration des pouvoirs et pour Ă©viter toute ingĂ©rence dans le pouvoir judiciaire, jâai choisi de ne pas mĂ©diatiser mon affaire. Jâai toujours eu confiance eu Ă©gard Ă mon innocence et en lâimpartialitĂ© judiciaire.
Aujourdâhui, les charges de blanchiment dâargent ont Ă©tĂ© abandonnĂ©es. Pourtant, je demeure incarcĂ©rĂ©e, subissant une sanction infondĂ©e qui semble ĂȘtre le prix de mon engagement dans lâaction humanitaire.
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