« La loi sur les chèques critiquée : vers un retour en force de l’argent liquide ?
Lors de son passage sur les ondes de Diwan FM, dimanche 1er juin 2025, l’économiste Ridha Chkoundali n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les « impacts négatifs » de la nouvelle loi sur les chèques. Il a souligné que cette réforme avait perturbé les circuits de paiement officiels tout en favorisant l’expansion de l’économie parallèle.
Selon ses analyses, cette loi figurait parmi les plus « néfastes jamais adoptées par l’actuelle assemblée », freinant l’activité économique et pénalisant autant les vendeurs que les acheteurs. Il a expliqué que le texte avait eu pour effet principal de réduire considérablement l’usage du chèque comme moyen de paiement, incitant ainsi au recours accru aux transactions en espèces. Or, ces dernières, échappant au système bancaire, se révèlent bien moins traçables et contribuent à alimenter le secteur informel.
L’expert a alerté sur la corrélation directe entre la circulation du cash hors des banques et l’ampleur de l’économie souterraine en Tunisie. Plus les échanges en liquide se multiplient, moins l’État parvient à exercer un contrôle sur les flux financiers, a-t-il insisté.
Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par les files d’attente interminables observées devant les guichets bancaires et les distributeurs automatiques, symptôme selon lui d’un retour en force des paiements en argent liquide. Une telle situation représenterait, à ses yeux, une véritable perte pour l’économie tunisienne, affectant la fiscalité, la traçabilité des opérations, la sécurité des transactions et l’inclusion financière.
Il a également pointé du doigt la brutalité avec laquelle la réforme avait été mise en œuvre, déplorant l’absence d’accompagnement et de période transitoire suffisante. Les nouvelles procédures imposées aux professionnels – restitution des anciens carnets de chèques, vérifications prolongées, demandes de réapprovisionnement fastidieuses – plongeraient de nombreux commerçants et artisans dans une paralysie économique, les privant parfois de moyens de paiement pendant plusieurs semaines.
Ridha Chkoundali a rappelé qu’en Tunisie, moins de 40 % de la population disposait d’un compte bancaire, et que parmi eux, beaucoup ne l’utilisaient que pour retirer de l’argent liquide. Une réalité qui limite drastiquement la capacité de l’État à suivre les flux financiers, contrairement à d’autres pays où ceux-ci sont monitorés presque en temps réel.
En conclusion, l’économiste a appelé à une révision urgente de la loi, jugée contre-productive. Il a plaidé pour une approche plus progressive et concertée avec les acteurs économiques, afin de préserver la fluidité des échanges et d’éviter de renforcer les pratiques informelles. Beaucoup espèrent désormais un assouplissement du texte, a-t-il souligné, insistant sur la nécessité de ne pas creuser davantage le fossé entre l’économie formelle et les réalités du terrain.
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